Titre : Les Nouvelles Recrues

Disclaimer : Harry Potter et tous ceux qui l'entourent appartiennent à J.K. Rowling. Lomonaaeren est l'auteur de cette fiction, dont je ne suis que la traductrice.

Introduction : Bienvenue sur cette nouvelle traduction ! Cette fiction comporte 45 chapitres, et est le premier tome d'une trilogie appelée La Course au Paradis. Son auteur originale a achevé de la publier, et je compte m'attaquer au deuxième et au troisième tomes quand j'aurai terminé celui-ci. Bonne lecture !

Chapitre Un – En avant, soldats rebelles

« Mon pote, je suis pris ! »

Harry eut à peine le temps de lever un bras dans sa direction avant que Ron ne se jette sur lui pour le serrer dans ses bras avec enthousiasme. Il ne put s'empêcher de rire en avisant l'expression d'Hermione. Elle était assise à la table derrière eux, et refusait obstinément de regarder dans leur direction tandis que Ron hurlait et donnait de grandes tapes dans le dos de Harry.

« Ca veut dire qu'on va tous les trois pouvoir intégrer la formation des Aurors ! » Ron lâcha Harry et entama une chorégraphie s'apparentant à une danse de guerre autour de la table, au milieu de la cuisine du Square Grimmaurd. Harry rit de nouveau en voyant Hermione serrer les dents et secouer la tête. Ron fit semblant de ne pas la remarquer. Il sauta plusieurs fois dans les airs, dans une illustration de ce qu'il pensait probablement apprendre durant leurs cours d'Auror, puis se tourna vers Harry avec un large sourire. « Je t'avais dis qu'ils ne nous pénaliseraient pas à cause de notre A.S.P.I.C en Potions ! »

Harry baissa les yeux. Il détestait qu'on lui rappelle qu'il n'était peut-être pas assez bon pour être Auror, et avait été accepté seulement parce qu'il était le Garçon-Qui-A-Survécu. Il ne savait pas pourquoi on lui avait néanmoins donné une chance, mais si c'était à cause de ça ?

Ron n'a même pas passé son A.S.P.I.C en Potions, se rappela-t-il, mais au contraire, ça le rendait encore plus sûr de sa théorie, à savoir qu'ils avaient accepté Ron parce qu'il était un héro de guerre. Il s'éclaircit la gorge et dit, « Je sais qu'on va avoir plusieurs cours. Est-ce qu'on doit les choisir, ou est-ce que ce sera comme à Poudlard, et qu'ils décideront pour nous ? »

Heureusement, sa question lui donna autre chose à penser et détourna également Hermione du discours sur la maturité qu'elle s'apprêtait à hurler sur Ron. Elle jeta un coup d'œil à Harry et sourit. « Un peu des deux. Il y a cinq cours obligatoires, mais aussi trois cours facultatifs concentrés sur d'autres domaines d'études. Tu peux prendre n'importe lequel des trois. » Elle tapota un morceau de parchemin posé devant elle, qui ressemblait à une brochure d'information du Ministère. « Ou plusieurs d'entre eux. »

« Pas besoin de se demander combien Hermione va en prendre, » dit Ron, roulant des yeux en direction de sa petite amie.

« Ne sois pas stupide, Ron, » dit Hermione d'une voix étouffée en baissant la tête vers la pile de feuilles qu'elle avait rassemblées. « Je n'ai pas de Retourneur de Temps, et l'une des options n'a pas l'air si passionnante. Je vais seulement prendre sept cours, pas huit. » Elle regarda vers lui. « D'un autre côté, je compte être suffisamment occupée pour être incapable de faire tes devoirs à ta place. »

Ron soupira lourdement dans sa direction. « Est-ce que j'ai demandé quelque chose ? Non, je ne crois pas. »

Le visage d'Hermione se crispa sous la colère. Harry parla aussi fort qu'il le put, parce que si l'une de leurs disputes commençaient, personne ne pourrait penser ou parler d'autre chose durant des heures. « Quels sont nos cinq cours obligatoires ? »

Hermione sortit aussitôt de sa pile une feuille qui semblait plus brillante que la normale, et la fit glisser vers lui. « Vraiment, Harry, je sais que tu en as toi aussi un exemplaire, » dit-elle sur un ton de réprimande. « Si tu prenais soin de tes affaires et que tu les rangeais correctement, tu n'aurais pas besoin de dépendre de moi pour le faire. »

« Mais alors, quel serait ton but dans la vie ? » demanda Harry en attrapant la liste.

Hermione prit un air exaspéré, mais ne le reprit pas, contrairement à la manière dont elle aurait repris Ron pour un commentaire de ce genre. Ce qui renforça la suspicion de Harry quand au fait qu'elle était si irritée envers Ron parce qu'il était son petit ami plutôt que son ami, et qu'elle ne voulait plus lui trouver d'excuse pour ses enfantillages. Harry avait essayé de dire à Ron, plusieurs fois durant l'année précédente, que c'était ce genre de comportement qui risquait de lui faire perdre Hermione, alors qu'ils rattrapaient les cours qu'ils avaient manqués pendant leur quête des Horcruxes et passaient leurs ASPICS à Poudlard. Ron l'avait dédaigneusement ignoré.

Harry espérait qu'il y réfléchirait bientôt. Ron et Hermione se chamaillaient encore davantage maintenant qu'ils étaient en couple, et il aurait détesté les voir se séparer.

La liste des cours s'avéra être moins précise que ce qu'il aurait voulut, puisqu'elle comportait seulement le titres des cours sans descriptions. Harry leva un sourcil. « D'accord, » dit-il. « Je pense savoir ce que sont Magie Offensive et Défensive, Stratégies de Bataille et Médecine de Guerre, mais pour Conduite d'Auror ? Et Combat à Mains Nues ? Pourquoi aurions-nous besoin d'apprendre ça alors que nous avons des baguettes ? »

« Voyons, Harry, » dit Hermione. « Comment penses-tu que les Aurors apprennent les règles auxquelles ils sont supposés obéir, et de quelle façon travailler avec les autres Départements du Ministère ? C'est à ça que servent les cours de Conduite d'Auror. Ils nous apprendront quels sorts nous n'avons pas le droit de jeter, quelles seraient nos peines si nous le faisions, et aussi comment arrêter quelqu'un et mener un interrogatoire. » Ses yeux se mirent à briller.

« Je peux t'assurer dès maintenant que ce sera son fichu cours préféré, » marmonna Ron dans sa barbe. « Parce que ça ne parle que de fichus règles. »

Harry commençait à en avoir marre de servir de conciliateur, alors il imita Hermione quand elle regarda Ron avec désapprobation, et ajouta, « Et Combat à Mains Nues sera réservé aux situations où nous seront privés de nos baguettes, ou ne pourront pas nous en servir. » Il se sentit stupide de ne pas y avoir pensé plus tôt.

Hermione approuva. « Et pour les situations où nous ne pourront pas utiliser de magie parce que nous seront visibles des Moldus, » dit-elle. « Ou les combats rapprochés où la plupart des sorts toucheraient nos amis et nos alliés aussi bien que les criminels. Vraiment, j'aurai aimé savoir comment faire ça quand nous recherchions les Horcruxes. » Elle se pencha par-dessus la table pour caresser la feuille comme s'il s'était s'agit d'un de ses manuels scolaires. « Nous aurions pu nous en servir plusieurs fois. »

Harry se concentra sur la liste des cours optionnels, en partie parce qu'il aurait commencé à penser à la guerre s'il avait continué à écouter Hermione. « Observation, Potions de Guerre, Reconnaissance de la Magie Noire… pourquoi avons-nous des cours séparés en Observation et en Reconnaissance de la Magie Noire ? D'ailleurs, est-ce que ce n'est pas quelque chose qu'on apprendra déjà dans les autres cours ? »

« Oui, » dit Hermione avec une patience forcée. « Mais ces cours sont pour les personnes qui veulent approfondir davantage leurs compétences. » Elle pencha la tête sur le côté. « Je ne pense pas prendre Observation pour le moment. J'ai besoin de pratiquer davantage de reconnaissance de Magie Noire, et comment préparer des potions au milieu d'une bataille. »

« Je pense que Potions de Guerre parle seulement des potions utiliser pour une bataille, » dit Ron entre deux bouchées de céréales.

« Peut-être que tu as raison, » répondit Hermione, détournant le regard, les yeux plissés.

Harry soupira et intervint une fois de plus. « Bon, dans ce cas, je vais prendre Observation. Je ne pense pas avoir besoin de davantage de choses pour reconnaître la Magie Noire, et les Potions ont toujours été ma pire matière. On apprendra sûrement les plus utiles en Médecine de Guerre de toute façon. Mais ça aurait été génial si j'avais pu être un meilleur observateur dans le passé. » Il resta silencieux un moment, et se demanda ce qui aurait pu être changé s'il avait remarqué des années plus tôt que Rogue n'était pas vraiment un enfoiré irrémédiablement mauvais, ou que la baguette de Dumbledore avait quelque chose de bizarre.

Il chassa ses pensées dans un coin de sa tête. « Et Si » était un jeu amusant auquel jouer le soir, quand il n'arrivait pas à dormir. Il refusait de s'y prêter durant la journée. « Et toi, Ron ? »

« Reconnaissance de la Magie Noire, » répondit Ron en se penchant par-dessus l'épaule de Harry pour regarder le programme. « Je suis très observateur. Par exemple, en ce moment même, vous êtes en train de vous regarder avec cette expression signifiant que vous pensez que je suis un cas désespéré. »

Hermione détourna précipitamment les yeux. Harry se surprit à rire et s'installa plus confortablement dans sa chaise, regardant alternativement ses deux meilleurs amis.

Il s'était cru dans un rêve éveillé, quand Hermione avait changé d'avis au sujet de sa carrière d'avocate, et annoncée qu'elle voulait suivre la formation des Aurors à la place, parce qu'elle n'était pas encore prête à s'installer derrière un bureau. Il s'était ensuite demandé si c'était vraiment une bonne chose, au vue des fréquentes chamailleries entre Ron et Hermione.

Mais en ce moment, il se sentait à nouveau plein d'espoir. Ron souriait à Hermione, l'un de ses sourires doux qui persuadait Harry que tout irait bien, et il avait également posé sa main sur l'épaule de Harry. Peu importait combien Ron et Hermione devenaient proches, ils faisaient de leur mieux pour éviter à Harry de se sentir mis à l'écart.

Enfin, autant que possible, évidemment.

Harry soupira. Il y avait un autre jeu auquel il jouait pendant la journée, et ce que jeux s'appelait « Eviter de penser à Ginny. » Il commença à y jouer en demandant à Hermione si elle avait d'autres informations sur les cours, et Hermione sortit une nouvelle brochure.

Harry sourit en lisant que les cours de Conduite d'Auror étaient assurés par Hestia Jones, qui avait fait partie de l'Ordre du Phoenix. Si un cours aussi ennuyeux devait absolument exister, autant qu'il soit enseigné par une amie.

OoOoOoO

« Je ne comprends pas pourquoi tu fais ça, Draco. »

« Ce n'est pas un problème, Mère. » Draco ne releva pas la tête du sac dans lequel il rangeait ses livres. Il avait du les choisir avec attention parmi les livres de Poudlard qu'il possédait encore. Quelques uns de ses plus vieux livres de Potions avaient une valeur sentimentale, il n'avait donc aucun problème à les laisser. Il ne passait pas du Manoir au monde sauvage pour des raisons sentimentales. Mais il prendrait les livres de Défense Contre les Forces du Mal et de Potions de ses trois dernières années de cours. Il soupesa pensivement son plus récent livre de Botanique, se demandant s'il pourrait lui être utile. « Père ne comprend pas non plus, de toute façon. »

« Draco… »

C'était un ton auquel il se devait de répondre. Il ne serait pas le fils de sa mère autrement. Draco leva les yeux, et serra la main de sa mère dans la sienne quand il la vit tendue vers lui. Il se pencha et l'embrassa sur la joue.

Narcissa lui lança un sourire fatigué. Elle avait l'air épuisé depuis le jour où le Magenmagot avait condamné Lucius à deux ans à Azkaban, et l'avait elle-même privée de baguette pour un an. Aussi longtemps qu'elle restait au Manoir, avec des elfes de maison prêts à faire tout ce qu'elle leur demandait, elle n'avait aucun problème à se débrouiller, mais Draco savait que c'était plus que ça. La perte de sa baguette estropiait un sorcier, peut importe les circonstances. Au moins, le Ministère n'avait pas brisé sa baguette et l'avait seulement retirée du Manoir. Le Ministre Shacklebolt lui-même leur avait promis qu'elle était en lieu sûr. Avec ça, Draco devait reconnaître qu'ils pouvaient s'estimer heureux.

La conséquence de l'acceptation de ses parents quand à leur punition était que Draco lui-même n'avait rien à faire si ce n'est une promesse solennelle de ne plus utiliser de Magie Noire, et de soumettre sa baguette à une « analyse » d'un mois (une fois qu'il l'eut récupérer auprès de Potter, qui avait été rude mais néanmoins décent malgré les circonstances). Il avait put étudier et obtenir ses A.S.P.I.C.S depuis chez lui, et il avait eu le courage – et la détermination de montrer à tout le monde que les Malfoy n'étaient ni des lâches ni des criminels, après la chute du Mage Noir – de poser sa candidature pour la formation d'Auror.

Après avoir été accepté, il avait du faire face aux regards déconcertés de ses parents durant le mois passé, aussi bien qu'à leurs sourires fanés et leurs molles tentatives pour le persuader d'abandonner.

« Je dois le faire, Mère, » dit-il, en caressant son poignet pour détendre ses articulations. Elles étaient blanches, remarqua-t-il. En fait, elles étaient blanches la plupart du temps maintenant. Narcissa semblait s'accrocher plus fort aux choses maintenant que sa prise sur les vérités essentielles de sa vie s'était évanouie. « S'il est une chose importante, c'est de montrer à nos ennemis que nous ne nous sentons pas coupables. Nous n'avons rien fait de mal. Nous n'avons pas tué ou torturé de gens pour notre plaisir, contrairement à Tante Bellatrix. » Sa mère tiqua. La mort de Bellatrix était toujours un sujet sensible pour elle. Draco avait essayé d'être honnête avec lui-même depuis la bataille finale, en dehors de l'impression de déception relative à la chute de son père. Dans cette honnêteté, il se devait d'admettre qu'il ne savait pas si sa mère était davantage contrariée par la mort d'une sœur qu'elle avait autrefois aimée, ou par le fait que ce soit une Weasley qui lui ait donné la mort. « Nous ne voulions pas d'eux dans notre Manoir. Tout le monde sait que le Mage Noir m'a forcé à blesser des gens. » Draco grimaça. Ca avait été la partie la plus douloureuse de sa confession devant le Magenmagot, s'écouter dévoiler des détails intimes sous Véritasérum en regardant les expressions de pitié vertueuse sur les visages de ses auditeurs. Ils n'avaient pas le droit. « Le Ministère a déclaré que notre dette été payée. Pourquoi ne pourrais-je par leur montrer que nous avons autant le droit que n'importe qui de prendre part au monde magique ? »

« Je peux le comprendre, » dit Narcissa. Draco attendit. Il avait finit par admettre que ce genre de mots précédait généralement un refus de comprendre. « Mais pourquoi devrait-ce être par la formation d'Auror, Draco ? Pourquoi ne pas simplement attendre quelques années et retrouver notre place légitime ? »

Draco hésita. Il avait voulu éviter de tourmenter sa mère, en lui cachant la vérité. Il avait passé plus de temps qu'elle à l'extérieur du Manoir, et avait vu davantage de choses. Mais il ne pensait pas pouvoir repousser plus longtemps.

« Cette place légitime ne reviendra jamais, » dit-il. « Pas sans que nous nous battions pour elle. Des gens qui étaient amis avec Père depuis des années se détournent maintenant avec mépris quand ils me voient. La plupart des comités ou des associassions caritatives auxquels il avait fait des dons ont modifié leurs archives pour pouvoir dire qu'aucun argent venant des Malfoy ne leur avait jamais été versé. Je le sais, parce que j'ai vérifié, » ajouta-t-il alors que Narcissa relevait vers lui un visage dévasté et empli de doutes. « Nous ne pouvons attendre que le pouvoir nous revienne. Nous devons nous en emparer nous-mêmes. »

Sa mère ferma les yeux et resta silencieuse durant un long moment. Draco ne la dérangea pas. Il la pensait profondément ancrée dans ses rêves de normalité.

Elle se redressa ensuite et hocha la tête avec approbation. « Comme le faisaient mes ancêtres, quand ils voyaient un pouvoir vacant et décidaient que les Black devaient être les seuls à le posséder, » dit-elle. « Je suis fière que tu portes ton héritage, Draco. »

Draco l'embrassa sur la joue et se concentra de nouveau sur ses livres, apaisé. Elle avait pris la nouvelle mieux que son père, et ne lui avait même pas demandé d'expliquer ses autres raisons.

Ces raisons étaient liées davantage à lui-même qu'à sa famille. Draco voulait montrer qu'il était plus qu'un pathétique petit Serpentard, l'ombre de Harry Potter, comme le pensaient la plupart des gens en se rappelant ses six premières années à Poudlard, et plus que le bourreau du Mage Noir. Quelqu'un de puissant et dangereux, quelqu'un avec ses propres compétences, à respecter ou à fuir.

Et il y avait aussi le détail, mineur, qu'aucun Malfoy n'avait jamais été Auror auparavant, et que Draco suivait donc son propre chemin plutôt que celui de ses ancêtres.

Je vais être un Malfoy, mais je vais aussi être moi-même.

OoOoOoO

« Qu'est-ce que Malfoy fait ici ? » chuchota Ron dans l'oreille de Harry.

Harry cligna des yeux et jeta un regard circulaire. « Tu avais raison, » marmonna-t-il, repérant difficilement les cheveux blonds familiers derrière les épaules d'un garçon grand et musclé, la moitié du visage mangé par une barbe. « Tu n'as absolument pas besoin de prendre le cours d'Observation. » Il haussa les épaules. « Où est le problème ? S'il est ici uniquement pour regarder et rêver de ce qu'il ne pourra jamais avoir, ça m'est égal. »

« Et s'il fait partie des recrues ? » C'était Hermione qui avait parlé, et pas Ron, à la surprise de Harry. Son visage était tendu. « Je ne veux pas que quelqu'un qui pense que je devrais me recroqueviller dans un coin pour mourir soit formé avec moi. Il pourrait décider de faire de ses rêves une réalité. »

Harry haussa de nouveau les épaules, impuissant. « Tu sais, je ne pense pas que Kingsley ou n'importe qui d'autre le laisse dire ça… »

« Mais s'il le pense ? »

Harry n'eut pas l'occasion de répondre car sept sorciers venaient de Transplaner à l'avant de l'immense salle où toutes les recrues étaient rassemblées, dans une série de bangs qui attirait immédiatement l'attention. La fumée rose qui ondulait autour d'eux n'était cependant pas douloureuse. Harry tendit le cou pour essayer de voir tout le monde. Il s'agissait sans doute des Aurors avec qui ils allaient passer leurs années de formation. Il espérait seulement ne pas voir de Mangemorts.

L'Auror Principal, Gawain Robards, était facilement reconnaissable. Harry l'avait rencontré plusieurs fois les mois précédents pour parler de ses expériences de guerre, qui avaient été utiles aux Aurors pour rendre leurs sentences durant les procès des Mangemorts. Il n'était pas vraiment gros, mais plutôt large : ses bras semblaient pouvoir porter une maison à eux seuls. Ses cheveux étaient châtain clair et lui tombaient jusqu'aux épaules. La délicatesse de son visage semblait déplacée au milieu de tout ça. Il parcourut des yeux la foule de recrues et hocha la tête. Harry n'avait aucune idée de pourquoi il hochait la tête, mais il essaya de se tenir droit et de rentrer le ventre. Sans Voldemort à courir après, il avait peur de commencer à prendre du poids.

Le second personnage le plus frappant était une femme qui se tenait à quelques pas derrière Robards et faisait tourner sa baguette entre ses doigts avec un sourire désagréable. Harry frissonna. Elle ressemblait à McGonagall, sans les lunettes et la bonté. Ses cheveux gris nattés lui donnaient probablement des mots de tête, et une ligne noire partant de son cou disparaissait dans sa robe. Harry se demanda si c'était une cicatrice, ou bien la chaîne d'un médaillon. Il s'agissait probablement d'Alice Holder, le second de Robards et la responsable disciplinaire.

Il eut le temps de remarquer que trois femmes et deux hommes se trouvaient également avec eux avant que Robards ne porte ses doigts à sa bouche pour siffler durement. Les derniers chuchotements s'évanouir, et Robards hocha de nouveau la tête.

« Je devrai vous dire que je suis ici pour vous accueillir à la formation d'Auror, » dit-il, « mais, au mieux, je peux seulement vous offrir un salut formel. » Il agita sa baguette, et une sphère de feu apparue au-dessus de sa tête, projetant une lumière éblouissante sur son visage et plongeant le reste de la pièce dans les ténèbres. Harry le fixait d'un air fasciné. Il n'avait jamais entendu parler d'un sort comme celui-là. Il pouvait entendre Hermione chuchoter derrière lui, probablement à la recherche d'une plume et d'un parchemin pour pouvoir y écrire ses observations sur le sort et ses effets.

« Eviter les faux pas, » dit Robards, baissant légèrement la voix pour insister sur ce point, bien que Harry était certain que tous dans la pièce le regardaient et l'écoutaient déjà avec attention. « Etre un Auror signifie aussi être un soldat. Il y a une raison pour laquelle plusieurs de vos cours comportent dans leur titre le mot « Guerre ». Nous sommes la première ligne de défense contre les Mages Noirs, et même contre les sorciers et sorcières ordinaires qui ont pu être ensorcelés et ne sont pas responsables de leurs actions. Nous sommes là pour défendre les innocents, pour enfermer ceux qui défient les lois et tentent d'imposer leur volonté sur le monde magique, et également pour éviter le déclenchement d'une nouvelle guerre, comme celle dont tant d'entre nous se souviennent parfaitement. » Il joignit ses mains et pencha la tête. « C'est de notre faute si les Aurors ont joué un si petit rôle dans cette guerre. »

Harry voulut protester, même s'il savait plus que quiconque que les Aurors n'avaient pas été d'une grande aide. Il serra les dents et garda le silence. Robards était convainquant. Harry pouvait comprendre pourquoi il était Responsable des Aurors.

Robards releva la tête avec un regard défiant qui disait sans avoir besoin de mots à tous les Mages Noirs présents qu'ils pouvaient aller se faire foutre. « Mais à partir de maintenant, nous ferons tout pour être une organisation exemplaire et disciplinée, » dit-il, sa voix raisonnant comme un coup de tonnerre. « Et je peux vous promettre que vous ferez partie de cette organisation forte et fière. » Il haussa ensuite les épaules, et sa voix prit un ton d'indifférence glacée. « Si vous ne pouvez pas, ou que vous tentez de nous saboter pour votre gloire ou votre pouvoir personnel, vous serez exclus du programme. »

« C'est ce qui pend au nez de Malfoy alors, » chuchota Ron à Harry.

« Pour le moment, » dit Robards en faisant un pas de côté, « Je vous laisse aux soins de l'Auror Holder et de vos professeurs pour vous distribuer vos horaires et enregistrer vos choix d'options. Les cours ne commencent que demain. » Son visage se fendit d'un sourire que Harry aurait manqué s'il avait ne serait-ce que cligner des yeux. « Bienvenue chez les Aurors. »

Un instant plus tard, il avait disparut, emportant avec lui la sphère de feu et rétablissant de ce fait la lumière habituelle de la salle. Harry siffla entre ses dents et se concentra sur Holder et les autres avec une détermination accrue. Il allait montrer à tout le monde qu'il pouvait parfaitement servir le monde magique, et pas simplement prendre des risques et vivres de dangereuses aventures.

S'il pouvait faire ça, alors il pouvait peut-être aussi combler le vide que la mort de Voldemort semblait avoir laissé en lui.

OoOoOoO

Draco raffermit sa prise sur le sac accroché à son épaule. Le discours l'avait secoué, mais il était toujours déterminé à satisfaire ses ambitions et à rentrer dans les rangs des meilleurs Aurors. Aussi longtemps qu'il projetait sur le public une image d'humilité, pourquoi ne pourrait-il pas atteindre le pouvoir et la gloire ? Le monde était plus compliqué que ce que quelqu'un comme Robards pouvait en comprendre, particulièrement pour quelqu'un comme Draco

Je vais réussir. Ils ne pourront pas me faire renoncer, peu importe ce qui se passera. Potter lui-même ne pourra pas me faire renoncer, s'il est ici.

Il écouta donc attentivement, mais sans inquiétude, le discours de la désagréable Auror Holder. Il avait fini d'être un lâche, fini d'être un enfant, fini d'être quelqu'un qu'il ne voulait pas être.