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Grey's Anatomy
La saison de l'amour
Auteure : Merlucaforever
Tous droits réservés à Shonda Rhimes
Chapitre 1 (Épisodes 1à 8)
Meredith Grey s'est réveillée ce matin en sursaut d'un rêve érotique, tel qu'elle n'en avait eu depuis vraiment longtemps. Elle croyait que cette partie de son cortex cérébral qui commande le désir ne s'activerait plus jamais et elle s'en portait très bien jusqu'ici. Elle n'avait vraiment pas besoin d'avoir à rougir en croisant ses collègues masculins au travail et encore moins ses étudiants parce qu'elle avait rêvé d'eux la nuit précédente. Mais c'est exactement ce qui lui est arrivé avec Andrew Deluca ce matin. Il était venu s'excuser de l'avoir embrassé la veille au mariage de Jo et Alex parce qu'il avait trop bu et semblait très embarrassé. Mais comment lui en tenir rigueur quand le simple fait de le revoir lui ramenait en flash-back les images de son rêve !
Habituellement, sa chevelure dense d'un noir de jais était toujours très soignée et très disciplinée. Mais curieusement, il avait les cheveux ébouriffés ce matin comme pour lui rappeler comment elle n'arrivait pas à s'empêcher d'y parcourir les doigts durant ces ébats passionnés qu'elle s'était imaginés. Il la fixait avec ses grands yeux de braise et elle ressentait comme un feu qui l'embrasait. Mais heureusement que ses mots avaient assez de bon sens pour la ramener à la raison :
- « Cela n'aurait jamais dû arriver et ça ne se reproduira jamais », a-t-il dit.
Oui, cela ne se reproduira certainement plus jamais. Il était son élève et sans aucun doute le plus brillant. Et en tant que son professeur, son travail était de lui enseigner afin de faire de lui l'excellent chirurgien qu'il promet de devenir. C'est en tout cas ce qu'elle a affirmé à Cece, cette patiente qui voulait jouer les entremetteuses. Mais au cours des jours et des semaines qui passaient cette résolution était de plus en plus difficile à tenir. Les rêves continuaient. Ces lèvres qui s'étaient brièvement posées sur les siennes, elle n'arrivait pas à en oublier le goût. En y repensant, elle se sentait aussi flattée que troublée.
C'est vrai, comme elle le lui avait dit le jour même, elle était flattée par son effronterie. Il était jeune et extrêmement beau avec un bel avenir devant lui. Et elle… elle était une veuve avec trois enfants qui trimbalait un passif lourd de pertes, de souffrances, d'abandon et de désillusions qui avait éteint toute la lumière en elle. Alors, pourquoi était-elle aussi troublée ?
Depuis ce fameux baiser, elle le voyait avec des yeux autres que ceux de la titulaire. Il n'était plus simplement son meilleur résident, talentueux et empathique avec les patients, mais un homme qui l'avait regardé avec un tel désir dans les yeux, qui avait pris son visage entre ses deux mains et qui avait pressé ses lèvres avides contre les siennes avec tant de volupté qu'il avait rallumé une flamme qu'elle avait cru définitivement éteinte.
Après tout ce qu'elle a traversé, elle avait fini par se reconstruire, en partie grâce à son travail dans lequel elle s'est beaucoup investie pour se faire son propre nom et sortir de l'ombre de celui de sa mère et en partie grâce au support de son entourage. Elle vivait une vie heureuse, entourée de ses enfants, de ses sœurs et de ses amis qui étaient comme une seconde famille pour elle. Elle ne manquait de rien… jusqu'à ce qu'Andrew Deluca vienne lui rappeler qu'elle n'était pas seulement une mère, une sœur, une collègue, une chirurgienne de renommée internationale mais qu'elle était encore une femme. Bien sûr, il n'était pas le premier homme à l'avoir embrassé depuis la mort de Derek, mais c'est le premier baiser qui l'a autant bouleversé depuis.
Comme une collégienne, elle se surprenait à le chercher dès qu'elle rentrait dans une pièce. Elle le dévorait des yeux chaque fois qu'elle croyait qu'il ne pouvait pas la voir, comme ce jour là où il était arrivé sur sa moto dans sa veste de cuir noir. Elle se disait qu'il ne pouvait pas être plus attirant qu'il ne l'était à cet instant. Puis il avait enlevé son casque et essayait de discipliner ses cheveux d'une main impatiente tout en leur souriant à elle et à ses sœurs, Maggie et Amélia, et la réponse était ô mon Dieu, oui il pouvait encore être plus attirant ! Et, alors qu'elle réprimandait Maggie qui utilisait un langage trop cru pour inviter Amélia à sortir avec Deluca, les pensées qui lui traversaient l'esprit en admirant son corps d'athlète étaient encore plus choquantes. Mais il était hors de question qu'elle assouvisse ses bas instincts avec un de ses résidents. Il était temps qu'elle recommence à sortir et à s'amuser comme Cece n'arrêtait pas de le lui recommander.
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Les rendez-vous arrangés par Cece n'étaient pas aussi ennuyeux qu'elle l'aurait cru. Même si ce n'était que le temps d'un dîner, c'était assez plaisant de se sentir attirante et désirée par des mecs plutôt canons pour la plupart. Mais il y avait toujours un petit truc qui tuait la magie de la rencontre et qui supprimait toutes les chances d'un second rendez-vous. Elle savait qu'elle se mentait à elle-même quand elle se disait que la principale raison pour laquelle ils n'avaient aucune chance d'avoir un second rendez-vous n'avait rien à voir au fait qu'ils n'avaient pas les boucles noires, le sourire sensuel et ravageur, le regard doux et langoureux et le charme purement italien de ce résident qui hantait ses nuits et qu'elle n'arrivait pas à chasser de ses pensées. Peut-être que ce dernier rendez-vous avec Link l'y aidera à y parvenir ?
Elle avait fini par l'inviter à prendre un verre sous l'insistance de Jo et de Cece qui n'ont pas arrêté de lui vanter ses charmes. C'est vrai qu'il n'était pas mal et qu'il devait avoir beaucoup de femmes à ses pieds… alors pourquoi pas ? Elle n'avait pas besoin d'une relation tumultueuse et passionnée sur son lieu de travail de ce côté-là, elle avait déjà donné. Une relation simple et sans complication, voilà ce qu'il te faut Meredith, se dit-elle, en essayant de ne pas regretter cette impulsion qui l'avait poussé à l'inviter.
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Devoir affronter son boss au travail après s'être ridiculisé la veille auprès d'elle en se faisant repoussé était la chose la plus embarrassante qu'Andrew Deluca avait eu à faire de toute sa vie. Meredith Grey était la chirurgienne la plus incroyablement talentueuse qu'il lui était donné de côtoyer et il le pensait vraiment alors même qu'il savait aussi qu'il ne manquait pas de chirurgiennes talentueuses au Grey Sloan Memorial Hospital. Il avait une chance inouïe de travailler avec elle et d'apprendre à ses côtés et il espérait qu'il ne l'avait pas bousillé en cédant à cette irrésistible envie qu'il avait eu de l'embrasser. Déjà qu'il ne devait pas être assez haut placé dans son estime après avoir passé une semaine vautré sur son canapé à se lamenter du départ de sa petite amie pour la Suisse il y a plusieurs mois de cela !
Mais Meredith Grey est la personne la plus compatissante qu'il connaisse et elle le lui a prouvé durant cette époque pénible de sa vie. Hier soir encore, avec sa gentillesse légendaire, elle a volé à son secours pour mettre un terme à son discours incohérent et pitoyable et le soustraire des regards gênés – il dirait même amusés pour la plupart – de ses collègues. Elle lui a pris le bras pour le conduire loin de la foule et lui remonter le moral. En fait, il avait commencé à reprendre le dessus depuis quelques semaines déjà et s'était même trouvé un appartement après avoir laissé son canapé. Cependant, l'ambiance de ce mariage est venue lui rappeler qu'il était seul et que Sam lui manquait, plus par habitude qu'autre chose, il devait se l'avouer.
Alors que Meredith lui parlait, son cerveau embrumé par l'alcool n'a pu voir que la femme éblouissante dans une superbe robe bleue qui le trouvait beau et qui lui disait que sa vie amoureuse n'était pas derrière lui. Il n'a pas pu s'empêcher de l'attirer contre lui et de l'embrasser. Ses lèvres étaient les plus douces et les plus sensuelles auxquelles il lui était donné de goûter. Il aurait voulu prolonger ce baiser indéfiniment mais elle y a mis un terme brusquement, ce qui a eu pour effet de le ramener à la réalité. Il venait d'embrasser sa patronne et il allait se faire virer !
Même si elle lui avait dit qu'elle était plus flattée qu'offusquée, il ne pouvait pas se débarrasser complètement de cette crainte qui l'habitait encore en ce moment où il lui présentait ses excuses. Il bégayait et n'arrivait pas à trouver ses mots, allant même jusqu'à s'empêtrer encore plus dans des excuses ambiguës en faisant allusion à sa superbe robe pour justifier son comportement impardonnable. Il faut dire que ses grands yeux bleus qui le regardaient et ses lèvres sensuelles qui l'invitaient à l'embrasser encore et encore n'arrangeaient pas les choses. Voyant cela, il a tourné les talons à toute vitesse, sans demander son reste. Devant son embarras, les seuls mots qu'elle avait pu prononcer c'est que ce n'était pas grave. Il devait reconnaître également qu'il ne lui avait pas laisser une chance d'en placer une, tellement il était nerveux. Il se demandait comment il allait pouvoir continuer à bosser avec elle sans penser tout le temps à ce qui s'était passé.
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Les jours qui suivirent lui donnèrent raison : c'était impossible de ne pas y penser ! Bien sûr, il essayait de se concentrer sur son travail car Dr Webber lui confiait de plus en plus de responsabilités mais ce n'était pas chose aisée. Il était conscient de sa présence dès qu'elle entrait dans une pièce et n'avait pas besoin de se retourner pour la voir. Quand il croisait son regard, il ne pouvait pas s'empêcher de lui sourire – bêtement pensait-il. En tout cas, sa sœur Carina avait remarqué comment il la dévisageait avec son sourire béat et elle ne s'était pas gênée pour se moquer de lui et lui faire comprendre qu'il n'avait aucune chance avec une femme comme Meredith Grey et qu'il allait se ridiculiser sans l'ombre d'un doute. Carina le connaissait tellement bien ! Elle avait remarqué son attirance pour sa patronne mais Andrew n'était pas prêt à entendre cela et encore moins à l'admettre. Pourtant…
Il y avait ce baiser qu'il revivait constamment et qu'il a prolongé un million de façon différentes dans son imagination ! Sa voix, son rire, son parfum, le bruit de ses pas, même son écriture sur le dossier d'un patient ou encore son nom cité dans le haut-parleur, tout cela mettait ses sens en ébullition. Quand ils étaient côte à côte où encore quand ils se touchaient par mégarde comme cela arrive tout le temps entre les médecins dans l'espace confiné où ils s'activent autour d'un patient, il ressentait comme un électrochoc dans tout le corps. C'était quelque chose de tellement nouveau pour lui qu'il ne pouvait pas le décrire.
Il y aurait-il la moindre chance pour qu'elle ressente la même chose ? Il lui arrivait de sentir son regard sur lui mais c'était surement son imagination qui lui jouait des tours. Est-ce qu'elle vient juste de détourner son regard en rougissant ou… non, il doit certainement délirer. Il n'était qu'un résident alors qu'elle avait déjà une renommée internationale. Son baiser n'avait représenté rien pour elle. Mais alors, qu'est-ce qui s'est passé dans la salle où elle se préparait pour la chirurgie de la petite Flora ? Leurs regards se sont accrochés et leurs sourires et leurs mots ne pouvaient laisser aucun doute sur le fait qu'ils étaient tout simplement en train de flirter ! Dire qu'il se disait déçu d'avoir manqué cette hépatico-jéjunostomie ! Il aurait renoncé à toutes les opérations rares pour un seul de ses sourires, un seul de ses regards !
Depuis ce jour, c'était devenu de plus en plus difficile de la voir aller à tous ces rencards avec toutes « les bonnes parties » que Cece lui trouvait pour qu'elle puisse s'amuser, disait-elle. Justement, le jour de l'opération de Flora, elle devait aller à l'un de ces rancards et il avait été vraiment heureux d'apprendre que celui-ci avait tourné court suivant ce qu'elle lui avait dit quand il l'avait croisé avec Link en train d'attendre l'ascenseur avec cette fleur dans les cheveux qui faisait ressortir l'éclat de ses yeux. Mais ce matin, il était carrément jaloux quand il a vu Cece la pousser dans les bras de Link qu'elle a fini par inviter à aller prendre un verre après le service ! C'était surement dû au petit discours que Cece venait de lui tenir pour lui faire comprendre combien il était important de se battre pour le bonheur et l'amour. Les mots de Cece n'avaient pas laissé Andrew indifférent non plus. En y repensant, il s'est dit qu'il allait lui aussi se battre pour le bonheur et l'amour.
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Meredith était dans la salle d'imagerie en train d'examiner les scans de Cece qu'elle allait opérer dans quelques heures. Elle s'était attachée à cette patiente plus qu'elle ne l'aurait dû et elle était très inquiète. Comme pour conjurer le sort, elle n'avait même pas pris le soin de l'informer de toutes les complications qui pouvaient survenir. Heureusement que Deluca l'avait fait à sa place. Il l'avait vraiment impressionné sur ce coup-là et elle n'a pas hésité à le lui dire quand il est rentré pour s'excuser, pensant qu'elle lui en voulait d'avoir été aussi franc avec Cece. Il avait été plus brave que la plupart des médecins qu'elle connaissait et même plus brave qu'elle. Mais Deluca n'avait pas fini de la surprendre ce jour-là.
Il lui a déclaré de but en blanc qu'il voulait sortir avec elle ! Était-il possible que ce baiser ait signifié quelque chose pour lui ? Ne l'avait-il pas regretté dès le lendemain quand il était redevenu sobre en disant que cela n'aurait jamais dû arriver et que cela ne se reproduirait plus jamais ? Elle ne s'était donc pas fait des films en s'imaginant ces regards langoureux qu'il lui lançait ? Elle s'était persuadé qu'au plus, cela ne pouvait être, pour lui, qu'un simple flirt innocent d'un étudiant qui admirait son professeur. Mais ce qu'elle lisait dans ses yeux à l'instant était une toute autre chose qui la faisait paniquer parce qu'on aurait dit le reflet de ce qu'elle-même elle ressentait. Non ! elle ne pouvait pas sortir avec un résident qui se trouve être l'ex de sa sœur ! Mais Deluca a écarté ces arguments d'un revers de main en disant qu'il ne pouvait s'agir d'un abus de pouvoir puisqu'il était un résident de dernière année et que Maggie s'en ficherait pas mal.
Il était tellement proche que l'odeur de son after-shave la submergeait. Elle devait absolument résister à cette envie de le toucher ! Elle laissa échapper son nom dans un souffle comme une sorte de supplication.
- « Deluca » !
Elle ne savait pas si cela voulait dire « prends-moi dans tes bras » ou « vas-t'en, je t'en prie ». Mais il s'est approché encore plus prêt, réduisant encore l'espace entre eux jusqu'à presque la toucher et comme pour augmenter son supplice, il a susurré son prénom de sa voix suave et grave.
- « Meredith » !
Personne n'avait jamais prononcé son prénom d'une façon aussi sensuelle ! Elle l'a ressentie comme une caresse dont les ondes ont parcouru tout son corps. Mais il avait aussi mis dans ce seul petit mot de trois syllabes tout ce qu'il ressentait et qu'il aurait aimé lui dire.
- « Andrew » ! murmura-t-elle à son tour en fermant les yeux et en soupirant.
Devant son trouble qui était plus qu'évident, il lui dit, en baissant nettement le volume de sa voix, tout en effleurant ses bras de ses mains :
- « Oui ! Je sens qu'il se passe quelque chose entre nous et on peut continuer à essayer de chercher des excuses mais… je crois que vous le sentez, vous aussi ».
Oh oui, elle le ressentait aussi. Et elle n'allait pas le nier. Mais il fallait qu'elle y réfléchisse et qu'elle y mette un nom avant de pouvoir lui dire quoi que ce soit. Elle lui promit donc d'y penser et s'enfuit presque de la pièce pour ne pas revenir sur ses bonnes résolutions et se jeter dans ses bras.
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Andrew regarda Meredith quitter la salle d'imagerie en résistant à l'envie de la prendre par le bras, de la serrer contre lui et de l'embrasser encore et encore. Il avait eu suffisamment de courage pour lui dire ce qu'il ressentait mais sa bravoure avait ses limites quand il était sobre. Il ne voulait pas la brusquer. C'était déjà tellement incroyable qu'elle ne l'ait pas tout bonnement envoyé promener en l'invectivant pour son culot. Allait-elle vraiment le considérer comme une option face à Link que Cece avait décrit comme la perfection ? Combien de temps allait durer sa réflexion, il se le demandait.
En tout cas, il était clair que rien n'était encore clair pour elle une heure plus tard quand il l'a croisé dans l'ascenseur, alors qu'ils se dirigeaient vers la salle d'opération où devait avoir lieu la transplantation de Cece. Elle a agi de façon vraiment bizarre et l'a accusé de la suivre. Se pourrait-il que sa seule présence la trouble à ce point ? Il n'a pas pu s'empêcher de sourire à cette idée et lui a promis de rester silencieux et de ne pas la regarder. Une promesse qui allait être très difficile à respecter, même pour quelques secondes. Alors quand l'ascenseur s'est arrêté brusquement et qu'ils se sont retrouvés coincés pour une durée dont il n'avait aucune idée, il savait qu'il n'allait vraiment pas pouvoir tenir cette promesse.
