Synopsis : Elizabeth souhaite ardemment que Ciel retrouve sa joie de vivre et son innocence. Son souhait va être exaucé… mais peut-être pas de la façon à laquelle elle s'attend.

Disclaimer : j'ai trop de respect pour Yana Toboso pour vouloir lui prendre quoi que ce soit.

Coup de jeune

La réception d'anniversaire de la petite marquise Elizabeth Middleford battait son plein. Les danseurs tournoyaient sur la piste et ceux qui ne dansaient pas bavardaient avec autant d'entrain que des aristocrates guindés peuvent se le permettre. Seul un enfant de douze ans aux cheveux grisâtres se tenait seul dans un coin, la mine boudeuse. Ciel Phantomhive n'avait aucune envie d'assister à la fête mais son majordome l'y avait forcé. Des partenaires en affaires et des clients potentiels se trouvaient justement à la réception et il aurait été inconvenant de sa part de les éviter. Le jeune lord se tenait donc à l'écart, en espérant de toutes ses forces que personne ne lui suggère de danser.

Justement, Elizabeth Middleford, sa joyeuse fiancée, se trouvait sur la piste, au bras de son cher papa. Quand l'orchestre marqua enfin une pause, elle se précipita vers lui et le serra dans ses bras, au mépris des convenances.

- Ciel ! s'écria-t-elle, les yeux brillants. N'est-ce pas magnifique ? Tout est si joli…

- Oui, oui… marmonna le jeune lord.

- Comment trouves-tu ma robe ? demanda-t-elle en se reculant un peu et en rougissant légèrement.

- Bien ! lança Ciel, qui n'avait qu'une seule envie, celle qu'elle s'en aille.

- Bien ? Je l'ai choisie justement pour toi ! Ciel, tu as l'air triste. Tu veux qu'on aille danser ?

Ciel lui lança un regard noir. Il ne voulait pas se l'avouer mais le fait de voir sa fiancée aussi heureuse et insouciante alors que lui-même ne connaîtrait plus jamais le bonheur lui faisait mal. Qu'elle s'en aille ! Pourquoi ne voulait-elle pas le laisser tranquille ?

- Je n'ai pas envie de danser, Lizzie, lança-t-il durement.

- Oh ? Pourquoi ?

Ciel la fusilla de nouveau du regard et Elizabeth, blessée, quitta la pièce en courant. Elle ne comprenait vraiment pas pourquoi son cher fiancé se montrait toujours aussi froid et brutal avec elle. Ne voyait-il pas à quel point il l'aimait ? Elle avait pourtant tout fait pour que tout le monde soit heureux à la fête, et tout le monde s'amusait sauf lui ! Pourquoi ?

Parce qu'il y a eu l'incendie, pensa-t-elle soudain. Je ne peux pas ressusciter les parents de Ciel. Je ne le rendrai jamais heureux. Tout ce que je peux faire, c'est le regarder s'enfoncer dans sa douleur.

Lizzie réalisa soudain que des larmes lui coulaient sur les joues. Elle se les essuya vivement : une marquise ne doit jamais pleurer en public, après tout. Tristement, elle s'aventura dans le jardin en espérant que le vent de la nuit sèche ses larmes. Dans une minute, elle rejoindrait la fête.

Tous les invités étaient arrivés depuis un moment mais le portier du marquis se tenait encore à la grille.

- Bonsoir, Mademoiselle, lui dit-il en s'inclinant.

- Bonsoir, William ! Oh, vous attendez tout seul ici ! Venez donc danser avec nous !

- Non, Mademoiselle, protesta-t-il. Je suis en service.

- Oh ! Comme vous voudrez. Mais je vais quand même aller vous chercher une part de gâteau, d'accord ?

Le portier ne put s'empêcher de sourire. Cette petite demoiselle était vraiment adorable ! Il était sur le point de refuser poliment tout en sachant que Lizzie n'en ferait qu'à sa tête de toute façon quand une voix éraillée le fit sursauter :

- La charité, je vous en prie !

Le portier se retourna et découvrit une très vieille femme en haillons qui lui tendait une main tremblante. Il soupira et se pencha vers elle.

- Madame, murmura-t-il, nous fêtons ce soir le douzième anniversaire de la marquise Elizabeth Middleford. La présence de gens du commun est absolument inadmissible. Vous devez partir !

- Pas du tout ! s'écria Elizabeth. Elle va venir au manoir et participer à la fête !

Et avant que le portier ait eu le temps de protester, Lizzie avait déjà empoigné la dame par la main et l'avait entraînée jusque dans le manoir. Presque aussitôt, les violons s'arrêtèrent de jouer et les danseurs, de valser. Tout le monde fixait du regard la vieille mendiante qui faisait tâche avec ses vieux vêtements et ses cheveux sales.

- Je vous présente ma nouvelle amie ! s'écria joyeusement la petite marquise. Elle va faire la fête avec nous !

Il s'écoula une bonne dizaine de secondes avant que le majordome de la maison Middleford ait la présence d'esprit d'ordonner qu'on emmène la vieille dame en cuisine et qu'on lui donne un bol de soupe et du pain. Après tout, il était de bon ton pour des aristocrates de faire la charité aux gens les plus nécessiteux. Cependant, Lizzie faisait la tête. Elle aurait préféré qu'on laisse sa « nouvelle amie » s'amuser avec les autres.

Ciel se sentait profondément consterné. Sa fiancée faisait souvent n'importe quoi mais là, elle dépassait vraiment les bornes !

- Qu'est-ce qui te prend, Lizzie ? lui murmura-t-il à l'oreille quand l'attention se fut un peu détournée.

- Ciel ! C'est mon anniversaire et je veux que tout le monde soit heureux autour de moi ! protesta la demoiselle.

- Tu es vraiment bête.

Bête ? Être gentil, c'était être bête ? Elizabeth se sentit sur le point de gifler Ciel mais se retint juste à temps. Elle ne ferait de mal à personne le jour de son anniversaire.

- C'est toi, qui es bête, murmura-t-elle enfin, au bord des larmes. Tu ne mérites pas d'avoir des amis comme les tiens.

- Je n'ai aucun ami, Lizzie. Je n'ai que des pions.

- Dommage.

Et sans ajouter un mot, la petite marquise s'esquiva en direction des cuisines. Au moins, la vieille mendiante lui accorderait un petit sourire.


Elizabeth la trouva assise à la table des domestiques, en train de se gaver de soupe et de pain. Elle salua joyeusement les cuisiniers, qu'elle connaissait tous par leurs prénoms, puis s'assit près de la dame et lui tendit une serviette.

- Tenez, ne mettez pas de soupe sur votre robe ! Je suis contente qu'on vous ait donné à manger. Comment vous appelez-vous, au fait ?

- Mon nom n'a aucune importance, grommela la dame.

Elle venait de parler la bouche pleine et les domestiques détournèrent le regard, complètement dégoûtés. Cependant, Lizzie semblait plutôt étonnée qu'autre chose.

- Mais si ! protesta-t-elle. Tout le monde a un nom et tout le monde est important ! Moi, on m'appelle Lizzie. Vous avez de la famille ?

La vieille femme s'essuya la bouche avec sa manche et fixa la fillette d'un regard pénétrant.

- Tu es quelqu'un d'inhabituel, petite, murmura-t-elle pensivement. La plupart des gens comme toi m'auraient fermé la porte au nez. Toi, non. Pourquoi ?

- Mais parce que je vous aime bien !

La vieille dame resta longtemps pensive puis fouilla dans une gibecière qui pendait à son côté.

- Tu as très bon cœur. C'est ton anniversaire et j'aimerais te faire un cadeau, énonça-t-elle lentement. Qu'est-ce qui te ferait plaisir ?

- Oh, ne vous donnez pas cette peine ! protesta Lizzie. Ça me fait plaisir de vous offrir à manger.

La vieille dame eut un sourire inquiétant.

- Tu peux me demander n'importe quoi ! lança-t-elle. Ton cœur est bon, il mérite un vrai cadeau.

- Oh… Vous êtes gentille mais le plus beau cadeau pour moi, ce serait que le garçon que j'aime redevienne heureux, insouciant et innocent, comme quand il était petit, vous comprenez ? Rien ne saurait me rendre aussi heureuse.

La mendiante retira une petite boîte de sa gibecière et l'ouvrit devant Elizabeth. Une petite bague argentée tomba sur la table.

- Mets cette bague au doigt de ton ami, et il retrouvera l'insouciance de son jeune âge, je te le promets !

Lizzie ouvrit des yeux ronds, puis décida de ne pas contrarier la dame. Offrir une bague, ça pouvait être très rigolo !

- D'accord ! s'écria-t-elle avait d'embrasser la dame sur la joue et de retourner dans le hall.

A suivre…