Précisions :
J'ai imaginé cette histoire suite au dialogue entre Don et Alan dans le vingtième épisode de la saison 2, « Les risques du métier ». Plus précisément lorsque Don questionne son père sur Margaret et lorsque ce dernier lui répond qu'il aurait comprit et qu'il ne s'en serait jamais voulu. C'est une simple déduction de ma part. Je ne prétends pas que c'est ce que les scénaristes de Numb3rs avaient en tête.
C'est une histoire très noire.
Le sujet est lourd et sérieux : l'euthanasie. Pour ceux ou celles qui seraient mal à l'aise avec ce sujet, je vous conseille de ne pas lire la fic.
Ma fic reste une histoire. Ce n'est rien d'autre. Loin de moi l'idée de faire partager mon opinion ou d'ouvrir un débat. Il y a d'autre endroit pour ça.
Voilà, ces précisions étant faites, je vous souhaite une bonne lecture (enfin j'espère).
CAS DE CONSCIENCE
Chapitre 1 :
Don affrontait le sous-directeur Wright depuis un bon quart d'heure dans son bureau mais il était évident qu'il n'aurait aucune échappatoire.
« Vous ne me comprenez pas agent Eppes. Je ne vous demande pas de vous occupez de cette affaire. Je vous en donne l'ordre. Vous êtes un excellent agent et vous obtenez de bons résultats avec votre équipe. Je ne veux personne d'autre sur ce dossier ».
« Monsieur, je n'ai jamais rechigné à enquêter sur une affaire mais là… »
« Agent Eppes, avez-vous au moins une raison valable pour refuser cette affaire ? »
S'il te plaît Donnie. Tu es fort. Je sais que ton père ne pourra pas.
« Agent Eppes ? Vous êtes avec moi ? »
« …Oui, excusez-moi monsieur ».
« Alors, avez-vous une excuse valable ? »
Donnie, je te fais confiance. Je ne t'oblige pas à le faire mais promets-moi d'y réfléchir.
« Non monsieur. Je n'ai aucune excuse valable ».
« Bien. Le congrès débat de la question depuis deux mois et l'opinion publique se fait de plus en plus pressante sur ce sujet. Alors je veux des résultats rapides et discrets».
A contre cœur, Don a accepté le dossier que Wright lui tendait et est sorti du bureau. Dans le couloir, à l'abri de tous les regards, il a desserré sa cravate et a prit appui sur le mur avec une main, le temps de retrouver une respiration normalePourquoi est-ce que la vie est si cruelle ? De tous les agents fédéraux du bureau de Los Angeles, pourquoi est-ce que ce dossier a atterrit dans ses mains ? La vie est vraiment injuste. Il avait assez souffert alors pourquoi est-ce qu'il devait revivre ce calvaire une deuxième fois ? Pourquoi ?
Après quelques minutes, Don a pris un souffle profond et a resserré sa cravate, près à faire un compte rendu de l'affaire à son équipe.
Merci Donnie. Je t'aime mon petit ange.
oooOOOOooo
« Votre attention s'il vous plaît ! Nous avons une nouvelle affaire sur les bras. Je veux tout le monde dans la salle de conférence dans cinq minutes ! »
Cinq minutes plus tard, toute l'équipe de Don était réunie autour de la grande table.
« Suite à plusieurs plaintes de familles de malades en phase terminale et de personnels hospitaliers dans l'Etat du New Jersey et ici, en Californie, il semble que plusieurs actes d'euthanasies aient eu lieu. Je sais, vous allez me dire que, clandestinement, cette pratique n'est pas rare. Mais le fait est que ces actes semblent prendre des disproportions anormales pour un espace temps donné. Pour le seul mois de juin, l'Etat du New Jersey a enregistré une vingtaine de plaintes concernant la mort de patients du Mémorial Hospital. Une dizaine en juillet, pour le même hôpital et une dizaine également pour le mois d'août, et également pour des patients décédés dans cet hôpital. Ce qui est troublant, c'est qu'à partir du mois de septembre, quasiment aucune plainte n'a été déposée, mais, dans le même temps, il y a eu une recrudescence de plaintes similaires à Los Angeles.»
« Concernant des patients d'un même hôpital ? »
« Non et c'est là tout le problème. Ces actes ont eu lieu dans plusieurs hôpitaux de la région et dans plusieurs cliniques privées. Il n'y a peut être pas de lien avec les décès du New Jersey mais nous allons quand même enquêter. Je sais que je n'ai pas à vous le rappeler mais je fais tout de même un rappel : la plus grande discrétion doit être observée. Je ne veux pas avoir à faire à une horde de journalistes. Ce qui risque d'être le cas étant donné que le congrès débat en ce moment sur la question de légaliser ou non l'euthanasie et que l'opinion publique prend de plus en plus conscience du problème. Est-ce qu'il y a des questions ?...Non ? Très bien, alors tous au travail ».
Don a regardé tous ses agents sortir de la salle, stupéfait de lui-même. Aucun doute, il était devenu un vrai génie pour cacher ses émotions. Il avait énoncé l'affaire sans même un tremblement dans sa voix. Mais un agent le connaissait plus que les autres.
« Qu'est-ce qui se passe Don ? »
« Rien. Ne t'inquiète pas Liz. Tout va bien ».
« Tu es sûr ? »
« Oui ».
« Bien. Si tu as besoin de parler, tu sais où me trouver ».
« Merci. Je vais voir Charlie. Peut être qu'il pourra nous aider avec un de ces algorithmes. »
oooOOOOooo
Lorsque Don est entré dans le bureau de son frère, Charlie parlait avec Amita devant un des tableaux. Il n'entendait pas ce que les deux tourtereaux se racontaient mais il était certain que les maths n'étaient pas ce qu'ils avaient à l'esprit en ce moment. Il les a observés en silence, attendant le bon moment pour faire connaître sa présence. Après tout, à quoi ça sert d'avoir un petit frère si on ne peut pas l'embêter. Après quelques minutes, Charlie et Amita ont semblés passer de la théorie à la pratique. Avec un petit sourire, Don a attendu que leurs lèvres se touchent presque pour frapper fortement à la porte.
« Charlie ! »
Les deux mathématiciens ont sursautés et ont presque cognés leur tête ensemble.
« Oh, je suis désolé. Je ne voulais pas vous déranger ».
Charlie a passé nerveusement, avec une petite mimique sur son visage, sa main sur sa nuque et Amita a replacé sa mèche rebelle derrière son oreille.
« Ce n'est rien Don. Je m'apprêtais à partir de toute façon. J'ai un cours dans dix minutes. On se voit tout à l'heure Charlie ? »
« Oui, à tout de suite ».
En passant à côté de Don, Amita l'a salué avec un léger sourire et est sortie du bureau.
« Bien. Qu'est-ce que tu veux Don ? A part venir m'embêter ? »
Le visage de Don s'est aussitôt assombrit.
« Je suis sur une nouvelle affaire et je me demandais si tu pouvais m'aider ».
« Bien sûr, pas de problème. Sur quoi tu travailles ? »
Charlie s'est assis à son bureau en prenant le dossier que son frère lui tendait tandis que Don, les mains dans les poches, s'est adossé sur le petit rebord de la fenêtre.
« C'est…C'est une affaire sur l'euthanasie. Il semble qu'il y ait eu plusieurs morts suspectes en peu de temps ».
Au fur et à mesure que Charlie feuilletait le dossier, toutes sortes d'équations ont pris naissance dans son esprit.
« Je pensais qu'une loi avait légalisé l'euthanasie, il y a peu de temps ».
« Non. Seule l'euthanasie passive est acceptée par la cour suprême. En fait, la législation dépend des états. A ce jour, depuis novembre 1997, seul l'Oregon à accepter le suicide assisté, mais pas l'euthanasie. L'euthanasie active, quant à elle, est illégale et condamnée pénalement.»
« Quelle est la différence ? »
« Eh bien, l'euthanasie passive consiste en une abstention de soin de manière à abréger la vie. Alors que l'euthanasie active vise à administrer une substance toxique qui a pour effet de provoquer délibérément la mort. Elle est poursuivie sur le fondement de meurtre ou d'assassinat. Aux Etats-Unis, le suicide médicalement assisté est sanctionné de la même façon dans presque tous les Etats, mais, contrairement à l'euthanasie, il se trouve au centre d'un débat dans une société qui met l'accent sur l'autonomie de l'individu ».
« Si je comprends bien, tout ce débat qui a lieu en ce moment, porte sur la question de légaliser ou non l'euthanasie active ».
« Exactement. Au vu de ce débat, il semble que l'euthanasie active soit unanimement condamnée. Mais je n'ais pas l'impression qu'elle occupe une place essentielle dans les discussions. Les Américains craignent de possibles dérives de l'euthanasie et de la priorité donnée à l'autonomie du patient dans les décisions d'ordre médical. Je dirais plutôt que le débat est centré sur l'aide au suicide. Selon les sondages, les Américains sont majoritairement favorables au suicide médicalement assisté. Les jurés sont également peu enclins à condamner une personne qui en aide une autre à se suicider. Tiens, regarde le Docteur Kevorkian, plus connu sous le nom de « docteur suicide ». Il revendiquait avoir aidé cent-vingt personnes à se suicider. Et pourtant, il n'a jamais été condamné jusqu'au mois de novembre 1998, alors même que tous les éléments de l'infraction étaient établis ».
Charlie a levé ses yeux du dossier et a regardé avec étonnement son frère.
« Dis-moi. Tu es plutôt bien renseigné. Je ne savais pas que ce sujet te passionner autant ».
« Ce n'est pas une passion Charlie ! »
A l'expression choquée de son petit frère, Don a immédiatement regretté la rudesse de son ton.
- « Excuse-moi. Je ne voulais pas m'emporter. Alors, est-ce que tu peux m'aider ?»
- « Je pense que oui. J'ai juste besoin d'un peu de temps. »
- « Merci. Essaie seulement de faire ce que tu peux. Je vais déjeuner avec papa dans un petit restaurant. Tu te joins à nous ? »
- « Non, j'ai déjà prévu de déjeuner avec Amita ce midi ».
- « Dis-moi, je me trompe ou ça devient de plus en plus sérieux entre vous deux ?»
Charlie a sourit timidement et a rougit légèrement en pensant à l'amour de sa vie.
« Tu ne te trompes pas. Je pense que nous sommes sur la bonne voie. Elle me plaît vraiment. »
« Je suis heureux pour toi p'tit frère. Maman aussi serait heureuse. Je te vois plus tard ».
« A plus tard ».
Don est sorti du bureau en laissant derrière lui un Charlie perplexe. Son grand frère faisait rarement allusion à leur mère.
A suivre
