AUTEUR : Elegy

PAIRING : Clarke/Lexa

RATING : M pour quelques scènes de violence physique et verbale et quelques scènes de sexe.

SPOILERS : Saisons 2 et 3 mais revisitées. Je garde ou supprime ce qui m'intéresse de l'original. Le Mont Weather n'existe pas par exemple.

NOTE : Cette histoire est mon hommage à la guerrière lesbienne la plus badass qui ait existé, et à une des représentations de relation lesbienne les plus intéressantes et fortes que j'ai pu découvrir, celle qui m'a permis de réécrire à nouveau au bout de 12 ans de néant créatif.
Merci à Broody et Timinou, mes fidèles depuis toujours, pour m'avoir beta-readée.


Le Bruit et la Fureur


"[...] Les batailles ne se gagnent jamais. On ne les livre même pas. Le champ de bataille ne fait que révéler à l'homme sa folie et son désespoir, et la victoire n'est jamais que l'illusion des philosophes et des sots."

William Faulkner, Le bruit et la fureur


CHAPITRE 1

La nuit était tombée sur la colline et, dans la vallée, des dizaines de feux éclairaient le camp des Skaikru. Des rires insouciants et des cris étaient portés par le vent, un vent fort et glacé qui remuait pourtant à peine les pans de son long manteau noir. Du haut de la colline, son regard cerné de peintures de guerre embrassait la vue avec impassibilité. Seul le reflet de la lune sur les deux épées portées dans son dos aurait pu révéler sa présence aux hommes du Ciel.

Une moue de mépris se dessina sur ses lèvres devant l'arrogance et l'inconscience de ce peuple qui, à peine arrivé, avait décimé un village Trikru peuplé de simples paysans sans défense.

Ils devaient payer.

Jus drein, jus daun.

Le sang sera vengé par le sang.

Elle ferma les yeux un instant, fit le calme en elle pour mieux affronter le fracas à venir. Enfin, elle se détourna et enfourcha son cheval pour rejoindre le chemin principal.

Dissimulés dans l'obscurité de la forêt, des centaines de guerriers l'attendaient.


Cela faisait quatre mois qu'Octavia avait disparu et les nombreuses recherches qu'avait entreprises son frère Bellamy, accompagné de Finn, Monty et Murphy, étaient restées infructueuses. Pire, elles s'étaient révélées catastrophiques. Le seul indice qu'ils avaient découvert était son manteau ensanglanté dans la maison d'un Natif dans un village.

Ils avaient interrogé le Natif et tous les autres villageois, mais qu'ils ne connaissent pas leur langue ou qu'ils ne veuillent rien révéler, ils étaient restés obstinément silencieux. Une rage désespérée s'était alors emparée de Bellamy qui s'était mis à frapper sans relâche celui qui semblait être leur chef. Certains avaient voulu le défendre, et le chaos avait commencé.

Un fusil d'assaut avait craché la mort pendant d'interminables secondes, massacrant hommes, femmes et enfants dans un déluge de feu. Quand le silence était retombé, ils ne purent que contempler le désastre, hagards, les oreilles rendues à moitié sourdes par les tirs et qui ne percevaient plus qu'un étrange bruit mécanique.

Le bruit que faisait Finn en appuyant sur la gâchette de son arme à court de munitions, les yeux fous et le corps tremblant.

A leur retour, Finn avait été enfermé dans une pièce de la navette en attendant de savoir ce qu'ils allaient faire de lui. Murphy et Bellamy lui rendaient visite chaque jour, mais ils ne pouvaient que constater que son esprit avait basculé dans la folie. Seuls les calmants que lui administrait Abby, le médecin de la colonie, parvenaient à lui faire prononcer quelques phrases cohérentes.

Récemment, une partie des adultes de la station était parvenue à les rejoindre sur Terre, et Marcus Kane avait pris le commandement d'Arkadia, anciennement appelé camp Jaha. Suite au massacre, il avait refusé que Bellamy entreprenne d'autres recherches et celui-ci rongeait son frein. Pour contenir son angoisse, il participait à la fortification du camp et supervisait les opérations. Une enceinte haute de deux mètres entourait à présent leur camp fait de tentes et de petits bâtiments fabriqués à partir de bois et de métal récupéré et qui encadraient la navette. Raven travaillait encore à la fabrication de bombes pour protéger celle-ci.

Bellamy s'approcha du feu de camp central, placé devant la navette, autour duquel les survivants des 100 se retrouvaient chaque soir, à l'écart des adultes. Beaucoup étaient déjà partis se coucher, mais des rires et des conversations perduraient malgré l'heure tardive. Il salua Murphy et Jasper qui partageaient une bouteille d'alcool, et poursuivit son chemin.

Bellamy se dirigea vers un des bâtiments les plus grands et plus excentré. Quand il entra, il vit Clarke en train de recoudre une plaie sur le ventre d'un blessé. Elle semblait épuisée.

— Bonsoir. Tu ne vas pas dormir ?

Concentrée sur sa tâche, Clarke ne leva même pas les yeux.

— A moins que tu saches faire des points de suture, je pense que je ne peux pas me le permettre.

Un homme se mit à gémir dans un coin. Bellamy se rendit compte qu'il s'agissait d'un des Natifs rescapés du massacre qu'ils avaient secourus. Quelques-uns avaient survécu aux balles de Finn grâce aux soins conjugués d'Abby et de sa fille Clarke qui avait beaucoup appris à ses côtés quand elles étaient encore dans l'Arche.

— Personne ne peut te remplacer ? Tu n'as pas dormi depuis combien de temps ?

Excédée, Clarke se leva brusquement.

— Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, j'essaye de récupérer vos conneries, Bellamy ! Alors, si tu n'as rien de plus important à me dire, tu peux dégager !

— Ok, ok, excuse-moi...

Bellamy battit en retraite précipitamment, non sans un dernier regard coupable sur les Natifs.

Quand il sortit de l'infirmerie, un des gardes postés sur le mur d'enceinte l'interpella.

— Bellamy, il y a quelque chose d'étrange par là-bas.

— De quoi s'agit-il ? demanda-t-il quand il fut parvenu à sa hauteur.

— Je suis souvent à ce poste, et d'habitude au bout du chemin là-bas, la nuit, je peux voir des étoiles à travers les arbres... Là, tout est noir, c'est bizarre...

Bellamy scruta les ténèbres dans la direction indiquée par le garde. Quand il comprit enfin ce qui occultait les arbres, il était déjà trop tard.


La Commandante dégaina une de ses épées et se retourna lentement vers ses guerriers attendant ses ordres.

Jus drein, jus daun !

Alors que le cri était repris et répété comme une prière lancinante par son armée, elle fit un signe de tête aux deux femmes chevauchant à ses côtés, puis s'élança à plein galop en hurlant, les yeux remplis de rage.