Hello les filles
Un peu de lecture en plus, un "vieil" OS figurant sur un concours... IL donnera surement sur une mini suite en cas d'appétit
NB : Les organisatrices du concours sont au courant de ma "publi" anticipée...
Disclaimer : Les personnages de Twilight appartiennent à Stephanie Meyer, l'idée du « dérapage en Cuisine » à l'équipe de Delicious Contest, il ne me reste que mon imagination et l'aide de ma beta, Chrys, pour vous faire saliver. Bonne lecture.
-LDC-
Recette 1 : Des pancakes au goût de souvenirs (Mise en bouche)
Ben Howard « I forget where we were »
«La gourmandise est l'apanage exclusif de l'homme. »Briat Savarin
La porte d'entrée était semblable à la mienne. Blanche ornée de quelques vitraux colorés en forme d'étoile. Rien ne justifiait que je la contemple ainsi depuis au moins cinq minutes. Rien sauf…un truc très bête comme la trouille. La trouille, le trac, la gêne, l'embarras ou tout autre synonyme.
Pourtant Edward Cullen n'était pas spécialement connu pour être facilement gêné.Mon assistante et le staff du cabinet d'avocats que je dirigeais depuis trois ans avec Jasper, mon ami et associé, seraient scotchés de me voir ainsi, hésitant. À vrai dire, il n'y avait qu'elle qui avait le pouvoir de me rendre aussi gauche. Et ce, depuis longtemps.
Merci Emmett !
Bon… Courage ! Elle ne va pas te bouffer ! Au pire, elle te dira « non », en remuant joliment la tête et tu ne trouveras rien à redire.
Je remis ma cravate en place, vérifiai encore une fois que ma tenue était impeccable. Costume bleu nuit, chemise blanche et cravate assortie. Je ne dirai rien de mes chaussettes mais mes chaussures de ville étaient impeccablement cirées. Élégant mais sobre, comme toujours Edward Cullen ! Un avocat fleurant bon le succès et le sérieux. Plus grand-chose à voir avec l'enfant timide, l'ado maigrichon, puis le jeune homme angoissé qu'elle avait connu.
Je me pris à rire de ma bêtise, comme si cela allait changer quelque chose pour Bella. Elle m'avait vu en bermuda, en jean déchiré et blouson de cuir. Nous nous étions quasiment connus en couche-culotte.
Bon, j'exagérai sûrement un peu. Elle était arrivée à Seattle avec ses parents alors qu'elle avait 6 ans. Mon grand âge, un an de plus qu'elle, m'avait permis de devenir le mentor de cette jolie petite fille aux grands yeux chocolat, un peu perdue dans cette nouvelle école. J'avais pris mon rôle très au sérieux, voulant la défendre, entre autres, contre les méchancetés de mon idiot de frère Emmett, qui avait tiré ses longues nattes brunes dès le premier jour. Mais elle lui avait décoché un méchant coup de pied avant que je ne puisse même agir. Pourquoi cet ancien souvenir me revenait aujourd'hui ? Est-ce parce que j'avais été embarrassé ce jour-là aussi ?
Mon vieux tu vas te dépêcher d'entrer ou alors tu vas prendre racine ou pire encore, elle va ouvrir la porte et te trouver sur ton perron. Planté comme un imbécile.
Déjà, je sentais sur moi le regard soupçonneux d'un type en dossard fluo, armé d'une tronçonneuse. C'était un employé municipal, chargé de défigurer les beaux platanes de notre rue et depuis que j'étais debout devant le perron de Bella, il me surveillait en passant et repassant dans la rue. Il m'agaçait. Je me retournai et lui lançai un regard glacial en l'interpellant.
- Bonjour ! Il y a un problème Monsieur ?
Je ne nourrissais aucune mauvaise intention (enfin presque) contre ma voisine et ne méritais pas d'être regardé par quiconque comme un Anthony Hopkins en puissance, même si j'avais parfois eu quelques envies envers Bella, elles n'étaient nullement celles d'un anthropophage.
- Euh non. Bonne journée.
Le type avait compris le message et démarra son pick-up kaki qui partit en dérapant sur le gravier. Bon débarras.
Allez Cullen, retour à l'essentiel !
-LdC-
Je frappai deux coups brefs, suivis d'un coup plus fort. Notre vieux code, puis je rentrai, sans attendre de réponse, dans la grande pièce accueillante qui servait à la fois d'entrée et de salon. Nos maisons étaient voisines et avaient le même plan.
- Edward ? C'est toi ? cria Bella depuis la salle de bains.
- Bien deviné, jolie voisine !
-Sers-toi un café, voisin. Tes capsules d'expresso préférées sont dans le premier tiroir, juste sous la cafetière.J'arrive dans deux minutes.
Elle avait mon café préféré ? Je tiquai un peu, cela ne faisait que trois semaines qu'elle était de retour d'Europe après quatre ans d'absence. Je cherchai une seconde à l'endroit indiqué. Parfait. Je démarrai la machine préparant mon café corsé dans une petite tasse puis le capuccino de Bella dans son grand mug avec le drapeau anglais, que je trouvai à coté de l'évier. Depuis l'adolescence, elle prenait ce truc affreusement sirupeux au petit déjeuner, s'attirant les moqueries de Jasper et Emmett. Comme moi, ils ne débutaient jamais la journée sans leur dose de caféine concentrée. Curieux, je fouillai dans le tiroir sans trouver les capsules préférées des deux autres, j'en tirai une satisfaction égoïste. D'accord, ils n'étaient pas voisins et ne squattaient pas comme moi chez Bella à l'heure du petit déjeuner.
Je m'assis sur un des hauts tabourets recouverts de tissu indien qui entouraient le comptoir en attendant Bella. Jetant un coup d'œil autour de moi, je notai encore un nouveau tableau sur le mur. Ce salon était lumineux, il n'y avait pas d'autres mots pour le décrire, et cela n'avait rien à voir avec la quantité de soleil pénétrant dans la pièce. Bella et moi avions des maisons identiques. Mais mon salon était froid, moderne, inintéressant et impersonnel. C'était du moins ce que j'en pensais. Je ne passais que très peu de temps chez moi. Ma maison était mon bureau.
Bella avait emménagé il y a trois semaines, mais déjà son salon vivait. Elle avait disposé ici et là des objets de son quotidien, de son enfance. Je reconnus les chandelles décorées que nous avions faites pour la fête des mères à l'école primaire. Jasper et moi lui avions offert la nôtre. Jasper, car il n'avait pas de mère et moi...parce que je voulais lui faire un cadeau un peu plus beau que les fleurs de pissenlit que je lui cueillais fleurs de pissenlits ! Je me grattai la nuque, pas de quoi en être fier. J'étais bien un drôle de gosse à 7 ans. Mais elle avait toujours aimé les choses colorées et le jaune en particulier. Et j'aimais lui faire plaisir.
D'ailleurs, un plaid aux couleurs éclatantes recouvrait un vieux canapé, cachant à demi les poils que Jake, son chien, avait laissés sur son oreiller préféré. Lui et moi n'étions encore pas très copains. Elle venait de le recueillir à la SPA de Seattle, sur mes recommandations et celles de Jasper. Nous ne voulions pas qu'elle soit seule chez elle le soir, et je devais avouer une certaine jalousie, à savoir, qu'il était maintenant son protecteur. D'ailleurs je me demandai où était passé ce drôle de berger allemand. Sa taille ne lui permettait pas de passer inaperçu. Habituellement, il saluait mon arrivée par un jappement méprisant avant de se recoucher, indifférent à ma présence, sur son oreiller fétiche.
Il devait sûrement être encore dans le jardin arrière à chasser les sauterelles, ses proies préférées. Il était ridicule de voir ce gigantesque animal sauter en l'air et faire claquer, en vain la plupart du temps, ses grandes mâchoires sur un minuscule insecte. Mais je ne m'aventurerai jamais à exprimer mes pensées à voix haute devant Bella...ou devant mon frère qui se servirait ensuite de mes paroles contre moi, me privant de toutes mes chances.
Au diable ce grand chien !
Bella tardait en chantonnant sous la douche « I forget where we were »*, un tube d'un de ses chanteurs favoris. Je préférai me concentrer sur la décoration du salon que sur certaines images mentales qui me venaient beaucoup trop aisément : Bella sous la douche, Bella se savonnant, Bella fermant les yeux sous le jet d'eau tiède qui glissait sur sa peau nue.
Je me mis à tourner en rond, curieux de chaque détail de la vie de mon amie d'enfance.
Les murs avait été repeints dans un curieux jaune, pourtant du meilleur effet. Un livre avait négligemment été abandonné sur une table basse ornée de faïence bleue. Je regardai la couverture... Une histoire d'écossais encore... Bella et son amour du passé qui l'avait conduite loin de nous, dans la vieille Europe. La tasse à la main, je continuai à flâner dans la pièce. Des tableaux accrochés aux murs et d'autres posés sur le sol,en attente, apportaient à la pièce l'étincelle de vie qui manquait chez moi. Je saisis le plus proche. Une sanguine de petit format. C'était une étude apparemment qu'elle venait de réaliser. Bella était vraiment talentueuse. Le croquis orangé représentait deux mains liées. Deux mains étonnantes de reliefs et de vie qui se frôlaient. Se rapprochaient-elles l'une de l'autre ou au contraire, est-ce des vies qui s'éloignaient ? Difficile de trancher. Comme toujours le don de Bella me rendait totalement admiratif. Sa future galerie aurait du succès très rapidement, j'en étais certain.
- Bonjour Edward !
Bella arriva vers moi, précédée de son parfum de rose et d'une senteur sucrée comme lemiel. Rien à voir avec un déodorant bon marché ou n'importe quel autre produit d'hygiène. C'était...Bella.
Je la regardai, et une faim curieuse se réveilla en moi. Je reposai sur une petite table, le tableau et attrapai mon amie par les épaules, lui déposant un baiser sur le front, aspirant une minuscule goutte qui perlait sur sa peau. Elle sortait de la douche et ne portait qu'un immense peignoir bleu sombre qui me fit froncer les sourcils.
- Tu reçois tous tes invités dans cette tenue ?
- Non idiot ! Pas tous. Je savais que c'était toi.
Elle se dégagea de mon étreinte sur un sourire et je reconnus dans son dos, le logo de mon équipe étudiante de base-ball.
- Donc, si j'ai bien compris, il n'y a qu'avec moi que tu sors de douche en peignoir ?
Elle se retourna vers moi, étonnée de mon ton taquin et rougit.
- Non, je... je veux dire que... Pff, je savais que c'était toi et que je pouvais sortir ainsi. Ça te gène ?
-Pas du tout.
Et ce n'était rien de le dire, elle était adorable ainsi.C'était intime. Surtout si on considérait que c'était mon peignoir.
- Je l'avais perdu il y a longtemps celui-ci !
Bella saisit, en me remerciant, le mug que je lui tendais et en savoura doucement quelques gorgées, avant de sortir divers ingrédients sur l'ilot central à quelques mètres de moi.
- Quoi ? demanda-t-elle distraite.
- Mon peignoir.
- Ton peignoir ?
Semblant perdue une seconde, elle s'arrêta tenant deux œufs dans une main.
- Ah ! Oui, j'avais oublié. C'est Emmett qui me l'a prêté un jour pour me dépanner, il y a longtemps.
Je levai un sourcil. Devais-je demander pourquoi elle avait eu besoin d'un peignoir chez Emmett ?
- Il pleuvait un soir où j'ai rendu visite à vos parents, j'étais trempée et Emmett m'a sorti ça de ton placard sur les indications de ta mère, répondit-elle comme si j'avais posé la question.
Comme je ne disais rien, elle poursuivit en me regardant avec une lueur que je n'arrivai pas à interpréter.
-Tu veux le reprendre ?
Je réfléchis quelques secondes avant de laisser une réponse m'échapper.
- Là ? Tout de suite ? C'est une idée intéressante Bella, dis-je avec un demi-sourire.
Elle rougit une nouvelle fois violemment et laissa tomber un œuf qui se brisa sur le sol.
J'arrêtai alors de la taquiner et attrapai la serpillière pour nettoyer les dégâts.
-Tu as vu ce que tu me fais faire idiot !
- J'ai vu ! Et je nettoie pour réparer.
Elle haussa les épaules, faisant glisser un peu l'encolure qui découvrit son cou fin et pâle.
-Garde-le, il te va bien mieux qu'à moi,et depuis le temps, techniquement, il t'appartient, dis-je pour conclure l'incident.
- Merci. Tu as faim je suppose…
- Euh, tu supposes bien. Mais pourquoi est-ce que j'ai l'impression que tu t'imagines que je ne viens te voir que pour manger ?
- Pas exactement. Mais avoue que, quand nous étions ados, Emmett, Jazz et toi, vous mangiez souvent à la maison.
- Quand tu cuisinais oui ! Mais si c'était ton père…
Je souris à ce souvenir, sans ajouter que nous attendions que la voiture de son père disparaisse au coin de la rue pour frapper à la porte de notre amie.
Nous étions trois ados dotés d'appétit à la mesure de notre croissance et elle aurait pu nous faire avaler n'importe quoi tellement elle cuisinait divinement. Je me souvenais encore de son « poulpe aux patates douces », recette que je n'ai jamais goûtée ailleurs... et pour cause. Elle avait voulu ce jour-là, se moquer de nos fringales, mais n'avait pas réussi à rendre immangeable ce mélange improbable.
Nous étions tous les quatre inséparables, de la maternelle au lycée jusqu'à ce que je parte de l'autre coté du pays lorsque j'avais été admis à Harvard. Je n'étais rentré que six ans plus tard. Bella venait à son tour de partir en Europe à la fin de ses propres études. Globalement depuis une dizaine d'années, nous ne nous étions croisés qu'aux mariages d'Emmett et de Jasper et pour la naissance de la fille de Jasper, Chrys, dont nous étions les parrains.
Puis elle était revenue. Bella venait de louer la maison voisine de la mienne par hasard. Le jour de son emménagement, avait signé pour moi la fin de ma tranquillité. La voix de mon amie d'enfance me sortit de mes pensées.
- Je fais des pancakes. Ils seront prêts dans 5 mn. Tu as le temps d'en savourer quelques-uns avant d'aller au bureau.
Elle savait que je n'aimais pas arriver après mes collaborateurs. Pour moi, le chef d'une équipe devait montrer l'exemple à ses subalternes, j'étais intransigeant là-dessus. Je ne me fis pas prier plus longtemps et m'assis de nouveau sur le tabouret, m'accoudant au comptoir. J'aimais la regarder évoluer dans sa cuisine. Elle remonta une mèche de cheveux derrière son oreille et continua de battre la pâte des pancakes.
La petite poêle chauffait déjà, et avant que je ne dise quoique ce soit, une odeur délicieuse chatouillait mes narines. Ses gestes étaient précis et rapides. Bella, rarement adroite dans la vie quotidienne, devenait une virtuose dans une cuisine ou un pinceau à la main. La regarder cuisiner était une mise-en-bouche parfaite. La cuisson de simples pancakes par Bella Swan dans mon peignoir bleu, me faisait mourir de désir.
-Tu es un chef Bella ! articulai-je quelques minutes plus tard en achevant la dernière bouchée de mon pancake. Je léchai mon doigt enduit de confiture de myrtille, dégoulinant à plusieurs reprises, avant de surprendre le regard de Bella sur moi.
Elle ne répondit pas. Ses beaux yeux marron restaient fixés sur les miens.
- Qu'est ce qu'il y a ? J'ai taché ma chemise ? demandai-je en vérifiant surpris par son expression.
- Non, euh... Tu es impeccable. Superbe comme d'habitude,répondit-elle rougissant soudainement. Elle se mordilla les lèvres, signe de nervosité. Je passai en revue,durant quelques secondes, ce qui pouvait la troubler ainsi.
Pris d'un doute, je léchai à nouveau mon doigt en la fixant. Elle rougit un peu plus. Je souris à demi. Mon cœur battit un peu plus vite.
Touché miss Swan.
J'allais peut-être obtenir ce que je souhaitais, plus facilement que je ne le pensais.
- Oh ca va Cullen ! Mange tes crêpes et tais-toi, souffla-t-elle en comprenant mon manège.
- J'y peux rien, j'adore te taquiner ainsi avec tes pancakes. Ils me rappellent des souvenirs.
- Quels souvenirs ?
- Je dois te rafraîchir la mémoire ?
Je fis rapidement le tour du comptoir et me plaçai derrière elle, sans la toucher puis je murmurai à son oreille.
- Nous avions...13 ou 14 ans...Nous avions décidé de tenter une expérience.
- Je vois, dit-elle dans un souffle.
- Tu « vois »…hum moi aussi…très bien même. Comme nous étions très bons en sciences tous les deux, nous pensions avoir tout prévu pour cette « expérience ».
- Oui, nous étions très sûrs de nous, ce fut une sacrée première expérience, sourit-elle, s'appuyant légèrement contre moi en se penchant en arrière. Sa joue venait frôler mon torse.
- Mais ton premier essai de pancakes était sublime, Bella.
- Hum,merci et « notre » premier essai? chuchota-t-elle.
- Tu as oublié ? répondis-je sur le même ton, mes lèvres contre sa nuque.
Elle me tournait encore le dos et offrait son cou à mes yeux, à ma bouche, son peignoir ayant gentiment glissé. Aussi beau soit le spectacle, je voulais voir ses yeux aussi.
- Non, je n'ai pas oublié, Edward, ce fut une expérience… inoubliable.
- On peut... commençai-je en la faisant se retourner, posant mes mains sur sa taille.
Obligeamment, elle leva son visage vers moi, cherchant mon regard. Non, son regard s'arrêta sur mes lèvres, les fixant avec un désir évident.
-…recommencer, proposai-je sans réfléchir.
Inévitablement mes yeux se posèrent alors sur les siennes. Comme il y a quinze ans. Comme pour notre premier baiser.
Je me penchai un peu vers elle et elle se haussa un peu vers moi. Nos lèvres se frôlèrent et comme il y a quinze ans, le feu coula dans nos veines.
Comme il y a quinze ans, la surprise nous immobilisa quelques secondes avant que la même attraction nous jette une nouvelle fois l'un contre l'autre, irrésistiblement. Nous nous perdîmes quelques secondes, quelques minutes à redécouvrir nos lèvres.
La douceur, la fièvre de l'échange furent aussi puissantes. Le monde disparut, lorsque je pus lécher une gouttelette de confiture sur sa lèvre inférieure. Mon cœur accéléra, lorsque Bella répondit à mon baiser en m'incitant à goûter encore et encore le parfum de sa bouche. Je sentais son souffle répondre au mien, son cœur et le mien s'aligner sur le même rythme fou.
Jeunes adolescents, nous avions tout prévu pour notre premier avions listés tous les avantages de nous entraîner et de perdre notre « innocence » avec notre meilleur ami : pas de risques de moqueries, pas de mauvaises surprises, une possibilité d'échanger ensuite nos observations simplement sans s'embarrasser de sentiments ou de gênes. Nous avions donc choisi un jour où Emmett et Jasper participaient à une compétition de hockey sans moi, le père de Bella était en mission dans la ville voisine. Elle avait fait pour la première fois des pancakes pour que, disait-elle, nos lèvres soient parfumées à la myrtille. Elle adorait la myrtille. Moi aussi. Depuis ce jour.
Nous avions tout prévu sauf... le feu d'artifice qui avait explosé au contact de nos lèvres, malgré notre maladresse, malgré notre amitié.
Comme la première fois ce fut moi qui reculai, rompant à regret le contact, cela devenait dangereux. Ce goût de myrtille, de miel sur ses lèvres et la façon dont Bella s'était lovée dans mes bras, n'étaient pas prévu. Mon corps réagissait trop vite et trop fort à un simple baiser. Je caressai ses lèvres une dernière fois avant d'embrasser son front.
- Je vais finir par penser que tes pancakes ont un effet particulier sur nous, dis-je doucement.
Elle avait posé sa joue sur mon torse, et je caressai ses cheveux du bout des doigts.
-Tu penses que ce sont les pancakes à la myrtille qui sont responsables du fait que l'on ait encore perdu la tête ? Ce n'était pas ta conclusion à l'époque.
Je souris. Quinze ans plus tôt, nous nous étions séparés, rougissants et gênés. Sans un mot. J'avais juste dit « ok, c'est bien. On pourra se débrouiller maintenant je pense », avant de filer chez moi pour tenter de comprendre seul, pourquoi ma meilleure amie me troublait ainsi.
- Nous n'avions rien conclu du tout, Bella. De mon côté, j'ai eu la trouille et j'ai pris mes jambes à mon cou. Et toi, pourquoi tu n'en as jamais reparlé ?
Son long soupir me prévint que la réponse serait désagréable.
- Parce que, si tu te souviens Edward, tu as retenté « l'expérience » deux jours plus tard, sans pancakes sûrement, avec Lauren, derrière la cantine de l'école !
Lauren ? Le souvenir était très flou. J'avais voulu sûrement vérifié si un baiser était toujours aussi extraordinaire.
- Lauren ? Je ne garde pas de souvenir de cet instant !
- Bien. Excuse-moi, je n'avais pas le droit de te parler de cela.
- Si, tu peux me demander ce que tu veux. Pour être honnête, j'ai été jaloux un certain temps du Quilleute que je t'ai vu embrasser sur la plage une semaine après…notre expérience.
- Un Quilleute ? Lequel ?
Indigné, je reculai un peu pour regarder son visage.
- Comment ça « lequel » ? Il y en a eu beaucoup ?
Elle éclata de rire.
- Non, pas vraiment, je voulais juste t'embêter. Tu es le seul pour lequel les pancakes aient cet effet-là, si cela te rassure.
Avant que je ne puisse réfléchir au sens de sa phrase, elle secoua la tête vivement comme pour se réveiller et son geste eut la conséquence agréable, mais perturbante, d'entrouvrir encore un peu plus le décolleté de son peignoir, me dévoilant la naissance de sa poitrine.
À mon tour de buguer un peu. Beaucoup même. J'étais incapable de fixer mon attention sur autre chose que la belle petite carotide de Bella, si proche, si vibrante et dont le rythme sembla accélérer encore un peu sous mes yeux.
- Edward ! Maintenant dis-moi ce que tu veux, dit Bella.
Je me raclai la gorge.
Reprends-toi Cullen, tu n'es pas un vampire affamé ! Dis quelque chose d'intelligent, tu as 28 ans que diable !
-LdC-
- Comment ça ? Je voudrais quelque chose ?
- Je te connais Edward, quand tu me regardes avec cette attention particulière, ton regard vert s'assombrit et je sais que tu veux quelque chose. Je vois les rouages de ton cerveau fonctionner. Exactement comme le jour ou j'ai deviné en te regardant, que c'était Jasper et Emmett qui avaient caché un rat mort dans ma camionnette il y a quelques années.
- Tu vois je suis innocent, et ce n'était pas un rat mais une grenouille,fis-je en levant les mains.
- Innocent toi ? Pour le rat oui. Pour la grenouille ou autres amphibiens que vous avez placés dans la chambre, mes cartables, pendant plusieurs années, j'en suis pas sûre. Mais ce matin, tu as une question à me poser. Pose-la. Au pire, je te répondrai « non ».
Diablesse ! L'avions-nous ainsi torturé pendant des années ?
- J'ai besoin de leçons de cuisine.
Une fois les mots sortis de ma bouche, je les regrettai.
Merci Emmett et ses idées idiotes !
Elle allait rire, je le savais. Demander des leçons de cuisine à sa voisine et meilleure amie de bon matin en costume. Le comble de la bêtise.
Elle ne rit pas, mais me considéra avec attention.
- Tu n'es pas très clair. Tu as besoin de leçons de cuisine. Cela veut dire que tu souhaiterais que je te donne tes leçons ?
- Euh…oui. Qui d'autre ?Tu es la meilleure cuisinière que je connaisse !
- Bien. D'accord.
Je secouai la tête étonné. Je m'attendais à un refus ou à une avalanche de questions. Mais elle acceptait.
- Merci Bella !
Je saisis sa main et la tirai vers moi pour l'étreindre contre moi.
Elle me repoussa légèrement, s'écartant avant que je ne la serre de trop près.
- J'ai juste une question et deux conditions.
Aie ! J'aurais dû me douter que tout ne serait pas aussi simple. Je grimaçai.
- Vas-y…
- Les leçons auront lieu chez moi, cette semaine car j'ai peu de temps et c'est toi qui feras les courses nécessaire. Je déteste cela.
- Pas de problème Bella. Je me libérerai de mon travail les après-midi si cela te convient.
- Ça ira pour moi. Les questions maintenant : Pourquoi des leçons de cuisine et combien en veux tu ?
- Ça fait 2 questions.
Je cherchai à éviter l'une des deux mais elle ne se laissa pas distraire.
- Réponds Edward !
Elle tapotait le sol du pied, les mains posées sur ses hanches, alors que je la tenais toujours par la taille. Elle était superbe dans mon peignoir. Le bleu roi était décidément ma couleur préférée.
- J'attends.
- Combien de leçons ? Deux ou trois,ça devrait suffire…
- Deux. C'est le maximum que je puisse te consacrer. J'ouvre ma galerie la semaine prochaine et je suis surchargée en ce moment.
- Je prends les deux leçons. Merci Bella.
- Tu as oublié l'autre question.
J'avais espéré qu'elle l'oublie. Je passai mes doigts dans mes cheveux, les dérangeant un peu plus et me grattai l'oreille. Comment dire cela… Bella se contentait d'attendre ma réponse, un léger sourire aux lèvres. Elle savait que j'étais gêné et en profitait honteusement.
-C'est une idée d'Emmett.
- Une idée d'Emmett, tiens donc ! Alors, je m'attends au pire.
- Je veux inviter quelqu'un chez moi et Emmett m'a dit que ça marcherait mieux si je cuisinais moi-même.
Voilà c'était dit…J'observai sa réaction en grimaçant. Elle blêmit, rougit, déglutit.
- Quelqu'un ? Une fille je suppose.
- Tu supposes bien.
Elle eut un sourire triste et je me sentis alors très mal.
Au diable Emmett !
- Emmett a des idées de plus en plus curieuses et tu me déçois de le suivre mais je t'ai promis… Je vais juste ajouter une condition : Je ne veux RIEN savoir de ton rendez-vous avec cette...fille. Sauf … est-ce Lauren, la fille que tu veux inviter ? demanda-t-elle soudain comme si l'idée qu'elle venait d'avoir l'horrifiait.
- Ciel non ! On voit bien que tu n'as pas croisé Lauren depuis longtemps toi ! Elle a changé. Elle est mariée à Mike Newton. Ils ont quatre enfants et disons… qu'elle n'a jamais été mon type.
- Bien…
Elle sembla hésiter à poursuivre mais je l'incitai du regard.
- Est-ce sérieux pour toi avec cette fille ?
Elle semblait angoissée et quoique je dise, je savais que ma réponse ne lui serait pas très agréable.
- Oui, dis-je, décidé à être honnête au moins sur ce point.
Je vis un pli se former sur son front et n'eus qu'une envie. Le faire disparaître. Je détestais faire souffrir Bella.
- Tant mieux alors, lâcha-t-elle comme à regret.
Soulagé qu'elle ne se vexe pas, ni ne pose plus de questions, je m'approchai prudemment de mon amie et l'embrassait sur le front.
- Recule Cullen. Rendez-vous cet après-midi à 17h. Je t'enverrai un texto avec la liste de courses.
Elle posa ses mains sur mon torse et me repoussa contre l'îlot central de sa superbe cuisine. Puis elle arrangea ma cravate, qui avait « souffert » de notre rapprochement « imprévu », avant de se retourner vers l'évier.
Je ne voyais plus que son dos et sa nuque fragile, découverte par sa coiffure.
- Merci Bella tu es un ange.
- Tu vas être en retard au travail et moi aussi. À ce soir Edward, dit-elle d'une voix douce.
- À ce soir.
Je sortis de chez Bella curieusement mal à l'aise. J'avais obtenu ce que je voulais, mon plan pouvait commencer, mais je me sentis particulièrement mal.
Un vrai crétin !
(à suivre ce n'était qu'une "mise en bouche" - Nic)
