La chute des Géants.

Bonjour/Bonsoir à tous/tes !
Cela fait un bout de temps que je n'ai rien posté, Mea Culpa !
Depuis quelques semaines j'ai une furieuse envie de me lancer dans des petites fictions de l'univers de World of Warcraft, qui je le sais, sont moins prisées par les lecteurs que celles que j'ai pu commencer sur Saint Seiya ! Mais cela me tenait à coeur !
Ceci est le premier chapitre d'un recueil qui se penchera sur les différents dirigeants, rois/reines ou pas des Royaumes de l'Est, et surtout sur leur mort/corruption/disparition.
Mon but est aussi de me centrer sur des personnages que l'on rencontre rarement, voire pas du tout en jeu, et dont on sait peu de choses et s'écarter un peu des sentiers battus des fictions sur des personnages connus de tous comme Sylvanas, Varian, Garrosh ou autres !
Mais si, vous savez ! Les plus PNJ des PNJ !
Ce premier chapitre se centre sur la famille qui autrefois régnait sur un donjon bien connu (et bien glauque d'ailleurs).

NB : Je sais que le titre " La chute des Géants " est aussi le nom d'un bouquin de Ken Follett, mais au départ je voulais appeler ça " La chute des Rois ". Puis je me suis rendue compte que je n'allais pas seulement parler de Rois mais aussi de Seigneurs, et que je n'allait pas seulement parler d'hommes, mais aussi de femmes. Je voulais donc un titre un peu plus général.

Bonne lecture et n'hésitez pas à laisser des reviews !


Caer des Morts.

Des cris résonnaient dans ce qui restait du manoir de Caer Darrow. Des cris de plus en plus assourdissants, où se ressentaient la colère et la peur. De la fatigue aussi, une profonde lassitude, teintée de doute et d'appréhension.
Une porte claqua. Des pas excédés, presque fuyants, martelèrent vivement le sol de pierre, se dirigeant habilement au sein des dédales de la demeure. Le bruit des talons marquait ce qui pouvait s'apparenter à une mesure funèbre, entêtante, qui se répercutait dans tout le manoir.

La marche saccadée s'arrête brusquement, créant soudainement un vide presque assourdissant.
Depuis quelques semaines, ces scènes se multipliaient. Une discussion qui tournait toujours autour du même sujet épineux, le ton qui montait de plus en plus rapidement à chaque altercation, des répliques volontairement blessantes balancées par les deux protagonistes, des insultes qui fusaient, des argumentaires décousus. C'en était toujours plus épuisant.

Illucia Barov, dirigeante, aux côté de son époux Alexei, du célèbre fort de Caer Darrow et de ses terres stratégiques s'affaissa lourdement sur le sol, se laissant glisser contre le mur pierreux et froid.
Elle était lasse de ces disputes avec son époux. Eux qui s'entendaient si bien auparavant, dont le mariage avait survécu à tant de choses, à commencer par la terrible invasion des orcs durant la deuxième guerre, qui avaient ravagé aux trois quarts leur fort et les avait contraint à fuir à Lordaeron. Ils étaient revenus, avaient initié des travaux de restauration de la place forte, et regagnaient petit à petit leur puissance et leur influence d'antan.
Et alors que tout semblait rentrer dans l'ordre, il avait fallut qu'un nouveau mal apparaisse et les fragilise bien plus que n'avaient réussi à le faire les orcs.

Jandice Barov, leur unique fille, leur avait présenté un archimage dont les pouvoirs dépasseraient selon ses dires ceux de tous les mages du Kirin Tor réunis. Elle leur avait vanté ses exploits, avaient tout fait pour que le couple Barov se sente en confiance avec cet homme.
Mais Illucia n'était pas dupe. Elle avait bien remarqué que ce prétendu mage n'en était pas vraiment un. Ou plutôt ne l'était plus. Ses yeux vidés de toute trace de vie qui les fixaient de façon déstabilisante, ses cheveux sales et délavés qu'il cachait sous sa capuche, cette aura sombre et malsaine qui émanait de lui qu'il tentait de contenir pour ne pas trop les effrayer, cette voix froide et déshumanisée qui glaçait encore plus le sang lorsqu'il essayait de la rendre plus amicale et chaleureuse, et cette peau, cette peau ! D'une pâleur qu'Illucia n'avait encore jamais vue. Il était pâle comme la mort.

Car mort, il l'était.

La matriarche Barov avait bien reconnu là les traits physiques attribués aux nécromanciens, ces espèces de mages noirs adeptes de la torture qui flirtaient avec la mort.
Selon les informations qui leur parvenaient de Lordaeron, ces êtres encore peu nombreux étaient redoutablement puissants, et pour cause : ils seraient en lien étroit avec cette mystérieuse peste qui ravageait des zones entières des Royaumes de l'Est. Ils en seraient les instigateurs.
Lorsqu'elle s'était rendu compte que son mari et elle avaient accueilli dans leur demeure un être aussi corrompu et maléfique, elle avait failli faire un malaise.

Et malheureusement, elle avait vu juste. Ce nécromancien, qui ne s'était toujours pas présenté comme tel, leur avait proposé un pacte, que leur fille avait vivement appuyé : ils lui concédaient le fort de Caer Darrow pour en faire une école qui formerait une brigade de mages d'élite du Kirin Tor destinés à combattre la peste, et en échange il leur offrait l'immortalité. Simple. Trop simple.

Depuis quand l'immortalité était à la portée du premier archimage venu, si puissant soit-il ? Depuis quand le Kirin Tor voulait former des mages « d'élite » ? Ceux qui triomphaient de leurs examens après avoir étudié à Dalaran n'étaient-ils pas déjà des mages d'élite ? Et quand bien même, pourquoi cet homme ne portait aucun document officiel, aucune lettre scellée du Kirin Tor ?
Et pourquoi diantre son mari ne semblait pas être réceptif à ses mises en garde ?

Cette situation allait la rendre folle. Sur le papier, cet accord n'avait que bon et ne possédait aucune faille : ils mettaient à disposition leurs locaux pour former des mages capables de combattre la peste, se mettant par là-même dans les petits papiers du Kirin Tor et de l'Alliance, tout en obtenant la vie éternelle. C'est vrai ça, où était la faille ? Et qui refuserait la vie éternelle ?

Non. Il n'avait pas employé le terme vie éternelle. Il avait dit « immortalité ». Il y avait là une nuance qu'Illucia Barov n'arrivait pas encore à totalement saisir, mais qu'elle sentait d'une importance capitale. Et elle était profondément frustrée de ne pas comprendre pleinement cette subtilité, faute d'informations.
Une larme coula sur sa joue. Une larme qui sembla lui brûler et à la fois lui glacer la peau. Elle l'essuya rapidement, tentant d'effacer cette sensation profondément dérangeante. Mais cette dernière persistait, semblant même s'amplifier.

La matriarche était épuisée. La peur qu'elle ressentait en pensant à ce pacte, à cet homme terrifiant, à sa fille qui le soutenait aveuglément, à son mari qui ne semblait pas comprendre toute la teneur de cet accord, à ses fils dont elle n'avait aucune nouvelle et qui étaient supposément sur leurs terres de Brill, à cette peste qui tuait tout sur son passage, à son peuple qu'elle avait l'horrible sensation de trahir.

Elle était abandonnée. Seule avec ses doutes et ses peurs qui l'usaient mentalement.

Seule, si seule…

Peut-être que si elle acceptait l'offre du nécromancien, elle retrouverait cette complicité qu'elle avait avec son mari, elle paviendrait à franchir le fossé qui la séparait de sa fille, elle serait plus à même de protéger son peuple… Peut-être qu'elle retrouverait la paix.

Oui, la paix. C'est ce qu'elle voulait. Elle avait déjà fuit sa demeure une fois. Et elle ne voulait plus fuir.

.

Illucia et Alexei Barov se tenaient face à Jandice et son ami « mage ». Leur fille semblait toute excitée.
- Je suis ravie d'apprendre votre décision, vous avez fait le bon choix ! Susurra-t-elle d'une voix mielleuse.
« Je l'espère tellement… » pensa douloureusement sa mère.
L'homme s'approcha du couple et ferma les yeux tout en joignant ses paumes. Son visage éteint empreint d'une profonde concentration, ses lèvres bougeant sans que ne s'en échappe pourtant le moindre bruit, murmurrant une incantation muette.

Soudain, une lueur d'un violet funèbre apparu entre ses mains, et sans que le couple n'ait pu esquisser le moindre mouvement de défense, la lueur se transforma en rayons meurtriers qui les frappèrent tous les deux en même temps, les transperçant tels des lances.
Illucia Barov avait trop mal pour crier. Trop mal pour penser. Trop mal pour pleurer. Elle n'avait jamais connu pareille souffrance. Les douleurs combinées de ses trois accouchements et des différentes tortures que les orcs avaient pu lui infliger paraissaient être des câlineries en comparaison de ce qu'elle vivait à cet instant.
Car le nécromancien ne s'était pas seulement attaqué à son corps. Il avait aussi déchiré son âme. Il l'avait réduite en charpie, lui infusant toute la corruption dont il était capable, consummant en une fraction de seconde tout ce qui faisait qu'elle était vivante.
Une horrible sensation de vide s'ajouta à la douleur. Une vacuité sans limite, qui la tordait de l'intérieur. Elle se sentait aspirée au fond d'un gouffre dont elle ne voyait pas le fond et qui n'en avait probablement pas.
Elle essayait de crier, de le supplier d'arrêter, mais son corps ne lui répondait plus.

Du coin de l'oeil, elle vit son mari à terre, le regard vide. Mort.
Elle s'écroula à terre, telle une marionnette dont on aurait coupé les fils.
Elle était persuadée qu'elle ne se releverait plus. Dans un effort qui lui parut surhumain, elle lança furtivement un regard à sa fille qui jubilait, lui demandant silencieusement pourquoi. Pourquoi avait-elle fait cela ? Pourquoi était-elle contente de les voir à terre ?

Soudain, une énergie supérieure, brutale, froide, la releva de force. Elle apperçu son mari en faire de même.
Elle n'était plus maître d'elle-même. Elle sentait son libre-arbitre lui être arraché, sa volonté de résister partir en fumée, la lucidité s'étioler.

Et alors qu'elle croisait son propre regard vide et mort dans une des glaces du bureau de son époux, le nécromancien se fendit d'un sourire sadique à glacer le sang.

Il avait gagné. Kel'Thuzad avait gagné.


Précision : Comme vous avez pu le remarquer, dans ce chapitre Illucia et Alexei Barov ne sont pas au courant de la vraie nature du pacte que leur propose (voire impose) Kel'Thuzad. En effet, si Jandice Barov me semble, selon les différents Wiki, totalement au courant de ce qu'induit cet accord, je pars du principe qu'elle et Kel'Thuzad ont caché la vérité au couple Barov pour les convaincre plus facilement.

De plus, ce chapitre se situe au début de la peste, lorsque l'on sait encore peu de chose d'elle et qu'elle n'a pas encore frappé les terres des Barov, dont les plus notables sont Brill, Austrivage et Comté-de-Darrow.

Jandice Barov, tant dans les Wikis qu'en jeu, n'a aucune rédemption. Elle est un boss à tuer dans la Scholomance, que ce soit en mode normal ou héroïque. En revanche, son père, Alexei aide les aventuriers à tuer les différents boss du donjon pour se venger (mais si souvenez-vous, c'est le crâne parlant qui donne la quête au début !). Quant à Illucia, elle a été tuée par des membres de la Scholomance et est condamnée à hanter le donjon. Elle est cependant libérée quand les joueurs clean le donjon.
Les deux obtiennent une sorte de rédemption au final.

Au passage, j'ai pris un peu de liberté à imaginer dans les grandes lignes le passé d'Illucia Barov durant la deuxième guerre, lorsque les Orcs ont ravagé Caer Darrow.

Tous les personnages cités dans ce chapitre existent bel et bien, le couple Barov a bel et bien eut une fille et deux fils, dont l'un est vivant et l'autre est undead.

Voilà, j'espère que vous avez aimé ! N'oubliez pas la review :)