Cursed

Pensez-vous réellement que les frères Winchester arrêtent de chasser pendant le hiatus d'hiver ?! En ce moment, ils sont confrontés à une chasse basée sur une vraie histoire qui n'est pas forcément une histoire vraie ! Vous me suivez ?

Spoilers : Cette fiction se passe après l'épisode 5x05. A vous de voir !

Personnages : Sam et Dean Winchester, Castiel.

Résumé : Les frères Winchester aident Castiel à retrouver Dieu. Sur la route, Sam découvre une succession de morts étranges et décide d'enquêter. Dean se retrouve tiraillé entre l'envie d'aider son frère dans sa chasse et son engagement envers Castiel.

A l'origine, je comptais écrire une fiction qui se situerait dans n'importe quelle saison mais mon désir d'y introduire Castiel l'a emporté. Comme d'habitude, mon côté sadique s'exprime pleinement, que ce soit au niveau des victimes ou de nos frères préférés. J'espère développer suffisamment les aspects glauque et gore. De même, j'aimerais que cette histoire vous fasse penser à un vrai épisode de Supernatural. Si ce n'est pas le cas, n'ayez pas peur de me le dire.

N'hésitez pas à me laisser des messages : toutes les critiques sont les bienvenues. Elles aident à s'améliorer.

Bonne lecture !


Chapitre 1

- Mon cœur, ça t'ennuierait d'aller nous chercher une bonne bouteille à la cave ? Lui demanda-t-elle avec son magnifique sourire et ses adorables yeux suppliants.

Devant cette jolie frimousse, il ne put que lui rendre son sourire et accepter d'un signe de tête. Il savait qu'elle était frileuse et sa demande cachait assurément une bonne surprise au final. Elle avait certainement une excellente nouvelle à lui annoncer. C'était le premier dimanche soir où elle était rentrée à temps pour le souper. Elle enchaînait les gardes à l'hôpital et il ne la voyait pratiquement pas. Elle était très jeune pour une urgentiste. Elle avait passé la trentaine exactement un mois auparavant. Elle pensait toujours devoir faire ses preuves mais en réalité, elle avait conquis ses collègues et ses patients dès le premier jour. Tout en descendant l'escalier, il ne put s'empêcher de penser à la chance qu'il avait. Son épouse était vraiment la plus merveilleuse des femmes. Il avait tiré le gros lot. Aucun homme ne pouvait être plus heureux que lui.

Seule ombre au tableau, ils avaient dû déménager dans cette ville au milieu de « Trouperduland ». Et surtout, il avait fallu acheter la vieille bicoque qu'il essayait de rénover jour après jour depuis près d'un an. Il avait installé sa cave à vins sous l'escalier, le plus loin possible de la chaudière. D'ordinaire la température du sous-sol n'excédait pas les quatorze degrés, ce qui convenait parfaitement aux conserves alignées sur les étagères et en particulier, à sa collection de bouteilles. Parmi elles, il dénicha celle qui plairait le plus à sa femme. Il commença à rebrousser chemin lorsqu'il s'aperçut qu'il faisait beaucoup trop chaud. Il retourna sous l'escalier et orienta le thermomètre vers la faible ampoule qui éclairait la pièce : Vingt-deux degrés ! Il se dirigea vers ce qu'il pensait être l'origine de cette surchauffe. Il secoua la tête, dépité. Encore du boulot en perspective.

- Foutue chaudière ! Tu ne vas pas nous lâcher maintenant !

Il approcha précautionneusement sa main. Ne ressentant aucune émission de chaleur supérieure à la normale, il toucha l'acier et s'étonna de constater qu'il était tiède. La température de la cave était étonnamment élevée, surtout pour un vingt novembre. Même en plein été, Il n'avait jamais fait aussi chaud. Il essayait toujours de comprendre la provenance de ce phénomène lorsque ses oreilles se mirent à siffler. Il fit une grimace révélant toute sa souffrance. Ca faisait un mois que ça durait et c'était de plus en plus douloureux. Sa femme lui avait parlé d'acouphènes. Elle lui avait expliqué que ça consistait à entendre des sifflements et des bourdonnements incessants mais que, malheureusement, il n'y avait pas réellement de solution à son problème. Car oui, ça en était un de problème, et un sérieux de surcroît. Plus le temps passait et plus c'était fort et difficile à supporter. D'ailleurs, il ne s'agissait plus de simples sifflements. Il avait l'impression d'entendre les cris stridents d'une femme à l'agonie.

Ses yeux plissés par la douleur ne lui permirent pas tout de suite de constater les changements d'intensité de la lumière. Ce n'est que lorsque la pièce fut plongée dans le noir qu'il s'aperçut, passablement énervé, de ce nouveau problème :

- Putain de maison de merde ! Manquait plus qu'ça ! Si ça continue, j'vais tout faire cramer ! … Chérie ? Chérie, tu as de la lumière là-haut ? Ca t'ennuierait de m'éclairer avec une torche ? C'est peut-être les plombs qui ont sauté.

Il n'entendit aucune réponse. D'un autre côté, comment aurait-il pu discerner quoi que ce soit avec ce bouquant dans ses oreilles ? Il n'entendait même pas sa propre voix ! Il écouta de manière plus attentive. Cette fois-ci, il perçut très distinctement une femme hurler.

- Claire ? Claire, est-ce que ça va ?

L'absence de réponse le plongea dans une panique totale. Il échappa la bouteille à ses pieds dans un fracas de verre qui ne laissait présager rien de bon pour le vin qu'elle contenait. Puis il tendit ses bras devant lui et commença à avancer à l'aveuglette. Sans visibilité et avec une ouïe perturbée par ces hurlements envahissants, la tâche s'avérait ardue. Il ne savait pas si c'était le stress mais il avait l'impression d'être dans un sauna. Il respirait de plus en plus difficilement et le peu d'air qui entrait était suffoquant tant il était chaud. Malgré tout, la terreur de ce qui avait pu advenir de sa femme l'obligea à progresser. Il tomba à plusieurs reprises avant de trouver enfin la rampe d'escalier. Il tenta une nouvelle fois :

- Claire ? Chérie ! Est-ce que tu vas bien ?

Il commença à gravir l'escalier. Privé de ses deux sens principaux, sa progression était trop lente à son goût. Il rencontra une résistance inhabituelle. Etait-elle due à la fatigue ? Ou au fait qu'il avait de plus en plus de mal à respirer ? Il tenta d'obliger son corps à avancer mais ses soixante-quinze kilos, pourtant composés en grande partie de muscles, refusaient de lui obéir. Il s'agrippa à la rambarde quand, soudain, une force le tira en arrière et le projeta contre le mur. Son dos vint heurter le béton et le choc de son bras droit sur la chaudière résonna atrocement. La brutalité de la collision lui coupa le souffle. Le hurlement de douleur qu'il aurait dû émettre resta piégé dans son crâne, embrumant un peu plus son esprit.

Quand il commença à se calmer, il discerna une faible lueur derrière les marches de l'escalier. Il essaya de se rassurer en constatant qu'il avait retrouvé un de ses sens : la vue. Mais à mesure que cette luminosité s'intensifiait, la chaleur augmentait. C'était suffoquant. Le choc avait dû lui faire perdre connaissance, ou alors, il faisait un cauchemar. Ce genre de choses ne pouvait pas arriver dans la réalité. Il distingua très nettement la silhouette d'une femme au milieu d'un brasier. Il voyait son corps se contorsionner en tous sens sous l'effet de la douleur et les cris d'épouvante qu'elle émettait résonnaient dans ses oreilles. La situation était déjà suffisamment tragique mais l'événement qui s'en suivit le plongea dans un terreur sans nom.

***

Dès qu'elle avait vu son mari passer la porte, elle s'était précipitée à l'étage. Elle fouilla dans la commode ancienne qu'il lui avait offert pour son anniversaire un mois auparavant, et en dénicha un joli déshabillé de soie couleur perle. Elle l'enfila et se posta devant le miroir pour faire les quelques retouches maquillage qui s'imposaient. Avant qu'elle ne le rencontre, son entourage lui reprochait régulièrement son manque de féminité. Elle sourit à l'idée de la tête qu'il ferait lorsqu'il la verrait ainsi. « Houlà ! La nuit va être chaude ! » Dirait-il probablement avec son magnifique sourire coquin. Ses origines italiennes la faisaient craquer ! Elle avait une excellente nouvelle à lui apprendre et elle tenait à le faire dans les meilleures conditions possibles. Mario était d'une patience d'ange avec elle. D'abord, il l'avait soutenue lors de ses longues et fastidieuses études. Et ensuite, il l'avait accompagnée dans ce trou perdu, abandonnant sa carrière et sa famille, parce qu'on lui avait proposé un poste très intéressant dans l'hôpital de cette petite ville. Depuis près d'un an maintenant, il passait ses journées, seul, à rénover cette maison qu'il n'aimait pas plus que ça, sans jamais se plaindre. C'était un homme formidable ! Elle l'avait rencontré alors qu'elle n'était encore qu'une jeune étudiante. Un an avant qu'elle ne croise son regard charmeur, elle s'était séparée de son premier amour, préférant se consacrer à ses études qui lui prenaient tout son temps. Cette décision avait été extrêmement difficile et douloureuse. Mais maintenant qu'elle y repensait, elle se disait que ce choix avait déterminé son avenir et qu'elle en était très heureuse. Aujourd'hui, elle avait le métier qu'elle avait toujours désiré et l'homme de ses rêves.

Alors qu'elle ajustait sa coiffure, la lumière se mit à vaciller. Elle n'y prêta pas plus d'attention que nécessaire : les variations d'intensité étaient plutôt fréquentes dans cette vieille baraque et depuis quelques jours son mari, qui s'était attelé à la tâche, se plaignait de ne pas en trouver la cause. Elle lança un dernier regard dans le miroir et quitta la salle de bain. En passant le pas de la porte, elle se retrouva plongée dans le noir. A tâtons, elle chercha l'interrupteur et l'actionna à plusieurs reprises sans succès. Elle rumina intérieurement : dans l'obscurité, son vieux pyjama doudoune, molletonné et bien chaud aurait eu le même effet sur son homme !

- Mon cœur ? Je n'y vois plus rien ici ! … Ca t'ennuierait de venir me secourir ?!?

Elle avait pris grand soin d'utiliser un ton légèrement coquin en prononçant cette dernière phrase mais sa tentative fut vaine. Aucun bruit ne lui venait du rez-de-chaussée. Elle tenta une nouvelle fois :

- Mon cœur ? … Mario ? … Tu m'entends ?

Se pouvait-il qu'il soit toujours dans la cave ? Elle avait eu beau se presser, cela faisait plus de dix minutes qu'elle l'avait quitté. Il ne lui fallait certainement pas tout ce temps pour aller choisir une bouteille ! Elle commença à s'inquiéter. A petits pas et en longeant le mur du couloir, elle parvint à atteindre la chambre. Elle se dirigea à l'aveuglette vers la table de chevet où elle rangeait des bougies et des allumettes. Elle avait un très mauvais pressentiment. Elle alluma la mèche d'une des chandelles, inspira un bon coup et se retourna. Elle scruta les alentours. Au moment où elle discerna la porte, elle entendit un bruit sourd qui résonna dans toute la maison et la fit sursauter. La respiration haletante, elle cria :

- Mario ? Est-ce que tout va bien ? … Réponds-moi ! Mario !

Toujours pas de réponse. L'inquiétude fit place à l'anxiété. Et s'il était tombé dans l'escalier ? Peut-être que quelqu'un était entré dans la ma maison pour les cambrioler ? Elle secoua la tête afin d'enlever toutes ces mauvaises pensées de son esprit. Quel que soit le problème, elle devait aller voir ce qui se passait. Elle se souvint alors de tous ces films d'horreur qu'elle prenait plaisir à regarder lorsqu'elle était au lycée. Ce soir, elle faisait tout pour se dire que ça ne correspondait en rien à la réalité. Elle avança prudemment, attentive au moindre bruit. Elle sursauta et hurla de terreur lorsque, soudainement, l'inquiétant silence fut envahit d'une dizaine de détonations assourdissantes.

***

Dans la cave, les bouteilles explosaient les unes après les autres. La chaleur était telle que le vin s'était mis à bouillir et le verre éclatait sous la pression. Le brasier s'atténua sensiblement. La silhouette avait cessé ses contorsions et s'avançait vers lui en alternant glissements insidieux et arrêts succincts. Accompagnant ses mouvements irréels, les degrés n'avaient de cesse d'augmenter.

Arrivée à sa hauteur, elle redressa la tête. Son visage était à moitié caché par ses longs cheveux noirs et ses yeux sombres le fixaient intensément. Elle pencha nonchalamment la tête et prononça quelque chose qu'il ne comprit pas. Le souffle de son haleine sentait la chair brûlée. Ce fut la dernière chose qu'il put sentir. L'air contenu dans ses poumons venait de s'embraser. Il pouvait percevoir son sang en train de frémir. De la même manière que le vin quelques minutes auparavant, son liquide corporel s'apprêtait à bouillir. A la lumière des flammes, il vit sa peau se boursoufler et se teinter de rouge. Ses vaisseaux sanguins éclataient les uns après les autres. Le hurlement de douleur qu'il n'arrivait pas à faire jaillir de sa bouche, lui fit écarquiller les yeux d'horreur. Ses cordes vocales, comme le reste de ses organes avaient dû fondre sous cette canicule. La chose qui le regardait avidement, lui adressa un sourire diabolique. Elle paraissait pleinement satisfaite de la douleur qu'il endurait. Son agonie était anormalement longue et il ne souhaitait plus qu'une chose : mourir au plus vite. Il perdit définitivement connaissance au moment où les flammes vinrent embraser son corps.

***

Elle était dans la cuisine et fixait la porte qui menait à la cave. Elle n'avait rencontré personne ni rien d'anormal jusque là. Mais elle savait. Oui, elle savait que lorsqu'elle passerait cette porte, sa vie ne serait plus jamais comme avant. Malgré tout, elle devait le faire. Pour lui. Elle attrapa la poignée de la porte et retira aussitôt sa main dans un mouvement défensif. Le métal était brûlant. A la lumière de la bougie, elle regarda ses doigts rougis. Par endroit, il manquait une fine couche de peau, toujours collée à la poignée. Elle se précipita à l'évier, passa sa main sous l'eau froide et s'empara d'un torchon. Protégée par l'épais tissu et ignorant la douleur, elle ouvrit lentement la porte. Elle fut surprise de ne constater aucun incendie. En revanche une énorme bouffée d'air brûlant vint envahir l'espace où elle se trouvait. Avec lui, une odeur nauséabonde vint lui agresser les narines. C'était un subtil mélange de vin chaud et de quelque chose qu'elle avait déjà senti auparavant et qui fit remonter un effroyable souvenir : le décès d'un de ses patients, un pompier, dans le service des grands brûlés. Son corps se mit à trembler sans qu'elle ne puisse le contrôler. Ses jambes ne la soutenaient déjà plus lorsque la lumière artificielle revint et inonda la cage d'escalier et la petite cave. Au pied de la dernière marche, le sol était recouvert de suie. Elle leva les yeux vers le mur et aperçut avec horreur le corps calciné de son mari à moitié collé sur la chaudière. Les tremblements s'intensifièrent, les larmes vinrent envahirent ses yeux. Elle hurla d'effroi jusqu'à tomber, inconsciente, sur le sol.