Hermione Granger était libre.

Le rôle qu'elle jouait depuis tant de temps, le masque qui recouvrait son vrai visage, l'étiquette qu'elle portait en permanence était enfin parti.

Elle voyait dans le regard des autres ce que l'on attendait d'elle et n'avait pas compris, à l'époque, pourquoi il était si important de les contredire.

Elle avait toujours gardé son masque. Toujours obéi à ce que l'on attendait d'elle.

Elle s'était toujours dit qu'il était trop tard pour reculer. Trop tard pour leur montrer qu'elle n'était pas comme ça.

Qu'elle n'était pas que ce qu'elle daignait leur montrer.

Jusqu'au jour où Il était arrivé.

Elle le détestait.

Lui et sa constante méchanceté, son habituel dédain...

Son sourire narquois, malfoyen disait les admiratrices du genre...

Ses insultes, ses «sang de bourbe» prétentieux dont il se plaisait à la vêtir...

Son accent teinté d'aristocratie qui sentait l'infusion à une certaine rigueur.

Il se complaisait dans le lit d'or de sa médiocrité.

Inconsciemment il était la clé de son monde idéal, la clé de voute.

Sans lui tout s'écroulait. Sans sa méchanceté.

Et tout s'écroula. Elle le voyait. Lui. La main tendue.

Dans l'autre une rose. Blanche. Qu'il déposa sur la tombe avec un regard voilé.

Et maintenant il lui tendait la main. A elle. Hermione Granger.

Se doutait-il seulement de l'explosion qu'il y avait en elle?

Tout son palais. Son si beau palais. Son palais des miracles. Son palais des mirages.

Ce château de sable enfantin où espérait se cacher une adulte.

Elle habitait, depuis sa plus tendre enfance, une demeure dont chacune des briques était idéalisé.

Un manoir où il y avait «le mal» et le «bien».

Un beau château. Une belle prison.

Dans laquelle elle avait toujours songé s'enfermer.

Consciente d'errer parmi des débris d'illusion.

Et lui... Il gâchait tout. Tout ce dont les conventions avaient voulu la préserver.

Il arrivait d'un pas léger et franchissait allégrement la frontière entre le bien et le mal.

Franchissait la barrière des conventions avec des yeux compatissants et une main tendue.

Il attendait.

Elle ?

Elle ne savait pas, elle ne savait plus.

Elle lui en voulait un peu d'avoir brisé son palais de glaces.

Et son masque avec.

Elle était libre, oui. Mais dans sa liberté il y avait une franchise dont elle avait peur.

Ses yeux vinrent se plonger dans les opales grises de son perturbateur.

Elle s'y accrocha, elle s'accrocha de toute ses forces à son regard.

S'y noya.

Et pris sa main.

Parce que chaque destruction est une renaissance.

Parce que derrière les murs de son palais brillaient des étoiles.