OMNIA VINCIT AMOR
L'Amour triomphe de tout
Partie 1 : Pose tes yeux sur moi, juste une fois…
Les yeux vert remplis d'une adoration échevelée et de larmes contenues se levèrent lentement vers la silhouette tout de noir vêtue qui dominait la foule. Il entendait son cœur battre fort dans sa poitrine, la voix de l'homme résonnait à ses oreilles sourdement comme s'il avait la tête sous l'eau. Il n'était qu'un point noir parmi un million de personnes, il le savait, mais il savait que personne ne possédait la foi qu'il avait en lui.
Son visage pâle éclairé par les drapeaux enflammés des perdants, était comme figé dans la confusion. Une tristesse déchirante creusait ses traits bien qu'une intense joie animait son cœur. Il sentait les crépitements de la foule, tous ces doigts qui craquaient d'anticipation, toutes ces millions de têtes qui réfléchissaient à vive allure et ces yeux identiques aux siens qui admiraient en silence leur maître. Pourtant, il savait qu'il était le seul à le percevoir comme il l'était. Il aimait poser ses yeux sur sa silhouette longiligne si grande et imposante qu'on pouvait la confondre avec celle de Dieu, ses yeux teintés de la couleur infernale, et son port altier victorieux et si gracieux qu'il faisait trembler tout le monde.
Pas une seule fois, ses yeux de sang ne se posèrent sur lui. Après tout, il n'était rien d'autre qu'un serviteur, il n'était pas digne d'intérêt et il le savait. Lorsque le chant de la victoire fut entonné par la foule en délire, Harry laissa couler ses larmes sans retenue. Il se releva lentement à l'instar de la totalité de la foule et acclama avec vénération Lord Voldemort, leur sauveur et maître à tous.
۞
Un vent frais parcourut son corps, et Harry réprima un frisson. Allongé sur un des bancs de pierre qui parsemaient le Parc de l'Immortalité, Harry contemplait le ciel étoilé tout en fumant une cigarette. Il essayait de remettre un peu d'ordre dans sa vie – ou du moins dans sa tête. Les sentiments qui l'étreignaient à la pensée de son maître lui paraissaient insoutenables. C'était une réelle souffrance que d'entendre son nom, de le voir, de devoir s'agenouiller à ses pieds sans qu'il ne daigne poser les yeux sur lui.
Harry soupira. Il se souvenait de ses premiers moments qu'il avait passé dans le Château de Serpentard, il se rappelait avec précision la frénésie et l'hystérie qui s'étaient saisis de lui lorsqu'il avait su qu'il avait réussi son admission. Il était enfin devenu un mangemort. Il faisait parti des plus valeureux guerriers du Seigneur Voldemort. Depuis sa tendre enfance, il avait rêvé de ce moment chéri, il avait appris sorts et techniques de combat pendant seize ans avant de pouvoir passer le difficile test de Lord Voldemort.
Tous ceux qui avaient survécu rentraient dans l'armée de Voldemort et ceux qui n'y étaient pas admis étaient forcément morts. Harry se souvenait très bien de la peur de ses amis lorsqu'il était parti passer son test, ils savaient qu'ils le reverrait soit victorieux soit mort… Harry le savait également mais pour lui, rien n'avait plus d'importance que de servir Lord Voldemort et ainsi de suivre le digne chemin de son père. Bien-sûr, il n'avait pas du tout prévu qu'il tomberait amoureux de son maître.
Harry tira une bouffée de cigarette distraitement tout en remarquant que dans deux mois, ça ferait cinq ans qu'il était à son service. Il pensa que cela avait passé très vite mais il pensa aussi à tout ce qu'il avait vécu, les batailles ensanglantées avec victoire ou défaite à la clé, les tortures infligées par les mangemorts supérieurs, la déception de ne jamais réussir à épater son maître et la jalousie de ne pas être l'un de ses mangemorts privilégiés qui pouvaient discuter, batailler et même dîner avec lui ! Le regret de ne plus voir ses amis aussi souvent qu'il le voudrait depuis qu'il habitait au Château de Serpentard, il aimait bien penser qu'il dormait dans la même demeure que son maître… Néanmoins, Ginny, Hermione et Sirius lui manquaient. Il avait d'autres amis, Ron, Draco, Théodore, Seamus, Blaise et quelques autres mais ils étaient tous des hommes au cœur dur qui ne rêvaient que de batailles, de sang et de femmes. Parfois, la tendresse féminine lui manquait, parfois juste la tendresse tout court. Malheureusement, il connaissait sa défaillance. Il était homosexuel, et dans les rangs de Lord Voldemort il n'y en avait pas beaucoup. Cela ne le dérangeait pas car il partageait sa différence avec son maître et cela le réjouissait. Lord Voldemort était homosexuel également, ses amants toujours plus nombreux étaient tous des jeunes hommes – jamais ses mangemorts. Harry n'était pas dupe, il savait que Lord Voldemort avait dû avoir des relations sexuelles avec quelques-uns de ses mangemorts supérieurs, il pensait notamment à Severus Snape. Il haïssait plus que tout cet homme. Il était cruel, vil, et aussi sans-pitié que Lucifer lui-même. Il ne pouvait s'empêcher de le jalouser, il enviait sa beauté ténébreuse, ses pouvoirs et sa place de favori.
Harry, lui, n'était qu'un simple mangemort qui risquait sa vie batailles après batailles pour lui, pour son royaume, pour sa grandeur, pour la mémoire de son père aussi. Mais chaque bataille le fatiguait. Parfois, il se demandait comment il avait fait pour réussir à rentrer dans les rangs des mangemorts, lorsqu'il regardait Ron ou Draco, il avait vraiment l'impression de faire pâle figure à côté d'eux. Ils étaient tous deux robustes et puissants, leur force était reconnue et Draco était même en passe de devenir un mangemort de premier ordre notamment grâce à l'influence de son père, Lucius Malfoy.
La force d'Harry résidait dans son agilité et sa ruse. Il était très courageux, toujours vaillant au combat, sa petite taille lui permettait de passer partout et de jeter des sorts à la dérobée sans qu'aucun ne s'en aperçoive. Il était précis et efficace. Ses parents avaient été de grands sorciers reconnus de Voldemort mais le fils qu'ils avaient procréé avait très vite été oublié. Personne ne voulait savoir si Harry Potter avait les mêmes capacités que ses parents… Peut-être étaient-ils moins connus que les Lestrange ou les Malfoy. Harry se sentait frustré de cette mise à l'écart, il voulait faire ses preuves, il voulait tellement que Lord Voldemort pose un jour les yeux sur lui et découvre avec stupeur qu'il était doué, puissant, intelligent. Mais Harry doutait de lui-même, il n'avait aucune autorité au sein des mangemorts et à chaque bataille il faisait parti des premiers à être envoyé sur le terrain. Heureusement, Ron, Draco et Blaise se préoccupaient beaucoup de lui et veillaient à ce que les autres mangemorts ne l'embêtent pas trop. Théodore Nott avait le même problème qu'Harry, ils étaient tous les deux chétifs, petits, à l'apparence fragile et délicate. Les mangemorts les surnommaient les "fillettes", bien qu'ils reconnaissaient leur utilité au combat et la puissance de leurs sorts.
A cause de ce traitement de faveur, Théodore et Harry s'étaient beaucoup rapprochés. Ils étaient les petits protégés de Ron, Draco et Blaise. Et quand ceux-ci disparaissaient Dean et Seamus prenaient la relève. Néanmoins, Harry se plaignait jamais car il y avait bien un mangemort qui en pâtissait bien plus que lui : Neville Londubat. Celui-ci avait réussi à devenir un mangemort par un heureux hasard que ni Neville ni Harry ne comprenaient. Poussé par sa grand-mère, il s'était engagé, la peur au ventre, totalement certain qu'il n'en reviendrait jamais. Mais il avait réussi et les mangemorts supérieurs avaient tatoué son bras droit d'un joli serpent, l'emblème de Lord Voldemort. Mais Neville aurait sûrement préféré mourir que d'endurer jours après jours les railleries et tortures des mangemorts supérieurs. Il était un piètre guerrier et ses erreurs parfois monumentales lui faisaient subir mille tourments au grand damne d'Harry et de ses amis. Mais ils ne pouvaient rien faire, se rebeller contre les mangemorts supérieurs les amèneraient tout droit à la Salle du Trône et là, ils devraient endurer la colère de Lord Voldemort. Harry ne voulait surtout pas déclencher la colère de son maître, il se souvenait parfaitement de la façon dont Lord Voldemort avait tué Zacharias Smith après qu'il eût mené une bataille pitoyable. Le jeune homme ne s'était jamais relevé de sa mare de sang et Lord Voldemort s'était contenté d'un sourire froid. Le jour-là, Harry eut la chair de poule et craint intensément son maître mais cela ne l'empêcha pas du tout d'éprouver ces si forts sentiments à son égard – parfois il ne se comprenait pas. Tout le monde savait pourtant que Lord Voldemort était certes intelligent et très puissant mais tout de même un peu fou. Personne ne pouvait le nier.
Harry poussa un geignement de douleur lorsqu'il sentit la raideur de son dos, les bancs glacials du parc n'étaient pas très confortables. Mais c'était un endroit tellement magnifique ! Le Parc de l'Immortalité entourait le Château de Serpentard et comportait des statues incroyables et une architecture florale défiant celle du château de Versailles. Harry aimait s'y rendre la nuit, une fois que tous les mangemorts étaient assoupis et que le château était calme. Il sortait alors muni d'un paquet de cigarettes et s'installait sur le banc accolé contre le socle d'une immense statue. Elle représentait un ange noir de toute beauté, les anges étaient censés êtres asexués mais le sculpteur avait préféré en faire un mâle et Harry ne pouvait s'empêcher de contempler le corps de l'ange à chaque fois qu'il venait. Il ne savait pas qui avait sculpté ce magnifique ange mais s'il pouvait un jour le rencontrer, il irait baiser ses pieds avec adoration parce que la statue était l'incarnation même de la beauté.
Il était apaisé lorsqu'il venait à cet endroit, la nuit était belle et le printemps à peine commencé faisait germer les plus belles fleurs à tous les coins du parc. Mais la nuit était fraîche et Harry se releva lentement non sans une grimace de douleur. Son dos craqua puis il alla mieux, il récupéra son paquet de cigarettes qui avait glissé sous le banc de pierre et marcha vers le château, écartant les protections magiques les unes après les autres sans les enlever pour autant.
Il rentra dans le château qui était plus glacial que l'extérieur puis rejoignit sa chambre au deuxième étage, il se glissa dans les draps de son lit à baldaquin aux tentures blanches vaporeuses et s'endormit d'un coup avec un petit soupir désespéré.
۞
Son épée empoisonnée s'enfonça avec facilité dans le ventre de son ennemi, ses yeux s'ouvrirent sous le choc puis il tomba raide mort à ses pieds. Harry retira brusquement son épée et la rangea dans son fourreau, muni de sa baguette il s'occupa alors des sorciers qui l'encerclaient dangereusement. La voix slave de ses ennemis lui parvenaient aux oreilles mais il ne comprenait pas ce qu'ils disaient, il lança plusieurs sorts de désarmement et quelques sortilèges de la mort mais il ne put se couvrir totalement, son bouclier se brisa et une longue gerbe de sang fusa de sa poitrine. Harry s'écroula à terre, il vit brièvement Ron décapiter les sorciers roumains avant qu'il ne s'évanouisse.
Il voyagea longuement entre la vie et la mort, l'esprit inondé de pensées étranges et incompréhensibles puis ce fut le trou noir.
۞
"Il se réveille" dit doucement une voix près de sa tête "Ouvre les yeux, petit garnement !"
Harry gémit et papillonna doucement des yeux. Il aperçut derrière un épais brouillard la tête blonde et inquiétée de Draco Malfoy, un roux hirsute arriva peu après, puis Théodore, Blaise, Dean, Seamus et Neville en retrait, vinrent encercler son lit. Harry les regarda tour à tour, complètement perdu.
"Où est-ce que je suis ? Qu'est-ce qui s'est passé ?" demanda-t-il d'une voix pâteuse.
"On est en Roumanie, Harry, tu te rappelles ? Mission Faucon, on devait raser un village… Tu l'as échappé belle, on a vraiment cru que ce connard avait réussi à te tuer, mais ce n'était qu'une égratignure, t'as même pas de cicatrices !" s'exclama Draco Malfoy avec un grand sourire.
"Ha" répondit Harry d'une voix morne.
Théodore passa une main dans ses cheveux.
"Ça va aller, Harry ? T'as encore mal ?"
"Non, non, je ne ressens rien, tout va bien" répondit-t-il.
"Ne t'inquiète pas, on va bientôt rentrer en Angleterre" l'informa Théodore.
"La mission s'est bien passée ?" demanda Harry en se tournant automatiquement vers Draco.
Celui-ci acquiesça.
"Plus que bien passée, Harry" intervint Blaise "Le Maître veut que nous rentrions rapidement parce qu'il a décidé de promouvoir Ron, Draco et moi au rang de premier ordre !"
Harry reçut un choc en entendant cela, il fit néanmoins semblant d'être heureux pour eux. Il félicita Ron, Draco et Blaise avec un léger sourire.
"Vous devriez être promu, comme nous, je ne comprends pas pourquoi il n'appelle que nous, il devrait vous féliciter aussi… Après tout, la mission s'est bien déroulée grâce à nous tous !" s'exclama Ron.
Théodore eut une exclamation amère :
"Tout le monde nous traite de fillettes, Harry, Neville et moi ! Que ferait Voldemort de mecs comme nous ? Quant à Seamus et Dean, ils sont trop nouveaux pour passer en premier ordre… Ne vous inquiétez pas les mecs" fit Théodore à l'intention de Seamus et Dean "Un jour vous aurez aussi le privilège d'être promu, nous on sera pour toujours de simples mangemorts qui récureront vos bottes quand vous le demanderez !"
"Tu racontes n'importe quoi, Théo !" s'insurgea Ron "On ne vous demandera jamais de récurer nos bottes, c'est écœurant, vous serez toujours nos amis !"
"Ron a raison" fit Draco d'une voix ferme "Et puis le Maître se rendra compte un jour de l'énorme pouvoir que vous avez tous les trois, vous avez des pouvoirs que nous n'avons pas mais qui sont moins visibles au combat… Un jour vous serez aussi en premier ordre, j'en suis sûr."
"En attendant, on va devoir combattre séparément ou c'est vous qui nous donnerez des directives" soupira Harry "On s'y fera, je pense, j'espère juste que les autres mangemort vont nous lâcher même si vous n'êtes plus là…"
"Si quelqu'un t'embête Harry, dis-le moi tout de suite… Mon père s'en chargera personnellement, je te le promets !"
Harry acquiesça distraitement avec un sourire désabusé.
'C'est ce qu'on verra !' pensa-t-il, tristement.
۞
Il avait toujours un peu mal en marchant ou en se baissant parce que la blessure avait été malgré tout profonde, mais il n'avait plus aucune trace et cela le soulageait. Ils rentrèrent en Angleterre le lendemain grâce à un portoloin. Une fois arrivés au château, Blaise, Draco et Ron partirent avec un grand sourire vers la Salle du Trône, ils allaient devenir des mangemorts de premier ordre. Avec un peu de chance, un jour, ils pourraient devenir des mangemort supérieurs et alors ils pourraient partager un peu du temps de Lord Voldemort. Harry les jalousait. Il ne serait jamais rien aux yeux de Lord Voldemort ! Rien qu'un mangemort tatoué par les supérieurs, rien qu'un nom dans ses registres, rien qu'un bout de viande capable de se battre… S'il venait à mourir, le remarquerait-on ? Oh oui, les mangemorts de second ordre auraient une 'fillette' en moins à enquiquiner mais cela remonterait-il aux oreilles de Lord Voldemort ? Peut-être oui, une information rapide sans importance entre deux coupes de champagne : "Il y a eu une perte chez les mangemorts de second ordre" ou peut-être "Vingt-cinq mangemorts de second ordre sont morts, Monseigneur". Rien qu'une unité dans un chiffre ! Même pas de nom… Rien. Et la gloire de son père, alors ? N'était-il pas selon les propres dires de ce dernier, un sorcier digne d'intérêt ? Sa plus grand fierté ? Sa gloire ? Un petit génie ?
N'était-il qu'une machine à tuer ?
۞
Draco remonta théâtralement la manche de sa robe, Harry se pencha en avant et contempla avec jalousie la tête de mort que Lord Voldemort lui-même avait rajouté au serpent que l'un des supérieurs avait un jour tatoué. Il était dorénavant un sorcier de premier ordre, c'était irrémédiable et signé de la part du Seigneur des Ténèbres lui-même. Blaise et Ron firent de même, leur tatouage était encore un peu rouge mais il était magnifique.
Harry jeta un œil à son pauvre serpent avec dépit. Il n'était rien, rien, rien, rien, rien.
Il prétexta une douleur à la poitrine et se dirigea vers sa chambre du deuxième étage. Il était déprimé et découragé. Il ne voulait pas se battre toute sa vie pour quelqu'un qui ne le connaissait même pas ! Il l'aimait à en crever, c'était si intense qu'il en rêvait toutes les nuits, qu'il essayait par tous les moyens de l'observer dans le château, lorsqu'il était seul.
Harry avait tellement besoin de lui, il avait tellement envie qu'il le prenne dans ses bras. Oh, il savait que cela était impossible, que c'était une image insolite qu'Harry ne verrait jamais parce que Lord Voldemort n'enlaçait personne. Mais il avait tellement besoin de tendresse depuis que son père était mort dans les rangs de son Maître, il n'avait plus jamais eu quelqu'un pour lui. Il n'avait jamais aimé de femmes, adolescent il avait pourtant essayé mais il lui fut impossible de coucher avec elle et celle-ci finit par le quitter. Il avait pourtant essayé avec Ginny Weasley mais elle l'avait elle-même informé qu'il était homosexuel. Il avait alors compris… Mais aucun homme ne le plut jusqu'à ce qu'il pose les yeux sur son maître, cet homme au charme si fou, à la beauté si sulfureuse qu'elle faisait saliver la plupart de ses servantes et cet ingrat de Severus Snape. Il savait qu'il était gourmand, et c'était un euphémisme ! Il savait qu'il n'avait même pas le droit de caresser ne serait-ce que l'espoir de voir un jour Voldemort se pencher vers lui pour lui voler un baiser. Au pire, Harry pourrait sauter sur lui, l'embrasser voracement et se faire tuer la seconde d'après par l'agressé mais pas le contraire. Non, non, Harry ne devait pas y croire… Il ne devait pas !
Mais l'appel fut trop fort, c'était un vendredi, pas de batailles, il savait où il était. Il n'alla pas se coucher mais monta directement au cinquième étage, puis il parcourut de nombreux couloirs glacials avant d'arriver à l'aile strictement interdite aux mangemorts comme lui, de second ordre. S'il se faisait prendre, il risquait la pendaison. Peu importe, il avait trop besoin de lui.
Avec un grand soulagement, il entendit résonner les notes graves et prenantes du piano à queue noir de Lord Voldemort. Un des exutoires du Lord Noir, hors la torture et la bataille était le piano. Harry ne savait pas y jouer mais il adorait ça. Il rentra dans une pièce sombre qui servait officiellement de chambre d'amis, mais depuis cinq ans qu'Harry la visitait presque chaque vendredi, il n'y avait jamais eu personne. La poussière s'était toujours amassée sur le lit et la commode et malgré les gens qui venaient dormir au château, jamais Lord Voldemort n'avait accepté qu'on y dorme. Harry en était plutôt ravi, il s'allongea au sol et contempla par un trou creusé là par un heureux hasard la pièce adjacente. Il put alors observer de tout son saoul son amour qui jouait au piano, Lord Voldemort ne pouvait pas le voir à moins qu'il tourne ses yeux vers ce point précis et qu'il discerne dans l'obscurité de la pièce voisine deux orbes émeraudes.
Harry sourit et écouta avec plaisir toutes ces notes qui s'échappaient de l'instrument, c'était sombre, dur, fataliste… Les notes étaient comme un abysse dans lequel il plongeait avec extase. Les longs doigts fins du Seigneur des Ténèbres parcouraient le piano rapidement, avec grâce, et Harry était obnubilé par eux. Il aimait beaucoup les mains de Lord Voldemort, celles qui manipulaient sa baguette, celles qui jouaient au piano, celles qui accompagnaient ses paroles, celles qu'il posait sur certains jeunes hommes chanceux. Mais il aimait encore plus ses yeux, ces deux fenêtres sur l'enfer, rouge comme le sang et en même temps sombre comme la nuit. C'était fascinant de regarder ses yeux, aussi captivant qu'un livre bien qu'on y lisait presque rien… Mais on devait tout deviner et c'était encore mieux, les petites étoiles qui y brillaient malgré le froid mordant et intense qui y régnait. C'était impressionnant. Magnifique.
Il avait un visage superbe, divinement dessiné. Ses traits étaient fins mais marqués. Il avait des cheveux noirs qu'il coupait ou laissait pousser selon les saisons, en ce mois de printemps, ses cheveux étaient assez longs et constamment attachés par un ruban noir. Ils paraissaient doux, fins. Harry rêvait d'y glisser sa main.
Soudain, les yeux carmins du Lord Noir se levèrent vers la porte du petit salon dans lequel il jouait. Il cessa immédiatement de jouer, ce qui provoqua une grande déception dans le cœur d'Harry. Un jeune homme rentra alors dans la pièce, Lord Voldemort darda sur lui un regard froid.
"Bonsoir, Maître…" prononça le jeune homme qu'Harry ne pouvait pas encore voir. Il remarqua cependant le regard à la fois ravi et agacé du Seigneur des Ténèbres.
"Tu sauras à l'avenir que je déteste qu'on m'interrompe lorsque je joue du piano" lança-t-il d'une voix dure, "approche"
Harry entendit des pas dans la pièce.
"Je suis désolé, je ne le ferai plus" promit le jeune homme.
Lord Voldemort eut un rictus moqueur. Le jeune homme contourna le piano et s'adossa contre celui-ci à seulement quelques centimètres du Lord Noir. Harry suffoqua et faillit échapper un juron. Il écarquilla des yeux tandis qu'il contemplait avec horreur Théo qui regardait d'un œil gourmand son maître.
Le Seigneur des Ténèbres allongea un bras et écarta les pans de la robe de Théodore. Il glissa une main contre sa hanche et sourit avec perversité.
"Agenouille-toi" ordonna-t-il.
Théo eut un léger sourire et s'agenouilla devant le petit banc de piano sur lequel était assis Lord Voldemort. La respiration d'Harry se précipita tandis que le goût de la bile envahissait sa bouche, il se força pourtant à regarder l'horreur devant lui. Lord Voldemort écarta les jambes et laissa le jeune homme entreprendre ce qu'il devait faire. Avec de gestes tremblants, il écarta les pans de la robe et dégagea le sexe du pantalon et du boxer du Lord Noir. Sans préambule, il le suça avec avidité et une expérience que même à dix mètres Harry pouvait voir. Le Seigneur des Ténèbres accéléra la cadence en enfonçant la gorge de Théo plus loin sur sa verge tandis qu'il le regardait avec un sadisme éclatant de cruauté. Il gémit doucement sans trop de bruits juste suffisamment pour faire embraser le corps d'Harry… Il s'en voulait car c'était son ami qui suçait celui qu'il aimait, mais il était plus qu'excité et cela même si un torrent dévalait ses joues.
Le jeune Théo remonta sur les genoux du Lord Noir et s'enfonça sur sa verge brusquement, la nuque ramenée en arrière, il cria de plaisir et de douleur mêlés. Lord Voldemort l'accompagna dans ses mouvements tandis que Théo ondulait sur lui sur un rythme endiablé…
'Il ressemble à une pute, une parfaite pute' pensa Harry avec dégoût.
Les larmes continuaient de couler, alors qu'il regardait ce spectacle horrible, incompréhensible.
"Maître… Maître…" chuchotait Théo, complètement dans l'extase.
Le Seigneur des Ténèbres ne répondait pas. Ils finirent par jouir au bout d'interminables minutes. Sanglotant, Harry essayait de ne pas fait trop de bruits. Le Seigneur des Ténèbres était si beau, si horrible, si cruel… Il pensait pourtant qu'il ne couchait pas avec ses mangemorts.
"Maître" murmura Théo alors que le Seigneur des Ténèbres s'était levé et avait nettoyé la semence de Théo qui avait giclée sur ses vêtements.
Lord Voldemort lui lança un regard froid et incisif.
"Faîtes moi mangemort de premier ordre, s'il vous plaît…" murmura-t-il avant de se coller à lui amoureusement.
Le Seigneur des Ténèbres se détacha de lui avec facilité, il lui lança un regard méprisant puis il eut un éclat de rire froid et amusé.
"Si tu tenais à ce que je te fasse une faveur en couchant avec moi, tu te trompes lourdement !" s'exclama le Lord Noir "Vois-tu, je ne pense pas te devoir quoi que ce soit, après tout, c'est toi qui a demandé tout cela moi je ne m'étais, personnellement, jamais intéressé à toi. Alors que les choses soient claires, Monsieur Nott, les mangemorts de premier ordre sont tous de valeureux guerriers qui méritent leur promotion… Or, tu n'es qu'un mangemort inexpérimenté, enfin sur ce point-là en tout cas… Bats-toi, et progresse et peut-être que dans dix, quinze ou plus tu pourras devenir un mangemort de premier ordre… En attendant retourne à tes quartiers et je te conseille d'être très obéissant ces prochaines semaines car une seule défaillance de ta part et j'ordonnerai ton exécution. Je déteste ce genre de méthodes surtout quand on est un mauvais coup comme toi."
Théo déglutit difficilement et vit, éperdu, le regard intransigeant de son maître.
"Va-t-en" ordonna-t-il froidement.
Théo déguerpit au pas de course. Harry se releva difficilement et s'en alla de la pièce, les yeux rougis de peine. Il se hâta de retourner à sa chambre mais il rencontra quelqu'un de plein fouet. Harry paniqua, il ne devait pas être là ! Ses yeux embués laissèrent échapper ses larmes et il put distinguer la grande silhouette longiligne de son maître qui le regardait avec surprise. Harry agrandit ses yeux et se traita mentalement d'idiot, pourquoi n'avait-il pas pensé que le Lord Noir sortirait aussi de son petit salon ? Qu'est-ce qu'il était débile, triste comme il était il n'avait pensé à rien d'autre que son lit et son oreiller attendant déjà de se remplir des larmes versées par le jeune homme. Au lieu de ça, Harry se releva en tremblant et regarda son Maître avec une peur et un plaisir bien visibles au cœur de ses yeux émeraude.
"Maî… Maître ?" bredouilla Harry "Je suis désolé, je ne vous avais pas vu, je…"
Le Seigneur des Ténèbres saisit brusquement le bras droit du jeune garçon et leva sa manche brusquement, il contempla son tatouage avec ennui.
"Tu ne devrais pas être là" dit-il calmement avant de relâcher son bras.
Alarmé par le ton calme de son maître, Harry paniqua.
"Je sais, je… Je suis désolé !" s'exclama-t-il apeuré alors que les yeux du Lord Noir s'assombrissaient.
"Qui es-tu ?"
"Harry Potter, Maître" répondit rapidement Harry.
"Potter ? Tu es apparenté à James Potter ?" demanda le Lord Noir.
"Je… Oui, je suis son fils"
"Je vois. Je t'aurais cru bien plus robuste pour être le fils de James Potter" fit-il "Quel âge as-tu ?"
"23 ans, Maître" répondit Harry alors que les battement de son cœur s'amoindrissaient.
Le Seigneur des Ténèbres acquiesça, les yeux dans le vague.
"J'ai eu quelques échos de toi, il paraîtrait que tu n'es pas obéissant, ni très doué au combat… Cela a beaucoup étonné quelques-uns des supérieurs étant donné que tu es le fils de James, moi-même j'aurais pensé que tu aurais très vite monté en grades"
Harry baissa les yeux avec honte et colère. Il était bon au combat ! Bien-sûr, il n'était pas un barbare qui tuait d'une main trois hommes et de l'autre cinq, et qui en même temps écrasait de ses pieds le crâne d'un sorcier. Non, c'était vrai il était moins fort mais pas moins puissant.
Un frisson parcourut tout son être lorsqu'il sentit la main de Lord Voldemort venir relever son menton. Il contempla ses yeux rougis.
"En revanche, tu ressembles beaucoup à ta mère… Les mêmes yeux" murmura-t-il avec un imperceptible sourire. Il bougea son pouce de quelques millimètres et Harry frissonna de plus belle. Un sourire se dessina sur les lèvres du Lord Noir.
"Je n'ai pas le cœur à châtier le fils de James, ce soir… Retourne vite à tes quartiers, et va te coucher… Ce n'est pas en fouinant partout dans le château que tu monteras les échelons."
Il y eut un moment de silence.
"Merci" minauda Harry.
Le Seigneur des Ténèbres ne dégagea pas sa main immédiatement, il regarda son mangemort un petit moment puis le lâcha.
"Bonne nuit, Harry"
"Bonne nuit, Maître" répondit Harry avant de redescendre jusqu'au deuxième étage.
Son oreiller l'accueillit avec bonheur et ne reçut aucune larme, malgré tout ce qu'il s'était passé, Harry était heureux. Lord Voldemort lui avait parlé ! Son cœur ne s'en remettait pas, d'ailleurs lui-même ne s'en remettait pas.
۞
Harry regarda d'un air dégoûté son soi-disant ami prendre place à côté de lui. Harry détourna ses yeux dès que ceux de Théo cherchèrent les siens, il se concentra sur Draco avec lequel il jouait aux cartes explosives.
Théo avait l'air de bouder, il commanda une bièraubeure au barman du Café des Mangemorts. C'était un endroit non-payant à la disponibilité de tous les mangemorts, c'était un lieu de détente, normalement. Mais il était plus souvent le lieu des règlements de compte, des cuites et des rencontres. Harry n'y allait que très rarement car les mangemorts de second ordre aimaient encore plus l'embêter lorsqu'ils étaient saouls. Heureusement, cette fois-ci ce fut Théo qui prit.
"Hé ma belle petite fillette brune !" l'interpella Vincent Crabbe d'un ton rocailleux.
"Qu'est-ce que tu veux Vincent ?" fit Théo d'une voix si innocente que cela écœura Harry.
Comment avait-il pu se laisser berner par ce comédien ? Ce menteur perfide et complètement dépravé ? Rien qu'au souvenir de sa bouche autour du sexe de son maître le faisait rougir de gêne… Il croyait que Théo lui ressemblait mais il était tout le contraire, et il n'avait fait cela seulement par profit même pas par attirance ou par plaisir. Quoique de ce côté-là, Harry était sûr que le Lord Noir avait tout de même réussi à lui faire prendre son pied. Cette idée le mit très en colère et Draco s'en rendit compte lorsque le chapiteau qu'ils avaient fait explosa d'un seul coup sous les yeux sombres d'Harry.
"Un problème, Harry ?" demanda Draco d'un air soucieux.
Harry hocha la tête négativement et s'empressa de recommencer une partie.
"Tu m'as l'air fatigué, tu devrais aller te coucher, Harry… Tu sais qu'une bataille est plus qu'imminente, et cette fois tous les mangemorts seront réquisitionnés. Tu dois êtes au meilleur de ta forme !"
"Mais je vais très bien !" s'exclama Harry d'un air énervé.
"Non, Draco a raison" intervint Ron d'un seul coup "Tu es trop fragile pour…"
Harry se leva brusquement et lança ses cartes explosives à la figure.
"Je n'ai pas besoin que vous me materniez, ni toi ni Dray, je suis un grand garçon vous savez ! Laissez-moi vivre un peu !"
"Comprends-nous, Harry, loin de moi l'idée de t'offenser mais tu as été blessé récemment… Tu manques d'entraînement alors ne sois pas non plus fatigué ou tu auras toutes les chances de revenir estropié !"
"Ils ont raison, tu sais" minauda Théo, l'air de rien.
"TOI, TA GUEULE !" lança-t-il brusquement.
Tout le monde se tut dans le bar et regardait Harry avec des yeux ronds.
"Quoi ? Vous n'avez jamais vu quelqu'un s'énerver, il n'y aurait que les favoris qui auraient le droit de gueuler sur tout le monde ?" s'écria-t-il d'un ton féroce.
"Harry…" gémit Ron d'un air implorant.
Mais c'était trop tard, Severus Snape qui buvait tranquillement une tasse de café entendit tout ce qu'avait crié Harry et vint à sa rencontre d'un air mauvais.
"Alors… Monsieur Potter, on se rebelle ? Vous devriez faire attention à vos paroles ou je m'occuperais personnellement de votre cas…" souffla-t-il d'un ton doucereux.
Harry ricana. Il savait que ce fils de chien avait des relations avec son maître, il le savait et le sentait dans la démarche, l'allure et l'attitude qu'il avait. Il voyait ses sourires triomphants, ses regards lubriques parce qu'il avait le droit de partager la couche de son maître régulièrement et qu'il savait peut-être des secrets que personne d'autre ne savait ! Cela rendait dingue Harry qui aurait fait n'importe quoi pour devenir le confident de son maître, lui au moins aurait su l'écouter, le comprendre, le rassurer mais ce vieux serpent de Snape savait-il s'y prendre avec lui ? Bien-sûr que non. Cette atmosphère l'étouffait. Il se sentait petit, misérable, rien de chez rien. Et maintenant que le Seigneur des Ténèbres savait qu'il existait, il ne demandait qu'une chose : qu'il lui reparle ! Il crevait d'amour pour lui. Et c'était vraiment le mot, il mourait à petits feux.
"Torturer c'est votre seul hobby dans la vie ?" demanda Harry effrontément.
"Endoloris !" s'écria le favori.
Il le regarda souffrir un moment puis ses lèvres s'étirèrent d'un sourire cruel :
"Pas seulement non, mais vous voir souffrir est particulièrement jouissif !"
"Connard…" murmura Harry, mais cela n'arriva pas aux oreilles de Snape car ses cris et le brouhaha des autres personnes avaient complètement couvert son insulte.
Le sort prit fin et avant même que Draco vienne l'aider, Harry se releva et quitta la pièce, les joues striées de larmes de douleur. Il en avait plus qu'assez… C'était lassant et éreintant de vivre au Château de Voldemort, plus de douleurs que de plaisirs, plus de haine que d'amour et beaucoup plus d'embrouilles que de solidarité.
Il se hâta de sortir du château et retrouva refuge sur son habituel banc dans le Parc de l'Immortalité. Il souffla un bon coup et se grilla une cigarette. Il savait qu'il n'aurait pas dû élever la voix contre Severus Snape, mais il détestait cet homme de façon entière. Ils entretenaient une haine depuis des années et ce n'était certainement pas parce qu'il était un favori qu'il se laisserait faire, bien entendu les tortures qu'il lui infligeait lui rappelait bien souvent qu'il ne devrait pas être autant insolent… Mais c'était plus fort que lui.
Il entendit des pas qui bûchaient contre les cailloux qui parsemaient le chemin du Parc et leva la tête pour voir qui osait l'importuner. C'était son banc, son moment de solitude, personne n'avait le droit de gâcher cela. Il reconnut bien vite son ami Blaise à la lumière de la lune qui avançait vers lui d'un air soucieux. Il s'assit à côté de lui sur son banc mais ne parla pas immédiatement. Harry écrasa sa cigarette et Blaise regarda ladite cigarette d'un air réprobateur. Mais il ne fit aucun commentaire.
"Qu'est-ce que tu veux Blaise ?" demanda Harry d'une voix fatiguée.
"Rien du tout. Je me demande juste ce que tu as en ce moment, t'as l'air fatigué, énervé pour un rien…"
"Oui, bah tu sais, il y a des jours avec et des jours sans" répondit Harry.
"Oui sauf qu'il y a plus de jours sans en ce moment, non ?" demanda Blaise d'un ton amusé.
Harry haussa les épaules.
"Il faut vraiment que tu te calmes, Harry"
"Qu'est-ce que tu veux dire ?" lança-t-il d'un ton hargneux.
"Tu ne devrais pas être si insolent avec Snape, il est dangereux et tu le sais"
"Et alors ? Je le hais ce gars, je ne peux pas le voir c'est qu'un gros con graisseux… Et…"
Harry s'interrompit, soupirant, il ne trouvait pas ces mots.
"J'en ai marre, Blaise, j'en peux plus"
"Ça je le vois bien mais ce n'est pas une raison. Tu dois le respect à ce type parce qu'il est ton supérieur hiérarchique, parce que c'est un favori qui colporte tout au Seigneur des Ténèbres… Ce n'est vraiment pas te rendre service que de le provoquer, tu n'en as pas marre de recevoir des Doloris à longueur de journée ?" fit Blaise en regardant Harry d'un air à la fois sévère et anxieux.
Harry resta silencieux.
"Et puis… Je ne comprends pas bien ce que Théo t'a fait, pourquoi tu lui as crié dessus comme ça ? Tu sais, nous, on veut juste t'aider, tu le sais que tu es fragile (Harry soupira), tu dois te ménager parce qu'à cette bataille on ira tous se battre, le Lord inclus. Tu aurais dû t'entraîner toutes ces dernières semaines pour rattraper le niveau, tu gâches ton potentiel…"
"T'es là pour me faire la morale ?"
"Bien-sûr, tu n'as rien à faire ici si tu n'es pas plus combatif que ça !" s'exclama Blaise
"Oh… Va te faire foutre, Blaise" lança Harry d'un ton morne en détournant le regard.
Blaise haussa un sourcil mais ne releva pas l'insulte.
"Pourquoi t'es-tu engagé comme mangemort, tu as été l'un des premiers d'entre nous à avoir passé le test ? Pourquoi ? Tu n'as pas le profil type du parfait guerrier, tu cherches plus à faire le moins de victimes possibles plutôt que d'en tuer le plus… Tu te défends plus que tu n'attaques, tu ne vas pas aux entraînements… Tu passes pour un médiocre guerrier, ici, tu le sais."
"Mais je suis un mauvais guerrier, Blaise ! Si je suis rentré dans les rangs de Lord Voldemort c'était avant tout pour honorer la mémoire de mon père, il me disait sans arrêts que j'étais un sorcier exceptionnel mais regarde-moi je suis une calamité au combat ! Je ne sais même pas lancer de sorts de torture comme vous tous !"
"Mais tu sais faire des choses exceptionnelles, Harry… Tu te souviens de l'éclipse que t'avais produit à l'anniversaire de Draco ? Ou encore ton immense patronus de deux mètres de haut qui nous a tous sauvé durant la mission Azkaban ?"
"Ce sont des trucs de fillettes ! Je sais aussi guérir les blessures, mais à quoi ça sert ? Je ne vais tout de même pas lancer des sorts de rétablissement en guise de défense ! Je suis inutile Blaise, dans ce château je suis strictement rien. La preuve, Ron, Draco et toi vous montez les échelons à la vitesse de la lumière et moi je reste le sous-fifre que j'ai toujours été… T'imagines si mon père pouvait voir ça ? Lui qui a été un favori ?"
"C'est ce que je me borne à répéter à Ron mais il ne me croit pas. Tu n'aurais jamais dû devenir un mangemort, Harry. Ce n'est pas ton domaine, tu pourrais être un sorcier exceptionnel comme guérisseur ou n'importe quoi d'autre qui ne soit pas le combat… Tu n'es pas fait pour te battre, tu es déjà trop petit, trop fragile et trop grincheux !"
Harry esquissa un sourire amusé.
"Trop grincheux ?" fit Harry d'un sceptique.
"Je t'assure, pauvre Théo je crois qu'il ne va pas s'en remettre !" répondit Blaise en riant.
Harry se referma d'un coup.
"Harry… Qu'est-ce qu'il t'a fait ? Qu'est-ce qui ne va pas ?"
"Je te l'ai dit, j'en ai marre…"
"Si tu veux mon avis, c'est voir ça qui décevrait ton père… D'ailleurs qu'est-ce qui te fait croire qu'il voulait te voir comme mangemort ?"
"C'est évident, non ?"
"Pas vraiment il a risqué sa vie tous les jours pour finalement la perdre au combat, tu crois qu'il aurait voulu de cette vie-là pour le bout de chou haut de trois pommes qui l'attendait chez lui ?"
Harry soupira.
"Je n'ai plus la motivation pour rien"
"Demande une permission" proposa Blaise.
"Ha ouais ? Et pour voir qui ? Je n'ai personne !"
"Ça c'est de la pure mauvaise foi, tu as des tas d'amis et un parrain qui t'attend. Tu sais, je crois que Ron et Draco vont passer voir leur petite femme bientôt, ça te fera du bien de quitter le château et de voir Ginny et Hermione… Tu pourras demander ta permission quand ils le feront"
Harry acquiesça mollement.
"Et puis moi ça me donnera le quartier libre pour draguer Théo ! s'exclama-t-il d'un ton enjoué.
Harry lui jeta un regard triste.
"Il n'est pas ce qu'il prétend être… Fais attention Blaise, Théo n'est pas le petit ange qu'on croit tous."
۞
Les jours passèrent et le calme qui régnait en-dehors du château ne faisait qu'angoisser ceux qui vivaient à l'intérieur. Ils appelaient cela le "calme avant la tempête" alors ils multipliaient les heures d'entraînement. Harry participa à quelques unes de ces heures surtout à cause de Blaise et Ron qui l'avaient pratiquement forcé à entrer dans la salle.
Mais dès qu'Harry vit que c'était Severus Snape qui allait les entraîner, il s'enfuit de la salle, peu désireux de se faire humilier une fois de plus. Il marcha d'un pas énergique vers la sortie mais quelqu'un attrapa son coude brusquement et le fit tourner vers lui :
"Tu ferais mieux de faire cet entraînement Harry, sinon…" lui murmura Draco d'un ton menaçant.
"Sinon quoi ?" fit Harry, provoquant.
Draco serra les dents.
"Sinon, je préviens Lord Voldemort que tu ne t'entraînes pas assez" souffla-t-il.
"Tu ne le feras pas" dit Harry calmement.
"C'est ce qu'on verra si tu bouges pas ton cul à la salle d'entraînement !"
Draco tourna les talons sans un mot de plus, Harry le regarda quelques instants, haussa les épaules et se dirigea vers sa chambre du deuxième étage. Il s'écroula sur son lit et dormit douze heures d'affilées.
۞
Finalement ce fut Snape qui dénonça Harry, il avait tout de suite sauté sur l'occasion de punir Harry de son manque de politesse qui l'avait fait sauter de ses gonds quelques jours plus tôt. Lord Voldemort ne demanda pas à le voir, pour autant. Il laissa le soin à quelques mangemorts de premier ordre de le torturer consciencieusement.
Cette leçon de "dressage" avait on ne peut plus enragé le jeune homme, il ne supportait vraiment plus de rester au château de Salazar Serpentard nuits et jours avec l'impossibilité de voir le Lord Noir. Celui-ci n'avait même pas souhaiter punir Harry lui-même, ce qui confortait Harry dans son idée que Lord Voldemort se fichait royalement de lui – même s'il savait au moins qu'il existait.
TO BE CONTINUED...
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Bises,
SamaraXX