Défi – blog
Titre : Captivité
Auteur : Kashiira
Genre : POV, angst, lemon, NCS, plutôt sombre, pas pour les petites natures, quoi ! ;
Source : Saint Seiya
Couple : aha ! Surprise -
Note de l'auteur : J'ai lancé le défi, il était normal que j'y réponde, non ? - En tous cas, motivons les troupes ! Allez les filles (et les gars !) ! Au turbin ! Livrez-nous les pensées intimes de vos chouchous ! -v
Captivité
Jour 1
Je ne sais même pas quel jour nous sommes. Le garde que j'ai soudoyé pour obtenir un peu d'eau et des feuilles s'est contenté de me rire au nez avant d'exiger son paiement. Je ne m'étendrai pas sur ce sujet. Mon compagnon de cellule s'est recroquevillé de l'autre côté de la pièce, le plus loin possible de moi. Pourtant, nous sommes à la même enseigne lui et moi. Enfermés pour trahison.
Haute trahison d'ailleurs. C'est la corde qui nous attend.
Du moins, c'est le châtiment qui est prévu pour ce genre de crime... Quoique pour des nobles, ce sera sans doute la lame ou le poison qui mettra fin à nos jours. C'est ironique au final, Odin nous a ramené à la vie mais j'ai l'impression que je ne vais pas en profiter longtemps. La première initiative de Siegfried a été de me jeter dans cette cellule après m'avoir donné une raclée que n'aurait pas reniée mon grand-père. Bud, lui, n'a pas tardé à me rejoindre, je ne sais pas encore pour quelle raison.
Je me demande pourquoi je me fatigue à écrire tout ça, ma main est tellement enflée qu'elle tient à peine la plume qui part dans tous les sens. Ca n'a pas d'importance, je vais mourir bientôt. Je suppose que je veux laisser derrière moi un témoignage assurant que je ne suis pas le monstre qu'il y paraît.
Oui, j'ai trahi le royaume d'Asgard. Oui, je suis ambitieux et j'étais prêt à entraîner la mort de mes compatriotes pour obtenir le pouvoir. Bon, d'accord. Ca fait peut-être de moi un monstre. Mais je n'ai pas envie de mourir.
De plus, j'aurais peut-être été un meilleur dirigeant qu'Hilda. Certainement, d'ailleurs. Mon but était de restructurer le pays et au fond, il y aurait sans doute gagné. Dans l'état actuel des choses, nous n'avons rien à envier au fameux Moyen-Âge occidental. Bon sang, les nobles ont toujours des vassaux et plus bas encore des serfs ! Je ne pense pas que mon avènement au pouvoir, si j'avais réussi, aurait empiré les choses, que du contraire. On se considère rarement comme un monstre au fond. De mon point de vue, je suis quelqu'un qui n'est pas si mal que ça. Tout est relatif.
Bon, je vais arrêter là pour le moment, ma main a tellement enflé que je n'arrive plus à former mes lettres et puis, je vais m'assurer que Bud n'est pas davantage blessé qu'il n'y paraisse.
°°
Jour 2
Physiquement, Bud se porte comme un charme, en dehors de quelques plaies et bosses – son traitement a été plus doux que le mien. Cependant, il est profondément choqué. J'ai essayé de le faire parler mais il est bouleversé et presque incohérent. Ca m'a pris pas mal de temps pour en déduire qu'il a tué son frère et que ce dernier n'est pas revenu à la vie comme les autres guerriers d'Asgard éliminés par les chevaliers d'Athéna. Logique mais cruel de la part de la divinité qui nous a ramené.
Ainsi, mon petit jeu avec les deux frères a eu plus de succès que prévu. J'ai toujours eu connaissance de l'existence du jumeau rejeté par sa famille à la naissance. J'en ai fait une arme à ma disposition, ai attisé la haine qu'il nourrissait envers Syd. Sur ce plan, je suis arrivé à mes fins mais je n'en retire pas de satisfactions. Je crois que pour la première fois, j'éprouve de la culpabilité… J'ai honte. Bud s'est mis à pleurer doucement au final et, avec un brin d'hésitation, je l'ai pris dans les bras. C'est la première fois que j'étreins quelqu'un dans le seul but de le réconforter et non dans le but de monnayer une faveur ou de le manipuler.
« Je suis désolé, » ai-je murmuré.
Et pour une fois, j'étais sincère. Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés ainsi mais lorsqu'un garde nous a amené un peu d'eau et du pain rassis, nous étions toujours dans la même position. Je me sens mal, je crois que je ne me rendais pas compte du mal que j'infligeais à mon ami… Je pensais juste me servir de lui pour asseoir mon pouvoir et le jeter ensuite. Bud est l'une des rares personnes auxquelles je me suis attaché malgré moi. Je pensais que ça n'avait pas d'importance, que le moment venu, je m'en débarrasserais sans état d'âme. Cependant, je réalise maintenant que ça ne marche pas comme ça. Mais c'est trop tard pour regretter maintenant.
Peut-être ai-je un cœur après tout.
°°
Jour 3 Ca y est. Bud a repris ces esprits, ce matin. Lorsqu'il a ouverts les yeux, ils étaient clairs, lucides et non plus embués comme la veille. Il m'a repoussé rudement avant de se lever, faisant le tour de la cellule en quelques pas, comme un fauve en cage. Je l'ai regardé faire en silence, l'ai regardé reprendre brutalement contact avec la réalité. Il s'est tourné vers moi, le visage de marbre.« J'ai tué Syd, Alberich, » a-t-il dit simplement.Un aveu terrible, douloureux. Je me suis contenté de hocher la tête devinant ce qui allait suivre.« Je l'ai tué et je n'ai pas repris ma place dans la société. Je n'ai éprouvé aucun plaisir. Je voulais juste qu'il vive avec moi et j'ai échoué ! »Renonçant à comprendre exactement ce qui s'était passé et encore moins le cheminement de son esprit, je me suis levé, grimaçant comme mon corps protestait énergiquement. A rester immobile pendant des heures, je me suis ankylosé et mes contusions semblent bien avoir leur mot à dire. Il m'a regardé faire fixement avant de me saisir soudain par le col et de m'attirer à lui.« Tout ça, c'est de ta faute ! » a-t-il rugi.Ca, je le sentais venir. D'abord le choc, puis la désorientation, ensuite la colère et le besoin irrépressible de rejeter la faute sur autrui. Classique. Je l'ai saisi par le poignet.« Je ne t'ai pas mis le couteau sur la gorge, que je sache, Bud ! » ai-je sifflé en me dégageant.Il n'a pas résisté, me laissant m'éloigner tout en me regardant d'un oeil noir.« Que tu le veuilles ou non, tu connaissais mes projets et tu ne m'as pas arrêté ! Même si tu as changé tardivement d'avis pour ton frère, ça ne change pas grand chose au contexte. Tu es aussi traître que moi ! Traître et fratricide ! »J'avais envie de le faire souffrir, autant que son attitude à mon égard me faisait mal et à en juger de sa réaction, j'y ai réussi. Il m'a à nouveau empoigné par le cou et a rejeté le poing en arrière avant de se figer tandis qu'un rai de lumière venant de la porte tombait sur mon visage.« Frappe, » ai-je murmuré. « Un peu plus de noir ou de bleu, ça ne fera pas de différences. »Il m'a lâché et s'est réfugié de l'autre côté de la cellule. Nous n'avons plus parlé après ça. Je regrette ce que je lui ai dit mais je n'ai pas pu m'en empêcher d'autant plus que c'était la vérité. Il a fait une erreur en me suivant. Il n'a plus qu'à assumer.Je n'en peux plus d'attendre, le silence me pèse et même écrire ne me distrait pas, au contraire. Je rumine.Qu'attend donc Hilda pour décider de notre sort ?
°°
Jour 4
Siegfried, notre valeureux et noble leader, s'est enfin donné la peine de nous rendre visite. Finalement, je crois que j'aurais préféré que Hilda hésite encore un peu quant à ce qu'elle comptait faire de nous. Silencieusement, des gardes ont emmené Bud, hors de la cellule. Je l'ai regardé partir sans dire un mot ni faire un geste malgré le regard horrifié qu'il m'a lancé avant de passer le seuil.
Je crois que jamais encore je ne me suis senti aussi lâche mais mon inquiétude à son sujet a rapidement cédé la place à mon instinct de survie qui m'a fait battre en retraite devant l'avancée du blond. Quelque chose brillait dans ses yeux. Quelque chose de mauvais, presque de la folie.
« Couard ! » a-t-il sifflé avant de me saisir par le bras et de me ramener à lui.
« Peut-être bien, » ai-je répliqué. « Mais mieux vaut un chien vivant qu'un lion mort, hein Siegfried ? »
Il m'a violemment repoussé en arrière me faisant heurter le mur de la cellule et je suis tombé à genoux, le souffle coupé.
« Un chien vivant, hein ? C'est bien ce que tu es, Alberich, » a-t-il repris d'une voix froide, me dominant de toute sa hauteur. « Son altesse a décidé de ta mort mais ce serait un sort trop doux pour toi. »
Se baissant rapidement, il a ramassé avec dégoût les feuilles de mon journal avant de les déchirer avec mépris.
« Tu n'en auras plus besoin, chien ! » a-t-il craché avant de me relever d'une seule main et de me propulser dans le couloir.
Saisi, j'ai trébuché, à moitié aveuglé par les torches éclairant les murs.
« Et Bud ? Que va-t-il lui arriver ? »
Un rire bref m'a répondu tandis qu'un claquement sec retentissait à mes oreilles. Le froid de l'acier sur la chair de ma nuque a suffi à me couper pour la seconde fois le souffle comme je comprenais que peut-être aurait-il mieux valu pour moi une simple sentence de mort.
« Depuis quand te préoccupes-tu de tes pantins… chien ? »
Sans se préoccuper de mes plaies ni de ma saleté, Siegfried a attaché une lourde chaîne au collier de métal avant de la relier à des menottes qui n'ont pas tardé à entraver mes poignets. Une vieille cape d'une couleur rendue indéfinissable par la crasse et la vieillesse a atterri sur mon dos, me dissimulant à la vue des gardes et c'est poussé dans le dos par mon nouveau geôlier que j'ai quitté les prisons d'Asgard.
Plus de journal où inscrire mes pensées, où me justifier, désormais. Juste mon esprit qui tourne à vide, qui, malgré la panique qui tente de l'envahir, s'efforce de penser droit. Je pourrais tenter de m'enfuir mais enchaîné comme je le suis et dans mon état, je n'irai pas loin. Tout le monde ou presque me connaît au moins de vue ici et beaucoup ont dû nourrir une profonde rancœur à mon égard. Me savoir sous le coup d'un arrêt de mort en encouragerait plus d'un, je ne ferais pas trois mètres avant d'être tué. Or, je ne tiens pas à mourir.
La main de Siegfried me tire soudain sur le côté et je trébuche maladroitement, tentant de me retenir à un mur qui se dérobe sous mon épaule. Je tombe sans grâce dans la poussière pour me voir relever rudement et propulsé en avant d'une bourrade. La cape sent mauvais et retombe devant mon visage m'empêchant de voir où mes pas me mènent. J'ai bien essayé de m'orienter au gré des tournants et des portes franchies mais j'ai finalement perdu le compte. J'ai l'impression que nous avons pénétré une partie particulièrement ancienne du château via les passages secrets que j'étais censément le seul à connaître.
« Avance ! » me souffle mon guide et je ne peux qu'obéir.
Ma survie dépend de lui et peu à peu une peur insidieuse s'empare de moi. Je connais le ton qu'il emploie, Siegfried est du genre rancunier. Si je sors de ce château, je suis mort mais entre ses mains… D'un geste de la tête, je repousse la cape qui tombe à mes pieds avant de me tourner vers lui. Il me regarde un léger sourire méprisant ourlant ses lèvres. Il a toujours été bel homme avec un brin de suffisance que je pensais pouvoir utiliser à mon avantage. Apparemment, c'est plutôt raté. Il entre à son tour dans la pièce avant de fermer la porte à clé derrière lui.
« Déshabille-toi, » fait-il d'un ton qui fait courir des frissons le long de mon échine.
Je lève mes mains menottées en haussant sarcastiquement les sourcils.
« Je vais avoir du mal à ôter le dessus. D'ailleurs, je ne savais pas que tu aimais jouer à ce genre de petits jeux, ô puissant leader. »
Ne surtout pas montrer que je suis terrifié. J'ai observé la pièce. Elle est nue mais propre, un anneau sort du sol, il n'y a aucune trace de rouille. Apparemment, Siegfried a planifié son coup. Il m'attire soudain à lui me détachant avec une aisance qui me surprend un peu. Soit, il s'est entraîné devant un miroir ; soit, il a davantage procédé aux interrogatoires de prisonniers que je ne le pensais. Cependant, je ne perds pas de temps en vaines interrogations. D'après ce que j'ai pu voir au travers des fenêtres encrassées de la petite pièce, il fait nuit dehors. Si je peux le prendre par surprise, je pourrai essayer de sortir du château, de filer de ce maudit pays glacial. Me refaire une vie ailleurs.
Dès que mes mains sont libres, je le saisis par le bras et lui fais opérer un soleil. Mes doigts crient au martyr devant le traitement que je leur inflige et la clé que j'avais réussi à subtiliser dans le même mouvement m'échappe. Je dois le prendre de vitesse ou tout sera terminé avant même d'avoir commencé. Il se relève, cependant, plus vite que je ne l'avais escompté et me renverse. Physiquement, Siegfried est plus fort que moi, il l'a toujours été. Plus grand, plus large et plus lourd. Je ne me défends pas trop mal au corps à corps mais il a l'avantage sur moi et, surtout, lui n'a pas souffert d'une raclée intempestive en plus de plusieurs jours de privations. Il finit par me cogner plusieurs fois la tête contre le sol glacé et je m'évanouis.
Lorsque je reprends mes esprits, je peux sentir le froid des dalles de pierre contre ma peau nue et mes parties génitales exposées se recroquevillent instinctivement. La joue contre le sol, je me trouve dans une position inconfortable. Le collier est attaché à l'anneau, me maintenant efficacement à terre. Mes bras sont ramenés dans mon dos et un pied botté me force bientôt sur les genoux, m'obligeant à m'arquer en arrière.
« Siegfried, » murmuré-je d'une voix rauque.
« Je n'avais pas prévu de commencer dès ce soir, chien, » me répond mon – ô combien ! – agréable compagnon. « Mais tu n'as pu t'en empêcher, n'est-ce pas ? Il a fallu que tu utilises cet esprit retors et traître qui est le tien. »
Un trait de feu s'abat soudain en travers de mes cuisses et je ne peux empêcher un cri surpris de m'échapper.
« Eh bien apprends qu'à toute action correspond une réaction. Toute rébellion sera sévèrement punie ! »
Cette fois, c'est sur mes fesses qu'atterrissent les coups de ce que je devine être une cravache. Le petit jeu dure longtemps comme si Siegfried s'amusait de m'humilier de la sorte, ce qui doit être le cas. Je ne peux que retenir mes cris de douleur tandis qu'il remonte peu à peu sur mon dos, frappant entre mes omoplates et meurtrissant mes bras avant d'atteindre mes mains blessées. Je ne peux m'empêcher de hurler comme la douleur devient insupportable. Il continue encore un temps avant de s'arrêter et de me renverser sur le côté d'un coup de botte bien appliqué.
« Un chien ça se dresse, » fait-il froidement avant de se détourner. « Quand j'en aurai fini avec toi, tu obéiras au moindre de mes ordres. »
C'est ça, oui ! Compte là-dessus et bois de l'eau fraîche, pauvre sadique. Bon sang ! Je ne savais pas que cet idiot avait ça en lui. Je suis un calculateur, je n'ai jamais fait souffrir les gens plus que de nécessaire… même dans mes cercueils d'améthyste. C'était nécessaire pour nourrir leur magie et la force qu'ils me prêtaient.
Alors Siegfried ? Qui est le monstre, maintenant ? Le traître que je suis ou le noble chevalier torturant au nom de la justice que tu es ? Je n'en peux plus, ces dernières épreuves m'ont épuisé et le dernier son que j'entends avant que le sommeil ne m'emporte est la porte qui se referme derrière lui.
°°
Jour 5
Lorsque je reviens à moi, je suis étendu sur le côté, aussi nu et meurtri que la veille. L'anneau auquel Siegfried m'a attaché semble toujours aussi solide et mon bras droit est entièrement ankylosé. Ma situation n'est pas mieux qu'hier, elle a même empiré. La porte s'ouvre soudain derrière moi et, avant que je n'aie le temps de tenter de me retourner, un torrent glacé m'asperge. Le souffle coupé, je ne peux même pas crier ma surprise.
Des bottes entrent dans mon champ de vision et, sans grande surprise, je croise le regard méprisant de ma némésis. Avec effort, je lui souris même si l'humeur n'y est pas.
« Ne me provoque pas, chien ! » gronde-t-il.
« Il est sale ton cabot ! » fait une voix dans mon dos.
Je reconnais Hagen et il me faut toute ma maîtrise pour ne pas me recroqueviller sur moi-même. Je ne me suis jamais senti aussi humilié. Etrangement, le regard de Siegfried ne me donne pas l'envie de me cacher, pas comme Merak. Je me tiens pourtant coi comme il me force sur le dos malgré le collier qui coupe dans la chair de ma gorge et les protestations de mon bras encore doté de sensations. Il semble avoir doublé de volume, j'espère juste que rien n'est cassé. Sans mot dire, il lève, les deux seaux qu'il tenait à la main et les verse sur moi sans prévenir. Je crache, souffle et m'étrangle à moitié mais aucun de mes deux tourmenteurs ne semble s'en émouvoir outre mesure.
Attendez un peu que la situation s'inverse et vous verrez !
Ils me détachent pour me relever et lient mon collier à une chaîne qu'ils font descendre du mur. Je ne peux que constater qu'ils se sont bien organisés…
« Je t'ai aidé en apportant l'eau, » fais Hagen en désignant les seaux. « Amène le reste, je le surveille… »
Siegfried lui jette un regard peu amène avant de sortir sans un mot et je ne peux retenir un geste de recul comme le blond restant s'avance vers moi. Ca le fait rire tandis qu'il m'immobilise rapidement.
« Nous avons reçu la visite des Chevaliers d'Athéna, ce matin, » susurre-t-il. « Ils ont un langage très imagé, j'ai appris plein de mots… »
« C'est bien d'étendre son vocabulaire… Ca ne te fera pas de mal. »
Je n'ai pas pu m'en empêcher, son regard sur moi me dégoûte. Son poing contre ma tempe m'assomme à moitié.
« Je vais te rendre au centuple toutes les fois où tu m'as 'enculé' ! » rugit-il.
L'instant d'après, il est en moi, je n'ai pas le temps de sentir la douleur, mon esprit bat en retraite presque immédiatement. Je n'arrive pas à réaliser, je ne le veux pas. Ce n'est pas possible, ça ne peut pas arriver… Pas à moi !
J'entends à peine le retour de Siegfried et ne réalise que de très loin que ce dernier jette Hagen dehors à force de coups de poings bien placés et de rugissements. Lorsqu'il revient près de moi, je ne tiens debout que par la peur de mourir étranglé si je tombe. Sans mots dire, il allonge ma chaîne et je tombe à genoux, épuisé. Presque doucement, il détache mes bras qui tombent sans vie à mes côtés.
« Ne te fais pas d'illusions, » dit-il finalement. « Je ne l'ai pas chassé pour te protéger mais tu es à moi. Pas à lui. »
Il me jette un chiffon dans les mains.
« Nettoie-toi, chien, » conclut-il en se levant brusquement.
Dans ses yeux, danse une étrange lueur mêlée d'incertitude et d'un sentiment qui me ferait presque penser à de la peur si ce n'était pas Siegried de Dubhe qui se tient devant moi. Il tourne soudain les talons et sort à son tour de la pièce. Le sang circule à nouveau dans mon bras droit et je grimace comme cette nouvelle douleur vient s'ajouter à toutes les autres. Pour la première fois, j'en viens à regretter de ne pas être mort.
