Blabla de l'auteur : Salut à tous (si tous il y aura). J'espère que vous allez bien. Je vous poste ce petit OS, pour me faire pardonner de vous faire attendre aussi longtemps pour avoir la suite de mes deux fics. Aussi je dédie cet OS à à vous tous qui me lisez et me laissaient des reviews sur chacun de mes chapitres.

Disclaimer : Tout ce que vous reconnaissez appartient à Disney, je ne touche pas un seul centimes en écrivant cette idée qui m'est venu en faisant du piano (ah je vous jure) et promis, je remets tout en place en partant.

PS : N'hésitez pas à aller lire la nouvelle story de nouna intuitulée "Ma nouvelle vie". Elle est juste géniale mais trop courte ^^

Dignité (première partie)

Le réveil sonna, dans la chambre plongée dans le noir, mais la silhouette endormie ne remua qu'à peine. Elle savait bien qu'il ne s'arrêterait que lorsqu'elle appuierait sur le bouton, pourtant elle espéra qu'il cesserait bientôt de lui vriller les oreilles. Sa nuit ayant été courte, elle sortit son bras, de sous la couette et abattit sa main sur l'objet. Le bruit cessa enfin et elle soupira avant d'ouvrir un œil. Les chiffres rouges, lui indiquèrent qu'il était six heures trente du matin. Sans prendre la peine de pester contre ce réveil décidément trop matinal, elle consentit enfin à sortir de son lit, vêtue simplement d'un shorty. Elle était d'un naturel pudique mais elle savait que personne ne viendrait la déranger avant qu'elle n'arrive au lycée, aussi elle ne s'encombrait pas d'un haut de pyjama. Les cheveux dans tous les sens et les yeux au fond de son lit, elle se dirigea, à tâtons, jusqu'à sa chambre et entra sous la douche. Le jet brûlant la réveilla enfin et elle se lava énergiquement, voulant faire partir l'odeur d'alcool et de tabac de la veille. Une fois qu'elle se sentit propre, elle coupa l'eau et s'emmitoufla dans une serviette moelleuse. Se mettant face au miroir, elle passa son reflet en revu. Les boucles pailletées de ses cheveux châtain avaient disparu remplacé par une masse raide et ses yeux avaient retrouvés leur couleur chocolat naturel. Son maquillage était partit entièrement sous l'eau, elle n'avait que la peau légèrement fatiguée. « Un peu de crème hydratante va cacher ça, songea-t-elle. » Tout en hydratant sa peau, elle sourit. Elle était redevenue elle, pour cinq jours. « Au revoir Diamond, bonjour Mitchie, pensa-t-elle, bonne semaine à toi ma petite. »

Chaque lundi, c'était la même histoire. Elle devait quitter le déguisement mental qu'elle enfilait chaque vendredi soir, pour retrouver la jeune femme qu'elle était. Secouant la tête, elle tordit ses cheveux dans une serviette et les enroulant simplement dans une serviette éponge, elle rejoignit son dressing pour sélectionner un ensemble de lingerie blanche en coton, qu'elle enfila avant de mettre l'uniforme obligatoire de son lycée. Tout en se préparant, elle chercha à oublier complètement ce qu'il s'était passé la veille. Ce qu'elle faisait de ses week-ends, ne regardait que Diamond, le personnage fictif qu'elle s'était crée un an auparavant, pour se protéger. Non que son travail ne soit dangereux simplement, être danseuse aux 7 Voiles, n'était le genre de métier dont on se vantait d'exercer. Elle n'en avait pas honte pour autant. Etant mineur, son patron ne pouvait lui demander autre chose que ce qu'elle faisait déjà. Servir les consommations aux clients et danser d'une manière exotique devant eux. Cependant, elle savait qu'à ses dix-huit ans, elle devrait faire comme les autres. S'asseoir sur les genoux des clients, majoritairement masculins, les caresser et surtout accepter d'aller avec eux dans les salons privés. Or, elle ne voulait pas coucher avec des inconnus, pour vingt dollars par partenaire. Ni même pour plus. La jeune femme était habituée à danser, sa passion depuis qu'elle avait cinq ans, même habillée d'un bikini noir en dentelle, mais elle refusait d'aller plus loin. Certes, pour le moment, elle avait l'excuse d'être mineur mais dans deux semaines, ce ne serait plus le cas. « Il faudra bien que je fasse l'amour un jour, songea-t-elle, mais je refuse que ma première fois se passe dans les bras d'un homme qui ignore jusqu'à mon prénom. » Tout en petit-déjeunant, elle chercha, parmi ses amis, qui pourraient lui rendre ce service puis renonça. Elle ne se voyait pas demander une chose pareille à Paul ou Denis, sans leur donner de raison valable et elle leur mentait déjà assez comme ça. Pour ses amis et sa famille, elle travaillait de nuit dans une société de dépannage informatique. Et pour cause, qui pourrait seulement croire que la douce et timide Mitchie se transformait, trois nuits par semaine, en danseuse de charme ? La réponse lui vint naturellement, personne. Mentalement, elle se tourna donc vers les adultes avec qui elle travaillait mais renonça également. Non qu'elle devrait leur mentir, ils la voyaient, chaque week-end se déhancher devant des inconnus à l'œil lubrique, simplement elle était la plus jeune et tous la considéraient, en fonction de leur âge, comme sa sœur, ou sa fille. Elle savait qu'ils refuseraient tous, par principe. Quant aux clients, chaque nuit, dix lui demandaient, sans voir leur vœu se voie réaliser. Elle avait du succès, c'était indéniable, mais elle n'en tirait aucune gloire. Aucun de ces trentenaires bedonnants, ne l'aimaient pour ce qu'elle était, mais simplement parce que la danse lui avait apporté, en plus d'une grâce naturelle, une silhouette des plus agréable à regarder. Pour le moment, personne ne pouvait la toucher, mais bientôt, elle devrait dire oui. Seulement, pour le moment, elle était simplement une lycéenne lambda, qui devait aller en cours.

Lorsqu'elle arriva devant son lycée, elle sourit. Ses amis étaient tous là, entrain de se raconter ce qu'ils avaient fait des deux jours et elle se mêla à la conversation tout en faisant la bise à chaque. Naturellement, on lui demanda ce qu'elle avait fait et elle sourit.

« - Rien d'intéressant. J'ai passé le week-end chez ma grand-mère, dans un bled perdu où le progrès n'est pas encore arrivé. Les téléphones portables ne passent même pas et les cabines sont encore à pièces, se moqua-t-elle.

Elle se sentait, chaque fois, coupable de leur mentir, mais elle ne pouvait leur avouer qu'au contraire de ce qu'ils imaginaient, elle passait ses soirées à danser, presque nue, devant des hommes qui ne voyaient en elle, qu'une silhouette aux formes agréables. Formes qui lui permettaient d'avoir de généreux pourboires, qu'elle mettait sagement de côté. Mathilde soupira en l'entendant raconter son mensonge et acquiesça tragiquement au descriptif. Deux ans auparavant, elle était venue avec elle en vacances chez ses grands-parents et elle avait souffert du manque de confort. « Au moins, ses confirmations le rende plus crédible, songea-t-elle. » Elle sentit son moral chuter de plusieurs degrés au souvenir de la suite de sa vie. « Peu de temps après, maman faisait une chute mortelle dans le montagnes et papa sombrait dans l'alcool pour tenter d'oublier combien la femme qu'il aimait tant, était morte. » La sonnerie retentit, lui permettant de ne pas trop s'enfoncer dans ses pensées, guères reluisantes et elle suivit Elodie jusqu'à la salle de mathématique. Entrant, elle s'assit derrière son amie et sortit ses affaires. Le seul avantage qu'elle trouvait à travailler qu'entourée d'adulte qui avaient souvent plus de trente ans, était qu'il y avait toujours quelqu'un pour l'aider dans une matière où elle peinait. Comme en mathématique, ou grâce à Satine, une danseuse latino fan du film Moulin rouge, elle avait plusieurs leçons d'avance. Souvent, son avance lui permettait de rêver mais depuis quelques jours, ça lui permettait de réfléchir à son problème le plus urgent. Comment perdre sa virginité dans les bras d'un garçon de son âge qui l'aimerait et la respecterait ? Elle n'avait pas la réponse à cette question. Certes, elle aurait pu quitter ce travail qu'elle n'aimait simplement pas, la veille de sa majorité, mais elle avait besoin de cet argent, pour payer les factures. Son père avait perdu son travail presque deux ans auparavant mais lui avait caché durant six mois. Jusqu'au jour, où elle avait intercepté une lettre qui titrait « Dernier avis avant mise en demeure. » Au soir son père était rentré, ravi de sa journée et elle lui avait demandé pourquoi ils risquaient d'être expulsés, avant de lui monter la lettre. Il s'était énervé, hurlant que c'était une erreur, qu'il réglerait ça le lendemain à la première heure et lorsqu'elle avait sentit l'odeur d'alcool, elle n'avait pas insisté.

Le lendemain, elle avait téléphoné à leurs créanciers, puis au patron de son père. C'était comme ça qu'elle avait appris qu'il avait perdu son travail. Aussitôt, elle avait pris l'argent qu'elle mettait de côté depuis plusieurs mois pour l'université et avait payé les dettes les plus urgentes. Seulement, elle avait vite compris que son travail à temps partiel ne suffirait pas et elle avait postulé au 7 Voiles. Le travail n'était pas agréable mais l'accumulation de ses deux salaires lui permettrait de maintenir leur niveau de vie. Doucement son père avait sombré dans l'alcool. A présent, il ne cachait même plus son penchant pour la boisson et buvait le peu qu'il touchait.

Ses amis avaient été consternés de voir qu'elle était obligée de travailler deux fois plus pour vivre, mais aucun ne l'avait jugés. Comme toujours, Mitchie faisait ses choix seuls et les assumaient complètement. Mais le jour où elle avait failli être renvoyée de son lycée parce que son père avait oublié de régler le semestre, ils s'étaient tous cotisés pour le lui payer. Elle avait grimacé bien sûr et pour lui donner bonne conscience, ils avaient acceptés qu'elle les rembourse intégralement. A présent, elle travaillait seize heures par semaine au Jasmin, un salon de thé agréable dirigeait par Rosa, une sexagénaire aimable et toujours chaleureuse. A la mort de sa mère, Mitchie avait trouvé en elle, un réconfort qui lui avait été vitale. Sa vie partait en lambeaux et son père ne s'occupait plus d'elle, mais Rosa avait toujours été présente. Elle travaillait pour elle depuis seulement deux mois quand sa mère était morte, mais venait chaque jour avec plaisir. Parfois pour servir les clients et tenir l'établissement, parfois simplement pour étudier au calme dans l'arrière boutique. Sa patronne était un ancien professeur de lettre qui avait quitté son travail à quarante ans, à la mort de son mari, policier, pour réaliser son rêve. Diriger un salon de thé où l'ambiance serait conviviale. A présent, elle lui permettait de faire ses devoirs entre deux clients et l'aidait souvent à avoir une bonne moyenne en anglais, où la brunette peinait. Souvent, la propriétaire de l'établissement l'avait trouvé endormie dans une table de l'arrière-boutique. Elle se refugiait souvent ici pour ne pas entendre son père rentrer ivre-mort, ni pour le voir s'effondrer comme une masse sur le canapé du salon. A ces yeux, il n'avait plus rien de l'homme fort et puissant qu'il avait été autrefois. Rosa ignorait les détails mais elle n'arrivait pas à en vouloir à cette jeune femme pour laquelle elle s'était prise d'affection. Elle voyait en elle, l'enfant qu'elle n'avait jamais eu et se sentait triste de savoir qu'elle travaillait deux fois plus que ses camarades pour garder son niveau de vie. Un soir, où elle l'avait trouvé particulièrement fatiguée, la jeune femme lui avait avoué travailler tous ses week-end dans une entreprise de spectacle, afin de ne pas lui faire de concurrence, mais avait refusé d'en dire plus. Simplement le travail était éreintant, mais elle se sentait de taille à relever le défi. De plus, avait-elle ajouté, ça lui permettait de rester en forme et d'améliorer sa santé physique.


A ces yeux, la semaine passa trop vite, comme chaque fois et lorsque sonna seize heures, elle sortit du cours d'anglais rapidement et monta dans le bus qui la ramènerait plus rapidement chez elle. A titre exceptionnel, elle commençait à dix-huit heures. Elle entra promptement et prit une douche, troquant son uniforme contre un jeans et une tunique orange à col rond. La brunette s'attacha les cheveux rapidement, mit ses lentilles de couleur bleue et enfila ses bottes avant de prendre son sac. Son père ne s'apercevrait même pas de son absence, aussi elle refusa de mettre un mot qu'il ne lirait pas, lui expliquant qu'elle était partie travailler. Elle prit le bus de justesse et saluant le chauffeur, s'assit. La jeune femme ferma les yeux, tandis qu'il roulait et commença son travail. Première étape, oublier qu'elle était Mitchie, petite lycéenne discrète et laisser Diamond ressurgir. Oublier sa douceur et sa pudeur naturelle, pour laisser place à ce côté de sa personnalité qu'elle gardait enfui.

Diamond était son contraire. Extravagante, excentrique, sensuelle, le genre de femme qui aimait attirer le regard des hommes et ne se gênait pas pour leur faire comprendre quand l'un d'entre eux lui plaisait. Si elle avait été réelle, Mitchie l'aurait sans doute qualifié de jeune femme un peu volage mais attachante. Son regard perdit son sérieux au profit d'un plus taquin et lorsque son arrêt arriva, descendit. Comme chaque fois, elle s'arrêtait avant et parcourait les derniers mètres à pied, afin de se réhabituer à rouler des hanches avec sensualité. Arrivée devant la porte de service, elle salua Bob le videur, qui fumait sa cigarette. Il lui lança un regard désapprobateur, puis elle entra. Depuis son arrivée, il l'avait pris sous son aile. Il avait une fille de son âge et il considérait la brunette comme la sienne. Il veillait chaque soir à ce qu'aucun homme ne l'attende à la sortie et en avait souvent dissuadé quelques uns, même si elle l'ignorait. Elle n'avait que dix-sept ans et ignorait encore le désir qu'une jeune femme aussi jolie qu'elle, pouvait faire monter chez les hommes d'âges mûrs.

Diamond pénétra dans les coulisses, en songeant qu'à partir de là, Mitchie disparaissait pour quelques heures et que son autre personnalité serait au commande de son corps. Ce serait elle qui danserait aussi langoureusement contre les barres de fer, attisant le regard des hommes. Elle qui les ferait rêver. La brunette salua les filles déjà présentes et commença à se changer. Tous, du barman à la danseuse en chef, lui conseillait de partir tant qu'il était encore temps, mais elle avait trop besoin d'argent pour quitter cet emploi. Pour le moment, elle ne gagnait que dix dollars de l'heure plus les éventuels pourboires, ce qui lui permettait de mettre de côté. Ce n'était jamais assez à son goût mais au moins, elle ne travaillait pas jusqu'à l'épuisement pour rien. Elle avait déjà un peu d'argent pour plus tard. La maison et les factures mensuelles, lui mangeaient presque la totalité de ses salaires. C'était pour cette raison qu'elle restait. « Et puis, où trouverais-je un boulot à mi-temps aussi bien payé, se demandait-elle souvent. » Elle savait très bien que son si elle quittait les 7 Voiles, elle devrait également quitter le lycée pour subvenir aux besoins de son père. Ce n'était peut-être pas normal aux yeux de certains mais elle prenait ça comme un devoir. C'était pour cette raison que, semaine après semaine, elle revenait jouer avec la libido masculine. Elle n'aimait pas venir, se balader, presque nue, parmi des hommes qui avaient l'âge de son père mais c'était le seul moyen qu'elle avait de pouvoir continuer à mener une vie à peu près normale.

Tout en mettant sa tenue de scène, un ensemble de sous-vêtements noirs en dentelles, du porte-jarretelle au soutien-gorge, elle soupira. « Voilà un bon moyen de me fâcher, d'une manière définitive, avec les strings, songea-t-elle amusée. C'est peut-être sexy, pour les hommes, mais niveau confort, c'est le zéro pointé. » La jeune femme mit ses escarpins, aussi noir que le reste de sa tenue, enfila un peignoir et, s'asseyant devant un des miroirs, commença son maquillage. Appliquant une crème protectrice, elle se fit les yeux charbonneux, puis poudra de rose ses joues, avant de teinter ses lèvres d'un rouge vif. Observant son reflet, elle fut désabusée quelques secondes, puis se reprit et fit chauffer son fer à friser. Dans moins d'une heure, il ne resterait de la lycéenne, qu'une carte de cantine dans son sac. Soupirant, elle prit son faux tatouage autocollant, en forme d'étoile, qu'elle mit sur sa pommette et s'observa. Elle était méconnaissable. Observant la lumière du fer, qui s'éteindrait quand il serait prêt à l'usage, elle pensa à la réaction de ses proches quand ceux-ci apprendraient où elle travaillait réellement. Son père finirait bien par se remettre de la mort de sa femme, ou du moins, elle l'espérait et ce jour-là, qu'adviendrait-il de son secret ? Douze mois qu'elle le portait sur elle, comme une seconde peau. Son père crierait-il au scandale ou l'aiderait-il à le cacher avant de quitter son travail ? A moins qu'il est trop honte pour l'aider ? La lumière rouge s'éteignit et elle reprit pied à la réalité. Prenant l'objet, elle commença ses bouclettes, puis Liry vint l'aider.

Ici, chaque danseuse avait un surnom qui n'avait souvent rien à voir avec le prénom, ainsi Liry s'appelait Maria, Satine avait été baptisé Juanita, Candy était Julie, quant à Rose, la danseuse en chef, elle s'appelait Aline. C'était d'ailleurs qui lui avait trouvé ce surnom : Diamond. « Comme un diamant, on peut regarder, admirer mais pas toucher, avait-elle dit. » Sur le moment, ça l'avait fait sourire. A présent, ce serait bientôt plus d'actualité et les diamants seraient accessibles sur simple demande. Il fallut presqu'une heure à Liry pour friser complètement sa chevelure et elle la laqua. La remerciant, Diamond se regarda. A présent, il serait impossible aux clients de faire le lien entre elle et Mitchie. Ses camarades de cours pouvaient venir, elle ne craignait pas de danser devant eux. La danseuse de charme qui souriait dans le miroir n'avait plus rien à voir avec Mitchie, petite élève discrète au lycée Kennedy.

Comme elle était prête, elle regarda autour d'elle. Violette, de son vrai prénom Coralie, peinait avec son maquillage et elle alla l'aider. C'était comme ça. En coulisse, toutes s'entraidaient, se donnaient des conseils. Souvent durant leurs pauses, les filles échangeaient des commentaires rarement flatteurs pour les clients, sur leurs manières, leurs fantasmes. Tout y passait, du moment que ça leur permettait d'oublier ce qu'elles faisaient et la brunette se demandait si ce qu'elle entendait la ferait toujours autant rire, quand elle aussi aurait ses propres anecdotes. Elle n'en était pas sûre. Le patron arriva et distribua les tâches. La jeune femme commencerait par servir depuis irait danser qu'à partir de vingt heures. Ce qui lui convenait parfaitement. Elle enfila la jupe, qui permettait de faire la différence entre les danseuses et les serveuses, puis quand dix-huit heures sonna, entra dans la salle principale. A présent, c'était chacune pour soi. Ou du moins, c'étaient ce qu'elles devaient toutes faire croire aux clients. Diamond le savait. Même si la réalité était toute autre. Comment pourraient-elles sérieusement se détester, alors qu'elles faisaient, toutes ou presque, le même travail dégradant, ou on vendait sa dignité et sa fierté pour quelques sous ?

Elle n'eut pas trop de travail jusque dix-neuf heures, quand une dizaine de jeunes, de moins de trente ans, entrèrent dans la salle. Plus ou moins éméchés, ils s'installèrent à une table et Steve, le barman, lui conseilla de s'en occuper. Levant les yeux au ciel, elle prit son calepin et partit prendre leurs commandes en souriant.

« - Bonsoir messieurs et bienvenu aux 7 Voiles. Avez-vous choisi ?

« - Toi, dit l'un d'entre eux d'emblée ce qui fit rire les autres.

« - Désolée, répondit-elle sans le penser, je ne suis pas à vendre, mais ce qui est sur la carte est à consommer ! Une préférence ?

« - Pour les jolies brune frisée, dit-il du tac au tac. Après tout, ajouta-t-il en posant sa main sur ses fesses, dans un endroit pareil, tout est à vendre. Verres, comme services ? Il suffit juste d'y mettre le prix. Et j'ai justement quelque chose dans mon pantalon qui pourrait faire ton bonheur !

« - Vous prendrez quoi, insista-t-elle en gardant son sourire.

« - Je te l'ai dit : Toi ! Ton prix sera le mien !

« Qu'est-ce qu'il est lourd, songea-t-elle en le fixant. » La tablée riait joyeusement. Tous ou presque semblait le trouver drôle, alors qu'elle saturait déjà. Cependant, la politique de la maison était claire. On garde le sourire quoi qu'on vous dise et si jamais un client devient trop entreprenant, on appelle un des videurs. Aussi, elle resta calme et sourit d'une manière plus que suggestive. Passant un bras sur son épaule, elle chuchota, afin que tous entende :

« - T'as raison, faut payer un certain prix pour m'avoir.

« - Combien, fit-il intéressé.

« - Si tu me veux vraiment, c'est une arrestation à domicile par la police pour détournement de mineur et viol, parce que je ne serais pas consentante ! Toujours intéressé, ou tu préfères te contenter d'un verre ?

Etrangement, ou pas, il choisit de boire, sous les rires de ses amis et elle continua à prendre sa commande en se décollant de lui, rapidement. Elle grimaça cependant lorsque le jeune homme, qui n'avait pas trouvé la scène amusante, sauf la chute de la conversation, demanda qu'un soda et elle se mordit la lèvre. Leur patron détestait les clients qui restaient sobre. Selon lui, c'était d'eux que venait les problèmes éventuels. Seulement, il nota sa désapprobation et s'expliqua :

« - Ecoutez, si vous n'avez que des verres alcoolisés, ce n'est pas grave, je ne prendrais rien ! On fête l'enterrement de vie de garçon de mon cousin et je suis un des chauffeurs. Le seul sérieux visiblement !

« - Très bien, je vais voir ce que je peux faire, dit-elle. Mais il va me falloir votre pièce d'identité, pour m'assurer que vous n'êtes pas mineur.

« - Non, rassurez-vous, vous êtes la seule mineur du coin, sourit-il en lui tendant son permis de conduire. Ceci dit, c'est la première fois qu'on me demande ma carte pour s'assurer que je ne suis pas mineur !

« - J'y peux rien, si vous fréquentez des endroits tout public habituellement, répondit-elle du tac au tac en lisant la carte. Bon et bien, monsieur Shane, je vous apporte votre verre, sans alcool.

Souriant à son tour, elle lui rendit sa pièce d'identité puis rejoignit le bar où Steve lui demanda si tout allait bien. Le rassurant, elle donna la commande et expliqua qu'elle avait vérifié qu'il était réellement majeur, pour le verre sans alcool et le temps qu'il les prépare, elle alla à une autre table, près de la scène. Ceux qui se mettaient le plus près étaient souvent des célibataires qui n'avaient jamais trouvés la femme de leur vie et plus la brunette les observait, plus elle en comprenait la cause. Quelle femme voudrait se marier avec un homme qui ne serait avec elle que pour sa silhouette ? Prenant deux commandes, elle revint et les échangea contre le plateau rempli de boissons. Les apportant à la table nombreuse, elle posa chaque verre au bon endroit, sans se tromper. Au moment où elle commença à partir, une main se posa, avec douceur sur son bras et elle se tourna.

« - C'est injuste, sourit le dénommé Shane. Vous connaissez mon prénom, mais je ne connais pas le vôtre !

« - Appelez-moi Diamond ! C'est-ce que tout le monde fait ici !

« - J'ai du mal à croire que vos parents vous aient baptisés ainsi, s'amusa-t-il.

« - Et moi, j'ai du mal à croire que vous teniez à passer le reste de cette charmante soirée, dans votre voiture, or c'est-ce qu'il va se passer si vous ne me lâchez pas dans la seconde, dit-elle en souriant.

Il regarda par-dessus son épaule et nota que le videur et le barman les observaient. Comprenant le message, il lâcha son bras et elle leur souhaita une bonne soirée, avant d'aller servir les autres, faisant signe aux deux garçons que l'affaire était réglée. Néanmoins, elle n'était pas pressée qu'ils repassent une nouvelle commande. Non qu'ils l'effrayaient, plus rien de ce qu'il se passait dans cet endroit de lui faisait peur, simplement le sourire du garçon la mettait mal à l'aise. Se doutait-il de la force et de la douceur qu'il dégageait ? Il semblait encore inconscient des sentiments qu'un tel sourire pouvait faire naître chez une fille. Elle n'était pas entrain de tomber amoureuse, elle se l'était interdit et le patron refusait afin d'éviter les problèmes, seulement Diamond se rendit compte que c'était le genre de garçon pour lequel Mitchie craquait. Heureusement, celle-ci ne reviendrait avant plusieurs heures et d'ici là même elle aurait oublié ce garçon aux cheveux noirs corbeau et au regard chocolat intense qu'il posait sur elle. Tout en continuant son service, elle s'interrogea sur la raison qui le poussait à la fixer et songea qu'il cherchait peut-être à retenir son visage pour espérer la revoir hors des 7 Voiles.

« C'est sans espoir mon pote, pensa-t-elle. Même si tu me croises demain dans la rue, tu serais incapable de me reconnaître. » Dehors elle était une autre. Plus timide et moins extravagante, mais surtout plus douce. A moins que Mitchie ne vienne vers lui, il n'aurait aucune chance de la retrouver. Quant à son autre elle, elle la savait incapable d'aller voir un garçon qui lui plaisait, alors l'aborder, pour lui dire qu'elle l'avait vu aux 7 Voiles, c'était impossible. Néanmoins, durant l'heure qui suivit, elle l'observa souvent et nota qu'il faisait de même. La coquille vide qu'elle était, lui plaisait-elle ? Se pouvait-il que sous cette apparence de garçon, bien sous tout rapport, se cache un de ces animaux, toujours en manque de sexe qu'elle divertissait chaque week-end ? Se pouvait-il qu'il soit semblable à ces hommes, installé devant la scène et qui sifflaient les filles qui se contorsionnaient pour leur seul plaisir ? La première fois qu'elle avait dansé, elle avait été choqué, du langage des clients, elle n'était pas habituée à autant de vulgarité. Toutes ses mains, qui l'avaient frôlés, caressé, ou collé à un corps d'homme, lui avaient fait peur. A présent, ça faisait partit de son quotidien et lorsqu'un client devenait trop lourd, elle se contentait d'un bref signe au videur et celui-ci le remettait à sa place facilement.

Observant le garçon, elle soupira. S'il était comme tous les autres, alors il ne méritait pas Mitchie. Comme dans les cas de dédoublement de personnalité, où l'une protège l'autre, Diamond protégeait la jeune femme qu'elle était la semaine. De plus, dans le corps de Diamond, avec tous les adultes qui veillaient à ce qu'elle n'ait aucun problème, elle se sentait plus confiante et n'hésitait à dire aux hommes quand ils allaient trop loin. Aussi, quand elle avait cette apparence, elle se sentait plus protectrice de la jeune femme qu'elle était réellement. Elle refusait que la lycéenne sorte avec un garçon qui ne la mériterait pas. Et aucun des hommes qui fréquentaient cet endroit n'était digne d'elle. Elle avait pourtant bien conscience du problème de Mitchie mais, au contraire d'elle, Diamond savait qu'en une semaine, il serait impossible à la jeune femme de tomber amoureuse d'un garçon bien et d'avoir assez confiance en lui, pour le laisser lui faire l'amour. De plus, même si elle y réussissait, comment, en sept jours, pourrait-elle apprendre tout ce qu'elle devait savoir pour devenir assez douée pour les clients ? Elle savait qu'à partir du moment où elle coucherait, son salaire doublerait, mais le jeu en valait-il la chandelle ? Devait-elle réellement vendre, en plus de sa dignité et de sa fierté, son âme au Diable, pour sauver l'existence misérable de son père ? La sienne n'avait pas réellement d'importance. Elle avait déjà prévue d'arrêter ses études un an, pour travailler à temps complet chez Rosa, afin de mettre beaucoup d'argent de côté, mais serait-ce suffisant pour voler de ses propres ailes ? Et surtout, en aurait-elle le courage ? Elle avait beau haïr l'homme qu'était devenu son père, à certains moments, au fond d'elle, Diamond sentait l'amour que Mitchie avait pour lui. Elle se sentait responsable de la mort de sa mère et ne voulait pas que celle-ci lui en veuille de là où elle était. C'était également pour cette raison qu'elle avait pris ce travail. Si réellement, ils en venaient à être expulsés, elle ne pourrait pas dire qu'elle n'avait pas tout fait pour éviter cette catastrophe. Seul point positif, elle ne se retrouverait pas à la rue. Satine, Rose et d'autres, lui avaient proposé de la loger, si jamais elle avait des ennuis. Elles ne savaient rien de sa situation familiale mais elles se doutaient tous qu'elle ne devait pas être joyeuse, pour qu'une jeune femme, encore innocente à bien des points, vienne se vendre au plus offrant dans un endroit aussi sordide.

Un geste attira son attention et elle regarda Steve. Celui-ci la prévint que c'était à son tour de monter et elle acquiesça. Se faufilant dans les coulisses, elle vérifia rapidement son maquillage, détacha sa cascade de boucles et après avoir enlevé la mini-jupe portefeuille qu'elle avait, monta sur scène. Passant par le rideau, elle alla voir Violette et l'embrassa sur la bouche, lui faisant comprendre qu'elle pouvait aller servir les clients qui auraient le droit de demander des extras. Naturellement, les habitués des lieux la sifflèrent dès qu'elle arriva et elle sourit sans envie. Tout de suite, elle ne rêvait qu'une chose, quitter la scène en courant, enfiler son jeans et ses bottes et partir d'ici en courant. Au lieu de ça, elle donna un léger coup de bassin, qui fut sifflé et commença à se hancher au son d'une musique atroce, se caressant pour le plaisir des clients. Elle ne trouvait aucun plaisir à faire ces gestes. Lorsqu'elle en avait parlé à Satine, celle-ci lui avait conseillé d'imaginer que c'était son ex copain qui la caresser, mais devant la couleur carmin qu'avait pris ses joues, la latino avait compris qu'elle n'avait jamais été si loin, si tentée qu'elle avait eu un copain, aussi elle lui avait dit d'imaginer que c'était le garçon qui lui plaisait qui la caressait, mais même ce conseil n'avait servie à rien.

Elle ignorait quelles caresses étaient agréables et souvent, elle écoutait les conversations des coulisses pour en apprendre d'avantage ou observait les filles sur scènes cherchant à reprendre leurs mouvements, les arrangeant afin qu'on ne voit pas qu'elle copiait simplement, mais elle n'était, heureusement, jamais satisfaite de ses prestations. Pourtant, elle ignorait qu'elle inspirait, chaque soir un peu plus, de désir chez ceux qui la regardaient. Même Josh, le second barman s'était déjà réveillé avec une érection qu'il faisait passer en pensant à elle et aux chorégraphies qu'elle reproduisait quand elle était sur scène. La manière qu'elle avait de s'accrocher à la barre, d'onduler dessus ou la façon qu'elle avait de se frotter contre elle, la faisant glisser entre ses seins, fermant les yeux comme si ce simple geste lui procurait un bien fou. Souvent, il l'avait aperçu se mordant les lèvres, alors que sa main caressait un de ses seins, jouant doucement avec le mamelon qu'il imaginait dur de plaisir. Ce soir encore, il l'observait du coin de l'œil, tout en servant les clients et fixa doucement la main qu'elle fit courir de son cou, jusqu'entre ses cuisses avant d'esquisser un petit sourire de contentement. L'espace d'un instant, il s'imagina, la faire gémir de plaisir, puis se reprit. La plupart du temps pourtant, il la considérait comme sa sœur et refusait qu'un client s'approche trop près d'elle, ne voulant pas la voir se faire pervertir par un de ces trentenaires aux pratiques douloureuses et à l'hygiène douteuse. De plus, la nouvelle comme quoi, elle était encore vierge, incitait tous les garçons présents à faire doublement attention à elle, tout en rêvant secrètement de pouvoir être son premier amant.

Dans la salle pourtant, tous les clients n'étaient pas ravi de ce spectacle. Shane n'était venu que pour s'assurer que son cousin ne ferait pas d'erreur. Sa future femme le lui avait demandé et il avait accepté la mission, lui promettant qu'il lui serait fidèle jusqu'à l'autel, s'amusant du fait qu'il ne pouvait se porter garant plus longtemps d'un jeune de vingt-sept ans, mais Coraline avait sourit, décrétant qu'elle reprendrait le flambeau dès qu'il aurait dit le oui symbolique. Au début, il n'avait été très chaud pour entrer, mais s'il restait à l'extérieur, il ne pourrait s'assurer de la fidélité de Bastien, puis il avait vu la jeune femme. Elle lui avait d'abord semblait avoir dix-neuf ans comme lui, mais quand elle avait parlé de détournement de mineur, il s'était brièvement interrogé sur sa présence ici, puis quand il avait vu que tous les employés masculins s'assuraient qu'aucun client ne l'ennuyait, il s'était dit que c'était simplement la fille du patron qui venait en renfort, mais à présent, il doutait de sa théorie. Quel père, digne de ce nom, laisserait sa fille, encore mineure, danser et se tortiller contre une barre en fer, excitant tous les hommes de la salle ?

Il était prêt à parier que même les trois barmans n'étaient pas indifférents à ce spectacle. Lui-même avait beaucoup de mal à se pas sentir le désir de la faire sienne, monter doucement en lui pourtant, au contraire des autres de sa table, il n'en éprouvait aucune joie. Il avait aimé la voir et l'entendre, remettre en place le premier témoin de son cousin, la manière qu'elle avait eu de jouer avec lui, sans s'avancer, avant de mettre clairement les choses au clair, sans se départir de son sourire lui avait plut. Il s'était régalé de ce petit intermède, de même que leur conversation suite à sa commande. Même s'il restait persuadé que sur sa carte d'identité, ce n'était pas marqué Diamond, le fait qu'elle refuse de le lui donner, prouvait bien qu'elle ne voulait pas qu'on sache qui elle était réellement, préférant cultiver le mystère. Mais à présent, qu'il la voyait se donner en spectacle, simulait un plaisir qu'elle était loin de ressentir, il en était persuadé, elle le dégoûta plus qu'autre chose et il refusa d'en voir d'avantage. Tournant la tête, il observa les serveuses. Celle qui venait de quitter la scène arriva à ce moment et leur demanda s'ils désiraient autre chose. Quelques secondes plus tard, son oncle partait avec elle, dans le fond de la salle et il secoua la tête. Il se doutait que la plupart des femmes détestaient n'être qu'un objet de plaisir, mais que ce soit la base de leur travail l'étonnait. « Ont-elles seulement envie de coucher avec un homme, quand elles acceptent de les emmener dans un coin plus privé, se demanda-t-il. » Il avait du mal à le concevoir. Être obligé d'avoir des orgasmes quasiment sur commande, devoir simuler le plaisir dans une pratique qu'elles détestaient, ou accepter de se faire humilier lorsqu'un homme décidait d'éjaculer sur son visage, il se demandait ce qui pouvait pousser une femme à accepter d'être traiter aussi bas. Jusqu'où étaient-elles prête à avoir pour de l'argent ?

« - Hey mec, regarde son déhanché, à celle-là, elle ferait rêver plus d'un, même habillée, intervint Bastien le coupant dans ses pensées.

Levant les yeux, il nota que son cousin parlait de Diamond et tourna la tête. Il l'avait observé durant une heure, il connaissait son déhanché, par cœur, même si celui-ci semblait un peu forcé, il n'avait pas besoin de le voir en détail sur scène, alors qu'elle était nue ou presque, puisqu'il avait noté que sa tenue ne cachait au final que trop peu de chose. Sans s'en apercevoir, puisqu'il était reparti dans ses pensées, il se mit à la fixer, sans avoir de réaction réelle. Elle avait beau danser langoureusement, se caresser ou imiter le déhanché de Shakira, il restait de marbre, devant ce spectacle qu'il ne voyait pas.

De son côté, la jeune femme nota qu'il était un des seul à ne pas apprécier le spectacle et elle ne comprit pas. Changeant de tactique, elle chercha à attiser son regard, le faire briller, juste pour s'assurer qu'elle lui plaisait même un peu, mais il resta de marbre, devant ses caresses suggestives, sa danse de plus en plus exotique, ses gestes de plus en précis. Pourquoi l'avait-il autant fixé quand elle servait si elle ne lui plaisait pas ? Parce qu'il n'était pas à l'aise dans ce lieu ? Qu'il ne s'y sentait pas à sa place ? Elle aussi partageait cette impression mais elle ne pouvait pas partir avant quatre heures du matin, sous peine d'être renvoyée. Néanmoins, elle voulait comprendre pourquoi il refusait de la regarder maintenant alors qu'il ne s'était pas gêné pour la fixer depuis son arrivée. Qu'avait-elle fait de mal pour que subitement, il soit presque dégoûté en la voyant danser ? Elle n'en était pas sûre, bien sûr. Devant sans cesse bouger, elle ne pouvait décrypter son regard avec autant de facilité qu'elle l'aurait souhaité, mais elle comptait sur son retour en tant que serveuse pour comprendre. Jamais une heure ne lui parut aussi longue. Elle dansait, excitant les hommes, par de subtiles caresses faite à elle-même ne s'approchant qu'en échange d'argent, mais pourtant, elle s'ennuyait encore plus que d'habitude. Si seulement, elle n'avait pas autant besoin d'argent, elle aurait volontiers claqué la porte de cet enfer depuis des semaines, seulement ça lui était interdit. Ou du moins jusqu'à l'obtention de son diplôme. Etrangement, elle allait regretter de partir, le jour où elle quitterait la maison familiale. L'été qu'elle avait passé, à danser chaque soir ou presque lui avait permis, de mettre beaucoup d'argent de côté en prévision des grosses factures de fin d'année. Mais ayant gérer les finances d'une main de maître, elle avait vu la moitié de son épargne, continuer de dormir sur son livret et avait sourit. Elle avait à peine de quoi payer sa première année de faculté, mais elle savait que d'ici la fin de l'année scolaire, elle aurait assez pour un an. Après, elle quitterait cet endroit, peut-être après les vacances et demanderait à Rosa de travailler chez elle, à temps complet, lui expliquant qu'elle avait besoin de mettre de l'argent de côté. Elle ignorait si elle le pourrait réellement, mais elle pourrait toujours essayer.

Satine vint l'embrasser, signe qu'elle avait terminé pour le moment et ravie, la brunette rejoignit les coulisses. Elle remit sa jupe, rattacha ses cheveux et bien sûr, rectifia son maquillage. Lorsqu'elle entra dans la salle, elle observa Steve, qui leva quatre doigts, ce qui la fit sourire joyeusement. « Alors comme ça, quatre clients ont voulu m'allonger, songea-t-elle. » Seulement, alors qu'elle voulut le rejoindre, un homme, à la carrure impressionnante se plaça devant elle l'empêchant de passer. Sans prendre la peine de lui demander son prénom, ou plutôt son surnom, il lui proposa de passer au fond, en lui tenant le poignet qu'il serra fortement, mais avant qu'elle ne puisse demander de l'aide au videur, quelqu'un s'interposa.

« - Tu ferais mieux de voir dans ta tranche d'âge, intervint Shane d'une voix sans émotion. Cette poupée là est encore mineure !

L'homme la fixa, alors que pour sa part, elle regardait son sauveur, pas certaine de savoir quoi penser. Devait-elle le remercier de l'avoir aider ou le frapper pour l'insulte à peine voilée ? Elle l'ignorait et lorsque l'homme partit demander à Liry, elle se tourna vers le garçon pour lui dire merci, sans savoir si elle devait, ou non, le penser. Seulement, il ne lui laissa pas le temps de réagir puisqu'il continua son chemin, allant jusqu'aux toilettes. Vexée, Diamond fit signe au barman qu'elle en avait pour deux minutes, puis, suivi le garçon. Lorsqu'elle ouvrit la porte, il se figea, plus que mal à l'aise. L'idée d'uriner devant une fille le gênait, seulement il savait qu'il ne pourrait plus tenir très longtemps.

« - Je voulais juste te dire merci, pour ce que tu viens de faire, dit-elle en le fusillant des yeux, même si je n'ai pas apprécié le « poupée » ! Mais venant d'un garçon, surtout de ton… Acabit, fit-elle en le regardant de haut en bas, j'imagine qu'on ne peut guère attendre plus ! Bonne fin de soirée !

Elle ressortit aussitôt et reprit son travail. Son carnet de commande à la main, elle passa entre les tables, servant les verres des uns et des autres, laissant les clients mettre directement ses pourboires à sa taille coincés dans la ceinture de sa jupe, ou dans l'élastique de son string. A un moment cependant, elle dut aller servir la table où était Shane et retint un soupir, préférant afficher un sourire aussi faux que son air confiant. Qu'importe ce qu'elle pensait, du moment qu'elle souriait, son patron était content. Une nouvelle fois, elle prit leurs commandes, une dizaine de verres à se souvenir, puis se tourna machinalement, vers son sauveur, mais il désigna son verre encore plein et elle acquiesça en souriant. S'éloignant, elle donna la commande à Steve et attendit qu'il la prépare, ou qu'une table signale qu'ils voulaient un nouveau verre. Le barman remplit le plateau et le lui tendit. Le remerciant, elle revint à la table pour noter que le seul conducteur sérieux était parti, mais refusa de le chercher dans la salle. Elle était, de toute façon, sûre de ne pas le trouver, à moins de fouiller dans les salons privés mais ceux-ci étaient interdits quand ils étaient occupés. Seulement, alors qu'elle déposait le dernier verre, il se rassit et machinalement leurs mains se frôlèrent. Elle se figea et le fixa, alors qu'il faisait de même. Il venait de se passer quelque chose entre eux, ils en étaient certains mais étaient également incapable de dire ce que c'était. Se reprenant la première, elle sourit et s'éloigna, pour aller resservir d'autres tables, malgré qu'elle sente, à nouveau, le regard du garçon sur elle. Se tournant légèrement, elle croisa son regard et chercha à comprendre à quel jeu, il jouait. Lorsqu'elle servait, il ne la quittait pas des yeux, mais refuser de la voir quand elle était sur scène. « Alors qu'habituellement, les clients intéressés nous fixent surtout quand on danse, songea-t-elle en rejoignant le bar. Il agit vraiment bizarrement. Il me défend pour mieux m'insulter, m'ignore avant de me fixer, mais pour autant ne veut pas s'approcher de moi. » Steve la sortit de ses pensées en posant un soda de couleur brune devant elle et elle le fixa perplexe.

« - Le client m'a également donné ceci, ajouta-t-il en lui tendant une serviette en papier.

La jeune femme le remercia et but le verre, se délectant de sa fraîcheur et s'éloigna pour comprendre le but de cette serviette. La dépliant, elle sourit en y voyant un mot, écrit au stylo noir. « Excuse-moi. T'as raison, le « poupée » n'était pas obligatoire. » Ce n'était pas signé, pourtant elle sut de qui venait le mot. Elle ne dit rien cependant, cachant le fait qu'elle en avait pris connaissance jusqu'à ce que la table en question demande une bouteille de champagne. Elle leur apporta et la déboucha devant eux, avant de demander qui devait bientôt se marier. Un homme aux cheveux blond se désigna et elle sourit en notant que son sauveur était juste à côté. S'approchant, elle tendit donc le magnum au premier alors qu'elle chuchotait, pour le second.

« - C'est noté Superman. Merci pour le verre !

Elle s'éloigna cependant avant qu'il ne puisse répondre et reprit son travail. A vingt-trois heures cependant, elle partit en pause dans le vestiaire et vida ses « poches. » Elle compta rapidement combien elle avait déjà gagné et rangea le tout, avec la serviette au fond de son sac dans la pochette qu'elle utilisait pour ranger ses protections intimes. Rose arriva quelques secondes plus tard en pestant contre un « gros lard, qui a le QI d'une huître au bord de la retraite et le sex-appeal d'une limace sur le déclin », description qui fit rire la cadette de l'équipe qui l'interrogea sur ce fameux client. Rapidement, il fut rangé dans la catégorie des P, pour les éjaculateurs précoces et celle des M, pour les mauvais coups. Se tournant vers elle, la chef lui demanda comment se passait sa soirée et la jeune femme lui fit un bref récapitulatif de sa pseudo agression, de ses trois tentatives de drague, puis enchaîna sur Shane. Elle lui cacha le fait qu'elle le trouvait mignon, préférant se demander s'il n'était pas un peu homo pour refuser de la regarder danser, explication que réfuta la danseuse, la conseillant d'éviter la table puisque visiblement, elle lui avait tapé dans l'œil. « Mais pourquoi m'avoir insulté dans ce cas-là, se demanda-t-elle en quittant les coulisses après un coup d'œil dans le miroir. » Elle ne put réfléchir plus longtemps, puisque Ted, le patron lui fit signe qu'il voulait la voir dans les coulisses. Faisant demi-tour, elle s'assit sur une chaise ne se levant que lorsqu'il arriva. Il l'observa de haut en bas, s'arrêtant sur les parties de son corps couvertes de dentelle puis lui tendit une nouvelle tenue. Celle-ci était d'un blanc immaculée et elle l'interrogea.

« - Tu clôtureras la soirée de trois à quatre. C'est clair ?

Elle acquiesça et déposa les vêtements dans un coin à l'écart pour ne pas les salir, puis reprit son service. Néanmoins, elle demanda à Steve de la prévenir dix minutes avant afin qu'elle puisse se changer et retourna travailler. C'était ce qu'elle préférait dans tout ce qu'elle faisait aux 7 Voiles. Servir les clients, leur proposer de boire, toujours plus, parfois de manger, mais rare étaient ceux qui commandaient autre chose que des apéritifs. A une heure, elle remonta sur scène, pour un nouveau numéro et nota, une fois encore que Shane fixait, délibérément, un autre endroit de la salle lorsqu'elle dansait et elle s'interrogea, une nouvelle fois sur les raisons de cette ignorance. Seulement, elle finit par faire abstraction et se lança dans un numéro plus élaborée que ce qu'elle faisait habituellement, réussissant à mêler danse exotique et gymnastique. Son mouvement fit sensation et elle reprit le fil du numéro sans s'offusquer que des mains inconnues caressent sa peau en coinçant des billets dans les élastiques de sa tenue. Elle sourit lorsqu'un timide glissa un billet dans son bas et l'attrapa par le col de sa chemise pour embrasser sa joue, avant de s'éloigner à l'autre bout de la scène.

Même s'il faisait semblant de se désintéresser de son show, lorsque Bastien commença la complimenter, il prêta l'oreille :

« - Punaise Shane, imagine une danseuse comme ça dans le prochain clip de ton père ! Putain, elle ferait carrément sensation ! Pour le peu qu'elle soit habillée !

Piqué par la curiosité, il tourna la tête, au moment où elle fit la bise à un client et il l'envia avant de le jalouser quelques secondes plus tard. Il ne voulait pas l'encourager à continuer de se vendre ainsi, mais il se dit qu'elle n'avait peut-être pas d'autre choix et regarda quelques extraits de son numéro et dut s'avouer que son cousin n'avait pas tord. Oubliant qu'elle était presque nue, il l'observa, cherchant à l'imaginer habillée et du reconnaître, qu'elle dansait avec beaucoup de grâce et, chose étrange, son numéro vulgaire était interprété avec beaucoup de classe, ce qui le fit froncer les sourcils. « Comment un vulgaire numéro de charme peut-il être aussi beau à regarder qu'une chorégraphie de patinage artistique, songea-t-il. » Quand elle descendit de scène, une heure plus tard, il se demanda si elle allait y retourner, priant que non. Bien qu'il avait aimé la voir danser, voir ses mains fines, frôler sa peau, afin de se caresser elle-même, sans réelle envie, le supposait-il, tout ça pour exciter quelques trentenaires en mal d'amour, ne l'excitait pas. Sa table ayant été servie, peu de temps avant la fin de son numéro, il dut attendre une heure pour la voir revenir vers eux. C'était la première fois qu'il venait dans un endroit de ce genre, pourtant, il avait vite compris que les danseuses ne pouvaient discuter avec les clients que si elles acceptaient d'emmener son interlocuteur dans un des salons privés, ce qui expliquait pourquoi la brunette l'avait remercié pour le verre, tout en servant son cousin. Lorsqu'elle fut près d'eux, il lui demanda pourquoi elle dansait ici et elle sourit, tout en prenant les commandes.

« - Parce qu'on ne me l'a pas encore proposé ailleurs et qu'étant encore au lycée, je peux guère tout plaquer pour suivre une compagnie à travers les cinquante états.

Il acquiesça, sans aller plus loin dans la conversation et après avoir tout noté, elle partit donner leur commande, avant de s'éloigner vers une autre table. Les clients commençaient à partir et elle fut arrêtée plusieurs fois, pour avoir les additions, ou de propositions plus ou moins décentes, qu'elle refusait toujours en souriant. Elle finit par arriver à leur table et, une nouvelle fois, déposa les verres devant chaque personne, sans se tromper de commande. Il arqua un sourcil en notant que son dessous de verre, n'était plus totalement bleu, comme les autres, mais qu'une phrase avait été griffonnée, rapidement. « Pourquoi cette question ? » Il sourit à ce côté futé, pour continuer la conversation et chercha un moyen original de lui répondre. Durant dix minutes, il réfléchit en silence puis retourna aux toilettes. Seulement, cette fois, il s'enferma et sortit son téléphone portable. Sur le dessous de verre était noté le numéro du club et il appela.

« - Bonjour, répondit une voix autoprogrammée, les 7 Voiles, sont ouverts tous les jours de la semaine, de vingt à quatre heures, sans interruption. Possibilité de réser … Les 7 Voiles, Marc à votre service !

« - Bonsoir, fit-il en déguisant sa voix, pourrais-je parler à Diamond, s'il vous plait, c'est urgent !

« - De la part ?

« - De sa voisine !

Il fut mit en attente quelques secondes et écouta les pubs de l'endroit puis la brunette reprit le combiné, alarmée.

« - Qui est-ce ?

« - Superman, sourit-il, attends raccroche pas, ajouta-t-il rapidement, je veux juste répondre à ta question. J'ai regardé ton second numéro, essayant d'oublier le fait que tu étais presque nue, je trouve que tu danses très bien et que tu gâches ton talent. Au revoir voisine, sourit-il avant de raccrocher.

Reposant, le combiné, elle secoua la tête et marmonna que c'était sa voisine qui lui avait fait une farce. Ce qui aurait pu être vrai si ses voisins savaient où la trouver à cette heure-là. Néanmoins, tout en reprenant son travail, elle sourit à l'ingéniosité dont il avait fait preuve pour lui répondre et repassa la conversation dans son esprit. « Serais-ce parce qu'il n'aime simplement pas l'idée que je danse presque nue, devant un tas de mecs en rut, qu'il détourne le regard quand je suis sur scène, se demanda-t-elle. » Se promettant d'y réfléchir rapidement, elle prit la commande d'un client fidèle qui en profita pour passer sa main sous sa jupe. Il savait pourtant qu'elle était mineure, mais chaque soir, il essayait de la caresser. Elle lui rappela donc qu'il risquait la prison s'il continuait et il chuchota à son oreille :

« - Pour ce week-end, mais le prochain, compte sur moi, pour être le premier à t'allonger, dans un des salons. Il est déjà réservé ! D'ailleurs, quand tu m'y rejoindras, ne mets pas ta jupe ! J'aimerais ne pas perdre de temps !

« - C'est ça, en attendant, tu restes sage ou Bob te sort à coup de pieds, lui rappela-t-elle en dégageant sa main de sur ses cuisses. Je vais chercher ton verre.

Il acquiesça et elle s'éloigna rapidement. Bien sûr, elle entendait souvent ce genre de discours, qui ne la touchait jamais, mais ce soir pourtant, il lui donna envie de vomir. Certains des clients, les plus réguliers, avaient en effet, la possibilité de réserver des salons et elle ne doutait pas une seule seconde qu'il l'avait fait. Il venait chaque soir depuis presqu'un an maintenant. Se promettant de vérifier la liste des réservations, à la fin de son service, elle donna sa commande à Steve puis fit le tour de la salle. La plupart ne partirait pas avant une heure, elle le savait, mais à présent les serveuses avaient plus de temps et pouvaient s'attarder auprès des clients. Pour autant, elle refusa de retourner voir le seul qui l'intéressait. Elle devait l'oublier, si elle voulait que Mitchie ne perde pas de temps à rêver à lui.

A trois heures, elle remonta cependant sur scène, habillée tout en blanc et commença à se déhancher. Elle nota que certains se rapprochèrent maintenant qu'il y avait de la place et pour se donner courage pensa au plus gros salaire qu'elle aurait à la fin du mois. Les quelques heures qu'elle avait fait en supplément, lui permettrait de pouvoir boucler le mois sans problème. Tout en y réfléchissant, elle se contorsionna avant de tenir une barre. Enroulant sa jambe autour, elle s'attira contre le métal froid puis s'accrocha à elle, la coinçant entre ses cuisses avant de se renverser avec grâce, alors qu'une de ses mains passa sur sa poitrine. Se remettant dans le bon sens, elle s'agrippa et, à l'aide de ses mains, monta de plusieurs centimètres avant d'étirer une de ses jambes. Elle se fit tourner, descendant au sol, avant de s'y allonger complètement. Roulant sur le ventre, elle se retrouva nez à nez avec Shane qui, poussé par sa table, glissa un billet à l'élastique de son string. Si habituellement, elle se contentait de sourire, exceptionnellement et parce qu'il lui plaisait, elle prit son visage d'une main et l'embrassa sur la bouche avant de s'éloigner en riant, comme si ce baiser était prévu au programme. Roulant des hanches, comme une mannequin, elle rejoignit l'autre côté de la foule puis se laissa glisser au sol, faisant le grand écart, avant de continuer ses contorsions. Etrangement, elle se sentit mal à l'aise de savoir que son sauveur l'observait d'aussi près et se sentit soulager lorsque sonna quatre heures du matin. Se relevant elle souffla un baiser dans la salle avant de rire joyeusement en rejoignant les coulisses. Toutes les filles n'étaient pas là, certaines ne quitteraient les salons privés qu'à cinq heures, mais la plupart étaient libres, notamment celles qui ne servaient plus en salle. Habituellement, Diamond aidait volontiers mais ce soir, elle était éreintée. Elle était debout depuis six heures du matin et avait eu plusieurs contrôles dans la journée, aussi elle se démaquilla rapidement, enleva son tatouage et natta ses cheveux, avant de remettre ses vêtements. Elle était entrain d'enfiler ses bottes quand Liry arriva. Elle lui souhaita une bonne journée tout en se déshabillant, pour prendre une douche. Saluant tout le monde, elle ressortit et frissonna en sentant le vent froid. Elle avait oublié de prendre une veste et elle souffla. Le dernier bus passait dans peu de temps et elle risquait de devoir courir pour l'avoir. Sortant de scène, elle était échauffée et pouvait donc, sans risque, courir rapidement, tout de suite mais une scène l'en dissuada. Shane était devant la porte et discutait avec Bob.

« - Je t'ai dit de partir gamin. Les danseuses dorment ici, t'as aucune chance de les voir. Surtout Diamond !

« - Pourquoi, c'est la fille du patron de cette boite décadente, provoqua-t-il.

Mitchie savait qu'il était dangereux de provoquer le videur mais il semblait l'ignorer où se moquer de son sort. Du moment qu'il pouvait revoir la jeune femme. Elle ne sut si elle devait en être flattée ou pas et resta là à les écouter, jusqu'à ce que Bob réussisse à convaincre le jeune homme de partir, arguant qu'il n'avait aucune chance de revoir la brunette. Elle ne sortit de l'ombre qu'à se moment-là et lui demanda si ce genre de scènes arrivaient souvent, ce qu'il lui confirma. C'était souvent elle qui était demandé puisque dans la salle elle était intouchable. Grimaçant, elle resta plantée là, jusqu'à ce qu'elle se souvienne qu'elle devait prendre son bus, seulement, celui-ci passa au même moment devant elle. Pestant, elle salua le videur et prit un raccourci espérant arriver avant lui, au prochain arrêt. Heureusement pour elle, la circulation avait beau être rapide, les feux rouges le retardèrent et ils arrivèrent à quelques secondes d'écart, néanmoins le chauffeur l'attendit et elle le remercia en souriant. S'asseyant, elle posa sa tête contre le carreau froid et durant le trajet de retour regarda la route, sans la voir. Elle préférait doucement reprendre le contrôle de sa vie. Diamond était presque partie. Il ne restait d'elle que ses yeux bleus, qu'elle n'enlevait que caché à l'abri des regards, dans sa chambre. Le trajet fut rapide et moins de vingt minutes plus tard, elle passait la porte d'entrée, en silence. Son père ronflait dans le salon, la télé encore allumée. Doucement, elle enleva ses chaussures et partit l'éteindre avant de monter dans sa chambre. Face au miroir, elle retira ses lentilles, brossa ses cheveux, puis enleva ses vêtements. La danseuse de charme n'étant pas totalement partie, elle ne garda sur elle que son shorty pour se coucher et s'endormit aussitôt.

Elle fut réveillée par la sonnerie de son portable et grimaça. Le cherchant dans son sac, qui était à côté de son lit, elle finit par le trouver. Un exploit pour elle qui gardait désespérément les yeux fermés. Elle décrocha et écouta Elodie lui proposer de venir au café pour boire un pot, mais refusa. Non qu'elle n'en ait pas envie seulement, elle devait terminer ses devoirs et surtout veiller à ne pas dépenser trop. Raccrochant dix minutes plus tard, parfaitement réveillée, elle alla prendre une douche revigorante et grimaça en voyant qu'il n'était que onze heures du matin. S'habillant normalement, elle coiffa ses cheveux et masqua ses cernes quand son téléphone sonna une seconde fois. Seulement c'était Rosa et elle répondit d'une voix enjouée. Sa patronne avait besoin d'aide et elle lui promit d'être là rapidement, puis prit ses cours après avoir raccrochée, espérant qu'elle pourrait réviser un peu. Il ne lui fallut pas une heure pour arriver au Jasmin et elle écarquilla les yeux en voyant la clientèle. Ses amis étaient là. Les saluant rapidement, elle posa son sac dans l'arrière boutique et prit les commandes des clients. Elle put souffler qu'à partir de quatorze heures et se passant de repas, commença à terminer ses devoirs. Elle devait terminer son livre pour mardi, puisqu'ils avaient une interrogation dessus. Elle plancha dessus durant une heure, en bâillant, ne s'arrêtant que pour servir les nouveaux arrivants, alors que Rosa s'occupait de la commande à passer au fournisseur, quand soudain, elle se sentit mal et demanda à son employée si elle accepterait d'aller lui chercher ses cachets à la pharmacie. D'un naturel généreux, la brunette ne répondit qu'en fermant son livre et quelques secondes plus tard, elle se dirigeait vers la boutique, les sous en poche. Ce n'était pas son quartier mais elle aimait son côté bohème et se mit à espérer qu'elle vivrait ici quand elle volerait de ses propres ailes. La sonnette annonça qu'elle venait d'entrer et elle fit la queue sagement, réfléchissant à ce qu'elle avait lu. Elle tentait de tout mémoriser afin d'être tranquille quand elle serait devant sa feuille le mardi. Quand ce fut son tour, elle donna le nom du médicament au pharmacien qui la salua. Il commençait à la connaître, pour l'avoir vu travailler au salon de thé, deux rues plus loin. Souvent, à sa pause, ou après son travail, il y allait pour décompresser. La clientèle de l'établissement était hétéroclite, mêlant artiste et hommes d'affaires. Machinalement, tout en faisant sa facture, il lui demanda des nouvelles de la patronne et discutèrent quelques minutes. Sachant qu'elle aimait beaucoup rire, il lui raconta la dernière blague qu'il avait entendue et elle éclata d'un rire franc des plus communicatifs.

« - Au revoir Devon, dit-elle en souriant.

« - Je passerais ce soir au salon de thé ! D'ici là, je devrais avoir d'autre blagues ou anecdotes pour toi !

Elle hocha la tête et commença à partir quand elle croisa un regard chocolat. Le jeune homme la fixait, les sourcils froncés, cherchant vainement à se souvenir où il l'avait déjà vu et elle sourit intérieurement. « La dernière fois que tu as croisé mon regard, mon pote, je dansais à moitié nue, songea-t-elle. Et je t'ai embrassé, après que tu aies glissé un pourboire à l'élastique de mon string. » Secouant la tête, elle commença à partir, espérant qu'il ne réussirait pas à se souvenir où il l'avait déjà vu, mais lorsqu'elle sentit une main sur son bras, elle sut qu'il venait de se rappeler. Se tournant vers lui, elle lui lança un regard interrogateur.

« - C'était toi, n'est-ce pas ? Hier soir, fit-il gêné.

« - Je vous demande pardon ?

« - Diamond ! C'est toi ? Tes yeux ont changé de couleurs et ses cheveux sont raides, mais je sais que c'est toi. Tu as la même démarche, bien que la tienne soit naturelle et le même sourire. Même si tu te forçais hier soir.

Gênée de se faire prendre, elle baissa les yeux et s'écarta de lui, avant de partir rapidement. Heureusement, il ne chercha pas à la suivre et elle entra au Jasmin, légèrement essoufflée. Tendant le médicament à sa patronne, elle lui rendit sa monnaie puis reprit sa place derrière le comptoir, le nez plongé dans son livre, sans réussir à se concentrer. « De tous les quartiers de la ville, il a fallut que je travaille la journée dans le même que lui, songea-t-elle. Mais pourquoi lui ai-je parlé hier soir ? Je dois rester distante avec les clients, je le sais pourtant, s'énerva-t-elle. Mais il semble tellement gentil ! … Peut-être que je pourrais lui demander de me rendre ce service qui me permettrait de garder ma place ? Mais s'il refusait ? Non, Mitchie, intervint la voix de Diamond, tu ne peux pas faire ça. Ted a été clair à ce sujet. On n'entretient aucune relation, même amicale avec les clients ! Dès qu'ils quittent le club, on ne les connaît plus ! Je sais, soupira-t-elle, mais il a l'air tellement adorable ! Je pourrais prétendre qu'il fait partie de mon lycée ? Non ! Ecoute-moi bien Mitchie, si tu le recroises, tu changes de trottoir c'est clair, s'énerva son autre elle. Tu ne dois plus le revoir ! » La brunette acquiesça mentalement et le chassa de son esprit, pour se concentrer sur ses devoirs. Au fond, elle savait que Diamond avait raison. S'ils devenaient amis, elle risquait gros. Non comptant de tomber amoureuse, la danseuse avait vu juste la veille il lui plaisait, mais elle risquait sa place et dans ce cas, risquerait de se retrouver à la rue, puis renvoyée de son lycée, sans plus rien pour vivre. Elle ne pouvait courir ce risque et se promit de ne plus le revoir. Malheureusement, moins de dix minutes plus tard, il passa la porte de son second lieu de travail et s'assit à une table éloignée des autres. Malgré ses résolutions, elle alla le voir, pour prendre sa commande et ne put s'empêcher de sourire en l'entendant :

« - T'es quand même plus jolie, faisant le service ainsi ?

« - Oui. Mon autre tenue de travail est un peu étrange, mais on s'y habitue j'imagine. Je vous sers quelque chose ?

« - Je vais devoir te remontrer mon permis si je prend un chocolat maison, demanda-t-il amusé.

« - Si je dis oui, vous le ferez ?

« - Si tu me dis ton prénom.


Et voilà, pour aujourd'hui c'est terminé. Je sais que la première partie de cet OS n'est pas suffisante pour me faire pardonner de vous faire attendre pour lire la suite des aventures de Shane et Mitchie de mes deux autres fics, mais je fais mon possible. Bonne soirée à tous et pour ceux qui me lisent, je m'attèle de ce pas à la suite des aventures d'Harry Potter, de mon autre fic. Au fait j'espère que ce début vous a plut ?

Time Tell Will ! ! !