Auteur : Heather-Shelley (Evy)
Personnages : Rebecca C. – A. Wesker – Chris R. – Claire R.
Personnages du chapitre : Rebecca C. – A. Wesker.
Genre : Hurt / Comfort
Rating : M
Résumé globale : Plus d'Excella, plus de Jill… Il est temps pour Wesker de se trouver une nouvelle poupée. De préférence un qu'il pourrait avoir facilement et qui ferrait venir Chris à ses pieds. Il faut croire que la réponse est vite trouvée.
Résumé du chapitre : Retrouvailles « mouvementées » entre ce cher Wesker (j'ai vraiment du mal avec son prénom…) et Rebecca. Beaucoup d'eau est passée sous les ponts, pourtant le passé semble si proche…
Oui, j'ai encore des choses à dire : La première, c'est la traditionnel « Les personnages de cette fic appartiennent à Capcom, je ne fais que les utilisés. Je suis la seule contre qui il faut se retourner concernant les fautes que vous rencontrerez ». Vous connaissez sans doute ce refrain par cœur, mais il est très important, contrairement à ce que l'on peut croire.
Ensuite, je veux m'excuser pour les fautes d'orthographe et de grammaire. Disons que j'ai confié le texte à ma gentille petite-sœur/correctrice, mais elle n'a pas eu le temps de finir et comme j'ai dit à « mon Capitaine » que je posterais le premier chapitre aujourd'hui… Tant pis ! Je corrigerais par la suite !
Si le premier chapitre est très… Soft, la fic n'en contiendra pas moins plusieurs chapitres hentai/yaoi (d'où le rating M). Et niveau couple, je vous « offre » Rebecca/Wesker et Chris/Wesker.
La fic en elle-même m'a été inspirée de mon Capitaine, justement. Disons qu'il… Me tape assez souvent sur les doigts (pas que, mais c'est un secret) et me répète sans cesse que « Rebecca va devenir la nouvelle Excella. » Pour faire simple, j'ai décidé de l'appliquer.
Contrairement à Loin de ce que j'ai connus, La nouvelle poupée de Wesker n'aura rien de régulier dans la publication. Tout dépendra de comment je peux avancer (et donc de mes disponibilités) et de mon inspiration… Je ferais en sorte de ne pas trop trainer, mais je ne garantis rien.
Enfin… Je sais sur qui compter pour me secouer les puces ! x)
Un dernier mot, directement à mon supérieur : il est fort probable que tu retrouves, mot pour mot, des phrases que nous nous sommes dites à travers nos multiples conversations, et pour cause, je m'en suis beaucoup inspirée. D'ailleurs, je te remercie beaucoup de m'avoir grandement constitué les dialogues !
Sur ce et bien… Très bonne lecture à toutes et à tous !
Mardi 1er Juin 2010… Déjà… Bientôt 29 ans… Déjà… Et parmi toutes ces années, pas tout à fait 12 à « pourchasser » le bioterrorisme… Déjà…
D'un coup, je me sens presque vieille. Le temps file si vite… Je revois encore la môme de dix-sept ans qui arrive aux bureaux des S.T.A.R.S., toute intimidée. Je peux retracer ses gestes exacts dans ma mémoire comme s'ils ne remontaient pas à plus de quelques heures. Le silence après qu'elle se soit présentée aux Bravo, la découverte du labo où elle allait pouvoir s'adonner à ce qui la passionnait tant, la biochimie.
Je me souviens aussi très bien d'elle un mois plus tard, quand l'hélicoptère s'est – plus ou moins - écrasé dans la forêt et l'effort quasiment surhumain qu'il lui avait fallu fournir pour garder son calme. Et après ça, dans la forêt, devant le train, dans le train, la nuit qui avait suivi. Et même par la suite, une nouvelle journée, et une autre nuit blanche…
Je connais encore chaque détails de ce mois de juillet 1998, chaque impression, chaque sensation, tout. Tout est gravé en moi au fer rouge. Et c'est pour ça que je lutte, avec les autres. Pour expier ces nuits infernales, pour ne pas me concentrer sur cette cicatrice encore douloureuse après tout ce temps. Et tout ça parce que je me connais et que je sais que si je ne fais rien, je me détruirais toute seule.
De l'adolescente qui portait mon nom, il ne reste pas grand-chose… Une extrême fragilité émotionnelle, un corps quasiment identique, une coiffure inchangée… Et d'horribles souvenirs.
Maintenant, je suis une femme, une adulte réfléchie et beaucoup plus mûre que la gosse du commencement. J'ai la chance de bénéficier, non pas d'une intelligence supérieure aux autres, mais plutôt d'une réflexion plus profonde que la leur. Celle que mes études m'ont inculquées. Enfin… Je suis surtout un agent du B.S.A.A. parmi tant d'autres en fin de compte. Seulement contrairement à eux, j'ai l'impression de ne pas agir. Mon travail consiste principalement en du décryptage de données scientifiques, c'est ce que je fais le mieux, on se demande bien pourquoi. Quand ils n'ont pas de binômes de disponibles, je me retrouve sur les missions sans risques, mais jamais seule. Il a dû arriver aussi que l'on m'emploie à la pêche aux infos, mais encore une fois dans une situation où j'aurais pu avoir un pistolet à eau comme arme, je n'aurais pas couru plus de risques.
Tous passent leur temps à m'assurer que ce que je fais est important pour l'alliance. Je n'en doute pas. Mais je m'ennuie. J'ai envie d'être utile au moins une fois dans ma vie. Je voudrais sentir à nouveau la peur de la mort, l'adrénaline du combat, la recherche pour arriver à un but, la difficulté d'obtenir des informations vraies et utiles pour toi…
C'est sans aucun doute là que se place ma plus grande différence avec la gamine que j'étais au moment où les S.T.A.R.S. existaient encore. Elle redoutait le terrain, je ne demande plus qu'à y aller.
En réalité, les 23 et 24 juillet 1998 ont réellement marqués un tournant dans ma vie. Après tout ce que j'avais ressentis pendant ces deux nuits en enfer, certes j'étais épuisée aussi bien physiquement qu'émotionnellement, mais quand on vit une épreuve pareille, la vie semble avoir perdu son ardeur, après. C'est comme si plus rien ne se passait. Je suis restée une personne sensible à pas mal de choses, surtout au niveau sentimental, mais avec une telle impression de ne pas vivre, au fond. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais cette absence d'épreuve est des plus lassantes. Je veux retrouver la difficulté et la peur. Je veux me réveiller de se sommeil trop long.
Et puis quoiqu'ils en disent, je suis tout aussi compétente que les autres, mes capacités sont parfaitement égales aux leurs. Je suis en parfaite forme physique, je m'entraine encore au tir et mes résultats ne sont pas des plus mauvais, tout le monde me dit que mes réflexions sont logiques et absolument irréprochables… Alors pourquoi me retenir ? Je ne suis plus l'innocente enfant qu'ils ont connu encore au début de l'alliance. J'aimerais tant qu'ils le reconnaissent…
Il est tard, je viens de sortir des bureaux. Il fait nuit, comme d'habitude. Et aussi comme d'habitude, je suis seule. Ce n'est pas à cause de l'heure qu'il n'y a personne avec moi ni même personne qui attende après moi, quelque part. Dans un endroit que l'on appellerait « chez nous », par exemple. Si la plus part d'entre nous ont un mari – ou une femme – et quelque fois même un ou plusieurs marmots, les trois anciens de l'équipe d'élite sommes encore seuls. Certes, nous sommes en réalité quatre survivants, mais sur ce point-là, Barry ne compte pas : il avait déjà une famille avant de passer la porte du manoir Spencer.
Celle d'entre nous qui a été voleuse est quelqu'un de très indépendant. En tout cas, elle semble l'être bien trop pour s'attacher plus qu'en amitié. Peut-être aussi chercher-t-elle quelqu'un de trop parfait… Mais c'est son problème, pas le mien.
L'ex-militaire est tellement prit par sa quête de Wesker… Il veut à tout prix l'arrêter, le tuer. C'est sans aucun doute la seule chose qui occupe ses pensées. A cause de ça, il ne regarde pas autour de lui. Pourtant il a toute la gente féminine – ou presque – pour lui tout seul, alors il pourrait s'y intéresser un peu.
Moi, je semble être la seule à me dire, quand j'ai du temps à perdre, que j'aimerais être au bras de quelqu'un. J'ai l'impression d'être la seule à songer que malgré la situation difficile –surtout de notre point de vue -, qu'il me plairait d'avoir un bonheur personnel, que je voudrais avoir quelqu'un à mes côtés.
Enfin pas vraiment « quelqu'un », je sais très bien qui je veux près de moi. Et c'est très probablement sur ce point que l'adolescente innocente et moi nous ressemblons le plus. Elle était amoureuse de Chris Redfield, je le suis encore.
Evidemment, j'ai appris à refouler ce sentiment au maximum. Assez pour qu'il n'affecte pas notre relation professionnelle tout du moins. Je ne me permettrais jamais de foutre en l'air notre relation minimum en allant trop loin. Sa présence est importante pour moi. Je n'imagine même pas ce que je deviendrais s'il refusait de m'approcher. Non, les choses sont bien mieux ainsi. Il vient quand il a un document ou deux à me faire « traduire ». Je le vois régulièrement et c'est suffisant.
Bien sûr, que je cache énormément mon affection pour lui n'empêche pas que je sens mon cœur s'emballer quand il est très proche ou qu'il occupe une très grande partie de mes pensées… Mais tout ça il ne le sait pas. Et il ne le saura jamais, car je ne veux pas lui causer de tords. Pour lui, je serais toujours une gamine, ce qui est un peu vrai avec nos sept ans d'écart. Je suis plus jeune que sa petite sœur, alors comment puis-je espérer qu'il s'intéresse à moi ?
Un courant d'air s'infiltre dans ma veste ouverte. Je frissonne et la rajuste simplement. Si je n'ai jamais cessé de porter des vestes longues, j'ai perdu l'habitude de les fermer depuis Racoon City. Disons que peu importe si mon holster est à ma hanche ou à ma cuisse, avec un manteau du type, il est plus facile de dégainer quand elle vole autour de toi que dans tu dois défaire les boutons un a un.
Oui, j'ai toujours une arme avec moi, une habitude qui – comme la précédente - me vient de la ville disparue de la carte… Je ne crains plus grand-chose actuellement, mais on m'a toujours appris à être prudente. Et puis ce n'est pas comme si la nuit était rassurante. Comme je suis toujours ou presque la dernière à partir, mes supérieurs et mes collègues préfèrent me savoir avec. Et ceux malgré la maigre importance qu'ils m'accordent, forcement. Enfin je ne vais pas mentir sur le fait que moi aussi, je préfère largement avoir ce vieux Beretta avec moi.
Second oui, je traine toujours la même arme depuis le manoir Spencer. En même temps, sachant que je ne fais quasiment jamais de terrain, je n'ai jamais eu besoin d'en avoir une autre, loin de là. Et puis je me suis habituée à ce revolver… Et dire qu'à l'origine, ce n'est pas le mien… Merci à celui des Bravo qui s'est sacrifié pour moi – indirectement, certes -, je ne suis vraiment qu'une ingrate, je ne me souviens plus lequel d'entre vous me l'a « légué »…
Dans un soupir, je jette un œil à ma montre. 23h10. Il est vraiment temps que je rentre ! D'un pas rapide, je prends la direction de mon appartement. Beaucoup voient le fait d'habiter près de son lieu de travail comme un inconvénient, pour moi, c'est un avantage. Il est tout à fait compréhensible, je crois, que prendre la voiture à une heure pareille tous les soirs ne soit pas vraiment quelque chose qui m'intéresse. Rien ne me contraint de rester aussi tard, c'est vrai aussi. Mais je déteste l'inachevé, alors je veux toujours terminer ce que je fais… En même temps, si je regardais un peu plus ma montre, je saurais peut-être si j'ai le temps de recommencer autre chose ou non. Mais bon, pour moi, elle sert plus de bijou qu'autre chose, j'ignore même s'il lui reste des piles. Ce qui expliquerait pourquoi je sors à la même heure tous les soirs depuis au moins un mois…
Des pas résonnent derrière moi je garde le silence et continue mon chemin. Je ne vois pas vraiment qui pourrait trainer dehors à une heure pareille, mais ce n'est pas la peine de me faire des idées pour rien.
Après quelques dizaines de mètres, je suis certaine d'être suivie. Je prends une grand inspiration, pause ma main sur mon arme au cas où et m'arrête, les pas s'arrêtent en même temps que moi. Rapidement, je fais volte-face, mais ne vois personne. Il est peut-être tard mais je n'entends pas de voix et si ma condition m'avait rendu parano', je serais au courant. La personne à simplement réussi à bien se dissimuler dans l'obscurité.
- Qui est là ? Dis-je, cherchant à être sévère.
C'est définitif, malgré toutes ces années, je n'ai pas plus d'autorité dans la voix que l'adolescente de mon souvenir n'en avait. C'est complètement ridicule. Petite correction : je suis complètement ridicule. En même temps, ce n'est pas comme si j'avais eu l'occasion de m'exercer à donner des ordres…
- Aucun souvenir de moi, officier Chambers ? Répond la personne, presque amusée.
Officier ? C'est un titre que j'ai perdu depuis longtemps ! Qui peut encore m'appeler comme ça ? Quelqu'un qui ne m'a pas revu depuis les S.T.A.R.S. ? Sans doute… En tout cas, je ne vois pas qui d'autre. Si un ancien de la squad avait voulu me taquiner avec ça, je l'aurais reconnu tout de suite. Là, je ne suis pas fichue de me souvenir.
La tonalité de la voix m'est très familière, mais je suis incapable de la raccrocher à un visage ou un nom. C'est pour le moins frustrant, de savoir que la personne à qui tu parles te connait, mais toi, tu ne la connais pas. Ou que tu connais mais que tu l'as oubliée, c'est pareil.
Je ne réponds pas, trop sur le qui-vive pour chercher mes mots. Finalement, les pas se font de nouveau entendre, mais encore derrière moi.
Il se fiche de moi !
Je pivote et dégaine mon arme, il ne me faut pas deux secondes pour identifier ma cible et la viser. Sous le mauvais éclairage du réverbère, une silhouette est apparue. Le visage se dessine sous mes yeux mais je n'arrive toujours pas à me souvenir.
- Tu oses pointer ton arme sur ton supérieur, Rebecca ? Tu mériterais une mise à pied pour ça.
Boum, boum. Mon cœur dans ma poitrine. Je l'entends, je le sens, j'ai l'impression de revivre. Mais la joie est de courte durée, je suis enfin capable de mettre bout à bout ce que j'observe et ce dont je me rappelle. J'ai un nom sur le bout des lèvres…
Wesker ! C'est lui, j'en suis sûre. Comment ai-je pu mettre aussi longtemps à le reconnaitre ? Lui qui nous a trahis. Lui qui m'a tiré dessus !
Je mets tout en œuvre pour rester calme. Ce n'est pas si difficile, mais je ne sais pas quoi faire. Je ne veux pas risquer de me mettre en danger. Du moins pas plus que je ne le suis. D'un autre côté, je ne peux pas non plus le laisser faire ce qu'il veut ! Il représente une telle menace…
Indécise, je l'observe en silence. C'est fou comme il semble ne pas avoir changé. Non, j'en suis même sûre, il n'a pas changé. Pourtant c'est impossible ! En dix ans, ne pas prendre une ride, un signe de vieillesse ? A son âge ? Ce n'est pas crédible. Malgré tout, c'est le cas.
Et évidemment, il porte toujours ses sempiternelles lunettes de soleil… En pleine nuit bordel ! En même temps, je ne devrais pas être surprise, il les avait en juillet 98, dans le manoir. Si j'en avais eu le temps, je me serais longuement demandée si elles ne lui étaient pas greffées, mais pour le coup, j'ais autre chose à faire.
- Tu as changé, depuis le temps…, remarque-t-il.
- Pas vous, Capitaine Wesker.
Oui, je me suis enfin décidée à répondre. Surprenant, hein ! En même temps, ce n'est pas en laissant ma timidité prendre le dessus que je vais lui montrer que je suis une adulte. Enfin… Je croyais l'être. Son apparition commence à m'en faire douter. Mais après tout, je n'ai rien à perdre en essayant de rester sûre de mes actes. Mais vraiment essayer, parce que c'est très mal parti…
J'aimerais bien m'expliquer une chose, aussi… Pourquoi est-ce que je le nomme encore avec autant de respect ? Il ne le mérite pas. J'aurais aimé me dire que ce titre était ironique, mais mon intonation ne me laissait même pas cette possibilité. Je me déteste. Il… Il est tout ce que je dois détester ! Une personne normale lui aurait craché au visage. Et moi, je ne suis même pas capable de m'adresser à lui sans faire preuve de zèle alors qu'il n'est pas sensé avoir encore de l'autorité sur moi. Pathétique.
- La science fait des merveilles, explique-t-il. Tu es plutôt bien placée pour le savoir.
- Il faut croire.
- Tu es tellement plus jolie, maintenant.
Boum, boum.
Pourquoi me dit-il ça ? Que cherche-t-il ? Et surtout, pourquoi suis-je aussi touchée par ce compliment ? Parce que l'on ne m'en fait jamais ? Sans doute… En attendant, ce type est un monstre ! Ma réaction m'écœure. Qu'est-ce que Chris dirait de moi ? Rien que pour ça il me détesterait. Comme si je ne me détestais pas déjà suffisamment !
Et puis à tout perdre, pourquoi est-ce que je ne l'abat pas ? Le rater à une distance si proche reviendrait à louper un éléphant dans un couloir. Je ne tire peut-être pas très bien, mais je fais mieux que ça. Seulement même si j'en ai la capacité, non seulement j'ignore s'il est armé aussi, mais en plus je n'en ai pas le courage. Oui, j'ai descendu du zombie, mais lui a encore une conscience… Je crois…
N'est-ce pas aussi un peu pour Chris ?
Si. Si, c'est aussi pour lui que je ne tire pas. Parce que même s'il ne rêve que de la mort de cette créature génétiquement modifiée, il voudrait la tuer de ses mains. Je ne veux pas lui prendre son objectif. J'ai trop peur de sa manière de réagir. Je ne veux pas qu'il considère sa vie comme terminée parce que Wesker est mort. J'ai tellement peur qu'il se laisse aller après ça. Je ne veux pas qu'il croit que son existence n'a plus de sens. J'ai trop besoin de lui pour le laisser s'infliger une chose pareille.
- On ne me remercie pas ? Veut-il savoir.
- Je ne remercierais jamais la personne au monde qui me fait le plus souffrir.
- Alors comme ça, je suis un motif de souffrance, pour toi, répond-t-il, sous entendant « ravi de l'apprendre ». N'est-ce pas plutôt Chris Redfield ?
Et en plus de ça, il sourit. Un sourire à peine présent et plus narquois qu'autre chose, bien évidement. Cet homme – s'il en est encre un - se fout de moi et ça le fait sourire ! Quelqu'un avec plus de cran que moi lui aurait tiré dessus, rien que pour le blesser, lui faire comprendre de se taire. Moi je ne fais qu'essayer de ne pas m'enfuir. Je ne suis même pas capable de lui dire de la fermer. Mais de quoi ais-je l'air, enfin ?
Finalement, je ne suis pas si éloignée de l'adolescente que je le croyais. C'est dommage.
Puisqu'il me tend la perche, autant être honnête, Chris est effectivement la base de tout. Bien sûr que mon amour à sens unique pour lui est une torture que je subis en silence depuis 12 ans presque jour pour jour. Mais si cette ordure ne nous avait pas trahis, peut-être que les choses se seraient passées autrement. Tout aurait été tellement plus facile. Je n'avais pour entrave que ma timidité, à l'époque. Maintenant qu'il ne pense plus qu'à coincer ce type… Je ne peux plus rien faire, je le connais assez pour savoir qu'il ne voudra jamais ce détourner de cette quête. Encore moins pour moi.
- Bientôt 29 ans, n'est-ce pas, reprend-t-il, changeant complètement de sujet.
- Bientôt 12 ans que vous nous posez problème, n'est-ce pas, tentè-je espérant avoir l'air sévère.
- Dans trois jours…, m'ignore-il.
Mes mains se crispent sur la crosse de mon arme. Comment… ? Comment peut-il connaitre ma date de naissance ? Les S.T.A.R.S. ne la connaissaient pas, les membres de l'alliance non plus… Alors…
Tu es vraiment conne à ce point ou tu le fais exprès ?
J'aurais nettement préféré me dire que je le faisais exprès, mais je ne suis pas capable de me mentir sur une chose pareille.
Mon dossier. Toute la paperasserie nécessaire à mon entrée parmi la squad alors que je n'étais pas majeure, il l'avait eu entre les mains. A tous les coups, ma date de naissance était dessus. Logique. Et normal aussi. Je ne suis qu'une abrutie.
Je dois absolument retourner les choses à mon avantage. Ça va être pour le moins difficile, mais je sais que je peux le faire. Ou en tout cas essayer de le faire.
- Que voulez-vous ? Le défiè-je, espérant qu'il prête attention à mes mots, cette fois.
- Toi, répond-t-il, souriant à moitié.
Boum, boum.
Comment-ça, ce qu'il veut, c'est moi ? Qu'attend-t-il de moi ? Que puis-je lui apporter ? Et même plus simplement, que puis-je lui importer ? La situation me donne envie de hurler.
Il s'approche et je fais tout mon possible pour ne pas reculer. C'est tellement difficile ! Mais je dois tenir bon. Je ne peux pas lui tenir tête et ne pas être foutue de restée en place quand il s'approche.
- Tu sais, je peux t'apporter beaucoup de choses, Rebecca, me propose-t-il
- Comme ? Dis-je, intriguée.
- Chris.
- Et vous pouvez m'expliquer comment ?
- Je n'ai pas l'habitude de discuter avec une arme braquée sur moi.
Wesker a réussi à gagner toute mon attention. C'est fou comme un seul prénom peut vous rendre stupide. Bref, je baisse le canon de mon arme, l'avertissant avec le plus de conviction possible qu'au premier faux pas de sa part, je tirerais. En espérant seulement que j'en ai le temps, ce qui n'est en rien garantis avec un monstre comme lui.
- Répondez, maintenant, voulus-je ordonner, sans grand succès.
- Il suffit que tu viennes avec moi.
- Hors de question !
« Allez vous faire voir ! » reste tout à fait poli et aurait donné plus de poids à ton point de vue, mais bon…
- Il y a pourtant tellement d'avantages que tu pourrais en tirer.
- Parlez à un mur, si ça vous amuse.
- Si tu me suis, pour les autres, tu disparaitras. Et bien sûr pour Chris aussi. Il va s'inquiéter, vouloir te chercher.
- Certainement pas.
- Je n'en serais pas si sûr, à ta place. En tout cas une chose est sûre, dès qu'il te saura avec moi, il n'aura plus qu'une envie, te sortir de là. Il redeviendra ton sauveur.
- Je sais me défendre seule, à présent.
- Ah oui ? Ravi de l'apprendre.
Il n'en finira jamais de ce foutre de toi, on dirait.
Malheureusement, non. Si seulement il avait pu ne jamais revenir, laisser les choses comme elles étaient. Il me propose ce que je veux le plus au monde. Chris. Je l'aime de tout mon cœur et c'est justement ce qui me fait refuser. Il me détesterait de suivre une ordure pareille. Il me détesterait de pactiser avec ce qu'il cherche à anéantir.
Je m'entends faire la remarque à voix haute. J'entends Wesker rire. Qui a-t-il de drôle dans mes mots ?
- Comment pourrait-il t'en vouloir de faire enlever par son pire ennemi ? A moins que tu n'ais, un jour, envie de lui raconter notre petite discussion, il ne se doutera jamais que tu viennes avec moi de manière consentie.
Tout à fait juste. Mais je dois rester à ses côtés. Je veux rester à ses côtés. Et surtout, je ne veux pas être loin de lui. Je n'ai pas le droit de partir avec la cause de ses tourments. Parce que même s'il ne le sait pas, moi, je me sentirais mal vis-à-vis de lui. Et de l'avoir mis en danger juste pour obtenir autre chose qu'une relation professionnelle de sa part est plutôt malvenu. Je ne veux pas prendre ce risque. Je ne sais pas de quoi cet être génétiquement modifié est capable. Et je ne sais même pas si j'ai envie de le savoir. Je ne crois pas, d'ailleurs.
- Je peux t'en donner plus encore, enchaine-t-il.
- Je ne veux rien qui vous appartienne, tentè-je de me convaincre.
- Même pas un laboratoire pour toi toute seule, comme avant ? Pas non plus la reconnaissance de tes travaux ? Je peux t'apprendre beaucoup de choses que tu ignores.
Malgré le temps, j'ai l'impression qu'il me connait mieux qu'avant. Retrouver les paillasses blanches et froides de mes études, travailler avec quelqu'un qui comprenne ce que je dise, apprendre encore… Oui, tout ça, je le voulais. Moins que les bras de l'homme qui retient mon cœur, c'est évident, mais ce n'est pas le genre de choses auxquelles j'ai envie de dire non, fort au contraire. Ce sale type parvient à faire pencher la balance en sa faveur. Je déteste ça.
- Et puis tant que tu seras avec moi, tu ne cours aucun risque, insiste-t-il.
- Être en sécurité avec le traitre qui a manqué de m'abattre ? J'ai du mal à y croire, réfléchis-je à voix haute.
- Je ne suis pas un traitre, Rebecca. Barry voulait me tuer, pour moi, vous étiez de son côté. Alors pour le coup, oui, j'ai essayé de me défendre… Par l'élimination. Mais réfléchis un peu, si je tenais vraiment à vous faire du mal, je n'aurais pas porté secours à Jill.
Son histoire par rapport au fondateur du B.S.A.A. me parait des plus bancales. Par contre, concernant l'ancienne des S.T.A.R.S., une fois de plus, il a raison.
Les choses tournent en sa faveur et je le laisse faire. Je m'étais promise de remettre la situation à mon avantage, pourtant. Quoiqu'au fond, elle ne se retourne pas complètement contre moi… Je ne m'en demande pas moins si ça ne serait pas mieux qu'elle soit tout à mon désavantage. Avec un peu de chance réagirais-je plus.
- De plus, je ne pense pas que le luxe qui m'entoure n'est pas en reste, ma petite Rebecca, surenchérit-il.
- Petite… répétè-je, vexée
- Ma Rebecca, se corrige-t-il.
Boum, boum.
Pourquoi ajoute-t-il un adjectif possessif à mon nom ? Je ne suis pas sienne ! Et qu'il ne compte pas sur moi pour le devenir. Je suis toute à Chris, oui, mais pas à lui. Je refuse de me donner à un monstre. J'ai beaucoup de défauts, comme tout le monde, mais je ne suis pas sotte à ce point.
A côté de ça, je n'ai jamais vraiment connu le bonheur matériel. Oui, la maison de mes parents étaient grande et les équipements de haute technologie, mais tous autant les uns que les autres passions notre temps à travailler. Comme quoi, le nombre de zéros sur leurs chèques pas paye ne nous a jamais vraiment beaucoup importer… Seulement tout ça ne veut pas dire que je suis du genre à cracher dessus. Non, si on me le propose, je me prélasserais volontiers.
Oui, tout ce qu'il me proposait m'intéressait et justement, c'est le problème. Généralement, plus la proposition est alléchante, plus la contrepartie demandée en retour est forte.
- Mais tout à un prix, dis-je, faisant échos à mes pensées.
- Evidemment, confirma-t-il. Tu restes ma subordonnée et tu dois m'obéir.
- Je n'ai toujours fait qu'obéir, ce n'est pas comme si ça allait beaucoup me changer…
- Être obéissante à tous mes ordres. Même des demandes « d'adulte ».
Boum, boum.
Je recule légèrement et pointe mon arme sur lui. Comment ose-t-il ? Il doit bien savoir, pourtant, que je ne suis pas de ces filles qui se donnent au premier venu ! Pourquoi être honnête s'il veut m'avoir ? J'aime Chris. Je suis même folle amoureuse. A moins que mon cœur ne se détourne de lui, il est le seul que je laisserais me toucher… Ce qui explique en très grande partie ma virginité malgré mon âge.
En même temps, ce n'est pas comme si l'on pouvait croire que j'attire grand mode ! Ou raison de plus pour trouver les paroles de Wesker étranges. Quand bien même cet individu m'inspire beaucoup d'horreur, tant par ses actes que sa seule façon d'être, je dois bien reconnaitre qu'il est bel homme. Comme ce cher Redfield, il doit sans difficulté avoir qui il veut avec lui. Alors pourquoi moi ? Son choix ne peut être motivé que par quelque chose qu'il en tirerait.
Il ne m'aura pas, pas si facilement.
- Qu'en dis-tu ? Finit-il par me demander.
- Je refuse de jouer les catins pour vous ! Me défendis-je.
- Ce n'est pas ce que j'attends de toi.
- Alors pourquoi m'avoir prévenu que vos ordres pourraient être « adultes » ?
- Pour être certain de ton dévouement.
- Vous comptez vraiment que je vienne avec vous alors que j'ai de fortes chances de le regretter amèrement ?
- Finiras-tu par comprendre que je ne te veux pas de mal ? Que je ne fais qu'avoir de la compassion pour une femme talentueuse, qui perd son temps ?
Je le déteste. Je me déteste. Il s'amuse avec moi depuis le début. Je le sais, et pourtant, je joue à son jeu, je me plie a ses règles… Comment puis- je être aussi stupide ? Pourquoi est-ce que je me laisse faire ? Parce que tout ce qu'il me propose m'intéresse ? Oui. Et c'est bien le pire dans l'histoire. Je passe un marché avec le diable en personne. Evidemment, le diable gagne. Ma bonne éducation ne peut rien pour moi.
Même si tous ces arguments ont leur part d'importance, la seule idée que Chris vienne me chercher, me reprendre à lui pèse dix fois plus lourd que les autres. Je voudrais qu'il vienne à mon secours, qu'il revoit en moi l'adolescente fragile que j'étais et qui en réalité, malgré tout ce que je pensais, ne m'a pas quittée. Je voudrais qu'il me protège comme dans le manoir. Tout ce que je veux, c'est pouvoir enfin lui dire « Je t'aime ». Je ne rêve de rien d'autre. J'espère seulement que mon aveu ne le fera pas fuir. J'ai un an de moins que sa sœur… Que nous soyons ensembles pourrait être mal vu. Mais cela ne changera rien au fait que je l'aime. Je l'aime tellement.
- Réfléchis bien, Rebecca. Regarde tout ce que je t'offre et la contrepartie que je te demande. Tu auras tout ce que tu voudras, une vie de princesse jusqu'à ce que ton cher Chris vienne te reprendre. Je n'attends de toi que l'obéissance.
Il a raison. Ce monstre a raison. Et monstre ou pas, il est mon supérieur. En tout cas le redevient-il. Subir des ordres n'est rien pour une personne comme moi. Une personne qui ne sait faire que ça. Une personne qui a besoin d'être commandée, dirigée. Je n'ai pas d'initiative ou du moins pas pris l'habitude d'en avoir. Je fais ce que l'on me demande et je me tais. Au moins ça ne changera pas. Voilà déjà une chose à laquelle je n'aurais pas à m'adapter.
Je n'ai pas besoin de dire que j'accepte, mon visage le dit pour moi. Je me suis résignée à ce qui va se passer. Wesker sourit toujours de la même manière – et à cela, il faudra que je m'habitue -, me dit que j'ai fait le bon choix et me donne les premiers ordres que je dois suivre. Ranger mon arme et le suivre. Je m'exécute en silence.
Une partie de moi me dit de lui tirer dessus tant qu'il en est encore temps, me hurles de ne pas le suivre, de revenir sur ma décision trop hâtive. Mais non, pas question, si cet histoire peut me permettre d'être dans les bras de Chris alors je suis capable de tout.
Chris, ne me laisse pas trop longtemps entre ses mains, l'implorè-je mentalement.
Je ne veux pas passer ma vie dans le paradis artificiel que Wesker m'offre. Oui, je compte en profiter, mais le moins longtemps sera le mieux. Je ne veux que le plus jeune d'eux deux. Plutôt il viendra, mieux je me porterais. Sa présence me manquait déjà. Comme chaque soir quand je rentre seule. Mais cette fois, je ne rentre pas chez moi.
Ma dernière pensée en m'enfonçant dans l'obscurité nocturne est encore pour lui.
Je t'aime tellement, Chris. Je me damne pour toi.
