Disclaimer : Les personnages appartiennent à la fabuleuse J.K Rowling, sauf mes OC - que vous reconnaitrez.
NDA : Ma première fanfiction Dramione - qui trotte dans ma tête depuis un bon bout de temps pourtant ! - et je ne la trouve pas si "formidable" que cela (il y a beaucoup de choses que je vais changer, c'est certain) mais je la poste tout de même pour avoir des avis externes ! Merci !
Chapitre I – L'identité.
Je posais mes pieds sur le carrelage froid, frissonnant. La maison était endormie, le soleil se levait à peine à l'horizon. Je quittais la chambre en jetant un dernier regard envieux à mon lit, avant de descendre les escaliers de marbre. Que c'était rassurant de savoir que ce matin, je pouvais être moi. C'était bien la seule raison du pourquoi je me levais tôt. Pour être Hermione Granger au moins quelques instants, avant que la maison ne se réveille, et que je sois engloutie par Astoria Greengrass.
Il faisait frais dans ce grand manoir, si grand que toutes les pièces ne pouvaient être chauffées simultanément, même par magie. Un soupçon de peur et d'hésitation me fit m'arrêter devant la porte du salon je devais le passer pour me rendre dans la cuisine. Trop de souvenirs, de mauvais souvenirs, se trouvaient là-dedans. Alors, comme chacun de ces matins qui n'appartenaient qu'à moi, je fermais les yeux et ouvris la porte. Au fur et à mesure des bleus et des blessures, j'avais fini par connaitre la ligne droite qui me mènerait à la cuisine par cœur, les yeux fermés. Si Malefoy me voyait, il se moquerait à coup sûr de moi…
Chassant l'image d'un Drago hilare et narquois de ma tête, je passais la porte de la cuisine, et la refermai rapidement derrière moi.
- Tu pourrais vaincre ta peur, Hermione. Tu en as le courage.
- Non, murmurais-je. Je ne suis pas comme ça. Le courage est parti pendant la guerre. Le courage est parti avec mes parents.
J'écrasais mentalement Astoria pour qu'elle se taise, et, d'un coup de cette baguette que je ne maitrisais que peu, je sortis une tasse et me servis en café. Si Malefoy voyait cela, il piquerait une crise. Une Sang-Pur buvant une boisson de moldu ? Le pauvre ferait une crise cardiaque. Je souris, un de ces sourires qu'Astoria m'avait appris. Un sourire d'hypocrite, de celle qui tentait de se convaincre que tout allait bien quand tout allait mal.
- Drago ne vient jamais ici, m'informa Astoria, il préfère la cuisine du haut.
- Je sais. Et sa mère aussi. C'est pour cela que je viens ici, même si je dois passer par le salon.
Astoria poussa un soupir mental – si c'était possible – qui me vrilla les oreilles. Un nouveau coup de baguette, et un croissant atterri à mes côtés. Alors que je mordais à toutes dents dedans, un bruit me fit sursauter, à l'affut. Etait-il réveillé… ? Non, non, je n'avais pas fait de bruit ce matin, il ne pouvait pas être réveillé, pas maintenant. Mon désespoir s'envola lorsque l'Elfe de Maison passa la porte.
Il me scruta de ses grands yeux noirs avant de s'incliner, de prononcer un rapide et incompréhensible « Maitresse » et de quitter la pièce tout aussi vite qu'il était entré.
- Même L'Elfe te soupçonne. Se lever le matin, pour se rendre dans la cuisine des domestiques, ce n'…
- Ce n'est pas comme cela qu'agirait un Sang-Pur, je sais, la coupai-je, agacée par ses remontrances.
- Je ne voulais pas dire ça. Ce n'est pas prudent. Si Drago l'apprend…
Une nouvelle fois, j'ignorais ses paroles et me reconcentrais sur mon petit-déjeuner, et le matin. Dans quelques heures, la journée commencerait. Peut-être qu'avec un peu de chance j'aurais le temps d'aller voir Pansy… Mais si, comme le disait si bien Astoria, Malefoy doutait de quelque chose, ce serait fichu autant pour moi que pour elle.
Cela faisait bien deux semaines que j'étais coincée dans le corps d'Astoria Greengrass, fiancée de Drago Malefoy. Deux horribles et longues semaines, où j'avais dû supporter mon ennemi de toujours. Mais quelque part, ces jours passés avec lui m'avait permis d'oublier la douleur, de l'enfouir dans un coin de mon esprit… Le matin, je redevenais peut-être Hermione, mais ma souffrance et ma peine réapparaissaient elles-aussi. Dès l'instant où Drago ouvrait les yeux, je redevenais la sage Astoria Greengrass, qui n'a jamais eu à supporter la perte de proches, et la douleur disparaissait avec Hermione.
Comment en étais-je arrivé là ? Déjà cinq ans que la Grande Bataille avait eu lieu à Poudlard, cinq que tout était censé être finie. Et pourtant…
Flash-Back.
- Encore ce mal de tête, me demanda Ron.
- Toujours, répondis-je en grimaçant.
- Tu es sûre de vraiment vouloir y aller ?
Il me jeta un long regard triste et silencieux, un regard qui veut tout dire. Je comprenais son inquiétude. J'avais eu moi-même de nombreux moments d'hésitations avant la décision finale…
- Je le dois. C'étaient mes parents.
Il me prit la main, l'enserra dans la sienne. Ce contact rassurant fit fleurir un maigre sourire sur mon visage pâle, qui fana aussitôt. Je dormais peu, et de longs cernes noirs et violets creusaient mes yeux noisette. Je devais être en piteux état, avec mon teint de zombie, mes paupières gonflées par les larmes et mes cheveux en bataille. Pourtant, rien ne m'aurait empêché d'aller à l'enterrement de mes parents, pas même cette douleur qui oppressait mon cœur.
Nous transplanâmes et atterrirent discrètement derrière un arbre du cimetière. Des Moldus, proches et amis de mes parents, ainsi que des sorciers habillés en vêtements moldus, étaient déjà là, attroupés près de la tombe où leurs cercueils allaient bientôt être enfouis. Nous restâmes éloignés, observant le funèbre cortège qui arrivait, transportant les deux boites où ils allaient être enfermés pour le restant de l'éternité.
Une vague de claustrophobie me submergea, et je tombais à terre, rattrapé par Ron, le souffle coupé, un cri bloquant ma gorge.
- Respire fort, me conseilla-t-il en m'aidant à me relever.
Il essuya gentiment de sa manche les larmes qui coulaient sur mes joues, et planta un baiser sur mon front. Mon cœur se calma, ma respiration reprit son cours normal. Je remerciais intérieurement le roux, et lui murmurais que je voulais partir. Il hocha de la tête, et nous quittâmes le cimetière.
De retour au Terrier, Ron tenta de m'emmener à Ste Mangouste mais je m'y opposais farouchement.
- Les Médicomages n'ont jamais trouvé l'origine ou un quelconque remède à ces migraines, rappelais-je à mon petit ami. Y aller maintenant ne changera rien.
Il finit par accepter ma décision en bougonnant. La migraine qui avait planté sa graine dans ma tête le matin-même finit par s'en aller, laissant un léger bourdonnement dans mon oreille.
Je ne me souvenais pas bien du reste, à part de ma joue qui touchais le sol de la salle à manger du Terrier, des cris de Ginny et de Ron quand ils me découvrirent évanouie, alertés par le bruit qu'avait fait mon corps en percutant le parquet.
Je me réveillais à Ste Mangouste avec l'impression qu'on m'avait fait avaler des calmants pour éléphant. Mes membres étaient engourdies, je ne pouvais donc plus les bouger, si bien que lorsqu'une infirmière m'annonça que mon fiancé arrivait, je ne pus lui répondre que je n'avais pas de fiancé, mes lèvres refusant de s'ouvrir.
Quand, une demi-heure plus tard, j'arrivais à me lever, mes pensées étaient occupées par Ron et Ginny – mais où étaient-ils ? Sentant la nausée arriver, je me précipitais sur le lavabo, m'éclaboussant mon visage brulant d'eau glacé. Je relevais la tête vers le miroir, et quelqu'un hurla. Il fallut que trois infirmières arrivent pour que je comprenne que c'était moi qui criait, et que c'était bien mon reflet dans le miroir, et non un quelconque tour joué par quelqu'un.
Frémissante d'horreur, elles me remirent dans le lit, me demandant d'attendre mon fiancé qui ne devait pas tarder. Je ne les écoutais pas, repoussant les couvertures dès qu'elles eurent disparues, et me précipitant dans le couloir. Dans le miroir, j'avais vu une jeune fille, l'opposé de celle que j'étais. Des cheveux lisses, bruns foncés avec des reflets roux, presque rouges. Une bouche pleine et des dents blanches, parfaitement agencées.
Dans le fond du couloir, enfin, je l'aperçue. Cette autre personne, celle qui m'avait volé mon corps ! Me voir là-bas alors que j'étais ici me fit me demander si je n'étais pas devenue folle, mais j'avançais résolument vers l'autre, vers mon clone, quand je percutais quelqu'un de plein fouet.
- Bon sang Greengrass ! Tu n'aurais pas pu rester dans ta chambre ? Ou peut-être que tu étais pressée de me revoir… ironisa l'homme.
Je clignais des yeux, un peu éberluée et perdue par tout ce qui déroulait autour de moi et que je n'arrivais pas à suivre. Je lançais un regard au fond du couloir – l'autre moi avait disparue.
Alors que j'allais me lancer à sa poursuite, quelqu'un m'attrapa le bras. Encore lui ! Je lui jetais un œil furieux avant de le reconnaitre : Drago Malefoy. Mais que me voulait-il encore… ?
- Tu m'as l'air mal Greengrass, tu ferais mieux de retourner dans ton lit.
- De quel droit me donnes-tu des ordres Malefoy ?
Je me débattis et réussis à le faire lâcher, avant de courir vers là où je l'avais aperçue. Je pris le tournant à droite, continuant de courir, le cœur battant à tout rompre je savais que quelque chose m'attendait dans cette direction. Et effectivement, j'eus raison.
Ron Weasley et sa petite sœur, Ginny, de surcroit ma meilleure amie, attendaient là, parlant avec un Médicomage qui finit par s'en aller. Ils avaient l'air inquiet, et lançaient de fréquents coups d'œil à la porte derrière eux. Je m'élançais vers mes amis, oubliant bien plus d'un instant que je n'étais plus Hermione Granger.
- Ron ! Ginny ! M'écriais-je.
Ginny fronça les sourcils alors que Ron m'adressait un regard critique. J'étais au bord des larmes, terrorisée par ce qu'il m'arrivait.
- C'est moi ! Hermione ! Leur dis-je.
Le visage de Ron s'assombrit, tandis qu'il serrait le poing. Ce jour-là, je découvris que l'être que je croyais toujours attentionné avait aussi sa part d'ombre.
- Qui es-tu pour parler d'Hermione ! Me vociféra-t-il au visage.
- Ron, calme-toi, lui dit Ginny en le retenant par le coude. Et toi (elle me désigna du menton) va-t'en. Ne te fais pas passer pour qui tu n'es pas.
- Mais j…
Drago arriva derrière moi, m'attrapa par la taille, s'excusa auprès des Weasley, et sans me laisser le temps d'expliquer ce qu'il se passait à mes amis, il m'éloigna d'eux.
- Greengrass, refais ce que tu as fait encore une fois, et crois-moi, ça va mal se passer.
Au ton méprisant et menaçant de sa voix, je compris qu'il était sérieux.
- Par Merlin, mais qu'est-ce que tu me veux ! M'écriais-je. Tu vas faire quoi, me tuer peut-être ? Lâche-moi !
Mes hurlements attiraient l'attention des infirmiers, Médicomages et patients mais je n'en avais cure. Drago Malefoy était une nouvelle fois responsable de mon malheur. Les larmes dévalaient mes joues, et il s'arrêta pour me fixer. Ses yeux gris plongèrent dans les miens, cherchant une trace de raillerie sans doute. Mais il n'y trouva rien.
- Ils avaient raison. Souffla-t-il. Amnésie partielle. Tu ne te souviens même plus de moi.
- Bien sûr que si, je me souviens de toi, Drago Malefoy ! Comment aurais-je pu oublier celui qui…
- STOP ! Hurla alors une voix.
Malefoy, se désintéressant de moi, me traina jusqu'à ma chambre et m'y enferma à clef. J'eus beau frapper contre le battant de la porte de toutes mes forces, personne ne vint m'ouvrir.
- Tu allais révéler ton identité à Drago, idiote ! Qu'aurais-tu fais si je n'avais pas été là pour t'en empêcher !
Je stoppais mes poings et m'appuyais dos contre la porte, inspectant la chambre. Personne. A part moi, cette pièce était vide.
- Je ne comprends rien à ce que vous dites. Où êtes-vous ? Qui êtes-vous ?
- Je suis dans ta tête ! Enfin, dans la mienne plutôt. Mais tu es arrivée, et maintenant, je suis coincée. Je m'appelle Astoria Greengrass, et tu es dans mon corps.
- Est-ce vous qui m'avez fait cela ? Est-ce vous qui m'avez joué ce tour ? S'il vous plait, remettez-moi dans mon corps. Je n'en peux plus…
J'éclatais en sanglot, réduisant ainsi au silence la petite voix. J'en étais désormais sûre : je devenais folle. La douleur d'avoir perdue mes parents m'avait assommée, m'avait réduit à l'état de légume qui croit être dans un autre corps. Ce n'était pas possible autrement. Oui, Ginny et Ron étaient dehors, derrière cette porte, inquiets pour moi. Si seulement j'avais écouté Ron… Si seulement j'avais accepté d'aller à Ste Mangouste au lieu de n'en faire qu'à ma tête !
- Tu n'es pas folle, dit enfin la voix. Tu ne m'as pas inventé, j'existe vraiment. Je suis Astoria Greengrass, fiancée de Drago Malefoy, le blond qui attend dehors.
- Va-t'en ! Hurlais-je à ma folie en me repliant sur moi-même. Tais-toi, tais-toi, tais-toi !
Il se passa des heures avant que je ne reprenne mes esprits. Il faisait nuit, j'arrivais à voir la lune depuis ma petite fenêtre. Je me sentais sereine, apaisée. Plus aucun bruit, plus aucune pensée.
- Astoria ? Finis-je par demander.
Il me fallait savoir. Etais-je véritablement folle, comme je n'avais cessé de le penser, ou tout cela était vraiment arrivé ?
- Oui ? répondit-elle. Es-tu enfin prête à m'écouter ?
- Je le suis, chuchotais-je.
Astoria m'expliqua de nombreuses choses, bien qu'elle ne sache pas plus de choses que moi sur ce qu'il nous arrivait. Elle me raconta une partie de sa vie, et me dit comment réagir quand Drago reviendrait. Elle me fit promettre de ne pas divulguer mon identité, à quiconque, et j'acceptais machinalement.
- Astoria… Si je suis dans ton corps, et que tu es avec moi, alors qui est dans le mien… ?
- Je n'en sais rien, avoua-t-elle. C'est ce que tu dois découvrir.
Je refoulais ma nausée en fermant les yeux. Je ne me sentis même pas sombrer dans un profond sommeil agité par des cauchemars. Le lendemain, quand je me réveillais, les rayons du soleil traversaient la fenêtre pour arriver sur mon visage. J'étais encore plus fatiguée que la veille, malgré ces heures de sommeil. Quand je me tournais pour descendre du lit, je me retrouvais face à face avec Drago Malefoy, assis sur un fauteuil, qui me regardait d'un air étrangement satisfait.
- On est réveillé, Greengrass ? Tu as fini ta petite crise de paranoïa ?
Une remarque acerbe me brulait les lèvres, mais Astoria ne m'avait pas fait que promettre de garder ma véritable identité pour moi. Elle m'avait fait comprendre que je ne devais surtout pas contrarier Malefoy. Même si toutes les cellules de mon corps me le demandaient. J'acquiesçais donc de la tête, évitant ses yeux gris scrutateurs. Moins je parlerais, moins il comprendrait que je n'étais pas Astoria Greengrass.
- Les Médicomages veulent te garder encore un jour, dit-il en se levant. Alors pas de bêtises, compris ? (J'avais l'étrange sentiment qu'il me parlait comme on parle à un enfant, mais j'hochais tout de même de la tête). Je suis dans les parages, mais viens ne me déranger qu'en extrême urgence.
A l'intérieur de moi, Astoria sembla confuse, et je me retenais de lui demander pourquoi. Drago quitta la pièce, et je sautais sur l'occasion
- Qu'y-a-t-il ?
- Drago ne resterait pas dans l'hôpital pour moi, Hermione. Il me déteste autant que je le déteste. Non, il y a une autre raison…
- Peut-être est-il malade, me réjouis-je, mais Astoria balaya l'hypothèse de sa main invisible.
- Non, je ne pense pas. Tu n'as pas du t'en apercevoir, car tu ne le connais pas, mais il avait l'air mal… Il est plutôt fort pour cacher ce genre de sentiment. Quelque chose a dû se passer pendant mon absence…
Je haussais les épaules, repassant en vue le visage de Drago dans ma tête. A part ses cernes gris violacées, et son épouvantable teint de cadavre, Drago Malefoy était le même. Astoria était inquiète, et son inquiétude finit par me contaminer.
- Ecoute, murmurais-je, je crois savoir où est mon corps, s'il est encore ici. Ron et Ginny… (Je marquais un temps d'hésitation, la gorge bloquée par la peine, avant de reprendre) …étaient devant une porte, la porte d'une chambre. Je pense que mon corps se trouve là-bas.
- Alors, allons-y. Dit Astoria, d'une voix fatiguée. Mais essaye de ne pas faire l'hystérique, ne te fais pas remarquer.
Je levais les yeux au ciel en soupirant, et sortit silencieusement dans le couloir. A ma plus grande joie, les infirmiers et Drago n'avaient pas pensé à m'enfermer dans la chambre.
Plus j'approchais de mon but, plus je sentais le froid m'envahir. « J'ai peur. Peur de me retrouver devant le fait accompli… Je ne suis plus Hermione Granger… ». Astoria ne fit pas de commentaire sur mes pensées, et me conseilla d'avancer plus rapidement, au cas où Malefoy décidait de revenir sur ses pas, ou qu'un des infirmiers d'hier me voit.
Je tournais à droite, avançais tout droit, incertaine face aux nombreuses portes du couloir. Puis, d'une main tremblante, je me saisissais de la poignée de l'une d'entre elle.
- J'espère que tu ne te trompes pas, me fit Astoria.
- Merci de me rassurer… marmonnais-je entre mes dents.
J'ouvris la porte d'un mouvement brusque, et me réfugiais à l'intérieur de la pièce, claquant l'ouverture derrière moi, mon cœur battant à tout rompre. Une masse informe était couchée dans le lit, sous les couvertures. Elle se soulevait au rythme d'une respiration lente – la personne dormait. Je m'approchais en tachant de ne pas faire de bruit, et soulevait lentement le drap. Ma discrétion n'était sans doute pas au point car l'autre moi – c'était bien lui – se réveilla et se mit à hurler. Je plaquais une main sur sa bouche, dans un geste instinctif.
- Par Merlin tais-toi !
Mon sang se glaça en voyant mes yeux noisette embués de larmes me toiser avec méfiance et angoisse. Voilà de quoi j'avais l'air à travers les yeux d'une autre personne.
Délicatement, je retirais ma main de la bouche de l'autre moi, qui balbutia un mot inaudible. Je lui faisais signe de répéter.
- Astoria… ?
Je restais un petit instant stupéfaite avant de me reprendre.
- Non, Hermione Granger, dis-je d'un ton ironique, rompant ainsi la promesse que j'avais fait à Astoria (mais pour une bonne cause). Qui es-tu ? Pourquoi es-tu dans mon corps ?
Une lueur de colère traversa ses yeux.
- Je suis Pansy Parkinson (l'autre moi se rengorgea et arbora un sourire fier, qui fondit presque aussitôt). Et je n'ai aucune idée de pourquoi je suis dans ton fichu corps !
- Pansy ! S'écria Astoria dans ma tête, si fort que j'eus l'impression qu'on venait de me frapper le crâne avec un marteau.
- Vous vous connaissez ? M'étonnais-je, quand le choc de son cri fut passé.
- Nous sommes amies. M'expliqua Astoria.
- Je pourrais savoir à qui tu parles ? Dit Pansy en se raclant la gorge.
« Est-ce que je dois lui dire… ? » demandais-je intérieurement à Astoria. Elle confirma mentalement, et je me tournais vers les yeux chocolat de l'autre moi, qui attendais patiemment sa réponse.
- Je parle à … Astoria. Elle est avec moi, dans ma tête. Et je ne suis pas folle.
Pansy digéra la réponse, avant de me répondre :
- Je te crois, tu sais. Après tout, nous sommes bien dans un corps qui n'est pas le nôtre…
Dis comme cela, notre situation me paraissait encore plus bizarre. Soudain, la porte s'ouvrit brutalement, amenant la lumière dans la pièce sombre. Eblouie par cette clarté nouvelle je baissais la tête.
- Mais qu'est-ce qu'elle fait là, celle-là ! Rugit une voix familière.
On me saisit violemment par le bras, et je tentais vainement de résister.
- Arrête Ron ! Tu vas lui faire mal ! S'exclama Ginny.
- Sortez d'ici, m'ordonna un Médicomage d'un ton sévère. Vous n'avez rien à faire dans cette chambre. Où est votre mari ?
- Je ne suis pas mariée, protestais-je, alors que Ron me lâchait enfin le bras.
- C'est la démente qui se faisait passer pour Hermione. Dit le roux au Médicomage, comme si je n'existais pas.
- Elle n'est pas folle ! Et c'est mon amie, alors laissez la tranquille ! S'écria Pansy au-dessus de toutes les voix.
Je la remerciais intérieurement et fusillais Ron du regard.
- Tu devrais te recoucher, Mione. Lui demanda celui-ci d'un ton doux, avant de se retourner vers moi, et de déclarer bien plus méchamment : et vous, Mrs Malefoy (il insista bien sur le nom), sortez.
J'obéissais, le bousculant au passage, les yeux désolés de Pansy me suivant du regard. Elle, comme moi, avait peur de se retrouver seule dans cette situation intenable. De plus, elle ne connaissait rien de ma vie, ni de mon caractère. Elle était tout simplement perdue, bien plus que je ne l'étais, car j'avais la chance d'avoir Astoria. « Ronald Billius Weasley, tu n'es qu'un idiot ! » m'énervais-je.
- Je vous ramène à votre chambre. Proposa le Médicomage.
Je le suivis de mauvaise grâce, passant devant Ginny qui croisait les bras en me jetant un œil désapprobateur et critique. Ils me haïssaient déjà, sans même savoir qui j'étais vraiment.
Fin du flash-back.
Voilà comment tout avait commencé, ma rencontre avec les trois Serpentard, ma « nouvelle vie » en tant qu'Astoria.
- On ne sait toujours pas qui est dans le corps de Pansy, me rappela Astoria.
- Je sais. Mais ne t'inquiète pas, je t'assure que nous allons bientôt le découvrir…
