Naty Chan : Une relation connaît toujours des difficultés. Et là il faut avouer que c'en est une de taille. Mon objectif est justement de montrer comment selon moi leur relation va évoluer. Mais ne t'inquiète pas, ils sauront les traverser.
Cmoa : Il est certain qu'Hikaru prend de grands risques en affirmant qu'il peut quitter le monde du go pour Sai. Mais en vérité j'aime bien les happy end donc il n'y a pas à s'en faire^^
Chapitre 1
Un silence pesant avait suivi la déclaration d'Hikaru. Puis, le semi-blond vit avec stupeur le brun ranger les pierres avec rapidité en évitant son regard puis se détourner de lui pour rejoindre la porte d'entrée, mettre ses chaussures.
« Attends, où vas-tu ?! Akira !!! » S'écria Hikaru se levant précipitamment.
La porte claqua à la sortie d'Akira, sans que ce dernier ne prête d'attention aux cris de son petit ami.
Il marcha longuement dans la rue de manière mécanique sans savoir où aller. Doute, peine, déception, colère, trahison, ils éprouvaient tous ces sentiments en même temps. Il ne pouvait aller chez ses parents, il ne supporterait pas de voir le regard triste de sa mère se poser sur lui, d'autant plus qu'elle ne saurait quoi faire, ni quoi lui dire pour le calmer. Ce dont il avait besoin, c'était de s'évader, de pouvoir réfléchir au calme et surtout de faire taire cette douleur qu'il ressentait dans la poitrine.
Son portable sonna plusieurs fois mais il ne répondit pas sachant pertinemment qu'il s'agissait d'Hikaru. Puis las de ces tentatives intempestives, il l'éteignit tout simplement.
Commençant à être fatigué de déambuler, il embrasa du regard son entourage et se rendit compte avec stupeur qu'il était prêt de l'institut de go. La force de l'habitude l'avait mené là sans même qu'il le souhaite vraiment. Disputer une partie de go était pourtant exactement ce dont il avait besoin.
Il entra dans l'institut en se demandant s'il y avait encore des joueurs présents. Il appuya sur le bouton d'appel de l'ascenseur. Les portes s'ouvrirent et Kuwabara-sensei en sortit, le vieillard à l'œil rusé scrutant avec amusement le brun.
« C'est surprenant de te voir ici Tôya-kun. Mais où est donc passé ta fidèle ombre » dit-il en scrutant les alentours à la recherche du jeune semi-blond.
Cela faisait à présent un an qu'Hikaru s'était vu attribué ce surnom par le détenant du titre d'Honimbo. La cohabitation des jeunes prodiges n'était un secret pour personne bien que peu de personne soit au courant du caractère intime de leur relation. Ce surnom lui avait alors non seulement octroyé parce qu'ils arrivaient toujours ensemble le matin mais c'était aussi une manière pour Kuwabara-sensei de souligner le fait que le semi-blond progressait dans son jeu et qu'il ne tarderait pas à le rattraper.
D'ordinaire, cette appellation faisait donc sourire Akira mais aujourd'hui, il n'avait pas envie de parler de son rival.
« Comme vous pouvez le constater Kuwabara-sensei, Shindô n'est pas là. Par contre, y-a t-ils des joueurs présents ?
Ogata et Ashiwara sont au troisième étage
Je vous remercie. Au revoir »
Akira s'inclina puis s'engouffra dans l'ascenseur avant de presser le bouton pour que les portes se referment. Il eut cependant le temps d'intercepter l'expression sceptique du vieil homme se grattant le menton pensivement, en se demandant ce qu'il avait bien pu se passer entre les deux joueurs.
Le brun trouva bel et bien son meilleur ami et Ogata-sensei en train de disputer une partie. Il s'agenouilla en silence et observa le goban. Aishiwara leva les yeux vers lui, surpris de le voir.
« Tiens Akira, que fais-tu ici ? Shindô n'est pas avec toi ? » Questionna le brun
L'expression du fils de l'ex-Meijin s'assombrit. Mais pourquoi diable tout le monde était-il surpris de l'absence d'Hikaru ? Ils n'étaient pas attachés à ce qu'il sache !
« Je suis venu jouer. Je crois que c'est la fonction de cet endroit, non ? » Répondit-il un peu plus sèchement qu'il ne l'avait voulu.
Ashiwara le regarda bizarrement, l'air un peu blessé avant d'être rappelé sèchement à l'ordre par Ogata. C'était à son tour de jouer.
Le brun fixa longuement le goban puis soupira bruyamment. Il n'avait plus aucune chance, les pierres blanches avaient déjà exploité toutes les faiblesses des noires.
« J'abandonne » dit-il en s'inclinant.
Ils commentèrent la partie, puis rangèrent les pierres après s'être inclinés de nouveau pour se remercier.
« Tu joues contre moi » demanda Ogata-sensei à Akira qui opina avant de prendre la place de son ami face au blond.
Le contact des pierres calma presque aussitôt Akira. Il était dans son élément, la souffrance qu'il ressentait jusqu'alors s'apaisait progressivement.
« Tu t'es disputé avec Shindô, n'est-ce pas. » Ce n'était pas vraiment une question mais plutôt une affirmation de la part du blond.
Akira ne répondit pas. Il savait qu'il devrait en parler mais il ne pouvait évoquer Sai devant Ogata, il ne le pouvait d'ailleurs devant personne.
« Juste le jour où Sai réapparaît sur le net, est-ce vraiment qu'une coïncidence ? »
Le cœur du brun manqua un battement. Il déglutit difficilement avant de poser une pierre sur le goban.
Il savait qu'Ogata avait gardé une certaine rancœur à son égard, depuis le jour où il avait refusé d'interroger son père à propos de Sai. Il pouvait donc deviner que le blond n'allait pas le laisser se dérober une nouvelle fois.
« Sachant que ni moi, ni Shindô ne connaissons Sai, il aurait du mal à être lié à notre dispute » déclara aussi calmement qu'il le put Akira
L'homme eut un sourire en coin mais ne fut pas dupe du mensonge pour autant. Seulement il ne doutait pas un instant que le brun serait toujours loyal envers son petit ami.
« En tout cas, vous vous êtes bel et bien disputés. Et à en juger par ta colère, c'était sur un sujet d'une réelle importance. Te rends-tu compte que tu as été blessant avec Ashiwara ? »
Akira eut l'air soudainement désolé et se tourna vers son ami pour s'excuser. Celui-ci balaya l'air d'un geste de la main, lui faisant comprendre qu'il l'excusait.
« Les disputes entre amoureux, ça met toujours sur les nerfs. Je suis bien placé pour le savoir, Saeki est invivable lorsqu'il est en colère » dit-il compatissant.
Puis il reprit. « Si je peux te donner un conseil, c'est quelque soit le sujet de votre colère à l'un et à l'autre, il faut en parler, ne jamais laisser cela passer sans qu'il y ait eu d'explications. Des non-dits peuvent amener à la rupture de bien des couples aussi solides que le vôtre. »
Akira hocha de la tête en signe de compréhension et le remercia.
****
Lorsqu'Akira sortit de l'institut, la nuit était déjà tombée. Ogata lui proposa de le ramener en voiture mais il déclina l'invitation. Il n'avait aucune envie d'être encore assailli par des questions à propos du lien entre Hikaru et Sai d'internet.
Il ouvrit la porte de l'appartement qui lui aussi était plongé dans l'obscurité. Sur la table de la cuisine trônait un bentô sûrement préparé par Hikaru mais il n'avait pas faim. Il gagna la salle de bain pour s'y préparer. Il songeait à dormir sur le canapé du salon quand les paroles d'Ashiwara lui revinrent en mémoire. Il se décida à gagner leur chambre en se disant qu'il y avait de fortes chances que de toutes les manières Hikaru soit en train de dormir.
Néanmoins, ce dernier était assis au bord du lit et se leva brusquement quand il vit Akira.
« Bon sang Akira ! Je t'ai appelé au moins dix fois ! Où étais-tu parti ?» s'énerva le semi-blond
Le brun ne répondit pas tout de suite, et monta sur le lit pour s'adosser au mur.
« Je suis allé à l'institut de go répondit-il platement sans même regarder son vis-à-vis.
- Je me suis inquiété ! Mais qu'est ce qu'il t'a pris ? » demanda Hikaru en posant ses mains sur celles de son ami
Akira les dégagea d'un coup sec en relevant ses yeux flamboyants de colère sur le blond. Celui-ci arborait un air incompréhensif et blessé.
« Ce qu'il m'a pris, tu oses poser la question ! Tu as dit que tu étais prêt à tout abandonner pour Sai !! » Hurla-t-il.
L'énervement gagna à son tour Hikaru.
« J'ai dit que je serais prêt à le faire ! Pas que je le ferais Akira ! Je croyais que toi plus que personne pourrait me comprendre
- Eh bien non ! Je ne comprends pas ! Ton objectif n'est-il pas de progresser jusqu'à me dépasser ? Le go n'est-il pas toute ta vie ? Abandonner cela ne devrait même pas te venir à l'esprit !
- Si ! Le go est toute ma vie. Mais si je suis arrivé jusque là c'est avant tout grâce à Sai. Il est normal que je cherche à l'aider !
- Donc Sai est plus important que moi c'est cela ! »
L'expression d'Hikaru était complètement incrédule. Il dévisageait le brun comme si celui-ci lui avait dit la plus grosse absurdité au monde.
« Ce n'est absolument pas comparable ! Putain, Akira, on dirait presque tu es jaloux ! »
Puis la lumière se fit dans son esprit.
« Franchement tu es ridicule ! Etre jaloux d'un fantôme, c'est ri-di-cule insista-t-il
- Je ne suis pas jaloux maugréa Akira. Je ne peux seulement pas te laisser gâcher ton avenir. Cela m'énerve de constater que tu pourrais aussi facilement abandonner le go. Cela n'a rien avoir avec un quelconque sentiment de jalousie, ce que j'ai ressenti alors était de la déception et du mépris. Comme si tout d'un coup, je me demandais ce que j'avais bien pu te trouver » expliqua calmement le jeune prodige.
Ces paroles furent comme un coup de poing dans l'estomac pour Hikaru.
« Si c'est comme cela, je crois que nous n'avons plus rien à faire ensemble »
Il prenait déjà ses affaires dans l'intention d'aller dormir dans le salon quand Akira le retint par le bras.
« Ose dire que tu ne penserais pas la même chose si je te disais brusquement que j'arrêtais le go ! Ose me dire que tu ne serais pas en colère à l'idée que cela te paraisse avoir été pour moi qu'un vulgaire amusement ! Ose me dire cela Hikaru ! S'énerva encore plus le brun.
- Dans ces cas-là c'est que malgré que nous nous côtoyions depuis des années, tu ne me connais pas ! Je n'abandonnerai jamais le go complètement, je continuerai à y jouer pour toujours. Seulement je ne suis pas obligé de le faire en tant que professionnel. Je peux tout aussi bien ne pas assister à un ou deux tournois.
- C'est ta carrière qui est en jeu ainsi que l'avenir du Japon !
- As-tu fait autant de remarques lorsque ton père s'est retiré ! demanda Hikaru acerbe
- Je te rappellerai d'une que c'est par ta faute qu'il a dû se retirer. Et de deux, il l'aurait bien fait un jour, il en a l'âge et il a eu une belle carrière. Nous n'en sommes qu'au début ! »
Ils étaient tous les deux essoufflés comme s'ils avaient couru un marathon.
« Bon je crois que chacun de nous a vidé son sac à présent, non ? » demanda plus légèrement Hikaru
Akira eut un faible sourire.
« Je ne compte pas foutre ma carrière en l'air. Seulement tu n'as pas idée du vide qu'a crée l'absence de Sai dans mon cœur. J'ai arrêté de jouer au go quand il a disparu parce que je me sentais coupable. J'avais le sentiment que c'était parce que je ne l'avais pas laissé suffisamment joué qu'il était parti. Puis lorsque j'ai joué contre Isumi, je me suis rendu compte que mon seul moyen pour le rejoindre était de jouer, jouer et encore jouer parce que Sai est dans mon jeu. Comme je l'ai dit, je ne serais pas là s'il ne m'y avait pas aidé. Et d'ailleurs toi non plus. » dit tristement Hikaru. Se remémorer ces moments lui faisait toujours du mal.
Akira acquiesça. Il était vrai qu'avant sa partie contre Sai, il éprouvait des doutes quant à devenir professionnel et que grâce à ce dernier, il avait pris conscience de sa force et des progrès qu'il devait faire.
« Je suis persuadé que je trouverais une solution sans avoir trop à y perdre. Mais j'ai besoin de m'excuser, de faire amende honorable. Je ne pourrais sinon plus jamais me regarder en face
- Je crois que je te comprends. Je m'excuse encore d'avoir éprouvé du mépris envers toi. Tu as peut être raison, d'une certaine manière, peut être que je suis jaloux parce que ce lien qui te rattache à Sai est beaucoup plus fort que le nôtre, que rien ne pourrait l'égaler.
- Tu as tort. C'est grâce à toi que j'ai surmonté sa disparition, c'est par ma volonté de te rattraper que j'ai pu franchir tous les obstacles. Alors que si tu venais à disparaître, là je laisserai vraiment tout tomber ».
Akira s'en voulut de ressentir de la joie à l'entente de ces mots.
« On est réconciliés alors ? » demanda-t-il
Hikaru lui déposa un rapide baiser sur les lèvres avant de bailler bruyamment et de se coucher.
« Oui je suppose. »
