On ne s'en sortira jamais, n'est-ce pas ?


Chapitre 1 : Au commencement…

Au commencement, il y avait un grand vide. Un espace sans fin ni limites, sans rien que l'on puisse qualifier de vivant. Puis Merlin prit sa baguette et créa le ciel. Une sorte de voile bleu qui s'étendait dans l'infini. Comme si on avait peint le vide. Mais il fallait opposer le limité à l'infini. Alors Merlin inventa la Terre, et des dizaines, des centaines, des milliers, des millions, des milliards d'autres planètes, d'étoiles, de satellites. Ces petits points dans un univers de géant étaient si insignifiants que Merlin choisit d'y établir des milliards de vies, encore plus minuscules : végétales, animales, possédant chacune des pouvoirs et des caractéristiques différentes. Une infinité de vies, d'êtres tirés du même moule, mais chaque petite vie était pourtant unique.

Au commencement, ces êtres n'avaient pas de coeur. Mais Merlin voulait que ces milliards de petits points s'agitent selon des lois qu'ils n'arriveraient jamais à s'expliquer. De ce fait, Merlin inventa les sentiments, les humeurs, les désirs, les peurs, et toutes ces choses que nous connaissons si bien mais que nous ne comprenons pas. Et de toutes ces choses que le grand sorcier créateur avait imaginées, d'autres naquirent.

Au commencement, il n'y avait pas d'actes malsains. Mais du désir est née la jalousie. De la jalousie est née la haine. De la haine est né le crime. Ainsi, ces milliards de petits points négligeables ont commencé à s'entretuer. Ils ont, comme Merlin, inventés des choses que le magicien n'aurait pourtant pas pu imaginer. Alors que de nouveaux petits êtres naissaient grâce à l'amour, d'autres disparaissaient à cause de la haine. Les milliards de vies étaient devenues incontrôlables.

Au commencement, je ne faisais pas partie de ces nombreux êtres. Mais d'amour en amour, j'ai fini par intégrer une de ces milliards de boules rocheuses. Je suis née sur Terre, de deux points qui s'aimaient.

Je me nomme Hermione Granger. Je suis la fille d'un couple moldu, c'est-à-dire sans pouvoirs magiques, mais j'en ai acquis dès mon plus jeune âge. Pourquoi moi ? Merlin a du choisir un petit point au hasard, et ça m'est tombé dessus. J'apprends aujourd'hui à utiliser mes pouvoirs. Je suis curieuse, et ma soif d'apprendre est insatiable, ce qui me vaut le surnom de Miss-Je-Sais-Tout. Par contre, étrangement, personne ne sait tout de moi…

Je suis la meilleure amie du grand Harry Potter, et la petite amie potentielle de son principal allié, Ronald Weasley. Nous sommes un trio plutôt efficace dans l'art de nous attirer des problèmes. Nous sommes à Gryffondor, la maison des plus hardis et des plus forts, ennemis jurés des Serpentards. Ces derniers me détestent puisque je suis une Sang-de-Bourbe. Mais je m'en fiche. Un jour, ils verront…

Notre château est protégé de façon presque démesurée. Impossible à un étranger de s'introduire dans l'enceinte du bâtiment sans y laisser la vie. Rassurant ? Pas forcément. Souvent, nos plus grands ennemis sont étonnamment proches de nous…

Et si un point décidait de péter les plombs et de commettre l'irréparable ? Je ne vous dis pas cela par hasard. En réalité, j'introduis simplement le drame qui va se produire dans l'enceinte même de Poudlard. En fait, l'élément déclencheur du drame s'est déjà produit. Mais tant que cela ne touche qu'un tout petit point dans cet univers, on ne peut pas parler de situation dramatique. C'est donc quand les élèves et les professeurs réaliseront ce qui vient de se passer que l'on pourra parler de réel drame.

Je suis dans le parc du château. Il fait nuit, mais pas froid. Juste un peu de vent, qui balaye mes cheveux vers l'arrière. Pour être honnête, si je tremble, c'est pour une toute autre raison qu'une température peu clémente. Devinez laquelle… Vous ne voyez pas ? C'est vrai, ça n'est pas forcément évident. En fait, devant moi, couché contre un arbre, un garçon est allongé.

Sa tête repose contre le vieux tronc de cet être végétal. Ses fines boucles blondes, coupées courtes, s'échappent un peu dans tous les sens. Ses jambes sont allongées, légèrement pliées. Il a les yeux grands ouverts, comme s'il me regardait fixement.

Ca n'est ni un ami à moi, ni même mon amant. C'est un cadavre… Je le connaissais à peine, je l'avoue, mais c'est réellement effrayant d'avoir son corps inanimé devant mes yeux. Quand tout le monde saura qu'il y a eu un meurtre à Poudlard, la vie de centaines de petits points va changer. Ils vont connaître la peur, l'appréhension, l'incompréhension. Moi aussi, d'ailleurs. Mais en attendant, devant une scène pareille, je n'ai qu'une unique chose à faire.

Crier.