Luna Lovegood
Luna regardait la pluie fouetter la vitre devant elle, comme hypnotisée. Elle suivait du regard une goutte descendre le carreau jusqu'à ce qu'elle arrive tout en dessous, pour ensuite refixer son attention sur une autre goutelette et recommencer son manège depuis le début.
Ses pensées suivaient des chemins tortueux, et pourtant ses yeux suivaient toujours le même chemin. Celui de la goutte de pluie.
Elle sourit doucement. Elle aimait la pluie. Ca lui rappellait sa mère. Enfin, ca lui rappelait plutôt ses mots. Mais cela n'était-il pas pareil? Les mots ne faisaient-ils pas les gens?
Quoiqu'il en soit, elle voyait clairement devant elle les cheveux dorés, les yeux couleur ciel de Cécilia Lovegood. Ses yeux ciels qui s'illuminaient d'amour pour sa petite fille, lorsqu'elle venait l'embrasser le soir, avant qu'il ne soit l'heure d'aller dormir.
"-Ma Luna, tu es un parapluie. Un parapluie d'amour", disait-elle en chuchotant, comme pour partager un secret.
-"Mais maman! C'est ennuyeux un parapluie!", s'inquiétait alors la fillette en faisant une moue inquiète.
-"Non ma chérie. Parce que tu es un parapluie jaune, un parapluie jaune comme le soleil, comme un tournesol et comme la joie", rassurait alors la mère en souriant tendrement. Alors la petite fille aux cheveux dorés et aux yeux ciels comme sa maman fermait les paupières pour se perdre dans un monde d'amour, de jaune et de parapluie, rassurée.
Luna sourit doucement. Les souvenirs de sa mère lui réchauffaient le coeur lorsque plus rien d'autre ne pouvait le faire.
Et pour l'instant, vraiment rien d'autre ne pouvait le faire.
Car hier, Neville Longdubat est mort.
Alors pour apaiser la douleur, elle pensait aux belles choses. Aux choses jaunes, aux choses d'amour, à son enfance et aux yeux couleur ciel de sa maman.
Comme elle aurait aimé qu'elle soit là, en ce jour d'octobre pluvieux. Comme elle aurait aimé pouvoir se réfugier dans ses bras et se faire réconforter par sa voix douce et apaisante.
Mais non. Cécilia se trouvait seulement dans son coeur. Et la douleur bouffait la joie que lui procurait les souvenir de sa mère.
La blonde posa sa tete sur la vitre glacée par le froid de la nuit et de la pluie, et ferma les yeux, terrassée par la tristesse.
Habituellement, la tristesse n'atteignait pas son monde jaune. Mais cette fois-ci, elle était trop forte.
Son monde jaune se teintait légèrement de gris, inexorablement.
Et la jeune femme pleura. Silencieusement, le corps secoué de sanglots d'amertume et de douleur, elle laissa couler pour la première fois de sa vie des larmes autre que de joie.
Elle avait l'impression de mourir.
Neville, son amour, son coeur, l'homme qui partageait son monde l'avait abandonnée.
Alors elle rouvrit les yeux.
Son regard avait changé.
Son monde avait été contaminé.
Plus rien ne serait comme avant.
Son amour était mort.
La flamme d'innocence, de naiveté à toute épreuve qui teintait le regard de la blonde avait disparue.
Et pour la première fois, elle ressentit cette chose.
Cette chose dont elle n'avait jamais compris le sens.
La haine.
Ce sentiment lui laissait un gout amer sur la langue et lui tordait les entrailles.
Elle se leva, et les joues toujours mouillées de larmes, elle se blottit dans son lit.
Elle brulait d'un feu intérieur, un feu destructeur.
Les mangemorts lui avaient tout pris. Tout.
Sa maison, son père, son amour, ses amis, son innocence.
Alors, dans le silence martelé de pluie d'une froide nuit d'octobre, Luna Lovegood, celle qui n'avait jamais détesté, se jura de se venger.
Ils payeraient. Ils payeraient la perte de son bonheur.
Elle les tuerait tous.
Et la fille aux cheveux dorés, aux yeux couleur ciel comme sa maman s'endormit, un sourire aux allures de promesse aux lèvres.
Bref, j'espère que l'intro donne envie.
J'posterais la suite soit demain, si j'ai le temps, soit quand je rentre des vacances, c'est à dire dans huit/neuf jours!
Une ou deux petites review me feraient super-plaisir... Et ca motive pour écrire plus vite :B
Entièrement vôtre,
Harapan.
