CAMILO : BOUTS DE VIE
Auteur : Niacy, encore !
Disclaimer : Bien que les histoires sortent de mon cerveau ; nos deux héros, eux, sont issus de celui de Masami Kurumada. Quant au titre de l'œuvre citée, dont je tairai le nom de l'auteur par son souci de discrétion, sachez qu'il n'est pas de moi, tout comme son contenu.
Résumé : Série d'OS qui raconte certains aspects du quotidien de ce couple formé par Camus et Milo, les bons moments, les moins bons, les durs, les doux, les guimauves, etc... Bref, ce qui fait que ces deux-là sont ce qu'ils sont.
Rating : T. Peut-être du T+ mais pas de M. 'suis pas douée pour ça^^. M'enfin, sait-on jamais.
NDA : Alors pour ceux qui suivent Rédemption, vous devez peut-être vous demander pourquoi je n'ai pas encore sorti le prochain chapitre. Tout simplement parce que je suis toujours à me creuser la tête pour l'écrire. Pas que je ne sois pas inspirée, juste que la mise en forme me prend le chou. Alors, je me permets de vous proposer ce texte en attendant.
D'autres suivront- plus ou moins courts-, même si je n'arrête pas les OS en parallèle. Leur finalité n'est pas là même, d'où cette distinction. Ici, seront regroupés toutes les scènes de la vie quotidienne de mes deux chouchous -un peu comme les flash-backs de Rèd- sans qu'il y ait une véritable chute ou un quelconque message à faire passer en fond. Donc des OS qui ne seront pas chronologiques (j'ai du mal avec ça) mais qui ont pour fil conducteur la vie amoureuse du Verseau et du Scorpion.
J'espère que vous apprécierez. Petit clin d'œil à Alaiya et plus particulièrement à Murza.
Bonne lecture.
Biz, Niacy^^
.:.: AU COIN DU FEU :.:.
Un vent polaire soufflait sur la banquise sibérienne et faisait danser la poussière de diamants, qui s'apparentait plus à des rubans immaculés virevoltants qu'à des chutes de neige paisibles. Dans le ciel noir comme du velours brillaient de nombreuses étoiles dont l'éclat était rehaussé par la lueur du quart de lune qui baignait de ses rayons blafards une isba perdue au milieu de ce vide sidéral, fui des hommes.
Dans cette petite maisonnette où deux Chevaliers d'or se retrouvaient après une longue journée, l'un d'eux sortit de la salle de bain, le cheveu humide et un frisson glacé descendant le long de son échine pour s'arrêter au niveau de ses reins.
« Tu ne pourrais pas trouver un système pour chauffer ta salle de bain, Camus ? Parce que franchement le contraste d'une pièce à l'autre est une vraie torture en soi ! Ici avec le feu, il fait plus que bon, alors que là-dedans il gèle ! J'te jure, c'est vraiment… Tu m'écoutes ? » Milo se tut pour observer son silencieux amant. « Tu n'as pas entendu un traître mot de ce que je t'ai dit, n'est-ce pas ?
— Si. Tu as froid.
— On peut résumer cela comme ça », répondit-il d'un sourire en coin.
Camus, sans bouger le moindre muscle, leva les yeux vers le manteau de la cheminée et, à travers sa frange, regarda la vitre de la petite horloge où se reflétait la silhouette du Scorpion encore près de l'entrée.
« Tu devrais te couvrir davantage dans ce cas », conseilla-t-il d'une voix neutre.
Le Scorpion, après s'être figé sur le seuil de la porte d'où s'échappaient des volutes translucides, s'avança nu-pieds sur le parquet en bois d'où une douce chaleur émanait, pour aller à la rencontre de son asocial amant.
« Que sais-tu de ma tenue ? Tu ne m'as même pas jeté un coup d'œil ! Je suis peut-être en pull-over, avec un épais pantalon, emmitouflé dans une écharpe, avec mes mitaines et mon bonnet.
— Ce n'est pas le cas. »
Milo s'arrêta net et haussa un sourcil devant l'affirmation de son compagnon. De ce dernier, il ne voyait rien, si ce n'était le dessus de sa tête qui dépassait de son énorme fauteuil en cuir rouge devant la cheminée. A moins qu'il ait des yeux derrière la tête, il était impossible qu'il ait pu le voir.
« Tu as l'air bien sûr de toi », se méfia-t-il, en faisant quelques pas vers lui.
Nonchalamment, le Grec posa ses coudes sur le dossier et, sur ses mains croisées, y déposa son menton. Camus n'avait toujours pas fait le moindre geste dans sa direction. Toujours aussi impassible et concentré sur ce qu'il faisait. Milo se plut à l'observer de brèves secondes et le sentiment qui le parcourut s'avéra être toujours le même : un immense bonheur de partager ces quelques instants d'intimité avec le froid Verseau. Il était vraiment heureux, là, sur l'instant.
Le feu crépitait joyeusement dans l'âtre rougeoyant. Les flammes réverbéraient une lumière chaleureuse sur le profil à peine visible du Français, masqué par de soyeuses mèches couleur indigo, et donnaient à sa peau trop blanche une magnifique couleur dorée. Milo aimait voir le jeu de lumière des flammes vacillantes qui se reflétaient sur son compagnon. Les ombres dansaient, donnant un attrait supplémentaire à l'homme magnifique qui partageait sa vie.
« N'empêche que tu n'en sais rien, lança-t-il par défi, la prunelle brillante.
— Je te connais.
— Ah oui ? Et donc tu tires des conclusions sur de simples spéculations ? »
Un silence lui répondit. Sans doute le Français réfléchissait-il, à moins qu'il se soit à nouveau perdu dans sa lecture, comme il lui arrivait plus que de coutume. Lui et ses fichus bouquins !
Finalement la voix grave et neutre de l'hôte de l'isba s'éleva :
« Si tu te couvrais autant dans l'isba, tu attraperais la mort en sortant. Tu le sais d'expérience.
— Un point. Donc, je n'ai pas mes mitaines, ni mon écharpe ni mon bonnet. Continue, je suis curieux de voir jusqu'où ta perspicacité va te mener.
— … »
Devant le silence et la gêne qu'il y devinait en pointillé, le Grec comprit qu'il avait mis mal à l'aise son compagnon avec sa moquerie sous-jacente qui pouvait parfois être blessante, même si ce n'était pas le but. Ce qui n'était clairement pas le cas sur l'instant. Il savait Camus hermétique à ce genre de chose, a priori indifférent à toutes remarques mais pour le connaître depuis longtemps, il savait aussi que derrière sa façade de glace, se cachait un homme assez peu sûr de lui, en fait. Surtout dès que cela touchait à leur relation. Camus était un timide qui ne montrait rien de sa faiblesse. Sauf à lui.
« Ce n'est pas un reproche, Camus. Tu es perspicace et j'aime ça. Mine de rien, tu remarques plein de petits détails et d'un certain côté, ça me flatte. Et ça m'amuse ce petit jeu de devinette, lui confia-t-il en posant ses lèvres sur le haut de sa tête. S'il te plait, continue.
— …
— A moins que tu sois à court d'arguments ! Là, je comprendrais du coup que tu…
— Très bien », l'interrompit-il, sans lever les yeux de sa lecture, ce qui fit sourire de contentement l'arachnide. Il savait comment le faire parler. « Quand tu es parti, il y a une demi-heure, tu n'avais sur toi que tes vêtements trempés et tu n'as pris aucun habit de rechange.
— J'en avais peut-être laissé dans la salle de bain avant ?
— Ce que tu n'as pas fait, le contra-t-il simplement.
— Je le reconnais. Reprenons ! Mon sac se trouve dans l'entrée de la maison près de la porte, alors j'ai pu y prendre...
— Non.
— Non ? Comment ça, non ? »
Milo plissa les yeux, soupçonneux, et tourna la tête pour constater qu'effectivement ses affaires n'étaient plus là où il les avait laissés.
« Tu les as rangés où ?
— A leur place.
— A leur place ? », demanda-t-il perplexe.
Un long doigt pointa la porte sur leur droite, celle faisant office de buanderie et d'arrière cuisine, là où Camus rangeait lui-même ses propres affaires. Un large sourire se dessina sur le visage renfrogné du Grec. A leur place. Son Camus lui avait trouvé un endroit pour y poser ses affaires à lui, avec les siennes. Une joie immense s'empara de son cœur. Ce n'était peut-être rien pour la majorité des gens que d'installer leurs hôtes de façon à ce qu'ils se sentent à leur aise mais…
Camus et lui se connaissaient depuis leur enfance, Milo avait plus que souvent débarqué dans l'isba perdue de son ami pour lui rendre des petites visites et jamais, il n'avait pris la peine de l'installer comme il se devait. Ô, il était toujours poli et courtois dans sa froideur coutumière mais son sac de voyage restait toujours dans la pièce principale, près de la porte d'entrée. Un message clair et subtil pour lui faire comprendre de ne pas investir son espace personnel comme il avait coutume de le faire dans le temple du Verseau. Milo ne s'en était jamais vraiment offusqué. Parce que même si le Magicien de l'Eau et de la Glace avait une connaissance aiguisée dans l'art de la société -à n'en pas douter-, Camus n'était pas très ouvert ni au fait dans l'art de recevoir avec chaleur ses invités. Enfin quand invité, il y avait. Parce que le Verseau n'était pas quelqu'un qui recevait souvent. Voire jamais. A sa connaissance, il était le seul. En même temps, il ne lui avait pas trop laissé le choix. Milo le connaissait bien. S'il avait fallu qu'il attende un geste de la part de son froid compagnon, ils ne seraient toujours pas ensemble.
Il se contenta de le remercier avec sincérité, sans qu'aucune réponse ne lui parvienne.
« Mais ne change pas de sujet.
— Je ne le fais pas, constata-t-il d'un ton absent.
— D'accord, on dira que tu n'as pas voulu me faire dévier. Donc d'après toi, je suis... nu ? » Camus ne lui répondit pas, se contentant de s'absorber dans sa lecture chérie. Heureusement que Milo le connaissait suffisamment pour ne pas s'en offenser, car il savait malgré tout avoir toute son attention. « Tu crois vraiment que je me baladerais ainsi, alors qu'il fait plus de moins vingt degrés dehors ?
— Nous sommes à l'intérieur.
— Simple détail géographique… » Milo se pencha plus en avant, ses lèvres frôlant l'oreille de son amant et, d'une voix sensuelle, reprit : « Tu crois vraiment que je ne porte rien ou c'est ce que tu souhaites ? »
Les orbes turquoise étaient fixés sur la bouche close de son amant. Camus n'avait pas cillé. Rien dans le peu qu'il voyait de son visage attestait que sa question l'avait troublé d'une façon ou d'une autre.
« Alors ?
— Je te connais, finit par déclarer le Français.
— Ce n'est pas une réponse ça !, murmura-t-il langoureusement. Alors ?
— …
— Alors ? », insista-t-il suavement.
Milo ne pouvait retenir l'amusement que cette situation lui procurait.
« Tu es nu. »
Une sorte de rictus se dessina sur le visage gêné du Français qu'une légère rougeur sur les pommettes tendait à prouver, ce qui ravit plus que de raison Milo pas peu fier d'avoir su briser ce masque impavide qu'il arborait sans cesse.
« Faux ! » Camus quitta enfin des yeux son ouvrage pour poser ses prunelles sombres sur lui. Une pointe d'étonnement et de soupçon s'y devinant. « Regarde. »
Et avant qu'il puisse réagir, Milo s'était éloigné du fauteuil pour se décaler sur sa gauche et ainsi révéler sa tenue. Avec une rapidité impressionnante, le troublant Maître des Glaces fit volte face, ce qui réjouit le Grec. Camus était plus curieux que ce qu'il voulait bien laisser paraître.
A la lueur chaleureuse des flammes, le visage épanoui du huitième gardien n'en était que plus beau. Camus ne put s'empêcher de s'en faire la réflexion. Son sourire éclatant révélait son contentement évident et ses prunelles turquoise arboraient cette étincelle qui seule suffisait à rendre l'impassible Verseau tout guimauve. Il n'avait jamais su comment résister à cette pointe rieuse que Milo savait lui renvoyer. Camus se demandait si Milo avait jamais deviné que cet atout chez lui se présentait être sa faiblesse, à lui.
Il ne fut pas surpris de voir ses longues boucles bleues onduler sur ses larges épaules dénudées et masquer en partie ses pectoraux saillants que la valse des langues de feu de l'âtre rendait hypnotiques. Son regard neutre mais inquisiteur glissa le long du ventre plat et agréablement sculpté par les entraînements pour se perdre sur sa taille bien prise qu'une serviette de bain ceignait en deux, masquant à sa vue -mais rendait possible de deviner- l'anatomie de son amant.
« Une serviette ? C'est ce que tu appelles un vêtement ?, demanda-t-il avec scepticisme.
— Je ne suis pas un dépravé, monsieur, prononça-t-il en français avec maladresse. J'ai ma pudeur !
— C'est un bien grand mot.
— Tu aimes ? »
Camus ne put masquer son trouble -une subtile élévation de ses sourcils aux courbes uniques- face à cette question lancée mine de rien, l'air de tout. Bien sûr qu'il appréciait. Bien sûr qu'il aimait le spectacle que lui offrait Milo mais de là à l'avouer à voix haute... Son regard se redirigea plus haut pour se perdre dans les lacs perturbants qu'étaient les si beaux yeux de son Scorpion.
« Tu vas attraper froid.
— Je vais prendre ça pour un oui, se gargarisa le Grec en bombant le torse. Tu me fais une petite place ? Parce que sinon je vais vraiment tomber malade.
— Tu peux aussi te vêtir.
— Je peux aussi me réchauffer avec toi. Allez, fais-moi une place. Rien ne vaut la chaleur humaine. »
Et sans laisser le temps à son amant de répliquer, Milo se coula dans son dos, ses longues jambes à la peau bronzée encadrant ses hanches. Camus ne dit rien et s'avança quelque peu sur la large assise pour permettre à son compagnon de s'installer à son aise.
Les bras du Scorpion enserrèrent sa taille pour rapprocher les deux corps et le dos du Verseau trouva sa place contre son torse bouillant. Même à moitié nu, alors qu'il faisait froid à l'extérieur, Milo était toujours brûlant. Bien que ne comprenant pas ce fait, Camus aimait se sentir envelopper par la chaleur émanant de son amant. La chaleur avait toujours été associée au Grec dans son esprit et ce, depuis son enfance.
Enlacés, ils restèrent ainsi de longues minutes à profiter de la présence de celui qui, en secret, avait volé leur cœur sans le moindre effort il y avait de cela des années. Milo, ses mains se perdant sur la taille fine du Français, caressait son ventre par-dessus ses vêtements avec naturel, son menton appuyé sur son épaule droite ; Camus se laissait un peu aller contre son torse, son visage recherchant le contact du sien.
Ils n'avaient pas besoin de se parler longuement pour se comprendre et apprécier ce simple échange, chose qu'appréciait le onzième gardien, toujours un peu mal à l'aise lorsqu'il s'agissait de s'exprimer sur tout ce qui touchait l'affect et les sentiments.
Parce qu'il ressentait des choses. Il était un homme. Il avait fini par accepter que, malgré tous ses efforts, les sentiments et les émotions dont il ne devait pourtant pas se préoccuper tenaient une place importante et non imputable dans sa vie. En général, il en faisait fi et continuait son chemin sans se poser trop de questions, sans se laisser aller à culpabiliser sur tel ou tel point, sans se demander si la façon qu'il avait eu d'introduire tel ou tel propos avait pu choquer son vis-à-vis, sans se soucier de la gêne que son attitude distante -pour ne pas dire glaciale- suscitait. Ce n'était pas son problème. Sauf dès que cela touchait Milo. Cela l'avait toujours été. D'aussi loin qu'il s'en souvienne. Combien de fois s'en était-il voulu devant l'éclat blessé qu'il distinguait dans ses immenses prunelles turquoise ? Combien de fois avait-il dû se forcer à respecter la ligne de conduite qu'il s'était fixée pour ne pas le retrouver et lui expliquer ce qu'il en était ?
Et bien que cet aspect particulier de sa personnalité dérange ceux qu'il côtoyait, cela ne rebutait pas Milo. Jamais. Car à chaque fois, il revenait. Celui-ci avait toujours su que c'était plus ou moins dû à une certaine réserve de sa part, une manière de se protéger des autres, de ne pas trop s'impliquer, de se garder cette barrière salvatrice que sa formation de Saint de Glace n'avait fait que renforcer, jusqu'à le rendre... différent. Il avait su voir derrière ce comportement presque inhumain -qui lui valait le sobriquet de Démon à travers le Sanctuaire- qu'il n'en était rien. Et pour cela, Camus lui en était infiniment reconnaissant et l'aimait d'autant plus.
« Qu'est-ce que tu lis ?
— Un article anthropologique.
— Oh ! Quand est-ce que tu liras quelque chose que je puisse comprendre ?
— Ne te fais pas plus bête que tu ne l'es, Milo, le gronda-t-il doucement.
— Merci, lui répondit ce dernier en baisant sa joue. Et c'est dans quelle langue cette fois ? Attends, laisse-moi voir. » Il approcha l'ouvrage plus près de son visage et fit une légère grimace. « Du français, c'est ça ? » Un hochement de tête lui fut rendu. « 'La Corsse : d'un... territouare sensoriel à... l'île sensouelle'. Je l'ai bien prononcé ?
— C'est presque ça.
— Je n'ai compris que sensouelle.
— Pourquoi ne suis-je pas étonné ? »
Milo ricana sourdement en se penchant un peu en avant pour le bercer.
« Alors comme ça, tu lis des trucs cochons que je ne peux pas comprendre ?, se moqua-t-il, sa bouche contre sa joue.
— Dans une revue scientifique ?
— La reproduction humaine, c'est scientifique à la base.
— Certes mais ce n'est pas le cas ici », corrigea le Verseau d'une voix neutre.
Milo bascula la tête sur le côté, une moue interrogatrice aux lèvres, ses yeux fixant le velouté de la joue de son discret amant.
« Il te manque ton pays ?, demanda-t-il subitement.
— Pas plus que ça.
— C'est vrai ? » Hochement de tête approbateur de Camus qui lisait toujours. « Pourtant, tu en parles la langue comme si tu ne l'avais jamais quitté et tu t'informes souvent de ce qui s'y passe. Moi, bien que n'ayant presque connu que le Sanctuaire, je pense que je serais nostalgique de la Grèce.
— Tu y as toujours vécu, cela semble compréhensible.
— Tu as quitté la France à quel âge ?
— Peu de temps avant de rejoindre le Domaine Sacré.
— Je vois. Tu t'en rappelles un peu ?
— Pas vraiment. »
Voyant que son compagnon ne voulait pas trop s'étendre sur ce point, Milo décida de changer de sujet de conversation. De toute façon, d'une manière ou d'une autre, il obtiendrait des réponses sur le passé mystérieux de Camus. Petit à petit, il parvenait à reconstituer le puzzle qu'avait pu être sa vie avant le Sanctuaire ou lors de son entraînement en Sibérie.
« Et ça parle de quoi ton article si passionnant ?
— De diverses choses.
— Mais encore ? Tu te fais prier là, Camus !
— Très bien, puisque tu insistes. C'est un aspect métaphorique sur le mystère qui entoure les îles en général, les légendes attenantes, et en l'occurrence ici l'île de Beauté, que l'on appelle plus communément La Corse ou pour toi de son nom grec : Kyrnéa.
— "La plus belle, la plus loin", si je ne m'abuse. Là où Gorgone ou Ulysse auraient fait un saut si l'on en croit les légendes. Tu as vu ? Je connais mes leçons, se moqua-t-il de lui-même.
— Je n'en doute pas. Les historiens ne sont pas tous d'accord sur ce point, d'ailleurs.
— Ils ne croiraient pas aux Chevaliers d'Athéna même s'ils en avaient sous les yeux. » Un rictus que Milo qualifierait d'amusé se dessina sur les lèvres fines de son Français. « C'est là que tu es né ?
— Non.
— Sur la métropole, donc », conclut-il logiquement, tout sourire.
Sourire qui s'effaça lentement, avant que Milo reprenne sur un ton nettement moins enjoué :
« Je n'y suis allé qu'une fois pour une mission. Tu te rappelles ?
— Oui. »
Un silence lourd s'interposa entre les deux Chevaliers à l'évocation de cet épisode. Le craquement du bois dans la cheminée ramena dans la réalité le Scorpion qui s'était un peu perdu dans ses souvenirs.
« Ouais. Pas très glorieux tout ça, lança-t-il un peu gêné.
— C'est du passé.
— Oui. Comme tu le dis. Encore merci d'avoir été là… après. Enfin, tu sais. » La main du Français vint se poser sur la sienne pour une légère étreinte, alors que Milo enfouissait son nez dans la longue chevelure soyeuse qui fleurait bon la neige, comme un enfant qui voudrait trouver un peu de réconfort. Ce qui était le cas. Parce que bien qu'il gère désormais mieux ses éclats meurtriers ; à l'époque, il en avait été autrement et sans l'intervention de Camus, il ne sait pas combien de temps il lui aurait fallu pour se calmer. « Paris ?
— Pardon ?
— Tu es né à Paris ?
— Non. »
Une moue perplexe se dessina sur le visage du Grec, à demi échauffé par le rayonnement du feu. Un changement de conversation s'imposait et s'il pouvait profiter de ce moment de flottement pour tirer plus d'informations sur son passé, il n'allait pas s'en priver !
« Au nord, au sud ? A l'est, à l'ouest ? Près de la mer ou de l'océan ? Dans les montagnes ?
— Tu connais bien la géographie de ce pays, constata le Français toujours plongé dans sa lecture.
— En même temps, ils se ressemblent tous. Ne te moque pas ! Tu ne veux pas me le dire ?, demanda-t-il son souffle échouant sur sa joue dans un murmure.
— A quoi cela te servirait ?
— A rien ! Je suis curieux, c'est tout. Alors ?
— Et après, tu arrêtes avec tes questions ?
— Avec mes questions ? » Milo marqua un temps d'arrêt. « Oui.
— A l'ouest.
— Noté, susurra-t-il en attrapant un lobe d'oreille qui était à sa portée.
— Qu'est-ce que tu fais ? demanda Camus en se décalant légèrement pour échapper à la langue habile du Scorpion, se tourner quelque peu et plonger ses prunelles d'un saphir glacial dans les siennes d'un cyan lumineux.
— J'arrête de poser des questions.
— Milooo… Tu…
— Laisse-moi profiter du temps que j'ai avec toi, l'interrompit-il d'un simple baiser sur le bout du nez. Trois jours, c'est court. » L'une de ses mains se faufila avec habileté sous le haut du Français et se posa à plat sur la peau douce et ferme de son ventre. « La journée, je suis tout seul. Je m'ennuie sans toi. »
Cette même main se fit plus hardie, remonta en un doux effleurement pour se perdre sur un pectoraux fin mais bien dessiné et se saisir d'une gemme qui se tendait déjà sous ses doigts.
« Tu sais », Camus bascula sa tête en arrière, autorisant tacitement le Scorpion à poursuivre son approche sensuelle, « que je dois...
— Je sais, susurra-t-il. Tu dois assurer la formation de tes apprentis mais… » Sa bouche se posa sur le cou offert de son amant. « Cristal est là pour ça, non ?
— Oui. Non !
— Oui ou non ?, demanda-t-il en mordillant la peau, si chaude, alors que son souffle s'y échouait sans douceur, signe tangible de son désir.
— Je ne peux pas... », un léger gémissement franchit ses lèvres entrouvertes. Milo lui faisait toujours perdre la tête, « laisser ma vie personnelle prendre le pas sur mon...
— Ton devoir ? Je ne te le demande pas, Camus. » Sa bouche venait de se saisir de l'angle saillant de la mâchoire du Français, tandis que sa main continuait son doux traitement sur une perle de chair et que l'autre se perdait plus bas, beaucoup plus bas. « Je sais que tu as certaines obligations et je le comprends très bien. C'est juste que... » Milo se décala légèrement sur la droite et alla se saisir du menton de son amant pour le regarder dans les yeux.
Qu'est-ce qu'il pouvait aimer se perdre dans ses orbes si sombres et pourtant si troublants ! Derrière le froid qui les habitait toujours, il y devinait tout l'amour que le Français avait à son encontre. Camus ne le lui disait jamais mais tout dans son attitude attestait de ce fait. Par le simple soupir qu'il laissait échapper, alors qu'il s'évertuait à défaire les boutons de son pantalon ; par l'abandon de son corps qu'il lui laissait explorer à sa guise, sans émettre la moindre objection ; par sa main qui avait rejoint la sienne et dont le contact des doigts sur sa peau le faisait frissonner ; par son souffle qui caressait sa joue, échappé de sa bouche humide ; par la lueur de désir qu'il laissait paraître à travers ses yeux si énigmatiques...
« Juste ?
— Juste que lorsque tu es là, avec moi, je veux que tu ne sois qu'à moi, déclara-t-il en posant ses lèvres sur les siennes. Ici et maintenant. » Un nouveau baiser. « Laisse ton côté chevaleresque », un autre baiser plus appuyé et partagé, « et tes disciples à la porte », une langue curieuse qui se promenait sur une lèvre inférieure, « ... et ne sois que mon homme, Camus.
— Milo. »
Les lèvres se soudèrent dans un même ensemble, leurs langues se rencontrant enfin. La main restée vacante du Verseau, agrippant jusqu'alors la revue française qui s'échoua mollement sur le sol, se leva pour attraper sa nuque et approfondir l'échange sulfureux qui ne demandait qu'à s'embraser. Camus se contorsionna davantage pour accentuer le contact de leurs corps brûlants qui ne désiraient que fusionner l'un avec l'autre.
« Je t'aime Camus. »
Je t'aime aussi, Milo, lui répondit le Français dans le secret de son cœur en fermant les yeux et en se laissant emporter par celui qui animait tout son être et le rendait vivant, humain.
.:.: FIN :.:.
* Frustrant, n'est-ce pas ? *
J'espère que vous avez aimé.
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