Titre : Renaissances

Auteur : Clairou

Genre : C'est à dire que je ne sais pas encore.

Disclaimer : Tout à JKR. Aucun gain d'argent avec cette fanfic.

Rating : M Sexe explicite. Homophobes, passez votre chemin. Pour les couples, je garde le secret, il y en aura trois principaux. Je précise que ce ne sera pas un Draco/Voldemort même si certaines scènes peuvent paraîtrent ambiguës, ni un Ginny/Harry d'ailleurs.

Note : L'histoire se déroule pendant la 7eme année.

Je crois que je m'attaque à plus gros que moi avec cette histoire, mais je pense que je vais bien finir par l'achever, même si c'est dans 10ans.

Je crois que j'ai tout dit alors… Let's begin.


Renaissances

Prologue :

Lucius Malfoy surgit de sous l'arcade et s'arrêta un instant pour embraser la grande salle d'un regard froid et empressé avant de reprendre dédaigneusement sa marche altière vers les trois autres. Et Draco sentit son orgueil l'enivrer en remarquant le léger envenimement des pupilles déjà agitées de son géniteur.

Ah !... Malfoy père. La tête haute. Les traits droits… Quelle joie de deviner sa colère. De l'avoir doublé aux yeux du Lord… Quelle joie de ne plus être regardé en lâche, en couard. Le Lord le savait ! Le Lord l'avait remarqué lui, que le petit garçon vaniteux était mort il y a longtemps. Oui, le Lord l'avait remarqué. Et il jugeait Draco comme un homme, et non comme un gamin. Ni comme un morveux !...

Et maintenant, maintenant que Draco était accepté à une réunion des Quatres, avant même d'avoir fêté ses dix huit ans... Maintenant Lucius devrait bien accepter de juger son fils à sa juste valeur, comme le Lord.

Le Lord… Le Lord. C'était marrant comme toutes les pensées tourbillonnaient autour du mage noir en ce moment. La mort du vieux fou n'avait été que l'étincelle qui met le feu aux poudres. L'allumette, celle-là qui avait tout embrasé, elle se tenait ici... Draco eut un regard vers sa droite. Il fallait avouer que Voldemort avait une personnalité plutôt… marquante.

Les pupilles grises du jeune homme glissèrent sur les courbes cascadeuses du tissu vert sombre que portait l'homme. Le Lord noir était là, à moins d'un mètre, vêtu d'une cape vaporeuse négligemment jetée sur ses épaules frêles et fraîches, dévoilant la chute féminine de son cou, de ses clavicules. Il avait la silhouette fine et élancée d'un jeune noisetier ; le maintient naturellement droit et noble d'un chêne ; le visage sévère et souple du cuir tanné.

Ses bras étaient écartés de son corps, paumes vers le plafond dans un geste ample, leste et lumineux. Sa tête était rejetée en arrière, dévoilant sa gorge claire. Ses yeux étaient clos, ses narines dilatées. Comme s'il voulait s'imprégner de l'atmosphère, incruster chaque odeur, chaque émotion sur sa peau cendrée. Tom Marvolo Riddle, si puissant que la magie pouvait crépiter le long de ses doigts fins si tel était le désir de leur propriétaire.

Le Lord aspira délicatement une bouffée d'air, et la rejeta plus lentement. Draco s'obligea à détacher ses yeux des longues mains du mage et les reporta sur son visage. Celui-ci ouvrit ses paupières livides et abaissa son regard brûlant sur les quatre mangemorts. Son expression se fit plus affamée et étrangement cupide tandis que ses pupilles bondissaient d'un personnage à l'autre. Draco se sentit soudainement inconfortable : il n'aimait pas cette lueur barbare sur le visage si serein du mage. Elle lui rappelait sa première rencontre avec lui. Elle lui rappelait un aspect de Voldemort qu'il ne voulait pas connaître une seconde foi, qu'il préférait oublier. Le souvenir du goût du…

« - C'est bon de vous voir tous réunis. »

La phrase résonna dans la salle. Sa voix était timbrée entre le chant d'un baryton et le sifflement rauque d'un serpent. Mais étrangement, elle avait des intonations plus aiguës sur certaines voyelles. C'était comme un son indéniablement hypnotique et, à ce moment précis, plutôt viscéral. Le Lord inspira une deuxième bouffée d'oxygène qu'il délecta. Il abaissa brusquement ses bras et Draco le vit violemment se retourner vers lui. Le jeune homme sentit son estomac se tordre lorsque le mage s'approcha lentement, comme une hyène tourne autour d'un morceau de boucherie. Un frisson de terreur –à moins que ça ne soit d'excitation- lui électrisa la nuque lorsque les pupilles rouges feu se plantèrent dans son regard cendré. Le Lord le fixa pendant ce qui lui sembla être un éternel battement de cils, puis il se détourna.

Il retrouva alors sa frénésie habituelle et descendit rapidement les marches de l'estrade. Arrivant devant les Quatres, il s'immobilisa soudain et fit volte face avant de revenir plus brusquement encore. Sa démarche vive et ample laissait comme des tourbillons de tissus verts et gris dans son sillage. Draco se fit subitement la remarque qu'il ressemblait à un fauve. Un jeune félin en cage… D'ailleurs, comme pour confirmer son idée, le mage se ramassa sur lui-même et bondit toutes griffes dehors vers Bellatrix. Il s'immobilisa subitement juste devant elle, aussi digne que jamais et un doigt inquisiteur se pointa sourdement sur la peau livide sur front de la femme.

Au plus grand étonnement de Draco, celle-ci ne paraissait pas le moins du monde déstabilisée. Au contraire, elle semblait jouir de cette subite proximité avec le Lord. Et le sourire qu'elle affichait à présent était plutôt… carnivore. Le jeune homme sentit un second frisson remonter sa colonne vertébrale et se promit de ne faire confiance à aucun des Quatres. Si chacun d'eux cachait un sourire comme celui-ci derrière un masque de froideurs ou de sympathie, et pire que tout : de beauté…

Bellatrix Lestrange : grande, droite, tentatrice, charnelle… Sa peau si pâle et presque cadavérique, violacée autour de pupilles ébène. Ses traits aquilins incarnaient des siècles et des siècles d'aristocratie de sang pur : fins, nobles, droits. Sa longue chevelure ondulée semblait tellement noire qu'elle en devenait métallique… et chaude. Et ses lèvres, ses lèvres allongées et pulpeuses, d'un carmin si sanguin qu'elles en paraissaient venimeuses. Ses formes étaient excitantes, désirées… et interdites. Ou du moins, fortement déconseillées si l'on devait se fier à l'état de ses derniers amants en liste. Elle transpirait de mesquineries et de séduction. C'était d'ailleurs pour cela que son sourire ne surprenait pas tant Draco. Elle était tous ce que les hommes avaient toujours désiré chez une femme, et elle le savait. Quoi de plus…

« - TOI ! TOI ! » hurla soudain le Lord à Bellatrix. « QU'AS-TU À ME DIRE… HEIN ?! »

Mais presque simultanément, il se détourna de la femme, coupant cour à la question. Il fixait à présent les yeux abîmes de Snape. Et le défi pouvait se lire sur son visage tandis qu'il le rapprochait de celui impénétrable du mangemorts. Ils restèrent quelques minutes ainsi, un fil de nuit reliant l'intensité de leurs deux regards, puis le Lord sembla satisfait. Il se détourna de nouveau pour s'immobiliser devant l'estrade.

Draco songea soudain au comique de la situation : lui-même, nouvelle recrue, se tenait sur la scène ; à ses pieds était le plus grand mage noir de tous les temps, grotesquement figé dans une position d'écoute comme si quelqu'un avait appuyé sur la touche off ; et par derrière se dressaient les mangemorts les plus redoutés : les Quatres, tel qu'on les appelait ici. Non seulement Draco dominait tout le monde, mais en plus son père était à ses pieds ! Depuis le temps qu'il l'attendait ! Son père, qui restait en bas de l'échelle tandis que lui, le fils, gravissait les échelons pour rejoindre le Lord…

Dès que l'image de Voldemort lui traversa l'esprit, ses pupilles furent irrémédiablement attirées par l'image du Lord. Une foi de plus, il se rendit compte à quel point il avait du être beau. Et à quel point il pouvait encore l'être. Et comme pour vérifier cette pensée, le mage lui fit soudain un sourire charmeur et se remit doucement en mouvement comme un pantin perclus d'arthrose qui sort enfin de son placard poussiéreux. Il se retourna donc mécaniquement vers les Quatres et répéta sa question d'une voix plus douce et calme, moins sifflante, comme s'il n'avait pas eut d'absence :

« - Alors Bellatrix, qu'as-tu à me dire ? »

Un court silence s'installa avant que le timbre chaud et grave de la femme ne s'élève dans le sanctuaire:

« - Je devrais te…

- Et toi ! » Coupa sèchement Voldemort en se tournant vers Lucius. « Qu'as-tu à me dire ? »

Il se fit plus empoisonné :

« - Tu as beaucoup de choses à me justifier, n'est ce pas ? »

Draco éclata de joie perverse lorsqu'il vit son père courber douloureusement l'échine.

« - Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.

- MAÎTRE ! »

Lucius se courba un peut plus, incapable de soutenir le regard incandescent. Ses mains se mirent furieusement à trembler. Draco devina que toute la mise en scène du mage noir n'avait eut pour seul et unique but que de les mener à cette discution qui allait se dérouler à présent devant ses yeux ébahis.

« - Je… je ne vois pas ce que vous voulez dire Maître. »

Un voyant d'alarme tinta dans l'esprit du fils. Pourquoi son père se mettait-il soudain à chanceler ? Il n'était quand même pas terrifié à ce point par le Lord ? Et son tremblement s'intensifia encore lorsque le mage glissa vers lui. Celui qui avait habituellement la tête haute et le regard méprisant semblait sur le point de se pisser dessus. La scène aurait put être risible, mais Draco sentait curieusement un certain malaise lui ronger petit à petit sa victoire.

« - Tu vois très bien ce que je veux dire Lucius. » Siffla sourdement la voix.

Un silence de plomb tomba dans la salle. Draco entendit le craquement de la charpente menacée par la bourrasque qui sévissait dehors.

« - Oh… Peut-être dois-je te rafraîchir la mémoire ? » Reprit-il, plus sarcastique que jamais. « Le mot prophétie fait peut-être émerger quelques souvenirs de ton esprit embrumé ? »

Alors c'était ça, pensa Draco. L'heure était venue pour Lucius de payer pour ses maladresses. Des maladresses qui avaient coûté cher au Lord. Ses canines se découvrirent en un sourire impatient tandis qu'une surprenante boule d'angoisse se baladait le long de sa carotide.

« - Que t'avais-je dit, Lucius ?... Tu es conscient de tout le sang et l'énergie que j'ai versés en prévision de cette rencontre. Tu le savais, alors pourquoi ? »

Draco ferma les yeux tandis que des odeurs âcres et sanguinolentes lui envahissaient les narines. Oui, le Lord n'avait pas lésiné sur les moyens.

« - Il me fallait une tête, un homme de poigne. » Il resserra ses longues phalanges. « Quelqu'un en qui je pouvais placer toute ma confiance. Un mangemort qui me soit entièrement dévoué, mais qui n'ait rien à voir avec cette bande de carpettes que je côtoie habituellement. Quelqu'un qui m'aurait servi Potter sur un plateau d'argent… »

Il porta ses poings à sa poitrine et ferma ses paupières sur un visage de gosse heureux. Puis, ses yeux de feu et de sang se rouvrirent sur les traits exsangues de Malfoy.

« - … et la prophétie en prime. A ce moment là –malheureusement pour moi, j'ai pensé à toi. Que de faux espoirs ! J'aurais dû, comme toujours, me reporter sur Severus… Un pilier stable même dans la tourmente. Mais vous connaissez la complexité du cerveau humain. Cette affaire était parfaite pour affirmer Lucius. En faire un allier, et non plus un serviteur. »

Il posa ses paumes bienveillantes sur les épaules frémissantes de l'homme. Ses phalanges filiformes remontèrent le long de sa gorge, s'attardant sur la carotide. Elles redressèrent le menton soumis du mangemort, obligeant celui-ci à soutenir le regard inflexible.

« - Oui, j'avoue que je suis déçu… Dis moi Lucius : t'es-tu montré digne de ton maître ? »

La question resta en suspension, seule la respiration sifflante du fautif troublant le silence. Le Lord ferma ses paupières et retroussa ses lèvres tandis que l'ambiance chutait brusquement dans le rouge. Sa bouche frémit et Lucius fut soudainement parcouru d'un violent spasme. Son corps se détendit, seulement retenu dressé par la poigne ferme de Voldemort, comme un marionnettiste tient un pantin désarticulé. La mâchoire serrée, les traits convulsés, le visage agonisant, les yeux écarquillés sur les braises ardentes... Il ne hurla pas, mais ce silence parcouru de craquements sonores surpassait toutes les suppliques. Et Draco sentit sa haine fondre tandis que cet instant macabre s'éternisait.

Puis, Voldemort lâcha le menton de son serviteur tout en murmurant le contre sort. Lucius s'effondra, et son front heurta les dalles glacées du sol. Un mince filet de sang goutta le long de sa mâchoire, il se redressa péniblement, chancela. Un revers de sa manche effaça toute trace de meurtrissure et il releva un regard incisif vers le Lord.

« - Ah… Revoilà notre fidèle compagnon. » Sa voix était à présent lente et ironique. « T'es tu enfin réveillé Lucius ? »

Draco vit les épaules du Lord frémir et il entendit des éclats réjouis inciser le silence brumeux. Il riait ! Le Lord riait ! Sa poitrine tremblait, secouée par des frémisses d'hilarité incontrôlables. Sa voix en devenait presque chaude et velouté. Son rire dégringolait dans le sanctuaire, comme des copeaux d'acajous légers et tournoyants. Presque innocent semblait-il, bien que calculé. L'hilarité paraissait si sincère, mais le rire semblait pourtant jaune, comme le pouffement d'un enfant centenaire et narquois.

Et Draco resta figé, son être entier ouverts à ce son cristallin et trouble. Et l'idée le traversa qu'il ne regrettait aucun de ses choix : ni celui de s'être fait mangemort, ni celui d'avoir travaillé dur pour entrer dans les grâces du Lord. S'il devait mourir demain, s'il devait crier de douleur le jour d'après et se découvrir en âme errante et désertée jusqu'à sa damnation ; aucun de ces supplices, pas même le bannissement ne le ferait revenir en arrière. Il lui semblait que toute sa vie l'avait destiné à cet instant unique, à cette rencontre troublante et magnétique. Tout son être était tendu vers ce mage, cette passion, comme un aimant attire l'autre. Ce n'était pas de l'amour, non, c'était plus fort. C'était un genre d'osmose…

C'est pourquoi le jeune homme sursauta nerveusement lorsqu'un second gloussement retentit, sonore. Son regard se reporta immédiatement sur les Quatres qu'il avait momentanément oubliés et il regretta tout de suite ce mouvement instinctif : le contact était rompu, la magie était brisée, et le manque se faisait déjà ressentir. Il lança un regard noir à Matthieu qui s'esclaffait, plié en deux, ne pouvant contenir son allégresse. Allez savoir ce qui était drôle… Ses yeux se reportèrent un instant sur les autres mangemorts et il s'aperçut que si Snape et son père gardaient leurs visages impassibles habituels, Bellatrix fixait le Lord avec un regard avide. Et la convoitise pouvait se lire sur chaque parcelle de son regard lubrique.

Et comme les gloussements de Matthieu ne cessaient toujours pas, Draco reporta un regard rageur vers l'homme. Pourquoi le Lord ne le faisait pas taire ?! Bien qu'il soit le plus vieux des Quatres, que ses cheveux grisonnaient sur ses tempes, n'avait-il toujours pas appris à masquer ses émotions ?... La moindre des choses, c'est de savoir se contenir non ? Allez savoir pourquoi le Lord s'embarrassait de ce rat d'égout… C'était la guerre ! Et même si Draco ne pouvait nier que Matthieu était horriblement doué en médicomagie et en soin pour les créatures fantastiques ; la simple évocation d'une bataille le faisait s'arracher les cheveux. Quel comble ! Le jeune homme était d'ailleurs surpris que le Lord ne s'en soit pas encore débarrassé…

Et l'instant d'hilarité passé, Voldemort ne fit aucune remarque. Peu s'en serait sorti à si bon compte, pensa Draco avec amertume. Il sentit une pointe de jalousie s'insinuer dans sa gorge.

« - Alors, Lucius. » reprit le Lord sur un ton de conversation « ce petit tonifiant t'a-t-il rafraîchi la mémoire ? As-tu d'autres aveux à me faire ?

- Rien que je ne regrette. »

La voix de Lucius avait retrouvé sa tonalité sèche, bien que légèrement tremblotante.

« - Vraiment… » il semblait plus amusé qu'autre chose « Ce n'est pourtant pas ce que ta femme m'a raconté. »

Draco se tendit. L'air de ses poumons resta enfermé dans sa cage thoracique tandis qu'un étau d'impatience et d'anxiété mêlés lui enserrait la gorge. Qu'avait bien pu dire sa mère ?...

« - Laissez Narcissa en dehors de tous ça. »

Draco sentit ses entrailles se tordrent lorsqu'il se rendit compte que son père ne tremblait plus ni ne courbait l'échine. Il se dressait en provocateur terrifié à l'instant même où il aurait dû ramper et supplier. Le jeune homme respira, et une peur lente et perfide s'insinua par sa bouche, sa gorge, ses poumons avant de corrompre le reste de son corps. Il commença à pétrir anxieusement le tissu de sa cape.

« - Oh… » minaudait le Lord. « Ce n'est que maintenant que tu te décides à jouer les pères de famille attentionnés ? C'est vrai que ça ne te va vraiment pas. Occupe toi de tes proches, Lucius, sinon il te perdront. Aujourd'hui est l'achèvement de dizaines d'années de tromperies, de mensonges, de maltraitances, d'orgies, de mépris… Tu vois, il fallait bien qu'elle se venge un jour ou l'autre… Et regardez moi ce preux chevalier qui se dresse devant son destin. Tu te crois fort, tu te crois supérieur, ta main se presse autour de ta baguette. Et pourtant tu as fléchi le genou tout à l'heure. Tu ne semblais pas si intimidant la nuque exposée. Tu crois tout savoir et pourtant tu n'es qu'un insecte. Un cafard purulent ! Tu te dresses devant moi. Voilà qui est courageux. Tu assumes tes actes. Si tu les avais assumés il y a cinq ans, peut-être n'en serions nous pas là. »

Draco vit son père se crisper et il voulut lui crier de se taire. Il aurait voulut lui hurler de s'agenouiller, de se soumettre. Mais les cris était impuissants et se perdaient dans les tréfonds de sa gorge. Et il vit Lucius ouvrir la bouche pour répliquer :

« - Si vous n'étiez pas réduit à un courant d'air parasite, peut-être aurais-je gardé mes engagement. »

Et la salle plongea instantanément dans le noir. La température chuta dans les glacées telle qu'aurait pu le provoquer une averse drue et givrée. Le bruit assourdissant du vent dans la charpente bourdonna dans les oreilles de Draco et la légère buée d'angoisse qui l'habitait se gela instantanément tandis que les derniers mots de son père lui tournoyaient dans la tête. Lucius venait de signer son arrêt de mort ! L'évocation même de la période d'absence du Lord était un sacrilège !...

Il regarda, impuissant et tétanisé, un sourire indulgent étirer les lèvres linéaires du mage noir, incapable de détacher ses yeux de la silhouette fantomatique de son père ; incapable même de frémir lorsqu'il sentit le regard de braise du mage se poser sur lui. Et dire qu'il l'avait haït, pensa-t-il. Il rencontra le regard double et mourant de son géniteur et sembla s'y noyer. Ce regard gris pluie, gris métal, gris tristesse et gris cendre. Son regard.

« - Regarde moi ! » claqua une voix près de son oreille.

Il sentit deux mains fines et froides se glisser le long de ses joues et tourner lentement son visage jusqu'à ce que des arcades anguleuses et des yeux brûlant lui masquent la vue. Deux pupilles verticales l'envahirent et le recouvrirent de leur brasier salvateur. Et il s'offrit entier à ce regard et à ces doigts fins, oubliant sa peine, se sentant enfin libre et serein, couvé, se sentant bien. Il se raccrocha aux lanternes de compréhension et de force qu'il voyait briller dans les yeux de l'autre. Et il écouta simplement et aveuglement la voix douce et enivrante résonner dans tout son être :

« - Ne regarde plus cet homme Draco, ne le regarde plus : il t'a fait trop de mal. Ne le pleure pas : il ne mérite pas tes larmes. Ne le hais pas non plus : il n'a rien fait pour. Réfléchis, cherche en toi : te manquera-t-il ? Tu vois, il m'a autant déçu que toi. Je crois qu'il n'est plus le jeune homme brillant d'il y a quinze ans. Quinze années déjà, tu vois comme le temps passe vite ? Tu vois comme les hommes changent ? Il y a eut un temps où il a aimé sa femme. Maintenant, il n'est plus qu'une enveloppe vide. Il a fait du mal, il a trahi ce qui comptait le plus à ses yeux. Vois comme ses pupilles sont vides. Vois comme il attend la mort avec impatience, comme il est devenu froid et lâche. Je vais le tuer oui, il ne mérite plus de vivre. Regarde moi, vois tu un seul brin de malice dans mon âme ? Regarde moi, je veux que tu fermes les yeux sur ce qu'aurait pu être ton père. Je veux que tu te tournes vers l'avenir. Je suis ton avenir. Je vais le tuer, je veux que tu regardes ce lâche quand il mourra. Je veux que tu voies une vie inutile être soufflée… Et je veux que tu prennes sa place. »

Draco déglutit et hocha la tête, incapable du moindre mot. Et lorsque ses yeux se décrochèrent des braises ardentes et sincères, il su que le Lord n'avait pas utilisé la legimencie ; il su qu'aucun sort d'altération de la pensée ne l'avait atteint ; il su que ce sentiment qui semblait monter en lui, et qui s'approchait de la fascination n'était dû à aucune mesquinerie du mage ; il su que Voldemort l'avait hypnotisé et séduit, par sa seule présence troublante. Il su aussi que cette attirance n'avait aucune connotation sexuelle ni amoureuse, il su simplement que, maintenant, tout de suite, elle était plus forte que tout.

Et c'est engourdi d'une sorte de léthargie empreinte de tristesse nostalgique qu'il vit l'éclair vert frapper Lucius.

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Le grand blond s'arrêta soudain, et Ginny faillit lui rentrer dedans. Elle étouffa un juron mal placé et releva les yeux dans l'espoir de voir un quelconque bâtiment, une quelconque grille, ou même un simple terrain d'entraînement. Non en fait, la moindre trace de civilisation serait la bienvenue, rectifia-t-elle en un soupir.

Mais malheureusement pour elle, le paysage qui s'étendait par devant n'avait rien de bien différent de celui à travers lequel elle avait crapahuté ces dernières heures : un petit creux entre les montages avec un lac brumeux et toujours cette maudite forêt verte foncée qui mangeait le reste de la montagne. Car, en plus d'être sombre, humide, mousseuse, décrépie, touffue, et suintante de pourriture végétale et de résine gluante, elle était d'un ennui mortel… Rien à voir avec la forêt interdite de Poudlard. Ici, on ne risquait pas à tout moment de tomber sur l'un des verracrasses de Hagrid, sur une licorne, un lutin épineux, un sombral égaré, ou tout simplement sur le professeur Lupin au détour d'un conifère… Quel dommage.

Oui, quel dommage que Poudlard ait dû fermer.

Non, se reprit mentalement la jeune fille, le bon côté de la chose, c'est qu'elle venait continuer ses études ici. Elle était toujours en train de se demander si c'était vraiment un point positif quand elle s'aperçut que le blond –comment s'appelait-il déjà ?- avait entamée la descente vers le lac.

Elle pesta, s'élança en manquant de glisser, et dérapa à grand peine près de l'homme qui marchait d'un pas calme et maîtrisé. Ils dégringolèrent la pente, arrivant rapidement sur la rive, là où les branches tordues des sapins trempaient leurs longs doigts poussiéreux dans l'eau immobile. Pour ce qui lui semblait être la centième fois, Ginny se dit qu'elle n'aimait décidément pas cette forêt décrépie.

A son grand étonnement, le blond tourna vers elle son visage anguleux et ouvrit la bouche pour lui parler :

« - Ceci est ta dernière chance de retour en arrière. » Récita-t-il d'une voix monocorde. « Acceptes-tu de rejoindre notre ordre ; de te plier à ses règles ; de te soumettre à son jugement ; d'apprendre au mieux ce qui te sera enseigné dans le seul et unique but de servir sa cause et de combattre ses ennemis ? »

Bien que Ginny ait déjà été informée de la procédure, il lui fallu un petit instant de réflexion pour assimiler la signification profonde des mots. Mais bien vite, les paroles de McGonnagal lui revinrent en mémoire et son caractère intrépide refit surface.

« - Oui. »

Elle sentit immédiatement la main calleuse du blond –mais comment s'appelait-il ?- enserrer d'autorité la seine. Des frissons désagréables lui parcoururent les membres et elle comprit alors qu'ils s'apprêtaient à transplaner.

« -Où va-t-on ? » demanda-t-elle.

« -Par là. » Indiqua vaguement le blond sans aucun geste.

Elle n'eut pas même le temps de protester que le sol se déroba sous ses pieds et qu'elle se sentit chuter dans un abîme ténébreux tandis que des fils invisibles l'écartelaient impitoyablement. Elle tenta de refouler la douleur, de conserver son calme, et bientôt, la présence rassurante de la terre ferme refit son apparition. Et bien, pensa-t-elle, si c'est toujours aussi agréable de transplanter, je ne risque pas de m'inscrire au permis !

Elle respira lentement, tentant de balayer sa nervosité et sentit la présence de la main masculine sur la sienne s'évaporer. Elle ouvrit les paupières et cligna des yeux plusieurs fois. Le blond –qui s'appelait Kiaran d'ailleurs- s'était évanouit Merlin seul savait où. Le lac s'étalait immobile devant elle mais il paraissait légèrement différent de celui qu'elle venait de quitter. Elle fronça les sourcils : elle semblait être de l'autre rive. Elle plissa les yeux. Non, la terre sous ses pieds semblait être une île. Oui, une île qu'elle n'avait pas remarqué auparavant.

La brume s'était couchée, et elle somnolait à la surface de l'eau pâle et figée en nappes brumeuses. Loin, très loin, le lac cédait la place au charmant petit bois, dont l'humidité étouffante et oppressante traversait le lac. La forêt lui semblait plus noire, plus lugubre et plus fossilisée que celle qu'elle venait de quitter, mais tout en gardant une certaine vigueur macabre. Les montagnes restaient indiscernables, mais Ginny les savait là, quelque part à se cacher derrière le brouillard.

Elle frissonna. Bonjours l'ambiance ! Tournant le dos au lac dédaigneux, elle sursauta : une imposante porte en chêne se dressait devant elle, masquant le ciel nuageux. Un sourire forcé étira ses lèvres. Et bien tu l'as ta civilisation, se railla-t-elle. Elle resta les bras ballants pendant quelques minutes puis, comme Kiaran n'apparaissait toujours pas, elle prit son courage à deux mains et souleva par trois fois l'imposant butoir en fer noir. Les claquements secs et nerveux se répercutèrent le long de la muraille grise.

Et c'est ici que je vais passer six mois, râla-t-elle intérieurement, si les habitants sont aussi chaleureux que leur propriété, je risque de bien m'entendre avec eux !... Elle frappa de nouveau, plus rageusement, et, à sa plus grande surprise, les portes massives se mirent en mouvement, couinant, grinçant, craquant, dévoilant peu à peu l'ombre de grands bâtiments.

Ginny attendit que les battants se soient totalement immobilisés avant de risquer un pas en avant, trébuchant sur les dalles inégales du sol. L'entrée s'ouvrait sur une cour rectangulaire bordées de battisses sombres, aux grandes fenêtres noires telles les orbites vides d'un damné. Des filets de brumes s'accrochaient aux tuiles rouges sombres du toit, pendant en fibres nauséabondes. Les murs étaient suintants d'humidité et les pas de la jeune fille se répondaient, sinistres sur les dalles creusées. Et au fur et à mesure que Ginny avançait timidement dans la cour désertée, l'image angoissante d'un décor de film d'horreur moldu dansait devant ses pupilles…

Elle s'arrêta au centre, à côté d'un amoncellement de cailloux, et se retint à grande peine d'appeler Kiaran. Il aurait quand même pu l'attendre au lieu de se volatiliser comme un voleur !... Elle se fit toute petite, le silence pesant sur ses épaules maintenant que ses échos de pas avaient cessé. Où étaient-ils tous passés ?... Sentant l'angoisse monter, elle fit de nouveau quelques pas, luttant pour ne pas se mettre à crier sa peur au blond, puis s'arrêta de nouveau.

Il lui semblait que, de ce côté ci de la cour, la brume était plus dissipée et le silence moins bruyant. Elle tendis l'oreille et perçut un doux tintamarre lointain. Elle s'avança timidement vers une grande entrée en granit qui s'ouvrait dans la brume tel un gouffre. Le bourdonnement était plus audible ici, de vagues bruits de verre brisé, de métal tintant et de grognements plus ou moins aigus perçaient de la masse.

Elle prit son courage à deux mains puis, fidèle à son effronterie habituelle, et se dit qu'elle n'avait aucunement besoin d'invitation et s'engouffra dans le hall. Se guidant au son comme un chien de chasse suit une trace fraîche, elle négligea les deux couloirs et descendit une volée de marches. Les bruits du festin s'intensifiaient de mètre en mètre. Et bien, ils font des orgies sans moi, pensa amèrement Ginny, merci pour l'accueil !

Elle dégringola encore quelques marches, plus impatiente qu'elle n'osait se l'avouer de revoir ses amis. Et soudainement, au détour d'une sombre rambarde, l'escalier ténébreux déboucha, éjectant sa cliente dans une salle teintée de rouge et de jaune éclatants par les cheminées et les chandeliers.

Elle leva instinctivement les bras devant ses yeux pour se protéger de la mer de lumière et de la bouffée de chaleur épicée, entendant une ovation résonner dans la salle. Un grondement d'applaudissements et de cris parvint à son cerveau et elle n'eut pas le temps de s'habituer à la luminosité qu'elle sentit une claque affectueuse sur son épaule et une étreinte musclée l'enveloppée.

« - Heureux de te revoir petite sœur. »

Elle ouvrit les paupières sur une touffe rousse flamboyante qui dansait à quelques centimètres de son visage.

« - Moi aussi Ron. »

Elle se détacha de l'étreinte :

« - Mais tu as encore maigri ! » s'exclama-t-elle. « J'ai promis à maman de surveiller ton alimentation. »

Le rouquin sourit, mais il n'eut pas le temps de répondre que déjà Seamus le dépassait et faisait la bise à la jeune fille :

« - Il grandit trop. Waouh ! Ca te va bien les cheveux courts. Ca fait tigresse… Humm, Maîtresse Ginny. »

Ron rougit brutalement et sembla sur le point de lancer une remarque venimeuse, ou tout simplement, son poing sur le visage de l'écossais, mais Hermione s'avança à son tour.

« - C'est vrai que ça te met en valeur. Comment vas-tu ?

- Très bien, merci. J'ai été un peu refroidie par l'accueil mais à par ça, tout va bien. »

Seamus pouffa :

« - Tu t'en es super bien sortie !... J'en connais certains qui se sont mis à gémir et à trépigner tellement ils se pissaient dessus…

- Seamus, on ne t'a rien demandé » le coupa Ron, virant progressivement au cramoisi.

« - Mais ce n'est pas un tord… Je n'ai rien contre ça tu sais… Et si jamais tu es pris d'une crise de tremblements au détour d'un couloir je ne me moquerais pas… Ca ne se contrôle pas ce genre de…

- Seamus ! »

Ginny observait sans comprendre les deux garçons s'affronter du regard.

« - Ron a un peu paniqué pendant son initiation. » éclaircit Hermione en apercevant le pli interrogatoire de son amie. « Et depuis, Seamus ne le lâche plus. Personnellement, je ne vois pas l'intérêt de cette coutume, mais il semble que ça amuse pas mal de monde. Au moins, comme tu n'as pas paniqué, tu as le respect assuré de la plupart des novices.

- Parce que vous avez tout suivi ?!

- Oui, bien sûr. Kiaran nous a fait une projection au centre de la pièce. Mais ne t'inquiète pas, tu t'en ais vraiment bien sortie par rapport à d'autres. Ah !... » dit-elle en tirant la rousse vers une jeune fille qui se tenait un peu à l'écart. « Je te présente Adèle, elle vient de Beaubâton. »

Ginny la salua rapidement, trop débordante d'énergie et de questions pour lui prêter plus attention. Mais un voile sombre vint soudain alourdir son allégresse. Elle tourna sur elle même, cherchant l'objet de ses préoccupations :

« - Où est Harry ? » Demanda-elle finalement à Hermione.

« - Il est là bas, à la table. » répondit Ron avec un léger mouvement de menton.

Elle tourna vivement la tête et l'aperçut, affalé sur un banc, les yeux fixés sur sa cuillère qui plongeait et replongeait dans sa soupe sans qu'elle ne monte une seule foi à sa bouche.

« - Ne lui en veux pas s'il n'est pas venu te dire bonjour, il est… il est comme ça avec tous le monde. Je crois qu'il ne s'est toujours pas remis de la mort de Dumbledore, il passe son temps à travailler, et je me demande sérieusement s'il dort toutes ses nuits. »

Ginny détourna son regard d'Harry et le reporta sur le plis gêné et anxieux de son frère.

« - Mais, …

- Vous n'allez pas nous gâcher la fête là ! » s'exclama énergiquement Seamus. « Le petit Harry déprime, et alors ? C'est compréhensible, mais faites en sorte qu'il ne nous plombe pas non plus. Allez ! C'est la fête. Et venez, on va s'assoire, j'ai l'impression de ressembler à un piquet à resté planté là. »

Et tout en parlant, il prit Ginny par la main, Ron par le bras, et il les entraîna vers la table. La jeune fille sourit : c'était bon de retrouver ses amis, à une petite exception près. Elle prit les devants et s'arrêta derrière Harry qui ne semblait toujours pas remarquer sa présence. Des sortes de petits vermicelles gluants flottaient à la surface de sa soupe huileuse. Frustrée qu'il lui accorde moins d'attention qu'à son assiette elle lui ébouriffa les cheveux et s'assit à côté de lui en s'appuyant sur son épaule.

« - Salut ! Ca va ? »

Elle n'obtint pour seule et unique réponse qu'un « 'lut » marmonné. Et tout en cherchant dans sa tête une réplique digne d'une telle loquacité, elle tenta de discerner les traits de son interlocuteur à travers l'épais rideau de cheveux qui lui retombait sur le visage. Il semblait totalement renfermé sur lui même : à peine s'il avait remarqué sa présence. Abandonnant finalement en se disant qu'il fallait vraiment qu'elle ait une petite discussion privée avec lui, elle releva les yeux et tomba sur un visage concentré sereinement sur un livre.

Un visage fin, sculpté au ciseau dans un bloc de marbre blanc, relevé par les reflets chatoyants des chandeliers, masqué par endroit par des mèches évanescentes de cheveux si noirs que les flammes s'y reflétaient. L'homme releva le nez de son livre et Ginny se rendit compte qu'elle l'avait déjà vu à Poudlard sans pour autant pouvoir se rappeler son nom. Il lui fit un sourire séduisant et repiqua immédiatement dans son ouvrage. Comment avait-elle pu passé à côté d'un si beau mec ?

Ron s'assit à côté du beau ténébreux et se précipita littéralement sur la marmite de soupe, en versant généreusement dans toutes les assiettes.

« - C'est pas tout, mais j'ai une faim de loup… On t'attendait. »

Il avala rapidement la moitié de son assiette puis releva la tête et prit un air sérieux, un plis anxieux au bord des lèvres.

« - Alors, Ginny, dis moi : comment vont-ils dehors ? »

La jeune fille sentit immédiatement le silence retomber sur la table tandis que la tension montait. Elle pouvait parfaitement comprendre leurs peurs : le camp d'entraînement était totalement coupé du reste du monde, et la crainte de perdre ses proches était plus que vivace en ces temps troubles. Elle s'empressa donc de calmer les doutes et de rassurer tous le monde : personne n'avait été blessé à part Tonk qui s'en était très vite remise ; la seule mauvaise nouvelle était l'évasion de Lucius Malfoy ainsi que quelques autres mangemorts qui étaient à présent en liberté.

Les diverses attaques des partisans de Voldemort avaient fait certes, de nombreux blessés et quelques morts, principalement dans la population moldue, mais la communauté sorcière semblait de plus en plus engagée dans la guerre et l'Ordre du Phoenix se remplumait lentement mais sûrement après la défaite de Dumbledore.

Son discourt fût suivit d'un silence gêné. Il lui semblait que tout le monde était rassuré mais que le souvenir de l'ancien directeur de Poudlard restait à vif dans les mémoires, et qu'ils se sentaient coupables de ressentir de la joie alors que leur leader avait un pied dans la tombe. Ron s'éclaircit timidement la gorge et elle su d'avance qu'il allait lui demander des nouvelles de sa famille.

« - Et bien, ils vont bien » lui répondit-elle « La boutique de Fred et Georges marche toujours aussi bien et se spécialise petit à petit dans des inventions de défense contre les forces du mal. Le gouvernement a renouvelé ses commandes. Ils sont très occupés et je ne les ai pas vu beaucoup, mais ils ont quand même réussit à se prendre un week-end pour nous voir. Charlie est repartit en Roumanie il y a trois semaines. Il travaille sur un projet de communication avec les dragons. Papa dit que c'est utopique : il fait des recherches sur leur domestication. Mais Charlie pense que cela pourrait être un avantage énorme dans la guerre.

- Wouah ! Il a l'air cool ton frangin. » s'exclama Seamus.

- Ton père a raison. » remarqua Hermione. « Un dragon ne s'apprivoise pas. Il peut éventuellement se dresser par la force, mais je doute qu'il n'existe un seul sorcier sur terre capable le contrôler vingt quatre heures sur vingt quatre. Et même si le dragon se soumet, ce serait pour mieux se rebeller plus tard. Ton frère n'est pas le premier à s'intéresser à ce sujet, j'ai lu beaucoup de livres sur la domestication des créatures dangereuses…

- Et sinon… » la coupa Ron. « Papa et maman vont bien ?

- Oui. Papa est surmené car le désordre public permet à tous les petits marrants de tester leurs inventions sur les moldus. Maman est un peu déprimée à cause de Percy. Elle pensait que la… l'affaire de juin dernier le ferait revenir ; et que l'état de santé de Bill le préoccuperait un peu plus…

- Il est toujours hospitalisé ?!

- Non, il est sortit il y a deux semaines. On lui a fait une implantation magique de peau sur le visage…

- Il est… ? » commença Ron.

Mais Ginny l'interrompu, remarquant son ton un peu trop empressé :

« - Non. Il n'est pas reconnaissable. » dit-elle d'une voix un peu plus dure et cassée qu'elle ne l'aurait voulu. « Il n'est pas reconnaissable autant physiquement que mentalement bien que son visage ne ressemble plus à un morceau de boucherie. Il… il s'est fait pousser la barbe et se détache les cheveux, il dit qu'il préfère se cacher, ressembler à un hippie et ne pas que les enfants se retournent sur son passage.

- Mais… mentalement ? Il a changé mentalement ?...

- Ron. » Soupira Ginny d'un ton las. « Tu comprends que je ne veuille pas trop en parler… »

De toutes les horreurs de juin dernier, l'agression de Bill restait la plus douloureuse ; comme si une partie d'elle-même avait été arrachée de force cette soirée là, et que la peau restait à vif sur une blessure ouverte qui ne semblait pas vouloir cicatriser. Aussi loin qu'elle se le rappelait, il avait toujours été le frère cool et détendu qui rentrait à la maison avec des histoires époustouflantes sur le bout de la langue : il avait toujours eut un don pour raconter les anecdotes.

C'était le frère qui lui demandait des nouvelles de l'heureux élut à chacune de ses visites, devinant tout de sa vie privée sans jamais la juger ; celui qui venait squatter sa chambre et parlait jusqu'aux premier rayon du matin ; qui plaisantait sur ses formes naissantes ; qui appréciait la courbe de son corps sans jamais la mater ; qui riait ; qui souriait. Celui-ci qui était devenu si renfermé depuis juin, empli de tristesse et de regrets, imbibé d'une mélancolie et d'un cynisme passifs…

Elle releva un regard voilé vers Ron qui fulminait de l'autre côté de la table :

- C'est mon frère, j'ai le droit de savoir !

- Tu le verras à noël. »

Elle lança un regard suppliant à Hermione, mais ni elle, ni quiconque d'autre ne semblait enclin à l'aider : Seamus admirait le mur, le beau ténébreux regardait son livre, Harry se noyait dans son assiette… Et Ron la fixait douloureusement.

Elle allait abdiquer et répondre à son frère lorsque qu'une voix claire et ironique s'éleva dans le brouhaha ambiant :

« - Laissez la tranquille si elle ne veux pas vous décrire en détails à quel point son frère est brisé. »

Ginny tourna involontairement la tête vers la jeune fille qu'Hermione lui avait présentée un peu plus tôt et lui adressa un sourire reconnaissant. Un silence flotta un instant au dessus de la table.

« - Alors ! » s'exclama soudain Seamus que la remarque avait sortit de sa torpeur. « Qu'est ce qui t'amène ici ? Pas que ça me dérange, au contraire. » il lui fit un clin d'œil, profitant de l'air sombre et distant de Ron. « Tu ne devrais pas être à Poudlard normalement ? Je sais que tu es intelligente, mais au point de sauter une classe…

- Et bien… » pouffa Ginny, immédiatement contaminée par l'espièglerie de l'irlandais. « McGonald avait fait le voeu en juin dernier de rouvrir l'école quoiqu'il arrive, mais elle a bien dû se rendre à l'évidence lorsqu'il y a eut plus de professeurs que d'élèves.

- L'école est fermée alors ! Vraiment fermée… C'est dommage, j'y serais bien retourné si je n'avais pas été accepté ici.

- Comment ça se fait ? » demanda Hermione. « Je m'attendais à ce que certains parents retirent leurs enfants, mais de là à ne plus pouvoir rouvrir l'école !

- Aux dernières nouvelles, nous étions dix élèves, puis d'autres se sont desinscrits. Je pense que la trahison de Snape a dû peser dans la balance. Si je pouvais le tenir celui là… » siffla-t-elle. « T'imagines ? On a passé cinq ans à suivre les cours d'un mangemort !

- Six.

- Six quoi ?

- Six ans. » répéta Hermione. « Nous avons un an de plus que toi. Mais oui, je suis tout à fait d'accord avec toi. C'est un enfoiré. Et je n'ose même pas penser à tous les morts qui auraient pu être évités si on l'avait découvert dès le début…

- Pas la peine, Hermione, je crois que ça nous déprimerait. » répliqua Seamus. « Putin de Snape de merde ! Je n'arrive toujours pas à remplacer l'image du bâtard graisseux derrière son chaudron par celle du mangemort actif. Cet enculé a bien dû se marrer quand on y pense ! »

Ginny s'apprêtait à renchérir : il y avait toujours de quoi insulter quand on parlait du Traître ; mais elle entendit un grognement devant elle. Tient, Ron avait finit de bouder :

« - Il va bientôt moins se marrer, avec l'Ordre à ses trousses et la haine que lui vouent la plupart des proches de Dumbledore. Harry m'a promis qu'il m'appellerait quand il l'aurait retrouvé.

- Quoi ! » s'exclama Seamus. « Harry t'a parlé ?! Tu as marqué la date au moins ? C'est pas comme si ça arrivait tout les jours ! »

Ron lui lança un regard noir :

« - C'était avant qu'on arrive ici. Et oui, il parlait à cette époque. »

Hermione laissa les deux garçons se foudroyer du regard et se tourna vers la rousse :

« - Et sinon… Tu sais ce que font les profs ? Ils restent à Poudlard ? » demanda-t-elle.

« - Non » répondit Ginny. « Je crois que seul Hagrid reste pour entretenir le parc. Mcgo s'engage dans l'Ordre à plein temps.

- Heureusement que je suis venu ici alors. » railla Ron en détournant le regard. « Je ne sais pas si j'aurais pu la supporter vingt quatre heures sur vingt quatre longtemps. »

Il précisa sa pensée devant le regard chargé de reproches d'Hermione :

« - Bah oui… T'imagines l'ambiance de mort au square Grimmaurd ! Déjà que ma mère nous mettait la pression avec toutes les réunions de l'Ordre, alors si McGo rappliquait aussi !

- C'était une bonne prof ! » s'indigna son amie.

- Je n'ai jamais dit que c'était une mauvaise prof.

- Tu ne peux pas nier qu'elle était un peu… rigide » osa Ginny.

- Frigide. » précisa Seamus.

- glacée.

- coincée.

- Irritante.

- Impuissante…

- SEAMUS !!

- Bah quoi, c'est vrai… » répondit l'irlandais avec un regard de cocker mouillé vers Hermione. « Mais ne t'inquiètes pas, Maitresse Hermione, moi je ne le suis pas… impuissant, je veux dire.

- Comment tu m'as appelée ?! »

Il n'en suffit pas de plus pour dégeler l'ambiance. La tablée au grand complet –excepté Harry- explosa de rire, renversant au passage un pichet de bière au beurre et une assiette de lentilles. Le beau ténébreux leva même un regard amusé et un sourire franc de son livre avancé de potion.

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Ginny s'écroula béatiquement sur son lit sans même prendre la peine de retirer ses vêtements. La soirée avait été longue et excitante, et le doux moelleux de son nouveau matelas lui semblait digne de la princesse au petit poids. Elle eut une pensée pour la pauvre Hermione qui devait toujours être retenue par les deux garçons. Elle, au moins, avait eut la chance de pouvoir prétexter une grande fatigue due au voyage pour échapper à leur compagnie paillarde.

Mais à présent qu'elle était confortablement enfouie dans un océan de plumes, il lui semblait que le doux repos du sommeil tarderait à l'envelopper. Elle était exaucée pourtant, mais dès que le voile de ses paupières retombait sur sa vision, les voix claires et sonores de ses amis résonnaient encore et encore à ses oreilles ; elle se prenait à pouffer de nouveau d'une plaisanterie douteuse que Seamus avait fait plus tôt dans la soirée ; et surtout, elle sentait le lit tanguer au-dessous d'elle, comme s'il flottait sur une mer clapotante…

Et puis, l'excitation des retrouvailles ainsi que les quelques verres de bière au beurre qu'elle avait bus ne l'aidaient pas à faire retomber l'enthousiasme qui l'avait submergé quelques heures plus tôt. Elle soupira en pensant à la tête de déterré qu'elle aurait le lendemain, pour la première journée de cour. Au moins maman ne sera pas là se consola-t-elle. La dernière foi qu'elle était rentrée chez elle après une fête, elle s'était retrouvée nez à nez avec sa chère mère qui avait commencé à gesticuler et à crier comme une furie, faisant résonner le crâne de sa pauvre fille. Et pourtant elle n'était même pas bourrée. Même pas...

Elle sourit et tenta d'imaginer la tête de sa chère génitrice si elle voyait l'état dans lequel était Ron ce soir là... Non, en fait. Ce n'était pas une scène plaisante. Au lieu de ça, elle éclata de rire au souvenir de son frère debout sur son lit, entamant un énième striptease devant Hermione. Qu'est ce que les mecs n'avaient pas besoins de faire pour affirmer leur virilité !

Elle eut un grand sourire : c'était quand même autre chose que les soirées à Poudlard. Déjà, McGo ne venait pas sonner le couvre feu à onze heure et demi. Deuxièmement, c'était la direction qui offrait les bières au beurre. Et troisièmement… pas de troisièmement. Elle s'étouffa à moitié dans son oreiller en repensant au nombre de litres que Ron et Seamus avaient dû engloutir pour être bourré. La bière au beurre n'était pas réputée pour être très alcoolisée…

Malgré ça, elle s'était étonnée que personne ne retire les pichets des tables du réfectoire. Seamus n'avait apparemment eut aucune difficulté à se servir et à ramener la bière dans la chambre. D'après Ron, les profs étaient souvent trop défoncés pour dire quoi que ce soit, mais Ginny avait de sérieux doutes sur la véracité de ses propos étant donné qu'il était déjà à moitié affalé sur son lit. De toutes manières, elle avait la curieuse impression qu'elle allait bien s'amuser ici.

Elle était néanmoins étonnée que personne ne soit venu l'accueillir. Bien qu'elle n'ait pas fait réellement attention à ce qui l'entourait, il ne lui semblait pas qu'elle ait aperçu de profs en question. Personne n'était venu l'informer de son emploi du temps ni de l'heure du petit déjeuné, ni même de où dormir ! C'était Hermione qui lui avait proposé de choisir l'une des six chambres libres du couloir.

Et pourtant, la blonde –qui s'appelait Adèle, non ?- lui avait dit de ne pas s'inquiéter : les habitants de la forteresse se feraient connaître en temps et en lieu choisit. Pas que ça la préoccupait outre mesure, Ginny n'était pas d'une nature anxieuse, mais elle aurait aimé rencontrer le… proviseur –ou du moins celui qui s'en rapprochait le plus- pour avoir un semblant d'accueil et d'explication. Elle soupira, passant de la joie la plus profonde à l'abattement total. Des larmes alcoolisées tracèrent de fine rigolent le long de ses tempes. Non !... Il ne fallait pas qu'elle pleure. Elle allait avoir de l'eau dans les oreilles après et elle aurait du mal à les déboucher ! Il ne fallait surtout pas qu'elle pleure.

Elle se coucha sur le côté, et, doucement bercée par les cris de goret que poussaient Ron et Seamus dans la chambre d'à côté, elle passa finalement de la léthargie à l'assommement, plongeant dans les vapeurs inconscientes et vides que seule l'ivresse peut invoquer.

« « « « « « « « « « ¤ » » » » » » » » » »

Draco regarda indifféremment les grands battants de bois noueux se refermer sur les trois silhouettes noires et eut l'impression qu'on l'enfermait dans la cage d'un lion. Non, en fait… d'un rapace. Lorsque le Lord leur avait demandé de partir, les Quatres s'étaient levés d'un même et unique bloc, laissant le jeune aristocrate seul avec le mage noir. Juste avant de franchir l'arcade, Lestrange avait lancé un regard plein de férocité en arrière, elle devait être rongée par la jalousie ; Matthieu, lui, avait gentiment souri même si ses yeux restaient une fenêtre ouverte sur le ciel pluvieux de sa mélancolie non voilée ; quant à Snape, il ne lui avait pas adressé un seul regard, et c'était peut-être ça le plus déroutant...

Du coin de l'œil, il vit le Lord s'élancer souplement sur l'estrade et s'assoire dos contre le mur, les jambes légèrement repliées vers sa poitrine. Et d'où il était, sans même rencontrer le regard de braise, Draco ressentait sa présence comme une brûlure cuisante qui pénétrait dans son corps telle un flot d'acide. Le charme du Lord irradiait dans toute la pièce -où du moins, Draco en avait l'impression- alors même qu'il était négligemment adossé contre une pierre froide et rugueuse. Le jeune blond se maudit en prenant consciences qu'une foi de plus, ses pupilles n'avaient pas pu résister à la tentation d'effleurer les courbes harmonieuses du mage noir. Il détourna sa tête à contre coeur et son regard rencontra la tâche difforme et chiffonnée jetée devant l'estrade.

Son père.

Ou du moins ce qu'il en restait... Draco cilla, s'attendant à ressentir ce picotement familier dans ses yeux, cette boule qui remonte le long de la carotide, et qu'il faut repousser du mieux qu'on peut si l'on ne veut pas qu'elle explose en vaines larmes … Mais non. Le temps n'était pas à l'orage. Rien ne venait. Le temps n'était pas non plus à la bruine. La culpabilité finit par l'assaillir, comme le regard incisif d'un faucon : quel homme était-il pour ne pas ressentir de tristesse devant le corps désarticulé de celui qui l'avait élevé ?...

Et bien, le fils de Lucius Malfoy tout simplement, répondit sa conscience. Celui-ci n'était-il pas le premier à lui conseiller d'étouffer ses émotions naissantes à la racine, ou du moins, de les cacher ? Il fallait croire que c'était sur son lit de mort que ses enseignements commençaient à être assimilés. Car voila, Draco n'avait encore jamais réussi à étouffer l'étincelle qui vivait au plus profond de sa cage thoracique. Giflée par un vent glacial et étouffée par la pluie d'argent de Lucius la petite flamme avait toujours continué, jour après jour, de procurer sa maigre chaleur. Et à présent, tout ce que ressentait Draco était une caverne vide envahi par la glace, enserré par des mains d'acier et parcourue d'un léger coup en d'air hivernal.

Etait-il vrai que les mangemorts ne ressentaient rien ?

Durant toute sa jeunesse, il avait toujours entendu dire que les serviteurs du Lord étaient insensibles ; que la haine et la perversion avaient pris trop de place dans leurs corps et dans leurs âmes ; qu'aucun recoin ne subsistait pour l'amour, la compassion ou même la pitié. Tous ses doutes furent soufflés : maintenant qu'il était confronté à la réalité, il sentait au plus profond de lui que non, les proches de Voldemort n'étaient pas rongés par la malveillance. Ils étaient incendiés par la fascination, dévorés par le charme, consumé par la passion… Et non, ils n'avaient plus de place pour l'apitoiement.

Du moins, si ce n'était pas le cas de tous les mangemorts, c'était ce qui le rongeait, lui.

« - Pourquoi as-tu un air si étrange quand tu me regardes ? »

Draco porta subitement ses yeux sur la forme aérienne recroquevillé et pourtant digne quelques dizaines de mètres plus loin. Et même à cette distance, il lui sembla que les iris flamboyant mangeaient le visage si gris de leur porteur. Le Lord lui parlait. Il détourna le regard et baissa les yeux.

« - Tu sais, je ne suis pas si différent de la plupart des hommes si tu m'enlèves ce corps difforme et ces pupilles de démon. » reprit le mage.

Draco releva violement les yeux et reçu comme un coup de poignard dans le flan. Le jeune homme qu'il voyait sur l'estrade semblait avoir rajeuni de plusieurs années. Et son visage, bien que très pâle, affichait une perplexité sincère, une préoccupation profonde. Comment pouvait-il être si naturel, si… flegmatique parfois ? Comment croire que cet homme ouvert et magnanime avait donné la mort auparavant ? Comment croire qu'il l'avait donnée par pure méchanceté ? Un être si… placide. Draco eut une brusque envie de se ruer sur l'estrade et de le frapper, le frapper, le frapper jusqu'à en être épuisé. Le tuer pour sa figure sainte, sa soif d'apprendre et d'aider le monde, pour tous les crimes affreux commis dans ce seul et unique but, son charisme !... Mais il se retint et resta droit, comme à son habitude.

« - Non, ne te voiles pas la face devant moi. J'en ai marre de tous ces hypocrites qui passent leurs émotions au peigne fin pour s'assurer qu'aucune faiblesse ne parvienne à leurs rivaux. C'est pour ça que j'ai toujours aimé Matthieu. Tu savais qu'on a fait nos études à Poudlard ensembles ? »

Draco hocha la tête.

« - Et bien tu le sais maintenant. J'avais toujours du mal à lui grappiller la première place en soins aux créatures magiques. Il était sacrément fort. Toujours été un doux. Je me demande d'ailleurs pourquoi il n'est pas allé à Poufsouffle. »

Il eut un petit gloussement.

« - Je t'aime bien tu sais. Quand tu me regardes, j'ai l'impression de lire en toi comme dans un livre ouvert. C'est bizarre : tu te fermes dès que tu détournes tes yeux des miens. Je dois te dire que je me sens un peu ému : ça me rappelle mes amours d'adolescent. »

Il gloussa encore et Draco fut saisit par un brusque rougissement.

« - Non ! Non… » s'écria le Lord. « Je rigolais. Tiens, approches. A moins que je n'aie la gale ? »

Draco rougit encore plus, mais il s'approcha néanmoins et escalada l'estrade avant de s'immobiliser devant le mage.

« - Tu m'en veux Draco ? J'ai l'impression que tu vas me sauter dessus toutes griffes dehors d'un moment à l'autre. Je t'ai blessé dans ton honneur ? Laisse tes valeurs aristocrates de côté pour une foi. Ne deviens pas un homme aigri comme ton père. Tu m'en veux de l'avoir tué ? »

Il resta un moment silencieux.

« - Non, tu ne le regrettes pas. Moi non plus. Tu vois, nous ne sommes pas si différents l'un de l'autre au fond. Et puis tous les hommes meurent un jour. J'espère seulement que ce jour maudit arrivera le plus tard possible pour nous deux… »

Il gloussa de nouveau et regarda ses mains, ne disant plus rien pendant un moment.

« - L'immortalité est l'Hydromel des Dieux. » finit-il par déclarer d'une voix d'où perçait la tristesse. « Va. Part, retourne dans ta chambre. J'ai besoin d'une bonne douche. »

Il se leva et resta quelques minutes debout, redressant petit à petit sa silhouette comme si le pantin reprenait le terrain qui lui appartenait. Puis, il se dirigea vers la porte, de sa démarche reconnaissable entre toutes les autres.

Draco le suivit quelques minutes plus tard, son esprit vaporeux flottant aux alentours de son corps, trop déboussolé pour repenser à la soirée. Il franchit la porte, et sentit brusquement une pierre râpeuse et froide s'enfoncer dans son omoplate ! Une soudaine onde de douleur parcouru son corps et il gémit faiblement, reprenant ses esprits… Une haleine chaude et saccadée emprisonna son visage tandis qu'il était plaqué encore plus fermement sur le granit glacé du mur. Un rideau de mèches noires assombrit sa vision. Il releva les yeux sur…

Snape !


Suite au prochain chapitre...

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Clairou