Titre : Alchemia
Genre : Aventure, action ...
Disclaimer : Dastan, Garsiv, Tus, Sharaman, Tamina, et le contexte ne m'appartiennent pas (dommage ... ) (j'espère n'avoir oublié personne dans ma liste, si c'est le cas, désolée ...) Les autres personnges sortent tout droit de mon imagination :)
La nuit tombait sur Alamut. La fraicheur du crépuscule se faisait sentir, et l'obscurité envahissait peu à peu les rues, faisant naître les premiers flambeaux de lanternes. Les derniers commerçants fermaient leurs échoppes, et les auberges affichaient complet. Depuis maintenant trois jours, les soldats perses investissaient la ville, ayant visiblement renoncé à l'assiéger, préférant s'y installer confortablement. Le mariage prochain de celui qui était gratifié depuis peu du surnom de « Lion de Perse » et la souveraine d'Alamut faisait courir de nombreux bruits dans la cité, et une effervescence telle qu'on en avait pas connue depuis longtemps régnait au sein de la ville sainte. On ne parlait que de l'alliance prochaine entre l'empire de Perse et la ville des croyances, et la moindre petite parole à ce propos faisait le tour de la ville en quelques minutes. On disait que le roi de Perse lui même était arrivé au palais, mais les rumeurs, si elles faisaient beaucoup de bruit, ne laissait personne dans la certitude, et on ne qualifiait ces informations que de « bruits ». C'était néanmoins, depuis quelques jours, le sujet de conversation favori des habitants d'Alamut.
C'est d'ailleurs sur ce sujet que discutaient depuis maintenant près d'une heure deux tisserands voisins de commerces. L'un des deux certifiait qu'il avait vu le roi en compagnie de ses trois légendaires fils aux abords du palais, pas plus tard que ce matin. L'autre, n'en croyant pas une seule parole, ne se gênait pas pour démentir ce que disait son collègue, et avancer ses propres arguments comme quoi ce n'était que du « bruit de rue » et rien d'autre. Emporté dans leur conversation animée, ni l'un ni l'autre n'avait pensé à fermer la boutique. C'est donc dans un sursaut mémorable qu'ils se retournèrent tous deux pour voir entrer une silhouette encapuchonnée dans la boutique. Ils échangèrent un regard interrogateur, avant que le digne possesseur de l'échoppe ne lâche, d'un ton désolé.
« -Pardonnez moi, mais la boutique est fermée.
-La porte est ouverte, et vous êtes à votre comptoir. Si c'est de la sorte que vous fermez votre boutique …
-Non, c'est que … »
Commença le commerçant, interloqué par une répartie aussi sèche. Il s'interrompit en voyant le nouvel arrivant se diriger à grands pas vers les tissus étendus contre un mur.
« -Je vous prierais de partir, maintenant.
-Il est magnifique ce tissu…
-M'avez vous entendu ?
-Je me demande si ça suffirait… »
Le commerçant, un rien agacé, s'avança pour empoigner le bras de l'insolent et le raccompagner à la sortie. Mais alors qu'il allait s'exécuter, la silhouette évita sa poigne de fer d'un mouvement gracieux qui fit voleter les pans de sa cape, et lui désigna un tissu bleu marin accroché au mur.
« -Je vous prends tout.
-Tout ?
-Oui, tout ce pan. »
Répéta l'encapuchonné, agacé. Le commerçant, éberlué, resta un instant en suspend, avant d'attraper le morceau de tissu qui pendait et de le troquer au visiteur contre une poignée de pièces. L'autre hocha la tête, et sortit, sans même un au revoir, sous le regard médusé des deux voisins, qui s'empressèrent ensuite de fermer boutique, en oubliant leur conversation agitée.
Tandis qu'ils s'activaient, la silhouette rasait les murs des rues désertes pour rejoindre l'auberge où elle logeait. Elle entra discrètement, son rouleau de tissu sous le bras, et grimpa au premier étage sans même porter attention aux paroles qui lui adressait l'hôtelier. Elle traversa un long couloir bordé de portes de chaque cotés, et ouvrit la derrière, donnant sur une petite chambre sombre et fraiche. L'étranger s'empressa de refermer derrière lui, et de jeter sur la paillasse le rouleau de tissu. D'un geste souple, il tira sur l'un des fils qui maintenait sa cape en place sur ses épaule, et le pardessus tomba, dévoilant une jeune femme d'une vingtaine d'années, le regard farouche, de longs cheveux éparses et blonds comme les blés retombant sur son visage. Elle fit quelques pas sur le plancher abîmés, pour se débarrasser de la cape qui trainait à ses pieds, et alla s'appuyer contre le rebord de la fenêtre. Son regard se porta immédiatement vers le palais, au sommet de la colline centrale de la ville, qui, illuminé, semblait veiller sur la cité sainte. Elle appuyé pensivement sa tête contre sa paume de main, et, fermant les yeux, inspira l'air frais qui lui parvenait. Ce soir était le bon soir. Demain devait avoir lieux un banquet en l'honneur des futurs époux, et le mariage ne saurait tarder. Elle devait agir pendant que les rumeurs n'étaient pas vérifiées. Elle jeta un regard contrarié vers le rouleau d'étoffe fraichement payé, puis haussa les épaules, attrapa une cape beaucoup plus fine et légère que la précédente, ainsi qu'une fine et grande tige en bois qui trônait près de la fenêtre et, sans réellement faire d'efforts, se hissa sur le toit de l'auberge.
Elle s'accroupit sur la terre cuite recouverte d'une fine couche de sable, et calcula mentalement la distance qui la séparait du palais. Passer par les rues ne posait, en soi pas de problèmes à l'aller. Mais le retour serait plus difficile. Autant qu'elle connaisse à l'avance un chemin sûr sur les toits. Elle traversa celui de l'auberge, et glissa son bâton sur l'épais fil qui reliait ce toi à celui du bâtiment d'en face. Elle attrapa l'autre bout de la branche, et, prenant son élan, sauta dans le vide, glissant tout le long du fil pour atterrir en silence de l'autre coté de la rue. Elle posa délicatement son bâton au sol, et se lança dans un course rapide sur les toits de la ville jusqu'aux abords du palais. Elle y arriva sans encombres, et escalada rapidement les grilles de celui-ci, en prenant garde de ne pas faire de bruit. Si les sentinelles qui arpentaient les rues se faisaient rare, celles au château comme sur les tours, étaient plus nombreuses. Cependant, ses aptitudes à escalader lui permirent de ne pas alerter quiconque, et elle se glissa dans les jardins telle une ombre. Ceux-ci étaient déserts. Seul le bruit des fontaines qui déversaient leur eau et quelques rires qui s'échappaient d'une fenêtre laissée ouverte venaient briser le silence qui régnait. La nouvelle arrivante se glissa à pas de loup au travers des allées, prenant bien garde à ne heurter la moindre brindille. Elle enjamba un buisson, puis se colla contre le sol pour passer sous un autre et atteindre le mur situé en face d'elle. Alors qu'elle vérifiait une dernière fois qu'il n'y avait personne, le voile masquant l'entrée de la porte grande ouverte s'écarta, et une silhouette s'extirpa de la pièce où elle se trouvait, suivie de près par une seconde, puis une troisième.
« -Mon frère, ton mariage sera une réussite, je te l'assure.
-Je l'espère. »
La jeune fille se colla contre le mur, faisant son souffle le plus léger possible.
« -Ta princesse a été dotée d'un tempérament de feu. Je te souhaite de bien t'amuser. »
Un rictus amusé retentit, provoquant ceux des deux autres personnes. La silhouette collée au mur jura en silence, enroulant nerveusement ses doigts dans ses longs cheveux d'or qui retombaient en cascade sur ses épaules, puis soupira, comme pour se débarrasser d'une tension inexistante. Elle inspira une grande bouffée d'air frais, puis sortit un ruban de sa poche et l'enroulant autour de sa chevelure, la coinçant dans une natte grossière et enfila la cape qu'elle portait enroulée autour de son bras, comme le permettait le tissu incroyablement fin et opaque, masquant de cette manière tout son corps ainsi que sa chevelure à son goût trop reconnaissable. Ceci fait, elle ôta la veste légère qui couvrait ses épaules et l'enroula autour de sa taille, la serrant d'un large nœud. Puis, elle se décolla du mur, se glissa vers un accès annexe au parc. Elle trouva une porte camouflée sous une masse de feuillages divers, et poussa délicatement celle-ci, fronçant les sourcils dans le souci de faire le moindre bruit. Le couloir dans lequel elle déboucha était sombre, mais un fenêtre perçant le mur en face d'elle lui permettait de percevoir ce qui se trouvait à ses pieds. Elle évita une corde enroulée sur elle même, puis la ramassa et l'enroula autour de son épaule, et manqua de peu une sorte de râteau posé là dans l'attente d'une quelconque utilité.
Le couloir adjacent était lui aussi désert : le château était plongé dans le sommeil, et la bonne majorité de ses habitants devait se trouver dans la salle des banquet. Ce qui n'était pas pour lui déplaire, au contraire. Elle longea les murs tout le long du couloir jusqu'à se retrouver face à une altère du palais le long de laquelle deux gardes exerçaient des rondes lentes et dénuées de toute motivation. La jeune fille sortit de sa poche un galet et, après s'être assurée que l'un des deux gardes était à l'autre bout du couloir, elle le jeta de toutes ses forces du chemin d'où elle venait. Le bruit du choc entre le galet et les dalles du sol alertèrent l'un des deux gardes, qui, d'une série de signe peu discrète, alerta son collègue, puis s'engagea dans le couloir. Il y fut accueilli par un violent coup de genoux dans l'abdomen, et s'écroula sans le moindre bruit. Son bourreau traîna son corps contre le mur, et tira son épée de son fourreau. Puis, sans trop s'attarder près du cadavre de l'assommé, elle fila dans le couloir où le second garde remarquait seulement la disparition de son compagnon. Alors qu'il allait recevoir un coup d'épée bien senti dans les côtes, il se baissa, obligeant son adversaire a effectuer un rapide tour de bras pour revenir à la charge plus rapidement. Sur le second coup, il eut moins de chance, et le bout de la garde de l'épée qui avait appartenu à son collègue vint heurter sa tête avec une force qui l'entraîna sans détour au pays des songes. A nouveau, la jeune femme qui venait d'envoyer les deux gardes à des lieues ramassa l'épée, puis reprit son chemin. Elle grimpa rapidement des escaliers interminables, puis traversa un long couloir pour finalement toucher à son but. Devant elle s'ouvrait la pièce extrêmement bien gardée du poignard contenant les sables du temps. Elle n'eut aucun mal à désarmer et mettre hors d'état de nuire les deux gardes qui surveillaient l'entrée, et les débarrassa eux aussi de leurs armes qu'elle s'empressa de jeter par une fenêtre.
Elle pénétra enfin dans la salle du fameux trésor. Contrairement à ses attentes, il n'y avait ni piège ni gardien. Un sourire victorieux emplit son visage. C'était tellement facile que ça en devenait dénué d'intérêt. Soudain, alors qu'elle tentait d'actionner le mécanisme ouvrant la cage qui enfermait le fabuleux trésor, une lame siffla dans l'air. La fautive effectua un souple saut de coté pour éviter le coup mortel qu'on venait de tenter de lui asséner, puis roula plus loin pour fuir un second assaut meurtrier. Elle eut à peine le temps de se relever d'un bond agile qu'un troisième coup d'épée tentait de lui être porté. Elle aperçut son adversaire l'espace d'un instant, avant de courir derrière un poteau et de se coller contre celui-ci. Un homme brun au visage partiellement masqué d'un foulard rouge sang. Des vêtements fluides et collants, permettant facilement d'amples mouvements. C'est tout ce qu'elle était parvenue à mémoriser. Mais ces quelques éléments lui permettaient de tirer un première conclusion : cet homme était un assassin, ou du moins, un guerrier rapide et discret. Et agile. Voilà un adversaire de taille, pensa amèrement la jeune femme avant de se déplacer lentement le long du poteau. Elle sursauta à peine lorsque la lame acérée du défenseur de trésor venait heurter le pilier à l'endroit exact où s'était trouvé sa tête quelques secondes plus tôt. Elle courut dans un bruissement de tissus jusqu'au pilier le plus proche et profita du mouvement qu'elle effectuait pour sortir un poignard en ivoire de sa poche. Alors que son assaillant se jetait sur elle, elle para son épée de la lame nacrée qu'elle avait en main. L'autre ne parut pas surpris d'une riposte et tenta un coup au niveau des côtes. La jeune femme en fut à peine effleurée, mais suffisamment pour lui faire serrer les dents. Elle baissa rapidement les yeux vers la plaie, qui se découvrait entre les lambeaux de tissus coupés sous le tranchant de la lame. Le sang commençait à ses rependre sur ses vêtements. Ce n'était qu'une blessure superficielle cependant, et elle ne s'en soucia qu'un minimum, bloquant un coup destiné à lui trancher le bras gauche.
Son adversaire dégaina soudain une seconde arme, et la voleuse de fortune n'ayant pas eut le temps d'accomplir ses méfaits dû se contorsionner pour éviter de se faire fendre le crâne. Elle tomba au sol, et eut le rapide réflexe de rouler sur le dos, grimaçant lorsque sa plaie au ventre entra en contact avec le sol froid, puis avec les tissus de ses habits. Finalement, elle s'accroupit et, s'appuyant contre un pilier proche, se releva d'un bond, faisant face à l'homme qui, depuis quelques minutes, tentait de la tuer. Il resta un instant totalement immobile, avant de finalement baisser les yeux. Il semblait sur le point de dire quelque chose, mais n'en eut malheureusement pas l'occasion, car à peine avait-il levé les yeux que la silhouette qu'il combattait avait disparu de sa vue. Il jeta un regard intuitif vers la fenêtre. Personne. Aux aguets du moindre bruit, il fit un tour sur lui même. Impossible que cet intrus ait disparu si vite. Le temps qu'il ne réalise son erreur, un coup de poignard venait lui transpercer le ventre. Malheureusement pour la jeune fille responsable du retournement de situation, l'autre ne sembla pas faire priorité de la douleur et la saisit violemment au bras. Elle se débattit tant bien que mal, et parvint à se libérer au prix d'une violente douleur dans son poignet qui venait de se tordre, défiant les limites du corps humains. Elle eut un mouvement de recul et battit des bras dans le vide pour retrouver son équilibre. Ce court laps de temps fut suffisant pour que le défenseur du palais ne retrouve ses esprits et ne lui attrape une jambe, sur laquelle il tira de toutes les forces. Elle eut beau se débattre comme un beau diable, elle tomba lourdement au sol, s'assommant dans sa chute.
