Bonjour tout le monde
voici un texte écrit pour un défi pour la fête des mères
défi proposé sur le groupe Défis pairing fanfictions :
défi fête des mamans
Fandom : à choix
Pairing : à choix mais M/M obligatoire
Nombre de mots max : 15'000
Publication : un os le 28 mai pour la fête des mères française
Image: obligatoire
Thème : ''maman, je me suis marié le mois dernier avec un homme.''
Univers : UA ou Canon
Genre : Fluffy ou drama
J'ai donc choisit d'écrire sur le fandom Supernatural et sur le pairing Destiel (oui, encore)
ceci est plus ou moins un UA (il y a quand même un peu de surnaturel)
J'ai pensé un bon moment que je dépasserais les 15'000 mot et en fait, non. ce texte en fait 13'410 . de ce côté-là, le défi est relevé.
Ce texte est posté comme un OS aujourd'hui mais il y aura une suite. la fin le laisse suggérer, mais ça viendra plus tard.
SPN et ses personnages ne m'appartiennent pas et je ne tire aucun bénéfice avec ce texte.
Merci à Calliope pour la bêta correction et son aide précieuse et fortement appréciée.
Merci à La Devoreuse de Livres pour son aide.
Bonne lecture à tous et toutes
Les Winchester. Monsieur, madame et leurs deux enfants. Dean, l'aîné et Sam, le cadet. Une famille somme toute assez banale comme des millions d'autres vivant aux Etats-Unis.
La famille vivait à Lawrence au Kansas. Les enfants avaient grandi dans cette jolie petite ville paisible, entourés de leurs parents, John et Mary.
Mary était une mère aimant, possédant une autorité naturelle sans devoir élever la voix plus que nécessaire. John était un bon père, bien qu'il fût parfois un peu rude et brute, surtout envers son fils aîné qui, selon lui, se devait de suivre ses pas et de se trouver un métier dans la marine… Mais Dean en avait décidé autrement quelques années plus tôt. Il était parti du Kansas pour aller à Sioux Falls dans le Dakota du Sud quand il avait vu dans le journal qu'un type du nom de Robert Singer cherchait un apprenti pour lui confier par la suite son garage. Et Dean était donc devenu garagiste. Le métier lui plaisait, le Dakota du Sud lui plaisait, sa vie lui plaisait. Depuis quatre ans, Dean vivait chez Bobby et lui tenait compagnie quand il n'était pas en train de bosser dans le garage.
Sam Winchester, avait quant à lui choisi de faire des études de droit à Standford et tout se passait bien pour lui. Il venait d'obtenir son diplôme avec d' excellentes notes et sa vie s'annonçait parfaite auprès de sa petite amie Jessica avec laquelle il s'apprêtait à prendre un appartement à Lawrence, au Kansas. Il avait décidé de revenir s'installer auprès de ses parents. Enfin, surtout près de sa maman. Il aimait son père, mais leurs relations étaient tendues. John, n'ayant pas pu compter sur son aîné pour s'engager dans les marines, avait alors pensé que son cadet allait suivre ses traces, mais il n'en fut rien et le père avait passé les dernières années à le reprocher à Sam.
Mary aurait aimé qu'au moins un de ses fils suive les traces de son mari. Parce que ça aurait fait plaisir à John et que l'ambiance familiale en aurait été grandement améliorée, mais elle faisait avec et servait souvent de médiatrice entre ses fils et leur père quand ils se retrouvaient tous ensemble.
Sam et Dean étaient assez proches. Ils s'appréciaient beaucoup, mais malheureusement, se voyaient peu à cause de la distance qui les tenait éloignés l'un de l'autre. Cependant, ils s'appelaient très souvent. Sam fut donc très rapidement mis au courant de la façon dont marchaient les affaires de son grand frère. Ça roulait bien, même trop bien et Dean n'arrivait plus à gérer la paperasse depuis un moment. Aussi Sam avait-il demandé autour de lui qui serait apte à aider Dean et une amie lui avait conseillé un homme qu'elle connaissait. Natif et habitant de Pontiac dans l'Illinois. Un certain monsieur Novak, que Sam avait eu au téléphone quelques jours plus tard et que Dean avait accueilli dans son bureau quelques semaines après. Le type semblait parfait. Gentil, serviable, aimant les chiffres et la comptabilité. C'était tout ce qu'il fallait à Dean.
N'ayant pas d'attaches à Pontiac, il était venu s'installer à Sioux Falls, à deux pas du garage de Bobby Singer et de fil en aiguille, était devenu un ami de Dean Winchester. Puis, son meilleur ami.
Les deux hommes s'entendaient à merveille et passaient beaucoup de temps ensemble et Bobby trouvait parfois cette proximité un peu louche, mais il ne faisait pas de commentaires, il n'était pas là pour ça. Sam aussi s'était rapidement rendu compte que ça collait bien entre Dean et son nouvel ami et s'amusait parfois à charrier son frère à propos de leur complicité. Dean ne s'énervait pas outre mesure, avec Sam, ça ne servait à rien, à part lui donner encore plus envie de l'emmerder. Et puis, Dean n'aimait pas parler de sa vie privée. Il n'y était pas habitué. Son père l'avait formé depuis son plus jeune âge à être un bon soldat, un dur à cuire et un homme, un vrai, qui ne se répand pas en pleurnicheries et autres jérémiades comme une gonzesse ! Selon les critères de son père, évidemment, Dean avait été très bien formaté. Si bien qu'il n'osait pas se rebeller contre John et encore moins lui parler de lui-même. Pourtant, il aurait bien aimé.
Chaque fois qu'il devait mentir à son père, il se sentait mal, mais le faisait parce qu'il n'avait pas le choix. On ne pouvait pas se planter devant John Winchester pour lui avouer certaines choses dérangeantes ou même honteuses. Alors Dean se taisait, depuis des années… depuis toujours, en fait.
oo00oo
Sam sortit son sac de voyage de son coffre et se tourna pour regarder la bâtisse devant lui. Ce n'était pas l'endroit le plus beau du coin, mais c'était là que son frère vivait, alors l'esthétique, il n'en avait rien à faire. Un homme sortit de la maison et le visage de Sam se fendit d'un grand sourire.
- J'ai failli attendre, lança Dean en s'approchant de son frère.
- J'ai pourtant roulé comme tu me l'as appris, rétorqua Sam.
Il posa son sac sur le sol poussiéreux et fit une accolade à son aîné.
- Merde, ça fait du bien de te revoir, murmura Dean, serrant son frère contre lui, puis il le relâcha et recula de deux pas. Tu as fait bonne route ?
- C'était long, mais il fallait bien ça pour avoir la chance de te revoir, maintenant que je ne suis plus pris par les études.
- Enfin que tu n'es plus pris, tu veux dire ? Bon, eh, faut que je te présente Bobby. Ce mec est génial.
- J'en doute pas. En tout cas, t'as l'air en forme. Il prend soin de toi, on dirait.
- Un vrai papa poule, mais lui dis pas que j'ai dit ça. Viens !
Sam suivit Dean dans la maison. Son frère lui présenta Bobby Singer, assis derrière un bureau, et ce dernier lui serra la main chaleureusement.
- Ah, le fameux petit frère. Dean ne tarit pas d'éloges à ton sujet.
Sam fit un sourire, le courant était aussitôt bien passé avec Bobby. L'homme était âgé et désormais à la retraite. Il était un peu bourru mais d'une gentillesse incroyable et ça, Dean l'avait déjà dit à Sam des centaines de fois. Fallait pas se fier à l'air généralement bougon de Bobby, cet homme était une crème.
Les deux frères laissèrent Bobby seul et se dirigèrent à l'étage. Dean montra sa chambre à Sam puis il le conduisit dans celle qu'il allait occuper pour quelques jours. Sam posa son sac sur le lit et s'assit sur les draps blancs.
- Franchement, t'as l'air heureux d'être ici.
- Je suis heureux d'être ici. Je fais ce que j'aime toute la journée. Je suis entouré de gens bien. Bobby, mais aussi Jody, une amie de Bobby qui est shérif ici à Sioux Falls. Elle passe souvent pour manger avec nous. Et bien sûr, Cass, aussi.
- Je le rencontre quand, lui, d'ailleurs ?
- Ce soir. On va aller boire un verre au bar. Il est.. spécial, par contre. Moi, je suis habitué, mais toi… Enfin, ne le juge pas trop durement. Il fait du super boulot et je suis content que tu me l'aies recommandé mais... des fois, je me demande franchement de quel monde il a débarqué.
Sam rit franchement. Il avait entendu parler du fait que monsieur Castiel Novak était un peu bizarre. Il avait étonné plus d'une personne apparemment et, vu la réflexion qu'il venait de faire, Dean n'avait visiblement pas dérogé à la règle. Mais Cass devait être quelqu'un de bien pour que l'aîné des Winchester l'apprécie autant.
- Au fait, Sammy, t'as pas oublié notre virée à Las Vegas, hein ? demanda le plus vieux, s'asseyant à côté de son frère.
- Bien sûr que non. J'ai tout prévu, t'inquiète. Bon, Jess était pas vraiment ravie que j'aille à Las Vegas, mais elle me connaît et elle sait que je ne ferai pas de conneries, alors elle n'a rien dit. Elle a confiance en moi, tu vois.
- Tant mieux, annonça Dean, posant une main sur l'épaule de son frère et se levant pour quitter la chambre. Il laissa Sam défaire ses affaires et descendit voir Bobby. Le vieil homme était devant la télé. Dean s'assit sur le canapé et attrapa la télécommande pour changer de chaîne. Bobby râla pour la forme, mais ça ne le dérangeait pas, il savait que c'était l'heure de la série préférée de Dean. Dr Sexy et sa Clinique des cœurs brisés. Le vieil homme avait trouvé étrange la passion que Dean avait pour cette série quand il l'avait connu, ainsi que sa passion pour les cow-boys, mais il s'en était accommodé et ne s'était jamais permis de juger les choix de son ami.
Sam arriva un peu plus tard et plaisanta gentiment à propos des séries pour femmes ménopausées et désœuvrées, mais Dean laissa couler. Répondre ne servait à rien, et il le savait bien.
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Sam entra dans le bar, suivant son grand frère, et il se dirigèrent vers le comptoir. Dean fit un clin d'œil au barman accompagné d'un sourire et l'homme, d'à peu près le même âge que lui, lui servit deux bières fraîches. Dean les emporta avec lui vers une table et s'assit sur une des chaises. Sam prit place en face de lui.
- Fred tient ce bar depuis deux ans. Avant, c'était à sa mère, mais elle a des problèmes de santé maintenant.
- Tu aurais pu me présenter.
- Je n'y ai pas pensé.
- Et Cass ?
Dean jeta un coup d'oeil sur sa montre puis se retourna pour regarder par la fenêtre du bar. La porte de l'établissement s'ouvrit à ce moment-là et un homme vêtu d'un trench-coat beige entra. Il promena son regard autour de lui et sourit quand ses yeux tombèrent sur Dean. Il se dirigea vers le Winchester et son frère.
- Sam, je te présente Cass, annonça Dean en faisant un geste de la main vers l'homme en trench-coat qui s'arrêta une fois arrivé devant la table.
Sam le détailla longuement. Dean avait raison. Ce type était spécial. Rien que dans son habillement et sa posture, on pouvait voir qu'il sortait de l'ordinaire. Il se tenait droit comme un I, les bras le long du corps et regardait Sam, la tête penchée sur le côté comme s'il réfléchissait à ce qu'il était censé dire. Sam se leva et tendit sa main à Castiel qui la regarda en clignant des yeux.
- Je… je suis Sam Winchester, le frère de Dean, et je suis enchanté de vous rencontrer. C'est moi que vous aviez eu au téléphone pour le recrutement il y a quelques mois.
- Votre voix m'est en effet familière.
Castiel s'assit sur une chaise, les mains posées sur ses cuisses et Sam resta quelque secondes immobile, sa main toujours tendue devant lui. Ok, il était encore plus bizarre qu'il ne l'avait imaginé, mais si Dean l'aimait bien, alors, lui aussi, devrait normalement l'apprécier.
Et Sam l'apprécia, bien entendu. Castiel était sympa, sincère. Un peu à côté de la plaque parfois, mais Sam ne s'en formalisa pas.
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Sam resta cinq jours entiers à Sioux Falls. Il eut le temps de s'attacher à Bobby et de se familiariser avec Castiel et son étrangeté. Ce mec venait de quelle planète ?
Sam devint ami avec Castiel et c'est tout naturellement qu'il proposa le dernier soir qu'il les accompagne, lui et Dean, à Las Vegas. Castiel hésita et Dean trouva tout de suite que c'était une bonne idée. Les trois jeunes hommes prirent la voiture de Dean, une Chevrolet Impala de 1967, à la carrosserie noire, rutilante et magnifique, et ils partirent ensemble pour Las Vegas.
Dean, Cass et Sam passèrent trois jours à Las Vegas, puis ils rentrèrent à Sioux Falls et Sam s'en alla pour rejoindre Lawrence et retrouver sa petite amie qui l'attendait sur place.
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Un mois et trois jours plus tard.
Mary s'essuya les yeux avec sa manche et regarda le téléphone dans sa main. C'était sans doute le plus dur, devoir appeler les amis et la famille pour leur annoncer que John venait de mourir. Une attaque cardiaque l'avait emporté brutalement dans la nuit. Sam était déjà au courant et Mary lui avait demandé de lui laisser annoncer la nouvelle à Dean, sauf qu'elle avait attendu d'avoir d'abord appelé les amis et le reste de la famille et maintenant, elle devait prévenir son fils, c'était important et urgent. Elle composa le numéro en inspirant fortement. Elle aimait son fils, mais elle savait quelle serait sa réaction à l'annonce du décès de son père. Dean resterait distant. Limite, il ne voudrait pas venir à l'enterrement, par simple fierté. Mary n'avait jamais compris le besoin que John avait eu de forcer son fils aîné à avoir une enfance si disciplinée, rigide, et bourrée de contraintes militaires. Elle aurait aimé autre chose pour son fils, un père plus doux et moins macho. Un père qui n'aurait pas juste voulu faire de son fils un bon soldat. Mary lui en voulait parfois et Dean lui en voulait tout le temps. Cette situation rendait Mary triste et démunie.
Elle mit le combiné près de son oreille et attendit. Une sonnerie… deux… trois… quatre… puis une voix essoufflée.
- Garage Singer, Sioux Falls, Dean Winchester, que puis-je pour vous ?
Mary sursauta… cette voix, ça faisait des mois qu'elle ne l'avait pas entendue et ça lui serra le coeur.
- De-Dean, hoqueta-t-elle.
- Maman ? s'étonna son fils. C'est toi ? Tout… tout va bien ?
Le silence se fit entendre et Dean redemanda si c'était bien sa mère, ce à quoi Mary répondit par l'affirmative.
- Dean… je… Comment vas-tu ?
- Ben… bien, mais je travaille, là.
- Je pense bien, mais il faut que je te parle. Ton père… il…
et Mary fondit en larmes.
- Maman ? Maman ?
- Pardon, Dean. Ton père est mort la nuit dernière. Une crise cardiaque et oh, je voulais te prévenir et-
- Sam est au courant ? la coupa Dean.
- O-oui. Bien sûr. Je lui ai demandé de ne pas te le dire. Je voulais t'apprendre la nouvelle moi-même. Je… j'aimerais te voir à l'enterrement.
- Pourquoi ? s'inquiéta le jeune homme.
- Il s'agit de ton père, Dean.
- Mon géniteur, tu veux dire. Je ne le considère pas comme étant mon père. Plus depuis que je suis parti.
- Dean… il est mort.
- J'avais compris, merci. Je ne viendrai pas, maman.
- De l'eau a coulé sous les ponts, chéri. Je pensais que tu étais parti seulement pour ne plus le voir, pas pour-
- Je suis parti parce qu'il ne me laissait pas libre d'être moi-même et d'avoir des idées différentes des siennes. Sam aussi est parti pour cette raison.
- Mais Sam est revenu.
- Et je ne reviendrai pas. Pas question que je remette les pieds à Lawrence. Crois-moi, c'est mieux ainsi.
- Dean…, la voix de Mary se brisa et une larme roula sur sa joue. Dean, tu as changé maintenant. Tu fais ta vie et il me semble que tout va bien pour toi ? Ta cousine Jo m'a même dit que tu es marié, j'en suis heureuse et je-
- QUOI ? Bordel, pourquoi elle te l'a dit ? Elle sait pas garder sa foutue langue dans sa putain de bouche, celle-là.
- C'était à ce point un secret ? Elle m'a juste dit que tu étais marié à une certaine Cassie. C'est très bien, je trouve et j'aimerais beaucoup la connaître.
- Je crois pas, non, ricana Dean, d'un rire amer et forcé et Mary fronça les sourcils.
Pourquoi n'aimerait-elle pas connaître la femme de son fils ?
Dean soupira et Mary l'entendit grogner.
- Chéri, on enterre ton père dans deux jours, à midi. À toi de voir si tu comptes être présent ou non, mais j'aimerais que tu le sois, même si entre lui et toi, ça ne se passait pas comme tu l'aurais souhaité. Il a agi selon ses convictions et j'ai laissé faire parce que je pensais que c'était pour ton bien. Tu étais un petit garçon fragile, il a juste voulu t'endurcir pour la vie. Il est mort, Dean, c'est quand même pas rien. Viens, s'il te plaît, et je tiens à rencontrer ta femme si tu passes par ici. Je ne te demanderai pas de rester si tu ne le veux pas, viens juste pour la mise en terre s'il t'est impossible d'en supporter plus.
- Je verrai. J'ai du travail. Au revoir, maman !
Et Dean raccrocha.
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Dean quitta le garage plus tôt ce soir-là et rentra directement chez Bobby. Il claqua la porte et disparut à l'étage dans sa chambre. Il prit son portable dans sa main et appela Jo, sa cousine, qui répondit à la deuxième sonnerie.
- Dean, s'extasia la jeune fille.
- A qui tu l'as dit ? attaqua Dean, mauvais.
- A qui j'ai dit quoi ?
- Tu le sais très bien. Ne joue pas à ça, Johanna ! À qui as-tu dit que je suis marié ?
- J'ai peut-être laissé échapper cette information de ma bouche quand ta mère m'a appelée pour m'annoncer une mauvaise nouvelle. Dean… pourquoi en fais-tu un tel secret d'état ?
oo00oo
Un mois et six jours auparavant.
Dean se réveilla et ouvrit les yeux lentement. Il avait un mal de tête de malade. Il se redressa dans les draps et se prit la tête dans les mains. Ça tournait dangereusement, là. Il avait somme toute grandement abusé de l'alcool et il savait ne pas être le seul à l'avoir fait. Sam devait être dans le même état que lui et Cass… Cass aussi, sans aucun doute. Le jeune homme se leva péniblement et se regarda dans le miroir suspendu au mur de la chambre. Bordel, il faisait peur. Il scruta la pièce. Sam n'était pas là, mais Castiel oui, endormi sur un sofa. Dean sourit, il avait l'air d'un ange. Pas un ange comme sur les dessins avec une harpe, des joues rouges et joufflues et tout et tout... mais… bref… ! Il se secoua et se dirigea vers la salle de bain.
Quand il sortit de la salle de bain, Castiel comatait, assis sur le sofa, les yeux dans le vague.
- Ma tête me fait mal, pleurnicha l'homme en trench-coat et Dean ricana.
- Tu m'en diras tant. On a clairement abusé.
Dean se recoucha dans le lit et regarda Castiel se lever péniblement.
- Je croyais que les anges ne prenaient pas de cuite et qu'ils ne dormaient pas ?
Et Dean ne disait pas cela parce qu'il était encore sous l'emprise de l'alcool. Ni parce qu'il voulait charrier Castiel, mais tout simplement parce qu'il se posait bel et bien cette question.
- Apparemment, boire un magasin entier d'alcool rend les anges soûls et les fait dormir. C'est bon à savoir.
- Le Paradis, ce n'est plus ce que c'était, maugréa Dean en fermant les yeux.
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Castiel était arrivé trois ans plus tôt au garage et Dean s'était étonné de l'allure étrange de ce mec. Cheveux noirs en bataille, trench-coat beige immaculé, costard noir, chemise blanche et cravate bleue, qui plus est, mise à l'envers… le look du siècle.
- Dean Winchester ? avait demandé l'homme et Dean avait hoché la tête en grommelant, puis son regard avait rencontré celui de Castiel. Un regard bleu et pur comme il n'en avait jamais vu de sa vie.
- Ton frère Sam nous a mis en relation.
- Sérieux, c'est toi, Castiel Novak ? C'est toi qui viens pour le poste ?
- Oui.
- T'as pas de bagages ? demanda Dean, se rendant compte que ce Castiel n'avait rien pris avec lui.
L'homme au trench-coat avait simplement haussé les épaules.
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Les deux hommes passaient beaucoup de temps ensemble, au travail, mais aussi en dehors et puis Dean, disait très souvent qu'il se demandait de quel monde Castiel était tombé. Il disait qu'il le trouvait décalé sur Terre, comme si ce monde n'était pas vraiment le sien.
Et Castiel avait fini par tout expliquer à Dean, quatre mois après avoir commencé à travailler avec lui. Il était un ange du Seigneur qui avait été rejeté du Paradis pour désobéissance. Il aimait visiblement trop les humains et voulait trop les protéger. Ce n'était pas son rôle. Il avait été créé et formaté pour être un soldat du Paradis, pas un protecteur pour les humains. Dean, d'abord sceptique, avait fini par le croire et le prendre en pitié, parce que lui aussi avait été conditionné toute sa jeunesse pour être un soldat et qu'il avait été finalement rejeté par son père parce qu'il ne correspondait pas à ce qu'il attendait de lui.
Et les deux êtres brisés s'étaient attachés l'un à l'autre. Plus qu'ils auraient dû et plus que Dean ne l'aurait voulu.
Ce n'était pas le genre de Dean, d'aimer, mais ça lui arrivait de temps en temps. Il avait fait semblant d'aimer, des femmes au départ, pour faire bonne figure à Lawrence et pour que son père lui foute la paix et finalement, il avait aimé des hommes. Peu, parce que ce n'était pas son genre. Mais Castiel, c'était différent. Il ne se contentait pas de l'aimer, il en était amoureux. Certes, à sa manière brute et distante, mais il en était amoureux quand même. Et Castiel l'avait su très tôt, peut-être même avant Dean lui-même. Et Castiel, qui était un être possédant une grande sincérité avait avoué son amour à Dean quelques semaines après l'avoir renseigné sur sa vraie nature, mais le jeune garagiste n'était pas prêt à s'engager dans une relation amoureuse et avait révélé qu'il ne le serait peut-être jamais. Castiel avait dû attendre six mois avant que Dean lui avoue enfin l'aimer aussi et leur histoire avait commencé à ce moment-là. Depuis, ils s'aimaient, mais à leur façon. Un sourire par ci, par là, un geste plus tendre de temps en temps, un compliment à l'occasion, parfois un effleurement de mains ou un baiser léger quand l'envie leur en prenait et ça leur suffisait.
Puis, il y eut Las Vegas. Il y eut l'alcool et Sam qui les avait laissés au bar pour aller jouer aux cartes. Puis Dean qui était sorti dans la rue avec Castiel. Puis Castiel qui avait bu et finalement… cette chapelle sur leur chemin. L'idée débile d'aller défier le Père de Castiel avait jailli dans leur esprit, juste pour faire chier. L'idée stupide de parler à un prêtre avait suivi et enfin… un mariage. Le leur. Celui de Castiel Novak et de Dean Winchester !….
…. mais ça, à l'heure actuelle où les deux hommes étaient vaseux, encore bourrés et comataient dans la chambre d'hôtel, ils ne le savaient pas.
L'info leur arriva bien plus tard quand le service d'étage vint les réveiller et leur offrit une bouteille de champagne pour les féliciter de leur union. Les féliciter d'être désormais, Monsieur et Monsieur Winchester.
Dean avait pâli et avait failli rendre le contenu de son estomac sur le serveur d'étage. Castiel s'était juste assis d'un air éberlué sur le sofa. Dean avait claqué la porte et s'était tourné vers Castiel. Le regard vert avait rencontré le bleu.
- Il a dit quoi ? avait demandé Dean en pointant la porte du doigt.
- Il a dit qu'on est mariés.
- Ouais, c'était bien ça que j'avais compris aussi. On est… oh bordel de merde ! La chapelle !
Il n'en avait pas fallu plus à Dean pour comprendre ce qui s'était passé. Totalement bourrés tous les deux, ils avaient voulu faire réagir le Père de Castiel et n'avaient rien trouvé de mieux que de demander à s'unir, de conclure une sorte de mariage interracial entre un ange et un humain, juste par provocation.
- Fils de pute ! éructa le Winchester et Castiel posa ses mains sur ses oreilles. Tant de grossièreté, il avait horreur de ça.
Pour Dean, ce fut exclu dès le début de dire quoi que ce soit à qui que ce soit.
Plutôt crever que d'avouer qu'il s'était marié à un homme… ou à un ange, enfin, ça changeait quasiment rien de toute façon. Pas question d'avouer qu'il était marié. Pourtant… un coup de téléphone passé à sa cousine pour une histoire de voiture qu'un de ses amis voulait vendre et Dean s'était trahi. Il n'avait tout simplement pas réfléchi et avait annoncé, sans le vouloir, qu'il était désormais marié. Et Jo, étant curieuse, avait demandé des détails. Pris de court, Dean avait bafouillé que son épouse s'appelait Cassie. Aucune autre idée de mensonge ne lui était venue à l'esprit.
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Et maintenant, il était en train de fulminer contre sa cousine pour n'avoir pas su tenir sa langue. La discussion se termina par Jo qui raccrocha au nez de Dean et ce dernier qui envoya son portable valser à travers la pièce dans laquelle il se trouvait.
- Tout va bien, là-haut ? cria Bobby depuis l'étage inférieur.
Dean ouvrit la porte, annonça que tout allait bien, récupéra son portable, descendit l'escalier et sortit de chez Bobby pour courir chez Castiel.
L'ange était assis sur un banc devant la maison qu'il louait à Sioux Falls. Enfin… une maison... ça ressemblait plutôt à une cabane de jardin, mais bref. L'ange n'avait pas besoin de beaucoup plus d'espace de toute façon. Il sourit quand il vit Dean s'approcher.
- Bonjour Dean, dit-il, content de voir son ami venir lui rendre visite.
- Cass, on a un problème. Jo a parlé à ma mère et elle lui a dit que je suis marié à une certaine Cassie.
- Cassie ? s'étonna Castiel. C'est censé être moi ? Je n'aime pas ce surnom.
- Non, ce n'est pas ton surnom. Je… je voulais pas parler de toi à Jo, tu vois. Et visiblement, j'aurais vraiment dû m'abstenir. Ah et… mon père est décédé.
Castiel leva la tête pour crocher son regard dans celui de Dean et sa bouche s'ouvrit légèrement.
- Toutes mes condoléan-
- Je m'en moque qu'il soit crevé. C'est pas le problème, son décès. Ma mère voudrait que j'aille à Lawrence pour l'enterrement et bien entendu, ma chère épouse est cordialement invitée à venir se présenter. Tu vois la merde dans laquelle je me trouve ?
- Je crois que je comprends ce qui te dérange. C'est de me présenter à ta famille. Même à Sam, tu n'as pas dit qu'on est mariés.
- Ce mariage… c'était une bêtise de types bourrés et cons, tu le sais aussi bien que moi. On s'est mis d'accord pour ne pas casser le mariage, parce que, c'est fait, c'est fait, mais j'ai jamais promis d'assumer pour autant que tu sois devenu Monsieur Castiel Winchester. Tu me vois expliquer à ma famillepourquoi on est marié, comment on s'est marié et que tu es un ange ? On voulait juste faire réagir ton père, le but n'était pas de s'unir pour de vrai. Je suppose qu'on attendait qu'il nous l'interdise et il s'en est foutu royalement.
- Merci, j'avais remarqué. Tu n'étais pas obligé de me rappeler qu'il n'en a rien eu à faire, dit Castiel, la voix basse en se levant pour faire face à Dean.
L'humain détourna le regard, conscient d'être allé trop loin. Ces mots avaient dépassé sa pensée.
- Pardon, je voulais p-
- Je sais, coupa Castiel. Tu vas y aller ?
- Je vais aller où ?
- Eh bien, à l'enterrement de ton père.
- Non !
- Dean, il s'agit de ton père. Tu devrais y aller.
- Tu irais toi, à l'enterrement du tien ?
- Mon père, c'est Dieu. Il ne va jamais mourir.
Dean cligna des yeux pendant quelques secondes.
- Je pense bien que Dieu ne va pas mourir. Mais s'il mourait, tu irais à son enterrement ?
- Oui, annonça Castiel, sûr de lui, sans aucune hésitation.
- Après la façon dont il t'a traité toute ta vie ?
- Oui, parce que ce serait toujours mon père. Qu'il ait été un salopard ou pas. Sans compter que ce serait la dernière fois que je pourrais le voir.
- Bon sang, Cass, pourquoi tu ne me dis pas simplement que tu as envie d'aller à Lawrence ? grogna Dean, pas dupe le moins du monde du discours de Castiel.
L'ange se contenta de sourire doucement. Bien sûr qu'il avait envie d'aller à Lawrence. Il avait envie de rencontrer la famille de Dean et il savait que si ça dérangeait son ami, il pouvait toujours rester caché tout en observant quand même tout ce qui se passerait. Le bon côté d'être un ange.
Castiel leva deux doigts devant le front de Dean et s'apprêta à les poser sur la chair douce, mais le châtain retint son geste fermement.
- Oh non, on y va en voiture. Je déteste voler avec toi. Et puis, franchement, t'as pas l'impression que ça va faire louche qu'on débarque sans ma bagnole à Lawrence et qui plus est, moins de trois heures après avoir eu ma mère au téléphone alors qu'il faut plus de cinq heures de route pour parcourir le chemin depuis ici ? Hein ?
- Je crois que tu as raison. Bien, prenons l'Impala. J'apprécie aussi les voyages en voiture.
Castiel fit glisser ses doigts de la tempe à la joue de Dean et sourit tendrement. Dean lui rendit son sourire avant de soupirer et de tourner les talons.
- On part dans dix minutes, annonça Dean en retournant vers la maison de Bobby.
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Castiel sortit de la voiture et regarda attentivement autour de lui. Lawrence avait l'air d'être une jolie petite ville. Pourquoi n'avait-il jamais pris le temps d'y venir depuis qu'il était né des doigts de Dieu ?
- Cass, magne-toi. J'ai pas envie de croiser des connaissances, grogna Dean, son sac de voyage sur l'épaule.
L'ange le suivit jusqu'à la porte d'une chambre de motel. C'était donc à cela que ressemblait la grande aventure ? Cool, pensa l'ange avec le sourire.
Dean s'assit sur le lit trônant au milieu de la chambre et laissa tomber son sac lourdement sur la moquette.
- J'en reviens pas d'être ici. Moi ! Revenu à Lawrence. J'avais pourtant promis de plus jamais y remettre les pieds.
- Pourquoi ? demanda Castiel en s'asseyant côté de Dean.
- Histoire trop longue à raconter.
- Peut-être existe-t-il un moyen de faire plus bref ?
Le châtain tourna la tête vers l'être céleste et son regard vert s'accrocha au bleu de Paradis.
- Des mauvais souvenirs, c'est tout. On en parlera une autre fois.
- Tu vas aller voir ta maman demain ?
- J'en sais fichtrement rien, Cass. Je ne sais même pas quoi lui dire. Bonjour maman, c'est moi et… voilà, j'ai rien à lui dire de plus. J'aurais dû rester à Sioux Falls.
- Dean, on ne va pas à nouveau avoir cette conversation. Tu devrais prévenir Sam, il pourra certainement t'aider à renouer le contact avec votre maman.
- Tu sais que ma mère lui a sûrement déjà dit que je suis marié ? Tu le sais, hein ?
- Certainement, oui.
- Et Sam est moins con que son air ne le fait paraître. Il a sûrement compris que Cassie ne pouvait être personne d'autre que toi. Cass, Sam ne sait même pas que je suis homosexuel. Comment l'aurait-il su d'ailleurs ? Je ne l'ai jamais dit et je me suis toujours bien caché, dit Dean en baissant le regard sur la moquette.
- A cause de ton père ?
Dean se contenta de hocher la tête en se mordant la lèvre.
- Je vois. Qu'est-ce qu'il te disait, Dean ?
- Des choses… je crois qu'il savait, qu'il a même toujours su. Il me trouvait petit, fragile. Il trouvait que j'aimais trop les cow-boys et je parle pas de ceux avec lesquels on joue en étant gamin. Je parle d'une véritable adoration pour les hommes habillés en cow-boy. Et il y a eu d'autres choses aussi. Comme les petites amourettes de gosses et de préado. Toutes tournées vers les hommes… au grand dam de mon père. Tu vois, je ne peux pas revenir ici et me faire voir. Je risque trop de choses, Cass. Je suis connu à Lawrence, ce n'est pas une ville si grande. J'ai grandi ici, je suis allé à l'école, au collège, au lycée... j'ai fréquenté des amis, des filles, des… garçons en secret.
- Dean, tu as grandi, mûri, et les gens que tu as connus autrefois aussi. Ne reste pas bloqué sur tes douleurs et tes peurs du passé. Tu es ici pour ton père et surtout pour ta mère, le reste se fera tout seul et je te le redis, appelle Sam, il t'aidera certainement. Je vais… je vais aller me promener un peu en ville. Je reviendrai quand tu dormiras.
Castiel se leva lentement et fit face à Dean. Il lui releva le menton avec deux doigts et plongea son regard dans le sien. Il se pencha et posa un baiser sur le front de son mari, puis disparut aussitôt, faisant sursauter Dean, par réflexe plus que par peur. Dean s'était habitué à cela. Ça avait mis du temps et Dean se replongea dans ses premiers souvenirs avec Castiel.
Un ange s'était présenté à Dean, et le jeune homme ne pouvait pas y croire. Il ne pouvait pas croire à un truc pareil. D'ailleurs, personne n'aurait pu y croire sans douter.
C'est un soir d'orage que Castiel avait révélé la vérité à Dean, après trois jours entiers et trois nuits entières passés à ses côtés pour un boulot à terminer urgemment.
- Dean, tu sais pourquoi tu me trouves un peu bizarre ? Je t'ai entendu en parler avec Bobby. Il faut que je t'avoue quelque chose. Ce corps que tu vois, ce n'est pas ma vraie apparence. J'ai pris le corps d'un type appelé James Novak, un natif de Pontiac qui venait de décéder d'une crise cardiaque sur une route de campagne. Il fallait que je fuie le Paradis.
Dean s'était étouffé et avait toussé longuement en reculant de quelques pas.
- Q-Q-QUOI ?
- Je suis un ange du Seigneur. Un soldat du Paradis.
Et Dean avait reculé franchement. Ce type était malade ? Fou ? Bourré ? Drogué ? Psychopathe ? Ou peut-être pire que tout ça encore… ou tout ça à la fois peut-être même…
Castiel avait regardé Dean dans les yeux, puis lui avait tendu un couteau.
- Vas-y, essaye de me poignarder, tu verras.
Dean avait hésité. Il n'allait pas risquer de tuer son collègue de travail. Pourtant… quelque chose le poussa à essayer et il poignarda en plein coeur Castiel qui sourit, puis retira lentement l'arme de son corps avant de faire quelques pas en arrière. Un éclair illumina le garage et des ailes noires se matérialisèrent dans le dos de Castiel. Dean en resta ébahi,… de peur, surtout, mais aussi d'admiration. Il n'avait rien vu d'aussi badass et bandant de toute sa vie. En plus d'être sexy, et d'avoir des yeux magnifiques, Castiel était un ange… et Dean se secoua pour reprendre ses esprits. UN ANGE !
Il lui fallut tout de même plusieurs semaines avant d'accepter la réalité et Castiel dut lui prouver plusieurs fois qu'il était bel et bien un être céleste.
Dean se recomposa mentalement. Castiel avait raison, il devait appeler Sam. Mais il n'eut pas à le faire, quand il alluma son portable qu'il avait éteint pour ne pas être dérangé, un appel de Sam le fit sursauter et il décrocha, après avoir légèrement hésité.
- Tu m'expliques ? avait directement attaqué Sam sans même penser aux formules de politesse de circonstances.
- Sammy, écoute-
- Non, toi écoute, Dean. Je.. t'es marié ? Et tu ne me l'as pas dit ? Bordel, je suis ton frère, Dean!
- Je sais. Laisse-moi t'expliquer, mais d'abord, qu'est-ce que maman t'a dit exactement ?
- Elle m'a dit que tu ne viendrais pas à Lawrence pour l'enterrement de papa, ça encore, je peux comprendre. Moi-même, j'y vais pour maman et pas pour lui, mais le mariage… Dean, t'es sérieux ?
- Qu'est-ce que maman t'a dit exactement ?
- Elle m'a dit que ça lui faisait mal au coeur d'avoir appris ton mariage par Jo.
- Et… et c'est tout ?
- Pourquoi ? Elle aurait eu encore autre chose à m'apprendre ? Ta femme est enceinte ou tu as déjà un môme que tu m'as caché ?
- Heu… Sam… non, rien de tout ça. Écoute frangin, faut qu'on se voie.
- Je suis à Lawrence, Dean, et je veux être présent pour soutenir maman après-demain. J'ai pas le temps de faire le voyage.
- Je sais, mais je suis à Lawrence.
Un silence se fit entendre, pesant, et Dean crut un moment que son frère avait raccroché… ou était tombé dans les pommes… au choix.
- Tu es à… Lawrence ? Toi ?
- Castiel m'a convaincu de venir pour soutenir maman.
- Castiel t'a convaincu ? Bordel, j'essaye depuis plusieurs années et moi, tout ce que j'ai pu te dire, t'en n'as jamais rien eu à foutre.
- Je sais.
- Bon, t'es où ? On peut se voir maintenant ?
Et Dean donna le nom du motel avant de raccrocher. Il soupira, assis sur son lit, la tête dans ses mains. C'était le moment de tout dire à Sam. Mais comment allait-il réagir ?
oo00oo
Sam arriva devant le motel et sortit de sa voiture. Il frappa à la porte de la chambre louée par Dean et ce dernier lui ouvrit, le regard fuyant, un air coupable sur le visage.
- Fais pas le chien battu, Dean. Je suis pas venu pour t'engueuler, bien que tu le mériterais grandement. T'es seul ? demanda le cadet en entrant dans la chambre et en remarquant qu'il n'y avait qu'un lit simple.
- Pas vraiment, non. Je suis venu avec Castiel, mais il ne dormira pas ici. Il avait des choses à faire, alors…
- Et ta femme ? s'étonna Sam, prenant place sur le lit.
Dean soupira et s'assit à côté de son petit frère, le regard sur la moquette.
- Je n'ai pas de femme, Sammy. Maman ne t'a pas communiqué de prénom quand elle t'a raconté tout ça ?
- Non, ou alors, je m'en souviens pas. Pourquoi ?
- Sam, tu sais… Las Vegas… ben…
- Ben quoi ? Tu t'es marié à Vegas ? Mais… avec qui ?
- Pas avec toi en tout cas, murmura Dean.
Sam se figea, pas certain de comprendre où voulait en venir Dean et puis, l'évidence lui sauta aux yeux.
- Attends… t'es en train de m'avouer que tu es marié avec Castiel ou c'est mon esprit qui délire ?
- Ta santé mentale va très bien.
Sam se leva d'un bond et ouvrit la bouche mais Dean le coupa avant qu'il ne dise mot :
- Avant que tu l'ouvres, je tiens à te préciser que c'était une connerie de mecs bourrés, ok ? Castiel en est conscient lui aussi. Mais… on n'a pas fait annuler le mariage.
- Heu... je comprends pas, là. Désolé, j'ai dû rater quelque chose en cours de route, dit Sam en se rasseyant lentement. Pourquoi vous ne l'avez pas fait annuler ?
- C'est compliqué.
- Mais encore ?
Dean garda le silence, le regard toujours ancré sur cette foutue moquette à moitié moisie par les années.
- Dean ! interpella Sam et l'aîné releva la tête.
- Avec Cass… on a un genre de relation…
- Un genre de relation ? Dean, j'aime pas devoir te tirer les vers du nez.
Dean se leva brusquement et fit face à son frère.
- Écoute bien Sammy, parce que jamais de ma vie je ne répéterai un truc pareil. J'aime Cass, il m'aime. C'est arrivé comme ça, j'avais rien demandé et bref, voilà, et le mariage était une connerie mais on ne veut pas l'annuler parce que… parce que ça nous arrange sûrement bien au fond. À la base, c'était une idée pour faire chier Dieu, voir s'il allait nous arrêter, mais il n'en a rien eu à foutre de l'union entre moi et son fils, alors le mariage s'est fait et voilà où j'en suis maintenant et putain, je me vois pas dire ça à maman sans trembler de peur et de honte. Je vais la tuer sur le coup avec une révélation pareille et au fait, je suis gay.
Sam haussa les sourcils et ouvrit la bouche, mais il ne savait pas quoi dire. Il prit le temps d'enregistrer les paroles de Dean puis il se leva et serra son frère dans ses bras.
- Je suis heureux pour Castiel et toi. Félicitations, Dean.
Et Dean se raidit. Quoi ? C'était ça, la réaction de Sam ? Mais… mais… mais, c'était pas du tout celle à laquelle Dean s'était attendu. C'était même à des années lumières de ça.
Sam se détacha de lui et lui sourit avant de reprendre un air sérieux.
- Ah... encore un truc, c'est quoi , cette histoire de Dieu ?
Et Dean éclata de rire. C'était nerveux, mais ça avait besoin de sortir et ça lui fit du bien. Il put ensuite s'asseoir avec son frère et lui raconter qui était vraiment Castiel. Il eut le sentiment de dire la vérité pour la première fois de sa vie et il sentit brusquement son coeur s'alléger, comme libéré d'un grand poids.
oo00oo
Sam quitta son frère au milieu de la nuit et rentra chez lui pour aller rejoindre Jessica. Il lui sembla croiser le long du chemin un homme vêtu d'un trench-coat debout sous un lampadaire, le visage levé vers le ciel, qui disparut aussitôt que les phares de la voiture l'éclairèrent, mais c'était peut-être une hallucination. L'effet du bonheur, peut-être !
oo00oo
Mary Winchester ouvrit la fenêtre pour mettre ses draps à l'air frais du matin et elle se figea. Un homme était debout sur le trottoir devant sa maison. Un homme aux cheveux sombres vêtu d'un trench-coat beige. Il semblait la regarder. Elle recula de quelques pas et sortit de sa chambre pour descendre au rez-de-chaussée puis elle regarda par la fenêtre à côté de l'entrée. L'homme semblait attendre quelque chose ou quelqu'un. Qui était-il ? Mary était certaine de ne pas le connaître et même, de ne l'avoir jamais vu de sa vie, encore moins à Lawrence. Devait-elle appeler Sam ? Elle n'en fit rien, pourtant. Le type n'avait pas vraiment l'air louche, ni même mauvais, puis elle se dit qu'il était peut-être ici en rapport avec l'enterrement de John. Elle quitta la fenêtre et remonta à l'étage pour passer une tenue d'intérieur plus décente que sa chemise de nuit et redescendit. Elle ouvrit la porte d'entrée et sortit sur le palier.
- Bonjour ! lança-t-elle au gars, qui désormais, le regardait bien en face. Je peux vous aider ?
- Bonjour. Oh, je… je ne voulais pas vous déranger. Je… je cherchais monsieur Samuel Winchester.
- Oh, il n'habite plus ici. Il a un appartement en ville avec sa fiancée. C'est en rapport avec l'enterrement de John ?
L'homme aux cheveux sombres hocha lentement la tête et Mary lui sourit.
- Ne restez pas sur ce bout de trottoir, venez boire un café. J'appellerai Sam si vous voulez.
Castiel pencha la tête sur le côté et se dirigea vers la maison et vers Mary. Il s'arrêta à quelques centimètres d'elle et elle lui tendit la main, mais Castiel ne la lui serra pas, alors Mary fronça les sourcils, tout en renonçant à imposer à l'homme cette forme de salutations. Elle baissa donc la main.
- Je suis Mary Winchester, la femme de John et la mère de Sam et Dean.
- Je sais, annonça d'un ton bienveillant l'homme aux cheveux noirs et Mary recula d'un pas.
- Et… vous êtes ?
- Je m'appelle Castiel Novak. Je viens de Pontiac, dans l'Illinois et j'aurais aimé parler avec Samuel Winchester.
Mary hocha la tête et demanda à ce que Castiel (prénom bien étrange) entre dans sa maison. Elle l'invita à s'asseoir dans un canapé mais il préféra rester debout, droit comme un I, les bras le long du corps et Mary le détailla des pieds à la tête. Mais qui pouvait bien être ce mec… ? Puis elle se dit qu'elle avait déjà entendu le nom de Novak quelque part, mais où et quand, et en rapport avec qui ? Elle ne s'en souvenait pas. Mary servit un café à Castiel qui le posa sur la table basse sans y toucher et le laissa seul quelques instants pour téléphoner à Sam.
Son fils annonça directement qu'il allait se dépêcher de venir chez sa maman et il arriva environ dix minutes après avoir raccroché. Mary l'aurait volontiers remerciée vivement de s'être dépêché de venir. Elle n'avait en effet pas su trouver un seul sujet de conversation avec monsieur Novak. Il ne répondait que par des phrases courtes et simples ou même, très souvent, seulement par des monosyllabes comme oui, non, si… et ne posait pas de question. Il n'avait même pas touché à sa tasse de café.
- Cass, qu'est-ce que tu fais ici ? demanda Sam quand il arriva devant l'ange, toujours debout à côté du canapé du salon de Mary.
- Je voulais te voir, Sam. Il faut que je te parle.
- Tu aurais dû demander mon adresse à Dean, ça aurait été plus simple.
Castiel s'apprêta à répondre à Sam mais Mary le coupa.
- Vous connaissez mon fils Dean ? demanda-t-elle, surprise de cette révélation.
- Je travaille avec Dean dans le garage de Robert Singer à Sioux Falls. Je m'occupe des comptes.
- Je me disais bien que j'avais déjà entendu votre nom cité dans une conversation. Vous auriez dû me dire tout de suite que vous travaillez avec Dean. Comment va-t-il ? Il n'est pas venu à Lawrence avec vous ?
Castiel hésita sur la réponse à donner et finalement, il détourna le regard sur Sam sans plus se préoccuper de Mary qui garda la bouche ouverte de stupéfaction. Ce type manquait clairement d'éducation.
- Sam, on peut discuter ailleurs ? s'enquit Castiel et Sam hocha la tête par la positive. Il sortit de la maison, suivi de Castiel, et ils s'arrêtèrent devant la voiture du cadet Winchester.
- Qu'est-ce qu'il se passe, Castiel ?
- Pardon d'avoir dû déranger ta maman.
- Faut tu apprennes à parler aux gens, Castiel. Pourquoi tu ne lui as pas dit que tu connais Dean ?
- Eh bien, j'ai eu peur qu'elle ne me pose des questions et que je trahisse Dean. Je ne veux pas révéler des choses qu'il n'a pas envie que je révèle. Il m'en voudra beaucoup après.
- Je vois. Alors, de quoi doit-on parler ?
- De Dean, mais en fait, j'aimerais que tu viennes voir quelque chose avec moi.
Sam n'eut pas le temps de hocher la tête et encore moins de comprendre ce qui se passait. Castiel posa deux doigts sur son front et il se retrouva au milieu d'un cimetière.
- Bordel, dit-il en reprenant son souffle, une main posée sur son coeur, Dean m'a vaguement parlé de ce truc, mais je pensais pas que ça faisait un effet pareil. T'aurais pu prévenir.
- Désolé, je devais faire vite. Ta mère allait ouvrir la porte.
Mary ouvrit la porte pour proposer un café à Sam, mais elle s'étonna que son fils et monsieur Novak aient disparu. Comment avaient-ils pu partir si vite ? Et pour aller où ? Elle cligna des yeux quelques secondes et referma la porte, emportant la tasse fumante à l'étage. Elle la posa sur un bureau et se coucha sur un lit, le regard perdu dans le vide.
- C'est quoi l'urgence ? demanda Sam, en regardant autour de lui. Il s'arrêta net quand il vit Dean dans le cimetière, assis devant un trou qui avait été manifestement creusé dans le but de mettre un cercueil dedans. Sam ne le voyait que de dos.
- Il est là depuis quand ?
- Depuis des heures, en fait. J'ai voulu le rejoindre au motel au lever du jour mais il n'y était pas. Je l'ai trouvé ici. Je ne veux pas le déranger, mais je suis sûr qu'il a besoin de quelqu'un. C'est pour ça que je te cherchais. Je peux trouver Dean n'importe où sur Terre, parce que nous sommes liés, lui et moi, mais je ne peux pas faire la même chose avec toi. C'est pour cela que je suis allé devant la maison de tes parents.
- Je comprends. Je vais aller le voir, annonça Sam à Castiel, par contre, faudra qu'on parle toi et moi après cela. J'ai appris plusieurs choses hier soir.
- Je sais. En réalité, je savais que Dean allait te parler de notre mariage et du fait que je suis un ange. Je connais bien ton frère.
- C'est ce que je constate. Je… je vais aller vers lui.
Castiel hocha la tête et disparut. Sam sursauta et regarda autour de lui en clignant des yeux. Ah ben ça, il ne s'y était pas attendu. C'était flippant… et perturbant aussi.
Dean sursauta et releva la tête brusquement quand il sentit une main se poser sur son épaule.
- … Sam ? j'aurais pensé que c'était Cass. Heu… salut.
Dean se releva précipitamment et passa sa manche sur ses yeux en grognant. - Comment tu savais que j'étais ici ?
- Castiel. Dean… qu'est-ce que tu fais ici devant ce trou ?
- J'avais besoin de respirer un peu.
- Dans un cimetière ? Devant l'endroit où on va inhumer papa demain ?
Dean grogna puis baissa la tête.
- Tu sais, Dean, ça me rassure de voir que ça te touche plus que tu ne veux bien le montrer. Tu devrais… prendre un peu de temps pour réfléchir à tout ça. J'ai l'impression que tu es un peu perdu.
- Cas a raison. Malgré tout ce qu'il m'a fait et tout ce qu'il ne m'a pas permis de faire, il reste mon père. John est mon père et c'était pas un monstre, au final. Il avait juste ses idées à lui, son éducation à lui et… il est mort.
Dean se retourna lentement vers le trou dans la terre et le regarda longuement. Ainsi, ce serait là maintenant que John Winchester reposerait pour l'éternité. Dean avait beau être fâché, se montrer fort et distant, ça ne l'empêchait pas de ressentir une vive tristesse face à cette constatation.
- Tu veux aller le voir à la morgue ? demanda Sam et Dean sursauta légèrement. Il se retourna et secoua la tête pour signifier que, non, il n'en avait pas envie.
- Tu veux passer un moment chez moi ?
- Hein ? Non. Je vais aller rejoindre Cass. On se verra demain à l'enterrement.
- Dean, maman fait une veillée ce soir, si tu veux venir… Ce sera dans le jardin. Plusieurs membres de la famille seront présents. Ellen, mais aussi Jo et Ash. Et des amis de papa. J'y assisterai aussi avec Jess.
- J'en sais rien… je crois pas être prêt à ça. Je vais y réfléchir.
Dean fit une accolade à son frère et sortit du cimetière lentement. Sam sourit. Au moins, Dean ne refusait pas de venir enterrer leur père. Sam jeta un coup d'oeil rapide vers le trou dans le sol et se détourna pour sortir du cimetière. Il devrait donc maintenant rentrer à pied. Merci Castiel !
oo00oo
Dean claqua la porte du motel et commença à ôter sa veste quand il arrêta ses gestes, sentant le regard de Castiel posé sur lui. Un regard inquiet et un peu fébrile.
- Quoi ? questionna-t-il, un peu inquiet.
- Je suis content que tu sois de retour. Comment te sens-tu, Dean ?
- Arrête d'être mon ange gardien, Cass. Sois juste… mon mari.
- Un mari ne s'inquiète pas ?
Dean pouffa en haussant les épaules, posa sa veste sur le dossier d'une chaise et s'assit dessus. Castiel le rejoignit et resta debout à côté de Dean.
- Merci pour Sam. Comment as-tu su que j'avais besoin de le voir ?
- J'ai pensé que c'était le meilleur choix.
Dean se leva et fit face à Castiel.
- Merci, murmura-t-il et une de ses mains passa derrière la nuque de l'ange. Il l'attira à lui et sa bouche se posa sur celle de Castiel, doucement, à peine quelques secondes, mais cela leur suffit.
oo00oo
Quand Sam arriva devant la maison de sa maman, il crut un instant qu'elle ne le verrait pas et qu'il pourrait rentrer chez lui sans devoir passer par la case questions embarrassantes, mais Mary ouvrit la porte de sa maison avant même qu'il ait pu ouvrir la portière de sa voiture. Le fils soupira en faisant face à sa mère qui se posta devant lui.
- Tu aurais pu m'avertir que tu allais partir avec ce monsieur Novak. J'ai été surprise.
- Désolé. Castiel devait me parler de quelque chose et il m'a entraîné plus loin dans la rue sans que j'aie le temps de te prévenir. C'était… important.
- Qu'est-ce qu'il fait ici à Lawrence ? Je n'avais jamais vu cet homme avant aujourd'hui et je ne pense pas que ton père le connaissait.
- C'est l'employé et l'ami de Dean. Il est venu…
Sam se tut. Quelques secondes s'écoulèrent, sans qu'il reprenne la parole.
- Sam ! insista Mary face au silence de son fils. Il y a quelque chose que tu devrais me dire ?
Et Sam, ne sachant pas résister au regard inquisiteur maternel, avoua un peu honteusement, que Dean était à Lawrence, parce que Castiel l'y avait entraîné. Mary en resta bouche bée quelques secondes avant de demander à son fils de bien vouloir parler de la veillée à Dean et de trouver un moyen pour le faire venir. Elle avait tellement envie de le voir.
Et Sam annonça qu'il en avait déjà parlé à Dean.
oo00oo
Castiel était debout, regardant par la fenêtre du motel, et Dean était assis sur son lit zappant d'une chaîne à l'autre sur la télé quand l'ange posa une question :
- Dean, tu te souviens de la dernière fois que tu as vu ton père ?
Le Winchester éteignit la télé et fronça les sourcils. Bien sûr qu'il s'en souvenait et ce n'était pas un bon souvenir. Sam et John s'étaient disputés violemment parce que Sam voulait partir pour Stanford.
- Bien sûr que je m'en souviens. Il voulait retenir Sam pour ne pas qu'il parte faire des études de droit.
- Que lui as-tu dit ?
- Heu… pourquoi cette question ? Je sais pas… je sais plus. C'était il y a longtemps maintenant, mais je suppose que j'ai dû lui dire que je ne reviendrais pas à Lawrence et que je ne voulais plus avoir de contact avec lui. Pourquoi ?
- Je repensais à mon Père. À notre dernière discussion. Il voulait que je prenne une décision. Que je fasse mon choix. Ma famille ou les humains ? J'ai choisi les humains presque sans hésitation parce que j'ai trouvé que beaucoup méritaient d'être sauvés. Alors, j'ai pris corps dans ce vaisseau. James Novak est mort juste au bon moment dans la bonne ville. J'ai trafiqué sa carte d'identité et son permis de conduire pour me faire passer pour son frère, Castiel. J'aurais pu prendre son nom… mais j'aime bien le mien. J'aime beaucoup le mien.
Dean se leva et se dirigea vers Castiel qui se retourna lentement.
- Pourquoi me dis-tu tout cela, Cass ?
- Je n'ai pas fini. Je me souviens de cette discussion avec lui. Il m'a dit que j'avais toujours été un ange étrange, pas du tout comme mes frères et sœurs. Désobéissant. J'étais le grain de sable noir dans l'égrenage de la famille. Mais… il m'a dit qu'il m'aimait avant que je parte et je lui ai répondu que je m'en fichais bien puisque je devais de toute façon quitter son Paradis. Tu sais, ce n'était pas vrai. J'aime encore mon père. Il reste mon créateur. Il reste mon Père et je me dis parfois que j'aimerais le revoir, juste une fois pour pouvoir m'excuser.
- Tu n'étais pas en tort. Tu avais juste le droit d'être toi-même.
- Je sais.
- Je vais aller à l'enterrement de mon père demain à midi.
- C'est une bonne décision. Je suis certain que c'est important.
- Cass, ce soir, ma mère fait une veillée pour la famille et heu… Sam m'a demandé si je voulais participer.
- Et tu le veux ?
- Je n'en suis pas sûr. Il y aura ma cousine Jo, sa mère et aussi Ash, son demi-frère. Et peut-être d'autres personnes. Des amis de mon père, sans doute. Si j'y vais… tu sais que je vais devoir apprendre la vérité sur mon mariage à tout le monde. Je ne veux pas laisser Jo répandre la bêtise que j'ai dite. Tu ne t'appelles pas Cassie et tu n'es pas une femme, par contre, tu penses bien que je ne pourrai pas avouer que tu es un ange.
- Je m'en doute. Gardons ceci pour plus tard.
Dean s'approcha de Castiel et plongea son regard dans les yeux bleus de Paradis. Il déglutit lentement.
- V-viendrais-tu avec moi ?
Castiel se contenta de répondre d'un sourire doux et sincère. Bien sûr qu'il irait avec Dean. Il était venu pour l'accompagner , après tout.
oo00oo
Dean tourna la tête vers Castiel, debout à côté de lui sur le trottoir après être tous les deux sortis de la voiture. Il regarda ensuite la maison de sa mère et se mordit la lèvre inférieure. C'était le moment ! Oh bien sûr, il pouvait encore reculer, mais il ne le voulait pas. Castiel posa une main sur son épaule et Dean sentit une vague de courage l'envahir. Il se sentit fort et invincible avec Cass à ses côtés. Il avança et l'ange le suivit. Ils se dirigèrent vers l'entrée du jardin et Dean fit tinter une petite cloche. Sam vint lui ouvrir, le sourire aux lèvres. Il les pria d'entrer et ils pénétrèrent dans le jardin de la maison Winchester. Une petite vingtaine de personnes étaient déjà réunies autour d'une table sur laquelle une photo de John, grand format, trônait fièrement. Dean repéra tout de suite sa tante Ellen et sa cousine Jo, les voisins de ses parents et Ash aussi. Il éprouva alors l'envie irrépressible de déjà faire demi tour. Ash était le demi-frère de Jo et il avait été un temps, le grand amour de Dean. Le châtain rougit mais personne ne s'en aperçut, pas même Castiel qui scrutait le jardin et les invités de madame Winchester. Cette dernière était au milieu des invités, un plateau de crudités à la main, le regard absent, la mine triste. Son visage s'illumina pourtant quand elle vit Dean et un fin sourire se dessina sur ses lèvres. Elle passa son plateau à Jessica et se dirigea vers son fils qu'elle prit dans ses bras pour le serrer fortement et tendrement.
- Bonsoir, monsieur Novak. Dean, je suis heureuse de te voir ici. Viens vers nous. Viens vers Jo, Ellen, Ash. Ils vont tous être ravis de te voir et heureux de faire la connaissance de ton épouse.
Dean se racla la gorge peu discrètement et Castiel leva la tête vers le ciel. Si seulement le Paradis pouvait les aider… Mais fallait pas compter là-dessus.
- Mon… épouse… ouais… elle… Oh tu sais, elle se sentait un peu… Elle avait peur de ne pas se sentir à sa place alors euh… elle a préféré que je vienne seul pour être avec ma famille et…
- Et monsieur Novak s'est dit qu'il faisait plus partie de la famille que ta femme ?
Dean ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit. Il ne s'était pas attendu à cette réplique de la part de sa mère. Avait-elle compris ? Se doutait-elle de quelque chose ? Elle tourna les talons en disant simplement :
- Dean, ça me fait plaisir que tu sois venu.
Elle se dirigea vers les invités et remercia Jessica d'avoir gardé le plateau. Dean et Castiel se jetèrent un regard et Sam passa à côté d'eux pour aller vers sa petite amie, laissant les deux hommes seuls, plantés à l'entrée du jardin. L'ange se tourna vers l'humain.
- Dean… on devrait peut-être rejoindre les autres.
- Laisse-moi une minute, Cass. Imagine que je n'ai pas vu ces gens depuis quatre ans. Tu comprends, je ne peux pas débarquer au milieu d'eux avec le sourire comme si de rien n'était. Et au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, ma mère n'a pas vraiment été très chaleureuse avec moi. Je m'attendais à autre chose à vrai dire.
Dean regarda la maison de son enfance et agrippa le poignet de Castiel.
- Viens avec moi, je vais te montrer la maison et mon ancienne chambre.
Et les deux hommes se dirigèrent vers la bâtisse.
Si le spectacle échappa à pas mal de monde, il ne manqua pas d'interpeller Johanna. La cousine de Dean fronça les sourcils en voyant son cousin partir vers la maison en tenant un homme par le bras. Elle les suivit du regard jusqu'à ce qu'elle les perde de vue puis se dirigea rapidement à son tour vers la maison pour les suivre. Johanna découvrit que son cousin était entré dans la chambre qu'il occupait quand il était enfant et elle se cacha derrière le battant ouvert de la porte. Dean était là, planté au milieu de la pièce, avec un homme à ses côtés. Johanna ne le voyait que de dos. Cheveux noirs hirsutes et trench-coat beige. Drôle de type.
- C'est donc ici que tu as grandi, dit la voix de l'inconnu.
- En effet. c'était ma chambre, mon endroit, mon refuge.
- Ta passion pour les cow-boys était déjà flagrante, à ce que je vois, annonça le type aux cheveux noirs en pointant un poster du doigt.
- Ouais, t'as remarqué aussi. Même Bobby est au courant de ça. C'est dire si tout le monde le sait. Cass, on fait quoi ?
- On fait quoi ? répéta le type qui semblait s'appeler Cass.
Cass ? En voilà un nom pas banal et étrangement, Johanna trouva que ça ressemblait drôlement à Cassie.
- Arrête de répéter mes questions à chaque fois. C'est un peu pénible.
- Désolé, s'excusa Cass en baissant la tête et Dean la lui releva avec deux doigts sous le menton.
Johanna plissa les yeux quand elle vit son cousin ancrer son regard vert dans les yeux du mec aux cheveux noirs. Puis elle faillit laisser échapper un glapissement de surprise quand elle vit Dean poser ses lèvres sur celles du fameux Cass. Et tout s'éclaira dans son esprit. Dean était marié avec Cassie… mais Cassie n'était pas une femme. C'était ce Cass… autrement dit, c'était Castiel Novak. Le type dont Dean lui avait parlé une ou deux fois au téléphone et qui travaillait avec lui. Comment avait-elle pu ne pas comprendre tout de suite ? C'était plutôt évident et logique. Pourquoi Mary ne lui avait-elle pas dit la vérité ? Johanna se mordit la lèvre et décida de retourner dans le jardin. Elle avisa Mary et la prit à part.
- Tu aurais pu me dire la vérité, j'aurais compris, tu sais. Après tout, Ash est mon demi-frère et tu sais qu'il est spécial.
Mary cligna des yeux, ne comprenant pas de quoi Jo voulait parler, ne voyant pas où elle voulait en venir.
- Quelle vérité ?
- Sur Dean, sur son mariage.
- Jo, avant que tu me dises au téléphone que Dean était marié, je n'en savais rien. Ça faisait bien quatre mois que je ne lui avais pas parlé. Il semblerait que le mariage soit assez récent.
- C'est ce que j'ai cru comprendre et je dois dire que j'ai été surprise. Et tu… tu n'as pas de problème avec ça ?
- Non. J'aurais aimé que Dean m'en parle avant ou en tout cas juste après, mais bon, je le connais et ça ne me surprend pas vraiment.
- Tu n'es pas surprise que Dean soit marié à un homme ? Depuis quand tu savais que-
- Un homme ?
Et Johanna se mordit la lèvre.
- Dean est marié à un homme ! s'écria Mary, faisant tourner la tête de tous les invités dans sa direction.
Dean et Castiel sortaient de la maison au même moment et le Winchester se figea en ouvrant les yeux en grand, terrifié par ce qu'il venait d'entendre. MERDE ! Mais le Ciel lui en voulait personnellement ou quoi ? Il aurait bien aimé être au courant si c'était vraiment le cas. Il ressentit soudain un vertige et s'assit sur une marche d'escalier. Tout ça, c'était trop pour lui. Son regard croisa celui de Mary et il eut envie de disparaître instantanément sous terre. Castiel dut le comprendre car il prit la main de Dean, l'aida à se relever et l'entraîna dans la maison avant de poser deux doigts sur son front… et ils se retrouvèrent dans l'Impala garée dans la rue.
- Merci Cass, souffla Dean.
- Qu'est-ce qui nous a trahis, Dean ?
- J-je… je sais pas. Mais c'est pas bon, ça. Je n'aime pas la tournure qu'a prise cette virée à Lawrence. Merde pour l'enterrement de mon père, on rentre à Sioux Falls.
- Dean-, commença Castiel mais il fut coupé par le châtain qui se tourna vers lui, la colère luisant dans ses yeux.
- Ferme-la pour une fois. Arrête de jouer les saints. T'es juste un foutu ange déchu, viens pas me faire ta putain de morale à deux balles. Je rentre chez moi, fais ce que tu veux, mais si tu restes ici, ne reviens pas.
- Je viens avec toi.
Et Dean démarra sans plus attendre.
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Il ignora les appels de Sam, de Jo, d'Ellen et de sa mère tout le reste de la soirée et quand il voulut sortir pour aller mettre son sac de voyage dans sa voiture pour quitter le motel, il se figea en voyant un homme debout adossé à son Impala chérie.
- Salut Dean, lança Ash avec le sourire.
- Mais… de… je…
- C'était facile de te trouver, un p'tit tour sur mon ordi et j'ai pu savoir où tu créchais. Tu pars en voyage ?
- Non, je rentre chez moi, à Sioux Falls.
- Et l'enterrement ?
- J'en ai rien à battre si tu veux tout savoir. J'étais venu pour soutenir maman, mais son regard quand…
- Elle savait pas que t'es homosexuel ?
- Comment l'aurait-elle su ? Tu crois que j'ai eu l'occasion de le lui dire quand John était en vie ? Tu crois que j'ai eu l'envie de le lui dire quand il était en vie ?
- J'crois pas. Hep, c'est pas la fin du monde.
- Parle pour toi ! Tu leur as dit que tu es bisexuel à tendance je sais pas trop quoi ?
Ash sourit davantage et décolla son corps de l'Impala pour avancer vers Dean.
- Nah, pas vraiment. Mais Ellen et Jo savent que ça m'arrive de m'envoyer en l'air avec la gente masculine. Après, j'ai pas besoin de tout raconter en détails. Pis merde, mec, t'es marié. Là j'y crois pas. Qui est le gars qui a pu te mettre le grappin d'sus ? Tu me le présentes que je puisse le féliciter ?
- Arrête de te fou-
- Dean ?
Le châtain se retourna vivement pour découvrir Castiel derrière lui, regardant la scène la tête penchée sur le côté.
- Je suppose que c'est lui ? demanda Ash, scrutant le nouveau venu de la tête aux pieds. T'as pas choisi le plus moche.
Dean soupira et finit par présenter Castiel à Ash.
- Donc, tu comptes vraiment t'en aller ? demanda Ash à Dean.
- J'ai plus rien à faire ici. Je viens de briser le cœur de ma mère, je ne vois pas bien pourquoi je resterais. A l'origine, je ne voulais même pas venir, c'est Cass qui m'a convaincu.
- Et il a eu raison. Bordel, Dean, il s'agit de l'enterrement de ton père. Tu sais, celui qui a passé plus de 30 ans de sa vie auprès de ta maman. Celui qui t'a vu naître. Ravale ta putain de fierté, retrouve tes couilles et sois présent pour ta famille demain. Tu géreras tes soucis de sexualité plus tard.
Ash tourna les talons et s'en alla à pied dans la nuit après avoir fait un dernier signe de la main à Dean.
- C'est donc lui, Ash.
- J'ai failli oublier que je t'en avais parlé.
- Tu l'aimais beaucoup ?
- Qu'est-ce que ça peut faire ? demanda Dean, d'un ton acide, en haussant les épaules.
- Je suis ton mari, je pense que j'ai le droit de le savoir. Je suis ton ami aussi et ton ange gardien par la même occasion.
- Tu m'emmerdes, Cass, plaisanta Dean, un sourire complice étirant les traits de son visage.
- Je crois que je suis aussi un peu dans ta vie pour cela, pour t'asticoter. Tu veux toujours repartir à Sioux Falls ?
- Je n'en suis plus si sûr. Ash a peut-être raison, je devrais être présent demain, ne serait-ce que pour ma maman et Sam. J'ai une proposition à te faire, Cass.
Castiel pencha la tête sur le côté en fronçant les sourcils, attendant la demande de Dean.
- On pourrait… toi et moi… tu sais… genre, dormir ensemble dans le même lit cette nuit.
Le visage de Castiel se fendit d'un large sourire. Il avança de quelques pas, attrapa la nuque de Dean d'une main douce mais ferme et l'embrassa longuement. Le châtain en lâcha son sac de voyage. Un baiser de ce genre, partagé avec Castiel, ce n'était jamais arrivé auparavant. Ce n'était pas leur genre, ni à l'un ni à l'autre et Dean avait pensé que ce ne le serait jamais, mais là, il sut immédiatement que ce ne serait pas le dernier baiser de ce style-là. Parce qu'il était doux, chaud, rassurant, électrisant… ce baiser avec l'ange de son coeur.
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Mary remercia le dernier invité qui s'apprêtait à quitter son jardin après la veillée. Elle ferma le portail et soupira. Quelle soirée ! Après la fuite de Dean et de son étrange ami, les gens s'étaient déchaînés en multipliant les discussions et les suppositions stupides et infondées sur la vie de Dean et les raisons qui avaient pu le conduire à devenir gay. Mary s'était fâchée après avoir entendu quelques phrases fortement déplacées et presque méchantes et elle avait demandé à tout le monde de la fermer bien proprement sinon elle allait tous les virer de son jardin et de sa vie. Ce fut efficace. Les gens ne prononcèrent plus que des phrases parlant de John ou en rapport avec son enterrement. Dean était déjà oublié… mais pas pour Mary. Son fils, son aîné… marié avec un homme. En voilà un choc dont elle se serait bien passé, surtout en ce moment. Elle retourna vers sa maison et s'arrêta net devant la photo de John qu'elle regarda longuement. Il avait fallu qu'il meure pour qu'elle comprenne pourquoi Dean était parti. Ce n'était pas qu'un problème dû au fait que John voulait faire de son fils un soldat, non, c'était bien autre chose dont Mary n'avait jamais eu connaissance ni même conscience. Et maintenant , c'était comme si un voile s'était déchiré. Elle comprenait tout.
- C'est drôle John, de là où tu es, tu le vois peut-être, mais Dean est exactement ce que tu as toujours redouté qu'il soit. Et ce qui est encore plus drôle, si j'ose dire, c'est que je ne l'ai jamais vu aussi rayonnant que lorsque j'ai eu l'occasion de le voir aux côtés de cet homme, même si cette entrevue n'a duré que quelques minutes. Ce Castiel Novak... Ils sont beaux, tu sais, tous les deux. Je comprends maintenant ce que Dean avait contre toi. Qu'as-tu bien pu lui dire ou lui faire pour qu'il s'en aille en te détestant ? Bien sûr, tu ne le diras jamais. D'ailleurs, tu t'es bien gardé de me le dire. Maintenant… comment crois-tu que je vais arriver à faire comprendre à Dean que je le soutiens , que je l'aime, et que peu m'importent ses choix de vie ?
Mary soupira, emporta la photo à l'intérieur de la maison, la posa sur la table basse du salon et s'assit sur le canapé. Elle avait besoin de réfléchir à la façon dont elle allait pouvoir aborder Dean pour lui parler et lui faire comprendre qu'elle l'acceptait comme il était. Qu'elle l'aimait et qu'elle le voulait plus présent dans sa vie qu'il ne l'avait été ces quatre dernières années. Mary essuya une larme au coin de son œil et se leva. Elle sortit de la maison et entra dans sa voiture.
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Sam sursauta dans son lit et ouvrit les yeux. Qui pouvait bien sonner en pleine nuit chez lui ? Puis, il pensa à Dean. Peut-être que celui-ci n'avait pas quitté Lawrence ? Il se leva d'un bond , se précipita vers l'entrée pour ouvrir la porte et se figea…
- Maman ? s'étonna-t-il en reconnaissant la femme blonde qui se tenait devant lui.
- Désolé de te déranger à cette heure-ci. J'ai réveillé Jess ?
Sam se retourna brusquement et tendit l'oreille, puis il regarda à nouveau sa mère.
- Je ne crois pas, non. Je… je pensais que ce serait Dean derrière la porte.
- Tu le savais ? demanda Mary.
- Pour le mariage, c'est toi qui me l'as appris et pour Castiel, Dean me l'a avoué hier soir. Tu imagines bien que Dean ne m'avait pas mis dans la confidence.
- Je ne parle pas de ça. Tu savais qu'il est…
- Gay ? Non, je l'ai appris hier soir ça aussi. Il a tout lâché sans détour quand j'ai voulu le questionner sur la question de son mariage.
- Tu sais où il est ?
- Maintenant ? Le connaissant, sur la route pour rentrer chez lui…. Quoique… Castiel est avec lui alors peut-être qu'ils ne sont pas partis. Attends, je m'habille et je t'accompagne à leur motel.
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- Tu ne veux pas quitter cette fenêtre ? demanda Dean à Castiel qui fixait l'extérieur depuis une bonne heure.
Le châtain avait eu le temps de prendre une douche et de se préparer pour la nuit. Il avait même eu le temps de consulter le programme de la télé et la carte du petit déjeuner que proposait le petit diner d'en face.
- Cass ?
L'ange se retourna lentement et scruta Dean, le regard voilé par l'inquiétude. Dean lâcha la carte du diner, se leva de sa chaise et s'approcha de l'ange. Il posa une main sur sa joue.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Le Paradis me manque. Ma famille me manque. Je pensais pas… que je pouvais ressentir des sentiments humains, mais j'ai appris que c'était possible pour moi grâce à toi … l'amour, l'attachement… tout ça et là… le manque. J'aime moins ce que me fait éprouver cette émotion, je dois te l'avouer.
- Tu aimerais retourner chez toi ? Me quitter ?
- Te quitter ? s'étonna Castiel en fronçant les sourcils. Non, jamais. J'aimerais juste pouvoir… remonter de temps en temps… mais… mon Père ne me laissera pas revenir et il n'est pas question que je quitte la Terre et encore moins que je te quitte toi. Ça va finir par passer, Dean, ne t'inquiète pas pour moi.
Castiel esquissa un sourire et posa sa main sur la joue de Dean. Leurs regards s'ancrèrent l'un dans l'autre jusqu'à ce qu'un bruit de moteur et des lumières de phares les fassent tourner la tête vers la fenêtre. Dean se pencha pour regarder par la vitre. Une voiture grise venait de se garer devant leur chambre. Il jeta un regard à Castiel, lui demandant de ne pas bouger et il alla ouvrir la porte. Il vit Mary sortir de la voiture et mère et fils se regardèrent sans oser bouger. Aucun des deux ne savait ce qu'il convenait de dire.
Castiel arriva derrière Dean et s'immobilisa en penchant la tête sur le côté pour voir madame Winchester.
Mary avança de quelques pas vers son fils.
- Vous ! attaqua-t-elle brusquement, pointant un doigt accusateur sur Castiel qui s'en étonna en sursautant, vous auriez pu me dire que vous étiez le mari de mon fils ce matin quand vous êtes venu chez moi. Ça aurait été utile que je le sache avant de laisser ma nièce le révéler à tout le monde. Je devrais vous engueuler pour ça, vous le mériteriez grandement, monsieur Novak.
- Winchester, corrigea Dean.
Mary ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit et elle la referma en clignant des yeux.
- Je crois que ce n'est plus le moment de cacher des choses. Alors, je te présente Castiel Winchester, mon mari. Maman, je me suis marié avec cet homme il y a un mois. Je suis gay et… c'est tout pour les révélations. C'est déjà pas mal, je pense.
- Idiot ! cria Mary. Tu es un idiot de fils. Pourquoi ne me l'as-tu jamais dit, bon sang, je suis ta mère, je t'aurais soutenu.
- Même face à papa ?
- J'aurais essayé au moins. Tu as dû… te battre tout seul pendant tant d'années.
- J'ai arrêté au bout d'un moment. J'ai attendu de pouvoir partir pour être moi-même.
- Sam et moi, nous aurions été là pour toi.
Dean baissa les yeux.
- Ce n'est pas ce que papa disait. Il disait que tu allais être triste, anéantie par une telle nouvelle et que Sam… Sam ne me verrait plus comme son grand frère adoré. Que je serais seul si je continuais de… d'aimer les…
- Dean, soupira Mary en approchant encore de son fils. Comment as-tu pu croire que je t'en voudrais d'aimer quelqu'un, d'être aussi aimé de lui et d'être heureux ? Enfin… c'est ridicule. Je t'aime inconditionnellement et ce sera toujours ainsi. Venez à la maison, vous y serez mieux que dans ce motel pourri. J'aimerais… j'aimerais retrouver mon fils.
Dean releva la tête et croisa le regard de sa mère. Ce n'était pas la révélation de Jo qui avait fait du mal à Mary, c'était le fait de savoir que Dean lui avait caché tout cela.
Il se précipita sur sa mère et la prit dans ses bras.
- Pardon, maman. Pardon ! murmura-t-il la voix brisée par le chagrin et la culpabilité. Je n'avais pas l'intention de… te faire du mal. Maman, je… je viendrai demain matin. Tu devrais… rentrer dormir. Cass et moi, on-
- Je comprends, coupa gentiment Mary en se défaisant de l'étreinte de son fils.
Elle fit quelque pas en arrière et regarda Dean et Castiel, resté en retrait. Elle sourit puis fit un signe de tête avant de rejoindre sa voiture dans laquelle Sam l'attendait.
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Dean soupira en entrant dans le cimetière. Toute la famille et les amis étaient déjà réunis pour l'enterrement de John Winchester. Le Winchester tourna son regard vers Castiel, debout à ses côtés, et esquissa un sourire. L'ange tourna son regard vers le ciel et inspira afin de trouver le courage pour ce qu'il s'apprêtait à faire.
- Papa, je suis désolé. Si un jour tu arrives à me pardonner et que tu m'aimes encore, j'aimerais pouvoir te présenter à mon mari, Dean Winchester.
Et l'ange prit la main de Dean. Ils se dirigèrent ensemble vers l'assemblée réunies sur le terrain autour du trou creusé dans le sol.
Mary les regarda arriver et elle soupira. Mais ce n'était pas un soupir d'exaspération, ni de lassitude. C'était un soupir de bonheur.
ah oui, j'ai pas pu m'empêcher de faire une fin toute douce. Un happy end qui passe bien en ce jour de fête des mères :-)
à bientôt pour une suite à ce texte
Merci d'avoir lu
Bonne journée
KitsuneA
