A/N : Comme promis, je suis « de retour » avec la trad de mon nouveau multichapter. Ca va sûrement aller plus lentement qu'avant parce que j'ai commencé en plus une collection de oneshots (que je ne traduirai pas, par contre :p). J'espère en tout cas que ce premier chapitre vous donnera envie de lire la suite !


Chapitre 1 : Si tôt le matin


"Here we go 'round the mulberry bush
The mulberry bush, the mulberry bush…"

Chloé s'assit dans son lit et commença à démêler sa longue chevelure blonde avec ses doigts. Comme tous les matins, le bruit de son pas lourd l'avait réveillée. Penser à lui la fit frissonner et elle s'arrêta de chantonner. S'il l'entendait, il… Non, elle préférait ne pas y penser. Ses doigts effleurèrent inconsciemment les bleus les plus récents qui parsemaient son bras. Non, ça n'arriverait plus. Elle se comporterait bien, elle ferait ce qu'il attendait, et avec un peu de chance, il la laisserait sortir aujourd'hui.

"Here we go 'round the mulberry bush
So early in the morning…"

Il y avait des muriers dans la forêt, bordant le chemin. Elle se demanda si les fruits étaient déjà mûrs. Non pas qu'elle eut faim – elle avait toujours assez à manger. Il la forçait même parfois, lorsqu'il trouvait qu'elle n'avait pas suffisamment mangé. Mais le murier… Il lui rappelait sa grand-mère. Elle lui avait appris comment choisir les fruits les plus mûrs, lorsqu'ils étaient foncés, et pas rouges – les rouges, c'était pour la confiture. Sa grand-mère la laissait toujours lécher la casserole et la cuillère.

Elle porta ses doigts à sa bouche et les passa sur ses lèvres. Elle sourit tout d'abord au souvenir de la gelée chaude et douce. Mais très vite, des larmes de mélancolie commencèrent à emplir ses yeux. Elle ne reverrait plus jamais sa grand-mère. Ni elle, ni personne.

Le bruit du verrou la fit sursauter, et elle renifla, essuyant les quelques larmes qui avaient glissé le long de ses joues roses. Lorsque la porte s'ouvrit, la lumière venant d'en haut la força à plisser les yeux.

« Allez, viens, Becky », aboya la voix rude. « Ce matin tu déjeune avec moi. En haut. »


Brennan reposa sa tasse de café sur la table et souffla. C'était samedi matin, le soleil brillait, et pourtant, elle n'avait envie de rien faire. Elle se sentait endormie et, pour être honnête, légèrement déprimée. Le fait est que, même si elle ne l'aurait jamais admis, elle se sentait terriblement seule ces derniers temps. Même si elle se répétait et répétait aux autres qu'elle préférait la solitude, elle ne pouvait nier le fait que sa vie personnelle était un réel désastre. Elle se demandait parfois ce que sa vie serait maintenant, si elle était partie avec Sully. Peut-être aurait-ce été une bonne idée, après tout.

Non. Pas vraiment.

Elle soupira et se passa la main dans les cheveux. Booth avait pris une semaine de congés pour emmener Parker en Floride. Les parcs d'attraction, les plages de sable fin… Tout pour que soient parfaits ces quelques jours qu'il pouvait passer avec son fils. De plus, ils n'avaient pas eu à résoudre d'affaire criminelle depuis tellement longtemps… Bien sûr, elle n'espérait pas que quelqu'un découvre très vite un cadavre, mais la présence de Booth lui manquait. Le travail de terrain lui manquait, interroger les suspects lui manquait… Wow… Venait-elle à l'instant d'admettre que Booth lui manquait ? Non, uhf, n'importe quoi.

Très bien. Il lui manquait. Vraiment. Leurs débats animés au Diner en mangeant des frites et de la tarte à la cerise lui manquaient. Leurs disputes dans la voiture lui manquaient, sa façon de frapper à l'improviste à sa porte avec des plats Thaï à emporter lui manquait. Son oreille amicale lorsqu'elle avait besoin de parler de son père lui manquait. Son point de vue, même si elle ne se privait jamais de sortir les contre-arguments qu'elle avait en réserve, lui manquait. Et ses conseils, qu'elle n'aurait jamais admis mettre parfois en pratique, lui manquaient.

Oui, Booth était vraiment un bon ami, plus que tous ceux qu'elle avait eu dans sa vie. Quelque part, c'était naturel. Des partenaires étaient voués à être amis. Ils passaient tellement de temps ensemble, dans le cadre de leur travail. Enfin… Cela dépassait parfois les heures de travail, mais c'était ce que faisaient les partenaires, n'est-ce-pas ?

Elle se leva, agacée par ses propres pensées, et alluma sa chaîne stéréo avant de se diriger vers la salle de bains. Une douche rapide et elle irait rendre visite à son père à la prison fédérale.


« Non, Papa, laisse moi, je veux dormir encore ! »

« Désolé mon grand, mais tu dois te lever maintenant, notre avion part dans une heure et demi. Je suis désolé de te faire lever si tôt mais tu sais que papa n'a pas pu réserver un autre vol. »

« Non, j'veux pas y aller ! » pleurnicha Parker au lieu de coopérer. « Je veux retourner à Seaworld ! »

« Allons Parker, repense à tout ce qu'on a fait cette semaine. Tu as de la chance, tu sais. Tu auras des tas de choses à raconter à tes amis à la rentrée. »

« Mais j'veux pas retourner à l'école, et j'veux pas rentrer à la maison. »

Booth s'assit à côté de son fils et lui sourit.

« Je sais. Moi non plus. Mais, enfin, on peut pas rester là pour toujours. Ta maman s'ennuierait de toi, tu ne crois pas?"

Parker sembla réfléchir y un moment, puis finit par acquiescer. « Je crois qu'elle me manquerait aussi. »

« Bien. Alors pourquoi tu ne te lèverais pas, et je t'achèterai un donut à l'aéroport ? »

« Ouais! »

Cette fois-ci, le petit garçon n'eu pas besoin de se le faire répéter deux fois. Il sauta hors du lit, suivit par le regard tendre de son père qui, pour une raison quelconque, était content de quitter la Floride humide pour retrouver dans quelques heures l'ennuyeuse Washington.


La salle de visite était froide et austère, comme d'habitude. Mais en dépit de l'environnement et de la combinaison orange ridicule qu'il était forcé de porter, Max Keenan était tous sourires. Jamais il n'aurait avoué que la vie en prison n'était pas toujours plaisante. Il avait fait cela pour sa fille, et justement, ce matin là, elle se tenait devant lui. Il ne pouvait pas demander mieux. Il avait attendu ce moment pendant de longues journées.

Il se leva, lui ouvrant les bras. Elle soupira mais s'approcha et, refermant ses bras autour de lui, elle lui donna l'étreinte à laquelle il s'était clairement attendu.

« Comment vas-tu, chérie ? » demanda-t-il d'un ton enjoué.

Elle haussa les épaules, prenant place sur la chaise devant lui.

« Je vais bien, comme tu peux le voir. »

Il ne put s'empêcher de rire. Sacrée Tempe…

« Ce que je voulais dire, c'est plutôt, qu'est ce que tu as fait cette semaine ? »

« Oh, la routine, tu sais. Le travail habituel. »

Il comprit que, comme d'habitude, il lui faudrait alimenter la conversation s'il ne voulait pas gaspiller ce moment rare qu'il lui était donné de passer avec elle.

« Booth est en vacances, c'est ça ? »

« Oui. En Floride avec Parker. Il revient aujourd'hui, je crois. »

« Hum… »

Max plissa les yeux et ses lèvres s'étirèrent dans un sourire malicieux.

« Quoi ? » demanda Brennan en levant les sourcils.

« Il te manque, hein ? »

« Quoi ? Pourquoi tu dis ça ? »

"Oh, allez, chérie… Tu pourrais au moins le reconnaître. Je peux l'entendre à ta voix."

« Qu'est ce que tu essayes de me dire, papa ? Il n'y a rien de particulier dans ma voix. Je peux quand même supporter qu'il prenne une semaine de vacances ! »

« Ce qui veut dire que tu ne peux pas supporter qu'il parte plus longtemps ? »

« Quoi ? Non ! Arrête, Papa, c'est énervant! A quoi tu joues?"

« D'accord, d'accord, ne sois pas aussi susceptible. Alors, tu as des plans pour ce soir ? » dit Max, pensant qu'il était grand temps de changer de sujet.

« Angela veut qu'on sorte toutes les deux. Entre filles. Hodgins n'était pas très content mais je suis presque sûre qu'elle trouvera un moyen de le convaincre de la laisser sortir sans lui pour la soirée. »

« C'est une bonne chose. Tu devrais… »

« … sortir plus souvent, oui, je sais. C'est aussi ce qu'a dit Angela."

« Je suis sûr que j'adorerais cette Angela. »

« C'est difficile de ne pas aimer Angela », dit-elle en se levant. « Ecoute, je dois y aller maintenant. Mon cours de karaté commence dans une demi-heure. Tu n'as besoin de rien ? »

« Non, merci. Voir ma fille était bien assez pour me contenter. »

Elle hésita, puis décida de déposer un baiser sur son front. Max sourit. Enfin, il parvenait à l'apprivoiser un peu. Pas un jour il n'avait regretté sa décision de se faire prendre, et d'être à présent derrière les barreaux. Quelque soit sa peine, les visites de sa fille suffisaient à son bonheur. Elle commençait à s'habituer à lui et d'une certaine manière, à l'aimer. Chaque fois qu'elle venait le voir, leurs conversations devenaient plus intimes. Elle ne l'appelait plus Max, mais Papa. Il savait qu'elle lui avait presque pardonné. Et il savait aussi que Booth avait sa part là-dedans.

« Chérie ? »

Elle fit demi-tour sur elle-même, ses cheveux bougeant légèrement. Seigneur, ce qu'elle pouvait ressembler à sa mère…

« Je suis sûr que tu lui manques aussi. »

Ne trouvant rien à rétorquer à cela, elle leva les yeux au ciel avant de se retourner et de partir, laissant échapper un nouveau soupir. Bien sûr qu'elle ne manquait pas à Booth. Il l'attendait depuis tellement longtemps, cette semaine avec Parker. Il pensait certainement à tout sauf à elle.

La lumière éclatante du soleil dehors la fit cligner des yeux. Il était seulement dix heures et il faisait déjà très chaud. Alors qu'elle se dirigeait vers sa voiture, son téléphone sonna dans son sac. Ce devait être Angela. Elle n'était pas vraiment d'humeur à sortir ce soir-là, mais elle savait que son amie ne la laisserait pas en paix avant qu'elle ait accepté. Toutefois, lorsqu'elle jeta un coup d'œil à l'écran, elle fut surprise de constater qu'il indiquait 'Booth'.

« Salut, Booth. Déjà de retour ? »

« Hey, Bones, écoute, j'ai un service à te demander », dit-il, la voix un peu agitée.

« Qu'est-ce que c'est ? » demanda-t-elle en ouvrant la porte de sa voiture, jetant son sac sur le siège passager.

« Eh ben, les chauffeurs de taxi sont en grève, tu y crois à ça ? »

« Je n'étais pas au courant. »

« Tu devrais regarder les infos de temps en temps, Bones », la taquina-t-il.

« Toi aussi, apparemment », répliqua-t-elle sur le même ton.

« Oui, enfin, peu importe. J'aimerais vraiment, vraiment éviter d'avoir à appeler Rebecca, parce que tu sais, elle… »

« Oui, je comprends. Tu as peur qu'elle écourte le temps qu'il te reste avec Parker. »

« Exactement. Donc je me demandais si tu pouvais… »

« Tu veux que je vous récupère à l'aéroport. »

« Exactement. Mais si ça te dérange, je… »

Elle rit. « Bien sûr que non. A quelle heure vous arrivez? »

« En fait, on est déjà arrivés... »

« Oh, ok, je me mets en route alors. »

Et alors qu'elle démarrait la voiture, elle se rendit compte qu'elle souriait.


Booth chargea les sacs dans le coffre, soufflant de fatigue. Parker était déjà assis à l'arrière, semblant plutôt excité par ce changement de plans.

« Je te revaudrai ça, Bones. Vraiment. »

« C'est pas grand-chose, tu sais. J'ai raté mon cours de karaté mais c'est pas grave. »

« Oh, je suis désolé… »

Elle haussa les épaules.

« Ne le sois pas. Je n'avais pas vraiment envie d'y aller, de toute façon », dit-elle d'une voix lasse en s'installant sur le siège conducteur.

Il boucla sa ceinture et la regarda avec inquiétude.

« Ca va ? »

« Oui oui », le rassura-t-elle avec un léger sourire.

« En Floride, on a été à Disneyworld, et à Seaworld, et au parc aquatique », expliqua Parker dans un flot rapide de paroles. « Et j'ai rencontré Mickey, et il m'a fait un bisou sur la joue ! »

« Qui est Mickey ? » demanda Brennan. « Un de tes amis ? »

Booth rit de bon cœur de l'ignorance de sa partenaire concernant les personnages Disney. « C'est une souris, Bones. Mickey Mouse. »

« Donc vous avez rencontré une souris ? »

« Pas une v… » Il s'arrêta de lui-même, se souvenant que Parker était dans la voiture. « Oui. On a rencontré une souris. »

Il fit un clin d'œil à Brennan qui, perplexe, décida qu'elle comprendrait probablement plus tard.

Lorsqu'ils parvinrent à destination, elle aida Booth à porter les bagages dans la maison, le petit garçon courant et sautant autour d'eux.

« On va au zoo demain, hein, Papa ? »

« Oui Parker, on ira au zoo demain. »

« Promis ? »

Booth s'accroupit pour se mettre à la même hauteur que son fils et posa son front sur le sien.

« Promis. Et si tu allais jouer dans ta chambre maintenant ? »

« D'accord. Est-ce que le docteur Bones reste avec nous aujourd'hui ? »

« Non Parker, je dois rentrer maintenant », répondit Brennan, peu désireuse de s'immiscer dans l'un des rares moments que Booth pouvait passer avec son fils.

« Tu pourrais rester et je te montrerais ma nouvelle voiture télécommandée ! »

« Une autre fois, d'accord ? »

« D'accord. »

Le petit garçon s'approcha plus près de Brennan et leva la tête vers elle, s'attendant vraisemblablement à ce qu'elle lui offre sa joue. D'abord surprise, elle se pencha finalement vers lui et il déposa un baiser sonore sur sa joue. Lorsque ce fut son tour de l'embrasser, elle ne put s'empêcher de remarquer combien sa peau d'enfant était douce.

« Au revoir, docteur Bones ! »

Brennan le suivit des yeux lorsqu'il sautilla jusqu'à sa chambre, un sourire amusé sur les lèvres, sous le regard tendre de son partenaire. Se pouvait-il qu'elle soit attendrie par son fils ? Il ne pouvait s'empêcher de penser combien c'était adorable de la voir comme ça. Un jour, il parviendrait à la faire changer d'avis au sujet des enfants.

« Je devrais y aller maintenant » annonça Brennan, l'obligeant à revenir sur terre.

« Oh… Tu ne veux pas une tasse de café ? » demanda-t-il, essayant de repousser son départ plus que d'être poli.

« Non, ça va, merci » répondit-elle en secouant légèrement la tête.

Booth la suivit jusqu'à la porte d'entrée et s'appuya contre le montant.

« Je meurs d'envie d'une tarte à la cerise. En Floride, elles sont immangeables. On devrait aller au Diner, un de ces jours. »

« Bien sûr », dit Brennan avec un sourire avant de partir.

Mais à la vérité, ça n'était pas vraiment les délicieuses tartes du Diner qui manquaient en Floride. C'était les irrésistibles anthropologues judiciaires.


"This is the way we wash our clothes
Wash our clothes, wash our clothes
This is the way we wash our clothes
So early Monday morning…"

« Lundi, mardi, mercredi, ven… Non, attend. Jeudi. Je recommence. Lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche. »

Chloe connaissait les jours de la semaine par Cœur. Elle les avait appris à l'école. Tout d'abord, elle avait réussi à se souvenir du jour qu'il était, en comptant sur ses doigts. Mais maintenant, elle était là depuis tellement longtemps qu'elle avait un peu perdu la notion du temps. Elle ne savait même pas quel âge elle avait. Elle avait cinq ans quand elle était arrivée. En avait-elle six à présent ? Elle connaissait les mois par Cœur, aussi. Et aujourd'hui, il faisait plutôt chaud, malgré l'heure encore matinale. Ca devait être juillet ou août.

Et samedi. Oui… Ce soleil ressemblait sans aucun doute à celui d'un samedi matin.


L'éclatant soleil d'août brillait au dessus des arbres de Browne State Forest. Les mains sur les hanches, Pamela Grant laissa échapper un profond soupir de bien-être. L'odeur du bois et des feuilles, la brise agréable. Parfait week-end. Parfait endroit pour décompresser. Elle essaya de ne pas penser au lundi à venir. Les embouteillages sans fin dans le centre-ville, cette présentation stressante au boulot. Seigneur, elle serait devenue folle depuis longtemps sans ces petites escapades du week-end.

« Pam, où est Sammy ? » demanda la voix de son ami, sortant sa tête de la tente.

« Je ne sais pas, je pensais qu'il était avec toi », répondit-elle en cherchant l'animal des yeux. « Oh, ce chien ! Pourquoi faut-il toujours qu'il lui prenne l'envie de courir après les oiseaux comme un chat ? Sammy ! »

« Sammy !! »

« Sammy, au pied ! Au pied !! »

Mais Sammy était loin de prêter attention à l'appel de ses maîtres, car il avait trouvé quelque chose qui valait clairement la peine d'ignorer leurs ordres. Il se trahit toutefois lorsqu'il laissa échapper un jappement de satisfaction, et sentit peu après une main ferme saisir son collier.

« Sammy, tu es vraiment… »

Pamela ne trouva jamais le mot juste pour dire à son chien combien elle était contrariée, car à la seconde où ses yeux se posèrent sur sa merveilleuse découverte, elle cria, perdant tout espoir de se reposer ce week-end là.


A/N : Merci de m'avoir lue ! N'hésitez pas à me laisser vos commentaires ;)