Chapitre 1 – La rencontre

Le temps gris durait depuis maintenant plus de deux semaines. Le tonnerre grondait au loin et les nuages paraissaient plus épais qu'à l'habitude. Les gens de Londres semblaient tous marcher machinalement vers leurs demeures en cette heure de pointe menacée par la pluie.

La chevelure foncée d'Andréa flottaient au vent malgré le fait qu'ils étaient parfaitement remontés en queue de cheval. Elle sortait d'un pas rapide du palais de justice. Ses souliers faisaient résonner ses pas sur les marches de pierre alors qu'elle se dirigeait vers le trottoir, les yeux rivés sur son téléphone portable. Le nombre impressionnant de messages sur sa boite vocale lui fit perdre l'envie de les écouter à ce moment, elle rangea donc l'appareil dans sa poche, en soupirant. Elle suivit le trottoir bondé de gens pressés et épuisés de leur journée de travail.

Après quelques minutes de marche, Andréa arriva sur le bord d'une place publique qu'elle connaissait bien. Elle savait donc qu'il était inhabituel de voir des gens attroupés de cette façon à cet endroit.

La jolie brunette décida alors de s'approcher, piquée pas la curiosité. Elle aperçu alors, se tenant debout sur le bord d'une fontaine au milieu de la foule, un curieux personnage charismatique aux cheveux noirs ébène. Il portait des vêtements noirs et verts d'un style absolument unique, une cape dans son dos et un étrange casque doré cornu. Il tenait de façon menaçante un grand bâton, ou plutôt une lance dorée.

La jeune avocate replaça nerveusement sa petite jupe noire et son veston assorti. De son autre main, elle caressa la chainette qu'elle portait au cou. C'était là des gestes nerveux qu'elle s'efforçait de faire disparaitre depuis le début de sa carrière, mais en vain. Bien qu'elle ne fût pas dans l'amas de gens près du mystérieux personnage, elle pouvait sentir une force émaner de lui, s'apparentant à une confiance en soi très exagérée. Il s'agissait sans doute d'un mordu de théâtre ou d'un individu atteint de troubles psychiatriques. À cet instant, elle se sentait d'ailleurs un peu frustrée de ne pas entendre ce que l'individu disait. Elle s'approcha donc d'avantage, malgré un étrange pressentiment.

À peine arrivée dans le cercle de gens, tout le monde s'agenouilla soudain, sans qu'elle ne comprit pourquoi. Seule Andréa resta debout, du haut de sa taille trichée par ses talons hauts.

Elle balaya du regard les gens agenouillés, avant de reporter son attention sur l'homme. C'était une façon de se donner un très bref instant pour se préparer à avoir un parfait contrôle de soi. Le regard lourd de l'homme en vert était posé sur elle. Il la regardait directement dans les yeux, sans broncher.

-« À genou, mortelle, soumet-toi à Loki, maître et nouveau dieu de votre monde. » Dit l'homme d'un ton ferme.

-« Rien ne me prouve que vous êtes moins mortel que moi, monsieur, je n'ai pas l'intention de me soumettre à quiconque. » Répondit-elle rapidement, habituée de devoir rétorquer et sans hésitation lors de procès.

Andréa le regardait aussi droit dans les yeux et cru y voir un soupçon de surprise devant cette réponse. Loki lui sourit puis ajouta :

-« Je sais que les minables créatures que vous êtes ne tolèrent pas la souffrance de leurs semblables, agenouilles-toi, ou je tuerai cet homme. » Il pointa un homme âgé juste à coté de la jeune femme.

Elle ne bougea pas du tout, maintenant toujours son regard. Loki brandit sa lance doré. Une pierre étrange se mit à briller au bout de l'arme et un rayon d'énergie s'abatis sur le pauvre vieillard. Ce dernier se mit à hurler, il semblait vivre la pire des agonies. Après quelques longues secondes, il mourut, créant une panique au sein de la foule qui se dispersa d'un coup. La jeune avocate s'efforça de ne pas bouger, de feindre l'indifférence devant la scène horrible qui se déroulait juste à coté d'elle. Elle était habituée de contrôler ses émotions grâce à son métier. Elle avait l'habitude de devoir regarder des scènes horrible sur vidéo dans le cadre de ses procès. Et surtout, elle savait que pour mériter le respect de ce genre de criminel, il fallait démontrer autant de sang froid qu'eux.

Loki la regardait d'un air furieux, mais son regard laissait entrevoir aussi du respect. Il s'attendait sans doute à la voir tenter d'aider l'homme, ou alors de s'enfuir. Andréa tourna un bref instant la tête pour regarder la carcasse de l'homme, elle inspira doucement sans bouger, puis sans démontrer d'émotion elle reposa un regard froid sur le « dieu ».

Ce dernier sourit d'un air à la fois sadique et joueur. Il tua spontanément une femme qui s'enfuyait puis reporta son regard sur Andréa. Il semblait observer ses réactions comme s'il la testait. L'avocate resta de glace et ne prit pas la peine de regarder ce nouveau cadavre. Elle composait subtilement le numéro d'urgence sur son téléphone dans sa poche.

Andréa avait perdu foi en l'humanité. C'est pourquoi elle arrivait à tolérer aussi bien la mort d'autres humains. Elle avaient vu tant d'atrocité lors de ses procès et elle avait défendu de telles crapules qui s'en sortaient à bon compte, qu'elle ne croyait plus en l'être humain. Au fil des années, elle avait même appris à mieux comprendre et cerner les gens qu'on dit « mauvais ». Ils ont généralement une grande souffrance en eux qui les pousse à agir comme ils le font. Une fois qu'elle avait compris cela, elle avait même déjà eu des sentiments pour certains d'entre eux.

Oui, elle aimait les « mauvais garçons », mais ce ne serait certainement pas le cas cette fois-ci. Cet énergumène est sans doute l'un des plus désaxés qu'elle aie vu. Elle pouvait toutefois voir une blessure en lui, mais impossible de cerner si facilement de quelle nature était cette blessure.

Loki la regardait toujours aussi intensément, avec un sourire sadique. À voir sa réaction, on dirait qu'il était satisfait. Il leva alors sa lance dans la direction de la jeune femme. Il la pointa et prit une inspiration pendant que la lance commençait à briller. Andréa ressentait la peur monter en elle, mais elle était consciente que peut importe ce qu'elle tenterait de faire en cet instant, son destin était scellé. Ses yeux s'écarquillèrent dans une panique soudaine incontrôlable. Lorsque le rayon d'énergie la frappa, elle ferma les yeux et cacha son visage de ses mains. Avant même qu'elle ne pu réfléchir d'avantage, elle senti une sensation indescriptible la traverser, puis plus rien.