Prologue :
J'allais mourir. La, dans cette ville qui m'avait tant sécurisée auparavant, dans cette ville que j'aimais. J'allais mourir. Mieux que quiconque je comprenais ce qui se passait dans la tête de mon prédateur, évidemment. Je n'avais aucune chance de m'en sortir.
Mourir pour protéger les femmes les plus importantes de ma vie ne semblait pourtant pas la pire façon d'en finir, il y a encore quelque mois je passais ma vie à les protéger.
Si je n'étais pas parti pour Forks rien de tout ça ne serait arrivé. Pourtant aussi terrifié que je fus, je n'arrivais pas à regretter ma décision. J'avais enfin trouvé ma place dans l'univers, j'étais enfin entier, moi-même. Il aurait été déraisonnable et mensonger de regretter, de pleurer la fin du rêve, juste parce que maintenant j'avais peur.
Je reprenais mes esprits, me concentrais sur celui de mon prédateur, et pour le défier – et me prouver qu'il me restait encore un peu de courage je l'avoue- je le regardais droit dans les yeux et lui sourie :
« Tu attends quoi ? Tu as peur que je te morde ? »
Chapitre 1 : Forks.
Cela ne pouvait plus continuer comme ca. Il était vraiment temps que je fasse quelque chose, et même si j'avais l'impression d'être lâche je pense, encore aujourd'hui, que partir était la bonne solution.
C'était la dernière fois que je regardais cette chambre, dans cette maison, sous ce soleil de Phoenix et sa chaleur, j'adorais cette ville. La foule, l'activité constante, l'herbe sèche, les montagnes rocheuses et le vent tellement chaud qu'il brulerait presque l'intérieur de la gorge en inspirant. A Phoenix je pouvais être personne et tout le monde à la fois perdu dans la masse de la ville.
J'allais rejoindre mon père à Forks, une petite ville toujours détrempée de la péninsule d'Olympie dans l'état de Washington. Mon enfer sur terre, j'avais toujours détesté Forks, elle suinte l'ennuie et la déprime, tout le monde s'y connait et je ne pourrais plus me dissimuler nulle part. D'autant plus que Forks pour moi c'est uniquement le reflet de l'échec du (déjà court !) mariage de mes parents.
Je fermais la porte de la maison avant d'y jeter un dernier regard et montais dans la voiture de ma mère pour qu'elle me conduise à l'aéroport.
-Tu n'es pas obligé tu sais Edward répéta-t-elle pour la centième fois de la matinée.
On peut trouver une solution. Vous finirez bien par vous adapter, je peux parler à Phill pour essayer d'arranger les choses. Et si jamais on n'y arrive pas Phill acceptera peut-être de retourner chez lui, c'était peut être trop tôt.
Je voyais cependant dans ses yeux et dans sa tête ce que représentaient le sacrifice de cette proposition. J'avais passé trop d'année à prendre soin de ma mère, comme on prend soin d'une enfant, pour être maintenant responsable de sa tristesse.
Ma mère, Renée, mon exact contraire. Irréfléchie, extravertie, et totalement épanouie, à l'aise en société naturelle et tellement elle, a eu la bonne idée de s'amouracher d'un joueur de baseball de seconde zone beaucoup plus jeune qu'elle, Phill. Ce dernier a eu à son tour, la très mauvaise idée de vouloir prendre la place de père à mes côtés. De vouloir me dicter ma conduite, et pire que tout encore, de vouloir me changer. Ce n'était plus possible, ça ne l'avait jamais été. Je n'étais pas comme tout le monde, j'avais mis trop de temps à l'accepter pour que Phill vienne tout changer.
Nous n'avons jamais réussi à améliorer la tension permanente qui régnait à la maison et la situation devenait invivable. Je voyais ma mère partagée entre son amour pour Phill et son amour pour moi, comme mise au défi par le roi Salomon. C'est comme ça que j'ai pris la décision de partir pour Forks.
J'en ai envie lui ai-je répondu en espérant qu'elle croit mes mensonges.
J'avais tellement répété cette phrase dans ma tête, comme un mantra que je paru presque
convaincant et convaincu !
Ça fait longtemps que je pense à aller voir papa, et puis avec toutes ces années qui passent j'ai l'impression de ne pas avoir vu Seth et Leah grandir.
Seth et Leah sont mes demi-frères adorés. Ils sont les deux enfants de mon père Charlie, chef de la police de Forks (encore plus pratique pour la discretion) et de sa nouvelle femme -enfin plus si nouvelle que ca - Sue, une indienne de la réserve Quilleute. Les jumeaux sont plus jeunes que moi et je les adore. Littéralement. Savoir que je les retrouvais rendait le voyage plus facile.
-Bon allons y dit Renée en feignant un peu trop l'enthousiasme pour que ce soit sincère.
Arrivés à l'aéroport je refusais que maman ne m'accompagne plus loin. Dire adieu à Phoenix et à ma mère était assez douloureux, je ne suis pas doué pour parler des sentiments, je préférais encore éviter de me confronter à tout ça.
- Salut Charlie de ma part ! dit ma mère en me serrant fort dans ses bras.
- Je n'y manquerai pas maman. Et tu vas me manquer aussi. Ne t'inquiète pas je te téléphonerai régulièrement.
Elle n'avait pas oralement formulé cette phrase mais ma mère avait l'habitude disons de ma… perspicacité.
- On se voit bientôt, la maison te restes toujours ouverte, tu es et seras toujours chez toi. Tu es ma priorité ne l'oublie pas.
- Je sais maman ne t'en fais pas c'est ma décision.
Elle me serra encore plus fort contre elle pendant une bonne minute et s'en alla avant de pleurer pour de bon, pendant que je me dirigeai vers mon terminal de départ.
Entre Phoenix et Seattle le vol dure 4h auquel s'ajoute 1h pour aller jusqu'à Port Angeles et après une heure de voiture pour rejoindre Forks. Tous ces trajets me laissaient le temps de penser. J'avais eu une décision difficile à prendre mais je ne la regrettais pas. La seule chose qui allait vraiment me manquer à Phoenix était ma mère. Je n'y avais autrement pas d'attache particulière, pas d'ami de bande ou que sais-je encore. En revanche une chose vraiment terrible m'angoissait : la rentrée. J'allais arriver en plein milieu d'année dans un nouveau lycée ridiculement minuscule. Je détestais être le centre d'attention et faire semblant de m'intéresser aux choses auxquels sont censés s'intéresser les jeunes de mon âge. Cependant quand on est un garçon de 17 ans et qu'on veut avoir la paix, il vaut mieux se fondre dans la masse. Je ne pouvais même pas compter sur le soutient de Seth ou de Leah, beaucoup trop jeune pour être au lycée avec moi… Enfin j'avais bien le temps de me tracasser pour tout ca, pour l'instant j'allais retrouver mes deux petits monstres, c'était le principal.
Comme je m'y attendais tout le monde était là pour m'accueillir à l'aéroport. Leah se rua vers moi en criant mon prénom. Je l'attrapais et la serrais fort dans mes bras tout en essayant de rester sur mes deux jambes, ce qui n'était pas une mince affaire.
Depuis toujours avec les personnes qui m'entouraient j'avais des "faciliter" à comprendre ce qu'elles pensaient, comme si elles me parlaient directement, clairement je pouvais les lire. Chaque esprit a une couleur, un goût, une teneur, j'ai appris à identifier avec le temps les "bons" et "mauvais" esprit. Présenté comme ça c'est un peu manichéen, mais c'est la façon la plus intelligible d'expliquer ce phénomène. C'est donc grâce à mes capacités que je compris que j'avais manqué à ma petite sœur.
Je suis aussi content de te voir petit monstre, tu m'avais beaucoup manqué lui dis-je en embrassant son front.
Tu as tellement grandi Edward, regarde le beau jeune homme que tu es devenu ! Les
cheveux cuivrés et les yeux jades de ton père, et la pâleur de ta mère ! Tu t'ingéreras facilement chez nous ! me dit Sue en souriant de ces dents blanches qui tranchaient avec la matité de sa peau et le noir corbeau de ses cheveux.
Sue est une très belle femme je devais en convenir. De ces beautés naturelles et purs qui font rougir de jalousie les femmes trop maquillées qui la regardent. La magie du sang amérindien coulait dans ses veines et la rendait resplendissante.
Merci beaucoup Sue dis-je en rougissant un travers des plus humiliant pour un garçon.
Elle rit devant mon embarra et me répondit :
C'est incroyable on dirait un copié collé, vous avez le même tic quand vous êtes embarrassés : vous vous passez la main dans les cheveux ! Ah les hommes Masen on ne vous refera pas !
Mon trouble passé, c'est assez serein et heureux d'avoir retrouver une partie de ma famille que je montais dans la voiture de patrouille de mon père. J'étais tranquillement entrain d'écouter de la musique sur mon Ipod en regardant les jumeaux dormir quand Charlie me sorti de mes pensées.
Sue et moi t'avons dégoté une voiture ! Une pure merveille !
Papa … Ce n'était pas la peine ça aurait pu attendre et puis je ne suis pas sur d'avoir les moyens (une pure merveille ? Ce besoin de préciser n'augurait rien de bon !)
Pas d'histoire mon garçon ! J'ai vraiment envie que tu te sentes bien ici. C'est une golf du début des années 80, réparée par Tanya, tu te souviens d'elle ?
Oui bien sur la fille de Billie.
Tanya et moi aurions pu être vraiment ami si nous nous étions vus plus souvent et si nous n'étions pas aussi timide l'un comme l'autre. J'espérai pouvoir la voir bientôt pour la remercier et pour essayer de créer de vrai lien avec elle. D'après Charlie Tanya avait changé. Elle n'était plus la petite fille timide et réservée de mes souvenirs.
Combien je te dois pour la voiture ? – C'était bien la seule chose sur laquelle je ne pouvais pas faire la fine bouche-.
Laisse moi te l'offrir Ed. Je suis content que tu sois la, c'est un cadeau de bienvenue.
Une voiture ? En cadeau de bienvenue ? Rien que ça ! J'avais décidément beaucoup plus manqué à mon père que je ne l'avais soupçonné.
Merci papa, c'est vraiment formidable répondis-je en posant ma main sur son épaule.
Le reste du trajet se fit pour ma part plongé dans mes pensées avec mes écouteurs, Sue et Charlie se parlaient, ils semblaient complices et heureux, ils n'avaient pas besoin de moi.
Je me plongeais alors dans la contemplation du paysage. Magnifique il me fallait en convenir. La où il y aurait dû y avoir la terre et le désert se dressait forêt, plantes, arbres et mousses. Tout était vert, mes yeux allaient être parfaitement assortis au paysage ce qui allait me changer de Phoenix !
Nous finîmes par arriver chez Charlie, il m'aida à sortir mes quelques bagages de la voiture et à les monter dans ma chambre. Elle n'avait pas changé. Des murs blanc cassé, un parquet foncé, mais usé, ce qui donnait à la pièce un air cosy. Le seul changement consistait en l'ajout d'un bureau gris sur lequel trainait l'ancien ordi portable (et pourtant encore efficace !) de mon père qui serait désormais le mien, exigence de ma mère pour garder le contact. Charlie ne s'est pas attardé auprès de moi, me laissant m'installer tranquillement. C'est ce qui est bien avec Charlie, il ne dérange pas les gens. Ma mère aurait été incapable d'un tel exploit. Mon père et moi étions fait pour vivre ensemble.
Je rangeais mes quelques vêtements dans l'armoire et m'attaquais ensuite à mes livres et CD, les deux seules choses qui comptaient vraiment pour moi. Je commençais à prendre conscience de la situation, j'avais laissé maman et la maison. Je voyais la crise d'angoisse pointer le bout de son nez alors pour l'éviter j'eu recours au meilleur remède qui soit :
Seth Leah on va faire tour ? C'est moi qui vous emmène dans ma toute nouvelle et sublime voiture.
J'entendis des bruits de pas précipités dans le couloir, ah! l'idée plait aux petits monstres !
Oui oui oui oui Ed on arrive !
Et c'est comme ça que je me retrouvais à me diriger vers la Push, avec les deux petits chenapans dans la voiture, je voulais remercier Tanya, et la revoir. Je voulais essayer de m'intégrer ici. Je n'y étais jamais parvenu à Pheonix. C'est sûr que mon physique n'aidait pas ! J'étais toujours pale que le soleil soit la ou non, j'avais certes de plutôt beaux yeux, le vert étant rare, et de plutôt beaux cheveux mais je n'avais rien de la panoplie du parfait quater back de l'Arizona ! J'étais grand et mince et plutôt bien fait je devais l'admettre, mais je n'avais pas le corps parfait et bronzé de mes anciens camarades de lycée ! Ce n'était cependant pas la seule raison de ma non intégration. Jamais personne ne s'était trouvé en parfaite harmonie avec moi, j'avais toujours l'impression que mon cerveau n'était pas branché sur les bonnes ondes. Et cette capacité à lire les pensées confirmait cette impression. J'avais eu quelques amis à Phoenix mais il ne me manquerait pas, j'étais avec eux plus pour répondre à une convention sociale et rassurer ma mère, que par amitié. J'avais toujours été différent, je m'en rendais compte aujourd'hui. J'étais toujours en pleine réflexion quand je vis le petit panneau disant que nous arrivions à la push, je me souvenais à peu près d'ou était la maison de Billie, normalement Tanya devrait être par la.
Edward ! Leah Seth ! Quelle bonne surprise entrez donc ! nous salua Billie de sa voix pleine de majesté et de magie. Il nous sourit avec chaleur et je me suis souvenu que quand j'étais plus jeune j'avais toujours été impressionné par Billie. Il avait l'aura d'un grand chef et de puissants yeux noirs profondément encrés dans son visage vieillissant, comme une belle veste de cuire.
Bonjour Billie je suis content de te voir. Non Charlie n'est pas là, il est resté avec
Sue à la maison.
Billie ouvrit de grands yeux ahuris et je compris que j'avais encore répondu à une interrogation silencieuse. Il allait vraiment falloir que je fasse attention si je ne voulais pas passer pour un fou. Afin de dissiper son malaise j'enchainais tout de suite sur une question, je ne devais pas lui laisser le temps de reflechir
Tanya est la ? Je voudrais la remercie pour son superbe travail sur la voiture ! Et puis je me souviens de nos incroyables pâtés de boues.
J'espérais que ce soit suffisant pour qu'il oublie ce qui venait de se passer.
J'arrive ! entendis-je une voix féminine crier au loin
Billie avait eu le temps de reprendre ses esprits et de se composer un visage serein pour me répondre
Elle était dans son garage comme toujours je ne vous accompagne pas avec le fauteuil c'est difficile. Alors Seth et Leah et si on laissait les deux grands se retrouver et que vous m'aidiez avec cet attrapeur de rêve hein ?
Je n'attendis pas la réponse des jumeaux et me dirigeais vers le garage. J'eu à peine fais quelque pas que je me cognais dans quelqu'un. Ma maladresse n'était malheureusement pas restée à Phoenix !
Ed ? C'est toi ? Tu as drôlement changé dis donc !
C'est vrai que l'adolescence ne m'avait pas fait de cadeau et que j'avais parcouru un sacré bout de chemin depuis.
Tanya ! Je te retourne le compliment !
Tanya était belle, indéniablement. Mince, avec des formes que feraient enrager les plus grandes stars. Ses cheveux étaient d'un noir corbeau long et tombaient en vague légère sur ses épaules, ils s'accordaient parfaitement avec sa peau cuivrée. Ses yeux étaient en amandes et d'un noir aussi puissant que ses cheveux. Sont nez était droit fin et aquilin elle avait les lèvres pleines et un sourire un peu de travers, ce qui ne lui portait pas préjudice, au contraire !
Sous le cuivre de sa peau je la vis rougir.
Alors la voiture fonctionne bien ? J'espère qu'elle te plait.
Elle est parfaite merci beaucoup. Tu as fait un boulot incroyable.
Ça m'arrange que ton père l'ait achetée ! Comme ça je n'aurai pas à la prendre quand j'aurai « officiellement » le droit de conduire et je peux continuer à travailler sur la mienne.
Tu as une voiture en projet ? Comment ça officiellement ?
Oui, une Mini cooper, de 1975. Une vraie merveille, je l'adore. Mais il me manque encore quelque pièce. Si jamais tu as sous la main une transmission par joint de cadran tu n'hésites pas. Heu et bien disons que quelqu'un doit bien aider papa à se déplacer si tu vois ce que je veux dire. A son sourire taquin je compris vite que l'illégalité n'effrayait pas Tanya !
Je n'y manquerai pas évidemment, je garde l'œil ouvert ne t'en fais pas !
Elle me regarda et vit à mon air totalement perdu que je n'y connaissais rien, nous rîmes de bon cœur en nous dirigeant vers la maison. Une fois arrivés nous avons continué à discuter de tout et de rien jusqu'au sujet qui fâche :
Alors tu es prêt pour le lycée ? Tu fais ta rentrée demain ?
Oui je rentre demain… Hum prêt je ne sais pas, disons que je n'ai pas trop le choix.
Avant que je puisse totalement me mettre à déprimer j'entendis les jumeaux dire qu'ils avaient faim. Un coup d'œil à ma montre et je me rendis compte que nous avions discutés beaucoup plus longtemps que ce que je pensais avec Tanya. Nous pourrions être amis c'est évident. Sa bonne humeur et son sourire étaient contagieux, elle était très agréable à vivre.
Seth Leah vous venez ? Nous allons y aller il se fait tard.
Revenez quand vous voulez, nous dit Billie et passe le bonjour à Charlie et à Sue.
Je n'y manquerai pas. Bonne soirée Billie et à bientôt Tanya. Je lui souris chaleureusement elle me rendit mon sourire en rougissant.
Une odeur délicieuse nous accueilli quand nous entrâmes dans la maison, Sue est une excellente cuisinière, ça, ça allait me changer de maman. Le repas se passa sans encombre, j'allais coucher les jumeaux, trop content de les retrouver pour laisser quelqu'un d'autres le faire, et m'enfermais dans ma chambre. J'avais besoin d'être seul et surtout de me calmer si je ne voulais pas être trop angoisser pour demain. J'allais à la salle de bain prendre une douche et enfiler mon pyjama (autant dire un jogging et au cas ou j'aurai froid un vieux t-shirt). J'allais au salon dire bonne nuit à Sue et Charlie et montais dans ma chambre. Une fois dans mon lit j'éteignis toutes les lumières et attrapais mon Ipod, pour y mettre les nocturnes de Chopin. Rapidement mes paupières se firent lourde et je m'endormis.
Au réveil la crise d'angoisse repartait de plus belle. Sue était parti emmener les jumeaux à l'école et Charlie déjà au poste, je me retrouvais seul à la maison totalement paniqué "Bon sang Edward secoue toi ! "Je me levais et constatais qu'il pleuvait, pas de mauvais présage, juste la fatalité. J'avais fait mon deuil du soleil. Afin d'essayer de me détendre vraiment, je décidai de prendre une nouvelle douche, ce qui eut vite l'effet escompter. J'enfilais un jean noir et un pull bleu marine. Rajouté à ça mon cuire et mon bonnet, je devrais être paré contre Forks!
Je descendis à la cuisine pour essayer de manger mes céréales, mais j'avais le ventre trop noué pour avaler quoi que ce soit. Je remontais à la salle de bain pour me brosser les dents, attrapais mon sac et parti me réfugier dans la voiture. J'arrivais en avance, le parking était vide. Je me dirigeais vers le bâtiment sur lequel était inscrit le mot accueil en lettre noire.
Le bureau était chaleureux, il y faisait chaud. Les murs étaient recouverts de moquette vert anis et le sol de lino blanc. Deux énormes plantes encadraient la porte (comme s'il n'y avait pas assez de verdure ici tien). Je me dirigeai vers le bureau et aperçu, derrière une pile de papier qui tenait en équilibre comme par miracle, une femme, la cinquantaine avec une mèche de cheveux rouges et un t-shirt orange flashi qui me donnèrent toute suite l'impression d'être sur mon 31.
-Je peux vous aider jeune homme ? me salua-t-elle
Extérieurement elle s'était composé un visage affable et serein, pourtant dans sa tête, elle était en ébullition. OH-MON-DIEU. C'est lui Edward Masen ? Ça ne peut être que lui. Jamais vu cet élèveavant ! Je m'en souviendrais sinon. Aller reprend toi, il pourrait être ton fils bons sang !
-Bonjour madame, je m'appelle Edward Masen
Son visage se fendit d'un sourire et son œil s'éclaira. Evidemment, j'étais attendu.
-Monsieur Masen! C'était évident ! Joli voix en plus! Il va faire tourner les têtes de tout le lycée celui-là, pire que Newton! Ravi de te rencontrer ! Alors voici ton emploi du temps et une fiche à faire signer par chacun de tes professeurs, tu devras me la rapporter à la fin de la journée.
Je la remerciai, et comme Sue avant elle, elle émit le souhait que je me plusse à Forks. Je lui sourie le plus sincèrement possible, pas la peine de lui avouer que se plaire à Forks relevait du miracle.
Je retournai vers la voiture, je voulais me mettre au sec pour essayer de mémoriser mon plan, la journée allait être assez difficile comme ça, j'aimerai éviter d'avoir à le sortir à tout bout de champ.
Lorsque je regagnais ma golfe, d'autres élèves avaient commencé à arriver. Suivant la file des véhicules, je contournais le lycée. Je constatais avec plaisir que la plupart des voitures étaient plus vieilles que la mienne rien de tape à l'œil. A Phoenix, j'avais vécu dans un des rares quartiers modestes ponctuant le district de la Paradise Valley. Il n'était pas rare de voir une Mercedes ou une Porsch flambant neuve sur le parking. Ici, la plus belle voiture était une Volvo rutilante et elle détonnait. Malgré tout, je coupai le contact dès que j'eu trouvé une place, histoire de ne pas attirer l'attention avec mes pétarades. J'enfoui ensuite le plan dans mon sac, mis ce dernier sur mon épaule et respirai un grand coup. "Tu peux le faire personne ne va te mordre". Sur ce je soufflai, et m'extirpai de l'habitacle.
Une fois que j'eu dépassé la cantine, je dénichais le bâtiment trois sans difficulté. Au fur et à mesure que je m'en approchais, je sentais mon pouls s'accélérer de façon désordonner. "Calme toi bon sang tu es un grand garçon !" Je franchis la porte derrière deux imperméables unisexes.
La salle de classe était modeste. L'ambiance presque cosy. Voir une si petite classe me rassura, mais cela m'effraya en même temps. Dans une petite classe, dans un petit lycée on allait forcément me repérer, moi, le nouveau. Les élèves qui me précédaient s'arrêtaient sur le seuil pour suspendre leurs manteaux à une longue rangée de patères. Je me demandais bien comment ils allaient faire pour survivre, il faisait un froid épouvantable, même à l'intérieure de la salle de classe, j'étais transi. Je jetais des coups d'œil discret aux élèves, ce qui était sûr c'est qu'ici je ne serais pas le seul à être blanc comme un lavabo !
J'allais porter ma fiche au prof, la plaque sur son bureau indiquait M Mason et je savais que j'avais cours de littérature. Normalement lui et moi devrions nous entendre. En voyant mon nom, il me dévisagea bêtement -une réaction pas très encourageante- et je me retins de justesse de rougir, cependant je ne pu pas soutenir son regard. Il ne me demanda pas de me présenter à la classe, et je lui en fus très reconnaissant. Il m'installa à une chaise au fond de la salle. A cette place il était plus difficile pour mes nouveaux camarades de me reluquer ce qui ne les dissuada pas pour autant. J'entendais ce qui trottait dans leur tête.
"Alors c'est lui Masen? Le père aurait pu le rapatrier plus tôt drôlement canon !"
"J'espère qu'il est sympa ! Il y en a marre de voir les mêmes têtes depuis toujours"
"A peine installé et elles le reluquent toutes déjà. Pff comme si ce n'était pas assez difficile comme ça il faut que Masen soit un bellâtre".
"Il a l'air tellement mal à l'aise, le pauvre cette journée doit être une torture, je dois l'aider. " Cette voix retint mon attention, elle était gentille et douce, la teneur de l'esprit semblait… pure ? Je regardais alors son propriétaire et découvris une grande fille, très mince au teint pâle et aux cheveux auburn. J'essayais de mémoriser son visage pour m'adresser à elle par la suite.
Je plongeais ensuite mes yeux sur la bibliographie : Brontë, Shakespeare, Chaucer, Faulkner, Musset, Austen, guère originale donc. J'avais déjà tout lu, et plusieurs fois. C'était à la fois réconfortant et ennuyeux. Je remarquais alors que Forks avait cette capacité à me faire éprouver des doubles sensations. Pendant que Monsieur Mason ronronnait je passais en revu tout ce que j'avais déjà ressenti depuis que j'étais arrivé ici, j'avais l'impression que ma perception des choses changeait. Je ne savais pas encore à ce moment-là, à quel point j'étais dans le vrai.
Quand la sonnerie retentit-exactement la même qu'à Phoenix-, la propriétaire de la "voix gentille" vint vers moi :
-Tu es Edward Masen n'est-ce pas ?"
Le prototype de la fan de science, pas dans l'ère du temps mais très sympathique.
-Tu peux m'appeler Ed si tu préfères.
Tous ceux qui étaient dans un rayon de trois chaises se retournèrent pour me lorgner.
-Quel est ton prochain cours ? " demanda-t-elle
-Civilisation avec Jefferson. Bâtiment 6. Je remerciai le destin de m'avoir laissé le temps de mémoriser mon emploi du temps.
-J'ai le même cours ! Je peux t'accompagner si tu veux. Enchantée de te rencontrer, je m'appelle Angela.
-Merci répondis-je avec un sourire sincère. Je lu dans sa tête qu'elle était aussi timide que moi et que cela lui avait demandé beaucoup de courage.
-Alors c'est drôlement différent de Phoenix hein ? me demanda Angela sur le chemin.
-En effet.
-Il ne pleut pas beaucoup là-bas ? Désolée de t'embêter avec ces questions mais je ne suis jamais allée en Arizona.
Bizarrement, elle ne m'embêtait pas. Angela était agréable, elle avait un esprit vraiment gentil et curieux. Cependant ce n'était pas une curiosité malsaine.
-Trois ou quatre fois l'an.
-La vache ça doit être bizarre.
Je rie
-Ce n'est pas bizarre, juste ensoleillé.
Elle rit avec moi.
-Pourtant tu n'es pas très bronzé.
-Ma mère est albinos.
Elle me dévisagea avec une telle stupeur mâtinée de frayeur que je soupirai. Apparemment nuage et sens de l'humour étaient incompatibles. Encore quelques mois de ce régime-la, et j'oublierai comment manier le sarcasme.
-Nous y sommes ! Tu vas voir Jefferson est plutôt sympa.
Je lui adressais un sourire timide et entrais dans la salle.
Le reste de la matinée se déroula grosso modo de la même façon. Mon prof de maths, M Vaner m'obligea à me présenter devant toute la classe. Mal à l'aise je bafouillais et me passais la main dans les cheveux (je faisais toujours ce geste pour masquer ma nervosité) et me concentrais pour ne pas rougir. Je dû avoir recours à toutes mes capacités de concentration pour ne pas tomber durant le chemin jusqu'à ma chaise.
Au bout de deux heures de cours j'étais capable de reconnaître quelques visages. Angela bien sur, mais aussi Mike (le fameux autour de qui pratiquement toutes les pensées de la gente féminine de ce lycée tournaient) Eric Jessica et Lauren, ce petit groupe avait décidé de me prendre sous leurs ailes et je ne m'en plaignis pas. Dans une petite ville comme Forks le recours à la diplomatie est indispensable, mais l'avantage c'est que je n'ai pas eu une seule fois besoin de mon plan. Cependant je sentais bien que Mike préférait la popularité de mon statut de nouveau à ma compagnie et Eric essayait de garder un œil discret sur Angela. C'est aux côtés de cette dernière que je gagnais la cantine. Nous nous installâmes au bout d'une table bondée, et elle m'introduisit à d'autres de ses amis, dont un Ben Chenney qu'elle regardait avec beaucoup d'intérêt. Pauvre Eric, c'était perdu d'avance pour lui songeai-je.
C'est la, en pleine cantine alors que je m'efforçais de discuter avec des inconnus indiscrets pour la plupart, que je les vis pour la première fois.
Ils étaient assis dans un coin, aussi loin que possible du milieu de la longue pièce où je me trouvais. Ils étaient cinq. Ils ne parlaient pas, ne mangeaient pas, bien qu'ils eussent tous un plateau intact devant eux. Contrairement à la plupart des élèves ils ne me guignaient pas, et il me fut aisé de les observer sans risquer de rencontrer une paire d'yeux exagérément curieux. Ce ne fut cependant rien de tout cela qui attira et retint mon attention.
Ils n'avaient aucun trait commun. L'un des deux garçons cheveux sombres ondulés, était massif, musclé comme un type qui soulève de la fonte avec acharnement. Il me rappela vaguement la grosse brute de mon ancien lycée. L'autre blond, était plus grand, plus élancé mais bien bâti. Il avait beaucoup de prestance. Ils avaient plus l'air d'étudiants, voir de professeur de fac que de lycéens. Le blond avait un regard vif et très intelligent pourtant, il avait l'air de souffrir.
Les trois filles étaient à l'opposé les unes des autres. La première, celle que je jugeais être la plus vieille, était grande blonde et hiératique. Elle aurait dû se trouver en première page d'un magazine de mode, de sport ou de maillot de bain, mais il est claire qu'une beauté pareille n'aurait pas du se trouver à Forks. Cependant, quelque chose chez elle m'effrayait elle avait l'air glaciale. La deuxième était minuscule. Plus petite qu'Angela qui ne devait pas faire plus d'un mètre soixante. Elle avait les cheveux noirs, courts et dressés en pique tout autour de son visage. Elle ressemblait à un lutin ou à un ange je ne sais pas trop, sans que je puisse m'expliquer pourquoi son originalité me la rendit tout de suite sympathique. La troisième était de loin, pour moi, la plus belle des trois. De taille moyenne elle était élancée et mince. De superbes cheveux bruns aux grosses boucles tombaient en vagues légères et subtiles sur ses épaules qui semblaient frêles et solides à la fois, ses lèvres étaient d'un rouge sang, envoutant. Quelque chose dans ses yeux, ses lèvres son visage m'attirait irrésistiblement
Et pourtant, ces cinq-là se ressemblaient de façon frappante. Ils étaient d'une pâleur de craie, plus diaphanes que n'importe quel ado habitant cette ville, plus pâle que moi, l'albinos. Tous avaient les yeux très sombres en dépit des différentes nuances de leurs cheveux. Ils présentaient également des larges cernes, sombres, pareils à des hématomes.
Mais ce n'était pas ça non plus qui retint mon intérêt et me fascina en eux.
Ce furent leur visages, si différents et si semblables d'une splendeur inhumaine, dévastatrice. C'était presque douloureux de les regarder. Ou aurait plutôt eu envie de les voir sous le pinceau d'un grand maître italien entrain de représenter un ange. Il était difficile de déterminer lequel était le plus sublime. Le blond élancé ou la fille aux cheveux cuivrés peut être. Je me mentais à moi-même. La sirène aux cheveux cuivrés et aux lèvres de sang était indéniablement la plus belle.
Pourtant ce n'est pas ça non plus qui m'interpela.
La ou j'aurai dû entendre leur voix comme je le faisais avec tout un chacun depuis des années, je n'entendis rien. Le silence. Je me confrontais à un mur invincible. Et non pas que je me serve de mon "don" régulièrement, en être privé comme ça, me mettais mal à l'aise. Je compris alors qu'ils n'étaient vraiment pas comme tout le monde.
Tous les cinq avaient le regard éteint. Ils ne se regardaient pas, ne regardaient pas leurs condisciples, ne regardaient rien de particulier. Soudain, la plus petite des filles se leva et s'éloigna de ces grandes enjambées rapides et élégantes qui n'appartiennent qu'aux mannequins. Je la suivis des yeux ébahis par sa démarche gracile de danseuse. Elle me regarda sourit et plus elle s'éloignait plus j'avais l'impression de pouvoir entendre son esprit. C'était très étrange. Je revins aux autres, ils n'avaient pas bronché.
-Qui sont ces gens ? demandais-je à Mike.
Au moment où Mike se redressa pour voir de qui je parlais, la brune aux cheveux ondulés redressa la tête, comme si Mike l'avait appelée. Elle s'attarda moins d'une seconde sur Mike avant de m'aviser, plus longuement beaucoup plus longuement.
Un courant étrange me parcouru. Comme si on goutait à la saveur des voix mentales que j'entendais comme si on goutait à cette onde qui me permettait à moi d'entendre.
Elle détourna les yeux plus vive que moi, soudain très gênée. Le courant disparu. L'espace de ce bref instant j'avais cependant eu le temps de noter que ses traits étaient emprunt de curiosité. Confus Mike rigola et se mit à jouer avec les cordons de sa veste.
-Isabella et Emmet Cullen, Rosalie et Jasper Hale. Récita-t-il d'un seul bloc. Celle qui est parti c'est Alice Cullen. Ils vivent avec le docteur Cullen et sa femme.
Tout cela dans un souffle.
Je jetai un coup d'œil à la dérobée en direction de la sirène qui maintenant réduisait en charpie un beignet avec ses doigts, longs fin, pâles.
Des prénoms étranges et rares songeai-je. Datant de la génération de nos grands-parents. Enfin, je n'avais rien à dire. A moins qu'ils ne fussent en vogue dans ces contrées. Mais non, Mike Angela Lauren, Ben. Ce sont des prénoms des plus communs. J'en avais eu de nombreux dans ma classe à Phoenix
- Ils sont… spéciaux. Pas mal du tout.
Cette litote des plus flagrantes eu du mal à franchir mes lèvres.
- Tu m'étonnes s'esclaffa Mike. Oublie, ils sont en couple. Du moins Emmet et Rosalie Jasper et Alice. Et ils vivent ensemble.
Sa voix dénotait à la fois l'étonnement et la condamnation typique d'une petite ville, pensais-je avec dédain. Pour être honnête, je devais cependant admettre que, même à Phoenix la situation aurait provoqué des commérages. Faisant fi de ce mépris je continuais à l'interroger.
- Lesquels sont les Cullen ? Ils n'ont pas l'air d'être de la même famille.
- Ils ne le sont pas. Le docteur Cullen a la petite trentaine, il les a adoptés. Les Hale, les blonds, eux sont frère et sœur jumeaux. Placés en famille d'accueil.
Sans pouvoir m'expliquer pourquoi, je ne cru pas à cette version. Quelque chose clochait dans cette histoire. Ils se ressemblaient trop.
- Ils ne sont pas un peu vieux pour ça ?
- Je ne sais pas. Ils ont 18 ans, mais ils habitent avec Madame Cullen depuis qu'ils en ont 8. Elle est leur tante genre.
- C'est vraiment sympa de la part des Cullen. S'encombrer aussi jeunes d'autant de gamins.
- Ouais j'imagine, admit Mike avec réticence.
J'eus l'impression que, pour une raison quelconque (que je pensais tout de même être de la jalousie !), il n'aimait pas beaucoup le couple. Vu les regards qu'il lançait à leurs rejetons j'en déduisis que j'avais surement raison.
- Je crois bien que Madame Cullen ne peut pas avoir d'enfants précisa-t-il, comme si cela contrebalançait leur générosité. (Même ses pensées étaient pleines d'amertume)
- Ils ont toujours vécu à Forks ? demandais-je
Auquel cas j'aurais dû le remarquer. Il est vrai que je restais, généralement, (pour ne pas dire tout le temps) avec ma famille et que nous allions souvent à la Push ou nous balader en forêt, mais quand même. J'aurai dû les voir, les croiser au moins une fois pendant mes séjours estivaux. Au moins le docteur, je finissais toujours à l'hôpital pour telle ou telle raison à cause de ma maladresse.
- Non répondit Mike avec étonnement, comme si je devais obligatoirement être au courant de ce fait alors que j'étais à Forks depuis quelques heures seulement. Ils ont déménagé il y a deux ans d'Alaska.
J'éprouvais un élan de compassion, puis de soulagement. De compassion parce que, aussi beaux fussent-ils, ils restaient des étrangers rejetés par leurs paires, de soulagement parce que je n'étais finalement pas le seul nouveau, et surtout pas le plus captivant.
Tout coup, la plus jeune d'entre eux, une des Cullen plongea ses yeux dans les miens. Son expression était encore une fois celle d'une franche curiosité. Le courant se fit sentir à nouveau. Cette étrange sensation qu'on essayait de rentrer dans mon crâne, alors que j'essayais désespérément d'entendre sa voix. Je finis par me dérober, mais pas avant d'avoir décelé en elle une sorte d'espérance à laquelle je n'avais pas de réponse.
-Qui c'est, cette fille aux cheveux bruns ? m'enquis-je.
Mine de rien je constatais qu'elle poursuivait son examen de moi. Contrairement aux autres élèves, elle ne se montrait pas indiscrète au point d'être impoli. En revanche, ses traits étaient empreints d'une sorte de frustration que je ne compris pas. Moi aussi j'étais frustré, il m'était étrange de ne pas l'entendre. Je baissai la tête.
- Isabella. Elle est superbe, mais inutile de perdre ton temps. Apparemment, aucun des mecs d'ici n'est assez bien pour elle.
Mike renifla avec une telle rancœur que je me demandais quand elle avait refusé ses avances. Je me mordis les lèvres pour cacher mon sourire en voyant dans sa tête le nombre de fois ou il avait été éconduit. Je m'intéressais de nouveau à eux. Isabella avait beau s'être détournée, il me sembla que sa joue tressaillait, comme si elle aussi retenait un rire. Quelques minutes plus tard tous les quatre se levèrent d'un même mouvement. Ils étaient d'une grâce remarquable, y compris le costaud. C'en était déroutant. Isabella ne me prêtait plus aucune attention.
Je restai en compagnie de Mike et des autres plus longtemps que je ne l'aurai voulu. J'avais envie de m'éclipser. J'avais besoin de ma dose de solitude, et de musique pour être honnête.
Il s'est avéré qu'Angela avait aussi cours de Biologie avancée avec moi alors elle m'accompagna. En silence, elle aussi était réservée. Cependant c'était un silence sans gêne.
Quand nous entrâmes dans le labo Angela fila s'installer à sa place à côté de Ben et je compris vite en entrant dans sa tête pourquoi elle aimait tant ce cours, la matière n'y était pas pour grand-chose, son voisin beaucoup plus.
Toutes les tables étaient occupées, sauf une, dans l'allée centrale. Je reconnus Isabella Cullen à ses cheveux extraordinaires, assise à côté de l'unique tabouret libre. J'allais me présenter et faire signer ma feuille au prof. Au moment où je passais devant Monsieur Banner, Isabella se raidit sur son siège et me toisa. Son visage trahissait cette foi des émotions surprenantes -hostilité et souffrance. Choqué, je m'esquivai rapidement en m'empourprant (super pour un garçon). Je trébuchai sur un livre qui traînait. La fille qui était assise pouffa, je n'y prêtais aucune attention.
Les yeux d'Isabella étaient d'un noir d'encre. Les yeux les plus beaux et les plus effrayant que j'eu jamais vu.
M Banner parapha ma feuille de présence et me tendit un manuel sans s'embarrasser de politesses inutiles. Je l'aimais déjà. Naturellement je dû me rendre à la seule place libre à côté d'Isabella. Je m'y dirigeais le regard rivé sur mes vans encore stupéfait par l'hostilité de ma future voisine. Je m'étais peut-être montré mauvaise langue avec Mike, je comprenais un peu mieux sa rancœur.
Quand je m'assis j'eu le temps de voir Isabella se reculer le plus loin possible de moi que l'espace de la paillasse le lui permettait. Elle avait la tête de biais et se pinçait le nez comme si elle tentait de fuir une mauvaise odeur. Je sentais pourtant le chocolat, odeur de mon shampoing et de mon déodorant. Je m'efforçais de suivre la leçon pour ne pas avoir à regarder ma voisine. Malheureusement elle portait sur l'anatomie cellulaire, un sujet que j'avais déjà étudié. Je pris néanmoins des notes avec applications le nez collé à mon cahier.
Pas un instant Isabella ne se détendit ni ne se rapprocha. Ses mains étaient contractées en un poing fermé et ses avant bras, visible sous les manches de sa chemise retournée, étaient tellement contractés qu'on pouvait voir ses veines. Je ne pu m'empêcher de remarquer à quel point sa peau avait l'air douce, lisse.
Le cours s'éternisa. Je connaissais le sujet, les bras d'Isabella ne se détendait pas elle ne décrocha pas un mot, j'eu même l'impression qu'elle ne respirait pas. A aucun moment je ne vis sa poitrine se soulever. La journée touchait à sa fin j'étais lasse et fatigué. Je me dis que cela n'avait rien avoir avec moi, elle ne me connaissait ni d'Eve ni d'Adam et les Cullen et les Hale semblaient être ostracisés des autres élèves alors cela devait être une attitude normale.
Je ressenti à nouveau ce courant dans ma tête. On essayait désespérément d'y entrer. Je me permis alors un nouveau coup d'œil à Isabella, et le regrettait aussitôt. Elle me contemplait de ses prunelles noires qui exprimaient une réelle répulsion. Je tressaillis et revins à mon livre. La phrase "si les regards pouvaient tuer" me traversa l'esprit.
A cet instant la cloche sonna, et je fus soulagé. C'était fini, enfin. Isabella Cullen réagit comme un ressort. Me tournant le dos, elle se leva avec souplesse et quitta le labo avant que quiconque eût bougé.
Je restai pétrifié sur place, la suivant des yeux sans la voir. Mince, cette fille est vraiment spéciale. A la cantine elle avait été plus polie et discrète que les autres et la son attitude était odieuse, injuste. Je ramassais mes affaires tout en essayant de comprendre la raison de la colère qui montait en moi.
- C'est toi Edward Cullen ?
Je levais la tête et découvrit un charmant visage poupin aux cheveux blonds et au teint de porcelaine. De toute évidence cette fille ne trouvait pas que je puais. Pour paraître normal je fermais ma seconde écoute.
- Ed si tu préfères.
- Je m'appelle Jessica.
- Salut Jessica
- Tu as besoin d'aide pour trouver ton prochain cours ?
- Je crois que je me débrouillerai, j'ai gym.
Je n'avais surtout assez de faire semblant et d'être aimable avec tout le monde.
- Moi aussi s'exclama-t-elle visiblement ravi.
Nous y allâmes de conserve. C'était une bavarde. Elle alimenta l'essentiel de la conversation, ce qui m'arrangea. Elle avait vécu en Californie jusqu'à ses 10 ans et elle comprenait mes réticences envers Forks. Il s'est avéré que l'on partageait le même cours d'Anglais. J'étais ravi. Dans les autres cours soit Mike soit Angela étaient la, j'avais maintenant Jessica, je ne m'en sortais pas trop mal au bout d'une seule journée. Jessica me sorti de ma rêverie.
- Alors tu lui as fait quoi à Cullen ? Tu lui as planté un couteau dans la cuisse ou quoi ? Jamais vu comme ca !
Je chancelai. Apparemment la réaction d'Isabella Cullen avait été anormale. Je décidai de jouer l'idiot.
- Tu veux dire la fille qui était assise à côté de moi ?
- Oui ! J'ai cru qu'elle avait une rage de dents !
- Je ne sais pas. Je ne lui ai pas adressé la parole.
- Elle est zarbi, poursuivit Jessica. Moi si j'avais eu la chance de partager une paillasse avec toi je t'aurais parler.
Sa façon de battre des cils ne me disait rien qui vaille. J'écourtai la conversation en rentrant dans les vestiaires des garçons.
M Clapp, le prof de gym, me dégota une tenue et me demanda de participer à ce cours. Après tout, dans son esprit, tous les garçons aiment le sport alors il me faisait un cadeau. Tu parles, je finirai par tuer quelqu'un avec ce ballon dans les mains.
La sonnerie finit enfin par retentir. Je retournai doucement à l'accueil et soupirai de soulagement, j'allais retourner à la maison.
Lorsque j'entrai, je faillis tourner les talons et m'enfuir.
Isabella Cullen se tenait devant le comptoir. Je la reconnus à sa tignasse brune désordonnée. Elle n'eut pas l'air de remarquer mon arrivée. En prenant mon courage à deux mains je rentrai dans la salle et me posta près des plantes vertes. Elle discutait avec animation d'une voix basse et séduisante. Afin de mieux comprendre ce qui se passait je me mis dans la tête de Madame Cope. Je ne tardai pas à comprendre l'objet de leur dispute : Isabella Cullen voulait changer de cours pour arrêter la biologie. N'importe quel autre matière ferait l'affaire. J'étais totalement paumé. Comment pouvais-je à ce point déranger la vie de cette fille par ma seule présence ? Il devait y avoir un évènement antérieur à mon arrivé. Je ne pouvais pas croire qu'une telle fureur m'était destinée. Elle n'avait même pas encore entendu le son de ma voix.
La porte se rouvrit et un courant d'air polaire envahit la pièce agitant les papiers, je passais la main dans mes cheveux au même moment. La nouvelle venue posa un papier sur le bureau et sortie, Isabella Cullen se raidit. Elle se tourna lentement et me toisa -sa beauté frôlait l'absurde- de ses yeux perçants emplis de haine. Cependant je n'arrivai pas à avoir peur, le même courant me parcouru. Encore et toujours cette force contre mon crâne. J'étais transi par le froid et l'incompréhension.
La sirène s'adressa de nouveau à la secrétaire.
- Tant pis, décrétât-elle de sa voix de velours. C'est impossible et je comprends, merci quand même. Là-dessus elle pivota sur ses talons et, m'ignorant royalement, disparu.
Je m'approchai du comptoir et tendis ma fiche signée. Je devais être pale, je sentais les couleurs désertée mon visage.
- Comment s'est passée cette première journée, petit ? Me demande la secrétaire d'un ton maternel.
- Très bien mentis-je.
Mal. Car elle ne fut pas très convaincue. Sur le parking, ma golf était quasiment le dernier véhicule encore présent. Elle me fit déjà, l'effet d'un refuge. J'y restais assis un moment essayant de me réchauffer. Je rentrai chez Charlie, luttant tout le chemin contre le maelström d'émotion qui était le mien depuis que j'étais arrivé à Forks. Cette année scolaire n'allait pas être de tout repos
