~ Comment te sens-tu aujourd'hui ? ~

EPOV

Arrgh, oumph, pfuii, hiark, ouch, beurk, niark, giark, poukiark.

Il n'y avait pas assez d'onomatopées dans mon vocabulaire pour décrire tout ce que je ressentais. Depuis que cette fille était passée sous les pâles du ventilo mon cœur ne demandait qu'à se décrocher, ma gorge se serrait compulsivement pour m'empêcher de rendre mon déjeuner hebdomadaire. Mais d'où sortait-elle ? Je considérais un instant la porte de la classe et les autres élèves qui ne semblaient pas le moins du monde incommodé, complètement oublieux du monde sensoriel qui les entourait.

Soit, j'avais des sens supérieurs à la normal comme mes frères et sœurs, mais se pouvait-il que je sois vraiment le seul à me rendre compte de la vague qui me fouettait avec la délicatesse d'un tsunami ? Elle n'avait pourtant rien d'imposant dans son allure, au contraire, elle se rapprochait plus de la plume que de l'enclume, mais quelle présence !

Horreur, j'avais oublié que j'étais le seul sans co-équipier à ma paillasse et qu'elle n'avait d'autre choix que de venir se coller à moi telle une limace baveuse. Elle me jetait un coup d'œil inquiet, comprenant mon rejet même si elle fit mine de humer sa chevelure et son col pour donner le change. Enfin, bon sang, elle devait bien se rendre compte que quelque chose n'allait pas.

J'arrêtais de respirer. C'était dans mes cordes. Je pouvais tenir si je ne parlais pas. Pourvu que Monsieur Banner ne m'interroge pas. Elle allait me trouver impoli à coup sûr, mais là il y avait des limites à ne pas franchir pour se tenir à mes côtés et de toute évidence elle ne les avait pas respecté.

Comment faire pour esquiver le cours maintenant ? Faire un malaise ? Après tout ce n'était pas si loin de la vérité. En même temps, si je fais ça adieu la réputation de mec ténébreux mystérieux très sûr de lui. Et en plus ça pourrait être pire, Monsieur Banner pourrait proposer qu'elle m'accompagne à l'infirmerie…Courage Edward, tu vas y arriver. Il suffit de se concentrer sur autre chose, compter les secondes par exemple.

Le problème sera toujours le même demain, je vais passer au bureau de Madame Cope et user de ma séduction naturelle pour la manipuler à loisir et changer de cours. La pauvre dès qu'elle me voit, de la buée apparaît sur ses lunettes, je n'ose même pas aller consulter ses pensées salaces.

D'où vient cette fille ? Je croyais que Phœnix était un endroit potable, pas un ramassis de cafards. C'est dommage. Elle serait plutôt à mon goût sinon. Des cheveux longs bruns avec des reflets auburn, de profonds yeux noirs, une carnation fine presque translucide, je me verrais bien lui faire découvrir le 7e ciel, voire le lui faire explorer en long en large et en travers. Bon, je m'égare. Mais pourquoi faut-il qu'elle pue autant ?

J'ai repensé à la scène du film où Bella arrive en cours et j'ai rigolé toute seule (oui, oui ça m'arrive mais je me soigne) en pensant à ce qui se serait passé si Bella sentait vraiment mauvais ce jour-là. Si ça vous fait rire, je ferai le BPOV.