« Prouve-moi que tu es forte ! » Hurle Toriel, les larmes au coin de ses yeux parlant pour elle : Prouve-moi que tu vivras.
J'évite son coup, une fois, d'un pas en arrière. Je la regarde.
Je sais ce que tu pense Toriel. Et je ne veux plus te battre. Je l'ai déjà fait, une fois. Et plus jamais je ne te regarderais mourir.
Elle repasse à l'attaque, je n'évite pas son coup cette fois, et son poing heurte ma mâchoire. Je me relève, essuie le sang qui coule de ma lèvre blessée, et je la regarde.
Les coups pleuvent, de plus en plus mollement.
Blessée, je me relève encore et toujours.
Je ne tiendrais plus très longtemps, mais je ne me battrais pas. Je ne me battrais plus. J'ai eu la chance de pouvoir tout recommencer. Je ne me battrais plus contre elle.
« Qu'est-ce que tu fais ? »
Je n'ai même pas à esquiver. Ses boules de feu m'évitent. Elle ne veut pas me tuer.
« Je veux juste te garder en sécurité !
-Je sais. »
Elle semble déstabilisée par mes premiers mots de cette bataille. Elle lance encore ses attaques, mais plus aucune envie de l'anime. Elle sait que je ne céderais pas.
« On vivrait heureuses, ensemble. »
Les larmes qui coulent sur ses joues font échos à celle qui perlent mes yeux.
« Je sais.
-Pourquoi tu rends ça aussi difficile ? »
Je ne répond pas, laissant les flammèches tomber autour de moi, sans bouger. Je la regarde.
« S'il te plait, retourne dans ta chambre…
-Non Toriel. »
Elle n'attaque même plus, se contentant de m'observer. Comme si elle m'analysait. Nos regards se fixent, pas un ne dévie. Ma determination contre sa volonté de me protéger.
Un sourire triste apparaît sur ses lèvres, un rire sans joie l'accompagnant.
« Pathétique n'est ce pas ? Je n'arrive même pas à sauver un petit enfant… »
Je ne réponds pas. Que dire ?
Je baisse les yeux.
« Désolée.
-Non. Je comprends. »
Je relève le regard. Elle me regarde toujours, son sourire déjà loin.
« Tu ne seras jamais heureuse, coincée ici. Ces ruines sont vraiment minuscules, une fois que tu les connais… Tu ne peux pas grandir dans un endroit comme celui-ci. Mes espoirs, ma solitudes, mes peurs… Pour toi, mon enfant, je les mettrais de côtés. Si tu désire vraiment quitter cet endroit, je ne t'arrêterais pas. »
Elle continue de parler, mais j'ai du mal à l'entendre à travers mes reniflements.
Je ne l'ai pas tué, cette fois.
Je me retrouve brusquement collée contre sa fourrure douce, sentant la cannelle. Mon épaule se mouille alors que j'ai du mal à contenir mon émotion.
« Si tu pars, ne reviens pas. J'espère que tu comprends. »
Elle s'éloigne de moi, me tenant par les épaules pour étudier ma réaction. Dans ses yeux je lis la vraie raison. Je préfère me dire que tu as survécu, même si on ne se revoit jamais. Je ne supporterais pas de voir un autre humain mourir… Surtout toi.
J'acquièse en essuyant mes yeux. Je plante mon regard dans le sien. Je suis prête à tout affronter, grâce à elle. Il faut qu'elle le sache. Il faut qu'elle le voit.
Elle a l'air d'être contente de ce qu'elle perçoit en moi, et j'ai droit à un dernier sourire triste. De ceux qui me donne envie de pleurer, encore.
« Au revoir, mon enfant.
-Adieu, Toriel. Et merci. »
Elle sourit, et se lève.
Sans me retourner, je perçois ses pas s'éloigner.
Elle ne s'arrêtera pas avant d'être rentrer chez elle. Elle ne se retournera pas.
Je ne la reverrais surement jamais.
J'essuie une larme traîtresse qui arrive sur mon menton, et j'avance. Les portes s'ouvrent devant moi.
Je suis prête.
