Bonjour bonjour ^^
Bon, ça va pas super niveau humeur en ce moment de mon côté... Mais comme je déteste ne pas tirer quelque chose de mes feels, j'ai réussi à sortir ça hier soir \o (Je l'aime, ce Présentateur ! Toujours là quand il faut extérioriser !)
Et comme j'ai eu mon cota niveau longueur d'intro la dernière fois, je vous épargne mes bêtises ! (C'est quiqui qui mérite un cookie ? :P) x)
Juste un petit disclaimer et c'est partit: Les personnages ne sont pas à moi, ils appartiennent à Kriss. La chanson au coeur de cette songfic est (comme le laisse subtilement penser le titre XD) "Si Seulement Je Pouvais Lui Manquer", interprétée par Calogéro et écrite par Michel Jourdan et Julie d'Aimé... En fait Calogéro a composé la musique avec son frère (Ben oui, rendons à Einstein ce qui est à Einstein !))
(Cette songfic est également sponsorisée par la page Facebook de Minute Papillon que j'ai décidément tellement épluché ces derniers temps pour écrire que j'ai l'impression d'être une stalkeuse de première... ce qui est assez dérangeant, d'un point de vue moral o.o XD)
Bonne lecture ;)
Si Seulement Je Pouvais Lui Manquer
L'oreille aux aguets, le doigt tendu, la respiration s'emballant, ses yeux faisaient la navette entre la porte menant au couloir et la petite flèche blanche, amas de pixels décrivant un cercle approximatif autour du lien qui retenait son attention.
Il n'avait pas le droit, et s'il était pris c'était toute sa vie qui était en jeu. Son travail, son hébergement...
Mais rien de tout ça ne suffisait au fond à combler le vide au fond de lui. Tous les efforts du Prof de Philo ne lui apporteraient pas ce dont il rêvait, bien au contraire.
Bien au contraire...
Il soupira, eut un sursaut de courage qu'il étouffa aussi sec.
Les secondes passèrent, ainsi que les notes de piano dans son oreillette droite. La musique, choisie au hasard sur une playlist youtubienne, lui rappela sa présence en changeant de ton, s'adoucissant jusqu'à disparaître.
Soupirant encore pour échapper au silence, il leva le regard sur ce lien, en tête de sa recherche, dans cet onglet de navigation privée.
"Pour communiquer avec Minute Papillon (Kriss de LanguedePub), inscrivez- vous sur Facebook dès maintenant."
... Il en aurait presque rit. Rit jaune.
Brève surprise lorsqu'une nouvelle musique se manifesta contre son oreille, il l'ignora. Préférant scruter une énième fois la porte dans son dos.
Il suffirait simplement
Qu'il m'appelle
Qu'il m'appelle
La voix du chanteur le surpris, étant peu habitué à quitter le chemin de l'instrumental. Une brève pensée lui suggéra de cliquer sur la flèche de retour mais il n'en fit rien, se consacrant plutôt à cet onglet bien précis.
D'où vient ma vie ? Certainement
Pas du ciel
Il hésita encore, décida pour changer d'abuser du surlignement pour mettre en valeur tous les liens de la page, se baladant virtuellement de bas en haut, comme quelqu'un ferait des allers-et-venues devant une porte lui paraissant infranchissable.
Lui raconter mon enfance
Son absence
Tous les jours
Absence. D'un clic de souris, il cessa son petit manège. Ce mot chantonné à son oreille avec une sorte de mélancolie impeccablement feinte finit pas accaparer son attention.
Comment briser le silence
Qui l'entoure ?
Lui qui avait baissé le volume pour éviter de se faire surprendre l'éleva de quelques clics fébriles. En profitant pour rapidement jeter un œil au titre de la chanson, il revint à son onglet et, poussé par la musique, cliqua sur le lien tant redouté.
Aussi vrai que de loin je lui parle
La page Facebook mit un temps à charger, son contenu se dévoilant lentement aux yeux du Présentateur qui, une fois sa surprise passée, ne put empêcher ses lèvres de s'étirer en un grand sourire ravi.
Des messages, des vidéos, des photos,... il ne savait plus même où donner de la tête.
J'apprends tout seul à faire mes armes
Il se sentit si petit, face à ce témoignage de l'existence de son créateur. Hésitant entre plusieurs chemins, couvant presque religieusement du regard tout ce qui se trouvait numériquement à sa portée, il opta pour le dossier "Photos" tandis que la musique résonnait en lui tel un écho au goût familier. La transcription parfaite de ses sentiments d'ordinaire si confus.
Aussi vrai qu'j'arrête pas d'y penser
Si seulement
je pouvais lui manquer
Des visages. Plein de visages. Certains ravivant quelques vagues résidus de souvenirs, d'autre tout à fait inconnus. Et parmi eux, celui omniprésent de son créateur. Clics droit après clics droit, il en repéra les images pour les entasser en des dizaines d'onglets. Sa frénésie passée, il les examina.
Une par une.
Avec tristesse et fascination.
Est ce qu'il va me faire un signe ?
Il semblait si loin et pourtant il ne pouvait nier que son héritage était bien arrivé jusqu'à lui. Un oeil sur son reflet dans l'écran, l'autre sur une photo qui paraissait assez récente... Oui, seuls leurs cheveux pouvaient vraiment permettre de les distinguer.
Si proche, quelques kilomètres, quelques mèches de cheveux. Et pourtant l'absence, rien que l'absence. Depuis le début.
Manquer d'amour n'est pas un crime
Et près de lui lors de ces instants immortalisés, d'autres. Quelquefois des fans, souvent des personnalités telles que lui. Même visages, costumes uniques, ces doubles avaient l'air si heureux. Rien ne faisait naturellement d'eux les privilégiés qu'ils étaient à ses yeux. Ceux qui avaient eu tout: l'épanouissement, la reconnaissance, l'amour,... Ceux qui l'avaient eu, lui.
J'ai qu'une prière à lui adresser
Si seulement
Un poids sembla lui tomber dans l'estomac alors qu'il fit défiler l'ensemble de l'album. Des photos, parfois individuelles, de chacune de ses personnalités. Même du Prof de Philo. Même de celui qui l'avait quitté et renié.
Et rien sur lui. Rien. Du tout. Comme s'il n'existait pas.
Je pouvais lui manquer
Un vide. Dans sa tête et dans son cœur. Comme s'il s'était fait écraser par un piano. Pourquoi pas celui qui, à peine effacé par le reste des instruments, reprenait de plus belle.
Je vous dirais simplement
Qu'à part ça
Tout va bien
Réprimant une larme du bout d'un doigt, il reprit son exploration de l'antre virtuelle, s'attaquant cette fois aux messages en parsèment çà et là le mur.
Kriss. Son créateur. C'était bien chez lui la seule motivation à la moindre recherche. Jamais rien d'autre n'avait su mobiliser à ce point son attention. Jamais aucune autre chose ne lui avait fait défaut à ce point.
A part d'un père je ne manque
De rien
Tolérance, humilité,... Il remarqua tant de bonnes choses derrières les mots qu'il lisait ! En comparaison, lui-même ne lui sembla pas très respectable. Un véritable modèle, c'était ainsi qu'il percevait soudainement Kriss. Un exemple de vie. Quelque chose qu'il n'avait pas au quotidien. Dont il aurait bien besoin, au quotidien.
Je vis dans un autre monde
Des bribes d'un passé auquel il était inconnu et qu'il ne connaissait non plus lui apparurent. Il le regrettait, il lui manquait alors même qu'il était révolu.
Lui avait dû faire sans passé, jeté dans un monde qui n'était pas à sa taille sans préparation, sans avertissement. Sans mêmes de beaux souvenirs.
Je m'accroche
Tous les jours
Quelques clics de souris, des mots encore entassés, son curseur qui descendait toujours plus bas, toujours plus loin. Rien sur lui. Rien.
Lui qui d'ordinaire souffrait de ne pouvoir être avec ceux qu'il aimait apprenait qu'il était ignoré. Peut-être même oublié ? Non. Il refusait de l'admettre.
Je briserai le silence
Qui m'entoure
"Tant pis", se résolu-t-il difficilement en examinant des vignettes de vidéos. Tant pis s'il n'avait pas droit à la déclaration d'amour et de bienveillance dont il rêvait. L'important était de le découvrir, de le comprendre. Connaître l'homme qui lui avait donné l'existence. Comprendre d'où il venait.
Aussi vrai que de loin je lui parle
Il souriait, faisait la moue, réagissait à tout, visionnait parfois quelques secondes de vidéos sans le son. Pour pouvoir profiter encore de la musique.
J'apprends tout seul à faire mes armes
"Un incident de fin de tournage en fait un épisode un peu spécial…"
... C'était lui, "l'incident de tournage" ?
Il retint une nouvelle larme, mais sa vision se brouilla.
Aussi vrai qu'j'arrête pas d'y penser
Si seulement
je pouvais lui manquer
Une larme coula malgré ses efforts, suivit de d'autres. Ecartant d'un faible coup de pied la chaise de l'ordinateur, il se recroquevilla un peu, toute l'émotion qu'il avait pu contenir lui tombant dessus sans crier gare.
Est ce qu'il va me faire un signe ?
Des mois qu'il existait, des mois qu'il attendait. Un message. Une demande de présentation. Une demande de nouvelles. Une demande de rencontre. Une preuve de considération.
Et il voulait que cela vienne de lui. D'un parent inquiet.
Manquer d'un père n'est pas un crime
Il se sentait si fragile... comme un enfant. Un enfant abandonné.
Il aurait voulu jeter ses bras autour d'un cou et s'y agripper de toutes ses forces, mais l'affection était bien tout ce qu'on lui interdisait au quotidien.
Lécher les bottes. Sourire bêtement. Fermer sa gueule.
J'ai qu'une prière à lui adresser
Si seulement je pouvais lui manquer
Mue d'une volonté qu'il ne se serait jamais cru, il retira son oreillette, laissant la musique tourner, et planta là l'ordinateur affichant toujours la page Facebook et quelques onglets.
Il eut juste le temps de tirer un mouchoir de la boîte en carton posée sur le bureau et sortit de la salle de classe, croisant sans vraiment s'en rendre compte le Prof de Philo se dirigeant dans le sens inverse.
Pourtant, le cri l'apostrophant dans son dos avait dû faire frémir l'école entière.
Il l'ignora, ses pieds le guidant tandis que le papier mouillé de ses larmes finissait dans une corbeille du couloir.
Il sortit du bâtiment, prit aussitôt un chemin qu'il ne se sentait d'ordinaire pas l'audace d'emprunter.
Il imagina brièvement le Prof de Philo pénétrer dans la salle de classe et, outré, piquer une colère en remarquant leur créateur prendre autant de place sur leur seul écran. Un sujet tabou, un sujet presque indécent.
Mais lui s'en moquait bien, à présent. Il lui fallait être au courant un jour de son mal-être, qu'importent les risques. Comprendre qu'il ne lui suffisait pas.
Peut-être même, si le Prof gardait son sang-froid, débrancherait-il par curiosité l'oreillette, libérant ainsi les dernières notes de piano...
Ne prenant pas même la peine de se faire discret, il envoya valser le gravier de ses chaussures brillantes et enfin finit par poser une main contre le portail de métal froid. Immense, comme un obstacle infranchissable.
Est ce qu'il va me faire un signe ?
Il scruta tout ce qui était à portée de ses yeux, le premier mouvement autre que le frisson des arbres promettant d'emballer son cœur. Mais rien. Pas un geste. Pas un bruit.
Manquer d'un père n'est pas un crime
Rien pour lui. Jamais.
Un goût amer se rependit dans sa bouche.
Lentement, ses doigts se faufilèrent dans son col de chemise et dénouèrent sa cravate. La bande de tissus noire faillit tomber au sol mais il l'a rattrapa de justesse.
J'ai qu'une prière à lui adresser
Elle était impeccable. Toujours propre, toujours parfaitement nouée. C'était ce qu'il devait préférer dans son costume. Ce qui le représentait le mieux.
Lécher les bottes. Sourire bêtement. Fermer sa gueule.
Avec un petit reniflement, il lui porta un dernier regard avant de précautionneusement la glisser dans l'interstice de la boîte aux lettres.
Si seulement
Sans se donner le temps de regretter son geste, il souhaita seulement qu'il se rappelle avant de faire demi-tour, avant de s'éloigner pour de bon, de s'effacer pour de bon.
Ses doigts arrangèrent fébrilement son col, protégeant son cou mis à nu.
Il devait rentrer vite, le Prof cherchait probablement une explication à son comportement.
C'était le prix de sa dernière chance. De son dernier mot avant de fermer sa gueule pour de bon. De sa cravate à la boîte aux lettres, de sa bouteille à la mer.
je pouvais lui manquer
