LA VIE D'ADRIEN
« Un 'frame' de chat» avait-elle dit.
Adrien vient de sortir de la douche et s'examine dans le miroir de sa salle de bain. Il se rappelle les mots que la couturière a utilisé la veille à l'essayage. Elle prenait des mesures de ses épaules alors qu'il était en maillot de bain. Il s'était demandé si elle avait découvert son identité par ses mesures.
«Euh, désolée, ce n'était pas du tout mon intention de t'insulter.» se reprit-elle en voyant son air catastrophé. «C'est une expression de chez moi» (Ah oui! Elle vient du Québec, se rappela Adrien.) «Ça désigne la façon dont est bâti un jeune homme. Mince et fort. Athlétique sans montré de muscle : comme un chat.»
La plupart des collègues d'Adrien était très heureux d'être mannequins et faisaient tous ce qu'ils pouvaient pour rester le plus androgynes possibles : plus facile d'avoir des contrats avec ce types de corps.
Dans le cas d'Adrien, c'était son père qui décidait de sa diète et de ses loisirs tout comme de ses cours et ses apprentissages. Mais face à son miroir, il voyait des choses qu'il voulait changer. Il voulait un dos large pour prendre les coups pour sa Lady et des épaules fortes auxquelles elle pourrait s'accrocher.
Il était allé à l'école publique pour échapper à la maison de son enfance mais maintenant qu'il y était, la perspective de son avenir s'éclairait devant lui. Ses seize ans seraient là dans quelques mois et il voulait commencer à préparer sa vie d'adulte. Après tout, c'est à ça que devrait servir l'éducation, pas à passer le temps en attendant le matin de ses dix-huit ans!
Connaissant la routine, il demanda une entrevue avec son père auprès de Nathalie au sujet de sa carrière de model : ce soir 19h!
Il partit pour l'école et s'ouvrit à Nino de la préparation de cette rencontre en marchant dans le corridor. Ils s'assirent ensuite à leur place et ils poursuivirent la conversation.
«C'est juste que je ne sais pas comment faire pour qu'il m'écoute.» se plaignit-il.
«Tu dois capter son attention.» fit une voix derrière lui : Marinette. Pour une des rares fois où elle pouvait lui parler sans malaise. «Hum?» fit-il, surpris.
«Tu aimes ton père, non? Et pas juste parce que c'est ton père? Tu respectes son jugement?»
«Oui, c'est vrai.» admit-il.
«Donc, même si tu n'es pas entièrement d'accord, tu ne veux pas tout changer dans ta vie juste certaines choses?» se fit confirmer Marinette.
«Oui, oui c'est exactement ça!»
«Alors, commence par attirer son attention, assure-toi de la garder en lui faisant admettre que vous voyez les choses de la même façon. Ne le critique pas, ne généralise pas. Puis, passe ton message et finalement, remets le pouvoir entre ses mains pour qu'il puisse faire ce que tu lui demande. C'est très simple et facile du moment qu'il n'y a pas de colère dans la discussion. Mais connaissant ta bonne nature, tu ne devrais pas avoir de problème.»
«Tu viens de faire la même chose avec moi, non?» et comme elle approuvait d'un clignement d'yeux, il ajouta. «Merci, tu es très forte!» Ce qui la fit devenir toute rouge.
19h. Le père d'Adrien se joint à lui pour souper.
«Je suppose que si tu veux me parler c'est pour me dire que tu as trop de séances-photo?»
'Le surprendre' pensa Adrien.
«En vérité, je voudrais discuter avec vous de l'orientation précise de ma future carrière de mannequin.»
«Ah, tiens donc!» émit M. Agreste.
«Oui,» 'S'appuyer sur des accords communs, le flatter' «Je sais que vous avez choisi mes activités actuelles pour mon bien et je vous en remercie. Je sais que ce que je fais actuellement contribuera à faire de moi un homme meilleur plus tard.»
«Je suis heureux que cela ne t'aie pas échappé.» répondit le père.
«Père, que voyez-vous lorsque vous me regarder? Vous voyez un enfant, n'est-ce-pas?»
«Oui, c'est plutôt exact.» approuva encore M. Agreste.
«Je sais que la plupart de mes collèges mannequins veulent rester le plus androgynes possible pour avoir plus de chance d'avoir des contrats. Mais, suis-je dans l'erreur si je pense que les fans qui me suivent, me suivront tout de même si je ne suis plus un éphèbe?»
«C'est vrai qu'en restant avec la Maison Agreste, tu n'as pas à chercher de contrat. Mais ton apparence doit conserver une certaine «propreté», le bon goût et la mesure sont de rigueur.»
«Je suis tout à fait d'accord avec vous sur cela. Ce dont je parle c'est de…faire pousser quelques muscles…»
«Cela pourrait encore convenir. Mais je suppose que tu y a réfléchit longuement et que tu as d'autres choses à me dire?»
«Oui, j'aimerais savoir si vous auriez objection à ce que je quitte l'école d'Argencourt. Je pratiquerais l'escrime avec un partenaire d'entraînement. Nous faisons déjà quelques passes à l'occasion. Ça me laisserait le temps de commencer la musculation. Les autres élèves de mon niveau font de la compétition et je n'ai pas l'intention d'en faire.»
«Je vois. Autre chose dont tu voudrais parler?»
«En fait, je pense à quelque chose depuis quelques temps. Le chinois. Vous avez choisi cette langue à cause du domaine des affaires. Vous prévoyez qu'un jour, je travaille avec vous, c'est exact?»
«En effet, cela t'assurerait un travail et un avenir décent.»
«Mais je ne suis pas designer. Donc, mon rôle auprès de vous en serait un de gestion, d'administration ou de finances. Donc, si je ne m'investit pas dans l'apprentissage de la littérature chinoise ce n'est pas plus mal.»
«En effet»
«Bien que j'apprécie parfois, la découverte de la culture littéraire de Chine, je pense, que mon temps serait mieux employé si je le consacrait à un cours de commerce ou de comptabilité.» 'Lui remettre le pouvoir' «Vous avez toujours été si avisé en ce qui concernait ma formation, je m'en remettrai à votre décision finale, mais je voulais juste vous demander de prendre le temps d'accorder ma formation avec le fait que je grandisse.»
«Et tu as bien fait Adrien. Agir autrement aurais été pour toi, un acte de paresse. Je suis bien aise que tu l'aie fait. Nathalie te fournira un nouvel emploi du temps. Sur ce, je te laisse j'ai encore du travail.»
Adrien termina calmement son assiette, s'enfuit dans sa chambre et laissa exploser le feu d'artifice qu'il ne pouvait plus contenir. Puis, il sauta sur le téléphone pour remercier Marinette. Il avait aussi autre chose à lui demander.
«Toujours intéressée par des cours d'escrime?»
