Bon... Clairement, on va pas se le cacher, c'est très, très inspiré du scénario du film Les Gardiennes .3. Mais que vous l'ayez vu ou pas, c'est pas grave, il y aura quelques changements, notamment vers la fin x3 C'est le même plan que dans le film : Il y aura six chapitres en tout : Un pour chaque année écoulée.

Je termine bientôt Ni Dieu Ni Maître, il reste pile un seul chapitre, alors je me permet de débuter cette histoire. Et j'ai un projet d'OS FrUs mais c'est une autre histoire.

Bonne lecture. J'espère que ce format d'histoire sera plaisant ;3

Ah et. Y aura Russie. Je peux pas m'empêcher de le foutre partout, je l'aime trop ;3;


1914

Arthur observait silencieusement le paysage, sa valise posée à ses pieds sur le sol en bois, bercé par le bruit des sabots des chevaux de la calèche.

Pourtant, il aurait pu parcourir son petit bout de chemin beaucoup plus rapidement. Son frère aîné avait assez d'économie et avait pu s'acheter une voiture mais la pauvre Renault n'aurait jamais pu rouler correctement sur les routes cabossées et les chemins boueux de ce petit patelin français. Et de toute façon, elle avait été réquisitionnée pour l'effort de guerre. Ainsi que tous les taxis. Pfeuh.

Allistor allait y aller aussi. En guerre. Là-bas, dans les terres où personne ne sait ce qui se passe puisque les journaux mentent et les soldats se taisent.

Dirigeant les deux Ardennais trottant devant eux d'une main de fer, le rouquin avait hâtivement enfilé son uniforme aux couleurs de l'armée britannique, avec ses quelques médailles de tout jeune officier. C'était également le cas pour leurs frères Elwyn et Carwyn. Quant à leur sœur, elle travaillait dans une usine d'obus en Irlande du Nord pour participer à l'effort de guerre. Et tous s'étaient engagés volontairement.

En fait, Arthur était le seul à ne pas y aller. Réformé, jugé inapte à combattre. Sa santé trop fragile inquiétait les médecins, qu'ils soient anglais ou français. Et d'ailleurs, me direz-vous, que faisait-il en France ?

Très simple. Basiquement, Allistor avait un ami à lui, là-bas, et il voulait y passer quelques temps. Et il avait emmené Arthur qui s'était montré plus ou moins consentant à l'idée de se retrouver dans ce pays plein de grenouilles, parce qu'il faisait des études de français et pour qu'il améliore son vocabulaire et son accent. Sauf que la guerre leur avait atterri dessus sans qu'ils la voient venir, les coinçait en France et les empêchait de rentrer chez eux au Royaume-Uni. Alors Allistor, qui de toute façon était sur les listes, allait se battre et avait refilé à Arthur ce qu'il était lui-même sensé faire de base : S'installer chez son ami Francis Bonnefoy pendant quelques temps et lui apporter son aide pour les moissons. Un travail titanesque, qui l'occuperait durant toute l'année. Il fallait être campagnard pour le réaliser. En plus, Francis était également absent, étant déjà au front.

« Ça fera travailler tes petits muscles », l'avait raillé Allistor avant de lui assurer qu'il serait rémunéré pour ça, comme si l'argent allait lui faire changer d'avis.

« We're arrived, indiqua Allistor, tirant légèrement les rennes pour arrêter les chevaux.

- Here… ? This house in ruins ?

- Don't be so sarcastic. They were bombed by the krauts last month. And they're my friends. »

Arthur frissonna tandis que son frère sortait précautionneusement du tabac de la poche de son uniforme. Les allemands n'étaient pas encore arrivés en Angleterre. Ils n'y arriveraient jamais, il espérait bien. Il ne savait pas comment il ferait si son propre petit village se faisait bombarder et s'il ne lui restait plus rien par la suite. Ces français étaient peut être un peu plus courageux que ce qu'il voulait bien admettre, au final.

Il se tourna vers son frère, l'air grave. Leur relation avait toujours été… Conflictuelle et difficile. Ils ne s'étaient jamais vraiment entendus. Mais là, aujourd'hui, c'était différent. Allistor allait partir. Il ne reviendrait peut être pas. Même si l'union franco-anglaise était bien partie pour gagner et que le conflit sera sûrement réglé avant Noël, il y avait toujours le risque qu'un allemand sache bien tirer, profite d'un moment d'inattention et lui arrache son frère. On ne réalise la valeur de certaines choses que lorsqu'on se rend compte qu'on peut les perdre.

Il se mordit furieusement la lèvre en sentant un début de larmes lui inonder et brouiller le regard. Il n'y avait pas que sa santé qui était fragile. Malgré son masque de flegme et d'indifférence, il était extrêmement sensible. Un tas de scénarios catastrophiques défilaient déjà dans son cerveau.

Allistor le remarqua. Il posa le tabac en soupirant, en faisant tomber la moitié dans l'herbe, et posa une main qui se voulait rassurante sur l'épaule de son frère.

« I'll be back soon. We will celebrate Christmas together, with all the family, as usual. In Brighton, as usual. With mom, dad and grandpa who will grumble all the time 'cause we're too noisy as usual. Okay ?

- Yeah… » Souffla Arthur, essuyant une larme rebelle d'un geste agacé.

Il sentit la large main de son frère passer dans son dos et le presser contre lui pour un câlin rapide. Puis il s'écarta de lui, aussi rapidement qu'il était venu.

« Have a nice time in France ! »

Un dernier geste de main pour dire au revoir et son frère s'éloignait, laissant son frère sur le chemin caillouteux, sa valise en main. Il soupira, jeta un coup d'œil frénétique à sa montre pour s'assurer qu'il n'était pas en retard et se dirigea d'un pas décidé vers la grande bâtisse en pierre.

Il chercha l'entrée assez longtemps, fit le tour, jeta un coup d'œil dans le champ. Au début il ne vit personne, jusqu'à ce qu'une silhouette se détache, sortant de ce qui semblait être une écurie puisqu'il tenait un cheval. Un homme assez grand. Très grand, même. Il semblait faire deux mètres, et avait les cheveux épais et assez clairs. Gris. Ou plutôt cendrés.

Alors c'était lui, Francis… ? Il semblait être assez costaud pour mettre Allistor par terre d'une seule pichenette. Il ne semblait nullement être l'homme maniéré et précieux que son frère lui avait décrit.

L'homme l'aperçut, prit soin d'attacher le cheval et le rejoignit, manches retroussées et boitant de la jambe droite, affichant un léger sourire. Malgré son air sympathique, Arthur ne put s'empêcher de le trouver intimidant.

« Bonjour. C'est vous, l'anglais ? Demanda le géant, avec un fort accent russe.

- Hm oui… Vous habitez ici ?

- Non, employé comme vous. Peux pas aller guerre. Problème à la jambe, soupira-t-il. Arthur sourit légèrement en remarquant ses difficultés en français et son accent particulier. Il se demandait comment il avait atterri ici.

- Je m'appelle Arthur, se présenta-t-il poliment, tendant sa main.

- Ivan. »

Ledit Ivan regardait sa main d'un air intrigué, et semblait se demander ce qu'il était sensé faire avec. Arthur prit donc les devants pour prendre la sienne et la serrer. Valait mieux que ce russe apprenne les coutumes françaises très vite s'il comptait rester en France longtemps.

« Je amène vous à la propriétaire », proposa ensuite Ivan, le guidant jusqu'à l'intérieur de la maison. Arthur le suivit sans rechigner. Ça aurait été n'importe qui d'autre, il aurait boudé ou se serait montré désagréable mais il craignait vraiment ce russe pour une raison inconnue, même si celui-ci se pliait en quatre pour être agréable.

L'intérieur était assez haut et les pièces très grandes, comme le présageait l'extérieur de la maison. Une femme se trouvait dans la cuisine, l'air assez âgée pour avoir soixante ans, et rédigeait une lettre. Elle releva la tête en entendant le plancher craquer, lorsque les deux hommes entrèrent dans la pièce.

« Oh, bonjour ! S'exclama-t-elle en affichant un sourire rayonnant, se levant pour saluer Arthur.Je suis Marianne Bonnefoy, la propriétaire. C'est vous le frère d'Allistor ?

- Oui… Il vous passe le bonjour.

- Très bien ! On te payera le travail que tu fera ici quarante francs, on te nourris et on te loge. Cela te convient-il ?

- Parfaitement.

- Francis est au front, malheureusement. Il est parti le mois dernier. Mais tu pourras le rencontrer à sa prochaine permission. Viens, je vais te présenter aux autres ! »

C'est ainsi qu'il rencontra les autres grenouilles qui peuplaient cette grande maison. D'abord, il y eut Emma. Une jeune femme blonde aux cheveux très courts – plutôt rare pour une femme à l'époque – et qui avait même eu l'audace de mettre un pantalon pour travailler. C'était la sœur de Francis. Ça lui en disait déjà beaucoup sur le caractère des Bonnefoy.

Ensuite il y avait Maggie, une jolie jeune femme originaire du Canada, qui avait passé toute son enfance avec Francis. Meilleurs amis et confidents depuis toujours, liés par un amour timide, enfantin et incertain, ils étaient naturellement promis l'un à l'autre depuis toujours.

Enfin il y avait Ivan qui avait fui la Russie tsariste. Il n'avait jamais voulu dire pourquoi ni comment, appart le fait que son escapade lui avait coûté une balle dans la jambe et l'impossibilité de se battre. Mais respirer de l'air républicain lui faisait du bien, d'après ses dires.

« Je vais te montrer où tu vas dormir. Le voyage a dû t'épuiser », conclut finalement Marianne, lui montrant la chambre où il pouvait poser ses affaires.

Il se laissa tomber sur le lit de manière peu gracieuse, et laissa échapper un soupir. Ça allait. Ses colocataires avaient l'air plutôt gentils, lui était bon travailleur malgré sa faiblesse physique et en plus, il était bien payé et traité.

Manquait plus que la fin de la guerre. Mais il était confiant. Ce sera pour bientôt.


Alors, vos premières impressions ?

Francis apparaît dans le prochain chapitre x3