Des murs blancs, ouverts par d'immenses fenêtres d'un bois vernis accompagnés à leurs côtés de grands, larges et épais rideaux de soie, rouges bordeaux. Une table d'une vingtaine de personnes au moins, imposante, d'un marron de bois sombre, étendu au centre de la pièce, entourée de toutes ces belles chaises aux allures lourdes que seuls les majordomes soulevaient. Les voilà, ces hommes habillés avec soin, de noir et de blanc, pas un pli, pas un épi, aucun faux pas. Ils étaient trois, l'un attendant derrière l'une des chaises en bout de table, l'autre continuant son chemin jusqu'aux cuisines et le dernier était posté près des portes qui ouvrent cette pièce sur le grand hall de la maison. À l'entente de pas réguliers, ce dernier se permit d'ouvrir les deux portes de bois lourd et grinçantes. Il s'inclina ensuite lors de l'entrée de deux hommes, l'un habillé de vêtements chique, longs, lui allant à ravir. Ses cheveux parfaitement coiffés, d'un noir corbeau. Pas un sourire, pas un regard, il attendait l'autre homme qui l'accompagnait. Lui était plus fin, l'air plus fragile et pourtant tout aussi sûr et fière. Ses cheveux blonds virant presque au blanc, coiffés d'une manière qui lui était propre. Des lèvres pulpeuses et rosées, de grands yeux bicolores, des vêtements classes et parfaitement accordés. Il avait cette canne à la main qu'il faisait balader soigneusement en marchant, avec élégance. Ils se dirigèrent vers cette fameuse table, le brun prenant place à l'une des extrémités, l'autre se plaçant à sa droite. On leur ramena rapidement le thé, leur permettant d'enfin établir une conversation, celle ci commençant par un soupire échappé d'entre les lèvres du blond.

« Aah, que les temps sont bons.

Tu as déjà dis ça au pallier de la porte, BamBam. Fit remarquer l'autre en portant sa tasse à ses lèvres pour en boire une gorgée. Il se brûla légèrement, mais resta impassible. Quand tu parles pour ne rien dire, c'est que tu as quelque chose en tête. Continua t-il levant les yeux vers celui qui faisait maintenant une grimace.

On ne peut rien te cacher, soupira t-il.

Je t'écoute, au point ou j'en suis… Déjà, dis moi en quoi les temps sont bons ? Je ne peux même pas mettre un pied devant l'autre sans jurer. Heureusement que je suis adroit, combien de fois mon postérieur a manqué de rencontrer la glace...

Pour le si peu que tu sors, murmure t-il.

Remarque, pour toi cette période doit être bonne pour les affaires. Vu toutes les pertes, tu dois avoir plus de réclamations. Continue le brun en ignorant le pique de son ami. Être vendeur d'esclaves a du bon finalement.

Exactement ! Ri t-il. Je bats les records, j'en vends plus que des chiens. Ça reste incroyable.

Comme quoi tu ne vends pas de la si bonne qualité. Réplique l'autre, sans le regarder, rendant la remarque plus vexante.

Eh ! Je ne te permets pas ! Ils sont de très bonnes qualités. Simplement les propriétaires ne font pas la différence entre leurs bêtes et les traites de la même manière. On m'en a ramené un, je te jure je ne mens pas, les pieds cassés par le froid. J'étais exaspéré. Incapable de les garder plus de deux mois. S'indigne le second. Je peux rien faire avec des cas pareils. »

Le brun avait remonté les yeux sur le plus jeune durant son discours, toujours le visage sans grande émotion. Il l'écoutait simplement, la tasse tenue entre ses doigts. L'autre bu enfin une gorgée de son thé et s'extasia dessus. « Toujours aussi délicieux » avait il déclaré, faisant sourire discrètement la femme aux côtés des majordomes.

« Et donc, reprit le brun, qu'est-ce que tu me veux ? »

Le visage du plus jeune en disait long : le voilà revenir au galop. Lui qui pensait y aller avec douceur, c'était raté.

« J'aimerais que tu me rende un service JinYoung.

Ben voyons. J'ai la sensation que ce que tu vas me demander ne va pas me plaire… Quel genre de service ?

J'aimerais, fait il hésitant.

Ne te fais pas attendre, tu sais que je n'aime pas ça. S'impatienta l'autre.

J'aimerais que tu prennes l'un de mes esclaves. » Fit alors BamBam d'une traite.

Le brun le regarde, les yeux écarquillés. Il fronce rapidement les sourcils, reposant sa tasse sur son support, mimant de retenir sa colère en serrant l'un de ses poings. Il s'empressa de passer ses doigts sur ses tempes pour les masser. Le plus jeune savait que l'idée ne lui plaisait pas, au point qu'il sentait qu'il pouvait finir à la porte rapidement à ce moment là. Mais il en avait besoin, de ce service.

« C'est non. Finit par lâcher le plus vieux.

JinYoung, s'il te plait, réfléchis-y au moins.

Non, tu sais très bien pourquoi je ne veux pas d'esclave.

J'ai besoin que tu acceptes…

Mais pourquoi ? S'impatienta une nouvelle fois le brun.

Car j'ai fais un pari, un pari sur toi.

Quel genre de pari absurde as tu fais pour vouloir me refourguer l'une de tes… « Marchandises » ?

Que j'arriverais à faire tenir un esclave chez Park JinYoung plus de 2 mois… Avoua le plus jeune.

C'est ridicule, lança t-il.

S'il te plait, tu es vu comme quelqu'un de tellement fermé et sévère que tout le monde pense qu'il met impossible de te demander quoi que ce soit.

Tu essayes de me prendre par les sentiments ? De plus en plus ridicule.

J'essaie de garder mes biens.

Tu es plus stupide que je ne le pensais BamBam…

S'il te plait, JinYoung. »

Le plus vieux expire profondément.

« Je n'ai pas le choix j'imagine… »

Le plus jeune se retient de montrer sa joie, étirant alors simplement ses lèvres pulpeuses pour y laisser découvrir un sourire.

« Merci JinYoung, je savais que je pouvais compter sur toi. Alors je les ai ramené avec moi.

Tu « les » as ramené…? Comment ça « les » ?

Ne t'en fais pas ! S'il vous plait. » Fit le blondinet en se retournant à peine vers l'un des majordomes. Celui ci acquiesça et ouvrit les portes, découvrant cinq individus aux habits tâchés et troués, ainsi que la peau sales et cheveux décoiffés. Deux femmes ainsi que trois hommes. BamBam leur fit signe d'avancer dans la grande salle, ce qu'ils firent en tremblant de froid, dû à leurs pieds glissants sur le sol glacé. JinYoung les regardait, puis tourna ses deux perles noires sur son ami.

« Cinq ? Tu te moques de moi j'espère.

Ne t'en fais pas ! Je t'ai pris la meilleure qualité. Se veut rassurant le plus jeune. Tu n'en auras qu'un. Je te laisse simplement le choix.

Le choix ? Fit il en arquant l'un de ses sourcils. Il se leva alors, faisant glisser les phalanges de ses doigts longs et fins sur sa table imposante, puis remonta sa main à son menton, laissant croire alors à une réflexion. Il s'approcha doucement des cinq individus tremblants et silencieux. Le blondinet le regarda faire, un léger sourire aux lèvres.

Ils sont tous assez jeune, aucun n'est plus vieux que toi du moins. Ils n'ont pas été trop mal nourrit jusqu'à présent, ne sont pas tombé malade même par ce froid. Aussi, continue t-il en se levant, rejoignant son ami qui scrutait chacun d'eux. Ils n'ont aucune marque. Et n'ont appartenu qu'à moi jusque maintenant. »

Le brun hocha la tête doucement, tout en continuant de les scruter un à un. La première était une femme aux cheveux longs, châtain, droits et sales. La peau blanche, malgré la terre sur son visage, ses traits étaient beaux. Une bouche fine, des lèvres brillantes. Il passa au suivant, un homme plus costaud, il semblait être le plus âgé des cinq. Ses tremblements étaient moins perceptibles, ses cheveux tombaient jusqu'à ses épaules. JinYoung fit un pas pour passer au suivant. Il était grand, de quelques centimètres de plus que lui même. Sa peau semblait douce malgré la paille accompagnée de boue collée à son visage ainsi qu'à ses cheveux, qui eux lui semblaient magnifiques. D'un noir à mèches bleutées. Ses lèvres roses semblaient douces, et ses yeux mit clos l'intriguaient.

« Eh. Regarde moi. » Fit alors sèchement le brun.

Le bleuté ouvrit alors les yeux et les leva pour fixer ceux du brun. JinYoung ne le lâcha pas du regard, il les observa longuement, ses yeux noirs profonds, presque provoquant tant ils étaient sans brun fit de nouveau un pas, comme pour passer au suivant puis lâcha :

« Je le prends.

Mm ? Le bleu ? Demanda BamBam un peu troublé.

Oui, le grand bleuté. » Affirma le premier.