Bonjour bonjour ! Pour me remettre en selle après ces fastidieux examens, j'ai décidé de publier cet OS (qui a une suite en deux parties mais franchement, je la trouve pas terrible donc je verrai si oui ou non je les mets en ligne), et comme je bosse demain (yah, vacances ils disaient^^) je verrai pour les "fics en cours" en attendant : Gryffondor !
Légèrement UA si on compte les souvenirs de Rogue dans le septième tome.
N'oubliez de laisser une petite review si vous avez aimé (ou pour simplement donner votre avis sur notre Sirius chéri ...)
Bonne Lecture !
GRYFFONDOR !
Sirius regarda autour de lui avec un regard émerveillé tout en faisant de son mieux pour paraître maître de lui. Père lui avait dit et répété qu'il devait lui faire honneur à sa famille et à son rang, que ses petites gamineries prenaient fin avec son entrée à Poudlard. Il était un homme maintenant et il devait se conduire en tant que tel.
Tous les élèves étaient réunis devant d'énormes escaliers qui montaient en direction de portes encore plus grandes. La Grande Salle devait sûrement se trouver là, il pouvait entendre le bruit des conversations assourdi par les énormes portes en bois massif.
Il se tenait légèrement à l'extérieur du groupe d'élèves, son rang l'obligeant à faire montre de bien plus de classe et de dignité que cette bande de petits excités qu'il allait devoir supporté pendant sept longues années.
Quelqu'un le bouscula alors, prouvant ses dires : ils n'étaient qu'une bande babouin mal éduqués.
« Hé, toi ! Fais attention ! »
Le garçon qui venait de le bousculer arrêta de s'agiter dans tous les sens et se tourna vers lui. Non seulement il était petit et maigre mais en plus, l'épi noir qui lui servait de cheveux était presque en meilleur état que ses lunettes qui semblaient aussi cabossées que sa veille grand-mère Melania.
« Quoi ? Tu vas pleurer ? » L'agressa le garçon avec une grimace moqueuse en le reluquant de haut en bas. Sirius avait la très nette impression de passer un examen, exactement comme quand Mère vérifiait qu'il était bien habillé et qu'il se tenait correctement.
« Excuse-toi ! Tu m'as bousculé ! » Exigea Sirius en fronçant le nez devant les manières de rustre de cet individu. Un Né-Moldu, à coup sûr. Les sorciers dignes de ce nom savaient qui il était simplement en le regardant. Il était un Black et un des meilleurs représentants de sa famille. De ses cheveux parfaitement lisses à la couleur anthracite si rare de ses yeux en passant par la forme même de son visage – le nez pointu, le menton rond, les joues fortement dessinées, le front légèrement en retrait, les sourcils fins, les lèvres charnues. Et il savait, pour l'avoir souvent vécu, que les gens de son monde savaient qui il était du premier coup d'œil.
Maintenant qu'il y pensait, il avait déjà vu ce visage… Au dîner du ministère auquel ses parents l'avaient traîné ? Impossible, il n'y avait que des Sangs-Purs !
« Oh attention, Black va nous faire une crise ! » S'exclama le garçon particulièrement fort. Donc il savait qui il était. Mais il semblait s'en moquer. Quand il fut sûr qu'il avait acquis l'attention de son public, il continua : « J'ai dû froisser sa robe ! »
« Vas-tu te taire ? » Gronda Sirius de sa voix la plus glaciale. Se mettre en colère est un aveu de faiblesse, disait toujours Père, reste digne et tu seras respecté avec la déférence qui te revient, fils. « Crois-tu pouvoir me parler ainsi ? »
Le garçon haussa un sourcil et mima un bâillement. « Toujours aussi intéressant, ta conversation, dis-moi. On pourrait croire qu'à défaut de ne mettre qu'au monde des dégénérés, tes parents t'auraient au moins appris à te battre »
Le sang de Sirius bouillonna dans ses veines et d'un réflexe, il attrapa sa baguette qui trônait fièrement à sa ceinture dans l'étui que lui avait offert tante Druella sur le quai de la gare. Il voulait le voir se battre ? Bien, il serait servi dans ce cas !
« Ose me parler encore ainsi… »
« Potter » Répondit le garçon, pas le moins impressionné du monde. « Mon nom est Potter »
Cela expliquait au moins pourquoi son visage lui était familier. Potter… Père parlait souvent de lui, un Sang-Pur dégénéré, n'ayant aucun problème avec l'idée de Moldus se mêlant aux sorciers comme s'ils étaient égaux. Père disait toujours qu'il était humiliant d'être obligé de collaborer avec lui en affaires. Malheureusement, les Potter étaient des figures trop haut placées dans le ministère pour pouvoir les éviter.
Sirius se laissa aller à sourire légèrement. « Et bien, Potter, tu as oublié de prendre le manuel d'utilisation de tes jambes avec toi ce matin ? » Se moqua-t-il.
Le garçon le regarda en fronçant les sourcils, sans comprendre ce qu'il venait de lui dire. Il ouvrit la bouche mais Sirius en profita pour lui jeter le seul maléfice qu'il connaissait – merci cousine Bellatrix. Potter valdingua en arrière comme s'il venait de glisser sur une peau de banane et atterrit sur ses fesses. Quelques rires fusèrent tandis que Sirius se faisait fusiller du regard par sa victime.
D'un air professionnel, il rangea sa baguette et observa Potter tenter pitoyablement de se relever. Le sol en dessous de lui glissait bien trop pour qu'il puisse y arriver sans aide. Sirius tendit la main pour l'aider à se redresser. Il savait qu'il n'y avait rien de pire pour Potter : soit il acceptait son aide et reconnaissait sa défaite, soit il refusait son aide et restait étendu sur le sol jusqu'à la répartition.
Il tendit le bras, attrapa la main que Sirius tendait et… le fit tomber à côté de lui sur le sol briqué au savon noir par son sort. D'autres rires fusèrent et Potter lui lança un regard sans équivoque.
« Fais gaffe à qui tu t'en prends, Black. »
Sirius retint l'envie qu'il avait de se jeter sur le garçon pour le ruer de coups – un Black ne fait montre de violence qu'en tout dernier recours et jamais en public ! A la place, il darda la foule d'élèves d'un regard noir, défiant un seul d'entre eux de se moquer de lui. Un garçon se sépara du groupe et tendit la main à Sirius, ignorant délibérément Potter qui dû attendre l'aide d'une rouquine avec des yeux globuleux.
« Norvel Avery » Se présenta le garçon qui l'avait aidé en lui tendant la main.
Sirius la lui serra sans se faire prier afin de le remercier. Le nom d'Avery ne lui était pas inconnu et il ne semblait qu'il soit associé à une mauvaise presse. Non, cela devait être correct de fraterniser avec cet élève. Mais, avant que Sirius ait eu le temps de dire ou faire quoique ce soit, le professeur – son nom lui échappait – était réapparu au sommet des escaliers et les sommait de la suivre.
A nouveau, Sirius dut ruser de tout son contrôle de lui-même afin de ne pas regarder partout autour de lui avec de grands yeux émerveillés. La Grande Salle n'était rien comme ses parents le lui avaient dit. C'était tout juste… magique. Dans le ciel, des étoiles brillaient et des petites feus d'artifice explosaient de temps à autre. Il y avait quatre immenses tables avec des élèves de tous âges installés à celle-ci.
Sirius repéra celle des Serpentards avec une facilité enfantine et il ne prit pas longtemps à localiser ses cousines ainsi quelques autres élèves plus âgés qu'il avait déjà rencontré. A ses côtés, un garçon chuchota « Tu as peur ? »
Sirius renifla et regarda Evan d'un air railleur. « De quoi j'aurais peur ? »
« De pas aller à Serpentard, tiens »
Sirius avait beau avoir passé une partie de son enfance en compagnie du cousin de ses cousines, il arrivait encore qu'Evan Rosier l'étonne de par sa stupidité. « Comme je disais, de quoi j'aurais peur ? »
Le professeur qui les avait apostrophé arrêta de parler – il n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle avait dit – et sortit le fameux Choixpeau Magique. Et Sirius fut des plus désappointés. Il s'attendait à quelque chose de magnifique, de grandiose. Quelque chose qui méritait l'attention qu'on lui portait. Mais non, ce n'était qu'un vieux morceau de tissu tout racorni et sur le point de se déchirer. Et c'était ce truc qui allait décider de tout son avenir à Poudlard ?
Sirius souffla et regarda autour de lui alors que la vieille pièce de tissu se mettait à entonner une chansonnette stupide. Il repéra Potter, qui parlait avec un garçon aussi bouffi que le binolard était maigre, et retint difficilement l'envie qu'il avait d'aller l'asticoter une fois de plus. Mais non, d'abord il allait rejoindre sa table ensuite il s'occupera de cet avorton de Potter. Une chose à la fois, dans le bonne ordre, et tu ne perdras pas ton Sang-froid, fils.
Quelques fois, Sirius se disait que son père ne le pensait pas capable d'être un bon Black. D'accord, ça lui arrivait souvent de n'en faire qu'à sa tête et de ne rien écouter de ce qu'on lu enseignait mais quand le moment venait, il savait faire preuve du maintien circonvenu à son rang ! Avait-il l'air d'être un de ces attardés bavant presque devant la pitoyable chanson des Maisons ? Ou comme ces horribles Sangs-de-Bourbe qui semblaient sur le point de s'évanouir de stupeur à force de s'étonner que la magie existe ? Ils étaient tellement pitoyables…
« Aarden, Elois » Appela le même professeur qu'un peu plus tôt. Une fille blonde et potelée avança en tremblant vers le tabouret. Sirius retint le rire moqueur qui lui pendait au nez. Comment était-il même possible de paraître si misérable ?
Mais alors que le Choixpeau lui tombait sur la tête et s'écriait « POUFFSOUFFLE ! », Sirius comprit son erreur. Il y avait bien plus pitoyable et misérable qu'Elois Aarden. Son regard venait juste de rencontrer celui d'un vagabond comme il n'en existe que dans les romans qui font peur.
« Avery, Norvel » Appela à nouveau le professeur au chignon serré.
Le garçon qui avait aidé Sirius s'avança vers le tabouret avec les épaules hautes et sons une once de peur. Sirius commençait à se dire que ce garçon ferait un ami tout à fait convenable, et sans doute plus agréable à vivre qu'Evan.
Mais son attention fut de nouveau captée par le vagabond. Ses habits étaient bien trop grands, sa robe – pourtant neuve – semblait tout droit sortie d'une déchèterie et son visage était plus cireux que celui d'oncle Ignatius (que Père ne se retenait jamais d'appeler Ivrogne).
« SERPENTARD ! » S'écria le choixpeau et Avery rejoint la table qui avait explosé en applaudissements non sans avoir lancé un coup d'œil à Sirius comme pour s'assurer qu'il l'avait bien vu. Mais Sirius était trop occupé à dévisager le garçon au visage émacié.
« Sirius Black »
Il était maigre et plus grand que la plupart des autres premières.
« Sirius Black »
Et ses yeux étaient cernés de noir et de violet comme si quelqu'un l'avait frappé violement à plusieurs reprises.
« Sirius Black ! »
Un coup dans les côtes réveilla Sirius de sa torpeur. « Elle t'a appelé trois fois » Glissa Evan à son ami qui se rendit compte que plusieurs personnes le regardaient, y compris la prof au chignon serré.
Sans s'embêter à paraître gêné de son manque d'attention(il pouvait se permettre quelques excentricités, après tout, il était un Black), il se dirigea vers le tabouret tel un conquérant marchant sur son royaume. Il prit son temps pour s'installer et attendit que le professeur pose l'horrible choixpeau sur sa tête. Ce devrait être rapide Bellatrix avait dit qu'il avait à peine frôlé ses cheveux pour l'envoyer chez les Vert et Argent.
Mais alors que la pièce de tissu se rapprochait de son crâne, Sirius vit un garçon avec de longs cheveux graisseux et noirs pousser violement le garçon qui était maltraité. Celui-ci vacilla et dû poser sa main contre l'épaule de la personne devant lui pour ne pas s'écrouler.
Sirius eut envie de se lever et d'aller l'aider à tenir debout.
« Voilà qui est intéressant » Souffla une voix à son oreille. « Encore un Black »
« Fais ton travail et fiche moi la paix » Murmura Sirius. A quoi pouvait jouer ce vieux chiffon ? Il allait aller à Serpentard, pas besoin d'une analyse pour ça. Au pied de l'estrade, le garçon malade vacilla une nouvelle fois.
« Très intéressant » Susurra le Choixpeau « Tu as la volonté de faire tes preuves par toi-même et de te détacher de ta famille, n'est-ce pas ? »
Sirius se figea. Ce truc lisait dans sa tête ? Sans réfléchir, il sauta sur ses pieds et arracha le Choixpeau de sa tête. Tous les élèves qui bavardaient se turent et des centaines de regards se tournèrent vers lui.
« Monsieur Black ? » Le professeur qui paraissait si coincé une minute auparavant avait maintenant l'air totalement abasourdie et furieuse. Sirius jeta un coup d'œil au Choixpeau – qu'il avait balancé sur le sol devant lui – puis au professeur.
Il lui adressa un petit sourire d'excuse. « Pardon. Je vais aller m'asseoir »
« Monsieur Black ! » Le rappela le professeur « Vous n'avez pas encore été réparti » L'informa-t-elle alors que Sirius se dirigeait déjà vers les Serpentards.
Grommelant contre les stupides règles de cette école et les formalités idiotes – il allait être réparti à Serpentard de toute façon, à quoi bon attendre qu'un vieux chapeau bavard le confirme ? – Sirius remonta sur le tabouret et laissa la prof remettre le remueur de méninges sur son crâne.
« Tu es très impulsif, n'est-ce pas ? » Lui chuchota l'horrible objet à l'oreille « Réfléchir avant d'agir n'est pas ta ligne de conduite mon garçon, me tromperais-je ? »
« Réfléchis moins et agis plus » Grogna Sirius « Envoie moi à ma table et passe au suivant, qu'on en finisse ! »
« Mmm, je vois oui. Une grande volonté d'indépendance, de l'impétuosité, beaucoup d'orgueil mais… Oh, je vois »
« Tu n'as pas d'yeux, espèce de bonnet de seconde zone ! »
« Et de l'humour avec ça » Reprit le Choixpeau « Ton cœur est rempli de bien plus de sollicitude envers les autres que ta raison ne le permet » Sirius leva les yeux au ciel. Ca devenait n'importe quoi… « Je me demande… Oui, tu as les épaules assez larges pour le supporter »
Enfin, le cri résonna.
La table des Serpentard commença à applaudir. Un peu, beaucoup moins que pour Avery. Puis les quelques applaudissements disparurent alors qu'un brouhaha de conversations s'élevait de toute part. Sirius n'osait pas bougé, les jambes coupées, figé sur son siège. Il sentit qu'on lui retirait le Choixpeau du crâne.
« Rejoignez votre place, d'autres attendent leur tour » L'enjoint le professeur qui se tenait à côté de lui. Sirius jeta un coup d'œil aux Gryffondors, se demandant s'il était seulement possible qu'il ait bien entendu ce que cet enf- de Choixpeau avait crié. C'était impossible.
« Monsieur Black ! » Commença à s'impatienter la femme.
Sirius leva un regard déterminé sur elle. « C'est impossible » Enonça-t-il calmement, le silence refaisant surface dans la Grande Salle après ce coup de théâtre. « Il y a une erreur »
Un court instant, il sembla à Sirius qu'elle partageait son avis mais elle reprit tout de même « Il n'y a aucune erreur. Allez rejoindre vos camarades ! »
« Non » Se borna Sirius en lui arrachant le Choixpeau des mains pour le remettre sur sa tête. « Allez, vas-y, fais ton truc ! » Ordonna-t-il « ENVOIE-MOI A SERPENTARD ! »
« Monsieur Black » Le visage de la prof arriva au niveau des yeux de Sirius qui, il sentait, se remplissaient de larmes de rage. « Veuillez rejoindre votre table sans faire d'esclandre »
Toute à sa honte, Sirius frotta durement ses yeux et descendit de l'estrade tel un condamné montait à l'échafaud. Il s'approcha de la table des Rouge et Or avec lenteur, avec réticence. Il y eu des applaudissements de quelques élèves, des toussotements, puis le silence seulement interrompu par la prof reprenant son appel.
« Evans, Lily »
La fille rousse aux yeux globuleux qui avait aidé Potter tout à l'heure monta sur l'estrade sans quitter Sirius des yeux, visiblement choquée de sa manière d'agir.
« GRYFFONDOR ! »
Cette fois, la bonne table explosa en applaudissements et la gamine vint s'asseoir en face de lui. « Bonsoir, le salua-t-elle, est-ce que ça va ? T'avais vraiment pas l'air content là-haut »
Sirius la regarda comme si elle était débile. Comment pouvait-elle seulement lui demander si ça allait ? On venait de le placer dans la maison de ses ennemis, contre son gré ! Derrière la fille, dans la file de ceux qui attendaient toujours d'être appelé, Sirius repéra Potter. Il fixait Sirius comme si, à la force de son regard, il pouvait l'empêcher d'être assis à cette table qu'il allait sans aucun doute rejoindre dans une minute.
« Moi, ça m'épate tout ça » Continua de parler la rouquine « Dire qu'il y a quelques mois, je ne savais même pas que j'étais une sorcière ! »
Un frisson traversa Sirius de part en part alors qu'il se déplaçait sur la chaise d'à côté pour s'éloigner d'elle. Elle fronça les sourcils, tendit sa main et…
« Ne me touche pas, Sang-De-Bourbe ! » Aboya-t-il si fort qu'un nouveau silence se fit autour de lui. Tous les élèves de sa table qui avaient entendu se mirent à le regarder avec répugnance et Potter, qui était toujours debout derrière la fille à l'observer attentivement – comme si l'explication de ce que faisait un Black à Gryffondor allait apparaître sur son front- s'écria « A l'attaque ! »
Il courut vers Sirius, sauta sur la chaise à côté de la rousse et bondit debout sur la table, renversant assiettes et verres au passage. Sirius se leva dès qu'il le vit arriver vers lui et, en quelques secondes, Potter et lui étaient debouts, sur la table du banquet, baguettes brandies.
« JAMAIS DE TOUTE MA CARRIERE JE N'AI VU CA ! »
« Minerva, calmez-vous »
« VOUS AVEZ SACCAGE LE BANQUET, INTERROMPU LA REPARTITION ET VOUS ETES BATTU AU MILIEU DE LA GRANDE SALLE ! »
Sirius jeta un regard à Potter qui était assis sur la chaise à côté de lui. Il aurait voulu le voir se recroqueviller ou avoir peur des cris mais il restait là, fixe, avec sa grimace au visage, à regarder le professeur Minerva comme si elle lui demandait à quel parfum il voulait son thé.
« JE N'AI JAMAIS EU AUSSI HONTE DE MES ELEVES »
Potter tourna la tête vers lui et Sirius redirigea son regard ennuyé sur la femme qui criait devant eux, s'époumonant pour pas grand-chose (c'était qu'une petite bataille de rien du tout) et devenait rouge à force de ne pas respirer. Quelques mèches s'échappaient même de son chignon si impeccable.
« Minerva ! » Intervint pour la seconde fois le directeur qui était assis derrière son bureau et observait sa collègue s'égosiller. « J'ai bien peur que vos remontrances n'aient pas beaucoup d'impact sur ces jeunes hommes »
Pour peu, Sirius eut dit que Dumbledore avait esquissé un sourire. Enfin, il ne devait pas être si amusé que ça parce qu'après un moment de silence, il déclara « Je dois cependant admettre que le professeur McGonagall a raison. Votre comportement était déplacé. La répartition est un moment sacré dans cette école »
« Vous serez tous les deux en retenue dès la semaine prochaine ! » Conclut le professeur Minerva-rouge comme une tomate- McGonagall en les tuant tous les deux du regard. Il n'aurait si dire si c'était la bagarre ou leur manque de réaction face aux remontrances, qui la mettait dans cet état. Sirius dut faire un grand effort pour ne pas mettre sa main devant sa bouche et bailler. « Jamais je n'avais vu ça » répéta-t-elle, plus doucement, pour elle-même sans doute « Dès le premier soir. Les sabliers ne sont même pas encore activités ! »
Dommage, songea Sirius qui n'avait rien contre l'idée de faire perdre à Gryffondor des points. Jamais, foi de Sirius Black, ce ne serait sa maison.
« Messieurs » Reprit Dumbledore « le préfet-en-chef, monsieur Gordon, vous attends à l'extérieur. Il va vous accompagner jusque votre salle commune. »
« On mange pas ? » S'enquit James Potter d'un air surpris.
Les yeux de Dumbledore pétillèrent, Sirius se mordit la lèvre pour ne pas rire devant le commentaire stupide que ce crétin venait de faire et McGonagall souffla comme un cheval en fin de Derby.
« QUOI ? » Hurla-t-elle de nouveau « COMMENT OSEZ-VOUS PENSER A VOTRE ESTOMAC DANS UN MOMENT PAREIL ? »
« J'ai rien dit, moi » Soupira Sirius en l'entendant utiliser le pluriel.
Ses yeux devinrent si furieux qu'il eut l'impression qu'ils allaient exploser.
« Faillot » Glissa James Potter
« Crétin » Répliqua Sirius
« SILENCE ! » Ordonna leur futur professeur et directrice de maison. Son regard passait de l'un à l'autre et elle paraissait sur le point de passer l'arme à gauche. Elle se mit à secouer la tête. « C'est impossible. Comment va-t-on… Albus ! » Elle se retourna vers le directeur qui assistait à l'échange silencieusement. « Dites quelque chose enfin ! »
« Des sandwichs vous attendent dans votre dortoir »
Sirius ne put pas dire s'il se moquait d'eux ou de la prof mais il se leva rapidement pour rejoindre le préfet-en-chef avant qu'elle puisse embrayer sur un nouveau sermon ennuyeux à mourir.
« Monsieur Potter, attendez » Rappela Dumbledore quand l'autre se décida à le suivre. Sirius s'arrêta à l'entrée pour observer ce qu'il allait arriver à Potter. Quelque chose de douloureux, si possible. « Vous n'avez pas encore été réparti » Précisa Dumbledore devant l'interrogation du garçon.
Un oiseau arriva alors, portant l'horrible vieux Choixpeau. Sirius dut fermer les poings et enfoncer ses ongles dans sa peau pour s'empêcher de sauter dessus et de le déchirer de part en part. Saleté !
Minerva McGonagall posa le Choixpeau sur la tête de Potter et Sirius pria toutes les divinités qu'il connaissait pour que celui-ci s'écrire 'Serpentard'. Non seulement, Potter comprendrait sa douleur mais surtout, cela prouverait une fois pour toute que l'objet était cassé et bon pour la poubelle. Il n'aurait jamais envoyé Sirius chez les Lions sinon…
« GRYFFONDOR »
Potter étira ses bras devant lui et fit craquer ses articulations. « Et voilà le travail. Prends-en de la graine, Black »
« Va te- »
« Oh NON ! NE RECOMMENCEZ PAS AVANT QUE JE PERDE MON SANG FROID ! »
Et bien, si ces cris étaient 'conserver son sang froid', Sirius se demandait ce qu'elle pouvait bien faire quand il devenait chaud, son sang.
Gareth Gordon était appuyé contre une gargouille dans le couloir et soupira quand il vit apparaître les deux premières années.
« Allez, grouillez les gosses. J'aimerais avoir le temps de manger » Les pressa-t-il en se dirigeant vers la tour de Gryffondor sans vérifier s'ils le suivaient.
Sirius et James n'échangèrent pas une parole pendant le trajet, se contentant de se pousser plus ou moins fort contre le mur chaque fois que leurs épaules se frôlaient. Ils arrivèrent assez vite devant le portrait d'une grosse femme trop maquillée et Gordon se stoppa sous les regards intrigués des deux gamins.
« Voilà, c'est ici » Expliqua-t-il « Le mot de passe est 'Desidero'. » A ces mots, le portrait pivota et les laissa entrer dans une salle lumineuse remplie de fauteuils qui semblaient tous plus confortables les uns que les autres. Le long des murs, de grands escaliers, un de chaque coté de la pièce, menant à des étages supérieurs. Un feu ronronnait déjà dans la cheminée et pourtant, Sirius ne put retenir un frisson de remonter le long de son dos. Il n'avait jamais été dans une pièce aussi chaleureuse de toute son existence. Même vide, il se sentait… chez lui à cet endroit, et cette découverte le mettait plus mal-à-l'aise encore que l'idée ridicule d'avoir été envoyé à Gryffondor.
« Le dortoir des premières, c'est celui là-bas » il pointa une porte du premier étage du doigt. « Oh, et Black » Appela-t-il encore avant de repartir par le portrait. « Si tu prononces encore ce mot devant un Gryffondor, n'espère pas rester en vie bien longtemps dans notre maison »
Peu impressionné par la menace, Sirius gravit les marches de l'escalier en silence et entra dans un dortoir vide. Quatre malles attendaient déjà en face de quatre lits faits impeccablement et entourés de rideaux rouges. Cette profusion de couleurs vives commençait à le rendre malade. Il préférait nettement la sobriété de sa chambre à Square Grimmaurd.
Il attrapa deux sandwichs sur le plateau déposé sur un petit bureau en bois rustique et se dirigea vers le lit qui semblait lui avoir été attribué. Sa malle n'était pas difficile à différencier des autres, elle portait l'écusson de sa famille. Sirius parcourut du bout des doigts la forme du serpent qui entourait les mots 'Toujours purs'.
« Tu peux pas t'en empêcher, hein ? » L'agressa Potter derrière lui. Il observait chacun de ses gestes avec une minutie agaçante. « Tu crois que parce que ton Sang est pur, tu es mieux que les autres ? »
« Ca ne relève pas de la croyance » Exposa calmement Sirius en grimpant sur son lit. Les trois autres malles étaient très différentes elles aussi : une avec un énorme lion – celle de Potter –, une toute cabossée semblant très vieille et lourde et une qui semblait avoir été achetée dans le premier grand étalage rencontré. « C'est un simple fait »
Potter renifla bruyamment pour marquer son désaccord. « Tu me répugnes »
« Toi aussi tu es un Sang-pur, tu devrais penser comme moi » Répliqua Sirius « Tu te rabaisses et fait honte à notre race en les considérant comme égaux »
« Je suis sûr que tes parents seront enchantés quand ils apprendront quand quelle maison t'es » Sirius serra la mâchoire et mordit violement dans un sandwich. « Tu crois qu'ils te renieront tout de suite ou que t'auras une p'tite chance de les supplier de t'épargner ? »
« Un Black ne supplie pas »
James Potter le regarda comme s'il venait de dire la plus grosse ânerie du siècle et s'esclaffa. « Ouah, alors quand mes parents disaient que vous étiez de vrais malades, ils rigolaient pas ! »
« Ne me cherche pas, Potter » Le menaça Sirius en sentant l'envie de ressortir sa baguette le démanger. Puis il se souvint que lui et Potter se les étaient faites confisquées jusqu'au lendemain matin… Tant pis, s'il n'avait pas le choix, il en viendrait aux mains.
« Quelque part, tu me fais pitié » déclara le garçon en enfonçant un sandwich entier d'un coup dans sa bouche. Sirius grimaça de dégoût. « T'applique les principes de papa-maman sans te poser une seule question. T'es quoi, à part un Black ? »
Sirius sentit la colère se répandre dans tout son corps alors qu'il fixait cet avorton de Potter droit dans les yeux. Il avait tapé exactement au bon endroit avec cette phrase. C'était ce désir ardant qu'avait Sirius de se forger son propre nom, sans l'intervention de sa famille, qui l'avait fait finir dans cette maison horrible où tout était rouge et doré et chaleureux et écœurant.
Il ne dit rien de plus et s'enferma derrière ses baldaquins pour ne plus avoir à supporter la face horripilante de Potter. En dehors du fait qu'il était tombé chez les ridicules Gryffondors, supporter Potter toute une année était ce qui semblait le plus insurmontable… Ca et la beuglante que sa mère ne manquerait pas de lui envoyer le lendemain matin.
Une demi-heure plus tard, Sirius entendit la porte du dortoir s'ouvrir à nouveau et des bruits de pas. Il entrouvrit ses rideaux pour voir qui venait de pénétrer dans la pièce. Il y avait le garçon rondouillard à qui Potter parlait pendant la répartition et le garçon malade qui s'était presque effondré à cause de celui aux cheveux sales. C'était ça, ses compagnons de chambrée ? Pour sept ans ? Potter, un empoté et un maltraité malade ? Dans l'antre des Lions ?
Sirius se coucha et remonta la couverture par-dessus sa tête pour empêcher quiconque de voir qu'il pleurait. Il aurait voulu que cette journée n'ait jamais commencé et qu'il ne soit jamais venu à Poudlard.
