Ficeuse : Nighty
Disclaimer : FF7 et ses personnages appartiennent à Square.
Genre : Réécriture de FF7, encore une fic où je fais n'importe quoi avec les persos qui me tombent dans les bras.
Personnages : Sephiroth, Aeris, Rufus
Résumé & notes: " Trois enfants prisonniers du bâtiment ShinRa. Cage de fer, cage de verre ou cage dorée. Le petit favori d'Hojo. La dernière Cetra reconvertie en sujet d'expérience. Le fils du président. Qui cherchent à fuir un monde où l'enfance n'a pas sa place. Un brin d'innocence qu'ils cultivent, chacun à leur façon."
Cette fic est le prologue d'une (j'espère) longue série de courts écrits mettant en scène les personnages de FF7 dans leur jeunesse. Donc il est normal qu'il ne s'y passe pas grand chose, c'est juste une sorte d'introduction. La suite devrait arriver très bientôt.
J'espère que ce que vous lirez vous plaira autant que moi j'ai de plaisir à l'écrire ! Et j'en profite pour vous remercier pour toutes vos gentilles reviews qui me font toujours très chaud au coeur.
Chacun à leur façon
Elle est encore en train de pleurer. Elle passe ses journées à pleurer. Ou à tenter de mordre ou de griffer Hojo chaque fois qu'il s'approche - mais ça c'est assez marrant.
J'aimerais bien qu'elle arrête de pleurer. Elle me casse les oreilles.
Assis sur une chaise trop haute pour ses courtes jambes qui ne touchaient pas le sol, Sephiroth observait en silence la petite fille tremblante, recroquevillée au fond de la pièce. Elle avait six ou sept ans, il ne se souvenait plus. Lui en avait un peu plus d'une dizaine. Il résonnait, pensait, calculait déjà froidement comme un adulte. Mais au fond c'était un gosse lui aussi.
Et sa pensée actuelle était de faire en sorte que cette fille arrête de pleurer.
Il finit par sauter au bas de sa chaise. Le bruit fit sursauter l'enfant qui releva d'immenses yeux verts troublés de larmes vers celui qui s'avançait vers elle. Un regard plein d'espoir pendant quelques secondes, avant que ses sanglots ne reprennent de plus belle.
« Arrête de pleurer, Aeris. » soupira le garçon, « Hojo est parti depuis belle lurette. »
« Je m'en fiche d'Hojo… je veux rentrer chez moi ! »
Elle répétait ça tous les jours depuis qu'elle était là. Sans se l'avouer, Sephiroth l'enviait un peu ; elle avait un chez elle, quelque part loin de cette tour gigantesque qui représentait l'empire de la ShinRa. Elle au moins elle pouvait se dire que quelqu'un l'attendait hors d'ici. Quelqu'un s'inquiétait pour elle.
Ce ne serait sûrement jamais le cas pour lui.
En fait si, ça l'était, mais il ne savait pas et ne le saurait jamais.
Hochant la tête, il finit par s'asseoir par terre à son tour. Aeris lui jeta un regard interrogateur. D'habitude, il restait très peu avec elle, lui parlait à peine. Il prononçait parfois quelques mots froids censés la réconforter, il lui accordait un regard inexpressif et puis il s'en allait.
Mais cette fois il s'était assis en face d'elle, ses yeux incroyablement brillants fixés sur le carrelage blanc du sol. Comme s'il avait décidé d'attendre là qu'elle se calme. Avec elle.
« C'est comment chez toi ? »
La petite fille écarquilla les yeux. Sephiroth avait relevé les siens et attendait patiemment une réponse à sa question. Cette fois, il avait peut-être décidé de s'intéresser davantage à son sort.
Timidement, Aeris décrivit la maison dans laquelle elle avait vécu quelques années avec sa nouvelle maman, avant d'être enlevée par la ShinRa un jour d'inattention alors qu'elle se promenait seule dans les Taudis. Elle parla de chaque plante qui se trouvait dans le jardin, des pièces de la petite habitation, de la façon dont chacune était meublée, le tout avec un enthousiasme croissant et une retenue qui se dissipait au fur et à mesure de ses paroles.
Sephiroth l'écoutait sans un mot, tentant d'imaginer ce à quoi pouvait ressembler une vraie maison. Il en avait peut-être eu une lui aussi, autrefois. Mais si c'était le cas, il n'en avait aucun souvenir. A vrai dire, il préférait ça ; au moins il n'avait aucun regret. Il ne passait pas ses journées à pleurer, comme la petite Cetra arrachée à son foyer.
Pour la première fois, ils discutèrent vraiment. Pour la première fois, Sephiroth semblait concerné par les paroles de quelqu'un et prenait même la peine d'y répondre. Pour la première fois d'aussi loin qu'il se souvienne, Aeris avait arrêté de pleurer.
« Oh. » S'interrompant, le garçon fit un signe en direction de la plate-forme du laboratoire, où Hojo siégeait d'habitude pour garder un œil sur ses expériences, « On a de la visite. »
Il pointa du doigt une silhouette qui haussa les épaules en réponse à ce geste en sa direction. Elle quitta la plate-forme et descendit dans le laboratoire où se trouvaient les deux enfants.
« Rufus ? »
« C'est vice-président Rufus pour vous. » corrigea le nouveau venu avec cet accent hautain qui le caractérisait déjà.
Sephiroth leva les yeux au ciel.
« Vice-président, tu parles. T'as même pas sept ans. »
« C'est pas l'âge qui compte. »
Pour accompagner sa réponse, Rufus fit un geste dédaigneux en direction du gamin aux cheveux gris qui osait contredire sa parole.
Il descendait les marches une à une, lentement. Ses vêtements étaient sans le moindre pli, ses cheveux bien peignés et ramenés en arrière, il n'y avait pas la moindre trace d'égratignures sur ses coudes ou ses genoux. Une sorte d'icône du petit garçon modèle. Ou bien une image qu'il se donnait pour satisfaire les attentes de ses parents qui ne le reconnaissaient que lorsqu'il leur rappelait son prénom.
Encore un qui avait grandi trop vite, broyé par les impitoyables mâchoires d'acier de la ShinRa.
« Qu'est-ce que vous faîtes là au juste ? »
« C'est à nous de te poser la question » répliqua Sephiroth en prenant Aeris de vitesse, « Nous on a à peine le droit de quitter cet étage, je te signale. Monsieur le vice-président. »
Rufus ignora le ton volontairement accusateur de l'aîné qui ne manquait jamais une occasion de lui témoigner son mépris.
Aeris essuya ses yeux encore un peu rouges et referma ses bras autour de ses jambes repliées tandis que les deux garçons se chamaillaient. Chamailleries qui ressemblaient à s'y méprendre à un duel verbal entre deux hommes adultes, si on oubliait quelques mots trahissant encore leur jeune âge.
« Tu t'ennuyais, Rufus ? » demanda la petite voix féminine qui imposa le silence par sa seule intervention.
Le fils du président croisa les bras, détournant la tête au même moment.
« Non. Je passais par là par hasard. »
Et alors qu'il s'asseyait par terre à son tour, détruisant par là-même son excuse bancale, il ajouta :
« Hojo ne reviendra pas ce soir. Le vieux l'a envoyé à Junon en catastrophe tout à l'heure, une histoire de sous-marin. »
« Le vieux ? »
« Le Président. » traduisit Sephiroth, qui haussa un sourcil lorsqu'il percuta la portée des paroles de Rufus et surtout leur sens. Un nouveau semblant d'espoir éclaira le visage si souvent renfermé de la Cetra à l'idée d'être tranquille toute une nuit.
« Tu étais venu nous dire ça ? »
« Pas spécialement. Ca vient de me revenir, c'est tout. »
« Alors on peut bouger. » déclara Sephiroth en se relevant pour rejoindre le bureau du scientifique absent.
« Qu'est-ce que tu fais, Sephi ? »
« Sephi ? » Rufus détourna la tête pour masquer son début de sourire moqueur tandis que l'interpellé tentait de garder son calme en rappelant qu'il ne voulait pas qu'Aeris l'appelle comme ça.
Arrivé derrière la console qui dirigeait une grande partie des machines du laboratoire, il fit signe aux deux autres de le rejoindre. Comme s'il avait une idée derrière la tête, lui que personne ne voyait jamais sourire et dont le visage n'exprimait jamais rien.
Rufus et Aeris restèrent interdits quelques secondes avant de se lever à leur tour. Ils regardèrent longuement les documents, boutons et autres manettes qui encombraient le cabinet avant de se concerter silencieusement puis de jeter un regard incrédule à Sephiroth.
« Mais encore ? »
« Et si on fichait une pagaille monstre ? » proposa alors celui aux cheveux argentés, avec une voix tellement froide que ses paroles ressemblaient davantage à un ordre militaire qu'à une proposition de bêtise de sale gosse. « Pour qu'Hojo s'arrache les cheveux quand il rentrera. »
« Mais il… »
« Il ne rentrera pas de la nuit, Aeris. Et moi j'ai très envie de voir Hojo chauve. »
Il y eut un court silence, chacun semblant visualiser la chose. Puis Aeris posa une main sur sa bouche pour retenir un rire qu'elle ne parvint pas à empêcher. Rufus s'autorisa un franc sourire amusé, plus contaminé par le fou rire de la petite fille que causé par son image mentale. Et Sephiroth, quelques secondes à peine avant de reprendre son masque glacial, ricanait sous cape.
Un instant plus tard, ils débouchaient des feutres pour se mettre au travail.
Et réveillèrent, sans même le savoir, une fugitive esquisse d'innocence entre les murs de l'immense et froide tour de laquelle ils étaient tous trois prisonniers. Chacun à leur façon.
