Jack, Teal'c et Daniel attendaient à l'extérieur le retour de Sam avec la sonde que le petit nouveau de la salle de contrôle avait envoyée par erreur sur P6X-225.

Les habitants d'Otupia étaient très chaleureux à l'image de leur planète. En effet, à peine Sg-1 avaient traversé la Porte des Étoiles qu'ils avaient été accueillis par un autochtone, Orff, qui avait recueilli la sonde. Sam avait discuté avec lui tout au long du chemin menant à Otupia et les trois hommes avaient pu observer à loisir les terres sèches, désolées et dépourvues de la moindre trace de végétation s'étendant bien au-delà de l'horizon. De plus, le soleil à son zénith et l'absence presque totale d'air rendaient l'atmosphère parfaitement étouffante.

- J'espère que nous n'allons pas rester longtemps, se plaignit Jack en finissant la boisson fraîche que la femme d'Orff lui avait donnée ainsi qu'à Teal'c et Daniel. Je commence à avoir chaud.

Le sourire aux lèvres, Daniel regardait des enfants jouer à l'ombre de hautes habitations sous la surveillance bienveillante de la femme d'Orff qui étendait son linge étincelant de propreté au soleil. Les jeunes habitants d'Otupia ne semblaient pas se soucier de la chaleur avec les shorts et les débardeurs de tissu léger qu'ils arboraient. Ils respiraient le bonheur et la santé ce qui réjouissait l'archéologue. Il devait avouer que les dernières missions de Sg-1 avaient été tout sauf tranquilles.

La balle avec laquelle jouaient les enfants roula jusqu'aux pieds de Teal'c. L'impressionnant Jaffa leva un sourcil et ramassa l'objet. Jack et Daniel aperçurent avec amusement la plus jeune de tout le groupe courir vers leur ami. On n'aurait pas pu choisir plus délicieuse enfant pour amadouer le Jaffa. La petite fille au teint bruni par le soleil et aux yeux d'une pureté irréelle lui fit son plus beau sourire empli d'une innocence touchante.

Teal'c fit ressortir toutes ses dents et mit la balle dans les deux minuscules mains de la petite fille. Celle-ci se pencha pour lui donner un rapide baiser sur la joue avant de repartir vers les siens en éclatant de rire. Jack et Daniel regardaient avec étonnement le Jaffa garder toujours le sourire en suivant des yeux la fillette. Se voyant observé, Teal'c reprit brusquement sa posture impassible.

- Les gens sont très agréables sur cette planète, commenta-t-il.

- Oui, acquiesça Jack. Mais quitte à me répéter, je commence à avoir chaud !

C'est alors que Sam apparut avec la sonde suivie par Orff.

- Nous pouvons y aller, mon colonel. J'ai tout récupéré grâce à notre ami.

Orff baissa la tête en signe d'assentiment. Malgré la chaleur et contrairement à l'équipe totalement cramoisie, il gardait un sourire rafraîchissant sur les lèvres. En le voyant, Daniel aurait aimé passer plus de temps sur Otupia mais l'exploration de cette planète avait déjà été attribuée à Sg-12 et son équipe était attendue par le général Hammond pour une nouvelle mission.

- Orff, dit alors Teal'c, vous ne vous inquiétez pas de cette sécheresse ?

- Non, nous avons d'importantes réserves d'eau qui nous permettront de vivre jusqu'à la fin.

Sam fronça les sourcils.

- Vous voulez dire jusqu'à ce qu'il pleuve ? précisa la jeune femme

- Nous ne souhaitons pas qu'il pleuve, rectifia Orff. Nous attendons la fin.

Toute l'équipe afficha un air surpris. Un sérieux problème s'annonçait.

- A titre d'information, quand a-t-il plu pour la dernière fois ? interrogea Jack

- Il y a vingt ans, répondit Orff sans voir la stupeur de Sg-1. Heureusement, cela n'a duré qu'un mois. Nous avons bien cru que nous allions tous mourir. Nos nappes phréatiques débordaient et le sol s'est partiellement affaissé entraînant de nombreuses bibliothèques dans les eaux des rivières créées par les précipitations. Cela a été un grand malheur.

Un grand silence se fit. Personne ne savait ce qu'il fallait dire dans de telles circonstances.

- Si la pluie tombait à nouveau, cela vous conduirait à votre perte ? demanda Sam cherchant à se convaincre que ce qu'elle avait entendu n'était pas vrai

- Oui, la prochaine fois, il pleuvra pendant peut-être trois mois, répondit Orff calmement.

- Et vous mourrez de toutes façons quand vos réserves d'eau seront épuisées ? demanda de nouveau Sam

L'autochtone fit oui de la tête devant l'équipe pétrifiée. Ils n'arrivaient pas à comprendre comment des gens paraissant si sensés pouvaient accepter leur sort avec un tel sourire et tant de désinvolture.

- En résumé, vous avez le choix entre mourir noyés et mourir… secs, articula difficilement Jack.

Il prit un air gêné après le regard noir que lui avaient jeté Daniel et Sam.

- Si nous mourrons par la sécheresse, expliqua Orff, tout ce que nous avons fait et accompli sera sauvegardé. C'est cela l'essentiel.

- Vous pourriez immigrer sur une autre planète par le biais de la Porte des Étoiles, proposa Teal'c

- Nous mourrons là où nous avons toujours vécu et nous affronterons courageusement la mort, se braqua Orff. C'est ce que nous avons décidé.

- Nous pourrions vous apporter de l'eau en attendant que vous trouviez une autre solution, tenta Daniel.

- Nous avons déjà trouvé notre solution. C'est la nature qui a voulu que nous disparaissions et nous n'irons pas à son encontre.

Jack leva les yeux au ciel. Il n'y avait pas un peuple extra-terrestre pour sauver l'autre ! Ils étaient tous inexorablement portés au masochisme.

- Alors vous allez vous dessécher sur pied pour des… connaissances ! pesta-t-il

- Vous avez tout compris ! dit Orff satisfait

Chaque membre de Sg-1 se consulta du regard. Ils ne pouvaient pas laisser faire cela.

- Non, non, non ! s'écria Daniel en colère. Nous ne comprenons pas comment vous vous laissez faire alors qu'il peut y avoir une autre solution !

- Je suis sûre que vous avez toutes les ressources pour vous sauver, renchérit Sam.

- Il n'y a pas d'autre solution, réaffirma Orff étonné par leur insistance. Notre décision a été mûrement réfléchie et nous nous sommes longuement concertés avant de la prendre.

Teal'c désigna du menton les enfants qui continuaient à s'amuser.

- Savent-ils le sort qui leur est réservé ?

Orff ferma les yeux. Jack sentit que le Jaffa avait touché un point sensible.

- Personne ne sait quand nous allons mourir. Ils n'ont pas besoin de savoir.

- Mais ils le sauront, rassurez-vous.

Tous se retournèrent en entendant une voix ferme s'exprimer derrière eux. Aussitôt l'autochtone fit une petite révérence.

- Gouverneur, voici les propriétaires de la sonde que nous avons reçue, présenta-t-il.

L'homme fixa tour à tour chaque membre de l'équipe avec un sourire bienveillant. Il avait fière allure et on ne pouvait pas s'empêcher de ressentir en sa présence une impression apaisante de sécurité.

- Nous sommes heureux ainsi, dit-il. Vous devez avoir une conception de la vie bien différente de la nôtre si vous ne nous comprenez pas. Je vous assure que nous sommes heureux. Ma fille a appris il y a un an ce qu'il allait se passer et elle se marie dans deux jours.

Personne ne put répondre devant cette nouvelle information.

- Je veux vous prouver que nous avons choisi la meilleure solution, poursuivit-il. Venez avec moi, je vais vous expliquer.

Teal'c soupira alors que Daniel tentait une nouvelle fois d'exposer au gouverneur le point de vue des Terriens. L'homme écoutait avec attention les arguments de l'archéologue pour les démonter un à un avec une logique implacable.

- Pourquoi vous évertuez-vous à croire que ce que nous faisons est mal ? demanda-t-il. Rien de tout cela ne nous empêchera d'aimer nos enfants et de vouloir le meilleur pour eux.

Ils étaient arrivés devant une construction assez grande qui paraissait être deux maisons reliées par une cour commune. Le gouverneur se pencha à l'une des fenêtres et eut un immense sourire. Quelques secondes après, une jeune fille accourut et se jeta au cou de l'homme.

- Papa !

- Himaya ! s'écria-t-il. Crois-tu que ces choses soient encore de ton âge ?

Malgré ses propos, on pouvait lire dans ses yeux toute la joie qu'il ressentait de sentir sa fille dans ses bras, oubliant totalement Sg-1.

- Je suis seulement très contente que tu sois là, expliqua la jeune fille qui ne devait pas avoir plus de vingt ans.

Il la posa au sol aussi doucement que si elle avait été une statue inestimable. La jeune femme, peu attentive au soin pris par son père, se précipita vers Sg-1 pour leur faire la bise.

- Bonjour ! les salua-t-elle avec un sourire radieux

- Bonjour, répondit Daniel en se remettant. Je suis le docteur Jackson, voici le colonel O'Neill, le major Carter et Teal'c.

- Je suis Himaya, se présenta-t-elle. Je suis enchantée de vous connaître !

Le gouverneur s'approcha lentement d'elle pour l'observer plus attentivement.

- Laisse-moi te regarder…

La jeune fille fit un tour sur elle-même en éclatant de rire devant le regard admiratif de son père. Elle portait à merveille un bustier ivoire orné de perles de la même couleur qui se prolongeait par une jupe immaculée que la jeune fille se plaisait à faire voltiger. Cependant, devant toutes ces beautés, Daniel restait intrigué par la ceinture basse probablement en or et rehaussée d'une pierre bleue scintillant au soleil.

- Tu es encore plus magnifique que d'habitude !

Il embrassa tendrement sa fille sur le front sous l'œil attendri d'une femme apparue peu après Himaya dans l'encadrement de la porte d'entrée. Le sourire du gouverneur s'élargit quand il la vit.

- Bonjour, Lorchen !

- Bonjour, gouverneur.

Elle regarda avec insistance Sg-1 s'attendant à ce que l'homme les lui présentât. Mais le gouverneur était totalement sous le charme de sa fille.

- Lorchen, il faut que je vous remercie. La tenue d'Himaya est vraiment splendide !

Sam observa la femme tandis qu'elle se décollait de la porte dans un mouvement lent faisant onduler le bas de sa robe. Elle sourit légèrement devant les compliments du gouverneur mais étrangement, ce sourire s'exprimait partout en elle : sur sa bouche aux lèvres roses et pulpeuses, dans ses yeux si désespérément noirs, sur ses cheveux passant du châtain au blond le plus clair selon le bon plaisir du soleil, dans sa manière de se tenir face à eux dans cette longue robe de couleur claire, sur ses mains posées négligemment sur sa taille de guêpe.

- Himaya a été récompensée de sa patience, dit-elle alors. Cela a été un plaisir de créer ce vêtement pour elle.

La future mariée se tourna vers son père.

- Quand elle me l'a montrée, je n'y croyais pas tellement c'était beau !

- Et la note sera encore plus belle, gouverneur !

Cette réplique à laquelle les trois autochtones rirent venait d'un homme d'une trentaine d'années appuyé à l'autre coin de la porte. Il fronça une seconde les sourcils en voyant Sg-1 mais un regard de Lorchen se chargea de le rassurer.

- Bonjour, gouverneur, salua-t-il.

- Bonjour, Ghayth. Je suppose que je dois vous remercier aussi ?

- Oh non ! supplia le jeune homme. Je n'ai pas fait grand chose.

Lorchen lui sourit doucement.

- Pas de fausse modestie, Ghayth. C'est toi qui as posé la pierre.

- Au bout de six ans quand même, il fallait bien que je commence à faire quelque chose ! répliqua le jeune homme

- Six ans ? répéta-t-elle surprise. Je croyais que cela faisait plus longtemps que tu travaillais pour moi ?

Ils haussèrent tous les deux les épaules puis Lorchen se tourna vers le gouverneur, sa fille et Sg-1.

- Mais ne restez pas tous au soleil, dit-elle. Entrez vous rafraîchir.

- Oui entrez avec vos amis, gouverneur, renchérit Ghayth avec un air accueillant. Je ne vous ai jamais vus auparavant, j'en déduis que vous êtes d'une autre planète, déclara-t-il.

Lorchen guide ses hôtes à l'intérieur de la maison où une inespérée fraîcheur régnait. Elle invita Sg-1 et le gouverneur à s'installer dans le large salon tandis qu'elle partait aider Himaya à se dévêtir.

- Alors ? D'où venez-vous ? demanda Ghayth

- De la Terre, répondit le gouverneur. Ils utilisent la Porte des Étoiles pour faire des voyages dans l'espace.

- Ce doit être très intéressant de pouvoir confronter différents types de civilisation, commenta Ghayth.

Il s'adressait exclusivement à Sg-1 mais le gouverneur se plaisait à répondre à leur place.

- Le docteur Jackson est justement spécialiste en la matière, expliqua-t-il. Le major Carter l'est dans les sciences.

Ghayth, qui préparait les boissons, releva la tête et posa un regard curieux sur Jack et Teal'c. Le gouverneur ne savait pas quoi dire.

- Le colonel O'Neill et Teal'c s'occupent de notre sécurité, dit Daniel d'un air pénétré.

Devant l'air perdu du colonel assis à ses côtés, Sam dut se retenir pour ne pas rire.

- Oui mais je suis le chef et Teal'c est le plus costaud, rappela-t-il.

Ghayth sourit puis se leva pour servir ses hôtes.

- Je ne veux pas apparaître trop indiscret mais je voudrais savoir en quoi Otupia vous intéresse, remarqua-t-il. Vous n'apprendrez rien ici.

Sam fronça les sourcils. Subitement, Ghayth ne souhaitait plus vraiment voir se prolonger leur séjour parmi eux.

- Nous aimerions déjà apprendre pourquoi vous vous laissez mourir, dit Jack gravement.

Himaya et Lorchen arrivèrent alors et firent semblant de ne pas voir le froid qu'avaient jeté les paroles de Jack. La future mariée eut un haussement d'épaules avant de s'asseoir.

- C'est la seule solution, déclara-t-elle avec évidence. Nous n'avons pas d'autre choix.

- Avez-vous seulement cherché ? demanda Sam suspicieuse

Le regard du gouverneur s'attarda trop longuement sur Ghayth auprès duquel s'installait Lorchen. Se voyant observé, il répondit en regardant froidement son client.

- Beaucoup ont essayé, dit-il lentement. Tous ont échoué.

- Il n'y a qu'une seule solution, répéta le gouverneur.

- Compte tenu de vos priorités, précisa Teal'c avec une pointe de colère.

- Nous avons des millions d'années d'évolution derrière nous et il est impensable que nous laissions tout cela disparaître, justifia Himaya.

- Quitte à mourir ? demanda Jack

- Quitte à mourir, répondit sans hésiter la jeune fille.

- Je suis désolé mais je ne comprends toujours pas ! fulmina Jack

- Voulez-vous seulement comprendre ?

Si ce n'eut été la voix douce et posée de Lorchen, Jack aurait pris cela comme une attaque personnelle.

- Vous avez probablement raison, admit-il. Je ne souhaite pas vraiment cautionner votre propre destruction.

Le gouverneur eut un sourire.

- Vous devriez leur expliquer en quoi consiste votre métier, proposa-t-il à Lorchen.

La femme se leva pour prendre une pierre de couleur rouge qui aurait pu constituer une partie de la ceinture du vêtement d'Himaya.

Daniel se redressa pour être plus attentif aux paroles de Lorchen.

- Cette pierre a sauvés toute une partie de notre population, commença-t-elle. Il y a mille ans, nous étions proches de la fin. Notre peuple se mourrait.

- Mais pourquoi ? s'étonna Daniel

Lorchen hésita pendant quelques secondes à répondre.

- Nous avons compris au fil du temps que notre constitution est unique. La plupart des êtres humains ne sont que conducteurs d'électricité.

- Ce n'est pas le cas pour vous ? demanda Sam interloquée

- Nous le sommes la plupart du temps sauf lors du premier rapprochement entre deux Otupiens, expliqua Lorchen. Nous produisons de l'électricité.

Devant Sam et Daniel quasiment bouches bées et Teal'c, le sourcil levé, Jack était vraiment le seul à ne pas comprendre.

- Quelqu'un pourrait m'expliquer ? pria-t-il

- Ils s'électrocutent lors de leur premier rapport sexuel, Jack, résuma Daniel.

Le colonel digéra lentement l'information.

- Pas cool ! commenta-t-il

- Il arrivait parfois que certains arrivent à survivre à ce choc mais notre situation était vraiment désespéré. Jusqu'au jour où nous avons créé ces pierres.

Elle montra une nouvelle fois le caillou rouge qui laissait passer la lumière du soleil. Jack réalisa que tous l'écoutaient avec impatience, buvant la moindre de ses paroles. Même Ghayth, Himaya et le gouverneur étaient pendus à ses lèvres. Le jeune homme, plus particulièrement, paraissait fasciné. Ses yeux verts presque fluorescents attiraient tout de suite l'attention. Mais le sentiment qui s'imposait de lui-même en le voyant pour la première fois était la sympathie. Ses traits virils paraissant être incapable de cacher ce qu'il ressentait, ses longs cheveux blonds comme les blés et ébouriffés, sa carrure, peu voyante mais bien imposante, tout semblait démontrer qu'il n'existait aucune malice chez cet homme.

- En les exposant à différents flux et à différentes températures, ces pierres, fixées à la ceinture de la mariée, permettent de recueillir et contenir pour toujours l'électricité dégagée par ce premier rapprochement. Mon métier consiste donc à fabriquer ces objets.

- Combien de temps cela vous prend-il ? demanda Sam

- Deux mois.

- Vous comprenez pourquoi nous ne voulons pas que cela soit perdu ? insista le gouverneur

Daniel s'apprêtait à répondre quand une voix se fit entendre à l'extérieur.

- Tante Lorchen ! Ghayth !

Une tornade blonde déboula alors et se dirigea tout droit vers la maîtresse des lieux. C'était une jeune fille blonde à peine plus âgée qu'Himaya qui s'appuya sur les genoux de Lorchen pour reprendre sa respiration.

- Brix ? demanda Ghayth inquiet. Que se passe-t-il ?

- Tu nous fais peur ! répliqua sa patronne. Parle !

Brix releva enfin la tête et posa sur eux des yeux brillants de bonheur.

- Vous n'y croirez jamais mais… Je suis enceinte !

Lorchen resta bouche bée.

- Mais bien sûr qu'on te croit ! s'écria Ghayth en serrant à l'étouffer la jeune fille tandis que le gouverneur et Himaya semblaient envier cet heureux événement.

- Mais… Mais tu n'es mariée que depuis un mois, commença Lorchen encore sous le choc. Ne me dis pas que…

Brix se décolla lentement de Ghayth et afficha un immense sourire sur son visage en guise de réponse.

Il y eut alors une véritable explosion de joie parmi tous les autochtones. Lorchen se leva pour prendre sa nièce dans ses bras.

- Que se passe-t-il ? osa demander Daniel

- Brix va mettre au monde un enfant parfait ! répondit le gouverneur enthousiaste.

Il sentit qu'il devait donner d'autres explications devant l'air dubitatif de l'archéologue.

- C'est un enfant conçu dès le premier rapprochement ! Cela n'arrive que très rarement !

La future mère passait de bras en bras recevant baisers et félicitations sans discontinuer. Sg-1 observait tout ce bonheur avec une fascination mêlée d'incompréhension. Brix, interrompant ses embrassades, s'avança vers les quatre explorateurs.

- Alors ? dit-elle le plus naturellement du monde. Vous ne me félicitez pas ?

Devant la mine effarée de toute l'équipe, elle les serra contre elle avec chaleur. Décidément cette planète était vraiment très accueillante !

- Je ne sais pas qui vous êtes mais je suis contente de vous connaître !

- Le plaisir est partagé ! répliqua Jack sans vraiment comprendre ce qu'il s'était passé

- Ce sont des amis de la Terre venus pour assister à mon mariage ! affirma Himaya

La jeune fille appuya sa déclaration en tapotant l'épaule de Teal'c. Le Jaffa ne put se montrer menaçant face à son irrésistible sourire. Jack voulut tempérer sa joie.

- Écoutez Himaya…

- Pas un mot de plus ! ordonna-t-elle avec force. Vous restez ! Ce n'est que dans deux jours !

Sg-1 se consulta du regard.

- Cette mission devait durer au grand maximum douze heures, rappela Teal'c assez bas pour que seuls ses coéquipiers l'entendent. Je ne crois pas que le général Hammond apprécierait que nous bousculions l'emploi du temps du Sg-C pour un mariage.

Jack acquiesça de la tête.

- Mais par contre pour sauver une planète…

Le colonel se tourna vers la future mariée.

- Nous acceptons votre invitation. Nous aurons ainsi le temps de comprendre votre vision des choses…

Le gouverneur parut satisfait tandis qu'Himaya se retenait pour ne pas tous les embrasser.

- Brix se fera un plaisir de tout vous expliquer, indiqua-t-il. Elle est notre scientifique attitrée sur ce sujet.

- Je vous attends dès demain pour répondre à toutes vos questions ! répliqua dynamiquement la jeune fille.

Brix se tourna alors vers Himaya plus excitée que jamais.

- Et ce vêtement de mariage ? demanda-t-elle. Il est terminé ?

- Oui ! répondit son amie. Il est splendide !

- Je n'en attendais pas moins de tante Lorchen et de Ghayth ! complimenta-t-elle

Elle jeta un regard de chien battu à sa tante.

- Je peux le voir s'il te plait, ma tante chérie ?

- Tu sais très bien que je ne peux rien te refuser, répliqua Lorchen avec un sourire bienveillant.

Brix déposa un baiser sonore sur sa joue puis s'échappa avec Himaya qui commençait à décrire son vêtement sans omettre aucun détail. Jack soupira.

- Je ne sais pas pour vous mais elle m'épuise !

Tous sourirent.

- Le temps passe si vite ! constata Lorchen. Je me souviens encore de Brix enfant nous assommant avec ses discours sans fin !

- Et bientôt son fils ou sa fille viendra courir entre vos jambes et mettre la pagaille dans votre atelier ! envia le gouverneur. Ce sera fantastique !

- Oui… Fantastique…

Sam surprit le sourire triste que Ghayth destinait exclusivement à Lorchen. Il se fixaient maintenant avec la même mélancolie. Comme si, contrairement aux autres, ils avaient conscience que cet enfant ne verrait peut-être jamais le jour. Lorchen regarda Ghayth en quête d'un espoir mais ne trouva aucune réponse dans les yeux du jeune homme.

Sam eut alors une intuition si forte qu'elle lui parut être une vérité absolue : ils savaient quelque chose qui pouvait changer le sort d'Otupia.