Clint profitait de la sieste de ses enfants et somnolait presque devant la télé quand une tornade fit irruption dans la maison.
- Clint ! Tu es où ?
Sa femme venait de rentrer et semblait avoir pris la foudre tellement elle ne tenait pas en place.
Clint se leva d'un bon et alla rapidement à sa rencontre inquiet qu'il lui soit arrivé quelque chose.
- Calme-toi chérie..
- Mais je vais pouvoir enfin exposer toutes mes toiles, tu ne te rends pas compte de l'opportunité !
Clint sourit, soulagé que tout aille bien puis tenta de contenir l'explosion de joie de sa femme tant bien que mal pour enfin essayer de comprendre ce qu'il se passait.
Amusé de la voir gesticuler dans tous les sens il l'agrippa par les épaules, lui déposa un baiser afin de la faire taire et l'invita à s'asseoir pendant qu'il s'occupait à couler un café.
- Enlève donc déjà ton manteau et raconte-moi tout.
- Tu ne me croira jamais...
Elle pris une grande respiration pour remettre de l'ordre dans ses idées.
- Même moi j'ai du mal à y croire.
Clint se posa à table face à elle et écouta le récit de son aventure.
- Je sortais du magasin avec mon matériel...
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Laura réajusta sa veste quand elle passa la porte de la papeterie. La neige commençait tout juste à tomber et le vent soufflait déjà bien fort. Elle pesta car elle craignait que la grande toile qu'elle venait d'acheter soit inutilisable si elle prenait l'humidité. Comme il lui était impossible de la mettre à l'abri sous son manteau elle se précipita alors dans le nouveau café à la mode juste à côté en espérant que le temps se calme vite.
Quand elle vit le nombre de personnes faisant la queue pour une boisson chaude elle regretta le temps où il suffisait de s'asseoir à table pour que quelqu'un vienne vous servir.
Voilà déjà quelques minutes de passées qui lui semblaient une éternité tant elle avait du mal à contenir toutes ses fournitures qui glissaient de tous les côtés. Elle rattrapa de justesse ses pinceaux alors qu'elle avançait centimètre après centimètre. Elle entendit une voix venant de derrière qui semblait s'adresser à elle.
- Puis-je vous aider ?
Laura se retourna, affichant un sourire poli juste pour lui répondre.
- Non merci, ça devrait aller.
Elle leva la tête vers le plafond pour soupirer quand elle calcula qu'elle n'aurait pas son café avant un bon moment.
- J'en deduis d'après la qualité de votre matériel que vous n'êtes pas une novice en peinture..
Mais que voulait ce gars ? Si c'était une technique de drague il était mal tombé. Puis elle pensa que peut-être touvait-il aussi l'attente longue et voulait simplement passer le temps. En tout cas il avait l'air de s'y connaître. Pourquoi ne pas papoter un peu. Elle se décala pour le laisser se poster à côté d'elle et dans ce mouvement fit tomber trois tubes de peinture qu'elle eut du mal à ramasser tellement ses bras étaient chargés. L'homme se baissa aussitôt et récupéra les tubes qu'il fit mine d'observer avec attention puis tendit la main pour qu'elle lui confie sa toile.
- Laissez-moi vous aider… Vraiment..
Elle ne pu refuser face à ce regard si doux et lui confia machinalement l'objet qui l'encombrait.
Il marqua un temps d'arrêt puis engagea une vraie conversation.
- Puis-je me permettre de vous poser une question ?
- Mais bien sûr !
- Est-ce pour vous toutes ces fournitures ? Êtes-vous une artiste ?
Laura rougit àce mot.
- Une artiste, je ne sais pas. J'aime peindre. Cela me permet de m'évader, de ne penser à rien d'autre qu'à toutes ces couleurs.
- Et bien ! Tout à fait le discours d'une artiste en tout cas.. J'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour les personnes créatives.
- Est-ce que vous aussi vous peignez, ou... autre chose ?
- Oh non, je ne suis pas vraiment doué pour ce genre de choses, malheureusement. Ah c'est à notre tour.. Que souhaitez-vous commander ?
- Euh… un café ? Euh.. Au lait, sans sucre..
Laura fut encore plus embarrassée quand l'homme insista pour payer leur commande sous le prétexte qu'il était rare qu'il croise quelqu'un de si agréable et que cela lui faisait extrêmement plaisir. Il l'accompagna à une table près de la fenêtre, déposa la toile près de sa chaise qu'il tira pour qu'elle s'assoie et la salua avant de disparaître dans la foule de ce café noir de monde.
Laura le regarda partir encore sous le choc de cette rencontre si singulière. Qui pouvait bien être cet individu de si grande classe et que faisait-il dans cet endroit qui ne lui correspondait pas? Maintenant qu'il n'était plus là, elle avait tant de questions à lui poser et regrettait presque de l'avoir laisser filer aussi rapidement. En plus ça aurait pu être l'occasion de parler de sa passion car cela avait l'air de l'intéresser contrairement à son mari qui faisait des efforts mais qui n'y avait jamais porté grand intérêt. Puis elle admis malgré elle que se faire accoster par un jeune homme si charmant, si beau dans son costume noir, ne lui avait pas déplu même si bien évidemment elle aimait son mari et que il n'y avait aucune arrière pensée derrière cette conversation.
Elle fut sortie de ses pensées.
- Veuillez m'excuser..
Elle leva la tête et fut surprise de voir que l'homme était revenu. Que voulait-il donc ? Voulait-il vraiment la draguer comme elle l'avait cru au premier abord ? Elle fut vite fixé quand il sorti de sa poche les trois tubes de peinture qu'il avait ramassé dans la file.
- Je suis confus.. J'ai failli.. Enfin voilà, ceci est à vous. Veuillez encore me pardonner. Bonne journée Madame.
Il s'apprêtait à partir quand elle décida qu'elle ne louperai pas une deuxième fois une discussion passionnante.
- Attendez !
- Oui Madame ?
- Voulez-vous vous joindre à moi ? Enfin si vous avez un peu de temps.
L'homme sourit à l'invitation.
- Avec grand plaisir.
Il posa son gobelet sur la table et s'installa face à elle.
Il la regarda avec un léger sourire, lui laissant le choix sur le sujet de la conversation qu'elle souhaiterait aborder.
Laura en profita pour poser la question qui la perturbait.
- Comment savez-vous que mes fournitures sont de bonne qualité si vous ne peignez pas ?
Le sourire du jeune homme s'élargit. Elle réfléchissait et il aimait cela mais resta silencieux pour qu'elle poursuive son raisonnement.
- Peut-être vous travaillez dans une boutique ?
Elle fit une grimace.
- Non, vous n'avez rien à voir avec ces vendeurs, vous êtes bien plus classe… Allez.. Dites-moi..
Le plaisir de l'homme ne faisait que de s'accroître. Non seulement elle lui parlait si naturellement et sans retenue mais en plus elle lui glissait des compliments.
- Je suis extrêmement flatté de votre remarque. Non, effectivement je ne travaille pas dans une boutique. Je suis en quelques sortes le bras droit du directeur de la galerie d'art qui est en train de s'installer quelques rues plus loin.
- Une galerie ?
Laura leva les yeux au ciel.
- Le rêve de tout artiste…
L'homme se pencha sur la table pour se rapprocher et attrapa les mains de Laura dans les siennes.
- Et si ce rêve devenait votre réalité ?
La femme rougit de ce geste et retira ses mains tout doucement.
- Euh.. Je.. Enfin je ne sais pas si je.. Vous…
L'homme se redressa
- Je suis en charge de recruter des artistes confirmés mais nous avons l'intention d'ouvrir une aile exclusivement dédiée aux jeunes talents. Vous pourriez me montrer votre travail.
Il fit mine de réfléchir puis ajouta.
- Nous auront même un grand atelier où vous pourriez travailler dans le plus grand calme.
- Je vous remercie mais j'ai toute la place nécessaire à la maison. Sinon je risquerais de ne plus voir ni mes enfants ni mon mari.
Laura rit à cette réflexion sans s'apercevoir que son refus avait légèrement contrarié son interlocuteur qui ne voulait pas faire disparaître une si jolie opportunité de voir ses plans se concrétiser.
- Je souhaite vivement que vous réfléchissiez à mon offre. Au moins présentez-moi vos tableaux.
Il fouilla dans sa veste.
- Je vais devoir malheureusement écourter cette discussion mais voilà la carte de la galerie, les miennes n'étant pas encore imprimées. Mais vous y trouverez toutes les coordonnées pour me joindre.
Il lui tendit la main afin d'officialiser leur rencontre.
- Puis-je connaître votre nom ?
Laura lui serra.
- Madame Barton. Laura.
L'homme se pencha pour lui faire un baise main ce qui la fit aussitôt rougir.
- Ravi de faire votre connaissance, Madame Barton . Je me présente. Monsieur Loik Dejotuneim.
Elle n'avait jamais côtoyé quelqu'un avec autant de bonnes manières. Elle pensa qu'avec ce comportement et ce nom à particule, il devait faire partie de la haute société où être issue d'une grande famille.
Maintenant elle devait vite rentrer pour annoncer la bonne nouvelle à sa famille. La neige venait de cesser.
