Titre : Tomoshibi
Auteur : Tenbra
Disclaimer : 'sont pas à moi, je fais que les emprunter et les rendre en mauvais état !
Rating : K+
Genre : Tragedy
Je conseille pour la lecture "Mad World" de Gary Jules, étant donné que je l'ai écoutée en boucle au cours de l'écriture.
C'est un très très très court one-shot dégoulinant le spleen parce que je déprimais et qu'on m'a conseillé d'écrire pour me soulager. Cette année ce sera la première fois que je fêterai mon anniversaire sans ma grande soeur (nous sommes nées le même jour). Alors on peut y voir un petit rapport (mais tou petit petit ").
Il fait noir. Et froid.
Je n'aime pas le froid.
Il y a cette bougie qui brûle. Qui se consume lentement. Une petite bougie blanche, sans prétention, qui lutte contre l'obscurité. Comme une vie humaine.
J'ai froid.
Je la regarde, cette bougie. Tout le reste est noir, il n'y a qu'elle. Sa langue dorée et dansante, son auréole diffuse, le blanc ambré de sa cire, l'éclat des larmes translucides qui s'écoulent furtivement. Une vie humaine, oui...c'est bien ça.
Mes yeux me brûlent.
J'ai l'impression d'être seul.
Pourtant il y a beaucoup de gens autour de moi, d'ordinaire. Ca m'épuise. Ils m'épuisent.
Je me consume, à force de lutter.
Je brille parce que j'ai froid, mais ça ne m'aide pas.
Ils diraient que je ne suis pas seul. Qu'ils sont là, eux.
Ca ne change rien. Je suis seul. Face à une bougie à laquelle je me compare naïvement.
J'ai froid.
Il fait noir.
Je suis fatigué.
J'ai envie de dormir, dormir dans un endroit chaud et doux. Et ne plus jamais ouvrir les yeux, parce qu'ils me font mal.
J'ai mal. Tu sais comme ça fait mal, petite bougie…des gouttes de cire brûlante sur mes joues.
Je pourrais m'endormir. Mais pas aujourd'hui. Pas aujourd'hui…
C'est un jour spécial.
Ils diraient que je devrais sourire.
Être heureux, en ce jour si spécial.
J'aimerais le faire; devenir un beau feu d'artifice. Mourir en reflet délicat et coloré dans les prunelles d'un spectateur admiratif.
Être brûlant, mourir incandescent et magnifique.
Je suis comme cette bougie froide et humble, qui rêve de grandeurs et de déchéance.
Si tu savais comme j'ai froid. Comme tout ça m'épuise et me tue.
Tu me tues. Mais ce n'est pas grave.
Moi je t'aime.
Il fait si noir dans cette pièce. Il n'y a que cette bougie posée au centre la table de bois, et son faible éclat doré révèle le visage incliné d'un homme au-dessus d'elle. Un visage en clair-obscur, un visage semblable aux kouros grecs. A l'exception près qu'il ne sourit pas. Un visage encadré de longues mèches sombres aux reflets bleutés.
Ses lèvres frémissent, puis s'entrouvrent lentement.
Sa voix s'élève au milieu de l'obscurité dévorante; rauque, basse, murmurante, monocorde, atrocement mélancolique.
"Happy birthday…Happy birthday… "
La flamme se tord et résiste misérablement.
Un sanglot, et elle expire dans un dernier tressaillement ambré.
"Happy birthday…to us… "
