P rologue

° Je me présente: Harry Potter. Que dire de moi? Je suis insignifiant. Mes parents sont morts. J'étais bébé. Accident de magie. Ma famille a malheureusement hérité de moi. Animosité pour animosité: C'était et c'est encore le seul type de nos échanges. J'ai vécu dans un placard poussiéreux. Plein d'araignées. Le plafond, c'était l'escalier. Pas haut. Apparemment ça m'a empêché de grandir. Les repas sautés aussi. Du coup je suis petit et malingre. De toute façon je n'aurai pas pu être différent. C'est comme ça. J'étais pas maltraité, attention… pas de coup. Juste mon cousin et sa bande. Et le mépris. Et le dégout. Et le rejet. Parfois, de l'indifférence. Quand je fais ce qu'on me dit. Suffisamment vite pour qu'on m'oublie. Oh chance!

Un jour un géant est venu me chercher. J'ai pensé que ma vie allait changer. Je fréquente maintenant une école de magie. A part ça … je suis toujours Petit, malingre, insignifiantJ'ai deux amis. Ron et Hermione. La nuit on traine dans le château. Discrètement. On frôle souvent la catastrophe. Tant qu'on fait que frôler… mais on cherche pas les ennuis. On les attire. Le reste du temps je suis ce type timide et nerveux dont vous vous souvenez à peine du nom. On se souvient facilement de mes amis. Même de neville. Moi je suis transparant. Certaines personnes ne m'ont jamais remarqué, d'autre ont fermé les yeux.

Je dois vivre dans un livre de Roal Dahl. Un mélange désamorcé de Matilda et du Big Gentil Giant. Il n'y a rien à dire.°

Voilà ce que j'aurais dit si j'avais dû m'introduire il y a dix ans. Je vous le produis aujourd'hui pour que vous compreniez bien qu'elle était ma personnalité au moment où tout ceci a commencé. J'étais d'un tempérament calme et sage. Plein de bonne volonté et de complexes. Innocent voire naïf. Je partais du principe que tout ce qu'on me disait été juste, ne voyant à part moi aucune raison sensée de mentir. Obéissant jusqu'à la passivité. Mon monde et ceux qui le régentaient n'étaient pas contestables. Alors pourquoi contester? Un peu fataliste, quoiqu'avec de l'humour. L'image que je possédais de moi n'était définitivement pas positive à qui la faute?. Mais je faisais les efforts d'obéissance nécessaire à faire oublier mes multiples défauts. C'était du moins mon avis et celui de mon entourage. Probablement que si je n'avais pas été aussi curieux, je serai devenu transparent avec le temps. J'ai eu de la chance de ne pas avoir conscience de ce besoin d'observer et de toucher le monde du doigt, de connaître les choses en les éprouvant physiquement. Le savoir pur, extrait des livres, j'y avais déjà renoncé. Car les mots des livres ne sont que des choses inertes. Et de toute façon cela n'avait jamais été pour moi. Chez les Durshley, la lecture était mal vue et à Poudlard c'était l'apanage d'Hermione. Ce n'était pas pour moi. Si j'avais eu conscience de cette faim de réel, je l'aurai bridé, sans aucun doute possible, comme je l'avais fait avec les livres. Et je serais actuellement pareil à une coquille vide. Heureusement, cette exigence était totalement instinctive et irréfléchie. C'était une curiosité sans malice ni but, qui n'avait pour objectif que son seul assouvissement. Elle avait d'autant plus de latitude que le désintérêt général envers moi me permettait d'y satisfaire en toute discrétion. Je me demande ce qui serait advenu si je n'avais pas appris depuis toujours à vivre dans, avec et pour l'indifférence. A la trouver normale. Et à m'en faire une alliée. Après tout, je suis petit, malingre, insignifiant. Probablement que je n'aurai pas pu endurer ce qui va suivre. Je remercie donc le mépris de Tante Pétunia. Le rejet de l'Oncle Vernon. Le dégout de la Tante Marge. Tout ce qui a conditionné mon être à devenir invisible pendant les premières années de ma vie.

D es parchemins poussiéreux qui régissent votre vie…

'arrivai devant la gargouille du bureau du directeur. Ce n'était pas la première fois...

° Pourtant ce coup ci, on n'a vraiment rien fait. Enfin, il me semble. Mais bon, je ne dois pas être là pour rien, hein? Ce ne serait pas logique. Donc j'ai fait quelque chose. Mais quoi? Ça me tracasse. Et j'attends impatiemment qu'on me le dise. Pourquoi chercher ce dont il pourrait s'agir. Je ne devine jamais. Même quand on me décrit mon forfait, je ne le reconnais pas. Alors deviner… mais bon, au moins, maintenant j'assume. Alors qu'au début… heureusement, à force d'être accusé de chose que l'on ne croit pas avoir faites, l'incertitude gagne. Après tout, les autres ne peuvent pas avoir tord sur tout. Donc certains des méfaits sont de moi. C'est logique. Prenons ma vie chez les Durshleys. Ils avaient raison. Tout ce qui était étrange m'était dû. Parfois ça m'ennuie de leur avoir soutenu, au début, que ce n'était pas moi. Mais je ne savais pas. Merlin soit loué, j'ai admis ma responsabilité bien avant ma découverte de la magie. Sinon vous imaginez un peu l'étendu des remords. C'est pour ça qu'il faut que je me méfie de moi-même: je ne me rends même pas compte que je suis coupable. °

Voilà ce que je pensais. Je me rends maintenant compte de ma passivité. Il suffisait que l'on me dise ma culpabilité pour que je la croie d'emblée. Même si mes souvenirs me disaient le contraire. Ça allait même plus loin… Je ne pensais même pas: puisque tout le monde me croit fautif… Non. Avant même que les autres n'y songe, je me considérais coupable. Le problème du mobile est ambivalent. Certains se demande pourquoi «pourquoi se serai moi?». Moi c'était plutôt pourquoi pas? C'était le résultat de mon éducation. A force d'être accusé à tord, on doute. Et quand on a appris à douter avant d'apprendre à parler. Alors, on pense que l'on doit se méfier de soi. Puisqu'à de nombreuses reprises on était coupable sans s'en être aperçu.

J'étais donc devant cette gargouille, et j'attendais de pouvoir offrir mes excuses pour quelque chose que je n'avais pas commis, mais dont je me pensais responsable. Le passage s'ouvrit de lui-même, et je parvins dans le bureau directorial. Le «seigneur Malfoy», prince des Serpentards, s'y trouvait déjà. Mon intérêt en fut décuplé. Qu'avais-je bien pu Lui faire. Mis à part recevoir ses insultes et vaguement défendre mes amis. Je n'étais pas de taille contre lui, surtout contre les moyens dont-il disposait. Et je le savais. Alors quoi? Je me tournais dans sa direction. Beau, froid. Glacial. Je ne savais pas pourquoi mais, je me faisais l'effet d'une vache bien grasse, au marcher aux bestiaux. Il me détaillait. De la tête au pied. Comme un morceau de viande. Comme s'il cherchait un défaut pour obtenir un rabais. Puis il se tourna vers Dumbledore:

«Je m'en contenterai.»

° ??? ° °Se contenter de qui, de quoi? Oh… de moi? °

«M. Potter? Nous sommes réunis afin de vous faire prendre connaissance des termes d'un contrat magique contracté, il y a dix génération entre votre famille et la famille Malfoy»

«…»

«Votre ancêtre en ligne direct, Arthéus Proctus Potter, ayant enlevé puis épousé, en 1653 la dulcinée de Salieris Ectimus Malfoy, une dette de descendance a était contracté par la famille Potter envers la famille Malfoy.»

«…» ° Décidément ces vieux parchemins croulent sous les tournures pompeuses. °

« De ce fait, et jusqu'à la dixième génération incluse, tout descendant de la famille Malfoy se verra dans la possibilité de réclamer sa légitimité sur la vie maritale et la couche des descendantes Potter non mariées.»

«…» ° Je ne vois pas bien en quoi cela me concerne. Je suis un homme, non?...?... C'est bien la première fois que je doute de çà. °

«Ce contrat n'est valable qu'une seule fois, à compter du 15 du mois de Junon de l'an 1653 et pour dix génération.

Clause n°1, si à la dernière génération de viabilité du contrat, les deux familles ne sont pas parvenu à un accord, et quelqu'en soit la raison. Le descendant Malfoy, en l'absence de demoiselle au sein de la famille Potter, aura alors la possibilité, sans nécessité, de réclamer son dû à travers la personne du dernier descendant mâle des Potter. De ce fait et dans ce cas de figure uniquement, M. Potter devenu Malfoy se verra octroyer, de part ce contrat, la possibilité magique de rembourser sa dette de descendance au sein de la couche maritale.»

«…» ° Alors là, il me semble que je n'ai pas tout saisi. °

«…» ° Peut-être que je ne suis pas un homme finalement. °

«En effet, la dette de descendance exige une réparation concrète. Pour cette raison, tout mariage contracté afin de régler la dette nécessitera un descendant mâle héritier du nom, pour ce faire. Dans l'éventualité contraire, la reconduction de la dette se verrait confirmée.»

«…» ° Définitivement plus un homme. °

«[Clause n°2Dans le cas, où le contrat n'aurait pas été rempli, et à compter du mariage de la dernière génération, la dette de descendance s'annulerait d'elle-même, sans possibilité d'un quelconque recourt. Dans ce contexte, la réparation de la lésion ne pouvant plus être fait par restitution ultérieure du bien à la famille lésée, elle s'effectuerait par commutation en «dette de sang». Selon la jurisprudence de l'affaire Hématii vs Spadae, an 812 AD, la compensation des dommages occasionnés à la famille Malfoy, se verrait régler par la défection d'un des membres de la famille Potter.»

«…» ° heu, une précision sur ce que sous-entend le terme défection? °

Le directeur, marqua un temps d'arrêt, avant de reprendre solennellement:

«Je crois, M. Draco Cyaneus Malfoy, que vous souhaitait acquérir votre dû en la personne de M. Potter Harry?»

«Oui, je le souhaite.»

«Reconnaissez-vous M. Potter, comme règlement de cette dette, à supposer qu'un héritier soit conçu?»

«Oui, je le reconnaît.»

«M. Potter, veillez vous agenouiller devant votre fiancé pour l'établissement du lien magique.»

«…» ° Personne ne me demande mon avis. Comment ça se fait. Je crois que c'est le moment de paniquer. Allé, panique! Bof. °

Malfoy irradiait la puissance et la domination. Le directeur s'adressait à moi comme à un objet. Je n'avais pas le choix. On attendait que je me plie à l'ordre qui m'était adressé. L'agacement semblait d'ailleurs poindre, me rappelant ma lenteur. Alors comme je l'avais toujours fait par le passé, je me suis plié à l'ordre. Fléchissant les genoux au sol, pour compléter ce lien dont j'ignorais tout. De toute façon, si on me l'ordonnait, c'est qu'il fallait le faire. Non? Ma passivité n'avait d'égal que ma naïveté, et elles entendaient bien régir ma vie à elles deux. Obéir constituait la norme de ma vie, comme celle d'une marionnette. C'est tout ce que je connaissais.

J'attendais qu'on dispose de moi, agenouillé devant Malfoy, le visage tourné simplement vers le sol. Lui se tenait debout, herculéen face à ma carrure chétive. Il s'exhalait de sa personne un mélange désagréablement fascinant d'arrogance, de dédain et de condescendance. Son aura m'enveloppa, alors que ces deux mains se posaient sur mes frêles épaules. Il semblait encore plus sur de lui si c'était possible et je sentais que mon absence de contestation y était pour quelque chose. De même que le contraste de nos positions, où la mienne reflétait une attitude soumise qui n'était pas qu'apparence. Dumbledore pris place à notre côté et je l'entendis murmurer des sortilèges qui ne semblaient pas faits de mots. Les sonorités douces entrecoupées de syllabes gutturales tourbillonnaient autour de nous, sans qu'une quelconque signification puisse-t-y être apportée. Brusquement l'air se transforma en glace asphyxiante, mon corps broyé au sein d'un étau nivéen. Puis une douce brise tempérée vint en atténuer les effets, livrant passage à l'oxygène. L'alternance de ces deux phénomènes se maintint un moment, avant que le halo de lumière qui nous entourait ne se dissipe.

«Par le sort qui vient de vous unir, je vous déclare promisVotre union devra être célébrée avant qu'un an ne se soit écoulé.»

Mon esprit croulait sous les interrogations. ° Pourquoi veut-Il de ce mariage? Ne préfère-t-Il pas une alliance avec une jeune fille de bonne famille? Pourquoi moi, alors que je suis un homme? Suis-je encore un homme? Comment vais-je Lui donner un fils? Ou même simplement un enfant? Comment diable un homme peut-il enfanter? ° Comme vous pouvez aisément le constater, je ne paniquais pas. Le terme aurait été trop faible: je frôlais la catatonie ou la crise clonique au choix. Mais à aucun moment je ne pensais à l'injustice de la situation. Ni à fuir. Ni à m'opposer. Ou à réclamer des explications. Si je n'avais pas eu le choix, je n'avais pas non plus étais contraint. Mon esprit éludait d'office des questions comme la rapidité avec laquelle tout ceci avait été effectué. Ou bien le choix du moment: pourquoi maintenant, en plein milieu des cours et pas plus tard? Ce qui m'apparaissait comme un processus anarchique avait en fait été calculé et agencé minutieusement depuis longtemps. J'avais déjà accepté tout cela. La seule chose qui me préoccupait, c'était comment réussir ce qu'on me demandait, Le contenter… Et éventuellement comment survivre à ma future grossesse! J'étais anéanti par l'ampleur de la tâche qui m'incombait.

Cependant, tout à mes interrogations, je ne suivais que distraitement les félicitations du directeur. Celles-ci restaient au demeurant très sobres. Après tout, il ne s'agissait pas d'applaudir un couple uni par l'amour, ayant surmonté tout les obstacles pour se lier. Notre union faisait pale figure, mais tout le monde s'en contentait. Même moi, étonnamment. J'étais placé comme jeune fille du siècle dernier. Mon avenir était assuré. Et puis ce n'était pas comme si je n'avais pas l'habitude qu'on régisse ma vie à ma place.

Alors que nous quittions le bureau du directeur, je restais plongé dans mes pensés. Malfoy, quant à lui, m'observait du coin de l'œil avec son sourire ironique. Son insistance finit par me sortir de ma méditation, comme il l'espérait. Se penchant alors à mon oreille il susurra:

«Alors Miss Potter, bientôt prête à satisfaire les envies de son petit mari?»