Titre: I will be the one to watch you fall
Résumé: Anniversaire de Benjamin Linus. 19 décembre 1987.
Disclaimer: Lost appartient à ses créateurs, dont je ne fais (malheureusement toujours) pas partie. Le titre ainsi que les extraits sont tirés de la chanson Infra Red de Placebo.
I will be the one to make you crawl
So I came down to wish you an unhappy birthday
Ses yeux s'arrêtèrent sur le réveil puis sur le calendrier accroché au mur. Un an de plus.
Et dire que quelque part sur cette foutue planète, des gens fêtaient cette journée. N'y avait-il pas un côté sadique à se rappeler que le temps passait inexorablement ?
Imbéciles
En repoussant ses draps, il laissa son regard s'égarer sur la statuette de bois et soupira en se frottant les tempes.
Aujourd'hui
...
Dehors, Roger chargeait un van Dharma.
En retrait, il l'observa... Un simple ouvrier. Voilà ce pourquoi il avait quitté Portland, un travail reconnu et tous ses amis. Pour finir simple ouvrier sur une île perdue, loin de toute civilisation.
Un psychiatre, c'est ce qui l'aurait peut-être sauvé, à l'époque. Mais il avait refusé. Et il avait fui, entraînant un gamin de dix ans dans ses cauchemars éveillés.
Mais peu importe. Ses rides n'auraient pas l'occasion de se creuser et de ravager un peu plus son visage. Il ne saurait jamais ce qu'était marcher avec une canne. Sa voix ne deviendrait jamais chevrotante.
Non, Roger Linus ne vivrait jamais tout cela. Aujourd'hui était son dernier jour, mais il ne le savait pas.
Mon cadeau
Et toujours cet air hébété, ce mélange de mépris et de démence. Un coin de tristesse quelque part, de regret aussi, et c'était ça qui le faisait vomir. Il avait appris à vivre avec la haine, il s'en nourrissait même, mais les excuses qu'il lisait parfois dans ses yeux… un chien coupable qui se roule par terre pour se faire pardonner mais mord quand même à nouveau.
Les chiens dangereux, on les endort. Endors-toi Roger Linus.
...
Les cahots de la route, la chaleur étouffante de décembre. Et dans ce sac, la forme rassurante d'une bouteille.
La vie était parfois étrange, songea-t-il. Il voulait le tuer. Vraiment. Il voulait être présent et se repaître de son agonie, c'était la part du marché sur laquelle il avait été intraitable. Et il n'avait même pas eu besoin de le manipuler. Roger s'était offert lui-même sur un plateau en lui proposant cette "pause père et fils". Seuls au milieu de nulle part.
Et un adversaire à moitié ivre, se noyant dans son chagrin, comme à chaque fois. C'était trop facile.
Non, rien n'est jamais facile sur cette île.
Il y avait toujours un prix à payer et son prix à lui serait un assassinat. Une mise à mort.
Mais il le haïssait assez pour cela. Plus qu'il était haï en retour, beaucoup plus.
Pendant toutes ces années où elle m'a manqué, moi j'ai dû en plus te supporter.
Il avait rêvé ce moment. Pendant des jours, des semaines, des mois. Le sang, la douleur. Voir l'incompréhension de son père, le voir réaliser l'impensable. Le voir se tordre sous l'effet du gaz. C'était ce qu'il souhaitait admirer depuis si longtemps…
Il détourna les yeux.
...
Le monde semblait malade à travers le masque, malade et étouffant. Ses pas lourds, mal assurés, ses gestes fébriles. Le son de sa respiration assourdissant. C'était une marche en Enfer. Un chemin de croix.
Là-bas, Richard l'attendait.
Comme lui l'avait attendu. Longtemps.
A son arrivée, il serait au milieu des cadavres. Ses cadavres, hébétés et sanglants. Ils pourriraient dans une fosse creusée quelque part au cœur de la jungle.
Aujourd'hui, il avait bousculé l'ordre du monde.
Joyeux anniversaire.
One more thing before we start the final face-off
I will be the one to watch you fall
