CHAPITRE 1 : Nouvelle vie, nouvelle ville

BPOV

Ma décision était prise, depuis plusieurs mois, je n'étais plus heureuse dans ma vie. J'étais résolue à tout changer : nouvelle ville, nouvel appart, nouveau job, retour au célibat…

J'étais avec Alec Volturi depuis 3 ans maintenant.

Avec Alec, je m'étais tout de suite sentie comme une princesse. Lors de notre première rencontre, au lieu de se contenter de me serrer la main, il y avait déposé un baiser, comme l'aurait un gentilhomme, autrefois . C'était tout Alec, ça.

Il est était prévenant, me couvrait de cadeau et lorsque son regard se posait sur moi, j'avais l'impression d'être la chose la plus précieuse au monde.

Lorsque nous sortions ensemble, à New York, je sentais immédiatement les têtes se tourner vers nous. C'est vrai que nous formions un beau couple, comme on dit. La plupart des femmes m'enviaient, car Alec était un des plus beaux partis de la ville. Il est beau, riche et intelligent. Le tiercé gagnant pour la majorité de la gente féminine.

Mais, car il y a toujours un « mais », j'avais petit à petit compris que je ne partageais pas les mêmes sentiments que lui. Bref, je n'étais pas amoureuse. Je me berçais d'illusions, et puis ce mec était tellement parfait. Il fallait être folle pour le rejeter.

Nous nous étions rencontrés dans le cadre de mon travail, son père, Aro, étant le plus gros client du cabinet d'avocats dans lequel je travaillais. J'avais été flattée qu'Alec s'intéresse à moi, alors qu'il pouvait avoir n'importe quelle femme.

Je n'avais pas l'habitude d'être courtisée à cette époque.

J'étais encore une jeune avocate aux dents longues, ressentant constamment le besoin de faire mes preuves, d'être la meilleure.

A tout juste 21 ans, j'étais sortie major de ma promo à Yale. J'étais précoce et avais sauté deux classes durant ma scolarité, ce qui avait eu l'inconvénient de me couper quelque peu des autres étudiants avec qui j'allais en cours. Pour seuls compagnons, j'avais mes bouquins. Cet enfermement avait certainement grandement participé à ma réussite universitaire.

Sur le campus, les fêtes n'étaient pas pour moi, je n'avais même pas l'âge de boire de l'alcool. Tout le monde me prenait de haut. J'étais insignifiante, invisible pour les autres étudiants.

Je m'étais toujours montrée brillante dans mes études, et je savais que mes parents étaient fiers du métier que j'avais choisi.

Dans les mois suivants la fin de mon cursus de droit, j'avais passé l'examen du barreau de New-York, que j'avais décroché haut la main, comme tous les concours.

Grâce à ce parcours sans tâche et à plusieurs stages prestigieux, j'avais été recrutée dans l'un des meilleurs cabinets de la ville en tant que collaboratrice junior dans le département Employement Pension & Benefits.

Très vite je m'étais fait remarquer et j'avais été chassée pour intégrer le Cabinet MCA, pour Manfield-Carter et Associés, la Rolls des cabinets New-Yorkais.

C'est vrai que dans mon job, j'étais une killeuse, une nettoyeuse. Mon absence de scrupules et mon perfectionnisme avaient fait ma force. A, à peine 25 ans, j'étais crainte par mes subordonnés et respectée par mes pairs.

Qu'est-ce-que je faisais dans la vie ?

On faisait appel à mes services dans les situations de crise. Une entreprise en difficultés, le besoin de la rendre compétitive en allégeant sa masse salariale, et j'intervenais.

J'étais spécialiste des plans de licenciements et des délocalisations en tout genre.

Pas de quoi être fière ? Détrompez-vous, je pensais sincèrement que mon intervention était un mal nécessaire, afin d'éviter tout simplement une faillite, qui aurait laissé bien plus de monde sur le carreau.

Autant vous dire que lorsque j'arrivais dans une société, avec mon équipe, pour l'auditer la société cible, le préalable obligatoire, tout le personnel était au garde à vous, prêt à me cirer les pompes, et bien plus encore.

Je n'en avais cure, en véritable professionnelle qui se respecte. Mon crédo : « ne jamais mélanger personnel et professionnel ».

J'étais impitoyable, traquant sans relâche les maillons faibles gangrénant mes cibles et ne prenant aucun gant pour me débarrasser d'eux.

Je ne comptais plus les lettres de menaces envoyées par d'anciens salariés mécontents et plusieurs fois, j'avais franchi des piquets de grèves, escortée de gardes du corps, afin de m'éviter des jets d'objets hétéroclites.

Après ma rencontre avec Alec, on ne peut pas dire que je m'étais adoucie, mais j'avais appris à varier mes méthodes.

Je lui devais beaucoup.

Il avait joué les Pygmalion avec moi, en dévoilant le diamant là où d'autres n'avaient vu qu'un vulgaire caillou sans intérêt.

Entre ses mains, j'étais devenue une femme accomplie, qui savais jouer de ses charmes : une main de fer dans un gant de velours.

Il m'avait laissée entre des mains de stylistes, de coiffeurs et de maquilleurs, pour rajeunir mon look, car selon lui je ne me voyais pas telle que j'étais, je ne savais pas me mettre en valeur.

Mes tailleurs pantalons stricts, noirs ou gris, avaient impitoyablement finis à la poubelle, pour laisser place à des robes et des jupes, modernes et élégantes. Mes cheveux que je trouvais ternes et indomptables ressemblaient à présent à la crinière d'un mannequin digne d'une pub de shampoing.

Au début, tous ces changements ne m'avaient pas plu, j'avais du mal à me reconnaitre. Mais au final, en voyant le regard que les autres me portaient complètement transformés, j'avais remercié Alec.

J'étais toujours crainte et respectée dans mon job, toutefois les hommes me regardaient avec délectation et les femmes avec envie et même parfois jalousie, et pas seulement à cause de l'homme à mon bras, mais pour qui j'étais, moi Isabella Swan.

A l'aube de mes 27 ans, et j'étais bien placée pour être la plus jeune associée du Cabinet MCA. Alec n'attendait visiblement que cette promotion pour demander ma main. L'aboutissement de tous mes rêves. En tout cas, l'aboutissement de ceux de la Bella qui sortait de l'université, mais j'avais commencé à avoir de sérieux doute, sur le fait que je veuille être une mercenaire du droit toute ma vie, toujours prête à mener un raid commando sur une société en perdition.

De plus, je m'étais rendue compte que mon job m'avait éloigné de ma famille. J'étais moins disponible pour mes parents, ne les voyant plus qu'à Noël et aux anniversaires, et encore, quand je ne demandais pas à ma secrétaire de leur chronoposter un cadeau, accompagné d'un mot d'excuses expliquant mon absence. Le regard de mon père avait changé sur moi, il ne brillait plus quand il me présentait. Je savais que ce que j'étais devenue ne lui plaisait pas. L'argent et le pouvoir n'avaient jamais intéressé mes parents, à vrai dire. Charlie, mon père, était shérif de la petite bourgade de Forks où j'avais passé une partie de mon enfance, avant le divorce de mes parents, puis mes années de lycée, après le remariage de ma mère, Renée, avec Phil, un joueur de baseball professionnel 10 ans plus jeune qu'elle. Renée était institutrice en maternelle, et elle adorait ça.

Malgré le divorce, mes parents étaient toujours restés amis.

Après le lycée, j'avais hâte de fuir Forks, où tout le monde se connait – 3.222 habitants – l'horreur. J'avais pensé qu'à la Fac je serais à ma place, moi la surdouée. Hélas, non, là encore je ne m'étais pas épanouie. A New-York, avec mon super job, mon super appart, et mon super mec…Toujours pas.

J'en étais venue à me demander ce qui clochait chez moi.

Mon amie Angela, la seule avec qui j'étais restée en contact depuis mon départ de Forks, était prof de sciences dans un lycée de Seattle mariée à Ben, son amoureux du lycée et venait d'avoir un petit garçon, Connor. Elle nageait dans le bonheur, même si elle n'avait pas mon salaire à 6 chiffres.

Je m'étais lancée dans une grande campagne d'introspection. Mes doutes s'étaient encore accrus avec ma fréquentation de la famille Volturi. Je ne me sentais vraiment pas à l'aise en leur présence. J'avais appris à connaitre et apprécier Jane, la sœur d'Alec mais j'avais vraiment du mal avec mon futur beau-père et les oncles d'Alec, Marcus et Caius. Ils me faisaient un peu peur tous, c'était plus qu'une famille, c'était un clan…qui avait des choses à cacher.

Un jour, alors que j'avais été conviée au traditionnel déjeuner de famille du dimanche au manoir Volturi, et ce bien qu'Alec soit en voyage d'affaires, j'avais malgré moi, surpris une conversation qui m'avait mis la puce à l'oreille.

Les hommes Volturi étaient en train de fumer le cigare dans le bureau d'Aro, et j'avais déserté les femmes, pour cause d'appel téléphonique. Je m'étais isolée dans la bibliothèque et à la fin de communication j'avais capté des éclats de voix venant de la pièce d'à coté.

Aro était visiblement en colère contre Caius à cause d'un chargement venant du Mexique, qui avait subi de gros dommages. Cette conversation me paraissait particulièrement surprenante. En effet, les Volturis tenaient un empire dans la mode et étaient connus pour ne produire que sur le sol américain avec les matières premières de la meilleure qualité, ce qui justifiait le prix exorbitant des vêtements qu'ils vendaient. Or, étant l'avocate des Volturis et la petie amie d'Alec, je ne voyais pas ce qu'ils pouvaient bien importer du Mexique.

J'étais bien trop curieuse pour mon propre bien et la question a fini par me tarauder. J'ai mené ma petite enquête en fouillant dans les dossiers du bureau et petit à petit l'horrible vérité avait fini par me sauter aux yeux. J'étais persuadée qu'il ne s'agissait pas de matière première venant du Mexique, mais de main d'œuvre.

Les Volturis disposaient semble-t-il d'ateliers de confection clandestins dans lesquels ils exploitaient des sans papiers qu'ils faisaient venir du Mexique.

Hélas, tout cela n'était pour l'heure que des suppositions et je manquais de preuves tangibles. J'avais juste un faisceau d'indices, avec des flux d'argent via des sociétés off shore situées dans des paradis fiscaux et d'étranges livraisons venant du Mexique ou parfois de Chine via des entreprises fantômes.

Je me sentais tout de même horriblement coupable, j'avais aidé cette famille dans leur trafic odieux et leur avais donné des airs respectables en mettant en place des accords collectifs sur le temps de travail et la politique de rémunération, dans les usines officielles. Pendant ce temps et derrière cette façade, ils s'enrichissaient de manière éhontée sur le dos de pauvres gens.

C'était ça que j'étais devenue. Etait-ce pour ça que j'avais fait 5 ans de droit ?

Définitivement non. Cette découverte sordide avait été la goutte d'eau et le déclencheur de mon départ. Il me fallait reprendre ma vie en main, pour pouvoir de nouveau me regarder dans une glace et retrouver l'estime de mon père.

Du jour au lendemain j'avais fait place nette : j'avais démissionné de MCA, j'avais mis en vente mon superbe appartement avec vue sur Central Park et rompu avec Alec.

Enfin, j'avais pris un billet d'avion pour Seattle. Je ne pouvais décemment pas continuer de vivre à New-York et croiser les Volturis avec ce que je savais sur eux.

Mon but s'était de m'éloigner et de continuer à fouiner le temps de réunir un dossier et de le confier au FBI.

Seattle m'avait paru parfait de par sa localisation géographique. Je souhaitais mettre un maximum de distance entre eux et moi. En plus, je pouvais y retrouver Angela, Ben et Connor et enfin je me rapprochais de Charlie.

Il ne me restait plus qu'à trouver un nouveau Cabinet où travailler. Il m'avait fallu 3 mois pour monter mon projet, le temps de mon préavis chez MCA.

Mon choix s'était porté sur le Cabinet Cullen et Associés. Pour ce que j'en avais entendu dire c'était un jeune cabinet en plein essor, mais qui avait pour politique de défendre tout le monde, quelque soit son état de fortune. Je me retrouvais complètement dans cette philosophie, car j'en avais plus que marre de ne défendre que des requins.

J'avais découvert, pour ma plus grande chance, qu'ils recherchaient un associé en droit du travail. Or, c'était ma spécialité.

J'avais donc candidaté.

Ce matin, j'avais un dernier entretien avec Edward Cullen, mais ma candidature était quasiment validée. J'avais déjà rencontré Jasper Whitlock qui était le spécialiste en droit civil du Cabinet, Emmett Cullen, le pénaliste et Rosalie Hale, qui s'occupait du droit de la famille. J'avais également rencontré une pile électrique qui s'avérait être Alice Cullen, sœur des associés principaux, fiancée de Jasper et accessoirement secrétaire à mi-temps « parce que faut bien gagner sa vie le temps de percer dans la mode » dixit Alice elle-même.

Tout le monde m'avait paru vraiment sympa. Rosalie Hale m'avait en peu toisé au départ mais une fois la glace brisée je l'avais trouvé compétente et très investie.

Il ne me restait qu'à convaincre Edward Cullen, l'associé en charge du droit des affaires, certainement la personne avec laquelle je serais amenée à travailler le plus étroitement. Il avait une réputation irréprochable au Barreau de Seattle, mais il en fallait plus pour m'impressionner.

J'avais rendez-vous avec lui à 9h00. Je jouais gros car j'avais vraiment envie d'intégrer ce cabinet, qui collait parfaitement à mes aspirations.

J'avais emménagé à Seattle 15 jours auparavant dans une ravissante maison dans le quartier de Madison Park. Heureusement car je commençais à me lasser des aller-retour New-York/Seattle en avion.

Pour me déplacer et en attendant que ma voiture arrive de New-York, j'avais décidé de m'acheter une moto. J'adorais ça. C'était Jacob, un ami d'enfance qui m'avait fait découvrir l'ivresse de la vitesse, au grand dam de mon père. Alec trouvait qu'une femme à moto, c'était vulgaire, j'avais donc vendu la mienne pour m'acheter un cabriolet Mercedes SLK noir.

Dans ma nouvelle vie, j'étais bien décidée à inclure la moto, puisque je voulais faire ce que j'aimais.

N'ayant pour l'heure que ma moto, j'avais embarqué ma tenue pour mon entretien, dans mon sac à dos. J'avais décidé de faire soft, un pull en cachemire blanc cassé et une jupe crayon noire.

J'arrivais donc au Starbucks situé en face des bureaux de Cullen et Associés à 8h20, en ayant largement le temps de me changer et de prendre un café.