Disclaimer : Bien entendu, Joanne Kathleen Rowling est la maman de Harry Potter et de tout l'univers magique qui lui est associé. Merci à elle d'autoriser les fanfictions sur son œuvre
Attention : Rated T pour le langage et les scènes violentes.
Bonjour à toutes et à tous !
Bienvenue sur cette nouvelle partie de l'aventure Black Sunset !
Il s'agit de la deuxième histoire de cette saga, mais de la troisième partie dans les faits. Sans la lecture de ce qui précède, je ne suis pas sûre que quelqu'un comprenne grand chose. Je vous renvoie donc sur mon profil !
Je vais être brève cette semaine et je vous laisse découvrir ce premier chapitre. J'espère que vous prendrez autant de plaisir à le lire que je n'en ai eu à l'écrire !
Bonne lecture !
Un grand merci à Sundae Vanille pour la relecture et les retours ! Et je ne le dis peut-être pas assez, mais sa fic La Course au Chien Sauvage est un must-read si vous aimez Sirius Black !
Black Sunset
Partie III : Dark Matter.
Chapitre 1
Dark Matter : a term used to describe matter in the universe that cannot be seen, but can be detected by its gravitational effects on other bodies.
Secret : n. a piece of information that is generally known or is not known by someone else and should not be told to others.
Lundi 29 Juillet 1992, Poudlard, Ecosse.
Jamais le château ne lui avait semblé aussi immense. Sans aucun élève pour en troubler le silence, le moindre bruit la surprenait à chaque croisement, les fantômes erraient sans but, et même Peeves lui avait semblé comme triste.
Ou du reste, aucun commentaire irrespectueux ne lui avait échappé, et elle se demandait si cela ne constituait pas une première.
Elle retrouva le bureau du professeur McGonagall aussi facilement que si elle avait quitté Poudlard en juin dernier, mais se figea une seconde avant de frapper à la porte du bureau. Elle savait qu'elle était attendue – elle avait pris rendez-vous au début du mois – mais n'était toujours pas sûre d'avoir pris la bonne décision.
Minerva McGonagall l'avait aidée à obtenir la garde de Maellyn onze ans plus tôt – en insistant auprès de Dumbledore pour qu'il glisse un mot à Bagnold – et elle avait vite réalisé, au fil de ses visites, que la professeur de Métamorphose s'était attachée à la petite au cours des quelques mois qu'elle avait passé à Poudlard. Seulement, elle était plus que loyale à Dumbledore et à l'Ordre du Phénix. Elle ne pouvait prédire sa réaction face à ce qu'elle allait lui confier.
Il lui faudrait jouer avec énormément de finesse.
Finalement, elle frappa deux coups, et poussa la porte quand une voix l'invita à entrer.
- Bonjour, professeur.
- Bonjour, Narcissa. Installez-vous, je vous en prie. Du thé ?
- Volontiers.
Une théière se matérialisa entre elles deux, bientôt rejointe par des tasses aux motifs floraux des plus élégants, et il ne fallut qu'une petite minute pour qu'elle se retrouve avec une tasse brûlante entre ses doigts.
- Bien, je vous écoute Narcissa. Que me vaut l'honneur de votre visite ? Des soucis à propos de votre fils ?
Narcissa secoua la tête à la mention de Draco. Il allait faire sa deuxième rentrée à l'école de Sorcellerie, après une première année brillamment menée – quoiqu'en dise Lucius – et elle ne se faisait pas le moindre soucis pour lui.
Et quand bien même, s'il y avait eu le moindre problème, Lucius ne l'aurait pas laissée aborder le sujet avec Minerva, mais se serait tourné directement vers le conseil d'administration de l'école.
- Je voulais vous voir à propos de ma nièce.
- Alya ? Comment se porte-t-elle ?
- Comme un charme. Elle fêtera ses onze ans dans deux semaines. Elle a grande hâte d'entrer à Poudlard...
Minerva haussa soudainement un sourcil, puis plissa les lèvres. Narcissa n'avait pas besoin de Legimencie pour savoir que la femme qui lui faisait face avait très bien compris où elle voulait en venir, et qu'elle n'était pas ravie par ses déductions.
- Le nom d'Alya Lestrange n'apparaît pas sur la liste des élèves qui vont effectuer leur première rentrée à Poudlard cette année. Je suis désolée, Narcissa, mais nous savons toutes deux ce que cela signifie...
- Ma filleule est une sorcière. J'ai assisté à un très grand nombre d'incidents qui ne laissent pas l'ombre d'un doute sur ce point.
- Excepté qu'elle n'est pas sur ma liste. Et ceci est la raison pour laquelle elle ne recevra pas de lettre d'admission à Poudlard le jour de ses onze ans. En mille ans, jamais la Plume n'a oublié d'inscrire un élève. Au contraire, elle inscrit parfois des enfants qui ne sont pas assez magiques pour suivre les enseignements. Croyez-moi, aucune erreur n'est possible.
Ce fut à son tour de serrer les lèvres. Elle s'était attendue à ce discours. Minerva McGonagall était une femme pragmatique, intelligente et capable d'une grande empathie quand la situation l'exigeait, mais en tant que grand esprit de la Métamorphose, elle était aussi attachée aux règles qu'un Botruc pouvait l'être à son arbre. Lui demander directement de faire une exception mettrait fin à leur discussion – puisqu'une telle femme était bien trop droite pour être achetée – et Narcissa ne pouvait pas se permettre que sa filleule ne fasse pas ses études à Poudlard.
Beaucoup trop de personnes se mettraient soudainement à se poser beaucoup trop de questions, à commencer par Lucius, et elle redoutait la réaction de son mari s'il venait à apprendre qui était réellement l'enfant qu'il tolérait déjà difficilement sous son toit.
- Que vous faut-il ? Le témoignage de plusieurs personnes ? Alya a fait preuve de magie à de nombreuses reprises, et parfois même en public.
- Vous et moi savons que l'on peut faire facilement dire ce que l'on veut à qui l'on veut.
Narcissa ravala un soupir excédé face à la rigidité de son interlocutrice. Que l'on puisse se montrer si obtus la dépassait !
Il fallait qu'elle change de tactique, encore, même si elle savait que le nombre de ses arguments était en train de fondre comme neige au soleil.
- Vraiment, Minerva, quel serait mon intérêt de vous demander d'inscrire Alya si elle était une Cracmol ? J'aime cette enfant comme si elle était ma propre fille. Jamais je ne lui ferais subir une telle humiliation. C'est une sorcière. Donnez lui votre baguette et je suis même sûre qu'elle vous surprendra.
La professeur avala une gorgée de thé en silence avant de reprendre.
- Je ne suis pas celle qui édite les règles, mais celle qui les exécute en tant que directrice adjointe de cette école. Le règlement veut que seuls les enfants dont le prénom est inscrit sur la liste dévoilée chaque 1er Septembre puissent être admis à Poudlard. Les seules exceptions que j'ai déjà rencontré ont toujours eu lieu quand des enfants étaient nés à l'étranger. Il y a une dizaine d'années, un garçon anglais n'avait pas reçu sa lettre car il était né en Italie. Toutefois, il avait été inscrit en Italie, puisque l'école d'Abracadabra possède un système similaire. Le transfert a donc naturellement eu lieu. Le pauvre garçon ne parlait pas un mot d'italien, sa scolarité en aurait pâti... Cependant, je suis absolument certaine que Bellatrix Lestrange n'a jamais quitté le Royaume-Uni, à part peut-être pour prendre part à des attaques en Irlande, et je serais très surprise d'apprendre qu'elle ait pu mettre au monde sa fille ailleurs que dans son Manoir.
Narcissa eut la soudaine envie de lancer un maléfice à son ancien professeur pour les accusations portées à l'encontre de sa sœur – quand bien même elles étaient probablement fondées. Bellatrix étaient à Azkaban et purgeait ses crimes dans le pire endroit sur Terre, ne pouvait-on pas la laisser en paix ? – mais cette pulsion fut brutalement refroidie quand elle devina la lueur de défi dans le regard de son interlocutrice.
Comme si elle savait depuis le début pourquoi elle venait la voir, et quelle serait l'issue de cet entretien.
Comme si elle savait tout court d'ailleurs.
Narcissa aurait aimé pouvoir user d'autres arguments, trouver une issue de secours à ce qu'elle redoutait depuis le début – que Maellyn n'ait jamais été enregistré par la Plume de Poudlard, malgré ses exploits magiques parfaitement récurrents – mais elle savait reconnaître quand une situation ne tournait pas en sa faveur.
Ce qui était sûrement un euphémisme vu le regard, désormais scrutateur, de Minerva McGonagall.
Soudainement, les lettres qui se trouvaient dans son sac à main lui donnaient l'impression que le cuir sous ses doigts était brûlant.
Elle les avait emmenées en espérant ne pas en avoir besoin. Cela aurait été tellement plus simple si Minerva était aussi manipulable que le directeur adjoint d'Azkaban.
Après une ultime hésitation, saluée par une désagréable embardée de son rythme cardiaque : douce Circée, pourvu qu'elle ne ruine pas les dix dernières années avec un mauvais choix. Elle ne supporterait pas de revivre le même enfer que le combat qu'elle avait mené pour assurer la protection de Maellyn ! Elle sortit les sept enveloppes lentement, tachant de contenir le tremblement de ses mains avec fierté.
McGonagall haussa un sourcil, mais ne sembla pas ravie de découvrir que ses doutes étaient fondés. Au contraire, ses épaules s'affaissèrent et son visage se creusa, la montrant bien plus âgée et vulnérable que ce qu'elle était réellement.
Narcissa connaissait parfaitement cette réaction. Elle avait eu le loisir de l'observer à de très nombreuses reprises. Qu'importe le rang de Sang, ils étaient tous égaux face aux démons du passé, et la guerre était le pire de tous, elle en savait quelque chose.
- Pourquoi ai-je le sentiment qu'aucune de ces lettres n'est adressée à Alya Lestrange ?
- Parce que pour tout ce que j'ai réussi à apprendre, Alya Lestrange est le nom d'un nourrisson mort né.
Cela faisait onze ans, et elle ne pouvait s'empêcher de frissonner d'effroi en pensant à l'horreur qu'avait dû vivre Bellatrix ce jour-là. Elle qui tenait tellement à être mère, qui prenait toutes les précautions pour mener sa grossesse à terme... Une énième fausse-couche, aussi tard, après des mois passés à nourrir l'espoir... Et la vivre seule ? Rien n'excusait ce qu'elle avait fait par la suite – Sirius avait aussi vécu une nuit d'horreur, elle n'en doutait pas – mais la folie de sa sœur était compréhensible.
Pour ne pas avoir à en dire plus, elle déposa les enveloppes sur le bureau face à elle. Chacune des sept écoles des Etats-Unis (1), de la célèbre Ilvermony au controversé Institut pour Sorcières de Salem, avait voulu lui faire savoir que Maellyn Liberté Black serait la bienvenue dans leur établissement pour y recevoir un enseignement magique de qualité.
Elle n'avait jamais eu le moindre doute concernant la véritable identité de sa filleule, mais quelque part, au fond de son cœur, elle espérait encore s'être trompée, parce que Bellatrix avait commis l'un de ses plus odieux crime en tuant Judy Adler et en kidnappant Maellyn cette nuit-là, folle ou non.
Elle ne pouvait plus douter.
- Pourquoi n'avoir rien dit ? demanda Minerva sans même se saisir des lettres.
Narcissa eut un soupir las.
- J'avais promis à Sirius de prendre soin d'elle. Si j'avais dit aux Aurors qu'Alya était Maellyn, ils l'auraient sans doute confiée à sa famille moldue, ou plus vraisemblablement, le MACUSA serait intervenu et Maellyn aurait été placée dans une famille sorcière. J'ai trop entendu Newt Scamander raconter ses aventures à New-York pour croire à autre chose.
- Vous auriez pu tout de même obtenir sa garde...
- Beaucoup plus difficilement. Et Lucius a déjà eu grand mal à accepter de recueillir Alya à cause de son nom de famille, il aurait refusé pour Maellyn... J'ai fait ce qu'il fallait pour être certaine que cette enfant soit sous ma responsabilité. Je veille à son bonheur, à son éducation et à son bien-être. Je pense que vous pouvez m'accorder que ce n'est pas si mal.
Minerva McGonagall réajusta ses lunettes et resta perdue dans la contemplation de son thé. Narcissa profita de ce répit pour retrouver la tête froide. Sa bataille ne s'arrêtait pas là. Elle ne s'était pas appliquée pendant toutes ces années pour que le secret éclate au grand jour à cause de la maladresse d'une vieille sorcière, aussi bienveillante fut-elle.
- Comment avez-vous deviné ?
- J'avais des doutes depuis le moment où elle est arrivée à Poudlard. J'ai eu l'occasion de faire classe à nombre de Black et de Lestrange, et malgré son jeune âge, je la trouvais trop différente. Ses yeux surtout. Et il y avait cette date de naissance. Je savais que Maellyn avait été enlevée dans la nuit du 9 au 10 Août... Mais je n'avais pas de preuves et je vous faisais confiance pour l'élever avec amour... J'ai su que j'avais eu raison d'avoir des doutes quand aucune Alya Lestrange n'était sur la liste.
- Comptez-vous en parler à Dumbledore ?
Une approche plus subtile aurait été plus à son goût, mais elle avait appris à être plus directe quand elle devait négocier avec des Gryffondors, et Morgane était témoin à quel point Maellyn pouvait être récalcitrante quand elle l'avait décidé.
- Pourquoi faire ? Maellyn n'a plus de famille ici... Ça ne créera qu'un drame supplémentaire et cette enfant en a assez vécu pour le reste de sa vie... Qui plus est, je ne sais pas de quoi l'avenir sera fait. Ne pas être de Sang-Pur pourrait très vite redevenir dangereux.
Narcissa apaisa sa peur avec une longue gorgée de thé. Le Seigneur des Ténèbres n'aurait que faire d'une adolescente s'il revenait – ce qui était de plus en plus probable si elle en croyait les dernières rumeurs–. Non, elle craignait plus que tout la réaction de sa sœur si elle venait à être libérée – ce que le Seigneur des Ténèbres allait arranger s'il retrouvait ses pouvoirs – et découvrait que sa fille était considérée comme celle de Sirius Black par leur communauté. Sa folie ne s'était sûrement pas améliorée avec Azkaban, et elle pourrait très bien décider que Maellyn devait mourir. Malgré le mensonge que cela constituait, Alya Lestrange était l'une des meilleures protections qu'elle avait pu imaginer.
- Alya recevra sa lettre.
- Merci, professeur.
…
Mardi 30 Juillet 1992, Chemin de Traverse, Londres, Angleterre.
- Remus ? Remus Lupin ?
Il sursauta à l'entente de son nom, et se tourna vers la voix féminine, remettant à plus tard son choix d'une carte d'anniversaire.
Deux femmes se tenaient en face de lui, aussi différente que le jour et la nuit, et pas seulement parce que l'une était jeune et l'autre moins. Androméda avait gardé l'air noble des Black malgré le nombre d'années qui s'étaient écoulées depuis son mariage. Elle était habillée avec élégance dans une robe d'été d'un délicat bleu et ses cheveux noirs – ceux des Black – étaient habilement relevés. A ses côtés, sa fille semblait tout droit venue d'une autre planète. Tout chez elle, depuis ses cheveux roses, coupées courts, à ses vêtements moldus, semblait mettre un point d'honneur à la démarquer des sorciers qui l'entouraient.
- Bonjour Androméda. Tonks.
La jeune femme – Merlin, où était passée la petite fille qu'il avait observé grandir de loin, au rythme des occasionnelles invitations d'Androméda ? – lui dédia un large sourire, et l'aurait bien entraîné dans une étreinte si sa mère n'avait pas posé une main sur son épaule.
- Cela fait si longtemps, Remus, comment vas-tu ?
- Bien et vous ? Ted ?
- Papa vieillit. Il s'est coincé le dos cette semaine.
Le commentaire inspiré de sa fille tira une expression lasse à Androméda.
- Pourquoi oublies-tu systématiquement de préciser que c'est en voulant te soulever ?
- Maman, tu me répètes toutes les deux semaines que je suis bien trop maigre à ton goût. Il vieillit.
Le ton joueur de Tonks, son regard brillant de malice, et son semblant de sourire en coin, faillirent lui tirer une grimace. En onze ans, il s'était habitué à l'idée que Black avait trahi – il n'avait toujours pas compris pourquoi, ni comment, et ne s'était toujours pas pardonné d'avoir pu se montrer aussi aveugle et stupide, mais il s'était au moins habitué. Sauf que parfois, la vie se plaisait à placer sur son chemin des échos de son passé – un couple, lui brun et dégingandé, elle rousse et solaire un homme un peu enrobé dans le métro au regard humide un gros chien noir solitaire – et il retrouvait en Tonks beaucoup trop de similitudes avec Black.
Sauf qu'aucune ombre ne voilait son regard – gris quand elle l'avait décidé – et il se rattachait souvent à cette part d'innocence pour ne pas se faire dévorer par son propre passé.
L'Ordre avait au moins sauvé ça.
- Qui fête son anniversaire ?
Sa question fut suivie d'un signe de tête en direction des nombreuses cartes derrière lui, et arracha une sorte de borborygme à Androméda.
- Harry Potter. Douze ans demain. Les années filent...
Sa réponse eut au moins le mérite de décontenancer Tonks suffisamment longtemps pour qu'Androméda puisse intervenir.
- Je ne savais pas que tu étais resté en contact avec lui... C'est une bonne chose pour lui. Peu de personnes ont aussi bien connu James et Lily que toi.
Remus sentit sa gorge se serrer et il força un sourire sur ses lèvres – sa meilleure diversion, il en avait vite pris conscience quand il était plus jeune, et seuls les Maraudeurs avaient appris à reconnaître les vrais des faux –.
Il n'avait pas la force d'expliquer à Androméda qu'elle se trompait. Il n'avait pas gardé contact avec le fils de ses deux meilleurs amis, puisqu'une carte à son anniversaire et une à Noël, toutes restées sans réponses malgré le fait qu'il indique toujours une adresse au dos des enveloppes moldues, ne comptaient pas vraiment. Il aimait penser que Pétunia Evans les jetait aussitôt qu'elle les recevait, mais il était un inconnu pour Harry, et à sa place, il se serait sans doute senti gêné de raconter sa vie à une personne dont il ne gardait aucun souvenir.
Parfois, il s'en voulait de ne pas avoir su désobéir à Albus Dumbledore des années de cela, et obliger Pétunia à le laisser voir Harry, d'autant plus depuis qu'il avait reçu une lettre de Hagrid lui demandant des photos de James et Lily, s'il en avait encore. Le garde-chasse n'était pas entré dans les détails, mais il était clair qu'Harry ne connaissait pas grand chose sur ses propres parents, ni sur le monde magique.
- Tu devrais passer à la maison ce dimanche, Remus. Ted a prévu un barbecue.
- Oh oui ! Et tu pourras me donner un coup de main pour mon dossier. L'Académie réclame un exposé sur une créature magique que l'on peut être amené à croiser sur le terrain, et j'ai hérité des loup-garous.
Il se figea malgré lui, le sourire de Tonks s'étira, et elle lui glissa un clin d'oeil.
- Allez, c'est pas si horrible. J'aurais pu me retrouver avec les Détraqueurs ou les Centaures...
Définitivement trop de Black dans le corps...
- J'apporterai le dessert.
…
Samedi 9 Août 1992, Manoir Malefoy, Angleterre.
Narcissa réajusta les boucles brunes de sa filleule une dernière fois, et dégagea légèrement sa frange pour mettre en valeur son regard bleu. Elle n'avait vu qu'une seule fois Judy Adler – peu de temps avant qu'elle n'accouche, très vraisemblablement – mais à mesure que Maellyn grandissait, elle ne pouvait que remarquer la ressemblance entre la mère et la fille. Elles avaient les mêmes yeux, le même menton, le même nez et la même bouche. Parfois, Narcissa se demandait comment il était possible que personne n'ait fait le rapprochement, ou du reste, n'ait jamais eu de doute.
Maellyn n'avait pas les traits des Black, et encore moins ceux des Lestrange.
Pour ce qui était du tempérament, c'était une toute autre histoire.
Dans le miroir de sa coiffeuse, elle la vit relever le menton avec fierté.
- N'oublie pas de sourire, Maellyn.
En réponse à ce qu'elle pensait être un doux surnom que les marraines de la famille Black réservaient à leur filleule, les lèvres de la jeune fille s'étirèrent, dévoilant une grimace tordue, qui allait de paire avec un regard malicieux. Ce n'était pas vraiment ce qu'elle avait en tête.
- Par Viviane, que vais-je faire de toi, Alya Lestrange ?
- Une sorcière remarquablement accomplie, répliqua-t-elle en se levant, faisant virevolter les rubans de sa robe.
- Pour cela, il faudrait que tu aies une baguette, petite !
- Tu n'as pas le droit d'être désagréable avec moi le jour de mon anniversaire !
Draco leva les yeux au ciel et s'approcha d'elle.
- Je n'arrive pas à le nouer, dit-il en lui tendant le nœud papillon qui complétait un élégant costume bleu ciel.
- N'y a-t-il pas un sortilège pour cela, Nani ?
- Bien sûr que si, mais Draco n'a pas le droit de faire de la magie en dehors de Poudlard, et tu le sais très bien.
Malgré le fait que ses yeux soient fixés sur ce qu'elle était en train de faire – Poudlard ne lui laissait plus guère de temps pour s'occuper de son fils unique, et elle n'allait certainement pas régler une histoire de nœud papillon avec un mouvement de baguette – , elle eut la très désagréable impression que Maellyn venait de tirer la langue à son fils, ce à quoi il répondit par un regard mauvais qui aurait sans doute ravi Lucius.
Ou peut-être pas tant que cela puisqu'il s'acharnait à penser que deux enfants de onze et douze ans devaient se comporter comme des adultes, oubliant au passage qu'il avait été un adolescent tumultueux.
- Et voilà, Draco. Tu as bien fixé tes boutons de manchettes ?
- Oui, maman...
- Très bien, filez donc tous les deux. Alya, tes invités ne vont pas tarder à arriver, je compte sur toi pour les accueillir comme il se doit.
Sa filleule lui adressa un clin d'oeil avant de quitter sa chambre, et elle tendit l'oreille pour les entendre le plus longtemps possible. Draco et Maellyn avaient beau se chamailler à longueur de temps, elle savait pertinemment qu'ils partageaient une sincère affection et une excellente complicité. Maellyn avait longuement pleuré en septembre dernier quand Draco était parti pour Poudlard, réalisant très vite que son cousin allait lui manquer plus vite que prévu, et elle avait déjà surpris son fils demander des comptes à certains enfants de bonne famille quand ils osaient insulter les parents d'Alya. Ces deux-là se protégeaient l'un l'autre, et si elle était bien fière d'une chose, c'était d'avoir réussi à les élever comme de véritables frère et sœur.
Quand les échos de leur discussion se furent évanouis dans le couloir, elle entreprit de se préparer à son tour, sachant pertinemment que si Maellyn allait s'occuper des jeunes gens qui prenaient part à sa fête d'anniversaire, elle allait devoir faire son rôle d'hôtesse auprès des parents. Elle enfila la robe pastel que Bellatrix avait trouvé pour elle, dix ans de cela, puis attacha ses cheveux en un chignon lâche qui dégageait la courbe gracile de sa mâchoire. Tandis qu'elle détaillait son reflet dans le miroir, elle se demanda ce que devenait sa sœur à Azkaban. Savait-elle qu'aujourd'hui, l'enfant, qu'elle pensait être sa fille, fêtait ses onze ans, et s'apprêtait à commencer Poudlard ? Ou bien la folie l'avait-elle définitivement engloutie ? Le directeur adjoint d'Azkaban se montrait rarement loquace sur l'état de santé de sa sœur ou de Sirius, sûrement parce que personne ne prenait la peine de s'en inquiéter, et à mesure que les années passaient, elle imaginait de plus en plus souvent recevoir une lettre de la prison, lui annonçant le décès de l'un ou de l'autre. Malgré les conditions d'emprisonnement qu'elle avait réussi à acheter, ils ne pourraient pas tenir indéfiniment. Presque onze années étaient déjà bien plus que ce que beaucoup avait parié.
- Lady Malefoy, les premiers invités sont dans le hall.
Narcissa baissa les yeux vers son Elfe. Elle grimaça en remarquant ses oreilles recouvertes de brûlures récentes.
Lucius avait encore dû lui ordonner de se punir pour une bagatelle. Elle ne comprenait pas ce qu'il avait contre Dobby. L'Elfe était certes un peu étrange, mais il faisait son travail et s'acquittait de ses tâches sans qu'elle n'ait jamais eu à s'en plaindre. Qui plus est, il s'était très bien occupé de Maellyn quand elle était plus jeune.
- Très bien. Et soigne-moi ces oreilles. Ils est hors de question que l'on s'imagine que nous torturons nos Elfes.
- Dobby fera ce que Lady Malefoy demande.
Elle quitta sa chambre pour le rez-de-chaussée et profita du trajet pour se composer un visage qui ne trahirait ni ses récentes inquiétudes, ni celles qu'elle nourrissait pour l'avenir.
…
Dimanche 10 Août 1992, Cimetière de Godric's Hallow, Angleterre.
Remus remontait les allées sans faire attention au chemin qu'il parcourait. Il savait que tôt ou tard, ses pas le ramenaient toujours devant la bonne tombe, même s'il n'était pas tout à fait sûr de la raison qui le poussait à venir ici.
Les morts n'apportent plus rien aux vivants.
Mais il avait besoin de passer les voir, de déposer un bouquet de fleurs pour Lily et de murmurer une blague à James, parce qu'il avait pensé à lui quand il l'avait entendue. Rien de spirituel la plupart du temps, juste de quoi briser le silence du cimetière et rendre les souvenirs moins amères en imaginant son meilleur ami tenter de la raconter à son tour, la transformant en un monologue de plusieurs minutes, qui les laissaient tous avec des larmes de joie le long des joues.
James avait toujours eu un don pour magnifier ce qu'il touchait.
La tombe n'était plus ensevelie sous les fleurs comme elle l'avait été la dernière fois qu'il était venu au mois de novembre. Pour la majorité de leur communauté, James et Lily Potter étaient des héros qui s'étaient sacrifiés pour le monde sorcier, et beaucoup venaient leur rendre hommage autour du 31 Octobre. Peu connaissait le drame derrière leur disparition, les personnes qui les avaient connus et qui devaient se contenter d'un monde sans eux, sans la gentillesse sans pareille de Lily et l'incroyable amitié de James, sans leur enthousiasme et leurs sourires.
- Harry a eu douze ans la semaine dernière. D'après Minerva, il est le meilleur Attrapeur que l'équipe de Quidditch a connu depuis des années. Ils comptent remporter la coupe l'année prochaine. Et c'est un gentil garçon. Intelligent. Toujours fourrés dans les ennuis. Minerva m'a demandé si j'avais à voir là-dedans, parce qu'il fait perdre bien trop de points à Gryffondor pour un première année.. Je crois qu'elle a sous-estimé le mélange explosif que vous pouviez produire...
Il passa sous silence le reste – Pétunia, le fait que Harry ne semblait rien savoir sur eux, son envoi de photographies pour un album auquel il aurait dû penser bien plus tôt –. Il se pencha pour retirer les mauvaises herbes et déloger la mousse des écritures gravées sur le marbre.
- Black n'est toujours pas mort. Je ne sais pas ce qui le maintient en vie. Peut-être qu'il veut me survivre et prouver qu'il était le plus fort depuis le début ?
Les échos d'Azkaban étaient rares. La Gazette n'envoyait pas de journaliste là-bas – personne n'était intéressé par ce que devenait les plus grands meurtriers de leur histoire – et le Ministère se contentait de communiquer les morts aux familles concernées. Certaines faisaient paraître un mot dans la rubrique funéraire, mais la majorité se contentait de passer à autre chose.
Remus en savait un peu plus sur ce qui se passait dans la prison des sorciers, grâce aux loup-garous qu'il croisait de temps à autre. Il devait être l'un des rares à ne pas avoir fait un séjour là-bas par mesure de prudence, la dernière idée lumineuse de Dolores Ombrage. Les nouveaux mordus devaient désormais passer leur trois premières pleines lunes – sûrement les plus dures, Remus en avait gardé le souvenir et il avait à peine cinq ans à l'époque – à Azkaban. A leur sortie, ils réintégraient la société avec une haine pour les sorciers et des nouvelles fraîches de la forteresse.
Black était maintenu à l'isolement dans l'aile de haute sécurité, mais il n'était pas le plus à plaindre. Bellatrix et lui avaient des conditions de détention plutôt correctes. Lestrange était réputée cinglée – ce qui avait toujours été le cas – mais les gardiens évoquaient un Sirius Black encore en pleine possession de ses moyens.
Peut-être que ce qui étaient des souvenirs horribles pour le commun des mortels en étaient de bons pour lui ?
- J'ai croisé Mary McDonald. Enfin, Cattermole maintenant. Elle a eu un petit garçon, Alfred. C'est son troisième.
La revoir, deux petites filles accrochées à sa robe et un bambin dans les bras, était la preuve que certains d'entre eux avait échappé au pire et continuait à vivre. Mary ne s'était pas attardée. Sept ans passés ensemble à Poudlard ne faisaient pas le poids face à une décennie d'ignorance mutuelle.
- Vous me manquez, souffla-t-il.
Il ne traîna pas – il ne traînait jamais, de peur que ses souvenirs ne redonnent de l'énergie à ses démons intérieurs – et profita que la petite pâtisserie du village soit ouverte pour acheter une large tarte au chocolat pour le barbecue des Tonks, puis transplana.
L'odeur inimitable du feu le cueillit dès son arrivée, et il la suivit plus qu'il ne se fia à sa mémoire pour retrouver la maison de Ted et Andromeda.
La maison était identique au souvenir qu'il en avait gardé, bien que les fleurs soient innombrables en cette saison, et que les volets n'étaient certainement pas bleus la dernière fois qu'il était venu.
A combien d'années cela remontait, il n'aurait su le dire.
Il actionna la sonnerie et des bruits de pas précipités s'élevèrent derrière le panneau de bois. Le visage de Tonks, encadré par ses mèches roses, apparut soudainement, et son regard se fixa aussitôt sur le paquet qu'il portait.
- J'espère qu'il y a du chocolat dans cette boîte.
- Évidemment.
Un sourire étira ses lèvres et elle ouvrit largement la porte. Remus marqua un temps d'arrêt en découvrant sa tenue : un mini-short en jean et un chemisier étrangement transparent qui laissait deviné un haut de maillot de bain.
Merlin, où était passé la gamine qu'il avait vu grandir de loin ?
- J'espère que tu as faim, mon père a prévu de faire griller l'équivalent d'un demi boeuf.
Ted Tonks avait revêtu un tablier couleur lavande et supervisait les cuissons du bout de sa baguette. Il le salua de loin avec un grand sourire. Andromeda se leva en le voyant et il eut le droit à une rapide étreinte.
- Je suis si contente que tu aies pu venir, Remus. Ta compagnie va me changer un peu de celle de ces deux barbares.
Ted et Tonks levèrent leur poing en l'air en même temps, et saluèrent la remarque d'Androméda par un Oye Oye retentissant.
Remus se retint de laisser sous-entendre qu'il était sans doute le plus barbare d'entre eux. Il avait la nette impression qu'Androméda était parfaitement au courant de sa condition de Lycantrope, et qu'elle n'hésiterait pas à lui faire une leçon de morale sur le sujet si elle l'estimait nécessaire.
Le repas fut le meilleur qu'il ait eu l'occasion de manger depuis très longtemps, et pas seulement parce que Ted maîtrisait parfaitement ses cuissons, ou qu'Androméda avait préparé un excellent gratin.
L'espace de quelques heures, il eut l'impression de retrouver cette impression d'appartenir à une famille, ce que ses rares visites à son père n'arrivait pas à lui faire ressentir – Lyall était content de le voir, mais il y avait un fossé entre eux, et Greyback était celui qui l'avait creusé vingt-huit ans plus tôt –.
Ted et sa fille avaient une complicité évidente et ne tardèrent pas à se lancer dans un concours d'histoires drôles – et souvent potaches – ce qui ne manqua pas de faire lever les yeux au ciel à Androméda – ce qui semblait être sa façon à elle de rire à leur pitreries – et les discussions légères – sur le beau temps, le travail de Ted chez un fabricant de balais, les études de Tonks, les potins de leur communauté – prirent un tour nettement plus grave au moment du café.
Ou plus vraisemblablement, Androméda avait attendu que son mari parte dans la cuisine, sa fille sur les talons, pour aborder le sujet.
- Je me demandais... Est-ce que tu as un jour réussi à en apprendre plus sur ce qui était arrivé à la fille de Sirius ?
Remus se sentit blêmir et il déglutit bruyamment. Androméda eut une légère grimace d'excuse mais ne détourna pas le regard pour autant.
Après la fin de la guerre, suivie par l'emprisonnement de Black, personne dans l'Ordre n'avait plus cherché à résoudre le mystère qui entourait la mort de Judy Adler et la disparition de leur fille. Plus de dix ans avaient passé depuis, et il ne s'était que très rarement interrogé sur ce qui avait bien pu réellement arriver cette nuit-là, ou si la fille de son traître d'ami avait finalement survécu.
- Non. Je suppose qu'elle a rencontré le même destin que sa mère. L'histoire a montré que Black était un meilleur acteur que ce que quiconque avait pu imaginer.
Andromeda secoua la tête.
- Je ne crois pas qu'il ait eu quoique ce soit à voir avec la mort de sa petite-amie. Il...
- Il a fait bien pire par la suite et tous les indices pointaient déjà vers lui à l'époque.
- Il s'agissait pourtant de la dernière héritière des Black...
- Une Black au sang impur.
- Mais une Black quand même.
- Je pense que tu es celle qui connaît le mieux leur façon de penser...
Androméda voulut répondre, mais Ted et Tonks revenaient, et elle se résigna au silence, ce qui l'arrangea bien. Cela faisait des années qu'il avait pris la décision de ne plus se torturer en essayant de comprendre ce qui s'était passé en 1981. A quel moment Black avait commencé à les trahir ? Cette année-là ou depuis sa fugue ? Pourquoi avait-il vendu James et Lily, tué Judy, fait disparaître sa fille ?
- On est même pas parti deux minutes et vous avez réussi à plomber l'ambiance ? se plaignit Tonks, avant de rajouter une improbable quantité de sucre dans sa tasse.
Androméda fit mine de ne pas l'avoir entendue et Remus porta sa tasse à ses lèvres.
Il ne fallut pas longtemps à la jeune femme pour éloigner ses pensées de Black, et elle l'étonna quand elle commença à lui poser ses questions sur les loup-garous. Il pensait qu'elle voudrait une description du monstre, des symptômes et de la façon de les reconnaître même sous leur forme humaine, mais elle ne semblait intéressée que par les conditions de vie des hommes.
…
Mardi 12 Août 1992, Manoir Malefoy, Angleterre.
- Alya, j'aimerais avoir un mot avec toi après le repas.
Narcissa se retint de lancer un regard interrogateur en direction de son mari – Lucius ne faisait pas grand cas de Maellyn, et se contentait de la rappeler à l'ordre quand son comportement ne lui plaisait pas – et ravala un soupir en voyant sa filleule se tendre au bout de la table, ce qui arracha une furtive grimace inquiète à Draco.
- Oui, mon oncle.
Maellyn et Lucius ne s'appréciaient pas l'un l'autre. Plus exactement, Lucius n'avait jamais accepté que Maellyn vive sous leur toit, et Maellyn avait très tôt craint la froideur de Lucius. Narcissa avait essayé de l'assouplir, de lui faire comprendre qu'il passait à côté de la chance d'avoir une fille exceptionnelle en plus de leur fils, mais Lucius lui avait sèchement répondu que Alya n'était pas sa fille et qu'elle ne le serait jamais, et qu'elle n'était pas non plus la sienne.
Ils auraient pu former une famille unie et heureuse, mais Narcissa avait souvent l'impression de marcher sur des œufs, tandis qu'elle s'efforçait de concilier la famille à trois, pour laquelle Lucius serait capable de mourir, et l'amour qu'elle portait à sa filleule.
Le reste du repas se passa donc dans un silence glacial, uniquement troublé par le tintement de l'argenterie contre la porcelaine. Après le dessert, Maellyn suivit Lucius en direction de son bureau et Narcissa se retrouva face au regard accusateur de Draco.
- Elle n'a rien fait de mal !
- Je le sais, Draco.
- Alors pourquoi père veut-il la voir ? La dernière fois, il l'a fait pleurer !
Elle ne le savait que trop bien, et Morgane était témoin à quel point Maellyn détestait pleurer, même devant elle, parce que sa fichue fierté lui était chevillée au cœur. L'occasion à laquelle faisait référence Draco s'était passée pendant les vacances de Noël. Maellyn et lui avait profité de la neige tombée dans la nuit et avait passé l'après-midi dehors. Ils s'étaient défiés – comme deux enfants l'auraient fait – à avancer le plus loin sur l'étang gelé. La glace avait cédé sous le poids de Draco, et Narcissa s'était félicitée d'avoir chargé un Elfe de les surveiller.
Draco était rentré trempé et frigorifié, mais nullement blessé, ni même traumatisé par cet accident, l'Elfe l'ayant sorti de l'eau aussitôt.
Sauf que Lucius avait assisté à toute la scène et avait accusé Maellyn d'avoir mis son cousin en danger.
Il s'agissait d'une attaque particulièrement basse, même pour un homme politique, et Narcissa n'avait pas adressé la parole à son mari pendant une longue semaine, exigeant des excuses qui n'étaient jamais venues. Maellyn avait passé la soirée dans sa chambre, où Draco l'avait finalement rejoint en signe de protestation contre son père.
- Je ne sais pas, Draco. Il s'agit sans doute d'une affaire sans importance.
- Si c'était vraiment le cas, il n'aurait pas eu besoin de la voir dans son bureau.
Son fils tourna les talons après lui avoir lancé un regard déçu, et Narcissa se résigna à rejoindre la terrasse sud où elle aimait passer ses après-midis quand le beau temps le permettait. Draco sortirait sans doute dans une paire d'heures pour s'entraîner à attraper son Vif d'Or, puisqu'il comptait entrer dans l'équipe de Quidditch de Serpentard à la rentrée.
- Dobby, quand Alya sera libérée de ses obligations, dis-lui que je l'attends pour le thé.
Son Elfe fit une rapide apparition afin qu'elle sache qu'il avait entendu son ordre, et Narcissa reprit son ouvrage là où elle l'avait laissé.
L'après-midi s'écoula sans que Draco ne vienne troubler la tranquillité du parc, ce qui lui laissa tout le loisir d'imaginer le pire. D'ordinaire, la broderie lui permettait d'oublier ses soucis, mais ces derniers avaient décidé de revenir la harceler.
Il y avait Maellyn, tout d'abord, qui allait faire sa rentrée et quitter le Manoir – où elle l'avait toujours protégée – pour un château rempli d'enfants qui n'hésiteraient pas à se montrer cruels envers la fille de Bellatrix et Rodolphus Lestrange – personne n'avait oublié qu'ils avaient été Mangemorts –. Elle craignait que sa filleule termine à Gryffondor – dont elle avait beaucoup de traits de caractère – ce qui ne manquerait pas de compliquer encore les relations entre Lucius et elle. Et si une telle chose se produisait, combien de temps avant que des fouineuses professionnelles telles que Regina Zabini, Lauryn Parkinson ou cette harpie de Rita Skeeter ne sautent aux conclusions ?
Il y avait ces rumeurs que Draco avait ramené de Poudlard, à propos du Seigneur des Ténèbres et de sa tentative pour revenir à la vie. Narcissa n'avait jamais cru à sa mort – Bellatrix ne serait pas partie à sa recherche si cela avait été le cas. Sa sœur était déjà folle à l'époque, mais toujours dotée d'un excellent instinct – sauf qu'elle avait espéré que les années d'errance avaient eu raison de lui. Le monde n'avait pas besoin de sa cruauté et Il n'apprécierait sûrement pas que Lucius ait nié avoir jamais été un Mangemort. Le Seigneur des Ténèbres n'avait jamais caché le sort qu'il réservait aux traîtres, et elle n'avait jamais oublié la soirée durant laquelle il avait assassiné Aleth et Cathal Byrnes.
Et puis, il y avait Lucius, dont elle trouvait le comportement étrange depuis que Draco était revenu de Poudlard. Lui qui laissait entendre à la moindre occasion que leur fils lui manquait, que le manoir était comme vide sans lui, qu'il était dommage que Poudlard garde cette tradition de l'internat, restait distant avec lui, et semblait constamment perdu dans ses pensées. Quand elle lui avait fait part de ses inquiétudes, il avait accusé son travail, et surtout Arthur Weasley, qui voulait faire passer une loi protégeant davantage les moldus. Bien sûr, elle le connaissait assez pour savoir que la possibilité de perdre face à Weasley était suffisante pour le mettre de mauvaise humeur – quoiqu'il en dise et quoiqu'il fasse, sa fierté était un défaut qu'il avait transmis à Draco – mais ce n'était pas tout, elle en aurait mis sa baguette à brûler.
Et si tout cela ne suffisait pas, sa grande tante Cassiopea était de plus en plus malade, de plus en plus souvent, et Narcissa sentait au plus profond d'elle-même qu'elle ne tarderait pas à recevoir un hiboux urgent de Sainte-Mangouste, la sommant de venir faire ses adieux. Il lui faudrait alors organiser des funérailles, puisque Cassiopea n'avait pas eu d'enfants, et qu'elle était la seule de sa génération à n'être ni décédée, ni en prison, ni reniée.
A seize heures précises, Dobby lui apporta un thé glacé qu'elle devina délicieux, des pâtisseries toutes plus appétissantes les unes que les autres, et des fruits frais. Narcissa se demanda un instant si elle n'allait pas devoir monter chercher sa filleule, mais des bruits de pas la rassurèrent aussitôt. Un rapide coup d'oeil dans sa direction lui apprit qu'elle n'avait pas pleuré, et qu'elle semblait d'humeur charmante, même si son port de tête était exagérément altier.
Ce dernier détail n'avait aucune pertinence la concernant, puisqu'elle avait un certain goût pour la mise en scène, et soignait ses entrées plus que nécessaire.
- Ma tante, quelle délicate attention de m'avoir conviée à ce thé champêtre.
Narcissa fit signe à Dobby de servir.
- Inutile d'en faire autant, Lucius ne se joindra pas à nous.
Malgré ses efforts pour rester de marbre, Narcissa devina tout de même son soulagement. Sept années à Serpentard ne seraient pas de trop pour lui apprendre à jouer parfaitement de ses expressions.
Le silence s'installa, confortable, et en voyant Maellyn ne prendre qu'une seule pâtisserie – celle qui semblait la plus diététique plutôt que les scones dont elle raffolait – Narcissa comprit que son entretien avec Lucius était sans importance.
- Je suppose que tu veux savoir ce qu'oncle Lucius voulait me dire, pas vrai, Nani ?
Cette manie de toujours choisir une attaque de front plutôt que la subtilité, était exactement l'une des raisons qui lui faisait craindre une répartition à Gryffondor, mais le souligner ne servirait à rien. Maellyn arborait son sourire tordu et un regard malicieux, ce qui pouvait très bien signifier qu'elle était d'humeur moqueuse.
Morgane toute puissante, sa filleule était incorrigible.
- Seulement si tu désires m'en parler, Maellyn. Je sais que Lucius n'est jamais aussi tendre qu'il le devrait avec toi.
Elle hésita et tenta de gagner du temps en prenant une bouchée de sa tartelette aux fruits, mais Narcissa savait qu'elle lui parlerait. Onze ans était encore un âge tendre, où arracher des confidences à son enfant n'avait rien de sorcier. Après une année à Poudlard et loin de toute autorité parentale, Draco se montrait déjà plus réticent à se confier, et elle devait user de tout son charme maternel pour lui faire ouvrir la bouche.
- Oncle Lucius voulait seulement me rappeler mes responsabilités en vue de mon entrée à Poudlard.
Narcissa n'en fut pas étonnée puisqu'il avait tenu un discours semblable à Draco l'été dernier. Qu'il prenne la peine d'en faire autant avec Maellyn était toutefois une nouveauté.
- Et ces responsabilités sont ?
- Tenir mon rang, faire honneur au nom des Lestrange et des Malefoy, profiter de mes études pour agrandir mon cercle social, et faire en sorte que mon bulletin de note ne descende pas en dessous du E.
Autrement dit, Lucius n'attendait rien de moins de sa nièce qu'elle soit répartie à Serpentard, ne fréquente que des jeunes gens de bonnes familles et soit une excellente élève.
- C'est tout à son honneur de se soucier de ton éducation.
Même si cela constituait une première. Si Lucius avait toujours personnellement choisi les tuteurs de Draco, il ne s'était jamais intéressé à ceux qu'elle avait engagé pour Maellyn, non plus qu'il n'avait jamais demandé quels étaient ses résultats.
Le comportement de son mari était décidément étrange. Elle aurait aimé presser sa nièce de questions, mais elle savait qu'il valait mieux attendre que les informations viennent à elle. Sauf qu'elle devait au moins s'assurer que sa filleule ne passe pas un point sous silence.
- A-t-il évoqué tes parents ?
Comme à chaque fois que le sujet était mentionné, Maellyn se redressa et adopta la parfaite posture d'une jeune fille de bonne famille.
- Non. Il aurait dû ?
Narcissa soupira. Elle savait que cette discussion devait avoir lieu avant que Maellyn ne prenne le train pour Poudlard. Il valait mieux qu'elle sache à quoi s'en tenir.
- Je ne suis jamais entrée dans les détails des raisons qui ont conduit Bellatrix et Roldolphus à Azkaban, n'est-ce pas ?
Maellyn reposa sa tasse sur la table et fixa son regard sur elle, parfaitement attentive.
- J'ai toujours pensé que tu étais trop jeune pour entendre l'entière vérité, mais tu vas entrer à Poudlard, et certains élèves pourraient avoir l'idée de s'en prendre à toi parce que tu portes leur nom...
- Je sais que mes parents étaient des Mangemorts, Nani, souffla-t-elle.
- Oui, mais sais-tu pourquoi ils ont été arrêtés ?
Elle secoua la tête, et Narcissa se félicita d'avoir réussi à la protéger pendant onze années.
- Ils ont capturé deux Aurors, peu de temps après la chute du Seigneur des Ténèbres. Ils pensaient qu'ils avaient des informations sur ce qui était arrivé à leur maître... Ils étaient prêts à tout pour obtenir ces informations, Maellyn.
Elle laissa le temps à la jeune fille de comprendre son sous-entendu avant de continuer, sauf que sa nièce était assez intelligente pour compléter par elle-même ses silences.
- Ils les ont torturés, n'est-ce pas ?
- Oui...
- Est-ce qu'ils... Les deux Aurors... Ont-ils survécu ?
- On peut dire cela ainsi, mais la douleur les a rendu fous. Ils sont à Sainte-Mangouste pour le reste de leurs jours.
Maellyn blanchit sensiblement et cacha ses mains tremblantes sous sa serviette. Narcissa tendit la main pour lui caresser la joue avec douceur, et ne fut pas étonnée qu'elle esquive son geste.
Sachant pertinemment qu'il ne servait à rien d'insister, elle retourna à son thé sans un mot de plus. Les questions viendraient en temps voulu.
- Qui étaient-ils ? demanda finalement Maellyn, bien après que Dobby soit venu débarrasser leur thé.
- Alice et Frank Londubat.
- Draco a déjà parlé d'un Londubat, n'est-ce pas ?
- Oui, il s'agit de leur fils. Il a un an de plus que toi. Il est à Gryffondor si ma mémoire est exacte.
- Il doit me détester...
- Je n'en ai pas la moindre idée, Maellyn. Sa grand-mère a soigneusement veillé à ce que vos routes ne se croisent pas. En attendant, il serait sans doute mieux que vos deux noms ne soient plus associés à nouveau. Cette histoire commence tout juste à être oubliée par les médias, et ce n'est pas plus mal.
Sa filleule hocha la tête, ouvrit la bouche comme pour lui confier quelque chose d'autre, mais Draco choisit cet instant pour atterrir près d'elles, le visage rougi par le vent et ses cheveux blonds tombant sans grâce devant son regard gris.
- Maman, à quelle heure est le dîner ? Je meurs de faim !
(1) pour celles et ceux qui l'ignorent, je suis prof de maths. Mon cerveau peut accepter beaucoup de chose avec le « parce que Magie » mais une seule école dans un pays aussi immense que les USA ? Seriously ? Mon estimation parle de 20,000 élèves aux bas mots, et c'est juste pas concevable (ni pour la prof, ni pour la matheuse).
Vous avez vu, je n'ai torturé personne dans celui-ci !
J'avoue que j'ai hâte d'avoir votre avis sur :
- Narcissa qui ne cesse de porter sa famille à bout de bras.
- Remus, qui encaisse toujours, même onze ans après.
- Minnie, indétrônable.
- Lucius, cet espèce de gros connard.
- Les Tonks, en guest star exceptionnel.
- Ma petite Maellyn chérie.
Si vous voulez étendre sur Draco ou sur mes petits clins d'oeil à Fantastic Beasts, ne vous gênez surtout pas.
La review est mon pourboire et la base du régime alimentaire de ma muse. Alors à votre bon cœur !
A dans deux semaines,
Orlane.
Mis en ligne le 07/10/2017
