Bonjour à toutes et à tous, fidèles lecteurs ou nouveaux venus sur le site fanfiction. Me voilà repartie avec vous pour une nouvelle aventure dans l'univers du « Phantom of the Opera ». Il est très difficile de reprendre une nouvelle histoire, en sachant que ma précédente 'Phanfic' m'a accaparée, pendant tellement de temps mais je suis heureuse de retrouver avec vous mes deux héros préférés. J'espère que vous apprécierez cette fic, tout autant que j'ai à l'écrire.

Pour situer le contexte, je reprends directement la suite du « Fantôme de l'Opéra ». Je ne touche à aucun détail, par rapport à l'histoire originale, cette fois-ci. Raoul et Christine, libérés d'Erik, prennent la barque pour s'enfuir de l'antre et laisse notre bien-aimé Erik à son triste sort… Bonne lecture.

Chapitre 1 : Sauvée

Raoul et Christine s'éloignaient, à l'aide de la barque, de cet antre maudit. Qui aurait pu croire que le Fantôme ait décidé de les laisser partir ? Il avait fallu un baiser, un seul et unique baiser pour qu'il les libère.

Christine s'accrochait à Raoul pour ne pas perdre l'équilibre. Elle tremblait. Certes, elle avait un peu froid, en raison de la robe de mariée qu'elle portait et qui était mouillée et de ce froid insidieux de l'hiver parisien, s'engouffrant dans les fins fonds de l'Opéra. Pourtant, cela aurait pu être supportable, si elle n'avait pas à regarder la silhouette immobile du Fantôme, sur les berges du lac. Elle ne savait pas pourquoi elle n'arrivait à détourner ses yeux de lui…

Ce baiser… Ou plutôt ces baisers, car elle l'avait embrassé par deux fois… Ils hantaient son cœur et son esprit. Elle avait agi de la sorte pour délivrer Raoul. Elle avait offert sa vie au Fantôme, en échange de celle de son fiancé et comment prouver qu'elle tiendrait sa promesse, si ce n'était en la scellant d'un baiser ? Il ne lui en aurait fallu qu'un. Alors pourquoi avait-elle d'elle-même renouvelé cette étreinte ?

Pourquoi les adieux avec son mentor avaient-ils été si déchirants ? L'image de ce dernier lui avouant une dernière fois qu'il l'aimait la torturait. Il avait l'air si malheureux, si désespéré, si humain. Elle aurait voulu se jeter dans ses bras pour le consoler. Cependant, elle se devait de l'abandonner. Elle n'avait pas le choix. Il était devenu dangereux. Il était devenu un meurtrier. A certains moments, son Ange s'était transformé en démon incontrôlable. Non, elle ne pouvait rester avec lui. C'était sans espoir.

Raoul fit prendre à la barque un virage à angle droit et peu à peu, Christine perdit de vue l'homme qui lui avait tout appris : le chant, la musique, l'amour… Soudain, elle se saisit et se raidit, en même temps que le Vicomte, au cri de désespoir qui provenait de l'antre. C'était lui… C'était son dernier chant, sa dernière plainte… Se pouvait-il que la foule des employés en colère de l'Opéra est déjà réussi à trouver sa cachette ? Se pouvait-il qu'elle entende, là, son cri d'agonie ?

« Non ! hurla Christine. »

C'était plus fort qu'elle, elle n'avait pu réprimer cette exclamation. Elle avait lâché Raoul et s'apprêtait à descendre de la barque pour aller le rejoindre. Il fallait qu'elle retourne là-bas, vers lui.

L'embarcation tangua fortement mais la jeune femme fut retenue dans son élan par Raoul. Il la tenait par le bras et d'un geste fort et rapide la ramena vers lui.

« Que fais-tu, Christine ? lui demanda-t-il, le regard perplexe. »

Elle plongea ses yeux dans ceux bleu ciel de son ami d'enfance, de son futur mari. Ils étaient froids et durs. Elle ne les avait jamais vus ainsi. Elle pouvait y discerner une pointe de jalousie. C'était normal après tout ce qu'elle avait fait… Raoul avait assisté à son étreinte avec le Fantôme. Mais grâce à cela, elle avait réussi à le sauver, n'est-ce pas ?

« - Je… Nous ne pouvons le laisser ainsi, Raoul, finit-elle par dire. Si la police le trouve ou ceux de l'Opéra, qu'adviendra-t-il de lui ?

- Cela est le cadet de mes soucis. Je te l'assure, répondit-il fermement.

- Mais il nous a libérés !

- Et plaise à Dieu qu'à ce moment-là, un éclair de lucidité ait traversé cet esprit diabolique et fou ! D'ailleurs, ce serait folie pour nous que de retourner là-bas. Il pourrait changer d'avis. Non ! Nous sommes libres, Christine, et nous le resterons. »

La jeune femme ne put que se résigner à se laisser porter par l'embarcation. Elle avait compris que jamais Raoul ne lui laisserait faire marche arrière.

Libre ? L'était-elle vraiment ? Elle comprenait trop tard vers qui se tournait vraiment son inclination. Elle avait embrassé, ce soir-là, pour la première fois, son Ange de la Musique. Oui, ce n'était pas le Fantôme de l'Opéra qui avait recueilli son baiser. A son contact, un feu rougeoyant, aussi puissant qu'un bûcher, avait consumé son être. Il avait dévoré son âme et son cœur. Jamais elle n'avait ressenti cela. Les baisers échangés avec Raoul ne faisaient office que de pâles cendres, en comparaison.

Elle aurait dû rester avec son Ange. Elle aurait réussi à lui pardonner ses crimes. Ses crimes dont elle était en partie responsable… Cependant, elle savait que Raoul, lui, n'aurait jamais accepté l'idée de la laisser partir avec cet être.

Oui, le Fantôme l'avait libérée. Libérée de son amour incommensurable… Mais en s'éloignant de lui, en s'éloignant de cette vie qu'il lui avait conjurée de partager avec lui, elle s'était retrouvée à nouveau enchaînée.

Raoul était son nouveau geôlier et ses griffes étaient peut-être plus acérées qu'un millier de Fantômes. Il n'avait fallu qu'un regard, qu'un simple regard dans les yeux du Vicomte, pour que la jeune soprane comprenne quelle erreur elle venait de commettre.

Mon Dieu, quelle bêtise avait-elle faite ? Comment s'était-elle fourvoyée à ce point ? Ce duel constant entre ces deux hommes pour gagner son amour et ses faveurs lui avaient obscurcie sa raison et son discernement… Pourquoi est-ce que ses sentiments ne s'éclairaient que maintenant ?

Elle se mit à scruter du coin de l'œil le visage de son fiancé. Raoul était concentré sur le maniement quelque peu délicat de la barque et ne s'occupait pas d'elle. Il était renfermé et apparemment contrarié. Avait-elle pensé si fort qu'il avait fini par s'apercevoir de quelque chose ?

Elle ne pouvait le dire mais, toutefois, il affermit sa prise et la serra plus fort contre lui. Le cœur de Christine sombra encore un peu plus, si tant est qu'il se trouva encore dans sa poitrine. Bêtement, elle posa sa main sur son sein gauche et sentit ses battements chaotiques. Oui, il était encore en elle, bien qu'il lui semblait avoir été arraché de sa poitrine, au moment où elle avait rendu la bague à son Ange déchu. Elle l'avait laissé sur cette rive, en même temps que l'être qui comptait le plus à ses yeux.

Alors, les larmes finirent par jaillir toutes seules. Elle ne pouvait les contenir plus longtemps. Elle étouffa ses sanglots pour ne pas que Raoul prête attention à elle.

Un moment interminable passa avant qu'elle ne sentît la secousse de l'embarcation cognant contre un embarcadère. Elle leva enfin la tête. Elle ne reconnaissait pas cet endroit. Elle ne savait pas où ils étaient et apparemment Raoul non plus.

Le Vicomte se dépêcha cependant de mettre pied à terre et sans faire preuve de délicatesse, il prit Christine par la taille et la souleva, comme une poupée de chiffon, pour la déposer sur le quai. Cela n'avait rien avoir avec la tendresse dont son Ange avait preuve, lorsqu'il l'avait amenée, pour la première fois dans son antre, six mois auparavant.

« Viens, ordonna Raoul. Il faut que l'on sorte d'ici au plus vite. »

Il ne remarqua même pas son visage baigné de larmes. Il ne remarqua pas dans quelle détresse sa fiancée se trouvait, trop occupé à vouloir laisser derrière eux cette nuit de cauchemar. Il lui prit la main et se mit en marche. Les premiers pas de Christine furent hésitants, au départ, mais le Vicomte raffermit sa poigne et elle finit par le suivre, en calquant son allure sur la sienne.

Elle avait décidé enfin de ce qu'il convenait de faire. Il fallait d'abord qu'elle laisse Raoul les sortir sains et saufs de l'Opéra. Une fois qu'ils seraient à l'air libre, elle se dégagerait de son emprise. Elle trouverait refuge auprès de Mme Giry et de Meg. La directrice du corps de ballet avait un lien avec son Ange. La vieille chorégraphe ne pourrait le nier. Elle romprait ses fiançailles avec Raoul. Celles-ci n'avaient pas encore étaient officielles, ce qui lui laissait l'occasion de se détacher de son ami d'enfance, sans que Paris ne se mette à jaser. A partir de là, elle ferait tout ce qui est en son pouvoir pour retrouver son Ange. Peu importe, où il se trouve… Elle lui avouerait ce qu'elle ressent. Il lui pardonnera sans nul doute ses tergiversations, dues à sa jeunesse et à son innocence. Il la laissera revenir vers lui.

A moins qu'il ne vienne d'être découvert par la police ? A moins que la foule grondante l'ait retrouvé et l'ai battu à mort ? A cette idée, une faiblesse s'empara d'elle et elle manqua de peu de défaillir.

Non, ce n'était pas possible. Son Ange ne pouvait pas être mort. Si c'était le cas, elle le sentirait au fond d'elle-même. Elle avait bien deviné que, pendant les longs mois qui avaient suivi la mort de Buquet, lors du drame d' « Il Muto », il n'était pas parti. Elle avait continué à sentir sa présence dans l'ombre. Et bien qu'à cette époque, elle ne souhaitait pas le voir, suite au choc qu'elle avait subi, lors de cette terrible soirée d'octobre, elle avait pourtant espéré inconsciemment recevoir à nouveau un signe de sa part. Et lorsqu'au Bal du Nouvel-An, il avait enfin réapparu, elle n'avait pu renier sa joie de le revoir. Il l'attirait irrésistiblement…

Elle essaya de chasser les pensées négatives qui l'assaillaient et décida de se concentrer sur le chemin à emprunter pour remonter vers la surface. Raoul ouvrait la marche. Ils étaient dans un couloir sans fin et de nombreux passages se présentaient à eux. Mais lequel choisir ? Il leur fallait absolument trouver un escalier. Ils étaient au moins à une centaine de mètres en-dessous de l'Opéra. Ils devaient remonter au plus vite, avant que la propagation de l'incendie ne les empêche de sortir.

Raoul s'arrêta net à une bifurcation. Il regarda à droite et s'exclama :

« Par ici, des escaliers ! Vite ! »

Christine le suivit immédiatement, sa main toujours tenue par son fiancé. Comme si ce dernier craignait encore qu'elle décide de rebrousser chemin.

Les escaliers étaient étroits et en colimaçon. La jeune soprane avait beau lever la tête, elle n'arrivait pas à distinguer quand ils prenaient fin. Leur ascension paraissait interminable. Le couple était à bout de souffle et leur progression ralentissait, de plus en plus. Cependant, au plus ils avançaient, au plus ils commençaient à sentir les courants d'air frais qui leur cinglaient le visage faire place à une chaleur étouffante. Elle s'approchait par vague.

Raoul et Christine comprirent qu'ils avaient quitté l'entresol de l'Opéra. La luminosité sombre de l'escalier, à peine éclairé par quelques torches, faisait place à un rougeoiement de plus en plus intense. Ils continuèrent à avancer avec plus de résolution mais l'escalier s'arrêtait net devant un mur de pierre. Cependant, ils distinguèrent, grâce aux lumières des flammes, un espace étroit ouvert sur le côté. Il était juste assez large pour qu'ils puissent s'y faufiler. Ils durent se hâter de passer car les flammes léchaient le mur.

Lorsqu'ils réussirent à s'extraire enfin du passage, la chemise blanche du Vicomte et la robe de mariée de Christine avaient noirci par endroit et ils découvrirent que le passage secret qu'ils avaient emprunté était la proie des flammes. La marqueterie qui le recouvrait s'était entièrement consumée, de même que la tapisserie qui le masquait autrefois.

Ils se trouvaient dans un couloir en proie aux flammes.

« Où sommes-nous ? demanda Raoul, visiblement incapable de se repérer dans l'Opéra. »

Christine, quant à elle, savait déjà qu'ils étaient arrivés dans le couloir des loges. En face d'eux, se trouvait celle qu'elle avait occupée, lorsqu'elle avait remplacé la Carlotta. La découverte de leur point d'arrivée ne réjouit la jeune soprane d'aucune façon. S'il existait d'autres chemins pour sortir de cette fournaise, ils n'avaient en aucun cas choisi la meilleure option.

La jeune femme finit par faire part de ses craintes à Raoul.

« Nous sommes dans les coulisses, murmura-t-elle. Le seul moyen que nous ayons de sortir est de passer par la scène. Nous sommes pris au piège… »

De dépit, Raoul se passa les mains sur le visage et ramena ses cheveux en arrière. Se faisant, il étala encore plus la suie qui s'était déposée sur sa figure. Les poings sur les hanches, il se mit à faire les cents pas. Christine resta, quelques instants, à l'observer.

« - Alors, nous n'avons pas le choix. Nous passerons par la scène.

- Mais, Raoul, c'est de la pure folie, s'exclama Christine. Elle doit être ravagée par l'incendie ! Nous n'avons pas d'autres choix, il faut faire demi-tour et trouver une issue plus sûre !

- On a toujours le choix, ma petite Lotte. Il suffit juste de faire le bon. »

Christine tressaillit à ce sous-entendu. Pourquoi Raoul se montrait-il si obstiné ? Leur sécurité n'était-elle pas plus importante que le 'risque' pour lui de recroiser le Fantôme ?

Cependant, à force d'attendre, le feu finit par s'engouffrer dans le passage secret. L'appel d'air y entraînait les flammes et interdit donc un éventuel demi-tour. Raoul n'y prêta pourtant aucunement attention et se lança à grandes enjambées en direction de la scène. Christine se résigna à le suivre, quelques pas en retrait de lui. Elle devait ramener les pans de sa robe contre elle pour éviter aux flammes et aux braises qui tombaient des plafonds de la consumer. Cela la retardait grandement.

Lorsqu'elle arriva enfin au cœur de l'Opéra, sur cette scène qu'elle avait tant aimé fouler, elle ne put réprimer un cri d'effroi. Le plancher s'embrasait, les décors n'étaient plus qu'un rideau de flammes. La chaleur était insoutenable et la fumée qui s'échappait de partout rendait l'air irrespirable.

Christine était tétanisée par la peur. Elle entendait à peine son fiancé qui l'enjoignait de se hâter. Raoul avançait à pas prudent et se trouvait déjà au milieu de la scène. Il avait écarté les bras pour garder son équilibre sur les planches qui craquaient sous la chaleur. La scène menaçait de s'écrouler à n'importe quel instant.

« Dépêche-toi, l'exhorta-t-il. »

Elle inspira profondément et ferma les yeux, essayant de se détendre et de ne plus rester pétrifiée. C'était la mort qui l'accueillerait, si elle tardait encore trop longtemps. Elle obligea ses muscles à lui obéir et elle mit un pied devant l'autre, prudemment. Elle se concentrait sur chaque pas, les yeux rivés au sol, pour faire abstraction de la fournaise qui l'entourait. La sueur perlait de son front. Sa robe alourdissait ses mouvements.

« C'est bien ! Continue comme ça, tu y es presque ! »

Elle leva les yeux vers Raoul, qui l'encourageait. Il avait déjà atteint l'autre bout de la scène.

Un craquement se fit entendre et fit sursauter la jeune soprane. Elle hurla de terreur. Une poutre qui surplombait la scène s'effondra à deux mètres d'elle. Elle tomba à terre pour se protéger des braises qui volaient en éclat.

« Christine ! cria Raoul. »

La jeune femme était terrorisée et sa frayeur s'amplifia, lorsqu'elle s'aperçut que la poutre avait pris toute la largeur de la scène et par la même occasion lui bloquait le chemin et la séparait de Raoul ainsi que de la sortie.

« Christine ! L'appela-t-il, à nouveau. »

Sa voix était chargée d'inquiétude.

« Raoul ! Appela-t-elle. »

La fumée qui l'entourait devenait de plus en plus dense. Elle avait les yeux qui pleuraient et elle avait du mal à respirer.

« Est-ce que ça va ? lui demanda-t-il. »

Christine s'examina et se releva. Elle toussa fortement.

« Je crois, répondit-elle. Mais je ne pourrais pas tenir longtemps… »

Elle examina la poutre qui traversait la scène. Elle était impossible à franchir. Le lustre qui avait chuté l'empêchait de descendre dans la fosse d'orchestre pour trouver un autre passage. Il n'y avait aucune issue.

Raoul essaya de revenir sur ses pas mais cela devenait de plus en plus dangereux, à chaque seconde qui s'écoulait.

« - Va-t'en, Raoul, lui dit-elle.

- Non, je ne vais pas te laisser là ! »

Le plafond continuait à s'embraser et Raoul devait se protéger le visage pour atténuer la chaleur qui lui brûlait la peau.

Comment Christine pourrait-elle survivre à ça ?

« Je vais chercher des secours ! cria-t-il. Je te jure que je vais te sauver de là ! »

Mais déjà, la jeune femme ne l'entendait presque plus. Elle étouffait et n'arrêtait pas de tousser.

Alors que le Vicomte s'apprêtait à laisser sa fiancée et courir vers la sortie la plus proche, il se figea, en entendant un nouveau craquement, suivi d'un hurlement.

« Christine ! cria-t-il. »

La peur s'empara de lui. Une nouvelle poutre venait de tomber, à l'endroit où se tenait sa bien-aimée, quelques instants auparavant. Il avait beau l'appeler mais elle ne lui répondait pas.

Était-elle blessée ? Était-elle vivante ?

L'anxiété le gagna mais il ne put que se résoudre à trouver une issue au plus vite ainsi que des volontaires pour sauver sa fiancée, au plus vite.

oOoOoOoOoO

Les flammes commençaient à lécher le corps sans vie de Christine. La jeune femme avait aperçu le morceau de bois incandescent qui se décrochait mais, alors qu'elle s'apprêtait à s'écarter de lui, son pied gauche passa à travers le plancher et se coinça dedans. Elle entendit le son du bois qui craque et ne put que se protéger la tête de ses bras, en comprenant qu'il allait l'atteindre. Elle entendit son propre hurlement, comme si c'était une autre personne qui l'avait émis à sa place. Elle sentit un poids s'abattre sur son crâne et fut immédiatement plongée dans un abîme noir et sans fond.

Elle était étendue là, inconsciente, lorsqu'on lui dégagea sa jambe et que des bras puissants la soulevèrent du sol.

Le Fantôme n'avait rien perdu de ce qui s'était passé. Il n'avait pu s'empêcher de suivre le jeune couple, lors de leur fuite pour regagner la surface. Au départ, il avait pensé laisser Christine et son Vicomte à leur sort mais la bague que lui avait redonnée la soprane lui brûlait la paume de la main. Il avait compris qu'il ne serait pas tranquille, tant qu'il ne serait pas sûr que Christine arrive à quitter l'Enfer qu'il venait de créer saine et sauve.

Et, en cet instant, il sut qu'il avait eu raison. Il avait assisté à la chute de la poutre dans un recoin de l'auditorium. Il avait réussi à rattraper les deux amants, grâce à sa connaissance de la moindre parcelle de l'Opéra. Il avait réussi à sauter par-dessus la fosse d'orchestre pour arriver au côté de Christine. Il ne tint en aucun compte de la douleur qui s'était répandu dans ses jambes, lorsque son pantalon fut la proie des flammes. Il ne tint pas compte des blessures que cela engendrerait chez lui. Il était loin de penser à sa propre vie, alors que l'amour de sa vie gisait devant lui.

Il avait passé outre le fait qu'elle l'ait abandonnée, une nouvelle fois. Il avait passé outre le fait qu'elle ait donné son amour à un autre que lui. Il ne pensait qu'à la sauver du chaos qu'il avait engendré et dont il était le seul responsable.

Christine dans ses bras, il examina les lieux. Il ne pouvait plus donner autant d'aisance à ses mouvements, en portant le corps inanimé de la jeune femme. Il allait devoir s'échapper autrement. Il regarda le plancher de la scène. Celui-ci ne tenait presque plus. Il entreprit de frapper du pied à côté du trou laissé par la jambe de Christine. Le plancher ne mit que peu de temps à céder. Ce dernier révéla un passage que le Fantôme connaissait bien. Il ne comptait plus le nombre d'heures qu'il y avait passé à écouter les opéras se jouer au-dessus de lui et à entendre les pas de sa protégée qui se mouvait, lorsqu'elle n'était encore qu'une élève du corps de ballet.

Il savait toutefois que la chute serait rude. Le sol se trouvait deux mètres cinquante plus bas. Il n'eut cependant aucune once d'hésitation. Il s'assit près du trou, ses jambes ballant dans le vide, Christine toujours contre lui. Il se laissa choir, en la tenant fermement contre son torse. Il réussit à se réceptionner sur ses pieds, sans trop de mal. Son agilité acquise à force d'années passées à se mouvoir dans l'Opéra, en usant de discrétion lui avait donné des mouvements lestes et souples.

Les dessous de la scène étaient froids et humides mais ils étaient éclairés par l'incendie qui terminait de consumer le reste de la salle de spectacle. Il détailla Christine. Elle ne semblait pas avoir souffert de la chute mais elle était toujours inconsciente. C'était mieux ainsi.

Il se hâta de prendre le chemin le plus sûr. Il savait que la chapelle avait encore été épargnée par les flammes. De là, ils accéderaient directement dans la petite rue qui jouxtait l'Opéra. Il espérait seulement que les gendarmes ne gardent pas le vitrail qui leur permettrait de sortir.

Arrivés à la chapelle, le Fantôme déposa Christine à terre et ouvrit la fenêtre ouvragée qui se trouvait en contrebas de la rue déserte. Il la souleva pour la sortir du lieu saint. Il s'apprêtait à s'en aller, lorsqu'une décision l'arrêta. L'endroit était plongé dans l'obscurité mais il connaissait très bien où se trouvait le portrait de Gustave Daaé, le père décédé de Christine. Le père qu'elle avait perdu à sept ans et dont elle honorait la mémoire, tous les soirs, en allumant un cierge pour lui. Il savait qu'elle serait anéantie, si elle le perdait dans l'incendie. Il s'en empara donc. Il mit le cadre dans sa chemise et rejoignit à l'air libre celle qu'il avait sauvée.

Le ciel de Paris était si orangé qu'il lui semblait que l'aube allait poindre. Il savait pourtant qu'il n'était que trois heures du matin. Il leva les yeux et découvrit les ravages du feu. Les flammes s'élevaient très haut dans les airs et la fumée noire qui s'échappait du bâtiment était plus haute encore et se perdait dans les cieux. Il entendait les cris. Il entendait les cloches des voitures de pompiers. Il entendait les pleurs. Cependant, rien de tout cela ne l'atteignait. Il n'avait conscience que de ce corps inerte qui gisait à ses pieds.

Son instinct lui disait de fuir au plus tôt. Sa propre vie était en danger. Il ne pouvait prendre le risque de s'attarder. Pourtant, il n'arrivait pas à détacher son regard de cette femme. Le baiser qu'elle lui avait donné le hantait. Il ne pourrait cesser d'y penser le reste de sa vie. Christine Daaé l'avait embrassé de son plein gré. Même s'il savait qu'elle avait fait cela uniquement pour sauver de Chagny, il ne pouvait nier le fait qu'après avoir repris sa respiration, elle s'était à nouveau rapprochée de lui et s'était perdue dans une seconde étreinte.

Il s'agenouilla près d'elle et profita qu'elle soit toujours évanouie pour lui caresser une dernière fois sa chevelure. Pour sentir, une dernière fois, ses boucles brunes sur ses doigts. Il savait qu'il ne la reverrait peut-être jamais. A nouveau, il sentit ce chagrin s'emparer de lui. Sa gorge se serra et les larmes se mirent à rouler sur ses joues démasquées. Qu'il était déchirant de devoir lui dire adieu une deuxième fois, en l'espace d'une seule nuit.

Mais soudain, il se figea d'effroi. Il sentait un liquide chaud couler le long de sa main droite. Il provenait du crâne de Christine. Elle était blessée ! Cela semblait sérieux. Elle avait dû recevoir un éclat de la poutre sur la tête.

« Christine ! Non, je t'en prie, pleura-t-il. »

L'Ange de la Musique se mit à secouer doucement sa muse. Agenouillé près d'elle, il souleva son buste qu'il tenait contre lui.

« Christine, réveille-toi ! Ne meurs pas maintenant ! Je ferai tout pour que tu vives… »

Une larme roula le long de sa face difforme et se déposa sur la joue de la jeune fille. A cet instant, elle entrouvrit légèrement les yeux.

L'Ange se mit alors à pleurer de joie. Il se moquait d'être sans masque, face à elle. Il avait laissé ce dernier dans l'antre. Christine l'avait embrassé sans son masque, où était l'utilité de le porter, alors qu'elle l'acceptait tel qu'il était ?

Cependant, les yeux de la soprane semblaient vides, comme si elle n'arrivait pas à se focaliser sur ce qu'elle voyait.

L'Ange ne put s'empêcher de lui déclarer ce qu'il avait peine à avouer, juste avant qu'elle décide de suivre Raoul à tout jamais.

« Christine, je t'aime… entonna-t-il, à nouveau. »

Les yeux de cette dernière finirent enfin par reprendre vie et ils accrochèrent enfin le regard bleu azur de son mentor.

A cet instant, des aboiements se firent entendre. Ils étaient proches, très proches même. Les policiers le traquaient. Il l'avait oublié l'espace de quelques secondes. Il entendit des ordres que les forces de l'ordre se donner. Les chiens avaient trouvé sa trace.

Alors, le Fantôme dut se résigner à laisser cette femme qui ne lui appartiendrait jamais. Il ne pouvait la prendre avec lui. Il n'en avait pas le droit. Elle avait besoin de soin au plus tôt et le fait que les policiers soient sur la piste du Fantôme leur permettraient d'arriver à temps jusqu'à elle, pour la sauver et la soigner.

Il se releva et cacha son profil droit difforme dans sa main et se mit à courir à travers les ruelles sombres de Paris, afin d'échapper à ses poursuivants.

Disclaimers : Comme le dit si bien mon amie TMara, les personnages du « Fantôme de l'Opéra » ne m'appartiennent aucunement, malheureusement. Ils sont la propriété de Gaston Leroux et de Sir Andrew Lloyd Webber.

Voilà pour cette introduction. J'aimerai poster assez régulièrement mais, pour une fois, très chers lecteurs, je vous demanderai une petite contribution. J'aimerai bien avoir cinq reviews avant de vous poster le prochain chapitre. Sinon, je vous ferai attendre. Et bah oui, on n'a rien sans rien. Je vous force à travailler et chauffer votre clavier, hein ?

Faites-moi cet honneur pour fêter dignement la nouvelle année qui se profile à l'horizon. Et n'oubliez pas que les reviews sont toujours les bienvenus en ce qui concerne ma fic « Apprendre à l'aimer ». Vous vous êtes montré quelque peu avares en commentaires… C'est pas bien…