Salut !
Je publie ma participation au concours "Dans neuf mois toi et moi on sera trois" organisé par Le Twilight Contest
Merci aux organisatrices, et bravo à toutes les participant-e-s (écrivain-es, lecteurs et lectrices et votant-e-s !)
Je me suis bien éclatée à l'écrire :)
Bonne lecture !
Notre enfant
-Pouvez-vous me répéter le nom du père, s'il vous plaît ?
Je détournai la tête, le regard lointain, et fis semblant de ne pas entendre.
-Mlle Swan, c'est important. Est-ce que le père de cet enfant est prêt à assumer ses responsabilités ?
Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais refusé que le père de mon enfant le revendique. Mais ce lâche ne me donnait plus de nouvelles depuis plusieurs semaines, et personne ne savait où il était passé. Je le haïssais.
-Cet enfant n'aura pas de père, déclarai-je d'une voix monotone.
Un long silence suivit ma révélation, et le médecin me regarda avec compassion.
Je devais lui faire l'effet d'une jeune adulte insouciante et perdue, comme il en avait vu tant d'autres. Pourtant tout était très clair dans ma tête : je préférais élever mon enfant seule plutôt que de lui donner un père égoïste et incapable de transmettre un peu d'amour.
-Alors vous allez devoir l'aimer deux fois plus, se contenta-t-il de dire.
Je hochai la tête. J'étais prête à affronter tout ce que supposait être une famille monoparentale. Psychologiquement, je pourrais compter sur le soutien de mes amis, sans aucun doute. Matériellement, j'allais avoir peut-être un peu plus de difficultés, mais j'avais déjà ma petite idée sur le moyen d'y remédier.
Mon enfant allait naître dans quelques mois, et je savais que ces mois passeraient à une vitesse incroyable.
Neuf mois, qu'est-ce que c'était dans toute vie ? Une année scolaire. Un contrat de travail.
Pas grand-chose en fait, le temps de voir mon ventre s'arrondir un peu plus, mon corps se transformer et ma liste de courses s'allonger à cause de mes faims dévorantes.
Je sortis du cabinet éreintée, les rendez-vous médicaux ne m'avaient jamais fait du bien. Rosalie Hale, ma meilleure amie, était assise dans la salle d'attente. Elle sauta sur ses pieds et m'attrapa par le bras en me voyant.
-Tout s'est bien passé ? Il t'as dit à combien t'en es ? Demanda-t-elle, surexcitée.
-Il me l'avait déjà dit la première fois. J'en suis à deux mois, et je vais bientôt passer ma première échographie. Dans deux semaines environ.
Rose trépigna sur place, comme lorsque j'avais fait le test de grossesse et que je lui avais annoncé le résultat, désespérée.
J'avais changé en deux mois, j'étais décidée et sûre de moi.
Mon amie m'avait grandement aidé à surmonter tout ça, et je lui en étais reconnaissante. J'avais toujours voulu garder cet enfant, mais j'avoue avoir eu des périodes de doutes, et Rosalie m'avait permis de les traverser sans commettre un acte que je risquais de regretter plus tard.
L'avortement était une solution comme une autre, l'adoption aussi, et la tentation de confier mon enfant à des gens dont l'environnement aurait été plus favorable à son développement avait été forte.
Mais je ne pouvais pas m'empêcher de penser qu'un être vivant était en train de se former dans mon corps, c'était à la fois fascinant et étrange. Je l'aimais déjà.
-Je pourrais venir ? Avec Emmett ?
-Oui, pas de problème. On proposera aussi à mes amis, aux tiens, et à la famille des amis. Puis à cette femme qui téléphone sur cette terrasse là-bas, et à ce monsieur qui tient ce magasin de journaux. Mon enfant a besoin d'être admiré, affirmai-je en souriant.
La jolie blonde me regarda avec des yeux ronds, puis éclata de rire.
-D'accord Bella, je viendrais seule à ton écho.
On se promenait dans les rues de New-York, c'était devenu un petit rituel lorsqu'on sortait de chez le médecin. J'avais besoin de décompresser, et elle me changeait les idées.
Elle me raconta comment elle avait enfin réussi à faire accepter à Emmett l'idée d'emménager ensemble. Et qu'elle était super contente d'entamer sa troisième année de Droit.
Nous arrivâmes à notre minuscule logement, un petit appartement avec deux chambres et une seule pièce pour la télé, le canapé et le bar de cuisine.
On l'avait redécoré à notre manière, pour le rendre un peu plus personnel.
Il y avait quelques cadres photos de nous deux sur les murs, notamment celle prise lorsqu'on avait obtenu notre diplôme de fin d'année au lycée à Forks, petite ville perdue au nord-ouest des Etats-Unis qui marquait ma période adolescente.
Quelques unes qui dataient de notre voyage au Canada étaient posées sur les rares meubles.
Dans ma chambre, la moins large des deux, j'avais posé des photos de ma famille quand Charlie et Renée n'avaient pas encore divorcé.
Je n'osais jamais entrer dans la chambre de Rosalie, une véritable jungle de vêtements et de polycopiés, qui était pourtant la plus grande.
-Ça va aller Bells ? Tu te reposes un peu aujourd'hui ? Je sors avec Emmett ce soir, tu te souviens ?
J'acquiesçai. J'avais horreur que l'on s'inquiète pour moi, mais Rosalie était tellement gentille que je n'avais pas le cœur à lui dire de s'en aller le plus vite possible, que je puisse me retrouver un peu seule.
Je chopai un yaourt dans le frigo, m'assis sur le canapé et allumai la télé, l'air de rien. Il était dix-sept heures, et je ne trouvai que des émissions de télé-réalité pour me griller le cerveau.
-Vas-y, profite de ta soirée Rose. Je suis encore capable de m'occuper de moi.
Elle courut se réfugier dans sa chambre pour entamer son heure de préparation avant son rendez-vous.
Discrètement, tout en faisant semblant de m'intéresser à la vie de la famille Kardashian, j'écoutai ses allers et venues.
Quand je perçus le bruit du verrou de la porte de la salle de bains, je me précipitai sur mon portable, et tapai le premier numéro que je trouvai dans mon journal d'appel, et en fait le seul que j'appelai depuis deux mois.
Comme à chaque fois, après quelques sonneries dans le vide, je tombai sur la messagerie.
-Salut, commençai-je mon message vocal d'une voix neutre. Je suis allée voir le médecin aujourd'hui. Comme tu ne me rappelles pas, je vais te confirmer ce que je t'ai annoncé dans mes messages précédents : je suis enceinte, et tu es le père, j'en suis sûre. Tu n'as pas l'air de te soucier de tout ça, sinon tu aurais déjà montré signe de vie, alors je pense qu'il serait plus juste que tu te tiennes à l'écart de cet enfant. Il vaudrait mieux qu'il ne te rencontre jamais, pour son bien-être. Tu es donc déchargé de toutes responsabilités. Inutile de me contacter si l'envie te prend. Tu es libre.
Je raccrochai.
-Alors, je suis comment ? Me demanda Rosalie en tournoyant sur elle-même.
-Resplendissante, soufflai-je, éblouie.
Elle portait une magnifique robe rouge sans bretelles et évasée. Elle avait attaché ses longs cheveux blonds bouclés en un chignon savamment travaillé, et laissé quelques mèches s'éparpiller autour de son visage en forme de cœur.
Ses chaussures à talons rouges aussi la grandissaient de quelques centimètres et lui faisaient des jambes incroyablement fines et galbées.
Ma meilleure amie était d'une beauté à couper le souffle.
-Emmett va adorer, assurai-je. Tu peux lui demander tout ce que tu veux ce soir. Oublie pas de prendre un préservatif, tu vois ce qui arrive quand on l'oublie, ajoutai-je en me montrant du doigt.
Elle se pencha et déposa un baiser sur ma joue. Elle avait une odeur exquise.
-Et en plus tu sens super bon, ajoutai-je en souriant.
-Tu sais Bella, je sais que tu n'aimes pas trop parler de tes problèmes, et de ta grossesse, mais même si je suis de sortie ce soir, tu pourrais avoir envie de te confier, alors n'hésite pas à m'appeler et...
Je l'arrêtai d'un geste de la main.
-Tout va bien Rosalie. Cette soirée, oublie-moi un peu et éclate-toi avec Emmett. Si j'ai envie de te raconter quoi que ce soit, j'attendrai demain matin, dis-je sur un ton léger.
Elle me fit signe qu'elle avait compris, et quelqu'un frappa à la porte.
-Il est dix-huit heures pile ! Fis-je remarquer. Il est ponctuel pour une fois.
-Il a une surprise pour moi, m'apprit Rose en rougissant.
Elle ouvrit la porte et son copain entra, vêtu d'un smoking noir très intimidant.
-Bonjour mon amour, dit-il doucement en posant ses lèvres d'une manière très tendre sur celles de mon amie.
Je détournai la tête pour leur donner un peu d'intimité, et tombai sur Kim Kardashian au lit avec son futur mari et son chien qui jouait avec une pomme. Voilà des personnes que le voyeurisme ne gênaient absolument pas, ni le gaspillage.
-Salut Bells, ça roule ? Me demanda Emmett en gardant un bras autour de la taille de Rosalie.
-Super bien, répondis-je honnêtement. Passez une bonne soirée.
-Merci, et toi repose-toi !
-Compte là-dessus, murmurai-je pour moi-même.
La porte d'entrée claqua et je filai dans ma chambre.
J'attrapai ma trousse de toilettes et pris une douche. L'eau chaude m'apaisa de manière très agréable et je ne pus m'empêcher de me caresser le ventre en pensant à ce qui était en train de se développer à l'intérieur.
Mes seins étaient plus gros et plus lourds, et je ressentais parfois quelques tiraillements en bas du ventre, comme si j'avais mes règles.
J'avais déjà eu quelques nausées, extrêmement dérangeantes, et j'étais souvent très fatiguée.
C'était parfaitement normal selon le médecin. Mes visites médicales étaient pour l'instant plus nombreuses que pour la plupart des femmes enceintes, mais je crois que c'était parce que le médecin s'inquiétait de me savoir seule pour traverser ma grossesse.
Pourtant, je ne souffrais pas de manque de soutien, loin de là. Rosalie en faisait déjà beaucoup pour moi.
J'éteignis l'eau et fis quelques efforts pour m'habiller. J'enfilai une jupe en jean, un chemisier blanc et des ballerines. Je ramassai mes cheveux en une queue haute, et mis une veste en imitation cuir noire.
Je sortis de l'appartement, nerveuse et pas très sûre de ce que je m'apprêtais à faire.
Je pris le métro jusqu'à l'Upper East Side, et me perdis dans le quartier chic et bourgeois, au milieu de ces grattes-ciels immenses et des boutiques de luxes. J'arrivai enfin sur la 68ème rue et trouvai l'hôtel que je cherchais.
Je n'avais pas l'habitude de Manhattan, étant une habitante de Brooklyn, et je dois dire que j'étais écœurée de voir tant d'argent aux mains de si peu de gens.
Un portier me laissa entrer et j'allai m'adresser à l'accueil, où se tenait une jeune femme rousse tirée à quatre épingles.
-Bonjour, j'aimerais voir Mr. et Mme Cullen s'il vous plaît, demandai-je poliment.
J'étais déjà venue ici, peut-être se souvenait-elle de moi.
-Isabella Swan, n'est-ce pas ? Un instant, je les appelle.
Je la laissai faire son boulot de standardiste et attendis quelques minutes en observant le hall.
C'était un hôtel particulier, où résidaient les riches de New York. Le style était très simple, très épuré, mais on sentait que la tenue et le respect des lieux étaient de mise.
Le sol en marbre était d'une propreté étonnante, les lustres en or m'aveuglaient.
Des rideaux de velours étaient retenus par des lacets dorés, ils étaient probablement relâchés le soir contre les vitres qui donnaient sur la rue pour assurer l'intimité des habitants.
-Ils sont là, prêts à vous recevoir. Montez dans l'ascenseur, il vous mènera au sixième étage.
J'obéis et appuyai sur le bouton du sixième.
Alors que l'appareil montait, une voix d'opéra chantant sur fond de musique classique résonnait dans la cabine et je pus regarder les infos du jour défiler silencieusement sur une minuscule télévision.
Des otages en Syrie. Des catastrophes naturelles en Europe. Des manifestations en Russie.
Je me demandai comment on pouvait vivre décemment dans cet endroit en voyant la pauvreté et la misère dans le monde, chaque jour en descendant pour prendre son petit-déjeuner.
J'atteignis enfin l'étage voulu, et les portes s'ouvrirent sur le hall des Cullen.
Carlisle Cullen, riche chirurgien du St Trinity Hospital, m'accueillit à bras ouverts.
-Bella ! Cela fait tellement longtemps qu'on ne s'est pas vu ! Ta venue me fait un immense plaisir.
Je me contentai de sourire alors qu'il me prenait dans ses bras.
Esmée Cullen, sa femme, et décoratrice d'intérieur réputée, arriva juste derrière et me fit la bise en me touchant l'épaule chaleureusement.
-Comment tu vas, ma petite Bella ? Me demanda-t-elle de sa voix douce et hypocrite.
-Plutôt bien, et vous ?
Nous échangeâmes les formules de politesse, alors que Carlisle me racontait leur dernier voyage sur leur yacht. Il me proposa même de regarder les photos. Je déclinai, tout en m'asseyant sur leur canapé en cuir beige confortable et moelleux à souhait, qui trônait au milieu du salon.
-As-tu des nouvelles d'Alec ? S'enquit Esmée, mère dudit Alec, lui-même mon petit ami actuel.
Le couple s'assit sur le petit canapé en face de moi.
-Quelques unes, mentis-je. Il a l'air de bien aimer son stage à Londres.
-Oh oui, il s'éclate ! C'était vraiment ce qu'il avait envie de faire, je ne l'ai jamais vu aussi excité. Je crois qu'il a trouvé sa voie dans la recherche neurologique. Bon, pour l'instant il fait des tests sur des souris, mais il espère pouvoir très bientôt axer son travail sur le contact humain.
Je hochai la tête comme pour signifier que j'étais d'accord.
Je me demandai comment j'allais pouvoir aborder le sujet fatidique, la raison pour laquelle j'étais venue ici.
-Alors, Bella, qu'est-ce qui t'amène ? Tu restes manger avec nous ce soir ?
Carlisle allait me faciliter la tâche. Qui était déjà assez difficile comme ça.
-Je suis enceinte de votre fils, balançai-je tout à trac.
Carlisle fronça les sourcils et Esmée me contempla la bouche ouverte. J'aurais vraiment voulu prendre une photo de ce moment, immortaliser l'instant pour pouvoir en rire plus tard.
-Lequel ? Balbutia la mère d'Alec, tétanisée.
-Voyons, ma chérie, ne soit pas ridicule...
Je dois dire qu'Esmée était vraiment une très jolie femme, et Carlisle un homme de cinquante ans très charmant. Alec avait de qui tenir son physique avantageux, ses yeux bleus incroyables et ses cheveux blonds magnifiques, qui étaient, à ce que je pouvais observer, des caractéristiques paternelles.
-Bella, tu te rends bien compte que tu ne peux pas garder cet enfant, me raisonna le père.
Cette phrase me fit l'effet d'un coup de poing en pleine figure, aussi violent moralement. Mais d'un autre côté, j'étais heureuse qu'il réagisse de cette manière. J'allais pouvoir mettre mon plan à exécution.
-Je vais le garder. J'en suis à deux mois de grossesse, et je compte bien finir les sept prochains. J'aime déjà mon enfant.
-Mais notre fils ne peut pas s'occuper de lui, tu le sais ? Il a ses études, ses aspirations, ses rêves, tu vas foutre sa vie en l'air, me dit Esmée d'une voix tranchante.
Où étaient passés les beaux-parents accueillants et prêts à dépenser des fortunes pour faire plaisir aux autres ?
Depuis le moment où j'avais annoncé que j'étais enceinte, ils étaient plutôt partisans de me mettre dehors à coups de pieds.
-Tu veux de l'argent ? C'est ça que tu es venue chercher Bella ?
Encore une fois, beau-papa avait vu juste. Je bougeai la tête, m'obligeant à ne pas ressentir de honte par rapport à ce que j'allais faire.
Carlisle se leva pour récupérer son chéquier, alors que Esmée me regardait sévèrement.
-Je ne peux pas croire que tu te comportes volontairement de cette façon, me dit-elle, les dents serrées et le visage crispé. Nous t'avons toujours bien traité, nous t'avons considérée comme un membre à part entière de notre famille, et tu nous poignardes dans le dos. Même si Alec et toi êtes loin l'un de l'autre, tu sais qu'il t'aime plus que tout. Ton attitude est digne de tes origines.
Elle faisait allusion à mon petit village de l'Etat de Washington, et à mon quartier de New York où je tentai de survivre malgré tout. A mes études littéraires aussi, que j'avais dû arrêter momentanément, et que je reprendrai peut-être après l'accouchement.
A ma mère, qui était partie gambader dans tous les Etats-Unis avec son nouveau mari Phil Dwyer. Voilà « mes origines ».
Cette femme était méprisable. Mais je ne fis aucune remarque, attendant de recevoir l'argent et de pouvoir déguerpir en vitesse.
-Qu'est-ce qui nous prouve que cet enfant a été conçu avec Alec ? Demanda-t-elle en me fusillant du regard.
-Rien du tout, pour l'instant, avouai-je. Je peux vous promettre de rester sur New York et de vous envoyer le certificat de paternité.
-Hors de question, dit Carlisle en se rasseyant. Voilà les conditions : tu prends le chèque et on ne te revoit plus jamais. Alec ne sera jamais au courant. Et tu disparais de nos vies.
C'était exactement ce que je voulais.
-Marché conclu.
Esmée se leva et se prit le visage dans les mains en sanglotant. Elle alla se poster devant la grande baie vitrée qui donnait vue sur une bonne partie de l'île.
Carlisle me balança le bout de papier, que j'attrapai rapidement.
Je jetai un coup d'œil. J'avais assez pour payer les frais d'hôpitaux pour l'accouchement, le médecin, les dépenses pour le bébé, et même plus encore. Il m'avait donné beaucoup plus que ce que j'avais espéré.
Le mari rejoignit sa femme pour la consoler, tandis qu'elle se plaignait en regardant les rues d'en dessous.
-C'est peut-être mon premier petit-enfant, et je n'aurais jamais l'occasion de le connaître...
Esmée et Carlisle Cullen n'étaient pas si méchants. C'était sûrement le plus dur dans ce que je venais de faire.
J'appelai l'ascenseur, qui arriva rapidement.
-N'oublie pas notre accord, Bella, me dit le père de mon copain en me regardant m'engouffrer dans la cabine. Tu n'existes plus pour nous. Tu vas devoir rompre avec Alec.
-Je sais. Adieu Mr Cullen.
-Poussez Mlle Swan ! M'enjoignit le docteur, une femme du nom de Jane Volturi, très agréable, mais que je maudissais en cet instant.
-PUTAIN DE MERDE, hurlais-je, souffrant le martyr et souhaitant que tout ça se finisse le plus vite possible.
-Allez, vous y êtes presque ! Poussez encore ! Vous pouvez le faire. Le bébé est presque là. Poussez, poussez !
-Vas-y Bella, pousse ! Cria Rosalie, à côté de moi.
Comment pouvait-elle supporter ce spectacle ? Moi, dégoulinant de sueur, les jambes écartées comme lors d'un examen gynécologique, et le visage déformé par la souffrance et l'effort. Le pire, c'était que je ne sentais même pas mon bébé sortir. Juste la douleur.
-Bella, t'es la meilleure ! Encore un effort, pousse ! Me disait mon amie, comme si elle soutenait une équipe de foot.
-Isabella, poussez ! Encore un peu ! Poussez, poussez, poussez !
-Gniiinngniiin, réussis-je à articuler en tentant de faire sortir ce maudit bébé qui me déformait le ventre depuis neuf mois. MERDE, PUTAIN POURQUOI IL SORT PAS !
-C'est ça, énervez-vous, mettez-y tout votre cœur, dit le docteur Volturi. Poussez !
Entre mes jambes, elle essayait de récupérer le bébé, et je réalisai que si je ne le sortais pas maintenant, peut-être qu'il allait mourir. Peut-être que je ne connaîtrais pas la joie de le tenir dans mes bras. Et tout ce que je m'étais imaginé depuis neuf mois. Le sentiment d'avoir procréé, d'être maman, d'avoir une énorme responsabilité, le bonheur d'avoir un enfant.
-ALLEZ, SORS DE LA ! criai-je, toujours en train de souffrir.
Je poussais de toutes mes forces, alors que Rosalie sautillait sur place en me criant de pousser plus fort.
Et soudain, je me relâchai et je sentis un immense vide en moi. Je retombai sur le matelas, épuisée.
Un cri résonna dans la pièce. C'était mon fils qui utilisait ses poumons pour la première fois.
-Félicitations, me dit Jane Volturi. Vous êtes maman d'un adorable petit garçon.
Je souris, heureuse. Elle me le tendit et je le pris dans mes bras, à bout de force. Il était plein de sang, il hurlait et il avait les yeux complètement fermés. Je remarquai qu'il avait déjà quelques cheveux bruns sur la tête. J'étais comblée.
-Comment s'appelle-t-il ? Me demanda le médecin.
-Anthony, répondis-je.
Anthony Swan, c'était parfait comme prénom.
Je vis Emmett et mon père Charlie accourir en même temps de la salle d'attente.
-Il est magnifique, murmura Emmett, les yeux remplis de fascination pour mon tout petit être vivant. Un peu sale quand même.
-Mon petit-fils...dit Charlie, ému jusqu'aux larmes. Ta mère arrive bientôt, elle a eu du retard avec son avion.
J'avais eu des grosses difficultés avec mes parents, au début. Ils avaient mal acceptés le fait que cet enfant n'aurait pas de père, et que j'allais devoir arrêter mes études pour m'occuper de lui. Mais on s'était réconciliés, et ils m'avaient soutenue autant qu'ils avaient pu.
On était le 21 mars, et j'étais enfin mère. C'était le plus beau jour de ma vie. Le plus gros et magnifique cliché sur l'histoire de l'humanité.
-Bella ? Réveille-toi.
J'ouvris les yeux en entendant la voix de Rosalie. Elle me pressait l'épaule en me secouant légèrement. J'étais toujours dans mon lit d'hôpital, je m'étais endormie, alors que le personnel soignant s'occupait d'Anthony.
-Il y a quelqu'un pour toi, m'indiqua mon amie. Je vous laisse.
Je me redressai et rajustai mon oreiller. Une main forte vint m'aider, et je levai la tête.
Alec Cullen.
-Bonjour Bella, dit-il d'une voix douce.
J'eus envie d'éclater en sanglots. Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? J'étais décidément maudite, la malchance me poursuivait.
-Salut Alec, balbutiai-je.
-Je suis...tellement désolé de ne pas avoir été là. Tu aurais dû me prévenir, au lieu d'aller voir mes parents. La façon dont ils t'ont traité est inexcusable. Pardonne-les, et pardonne-moi. J'ai cru que tu ne voulais plus de moi...
Il paraissait bouleversé. Il était toujours aussi beau et attentionné, et je me sentis véritablement coupable. Ses grands yeux bleus me regardaient avec compassion. Comment pouvait-il dire ça ? J'avais accepté leur chèque et j'avais rompu avec lui. J'étais la pire des personnes, et pourtant il croyait que c'était encore la faute de sa famille.
-Arrête de te torturer, Alec, dis-je d'une voix faible. Tu n'y es pour rien. J'ai manipulé tes parents pour avoir l'argent nécessaire.
-Tu as fait ce qu'il faut pour survivre, ils auraient dû te soutenir et j'aurais été là pour toi. Je suis prêt à assumer ma paternité.
Cet homme était d'une gentillesse infinie. Je me sentais tellement mal. Mais je devais lui dire la vérité. Je ne pouvais décemment pas garder ce mensonge pour moi.
Alors que j'allais enfin lui avouer mon vilain secret, qui lui briserait assurément le cœur, et le mien aussi par la même occasion, la personne que j'avais tenté de joindre pendant deux mois apparut dans l'encadrement de la porte.
-Salut Bella, me dit Edward Cullen, le frère d'Alec, et accessoirement le père de mon enfant.
Il avait toujours cette voix grave qui me donnait des frissons des pieds à la tête.
Ces yeux verts étincelants de malice et de mystère, promesse d'aventure et de souffrance.
Ces cheveux cuivrés, dans lesquels il adorait passer sa main, et moi aussi.
Cette nonchalance caractéristique, qui donnait l'impression qu'il se foutait de tout, même d'être papa.
Il m'avait manqué. J'avais envie de l'étriper.
Je le regardai les yeux grands ouverts, ne sachant que dire ni que faire.
Un silence gênant s'était installé dans la pièce, Edward continuait de me fixer sans rien dire, et les yeux d'Alec faisait la navette entre lui et moi.
Un portable sonna, et Alec s'excusa pour répondre dans le couloir. Attendant qu'il soit parti, je repris mes esprits et m'adressai à l'homme que j'avais aimé et que je détestais à présent :
-Qu'est-ce que tu fous là ?
-Je viens voir mon enfant. J'ai pas le droit ?
-Non, répondis-je, les lèvres pincées. Tes parents m'ont filé de l'argent pour que je m'occupe seule d'Anthony. Et c'est ce que je comptais faire depuis le début. Tu n'as aucun droit.
-« Anthony »? C'est sympa, je suis d'accord. Où est-il ?
-Dégage Edward. Je ne veux plus te voir.
-Combien de temps tu vas continuer à faire croire à ce pauvre Alec que ce gosse est le sien ?
Je tournai la tête pour regarder les nuages à travers la fenêtre.
-C'est ça Bella, fuis la réalité. En attendant, Alec est persuadé d'avoir un fils, et je pense qu'il déchantera vite en voyant qu'Anthony a les yeux verts et les cheveux bruns.
-Il ressemble à Esmée, c'est tout.
-Putain, c'est n'importe quoi. Si tu ne le fais pas, je lui dis. Et crois-moi, cet enfant sera aussi le mien.
-Alec n'était pas censé être au courant...Je n'ai jamais menti à tes parents sur la paternité, j'ai simplement parlé de « leur fils ». Ils ont compris que c'était Alec. C'est un malentendu, et rien ne se passe comme prévu...
-Il les a entendu en parler ce matin. Carlisle a appris que tu étais hospitalisée, et il en a parlé à Esmée. J'ai conduit Alec avec ma voiture le plus vite possible.
-Où étais-tu pendant neuf mois Edward ? Qu'est-ce que tu faisais, pendant que moi je payais les consultations et achetais de quoi accueillir le bébé ?
-Ne rejette pas la faute sur...
-Pourquoi tu n'as répondu à aucun de mes messages ? Criai-je, les larmes aux yeux et avec l'envie de tout casser. J'ai passé une soirée entière devant ta porte, à attendre que tu rentres chez toi, ou que tu daignes m'ouvrir, pour te parler. J'ai angoissé pendant des nuits entières, en me rendant compte que j'allais devoir vivre ça toute seule. Où étais-tu pendant ce temps ?
Il s'approcha de moi, tout doucement, avec hésitation, les mains dans les poches, puis il se posta près de mon lit en me fixant dans les yeux.
-J'avais besoin de réfléchir. Je ne voulais pas de lui, au début. Puis j'ai changé d'avis. Je veux m'en occuper avec toi. Tu vas peut-être mettre un peu de temps pour me faire confiance. Mon frère va me haïr pendant un moment, ma famille va me détester. Tu n'es même pas obligée de m'apprécier. Je veux simplement être là pour Anthony. Laisse-moi faire ça. Pour notre enfant.
Je séchai mes larmes et le regardai franchement. A cet instant, il avait l'air vraiment sincère. Je me suis demandé qui de Edward ou de Alec ferait un meilleur père pour Anthony. Alec, certainement. Mais Edward était son père biologique, et il ne manquerait pas de le faire savoir. Je me dis qu'on pouvait essayer après tout. Faire une sorte d'essai, voir comment Edward s'en sortait avec... Comment avait-il dit ?
Notre enfant. Deux petits mots que j'aurais adoré avoir entendu plus tôt.
