Titre
: D'un cœur à l'autreAuteur
: GaëlleGenre
: POV, angstSource
: Le seigneur des Anneaux (à ma sauce et comme je l'ai re-imaginé, na !)D'un cœur à l'autre
I
[Aragorn]
Nous sommes là, terrés dans ces buissons, à attendre que les oiseaux espions de nos ennemis s'éloignent et mes pensées s'égarent sur mes compagnons.
Quelle compagnie disparate formons nous…
Des hobbits et des humains – ce qui en soit n'est pas si rare que çà – voyageant avec un elfe et un nain, qui tentent de rester – dans la mesure du possible – urbain l'un envers l'autre, le tout accompagné d'un magicien, Gandalf.
Voilà qui sort de l'ordinaire.
A côté de moi, Legolas se tend légèrement, je lui jette un regard inquiet.
C'est lui qui a repéré ces maudits volatiles…
Si sa vue n'avait pas été aussi perçante, même au cœur des siens…
" Ils s'éloignent, " souffle-t-il.
J'effleure sa main de mes doigts pour lui signifier que j'ai compris, ma voix n'est pas aussi légère que la sienne et j'ai peur d'être entendu de ces sales bêtes.
Sa peau est douce, plus même que celle d'Arwen…
Arwen, ma douce Arwen, mon amour d'enfance…
Je ne permets pas à mes pensées de dériver plus avant vers elle, elle me fait confiance et j'en suis honoré, et par dessus tout elle m'aime…
Je ne devrais pas penser à elle maintenant, il y a de trop grandes chances que je ne revienne pas de ce dangereux voyage.
Je dois me concentrer sur le porteur de l'anneau et sa mission…
Frodon…
Il n'est guère plus qu'un enfant tout comme ses amis et pourtant notre sort à tous repose sur ses épaules…
Mais il a la volonté qu'il faut pour la mener à bien et nous sommes là pour le protéger…
La main de Legolas sur mon épaule me tire de mes réflexions.
" Nous pouvons sortir, " annonce-t-il.
Je lui souris et me relève à mon tour, il est de ma taille mais si fin que j'ai l'impression qu'un souffle pourrait le briser.
Voilà que j'ai peur à présent.
Non pas pour moi mais pour cet être à l'apparence presque onirique.
Je me rends compte qu'il a été le seul à me soutenir lors du conseil, le seul à s'être dressé face à Boromir…
Un autre qui m'inquiète celui-là…
Mais pas pour les mêmes raisons…
Il leur en veut…
A Frodon car c'est lui qui porte l'anneau, car c'est de la vie d'un semi-homme dont nous dépendons tous…
Et à l'elfe car il m'a soutenu contre lui, moi le simple rôdeur…
Je ne comprends d'ailleurs pas…
Pourquoi cet acharnement à me défendre contre ses railleries ?
…
Oh, je ne m'en plains pas mais je ne comprends pas…
Il s'est mis à dos une bonne partie de l'assemblée…
Je le revois tenant tête à Boromir qui aurait pu le balayer d'un simple revers de la main et soudain, je suis fier.
Fier de son attitude, de son courage, de sa loyauté et par dessus tout fier de l'avoir comme ami.
Je me tourne alors vers Gandalf, notre guide, notre mentor et le vois froncer les sourcils.
" Notre chemin initial est surveillé… Nous allons devoir changer d'itinéraire. "
Il a raison bien sûr mais cela ne nous laisse que peu de choix…
" Passons par le Ronan ! "
Boromir. En temps normal j'aurais approuvé mais…
" Non, nous passerions trop près de nos ennemis… "
" Il ne reste que la montagne, " fait le magicien.
" Vous prenez le chemin le plus long, " intervient Gimli avec son accent à couper au couteau. " Pourquoi ne pas passer à travers la Moria? Mon cousin nous accueillera… "
Je vois que les tunnels sombres n'attirent guère notre aîné…
Tout comme Legolas que je sens frémir à mes côtés…
Il est vrai que pour un elfe, une mine naine ne doit pas être loin de l'idée qu'ils se font de l'enfer…
Mais il ne dit rien malgré ses réticences.
Je ne l'en admire que davantage, peu des siens seraient capables d'en faire abstraction ainsi.
" Je choisirai la Moria que si nous n'avons d'autre choix. "
Notre blond archer pousse un soupir de soulagement qui fait se retourner Frodon.
Ils se sourient d'un air gêné tandis que Boromir renifle avec mépris.
Je fronce les sourcils mais Legolas a le bon sens de laisser passer l'insulte sans réagir.
[Legolas]
J'aime la neige et en temps normal, je crois que j'aurais gambadé comme un chiot dans cette blancheur majestueuse.
Mais hélas, notre mission est bien trop grave que pour me livrer à de tels enfantillages…
De plus, le nain ne comprendrait pas et se gausserait.
Non pas que je m'en soucie mais je n'ai pas envie de commencer les hostilités.
Nous avons réussi à nous montrer civils l'un envers l'autre, ce n'est pas pour tout gâcher bêtement.
Je sens un picotement dans mon dos et me retourne vers Aragorn et Boromir. Tous deux me fixent avec intensité.
C'en est presque dérangeant.
Pourquoi me regardent-ils ainsi ?
Qu'ai-je fait ?
J'attends qu'ils me rejoignent, accompagnés de Gimli.
Les hobbits peinent entre moi et Gandalf, je les plains, ce doit être si dur pour leurs petites jambes de se frayer un chemin dans la neige…
" C'est étonnant, " fait l'humain brun à côté de moi.
Je sursaute et me recule d'un pas sous son regard amusé, je souris pour masquer ma gêne.
" Quoi donc, Boromir ? "
" Vos pas, sire elfe… Nous nous enfonçons lourdement dans la neige tandis que vous gambadez comme un chiot folâtre sans y laisser de traces. "
Je rougis, la comparaison n'est guère flatteuse.
Et que répondre ?
" Vous vous fourvoyez, mon cher ! "
Aragorn !
L'autre se retourne, un sourire crispé aux lèvres.
" Vraiment ? "
" Tout à fait ! Notre ami Legolas ne ressemble guère à un chiot… Plutôt à un daim, ou à un de ces gracieux animaux qui peuplent nos forêts ! "
Le jeune homme rit soudain.
" Une biche ! "
Là, c'est trop !
Je veux bien me montrer poli et civil mais je ne veux pas me faire insulter par ce rustre !
" La dernière fois que j'ai vérifié, j'étais toujours un homme, Boromir ! "
C'est moi qui parle, là ?
J'ai du mal à reconnaître cette voix sèche et tremblante de colère.
Ce n'est pas seulement moi qui subit cet affront mais mon peuple entier avec.
Il hausse un sourcil surpris.
" Je ne voulais pas vous offenser, Legolas. Pardonnez-moi si c'est le cas. "
Ce qui est drôle, c'est qu'il a l'air sincère. Je n'aurais jamais cru qu'il le serait…
Comme quoi nous connaissons rarement les gens autant que nous le pensons.
Il ressemble à présent à un gros chien tout penaud.
Je suis troublé.
Ces humains sont si changeant.
Un instant arrogants, le second humbles.
" Ce n'est rien, c'est moi qui me suis emporté pour pas grand chose. "
Il hoche la tête et continue son chemin. Je le suis du regard avec regret…
L'ai-je blessé ?
Une main sur mon épaule me fait sursauter.
" Boromir est ainsi fait, qu'il parle rarement après d'avoir réfléchi. Il ne voulait pas vous vexer, Legolas… Changez biche par cerf ou encore chevreuil et vous devriez obtenir un résultat tout à fait convenable et à mon avis criant de vérité. "
Gimli renifle en nous dépassant et je lui jette un regard étonné.
Qu'est-ce qui l'amuse autant ?
Je reviens à Aragorn qui me regarde toujours et soupire.
" Je ne voulais pas m'emporter, " avoué-je guère fier de moi.
Ses doigts se resserrent légèrement autour de mon bras.
" Je le sais et il ne vous en veut pas, soyez en sûr. Mais ce voyage est difficile pour nous tous qui sommes tellement différents les uns des autres et nous n'avons pas fini avec ces petites disputes. Vous n'êtes ni le premier ni le dernier à vous être un peu énervé de toute façon. "
Il me sourit à nouveau.
C'est contagieux et je ne peux m'empêcher de le lui rendre. Nous nous remettons en route et rattrapons rapidement les autres.
Je rejoins Gandalf lorsqu'une tension à l'arrière du groupe attire mon attention.
Le nain insiste encore pour prendre le passage de la Moria. Je n'ai aucune envie d'y mettre les pieds !
Et pourquoi passerions-nous par là ?
La montagne ne pose pas de problèmes, n'est-ce pas ?
Comme pour me contredire, une violente bourrasque me jette à genoux m'arrachant un cri.
La neige la suit rapidement et c'est transi que je rejoins mes compagnons.
" Cette tempête n'est pas naturelle ! "
Ma voix leur parvient à peine, couverte par le vent.
" Je sais ! Mais nous devons continuer ! "
" Les hobbits ne tiendront pas ! " proteste Boromir.
Il s'inquiète vraiment pour eux, c'en est touchant…
Même son ressentiment pour Frodon disparaît…
Peut-être l'ai-je mal jugé ?
[Boromir]
C'est impossible !
Nous ne pourrons pas continuer longtemps comme çà !
Surtout les semi-hommes…
Lutter contre la tempête les épuise, si elle ne se calme pas bientôt, elle les achèvera…
Elle ou le froid.
Et nous avec !
Seul l'elfe semble encore en forme mais il faut dire qu'il est le seul à ne pas avoir à se frayer un chemin dans la neige.
Devant moi, Frodon et Sam se serrent l'un contre l'autre…
Je les vois s'affaisser peu à peu comme Merry et Pinpin.
A l'aide de mes compagnons, nous les ranimons mais il est clair que nous ne devons plus tarder à prendre une décision.
Je me tourne vers notre guide et remarque avec amusement que des cristaux de givre se sont formés dans sa barbe.
" Gandalf ! Il faut faire demi-tour ! "
" Passons par la Moria ! "
Décidément, le nain y tient à ses mines mais il a raison, nous n'arriverons à rien par la montagne.
" Non ! "
" Les hobbits ne tiendront plus très longtemps, " crie Legolas pour se faire entendre par dessus le vent. " Utilisez votre magie ? "
" Pas question ! Ce serait comme si je faisais des signaux de fumée à nos ennemis. "
" C'est çà ou un porteur de l'anneau mort que nous sortirons des montagnes… Si seulement nous nous en sortons ! "
Là, l'elfe marque un point.
" Il a raison ! Le froid est en train de les tuer. "
Il me regarde d'un air surpris avant de me sourire avec reconnaissance.
Ai-je donc été si imbuvable pendant le voyage ?
Sans doute…
Obnubilé par l'humiliation subie au conseil, je ne me suis pas rendu compte qu'il ne défendait que son point de vue et celui de Aragorn…
Un autre avec lequel je me suis montré injuste d'ailleurs.
Gandalf nous fixe l'un après l'autre avant de hocher brièvement la tête. Il nous mène à l'abris d'un rocher avant de déployer ses pouvoirs et de former un feu.
Il ne chauffe pas beaucoup, juste assez pour maintenir la température à un niveau plus supportable.
Presque aussitôt les hobbits s'écroulent, épuisés. Nous les installons plus confortablement et les laissons dormir.
Un léger éternuement derrière nous, nous fait sortir nos armes contre un Legolas plus que surpris qui nous regarde un long moment en clignant des yeux avant d'éclater de rire.
Penaud, je range ma lame avant de me rendre compte du comique de la situation et de me joindre à lui, rapidement suivi par les deux autres.
L'elfe en titube presque et doit se retenir à l'épaule d'Aragorn et à la mienne pour ne pas tomber…
Le toucher est plaisant, agréable…
C'est étonnant, est-ce du à sa race ?
Le nain quant à lui ne s'embarrasse pas de si peu et s'est laissé tomber assis près des semi-hommes pour rire à gorge déployée.
Nous nous calmons peu à peu et Legolas essuie ses joues mouillées par les larmes d'hilarité, il est toujours appuyé contre l'héritier d'Isildur qui lui a passé un bras autour des épaules… pour le soutenir, franche camaraderie ou…
Parfois je me dis que les elfes, avec leur beauté éthérée, leurs mœurs légères à nos yeux mortels et leur sagesse ne devraient pas être considérés selon nos normes…
Ils sont au-dessus de tout cela.
" Si vous aviez vu vos têtes, " rit-il à nouveau.
Un son cristallin et clair qui raisonne agréablement à nos oreilles réchauffant nos cœurs et nos âmes bien plus efficacement que les flammes magiques de Gandalf.
Je bougonne pour la forme tout comme notre sire courtes pattes – évidemment, je ne l'appelle pas comme çà en face, je tiens à la vie moi !
" Si vous n'aviez pas éternué ! "
Il sourit gentiment et secoue ses longs cheveux trempés.
-" Les elfes marchent peut-être légèrement sur la neige et la glace mais ils ne sont pas immunisés contre le froid. "
Quel idiot je fais !
Est-il malade ?
Non, il a juste le nez rougi… un petit rhume, tant mieux, un malade nous ralentirait…
Et puis je me suis attaché à mes compagnons, je n'aimerais pas qu'ils leur arrive malheur.
En parlant de çà…
" Que faisons-nous ? Nous n'arriverons à rien à nous entêter sur ces cols, " fait soudain Aragorn.
Il a raison
Gandalf fronce les sourcils en fixant les hobbits endormis comme des bienheureux.
" Très bien. Dès qu'ils auront récupéré, nous choisirons une autre voie. "
A suivre
