N.D.A :
Bonjour, je serai succincte,
Cette fiction est un peu guimauve, dans un style radicalement différent de mon autre fiction. Elle fait 15 chapitres plus un épilogue, mais surtout la rédaction est terminée, il ne reste plus que les corrections, faites par la fantastique CacoNya (un très très grand merci à elle d'ailleurs).
Publication hebdomadaire.
Slash, mention de mpreg et rating M.
Harry Potter appartient à la géniale J.K Rowling, rien est à moi.
Bonne lecture,
Elishae
Chapitre 1 : Tombée sur terre
Drago était, en cette belle matinée de septembre, d'une humeur massacrante. Il venait d'être réveillé par ce crétin de soleil à une heure totalement indécente, son elfe de maison n'avait une fois de plus pas suivi ces instructions, et il n'y avait plus d'alcool dans son placard, sinon une bouteille d'hydromel immonde que Pansy avait ramenée de ses dernières vacances en France. Enfilant un pantalon à la va-vite, il ouvrit avec fracas la porte de sa chambre et fit irruption dans le salon à temps pour voir une silhouette se matérialiser dans la pièce. Clignant des yeux sous la lumière trop intense pour ses yeux fatigués et encore fortement alcoolisés, il attrapa juste à temps la petite forme qui manqua de s'écraser sur le tapis. Un peu déstabilisé, il remit sur ses pieds la créature et manqua de tomber à la renverse en constatant que c'était une petite fille.
— Euh bonjour …
Il n'était pas franchement au mieux de ses capacités, là, et ça, ça les dépassait largement. La petite sourit un peu tristement, mais ne répondit pas.
— Euh … tu t'appelles comment ?
À nouveau l'enfant garda le silence. Passant une main lasse sur ses paupières lourdes, Drago tenta des se reprendre et détailla le petit être qui avait fait irruption dans son salon. Elle était vraiment petite et devait avoir deux ou trois ans. Habillée d'une robe de bonne facture, verte avec de petits motifs dorés, d'une une veste d'or sombre, assez chic, et des souliers assortis. Elle avait de très longs cheveux blonds, pâles comme la lune qui cascadaient en boucles souples jusqu'à sa taille, des petites joues roses et une bouche en bouton de rose, étirée d'un sourire mélancolique. Drago la trouva plutôt jolie, pour ce qu'il en savait des enfants, mais son souffle se coupa en rencontrant deux grands yeux émeraude. L'homme se perdit dans l'océan de ces yeux, ourlés de cils clairs. Ils avaient une forme délicate, en amande, qui ne pouvait rappeler qu'une seule personne. Comme percuté par un poids lourd, Drago vacilla et se laissa tomber à genoux devant la petite, la respiration difficile. Elle sembla saisir son désarroi, car elle posa sa toute petite main sur sa joue et la caressa tout doucement. Immédiatement Drago se calma et il déposa sa longue main sur la sienne.
— D'où tu viens petit ange ?
Pas de réponse, un sourire, l'homme commençait à croire qu'elle ne parlait peut-être pas, elle était encore jeune. Mais étrangement il était certain qu'elle le comprenait.
— Viens on va manger quelque chose avant de chercher tes parents.
Il souleva la petite dans ses bras pour l'asseoir sur l'un des tabourets de l'espace-bar de sa cuisine. D'un coup de baguette, il créa des rebords pour qu'elle ne tombe pas et chercha de quoi la faire petit-déjeuner. Il avait besoin de ce temps pour se ressaisir. La fillette le suivait des yeux, toujours aussi calme et silencieuse.
— Du chocolat chaud, ça te va ?
Pas de réponse, réponse affirmative comme on dit et, en effet, la petite trempa ses lèvres sans grimacer dans le tout petit bol qu'il lui présenta. Il n'avait rien de plus adapté pour elle. Sortant une boîte du placard, il déposa devant la fillette quelques petits morceaux de gâteau à la cannelle et au miel, un véritable délice. Elle sembla partager son avis puisque que, bientôt, il n'y en eut plus trace. Il en redéposa encore, mais elle n'en prit qu'un morceau de plus, au moins elle ne semblait pas mourir de faim. Ses grands yeux se posèrent à nouveau sur Drago qui ne put s'empêcher de les fuir, des images longtemps bannies lui revenant douloureusement en tête. Le cœur serré, il nettoya les quelques miettes d'un coup de baguette et la prit dans ses bras à nouveau pour la sortir de son siège improvisé. Il avait lui-même bu un grand café, mais l'arrivée de l'enfant l'avait suffisamment dégrisé pour qu'il n'ait pas besoin de potion anti gueule de bois. Ne sachant que faire, il s'assit sur le canapé, la fillette toujours sur les genoux, serrant son doudou dans ses mains.
— Alors, que vais-je faire de toi ?
Bien évidemment il n'eut aucune réponse, mais elle coula ses petites mains vers lui et joua avec le pendentif à son cou. Contrairement à l'ordinaire, il n'eut pas envie de la pousser violemment pour lui faire lâcher, mais accepta ce contact, comme s'il était naturel. Il ne laissait pourtant personne y toucher, même s'il ne l'enlevait jamais. Le petit cerf d'argent reposait parfaitement au creux de sa paume minuscule et elle le caressait d'un doigt, l'air sérieuse. Ils restèrent un moment comme cela, la présence de la petite l'apaisant étrangement en ce jour toujours difficile. Mais la sonnette de l'entrée les coupa soudain et il souffla avant de se redresser. Déposant l'enfant au fond du canapé pour qu'elle ne tombe pas, il traversa la pièce pour ouvrir au visiteur inopportun, prêt à le jeter dehors. Il dut cependant mettre un terme à ses projets lorsque Blaise Zabini, accessoirement son meilleur ami, entra sans attendre l'invitation.
— Je passais juste pour voir si tout allait bien.
— Inutile de rester dans ce cas, soupira Drago.
— Théo m'a abandonné alors je me suis dit que tu pourrais me tenir compagnie !
— Je n'ai pas le temps pour tes pitreries Blaise, je suis occupé.
Le grand bistré haussa un sourcil, visiblement septique et voulu s'affaler sur le canapé lorsqu'il avisa la présence de la petite fille. Il eut un mouvement de recul et questionna son ami du regard qui se contenta d'hausser les épaules.
— Quoi, fit sur un ton sarcastique Blaise, tu vas me dire qu'on l'a déposée devant ta porte ?
— Devant la cheminée plus exactement.
— Eh bien, le Père Noel est en avance !
Dire que Blaise était surpris était un euphémisme et la surprise ne lui avait jamais bien été …
— Qu'est-ce qu'elle … commença-t-il.
Il s'interrompit brusquement et haleta lorsqu'il vit les yeux verts de la fillette.
— C'est quoi ce bordel, souffla-t-il.
Le blond gronda de son juron et lui adressa un regard courroucé.
— Tu pourrais tenir ta langue, s'il te plait.
Le métis se laissa tomber sur le canapé, à bonne distance de l'enfant, comme si elle allait brusquement se lever et l'attaquer. Sans cesser de la considérer, il fit venir à lui d'un coup de baguette un verre et une bouteille d'alcool.
— Fais comme chez toi surtout, grinça son ami.
Mais Blaise ne lui répondit même pas, trop occupé à dévisager la fillette.
— Merde, elle a vraiment les yeux de …
— Tais-toi ! coupa Drago et le ton sec fit relever le regard de l'enfant vers lui, légèrement teinté d'inquiétude.
Soupirant l'homme revint vers le canapé et prit la petite sur ses genoux à nouveau.
— Désolé, lui murmura-t-il.
Elle sembla lui pardonner, posant sa petite main sur la sienne. Elle rapporta son attention sur l'homme à la peau sombre et enfourna un bout de sa peluche dans sa bouche.
— Est-ce que c'est un sombral ? fit Blaise, surpris. Drôle de peluche pour une enfant.
— C'est un perython, imbécile. Les sombrals n'ont pas de bois.
Toujours sous le choc, Blaise hocha stupidement la tête et se pencha un peu vers l'enfant.
— Elle te ressemble vraiment. Je veux dire, des cheveux comme cela ce n'est pas vraiment répendu …
Drago ne prit même pas la peine de répondre, buvant une autre tasse de café tandis que Blaise avalait son propre verre.
— Salazar, ce truc est immonde ! grommela-t-il.
— Je sais, c'est Pansy qui me l'a ramené, mais je n'en ai jamais bu plus d'une gorgée : on dirait du sang de gobelin.
— Ouai je confirme. T'as rien d'autre ?
L'autre lui adressa un regard torve.
— A ton avis ? Granger est passée hier matin et a embarqué toutes mes réserves.
Blaise jura dans sa barbe et finit son verre avec dépit. Il avait bien besoin d'alcool.
— Alors, que sais-tu de cette enfant ?
— Autant que toi, si ce n'est qu'elle aime apparemment le chocolat chaud et le gâteau miel-cannelle de Madame Weasley.
— Bonne fille, ronronna Blaise et la petite lui fit un de ces petits sourires un peu tristes.
— Elle est apparue dans mon salon à peine une demi-heure avant que tu n'arrives.
— Seule ?
— Seule. Et elle a transplanée.
— On ne peut pas transplaner …
— Ici et seule à son âge, merci je suis au courant.
— Ouai… Enfin, si c'est bien ce que je pense et qu'elle est sa fille, alors les lois de l'univers ne la concernent pas. Les lois de l'univers n'ont jamais concerné …
— La ferme !
Une nouvelle fois, l'enfant releva les yeux vers Drago à son emportement, mais il lui caressa doucement les cheveux pour la rassurer.
— Quel est le plan ? interrogea Blaise.
— Tu crois vraiment que j'en ai un ? Elle vient d'arriver, je n'ai aucune idée de ce qu'elle fait ici ou de qui elle est.
— Sans vouloir te vexer, c'est inscrit sur sa tête qui elle est … fit prudemment son meilleur ami.
— Impossible.
Nouveau haussement de sourcil sceptique du basané. Il soupira et tira sa baguette de sa manche.
— Bon, je crois qu'il nous faut un cerveau dans une telle situation.
— Tu as enfin reconnu que ta tête n'abritait qu'un vide intersidéral Zabini, railla Malfoy.
Le bistré leva les yeux au ciel.
— Je parle d'un cerveau surdéveloppé. Parce que là, franchement, je me sens un peu dépassé.
Il exécuta un geste gracieux et une brume argentée en sortit avant de disparaître.
— Alors comment s'appelle cette petite princesse ?
— Je ne sais pas, elle ne parle pas.
— Peut-être qu'elle ne comprend pas ? proposa Blaise.
— Elle comprend, grinça Drago, en colère qu'il remette l'intelligence de la fillette en question.
— Ok, ok. Dis-moi princesse, comment tu t'appelles ? Fais plaisir à tonton Blaise …
Drago lui lança un regard noir.
— Tu n'es pas son tonton !
— Allez, fit son meilleur ami, si c'est ta gamine, je suis son tonton !
— Ce n'est pas ma …
Mais Blaise le coupa d'un geste impatient de la main et renouvela sa question auprès de l'enfant. Elle garda le silence puis pointa du doigt l'origami en forme de dragon posé sur la cheminée. L'origami qu'il avait fait à Drago.
— Ok, voila qui ne nous avance pas vraiment … déclara le bistré.
— Sans blague, ironisa le blond.
Le tintement d'un transplanage leur parvint et la sonnette retentit quelques secondes plus tard. Blaise se leva pour ouvrir, laissant entrer une brune ébouriffée et semblant soucieuse.
— J'ai reçu ton message. Est-ce que tout va bien ? Je sais que c'est une date difficile et j'ai retiré l'alcool hier et …
— Ouai, merci pour ça d'ailleurs Granger, la coupa d'une voix acide le maître des lieux.
Mais la femme ne s'en offusqua pas et se porta à sa rencontre.
— Est-ce que tu vas bien ?
Puis son regard tomba sur la fillette et ses yeux s'écarquillèrent. Sa bouche s'ouvrit et se ferma plusieurs fois, ses yeux faisant des allers retours entre elle et Drago, incapable de parler.
— Granger sans voix, j'aurai au moins gagné cela ! ironisa l'homme.
Une fois encore elle laissa couler et se laissa tomber devant l'enfant. Elle la contempla un moment avant de remettre délicatement une mèche de cheveux pâles derrière son oreille, caressant doucement sa joue au passage. La fillette lui offrit le même sourire qu'aux autres, mais ne parla pas plus.
— Tu es une très belle petite fille, fit doucement Hermione.
— Elle n'a pas dit un mot depuis qu'elle est là. Elle est apparue il y a une bonne heure dans le salon, par transplanage, et on ne sait rien de plus.
— Il n'y a pas vraiment lieu de s'interroger sur qui sont ces parents, souffla la née-moldu qui dévisageait toujours la petite.
— Il va falloir arrêter avec cela, grinça Drago.
La brune leva les yeux vers lui et serra gentiment sa main.
— Outre le fait qu'elle soit vos portraits crachés et que ses yeux et ses cheveux soient des caractéristiques uniques à vos lignées, la peluche qu'elle porte est un assez bon indice de qui elle est.
Le blond détourna le regard.
— Qu'est-ce que ce cheval a de particulier ?
— C'est un perython, Blaise, pas un cheval. Un cerf avec des ailes de dragon.
La lumière sembla se faire dans l'esprit de l'homme puisqu'il hocha la tête.
— Elle semble avoir à peu près trois ans, bien qu'elle ne soit pas très grande, et de ce que j'en vois… (Hermione passa sa baguette sur elle pour la scanner) elle est en en parfaite santé et est une enfant sorcière.
— Évidemment, vu l'ascendance, murmura Blaise.
Les doigts de la née moldu retournèrent doucement le col de sa petite veste, à la recherche d'une étiquette ou autre, mais elle ne trouva que la chaîne d'un pendentif. Délicatement elle le sortit de sous la robe de l'enfant et découvrit une étoile en vermeil, gravé d'un côté d'un perython et de l'autre d'un dragon qui entourait amoureusement un cerf. Elle poussa doucement le petit fermoir et l'ouvrit délicatement.
— Asuia, 1er mai 1999, lut-elle à voix basse
Au prénom, l'enfant releva les yeux et sourit à la femme.
— C'est ton nom n'est-ce pas ?
La petite fille sourit à nouveau.
— C'est vraiment un très joli prénom, très rare, je n'en ai jamais entendu parler.
— La constellation du dragon, souffla le fils Malfoy.
— Comment ? questionna Hermione qui n'avait pas entendue.
— Asuia, une étoile de la constellation du dragon, répéta à peine plus fort l'homme.
— Et bien cela répond au moins à deux questions. Elle comprend parfaitement ce qu'on lui demande et c'est pour cela qu'elle nous a montré l'origami.
Mais Drago ne l'écoutait pas, les yeux fixés sur le médaillon. Sur l'autre partie de l'étoile, on pouvait voir une minuscule photographie sorcière, montrant deux hommes, très jeunes, enlacés près d'un lac. Le plan était cadré sur leurs épaules et malgré la taille de l'image, on ne pouvait pas ne pas reconnaître le couple qui s'embrassait et se regardait tendrement. Le blond ferma les yeux douloureusement, impossible de s'aveugler plus longtemps, cette enfant, c'était bien la sienne, la sienne et celle d'Harry Potter.
— En tout cas il s'est amélioré niveau fringue, fit maladroitement Blaise, voulant sortir Drago de son choc.
— Ce n'est peut-être pas lui, opposa doucement Hermione.
Blaise s'étouffa :
— Quoi, toi aussi tu te voiles la face ? C'est pourtant évidant non ?
— Je ne doute pas qu'Harry soit le père de cette petite, je dis simplement que ce n'est peut-être pas lui qui l'a vêtu.
Les paroles blessèrent Drago et un doute immense le prit. Est-ce que son amant se serait enfui en apprenant qu'il attendait leur enfant ? Ne le jugeant pas assez bon pour être son père également ? Avait-il refait sa vie loin de lui ?
La main d'Hermione l'interrompit dans ses pensées moroses et un doigt sur son menton l'obligea à la regarder.
— Je ne crois pas un seul instant qu'Harry t'aurait quitté pour quelqu'un d'autre Drago, déclara-t-elle d'une voix douce.
— Mais pourquoi alors ? fit-il d'une voix brisée.
— Je ne sais pas, avoua-t-elle. Mais il y a forcément une raison.
Le blond baissa la tête, mais la main d'Hermione vient caresser sa joue.
— Pendant ces longs mois de fuite, il n'y a pas eu un seul jour où Harry ne sortait pas ta photo pour la regarder. Tu lui manquais plus que tout Drago, je ne peux pas croire que tous ses sentiments se soient brusquement envolés au moment où vous alliez être enfin ensemble, sans contraintes.
— Peut-être qu'il a eu peur de l'engagement, qu'il s'est rendu compte qu'il ne voulait pas de moi finalement, qu'il ne m'aimait pas, fit douloureusement le garçon.
— Impossible, Dray, rétorqua le basané. Potter t'aimait comme un fou et tout le monde pouvait le voir. Et c'est un gryffondor, le meilleur spécimen, il n'avait pas peur de l'engagement et il n'aurait jamais cessé de t'aimer.
— Et pourtant il n'est plus là, souffla son ami.
— Il y a forcément une raison derrière tout ça, renchérit Blaise. Sans doute un truc en rapport avec son foutu caractère de lion et son complexe du héros. Parce que crois-moi, il ne t'aurait jamais laissé tomber pour autre chose !
Drago resserra son étreint sur la petite fille, sa petite fille. Cela faisait quatre ans qu'il se demandait pourquoi Harry était parti et voila qu'aujourd'hui elle apparaissait, soulevant encore plus de questions.
— Je ne pense pas que Potter aurait donné un nom comme celui-ci à votre fille s'il ne t'aimait plus Dray. Et il n'aurait pas non plus mis cette photo dans son collier.
— On va finir par comprendre toute cette histoire, assura Hermione.
— Ça fait des années qu'on cherche, pourquoi tout s'éclairerait brusquement maintenant ? interrogea le blond.
— Parce que maintenant les choses sont différentes, répondit Hermione en montrant du regard l'enfant.
— Je ne comprends pas pourquoi je n'apprends qu'aujourd'hui qu'elle existe. Est s'il s'était tout simplement enfui en apprenant sa grossesse ? continua le fils Malfoy.
— Vu l'âge de la petite, ça m'étonnerait qu'il ait été au courant quand il est parti, supposa judicieusement Blaise. Et je ne crois pas non plus qu'il te l'aurait enlevée s'il savait, pas avec son passé.
C'était vrai, Harry qui n'avait pas eu de famille, pas la chance de la connaître et de grandir dans un foyer heureux et uni, n'aurait jamais privé son enfant d'un de ces parents. Mais cela ne le rassurait pas, au contraire, cela ne faisait qu'accroître la certitude qu'il avait enfouit tout au fond de lui toutes ses années : si Harry était parti, c'était que quelque chose de grave était arrivé, quelque chose qui les auraient certainement mis en danger. Blaise avait raison, sa stupide nature de gryffondor avait très certainement frappé.
— Une chose dont tu ne peux plus douter à présent, ce sont des sentiments que vous éprouviez l'un pour l'autre, intervint Hermione en caressant les cheveux platines de la fillette. Les grossesses mâles ne sont possibles qu'avec un grand pouvoir et un amour pur et sincère entre les deux partenaires.
Non, en effet, cela ne rassurait pas du tout Drago.
Inconscient de la conversation des deux autres qui soumettaient une fois de plus des tas d'hypothèses quant au départ d'Harry, le blond se concentra sur l'adorable enfant contre lui. La petite fille n'avait pas émis un son, ne s'était pas agitée une seule fois depuis qu'elle était arrivée et ne semblait pas le moins du monde effrayée par trois inconnus. Son cœur se serra alors qu'il pensait à tout ce qu'il avait manqué de la vie de sa fille et la petite sembla sentir son désarroi puisqu'elle posa à nouveau sa petite main sur celle de son père. Elle était très douce et délicieusement chaude, réconfortant son cœur meurtri. Au contact Drago hoqueta avant de se mettre à pleurer, inquiétant immédiatement ses amis. Ils l'interpellèrent, mais il ne parvint pas à leur répondre, la respiration difficile, les larmes coulant silencieusement de ses yeux et sa fille étroitement blottie contre lui.
— Drago …
La voix d'Hermione parvint enfin à son esprit et il bégaya :
— Harry et moi on a eut un bébé.
— Il semblerait en effet, fit doucement Hermione.
— Alors il n'est pas parti à cause de moi. Parce qu'il ne m'aimait pas.
Cette pensée l'avait torturée pendant des années et l'existence d'Asuia était la preuve qu'il attendait.
— Non Drago, rassura la née moldu, mal à l'idée de le voir aussi triste.
— Elle pourra peut-être nous aider à retrouver Harry, souffla Drago, l'espoir revenant enfin dans son cœur après quatre longues années.
Hermione ne répondit pas, mais ses yeux se voilèrent. Si Harry était en état, pourquoi ne pas être simplement revenu avec sa fille ? Était-ce lui au moins qui l'avait élevée ? Elle ne voulait pas que Drago se fasse de faux espoirs pour retomber encore une fois, de plus haut encore. Il avait été si difficile de lui faire remonter la pente après la disparition de son amant, quelques mois seulement après la victoire sur Voldemort. Elle ne pensait pas que l'homme puisse supporter cela encore une fois. Et elle n'imaginait pas Harry se tenir loin d'eux ainsi sans raison. Elle ne le dit pas au blond, mais elle craignait fort qu'il ne soit mort ou en passe de l'être. Pourquoi avoir envoyé la petite à Drago maintenant sinon ? Mais elle garda pour elle ses pensées, ne voulant pas troubler un des rares moments de bien-être de celui qu'elle considérait à présent comme un ami.
— Il faudrait peut-être demander à Théo de l'examiner ? Il en saura plus que moi à ce sujet, déclara la brune.
— Son service finit à quinze heures. Nous avons le temps d'acheter quelques petites choses à cette princesse, elle ne va pas porter éternellement la même robe, sourit Blaise à l'enfant qui le lui rendit.
— Nous ne pouvons pas la faire sortir comme cela cependant, pas la peine de créer une émeute tant que l'on n'en sait pas plus, ajouta la brune.
Drago opina, pas question de balancer sa fille au milieu des journalistes et des fans enragés. Quatre ans n'avaient pas faibli leur obsession pour le Survivant et chaque mois sortait encore un article complètement stupide sur une hypothétique cause de sa disparition, ou pire, des rumeurs prétendant l'avoir vu à tels ou tels endroits. Chaque article meurtrissait un peu plus le cœur de Drago qui avait renoncé à lire la Gazette. Il n'en pouvait plus d'espérer à chaque fausse piste. Et même si Ron et les autres aurors continuaient de le chercher, aucun indice n'avaient été trouvés. Ce n'était pas le moment de faire apparaître la fille de l'Élu, et Harry ne lui pardonnerait jamais d'avoir précipité sa petite étoile sous les mêmes feux qu'il avait endurés.
— On va seulement te déguiser un peu, d'accord ? dit-il doucement à Asuia qui sourit simplement.
Hermione changea ses cheveux blonds en châtain doré et ses yeux en un bleu plus banal que son émeraude brillant. Son visage fut également modifié un peu, juste assez pour ne faire le lien avec aucun de ses pères. Asuia ne broncha pas, se contentant de jouer avec les manches de sa veste.
— Allez, viens princesse, on va laisser ton père mettre une chemise, fit Blaise en la prenant des genoux de Drago. On ne voudrait pas créer d'émeute, n'est-ce pas ?
Un reniflement méprisant fut la seule réponse et le blond les quitta un instant pour se vêtir convenablement. Il revint avec le même pantalon, mais une chemise luxueuse et une veste de tailleur. Il prit sa fille des bras de Blaise et embrassa son nez.
— Tu es magnifique quand même, assura-t-il.
Hermione sourit. Passé les premiers moments, Drago avait immédiatement accepté son enfant. Bien sûr, elle savait que c'était à cause d'Harry qu'il avait refusé de voir l'évidence. Accepter aurait impliqué trop de questions, trop d'inquiétude, mais il ne pouvait pas réfuter cela plus longtemps en voyant la photographie. Le blond les avait bannis de son appartement, refusant de voir l'image de l'homme qui l'avait laissé, refusant de croire qu'il était parti, après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble, tout ce qu'ils avaient enduré. La née-moldu espérait qu'Asuia serait celle qui ferait remonter enfin la pente à Drago, qui guérirait son cœur blessé, même si elle lui rappelait Harry tous les jours. Elle priait pour que son meilleur ami soit sain et sauf, mais elle savait qu'il y avait peu de chance, elle le connaissait parfaitement, il était comme son frère. Ils prirent tour à tour la cheminette pour le Chaudron Baveur et, si la petite avait plutôt bien toléré le transplanage, elle n'était visiblement pas habituée au réseau de cheminée. Pour la première fois, du moins depuis les quelques heures que Drago la connaissait, Asuia semblait chiffonnée : à priori, elle avait hérité de la mauvaise tolérance aux transports magiques de son autre père.
— C'est fini mon ange, susurra l'homme. C'est fini.
Ils quittèrent le bar et Hermione les guida vers une boutique de vêtements pour enfant, petit, mais de belle apparence.
— Comment tu connais cet endroit ? interrogea Blaise.
— J'y vais souvent pour Teddy, le petit-fils d'Andromeda, le filleul d'Harry.
Le visage de Drago se ferma à ses mots comme à chaque fois que l'on parlait de lui. C'était difficile pour le blond d'aller voir l'enfant : Andromeda lui parlait souvent d'Harry, montrait des photos au petit garçon pour qu'il sache qui il était, mais cela faisait du mal à son neveu qui n'y allait que ponctuellement, par obligation. Il aimait Teddy bien sûr, comment ne le pourrait-il pas, le garçon était adorable. Mais être à l'endroit où devait être son amant …
— La couturière est vraiment gentille et de bon conseil, fit joyeusement Hermione avant de pousser la porte.
— Mademoiselle Granger ! la salua la femme, une femme d'une trentaine d'années, blonde comme les blés et le nez couvert de taches de rousseur.
— Nous venons pour la fille d'un ami, il l'a déposée un peu précipitamment et a oublié de lui fournir suffisamment de bagages. Le travail, vous savez !
— Oh, alors vous avez une excuse pour gâter cette petite merveille alors ! s'enthousiasma la femme.
Les deux femmes se lancèrent dans une discussion passionnée, tandis que les deux hommes, plus calmes, parcouraient les piles de vêtements. Hermione avait eu raison de les emmener ici, les vêtements étaient de bonne facture et de bons goûts et Drago trouva rapidement de quoi le satisfaire, bien sûr la brune fit des folies, mais l'homme la soupçonnait de gâter l'enfant par procuration. Harry leur manquait à tous.
— Que dis-tu de celle-ci ma chérie, dit le blond, elle ressemble beaucoup à ce que papa t'a mis.
Blaise lui lança un regard de biais, mais ne dit rien. Apparemment, il partageait également les théories de la brune sur la santé d'Harry. Mais après quatre ans de douleur, Drago accueillait à bras ouverts un peu d'espoir. Il ne voulait pas penser à ce que la venue de sa fille, seule, pouvait signifier. Il avait trop sombré ces dernières années.
— Quand je pense que j'ai dû supporter ces frusques affreuses pendant tout ce temps, grommela-t-il. Mais à toi au moins il ne t'aura pas infligé cela.
« Drago adressa un regard torve à son petit-ami, désespéré de le voir attifé ainsi.
— Tu ne vas pas sortir comme cela n'est-ce pas ? fit-il sur un ton menaçant.
Le brun ouvrit de grands yeux innocents.
— Quel est le problème ?
— Le problème est que mes elfes de maisons sont mieux habillés que toi !
— J'en doute, j'ai bien fréquenté Dobby et mon pull n'a rien de sa vieille taie d'oreiller crasseuse !
— Que tu dis ! renchérit l'autre. Par pitié, change-moi cela !
— Dray ce n'est que le Chemin de Traverse, pas la Semaine de la haute couture sorcière !
Le blond grommela quelques paroles inintelligibles, mais sans nul doute négatives, et sortit sa baguette pour changer le pull gris informe de son amant en immonde jaune sale.
— Voilà, comme cela tu es obligé de te changer maintenant ! dit-il d'un air satisfait.
Harry haussa les épaules et prit son sac.
— Tu ne vas quand même pas sortir avec ça ! Avec moi ! s'écria l'autre, la voix partant un peu dans les aigus et le ton apeuré.
Apparemment c'était la honte du siècle pour Drago Malfoy.
— Je m'en fiche pas mal, déclara le brun, tant que tu es avec moi.
— Justement ! Hors de question que je me montre à tes côtés, attifé d'un truc pareil !
Harry fit la moue.
— Sympa, grogna-t-il.
— Va te changer ! Tu as vaincu le Seigneur des Ténèbres, tu ne peux pas te promener partout vêtu comme un miséreux ! protesta son compagnon, incroyablement élégant et parfait comme toujours.
— Les gens s'en foutaient pas mal avant.
— Justement c'était avant. Maintenant tu es censé être un héros. Va te changer Harry, sinon ceinture ce soir !
Une lueur prédatrice s'alluma dans les yeux verts.
— Oh, mais on n'est peut-être pas obligés d'attendre ce soir.
Il se rapprocha d'une démarche féline, collant son amant contre le mur pour lui embrasser le cou.
— Ha … ry on a rendez-vous …
— Les autres attendront, on attend toujours Blaise et Théo.
— Un Malfoy n'est jamais en retard, souffla Drago qui commençait à sérieusement perdre la raison sous les mordillements de son homme.
— On parie ?
Il éclata de rire et le souleva, ses mains sur ses fesses, celles du blond fourrageant dans ses cheveux.
Ils étaient arrivés en retard, très en retard.»
Le blond secoua la tête pour chasser ses souvenirs et se concentra plutôt sur tout ce que lui présentait la vendeuse et Hermione. Finalement, ils sortirent plus d'une heure après, une nuée de sacs miniaturisés dans les poches et une petite rhabillée pour trois siècles. Ils passèrent également à d'autres boutiques, mangèrent un morceau en terrasse et arpentèrent le chemin bondé. Asuia n'était pas très rassurée au début, n'ayant visiblement jamais côtoyé autant de monde, mais elle se calma dans les bras de Drago, qui ne la lâcha pas de la journée.
