Hello !
Je me lance dans une nouvelle fic, centrée sur la vie du Joker à Arkham mêlée à ses souvenirs de sa vie passée. Plutôt que de reprendre le personnage de Suicide Squad, je préfère tourner ça à la manière de celui de TDK.
Résumé : Il y avait les cris qui résonnaient dans sa tête, le sourire sanglant peint sur les murs. Il y avait les fumets délicieux des soufflés en cuisine. Il y avait les frissons délicieux de douleurs qui remontaient le long de ses reins. Il y avait le Clown - enfin. Qui cloîtré entre ces quatres murs était forcé de se souvenir d'une vie qu'il aurait préféré oublier.
Voilà, bonne lecture :)
Bisous fous ~
Chapter 1 : Asylum
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"Miam miam, le bon gâteau"
Il avait faim. Ça, c'était sûr. Une petite noisette, une pépite par-ci par-là ? Hmm, la douce folie.
Le problème, c'est qu'il y avait un couvercle, une bordel de coupe en verre énorme qui le séparait de son plat favori. Et ça, c'était chiant.
Alors, est-ce qu'il devait renoncer à sa bouffe ou prendre le risque de s'écraser la face sur du verre, ce qui lui ferait mal, de toute évidence ?
Il soupira, s'éloigna à regret du plateau d'argent où trônaient ces délicieux cupcakes. Il ne les avait pas fait lui-même, bien entendu ça faisait des semaines qu'on l'avait refourgué à l'arrière-cuisine, mais ça lui manquait tellement, de pouvoir se déplacer à sa guise.
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Il s'éveilla en sursaut, peu habitué à être ainsi replongé dans des souvenirs aussi...douloureux, qui lui rappelait sa jeunesse un peu trop calme à son goût. Que...de quoi venait-il de rêver, au juste ? Ahh oui, oui-ouii. De la cuisine - il s'en lécha les lèvres sacrifiées. C'était...co-mique de voir qu'il pouvait s'y bien s'en souvenir, alors qu'ils venaient tous juste de le...torturer. Ou du moins, ils avaient essayé. Mais sa mémoire restait intacte, peu importait la violence des électrochocs. Il n'avait pas...peur de la douleur, aussi étrange cela pût-il être montré dans son rêve tout récent.
Oui, il avait...l'habitude de se retrouver dans cette situation.
A vrai dire...Il en avait l'habitude, certes, cela dit, il ne savait pas exactement où il se trouvait. Tout était un peu...flou, pour le moment. Un peu...cha-o-tique. Il renifla, les yeux fermés, prenant conscience que quelque chose enserrait ses bras. Serait-ce...une camisole ? Il devait...Oui, il devait en avoir le coeur net.
Les dernières traces de sommeil éclatèrent en même temps qu'il sentit une lumière aveuglante transperçait ses iris. Ah. Fermer les yeux, donc. Hmm... Pour comprendre où il était, il lui fallait donc se servir de ses...autres sens, visiblement.
Il avait l'air d'avoir atterri sur une sorte de table au bois blanc laqué - était-ce du plastique ? - qui avait ce goût détestable des salles d'opérations. Pourquoi...atterri ? Oh, sûrement parce que s'il ne se souvenait pas être entré dans cette pièce, c'est qu'on l'avait...drogué, encore une fois, puis ramené ici de force. Il était donc dans un...huh...No-onn, il ne prononcerait pas ce mot.
La lumière éblouissante éclairait la pièce dans tout ses recoins, ne laissant pas un seul espace, ne serait-ce minuscule, d'ombre. Il était cerné. Il détestait cette lumière aveuglante qui troublait sa vision, l'empêchant de se concentrer sur tout à la fois.
Moui, c'était bien ça. Il portait une camisole blanche poisseuse qui lui collait aux membres, c'était...ré-pu-gnant. Il détestait ne pas pouvoir bouger à sa guise. Ça ne lui rappelait que trop ses années en...cuisine, à devoir obéir aux autres. Ce qu'il avait fini par...arrêter de faire. Un peu... brutalement.
Il soupira, fermant les yeux pour ne plus voir la camisole emprisonner ses bras. Entreprit de réfléchir à un moyen...de s'échapper des futures sessions de lobotomie. Non qu'il ne prenait pas son pied à les voir s'acharner sur son cerveau de la sorte - et la douleur lui plaisait -, mais il ne voulait pas...perdre ses souvenirs. Il les détestait, bien sûr...ces images trop joyeuses d'un monde trop en couleur. Mais il voulait...les garder, dans un creux de son esprit, pour ne pas oublier ce qu'il avait choisi de devenir. Voir tout ce bonheur l'avait poussé à vouloir...changer le monde, hm.
S'il se trouvait là, dans un...asile, grimaça-t-il à contre-coeur, c'était à cause de cette...erreur, bien entendu. C'est ce que les infirmiers disaient, il ne considérait bien sûr pas son action comme une e-rreur. Il aurait du...garder son calme, c'était ce qu'il faisait habituellement, mais là...ç'avait été trop.
Les souvenirs le submergèrent alors qu'il tentait de les chasser. Son chef qui lui criait de se dépêcher, tout ces plats qu'il devait servir juste après les avoir confectionnés, des clients qui le regardaient d'un air courroucé car il mettait quelques secondes de trop à venir vers eux, ces ordres hurlés en son intention, cette rage de devoir obéir qui grossissait jour après jour...Et ces couteaux, énormes, toujours là, à portée de main, n'attendant que d'être empoignés...Puis la fureur qui l'avait saisi, et il les avait tué, tous, sans exception, savourant leurs cris, les poignardant les uns après les autres. Quatre coups dans le ventre, à chacun, c'était les remarques salaces des autres devant ses plats, c'était ceux qui le bousculaient sans s'excuser, c'était les viandes qui cuisaient trop vite, cette fichue tenue qu'il fallait porter, les assiettes à transporter, les miettes et les baquets d'eau les tables auxquelles on se cognait les clients qui parlaient fort trop fo-ort, c'était eux qui le poussaient à obéir et il ne voulait pas, il était li-bre et personne ne le commandait.
Une goutte. Deux. Plic-ploc, plic, ploc, plicplocplicploc - ploc.
Il grogna, découragé. Quel était donc...ce fichu bruit qui l'empêchait de se concentrer ?
Plic-ploc.
Il fronça les sourcils, les yeux toujours fermés. Voilà que ça le reprenait. Ce désir incessant de connaître la source du bruit, pour mieux l'éliminer. Exactement comme...lorsqu'il avait fait taire leurs cris incessants, dans l'arrière-cuisine. Il adorait le chaos, bien sûr, mais il préférait le...contrôler. En être la source, pas y...assister simplement.
Il inspira profondément, regarda autour de lui pour la première fois. Enfin, ce n'était pas la première fois qu'il était là, ça...non. Il se trouvait dans une des salles les plus...surveillées, et c'était mauvais signe. Ça signifiait qu'il s'était laissé...attraper, hmm. Il avait été trop stupide - et c'était rare. Ça ne lui reprendrait pas - il le savait -, seulement il était là, en attendant.
Et ce bruit de goutte commençait à devenir franchement... insupportable.
Plic - une infirmière qui mélangeait les doses. Voilà ce qu'il se plaisait à imaginer. Interpréter ces gouttes d'eau comme...chaque action minime qui pouvait se produire, qui pouvait...détruire quelqu'un.
Ploc, un médecin qui se trompait d'artère.
Plic-ploc et des morts, des morts et de la torture, et ça lui plaisait, oh ou-ii que ça lui plaisait de voir cette souffrance démente s'abattre partout, cette folie. Mais ce n'était pas...réellement de la fo-lie. Il avait simplement une vision du monde disons... différente des autres, c'est ça, différente. Plus...complète. Totale.
Il promena son regard sur la pièce autour de lui. Toujours ce blanc immaculé, et pas de meubles, rien, ne serait-ce qu'une lampe à néon, une table sur laquelle figurait un de ces objets pour calmer les nerfs, vous savez, qu'il faut... tourner pour faire tomber l'autre côté, un lavabo qui gouttait - c'était donc ça - et un lit.
Il détestait cette pièce décidément, il désirait...que désirait-il au juste ? Sortir d'ici, bien sûr. Mais cet habit de lumière l'enserrait avec force et c'était tout juste s'il pouvait bouger la tête. Il devait retrouver sa chambre...bien à lui, non cette salle provisoire.
Il prit conscience de sa position, allongé en travers de cette table et voyant le plafond à l'envers, les cheveux reposant autour de lui comme une magnifique auréole - quelle illusion comique -, les traits étirés par ce sourire...angélique. Sa langue partit aussitôt humidifier ses cicatrices presque sèches. Il ne sentait pas le goût synthétique habituel. Les gardes lui aurait-il enlevé son maquillage ?
Fulminant à cette pensée, il entreprit de se lever. Doucement, il devait...faire preuve de précautions. Il était toujours attaché par la camisole et le moindre mouvement pouvait le faire se retrouver à terre. Et il aurait eu encore plus de mal à se lever après.
Il parvint à s'extraire de la surface rugueuse.
Le bruit de goutte avait cessé, c'était...étrange ? Plissant les yeux pour ne pas s'éclater les pupilles au contact de la lumière, il entreprit de fixer la lampe au-dessus de lui. Que lui voulaient-ils ? Pourquoi ne le laissait-il pas sortir ? Il était...normal, comme tous les autres. Pourquoi se retrouvait-il toujours là ?
Sa rage à peine contenue fut interrompue par une porte qui s'ouvrait. Tiens, c'était...sa porte. Qui donc venait l'interrompre ?
Une infirmière brune en blouse blanche - tiens, c'était la première fois qu'il la voyait - tenant un calepin qui tremblait entre ses mains - aurait-elle donc peur de se retrouver devant lui - fit son apparition dans la chambre.
- Joker, vous... s'étrangla-t-elle, ne sachant comment l'appeler, puis se reprenant et affichant un air supérieur, devez vous rendre dans la salle de déjeuner pour prendre votre repas. Je vous accompagnerais jusqu'à ce que vous rentriez dans votre chambre.
Elle se tut ensuite et sembla attendre une approbation de sa part. Elle avait l'air si...sérieuse, engoncée dans sa blouse et au chignon bien serré, qu'il ne put s'empêcher de l'imaginer brisée. Cette frêle infirmière, perdant la raison, devenant...folle. Voilà qui ferait un tableau magnifique.
Il lécha ses cicatrices, prenant son temps.
- Infirmière...Tremblay, lut-il sur son badge. Vous voyez des patients tous les jours, n'est-ce pas ?
La jeune femme eut un geste de surprise, visiblement peu encline à engager cette conversation. Il la comprenait, il pouvait être...intimidant, terrifiant même quand il le voulait.
- Je...euh oui, bégaya-t-elle. Où voulez-vous en venir ? Votre repas vous attend, Joker.
Cette obstination à vouloir rester professionnelle le faisait presque rire. Il n'y avait que de ça dans ce genre d'endroits, et n'était-ce pas ironique ? Des infirmiers piqués aux quatre épingles voulant soigner des...fous. Traiter l'anormal par le normal. C'était...presque tordant.
Il ne se pressa pas pour autant. La nourriture, il n'avait vu que ça pendant des mois, ça pouvait bien l'attendre un peu. Et tout valait bien un peu de...folie. Il continua donc son petit jeu, souriant en étirant ses cicatrices.
- Comment pouvez-vous rester aussi...calme, en voyant toute cette folie autour de vous ? Cela ne vous...atteint-il pas, quelques fois ? Imaginez, imaginez...Un patient qui finisse par semer le cha-o-os ici, comment le...traiteriez-vous ?
Elle déglutit, ne comprenant pas vraiment où il voulait en venir, un peu inquiète sûrement. Mais le professionnalisme s'empara d'elle avant toute autre émotion.
- Nous avons des horaires fixes dans cet établissement, et je ne tolèrerais pas un retard de votre part. Veuillez me suivre, à présent, fit-elle sèchement. Elle lui lança un regard méprisant puis sortit de la pièce et l'attendit sur le côté, son calepin serré toujours aussi fermement entre ses mains.
Il soupira devant son échec, déçu de voir que ça n'avait pas pris. Ils étaient d'habitude plus...réticents à l'idée de lui parler, de voir comment fonctionnait son esprit, mais aussi un peu... curieux. Cette femme n'avait visiblement...aucune compréhension de l'esprit humain. Paradoxal, pour un employé d'un hôpital psy-chia-trique.
Il se leva, peinant à marcher avec sa camisole, suivant l'infirmière à travers les couloirs et riant intérieurement. Il avait hâte de voir les autres patients, d'observer ceux qui pourraient éventuellement...sombrer, plonger dans la folie, et ceux qui y étaient déjà. Il attendait chaque repas avec impatience, pas pour le ragoût fumant qu'ils vous servaient et donnaient sûrement aussi aux chiens, mais pour voir ces gens qui étaient un peu comme lui, qui partageaient du moins...une part de cruauté.
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La cuillère plongea dans la soupe foncée pour venir se retrouver sur son palais. Dieu que c'était infâme. Avaient-ils ne serait-ce que le droit de leur servir ces choses aussi...discutables d'un point de vue gastronomique ?
Il avait beau s'y connaître de ce côté-là, il n'en était pas moins coincé à devoir manger ces horreurs. Dire qu'il servait des blanquettes de veaux sur des lits d'asperges venant d'Espagne il n'y a pas trois mois de ça, et qu'il se nourrissait désormais de restes de rats - du moins c'était ce à quoi ça ressemblait.
Il était seul à une table reculée. C'était... beaucoup mieux ainsi. Autour de lui, des patients névrosés qui mangeaient d'un oeil lugubre, ne comprenant pas trop ce qu'ils étaient en train de faire - et où ils se trouvaient. Un léger brouhaha subsistait, bruit des couverts qui s'entrechoquaient plutôt que vraie discussion des gens entre eux. Tous étaient...moisis jusqu'à la moelle, des vrais timbrés.
Une fille qui ricanait à voix haute là-bas, un autre qui donnait à manger à des gens invisibles, un qui avait les yeux grands ouverts et un air de cadavre à vous glacer le sang. Sauf que ça ne glaçait jamais le sien, il se contentait...d'observer ces gens. Il n'était pas comme eux, il le savait.
Il grimaça en constatant que son dessert se constituait d'un soufflé aux pommes. La croûte caramélisée avait cet aspect tor-du, brûlé qu'ont les patients quand ils sont là depuis plus de deux mois et qu'ils comprennent qu'ils ne pourront pas s'échapper. Ça avait un côté macabre, mais qu'il aimait ça.
Cependant, ça lui rappelait des souvenirs, qu'il aurait voulu...oublier. Il en aurait ri avant - lui, vouloir oublier quelque chose ? -, mais désormais, ça lui semblait...inapproprié. Tout ces mots, ces situations qui se bousculaient dans son esprit, et il aurait voulu faire table rase, pour recommencer sur des bases plus...sombres, plus sanglantes. La torture, qu'il n'avait pas connu avant son entrée ici. Qu'il prévoyait de commencer d'ici...peu.
Le soufflé, c'était ce qu'il faisait de mieux avant. Avant, avant... Toujours ce mot, si agaçant, si répétitif. A quoi donc ressasser des souvenirs oubliés ? Il voulait...avancer, prévoir quelque chose de plus grand pour le monde. Se donner une chance de...changer les choses.
Et pour cela, il fallait qu'il s'échappe. Oh, quand il parlait de s'échapper, il voulait dire...en pensée. Quelque chose qui lui permettrait de sur-vivre ici. Trouver une issue, une porte de sortie dans le rouge vif, tout ça n'était qu'un jeu d'enfant.
Il rit, ses joues lui faisant mal. Il fallait simplement qu'il attende...le bon moment. Il l'avait déjà fait auparavant - dans cette cuisine -, il pouvait le refaire.
Oui-i, il savait comment s'y prendre...
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