Bonjour tout le monde.

Oui, je sais ce que vous allez dire : "Encore une nouvelle fic !"

Et bien, oui, encore. Les challenges du mois du Collectif NoName m'ont donné envie, alors que je me suis lancée. Et puis, j'ai le temps d'écrire en ce moment et comme j'ai replongé dans FMA depuis quelques semaines, ça m'a donné des idées.

Voilà donc le résultat qui est un mélange de pleins de trucs : un AU où Mustang et son équipe travaillent pour le FBI avec un peu de fantastique dans le lot. J'espère ne pas trop vous perdre.

Comme il s'agit d'un texte pour les challenges "Nouveau fandom" et "Immortel" du mois de février du Collectif, j'ai deux défis de l'auteur :

Nouveau fandom, proposé par Mundanchee et Mudomo

Le défi de l'auteur : Ecrire concerne aussi la chanson, quelle est donc celle qui vous représente le mieux, comme écrite pour vous ?

Alors là, tu me poses une colle. Je n'en ai pas la moindre idée.

Je n'ai un attachement particulier à aucune musique, aucune chanson, même si j'en écoute régulièrement.

Mais si je devais donner une réponse, je pense que ça serait L'histoire de la vie du film le Roi Lion, parce que c'est une des rares chansons que j'ai chanté à mes deux enfants, celle qui les calme rapidement parce qu'ils l'entendent depuis tout petit et que je suis, avant toute autre chose, une maman et que le cycle de la vie, la transmission entre parents et enfants est une facette très importante de ce que je suis.

Immortel, proposé par Nanthana14

Le défi de l'auteur : Quel est le petit rituel immuable que vous avez avant de vous mettre à écrire ?

J'en ai des tonnes.

Ça dépend vraiment du moment de la journée et du lieu, mais si il y a un truc que je fais à chaque fois, c'est me faire un café ou un thé. Je lance mon programme d'écriture sur l'ordinateur ou la tablette, parfois le bot à sprint et c'est parti !

Un autre petit rituel à la maison, c'est également d'allumer la télé, je ne sais pas écrire sans une série ou un film en bruit de fond. Alors que bizarrement, la musique me déconcentre plus qu'autre chose.

Bonne lecture à vous.


« Mustang ! Il a recommencé. »

Les mots étaient prononcés depuis la porte du bureau et Hughes Maes disparut dès son annonce terminée. Bizarrement et malgré le manque de clarté de ce il, Roy Mustang chef d'unité à la BAU d'Amestris savait très exactement de qui Hughes parlait. Il était un criminel qui leur échappait depuis des années, un des tueurs en série les plus prolifiques et doués qu'ils n'aient jamais rencontré.

Il se leva immédiatement de son siège et se dirigea au fond du couloir. Toute son équipe était déjà réunie, prête à partir pour une nouvelle enquête. Après un signe de tête à tous ses collaborateurs, Roy s'assit et le briefing commença.

Maes alluma les écrans derrière lui et dès que les premières photos du corps de la victime apparurent, les similitudes avec les trente-sept autres cas furent évidentes. La jeune femme était pâle, ses lèvres étaient décolorées et ses yeux écarquillés par la terreur. La seule couleur sur la photo, prise de nuit et avec un éclairage peu flatteur, prenait la forme de deux trous noirs dans son cou, juste au dessus de la jugulaire.

Roy quitta l'écran des yeux, de mauvais souvenirs surgissant dans son esprit et reporta son regard vers Hughes. Ce dernier commença à expliquer les circonstances du meurtre :

« Je suppose que tout le monde a reconnu le mode opératoire de notre criminel, mais comme Fuery nous a rejoint il y a peu, nous allons faire un véritable briefing », il fit une petite pause, attendant d'avoir l'attention de tous avant de reprendre. « La victime est une jeune femme de vingt-trois ans, Marie Caldwell, blonde, en master de psychologie à l'université de Central. Elle a été retrouvée en pleine nuit dans le quartier branché où sortent la plupart des étudiants. Nous montons donc à un total de trente-sept victimes ces deux dernières années. »

« Trente-sept en deux ans ? Ça fait pratiquement une tous les quinze jours ! »

L'interruption venait de Kain Fuery, leur nouvelle recrue. Il semblait étonné et également un peu horrifié. Il était vrai que ce chiffre était impressionnant, mais ce n'était malheureusement pas un record. Encore qu'à ce rythme et avec le peu d'indices que leur équipe avait réussi à rassembler, ce criminel allait certainement entrer dans les annales. Ils n'étaient pas plus près de l'arrêter que lorsqu'ils avaient été appelés pour le premier meurtre.

Hughes reprit, la voix grave :

« C'est plus ou moins le délai entre chaque crime en effet. Et il utilise toujours le même mode opératoire, même s'il les localisations changent. La dernière fois, il était à trois cent kilomètres au sud. Nous attendons les résultats du légiste mais il est fort probable que ses conclusions soient que la victime est décédée des suites d'une exsanguination. »

Falman intervint à son tour :

« Il y a d'autres indices ? »

"Les mêmes que d'habitude, pas de témoin visuel, les uniques traces trouvées sur son corps sont celles dans son cou, presque pas de sang sur le lieu où la victime a été trouvée."

Fuery interrogea à nouveau Hughes.

« Elle a donc été tuée ailleurs ? »

Ce fut Heymans Breda qui répondit cette fois :

« Nous l'ignorons. Tout ce que l'on sait, c'est qu'il les vide de leur sang à partir de leur jugulaire. »

Leur jeune recrue n'était pas étranger aux horreurs dont l'homme était capable, mais il n'avait pas encore été témoin du manque total d'humanité de certains. Ce fut les yeux écarquillés par l'horreur qu'il demanda, un peu perdu :

« Mais pourquoi ? »

Des images d'un meurtre plus ancien flashèrent dans l'esprit de Roy et il se leva avant d'attraper le dossier posé sur la table devant lui. Sa voix était ferme, ne trahissant aucune des émotions qui le traversaient lorsqu'il parla :

« Si on en croit les traces de salive trouvées autour de la plaie : afin de le boire. »

Il fit un effort pour ne pas étudier les différentes expressions qui se succédèrent sur le visage de Kain. Il donna ses ordres :

« On se met en route. Maes et Fuery, vous allez au poste de police, parlez à l'inspecteur en charge de l'affaire, demandez un endroit où nous installer. Riza, tu viens avec moi voir le légiste et Breda, Havoc et Falman vont étudier la scène de crime. On se retrouve tous au poste dès que nous avons terminé. C'est à l'autre bout de la ville, nous perdrions trop de temps à revenir ici a chaque fois. »

Il sortit immédiatement de la pièce et le reste de son équipe fit de même. Il attrapa son manteau, sa plaque et son arme, glissa le dossier dans son sac et se dirigea vers les ascenseurs. Il fut rejoins par Hughes et Riza presque immédiatement.

« On va l'avoir cette fois, Roy. »

Maes savait à quel point cette affaire comptait pour lui. Non seulement, elle faisait partie des rares qu'ils n'arrivaient pas à boucler, mais en plus une des premières victimes était une de ses sœurs comme aimait à les appeler sa tante, Madame Christmas. Elle gérait un orphelinat et un foyer pour jeune travailleurs et l'avait accueilli à la mort de ses parents. Elle avait raison, en quelque sorte, les enfants et adolescents qui étaient passés entres les murs de son établissement étaient tous membre de la même famille.

Il chassa à nouveau de son esprit les images du corps sans vie de Maria et soupira :

« Pas si nous n'avons pas plus d'indices. Tu sais que je déteste devoir attendre qu'une nouvelle victime nous apporte la preuve, la piste qui nous permettra de retrouver son meurtrier. »

Maes posa une main compatissante sur son épaule pendant que Riza ajoutait :

« Vous avez la meilleur équipe de la BAU*, ils trouveront. »

Roy avait une foi inébranlable en ses coéquipiers. Ensemble, ils avaient provoqué de petits miracles, sauvé des gens que tout le monde croyait perdu, arrêté des monstres qui agissaient depuis des années. Il hocha la tête pendant que les portes de l'ascenseur s'ouvraient. Il devait garder espoir, ils finiraient bien par trouver une piste.

ooOoo

Cinq minutes plus tard, ils étaient tous en route.

Roy conduisait en direction de la morgue où le corps de la jeune femme avait été emmené. Riza était silencieuse à ses côtés. Elle n'avait pas besoin de lui parler ou de l'interroger pour savoir ce qu'il pensait, ni son état d'esprit. La manière dont les doigts de son supérieur étaient serrés sur le volant, dont les rides autour de ses yeux étaient plus prononcées, dont ses lèvres étaient serrées parlait bien assez.

Ils se connaissaient depuis l'enfance, quand Roy passait plus de temps chez elle que chez Madame Christmas, apprenant la stratégie et la politique de son père, un ancien militaire devenu professeur. Elle croyait en lui au point de quitter sa place au SWAT d'East City et d'entrer dans le FBI lorsqu'il avait démissionné de l'armée et était rentré d'Ishval. De toute leur équipe, elle était la première à l'avoir rejoint.

Quand ils descendirent de voiture, une heure trente plus tard, ils échangèrent un long regard par dessus le toit du véhicule. La sérénité et l'absolue confiance qu'il trouva dans les yeux de Riza le rassérénèrent assez pour faire face à ce qu'ils allaient apprendre dans le bâtiment flambant neuf qui abritait les tout nouveaux laboratoires du FBI, y compris la morgue.

Les grandes baies vitrées laissaient passer la lumière et le hall immense qui les accueillit était bien loin des couloirs froids et sinistres qu'ils avaient l'habitude de traverser lors de leurs enquêtes. Roy n'était pas certain d'aimer le changement. Même si la morgue était maintenant rattachée à un laboratoire dernier cri, capable de mener tous les tests imaginables pour le compte du FBI, il y avait une sorte de manque de respect envers les victimes à voir les plantes vertes s'épanouir, la lumière entrer par vague dans chaque recoin, les murs aux couleurs chaudes et le sol en carrelage clair.

À peine entrée, Riza s'était dirigée vers le bureau d'accueil et elle revenait déjà auprès de lui.

« La morgue est au sous-sol, les ascenseurs pour y aller sont dans cette direction. »

Elle lui montra un couloir qui partaient du hall et se dirigeait vers le fond du bâtiment.

« Au moins certaines choses ne changent pas. Je ne me voyais pas assister à une autopsie avec une rue pleine de passants derrière moi. »

Le coup d'œil en coin d'Hawkeye fut la seule réponse qu'il reçu. Mais il n'avait pas besoin de plus pour se rendre compte que son humour caustique avait fait mouche chez sa coéquipière toujours très stoïque.

Quand ils émergèrent de l'ascenseur, au premier sous-sol, les murs aux couleurs chaudes et le sol clair avaient laissé place à du carrelage terne et à une peinture grise. La lumière blanche, bien trop puissante, chassait toutes les zones d'ombre, mais au moins le lieu ne ressemblait plus aux bureaux d'une multinationale high-tech.

Ils suivirent le corridor désert dans lequel leurs pas résonnaient. Ils avancèrent jusqu'à une double porte qu'ils passèrent l'un après l'autre et montrèrent leurs plaques à l'officier qui attendait dans une espèce de bureau de contrôle. Ce dernier leur indiqua la direction à prendre et ils continuèrent leur trajet jusqu'à entrer dans une immense pièce, elle aussi bien trop éclairée. Le mur du fond était dédié aux frigos où les corps étaient entreposés, attendant leur tour ou que des proches viennent les réclamer. Il y avait plusieurs tables d'autopsies au centre, séparées par des étagères ainsi que par de nombreux équipements derniers cris dont Roy ignorait tout.

Il était encore tôt et une seule table était actuellement utilisée. Ils s'approchèrent de la femme qui s'affairaient autour du corps de ce qui était probablement leur victime. Elle les observa pendant qu'ils s'avançaient et Roy fut surpris de se retrouver face à une femme qui devait avoir moins de trente ans. Elle était aussi brune que lui et ses yeux verts étaient vifs et intelligents. Elle ne portait aucun maquillage et cette fraîcheur rare plut immédiatement à Roy.

Une fois arrivé à ses côté, ce fut avec un de ses sourires les plus avenant qu'il annonça :

« Je suis l'agent spécial Roy Mustang et voici l'agent Riza Hawkeye. Nous faisons partie de la BAU. »

La femme brune jeta un œil à leur plaque avant de répondre :

« Vous êtes arrivés vite. Je n'ai pas terminé. Vous allez devoir attendre pour avoir mes conclusions définitives. »

« Ce n'est pas un problème. Qu'est-ce que vous pouvez nous dire pour le moment ? »

« Je peux déjà vous donner la cause de la mort : choc hypovolémique. Sa pression artérielle a chuté suite à une exsanguination par ces deux trous au niveau de sa jugulaire. Puis son cœur s'est arrêté de battre. À part ça, elle ne porte aucune trace de coups ou d'hypothétiques liens. »

Elle montra les mains impeccablement manucurées.

« Rien ne prouve qu'elle se soit débattue. J'attends les résultats du laboratoire pour savoir si elle a été droguée et si elle était consciente lorsqu'elle est morte. »

Il n'y avait jamais rien eu précédemment dans ces examens, à part un taux élevé de sérotonine et de dopamine, mais peut-être qu'ils finiraient par découvrir quelque chose.

« Des informations sur l'arme du crime ? »

« J'ai fait un moulage et mon imprimante 3D est en train de faire une reproduction, elle devrait être prête dans dix minutes. J'espère que ça pourra vous aider. Je n'ai jamais vu ce genre de chose. »

Voilà qui était nouveau, les progrès de la science ne cessaient jamais d'étonner Roy. Ils avaient tous vu des images de l'arme du crime sur un écran mais n'avaient jamais réussi à obtenir une reproduction. Peut-être que la voir « en vrai » déclencherait une épiphanie chez l'un d'entre eux.

« Il lui restait beaucoup de sang ? »

La jeune femme s'éloigna de quelques pas et revint avec un dossier :

« Moins d'un demi litre. Elle s'est vidée très rapidement tant que son cœur battait. Après, il a tout simplement arrêté de circuler. C'est pour ça que la plaie est aussi propre. »

« Vous avez déjà fait les prélèvements à cet endroit ? Des résultats sur la salive ? »

La légiste lâcha son dossier des yeux et plongea son regard dans le sien. Malgré la situation, Roy ne put s'empêcher de sentir une pointe d'excitation à l'idée d'être au centre de l'intérêt de la jeune femme,ne serait-ce que pour quelques secondes. Il était, après tout, un dragueur invétéré.

« Vous semblez certain que je vais en trouver. »

Hawkeye, qui avait pleinement sentit le changement de comportement de son supérieur, intervint pour la première fois.

« C'était le cas lors des crimes précédents »

La jeune femme paraissait légèrement nauséeuse.

« Vous voulez dire que ce malade boit leur sang ? »

« C'est une possibilité. Chacune de ses victimes avaient des traces de salive autour des plaies. Nous ignorons si elles sont déposées ante ou post-mortem. »

La légiste frissonna.

« Je crois que je préfère ne pas savoir. Et je comprends pourquoi je ne côtoie pas plus que ça les vivants. »

En entendant ces mots, Roy sortit son plus charmant sourire :

« Et c'est bien dommage. Les vivants ne savent pas ce qu'ils perdent. »

Sa remarque eu l'effet escompté et la jeune femme rougit légèrement. Riza resta professionnelle mais le léger froncement de ses lèvres lui indiqua ce qu'elle pensait des agissements de Roy. Elle connaissait son habitude à flirter en toutes circonstances et elle n'appréciait pas qu'il le fasse alors qu'ils travaillaient.

Elle remit rapidement la conversation sur les rails :

« Avez-vous trouvé d'autres choses ? »

« Oui. Un cheveu blond. Il était collé dans le peu de sang coagulé au niveau de la plaie. »

Elle détacha un sachet de son dossier et leur montra. Le cheveu était long et sous la lumière blanche de la morgue paraissait presque doré, son extrémité était foncé, certainement dû au sang. Ils avaient déjà retrouvé des cheveux sur les vêtements des victimes, souvent ceux de proches, mais jamais sur leur corps, encore moins collé à la plaie.

« Vous pensez que c'est celui du tueur ? »

« Je ne sais pas, mais il a été déposé là après que la victime soit morte. »

Voilà qui pouvait être la preuve qu'ils attendaient depuis des années. Celle qui leur permettrait de trouver ce salaud et de l'arrêter.

Un bip retentit derrière eux et la légiste s'approcha d'une machine cubique. Elle ouvrit une porte et en sortit un petit objet. Elle prit un scalpel dans sa poche et l'utilisa pour gratter sa surface. Elle retourna ensuite auprès d'eux et leur tendit le résultat de son travail.

Roy l'attrapa et l'observa attentivement. Ils connaissaient tous la forme de cette arme mais la voir ici, dans la paume de sa main, enfonça le clou et l'absurdité de la chose fut encore plus flagrante : il s'agissait bien de deux crocs, deux canines pour être précis, plus longues que celle d'un humain, mais fines et acérées. Il était déjà noté dans le profil du tueur qu'il se prenait pour un vampire, que sa pathologie, certainement la schizophrénie, le poussait à mordre et probablement boire le sang de ses victimes.

Roy referma le poing sur l'impression et demanda à la scientifique :

« La moindre idée de la manière dont elle sont attachées ? »

« Je n'en sais rien. Les plaies ne présentent aucune encoche, aucune protubérance, juste une surface complètement lisse. Mais je n'ai pu que faire une reproduction à partir des plaies, je ne sais même pas si ces crocs sont accrochés à sa mâchoire ou si c'est une arme qu'il utilise à la main.

« Bien. Je peux les emmener ? »

« Oui. Je les réimprimerai si besoin, j'ai gardé le fichier. »

« Nous allons vous laisser travailler, merci de votre temps. Pouvez-vous me donner votre numéro ? Que je vous appelle quand vous aurez terminé ce dossier. Ce soir peut-être ? »

« Je pensais que c'était plutôt l'inverse. C'est à moi de vous appeler et de vous envoyer mes conclusions. »

« Mais où serait le plaisir de faire ainsi ?

La légiste rougit à nouveau.

« Je connais votre réputation, agent Mustang. Et comme je vous l'ai dit, je ne côtoie pas les vivants. C'est bien trop compliqué. Revenez me voir lorsque que vous serez mort. »

Avec ces derniers mots, la jeune femme leur tourna le dos et retourna à ses équipements et son autopsie. Roy quitta la morgue suivi de Riza. Malgré son visage complètement impassible, il savait qu'elle était hilare.

« Ho c'est bon. Pas la peine de te moquer de moi. »

« Me moquer ? Je n'oserais jamais, monsieur. »

Monsieur. Depuis quand est-ce que Riza l'appelait monsieur ?

« Je n'aime pas du tout ton humour, Riza. »

« Je n'étais pas consciente d'en faire, Roy. »

Il plissa des yeux et tenta de la fusiller du regard. Ça avait toujours son petit effet sur leurs suspects ou les jeunes recrues un peu trop enthousiastes, mais il ne fonctionnait plus sur son amie depuis des années.

Alors qu'il montait dans la voiture, il lui demanda :

« Depuis quand est-ce que tu es immunisé ? Personne n'y résiste totalement, même Grumman. »

« C'est parce qu'ils ne vous ont jamais vu en caleçon debout sur une table en train de chanter Bohemian Rhapsody. Il me suffit de me remémorer ce moment et vous êtes tout de suite beaucoup moins impressionnant. »

Un bruit étranglé sortit de la gorge de Roy et il toussa plusieurs fois avant de récupérer l'usage de ses voies respiratoires.

Puis Riza ajouta, le ton léger :

« Je dois avoir une vidéo quelque part sur mon téléphone. Mais ne vous inquiétez pas, votre Freddie Mercury intérieur est sauf avec moi. Tant que vous vous comportez convenablement lors de nos enquêtes, bien entendu. »

Ils étaient arrêtés à un feu rouge et Roy laissa sa tête tomber contre le volant. Cette femme était terrible. Heureusement qu'elle était, avant tout, son amie.

ooOoo

Le trajet jusqu'au poste de police fut rapide. Roy avait eu raison d'y installer son équipe, ils allaient gagner du temps entre les différents lieux de l'enquête. Ils pourraient tous rentrer dormir chez eux, ce qui était assez rare pour le noter. Encore que, comme très souvent, il y avait de grandes chances qu'ils ne dorment pas beaucoup dans les prochaines quarante-huit heures.

Ils entrèrent dans le commissariat du quartier et, après avoir montré leurs plaques, ils furent emmenés au quatrième étage où ils retrouvèrent Maes et Fuery. Les deux hommes avaient installé équipements et étalés leurs dossiers dans une grande salle de réunion. Kain avait connecté ses trois ordinateurs et il était déjà derrière ses écrans. Son ajout à leur équipe leur avait apporté des compétences en informatique qu'aucun des autres membres ne possédait et il leur faisait gagner du temps et de l'énergie.

À peine Riza et Roy avaient-ils rejoint leur coéquipiers que Hughes s'approchait de lui.

« L'inspecteur en charge de cette enquête va revenir dans cinq minutes, il est parti raccompagner la sœur de la victime chez elle. Tu as du nouveau ? »

« A la fois oui et non. Nous n'avons rien appris que nous ne sachions déjà. Mais nous avons maintenant un moulage de l'arme du crime. » Roy sortit l'impression 3D de sa poche et le tendit à son meilleur ami, « et la légiste a trouvé un cheveu sur la victime. »

Maes attrapa les crocs et leva les yeux vers lui, intéressé :

« Du criminel ? »

« Nous n'en savons rien pour le moment, mais il était collé à la plaie. Avec un peu de chance, nous aurons de l'ADN et il sera dans nos fichiers. »

« Espérons. De notre côté, nous avons appris que la jeune femme était sortie avec des amies et sa sœur. Ça lui arrivait régulièrement, elle buvait un peu, mais elles se surveillaient les unes les autres. »

« Elles ont rencontré quelqu'un ? Un homme un peu trop collant ? »

« Elles n'ont rien remarqué. Personne n'est venu leur parler mais rien ne nous dit qu'elles n'étaient pas surveillées. Le bar était à priori plein, un groupe du coin jouait ce soir. »

« Comment est-ce qu'elle a été séparée des autres ? »

« Elle est partie aux toilettes. Quand elle n'était pas revenue cinq minutes plus tard, sa sœur et sa meilleure amie sont allées la chercher. Les toilettes étaient vides, elles ont tout de suite donné l'alerte au bar et le propriétaire a mis ses deux videurs et un serveur à sa recherche. C'est lui qui a retrouvé le corps, dans la ruelle derrière son établissement. »

« Combien de temps entre sa découverte et la disparition de la jeune femme ?

« Moins de dix minutes. »

« En supposant qu'il l'ai enlevé dès son entrée dans les toilettes, ça fait court pour la maîtriser, la vider de son sang et la déposer. Il n'a pas eu le temps de l'emmener ailleurs. Il l'a tué dans les toilettes, dans la ruelle ou n'importe où entre ces deux endroits. Il y a des caméras ? »

Fuery quitta ses écrans des yeux et prit la parole.

« Il y a une caméra au dessus de la porte d'entrée principale et sur celle des fournisseurs. Il y en a également trois à divers endroits du bar, Falman m'a envoyé les fichiers, je suis en train de les étudier. Malheureusement, celle qui est dans la ruelle ne pointe pas vers l'endroit où le corps a été déposé, on ne voit pas l'agresseur. Mais je suis les déplacements de la victime, je vous préviens si je trouve quelque chose. »

« Bien. Nous avons d'autres informations ? »

Maes haussa des épaules.

« Pas vraiment. Elle n'avait pas un comportement à risque. Elle ne sortait jamais seule. Célibataire depuis des mois. Elle partageait un appartement avec sa sœur sur le campus. Cette dernière n'a rien remarqué de particulier, personne qui la suivait, pas de coups de téléphone impromptu, pas de changement dans ses habitudes. Peut-être que Falman, Breda et Havoc auront plus d'informations de leur côté. »

Leur conversation fut interrompue lorsqu'un homme, blond et élancé entra dans la salle de réunion. Il se dirigea immédiatement vers Roy, la main tendue en avant :

« Inspecteur Collard. Je suis en charge de cette affaire, c'est moi qui ai fait appel à votre unité. J'ai suivi une de vos formations l'année dernière, et vous parliez de ce crime. J'ai tout de suite fait le rapprochement. »

« Enchanté Inspecteur. Vous avez eu le bon réflexe, plus nous arrivons tôt sur les lieux d'un crime, plus nous avons de chance de faire la différence. »

« Vous avez découvert de nouvelles informations ? »

« Pas pour le moment, mais nous étudions les fichiers vidéos. Et les témoignages nous ont appris que le criminel tue ses victimes sur les lieux. Nous n'en étions pas certains jusque là. Avec un peu de chance, nous remarquerons quelqu'un au comportement suspect. »

« Bien. J'espère que vous l'arrêterez. J'aimerai avoir de bonnes nouvelles à annoncer à ses parents quand ils arriveront. Ils habitent dans une petite ville à quatre heures de route. Ils devraient arriver en fin de matinée. »

Maes intervint à ce moment de la conversation.

« Vous voulez que je vous accompagne pour les rencontrer ? »

Le jeune inspecteur semblait soulagé.

« Si ça ne vous dérange pas. Ce n'est jamais facile d'apprendre la mort d'un enfant, mais quand le criminel est un tueur en série et vu la nature du crime … »

Il ne termina pas sa phrase. Roy ne se rappelait que trop bien de sa propre annonce à sa famille quand Maria était tombée, victime du monstre qu'ils étaient toujours en train de poursuivre. Et Hughes, avec son empathie, sa gentillesse naturelle et son esprit vif était le plus à même d'accompagner la famille dans cette douloureuse épreuve.

Roy se tourna vers son ami :

« On pourra faire sans toi, prend le temps nécessaire. »

Maes quitta la pièce à la suite de l'inspecteur Collard et Roy se tourna vers Fuery.

« Alors ? Des nouvelles ? »

« J'ai vu l'entrée de notre victime. Elle s'est installée sur une table avec ses amies. Pour le moment, elle a bu deux verres et à l'air de s'amuser. »

Le ton de Kain bien que triste, restait professionnel et Roy sentit un léger pincement au cœur lui aussi. Encore une jeune vie fauchée bien trop tôt.

« Des gens au comportement suspect ? »

Fuery lui montra ses écrans, les sourcils froncés.

« Il n'y a rien qui me saute aux yeux, mais vous avez plus d'expérience que moi, peut-être que vous devriez regarder de vous même. »

Il était vrai que Kain Fuery ne les avait rejoint que depuis une quinzaine de jours, mais comme toute personne membre de l'équipe, il avait été trié sur le volet. Il était compétent, même s'il manquait encore un peu d'expérience. Et c'était le rôle de Roy, leur supérieur, de leur donner confiance en eux et en leurs capacités.

« Je crois en vous, si il y a quelque chose, vous le trouverez. Suivez votre instinct et ce que l'on connaît de son profil. Cherchez un homme, plutôt grand. Il a besoin de force pour pouvoir maîtriser ces jeunes femmes sans bruit et rapidement. Il a un contrôle total de lui-même. Vu la nature de ses crimes, ses cibles de choix, il doit avoir entre trente et quarante ans. Certainement bien intégré dans la société, personne n'a jamais rien vu, rien remarqué. Il était forcément là, à un moment donné. Le timing prouve qu'il surveillait sa proie, il nous reste à savoir si c'est une victime d'opportunité ou s'il l'a choisi. »

Fuery hocha la tête et relança la vidéo, concentré sur ce que lui montraient ses écrans.

Roy se dirigea vers le tableau où étaient affichées les dernières données obtenues, l'impression des crocs dans sa main droite. Il fallait qu'il trouve un lien, quelque chose, il ne voulait pas que quiconque ait à nouveau à annoncer à des parents, à des frères et à des sœurs, qu'une de leur proche était morte des mains de ce criminel.

Il n'avait pas avancé d'un iota lorsque Havoc, Falman et Breda les rejoignirent. Ils n'avaient que peu d'informations supplémentaires. Le bar était un établissement bien sous tout rapport, le patron s'était montré choqué - il avait lui-même une fille d'une vingtaine d'année - et il leur avait donné accès à tout son système de sécurité. Le quartier en lui-même était très calme et sûr et personne dans les environs n'avait vu ou entendu quoi que ce soit.

Sans les rapports complets du légiste et les vidéos de Fuery, ils n'avaient pas encore de nouvelles pistes à étudier. Roy espérait de tout cœur que le cheveu leur apprendrait quelque chose. Ou qu'ils trouveraient enfin une image du criminel, sinon ils auraient une autre victime à déplorer d'ici une quinzaine de jours.


*Unité d'Analyse Comportementale.

Désolée pour l'anglicisme, mais il y a certains termes que n'arrive pas à traduire dans mes fics, ça me fait trop bizarre.