Salut ;)
Tout d'abord, je préfère prévenir : ce n'est pas le genre de lecture auquel on s'attend à quelques jours de Noël, mais voilà, en pleines révisions de partiels, je suis tombée par hasard sur ce texte (bientôt un an quand même) que je n'avais pas encore soumis à la communauté. Surtout qu'en plus, c'est mon dernier texte dramatique pour le ShikaTema (bah oui, j'ai beaucoup moins l'envie d'écrire sur des sujets dramatiques avec eux ^^') Je l'avais fait à l'occasion d'un concours dont les critères étaient un genre dramatique incluant une famille et sous la forme de trois parties.
Alors désolée pour ce texte un peu triste ^^'
Dédicace spéciale à Miss Chappy : je sais, je suis censée être en train de réviser, mais j'ai tout plein d'idées qui perturbent mon cerveau donc je brave mes propres règles (tant mieux pour toi, n'est-ce pas ? :D ).
Bonne lecture (et j'attends vos avis avec impatience !)
Bichebleue
Le lieutenant chargé de l'enquête pénétra dans la salle d'interrogatoire, éclairée au minimum. Déjà son collègue l'attendait, attablé devant celle qui était placée en garde à vue. A priori, l'interrogée n'avait rien de suspect. Une femme lambda.
Certes, blonde naturelle, ce qui contrastait avec les habituels cheveux noirs ou décolorés de la population d'Osaka. Mis à part cette originalité capillaire, rien dans son attitude ne l'alarmait. Comme une majorité d'enquêteurs, il se fiait à son instinct, même s'il ne le clamait pas haut et fort. Cette première rencontre n'affolait pas son radar personnel. C'était une femme dans la trentaine, encore vêtue de son tailleur pantalon qu'elle avait dû passer tôt le matin en se rendant au travail.
Quelques mèches de ses cheveux pendaient devant son visage, s'échappant de son chignon presque défait. À première vue, il n'y avait aucun signe de nervosité due à une culpabilité quelconque. Il ressentait uniquement l'énorme crainte d'une mère à l'égard de son enfant portée disparue. Un coup d'œil sur son collègue le confortait dans le résultat de cet examen superficiel. Naruto pensait aussi qu'elle n'avait pas la trempe d'une mère infanticide. Il lui fallait maintenant approfondir l'analyse en poursuivant l'interrogatoire.
Il prit son temps pour s'avancer vers la table et s'installer aux côtés de son coéquipier. La théâtralité pesait plus qu'on ne le pensait dans la conduite d'un interrogatoire. Pas une seule fois, l'interrogée ne leva la tête vers lui. Elle paraissait plongée dans une forme de léthargie, certainement due au choc émotionnel. Elle n'avait pas du tout l'attitude d'un assassin, fier de son crime ou le refoulant au plus profond de ses pensées. Elle était réellement inquiète pour la vie de sa fille.
Une fois convenablement installé – à défaut de l'être confortablement – il se racla la gorge. Cette manifestation ne troubla pas les pensées de la jeune femme. Un dernier échange à Naruto et ce dernier lui lançait déjà un regard compatissant.
- - Madame Nara, je suis le lieutenant Uchiha Sasuke de la brigade criminelle, se présenta-t-il, clairement, je suis cochargé de l'enquête sur la disparition de votre fille.
Elle leva les yeux vers lui et il eut un bref sursaut de stupeur. Il ne s'attendait pas à voir des prunelles d'un vert mêlé de bleu profond. Ce n'était pas une couleur ordinaire. C'était un avantage pour recueillir des témoignages : une telle femme ne passait pas inaperçue. Il se reprit et concentra toute son attention sur elle. Elle ne lui accordait pas la moindre importance. La poitrine nouée par l'angoisse, l'esprit rongé par l'inquiétude, ses pensées demeuraient ailleurs.
- - Madame Nara, rappela-t-il, je vais reprendre l'interrogatoire avec vous.
Toujours pas de réaction. Passive, elle posa son regard vague sur lui.
- - Pouvez-vous me raconter votre journée ?
Elle aurait pu contester et soulever qu'elle répétait pour la énième fois la même chose. Pourtant, après un moment de silence, elle prit la parole, d'une voix faible.
- - J'ai fait comme d'habitude, commença-t-elle, les yeux fixant un point vague. Je me suis levée à cinq heures quinze, comme tous les matins.
Le réveil était discret, à son niveau sonore minimum afin de ne pas perturber le sommeil des autres résidents. Avec son sommeil léger, elle s'éveillait sans difficulté. Rapidement, elle vérifia l'heure affichée avant d'éteindre son réveil.
Cinq heures quinze.
Elle se redressa, rejeta la couverture qui enveloppait ses jambes et attrapa sa robe de chambre. Ses pieds trouvèrent ses chaussons et la menèrent vers la cuisine. Le soleil pointait lentement son nez, dégageant le voile bleuté de la nuit qui s'achevait. Elle activa sa théière, prépara son petit-déjeuner et en profita pour exécuter quelques postures de yoga pour bien réveiller son corps. Son thé fut prêt, elle s'installa sur la table à manger et dégusta ses tartines au miel, son regard observant le ciel qui s'éclaircissait lentement.
Cinq heures vingt-sept.
Son petit-déjeuner avalé, elle rinça rapidement sa tasse et s'enferma dans la salle de bain. Quatorze minutes plus tard et des poussières, elle en ressortait habillée, coiffée, parfumée et légèrement maquillée. Elle était prête à partir. Cependant, elle n'omettait jamais de se rendre sur la pointe des pieds jusqu'à la chambre de sa fille. Elle ouvrit la porte et s'avança vers le petit lit dans lequel dormait paisiblement son petit ange. Elle passa une main dans les cheveux châtains foncés de la fillette avant de déposer une bise sur son front. Rapidement, elle vérifia qu'elle n'avait rien oublié dans sa tenue. Elle avisa le T-shirt pêche à l'effigie d'un tanuki héros d'un dessin animé célèbre, le pantalon blanc en coton et les chaussettes blanches et chaussures orange qu'elle avait préparés la veille. Son bob complétait l'ensemble posé sur le fauteuil. À ses pieds, se trouvait son cartable – avec dessus cet éternel tanuki qu'elle adorait – dans lequel elle avait déjà placé sa gourde et une paire de lunettes solaires. Son mari n'aurait plus qu'à rajouter son bentô et elle serait parée pour sa sortie à l'aquarium. Avant de quitter la pièce, elle recouvrit sa fille et rapprocha sa peluche favorite.
Juste avant de partir au travail, elle faisait halte dans la chambre conjugale. Son mari détestait les réveils. Avant qu'ils ne s'installent ensemble, il en avait au moins jeté une bonne dizaine, ne supportant pas de se lever cinq minutes avant l'heure.
Depuis, elle venait l'extirper des bras de Morphée.
Le voir dormir comme un bébé la faisait toujours rire. Elle le trouvait adorable, mignon. Elle réalisait toujours à quel point elle avait de la chance de partager sa vie avec cet être d'apparence si grognon et pourtant si charmant. Elle s'agenouilla près du lit et caressa l'une de ses joues. Bien sûr, il ne réagissait pas. Jamais lors de la première caresse. Ce qui avait le don de la faire glousser intérieurement. Elle retint un sourire et se pencha pour embrasser chastement ses lèvres. Presque par magie, son corps s'éveillait, ses bras s'étiraient pour l'enlacer et la retenir un moment contre lui. Il marmonnait de contentement, tel un bébé satisfait, les yeux toujours clos. Elle caressa son dos, arrangea ses cheveux désordonnés, lui laissant le temps de se réveiller tranquillement. Vingt secondes. Quarante. Une minute.
- - Shika ?
- - Mmm ?
- - Bonjour.
Un sourire étira ses lèvres et il approcha son visage pour l'embrasser. Il ne se réveillait jamais complètement sans son baiser matinal. Lorsqu'il s'écarta d'elle, ses yeux étaient ouverts, encore endormis, mais brillants de tendresse.
- - Bonjour, Lumière de ma vie, Soleil de mon existence, Lune de mes nuits, Sœur de mon âme, déclama-t-il, avec ferveur.
Elle étouffa un rire. Depuis que leur ami Rock Lee était devenu célèbre grâce à la vente de ses recueils de poésie, son mari les apprenait par cœur pour lui réciter chaque matin, quelques vers. Ce matin ne faisait pas exception.
- - Tu vas arrêter avec ça ?
- - Sublime rose dont l'épine transperce mon cœur, n'as-tu point de compassion pour l'être malheureux que je suis, qui, pour toi, se consume de passion ?
- - Qu'est-ce que tu es bête !
Il se redressa, l'attira contre lui et l'embrassa amoureusement. Elle n'admettrait jamais qu'elle adorait l'entendre réciter ces paroles insensées. Au début, il le faisait pour rire de la fougue sentimentale de leur ami. Mais la faire glousser tous les matins était devenu une meilleure motivation.
- - Bonjour, dit-il, lorsque ses lèvres quittèrent les siennes. Bien dormi ?
- - Comme toujours.
Et dans ces moments, elle était constamment tiraillée entre l'envie de se pelotonner dans ses bras et partir travailler. Noyée dans son regard embrumé de sommeil, elle se retenait d'assouvir son désir et revint à la réalité.
- - Aujourd'hui, elle va à l'aquarium, ne l'oublie pas.
- - Ah, je sais …
- - Son sac est déjà prêt, il ne restera plus qu'à faire son bentô.
- - Okay… Autre chose ?
Elle inclina la tête sur le côté, un air malicieux apparaissant sur son visage.
- - Elle sera très fatiguée ce soir.
Il ne dit rien pendant quelques secondes avant de relever la tête. Il avait parfaitement compris à quoi elle faisait allusion.
- - Une sortie, ça demande beaucoup d'énergie, renchérit-il, en inspectant sa tenue.
- - Surtout à l'aquarium. Elle sera enchantée par tous ces requins, méduses et autres animaux adorables qui la fascinent.
- - Elle en prendra plein les yeux, c'est certain …
Ils n'échangèrent pas un mot de plus, leurs yeux dévoilant sans peine leurs pensées. Ils pouvaient rester des heures à se reluquer mutuellement sans en être dérangés. Pourtant, la vie active impliquait certaines responsabilités et contraintes.
- - Ça m'ennuie de te dire ça mais tu risques de rater ton train si tu ne pars pas dans cinq minutes.
Elle grogna, lâcha un juron et se dégagea de son étreinte, non après avoir recueilli un dernier baiser. Elle attrapa une paire de baskets souples pratiques pour marcher rapidement jusqu'à la gare et se retourna juste avant de quitter la chambre.
- - Bonne journée, Tem.
- - À ce soir.
Et elle termina de se préparer dans l'entrée et referma la porte de leur appartement, parée pour une journée de boulot normale, le cœur et la tête remplie de pensées de sa petite famille.
Son récit terminé, elle se tut et plongea à nouveau dans un état second. Ils n'existaient plus dans son monde. Son angoisse de mère les occultait de ses pensées. Ils passeraient et repasseraient en revue son emploi du temps afin de déterminer si elle n'avait pas eu une quelconque responsabilité vis-à-vis de l'enlèvement de sa fille. Mais avec le peu qu'il avait aperçu de l'intéressée et son intuition, le lieutenant Uchiha pressentait que cette mère était innocente.
Restait à savoir ce que son instinct disait du père.
Le père était dans un mauvais état.
Autant sa femme gardait son anxiété au fond d'elle, lui n'avait pas le courage de lutter contre l'état de nervosité qui l'agitait. Terriblement inquiet pour sa progéniture, ses manies d'ancien fumeur reprenaient le dessus. Ses mains tremblaient, la droite approchant de sa bouche comme s'il y amenait une cigarette fictive. Lorsqu'il réalisait que le bâton de nicotine n'existait pas, il la laissait retomber sur sa cuisse et se renfrognait davantage. Il aurait pu le tenter en lui proposant une cigarette mais Naruto l'en aurait empêché. Cet homme souffrait déjà suffisamment pour qu'il lui fasse subir une autre méchanceté. Cette fois-ci, il laissait la parole à Naruto, se contentant d'épier le père de l'enfant disparu.
- - Monsieur Nara, qu'avez-vous fait après que votre femme soit partie au travail ?
- - Je vous l'ai déjà dit.
Toute angoisse disparut soudain pour laisser place à une hostilité glaciale.
- - Cela fait exactement trois heures et cinquante-quatre minutes que ma femme et moi sommes interrogés chacun de notre côté, commença-t-il, la mâchoire serrée. Cela fait exactement trois heures et cinquante-quatre minutes que l'on vous répète les mêmes choses et il peut s'écouler encore trois heures et cinquante-quatre minutes que nos déclarations ne changeraient pas. Et tout cela est et sera du temps perdu. Pendant que vous tentez de nous faire craquer par vos méthodes de pression psychologique, notre fille est quelque part, seule, toute seule avec on ne sait qui et …
Sa voix se brisa au même titre que le masque de colère de son visage. Il se tut, la gorge nouée par des sanglots qu'il refoula non sans mal. Lorsqu'il se reprit, son air et son ton étaient implorants.
- - Je vous jure que je vous ai déjà tout dit.
Naruto hocha la tête, plein d'empathie à l'égard de cet homme terrifié. C'est vrai qu'il ne pouvait rien leur dire de plus. En trois heures et cinquante-quatre minutes – comment avait-il pu mesurer le temps alors qu'on lui avait retiré sa montre ? – il leur avait raconté la même chose. Il s'était levé, avait préparé le petit-déjeuner et avait réveillé sa fille. Il avait fait comme tous les matins : il s'était occupé d'elle. Oui, il était un homme moderne qui prenait part à l'éducation de son enfant et s'y investissait avec cœur et volonté. Oui, il était doué pour coiffer les cheveux fins de sa fille, mettre ses collants et préparer un bentô, pas aussi mignon que celui des autres mamans, mais tout aussi délicieux. Oui, il avait choisi ces horaires de travail décalés pour pouvoir s'occuper de sa fille, permettant à sa femme de continuer sa vie professionnelle même après cette naissance.
Cela avait été leur choix et ils ne le regrettaient pas.
Beaucoup les avaient critiqués, considérant qu'ils étaient de mauvais parents parce qu'ils travaillaient tous les deux et plaçaient leur fille dans un de ces rares centres d'éveil. Ils ne pouvaient pas attendre les six ans de leur fille pour que l'un d'entre eux reprennent une activité professionnelle. Sa femme s'était battue pour obtenir un poste bien placé et il n'aurait pas supporté de la voir reléguer à un emploi bien en deçà de ses capacités parce qu'elle avait désiré ce bébé avec lui. Le schéma des couples japonais lambda ne leur correspondait pas. Sa femme avait déjà quitté son pays natal pour lui, il n'aurait jamais accepté qu'elle abandonne son travail.
Il avait donc accompagné sa fille dans ce centre d'éveil accueillant les enfants de deux à cinq ans. Il l'avait embrassée et lui avait souhaité de bien s'amuser tout en restant sage. La fillette avait promis et s'était précipitée vers ses camarades de jeu, aussi excités qu'elle à l'idée de visiter l'aquarium d'Osaka. Ensuite, il s'était dirigé vers le lieu de son travail qu'il ne devait pas quitter avant vingt-et-une heures.
Normalement, son épouse récupérait leur fille à dix-huit heures précises et elles rentraient à la maison. Excepté aujourd'hui. Il avait reçu un coup de fil à quinze heures trente-deux de l'une des responsables du groupe de sa fille qui lui annonçait, paniquée, qu'elle était au poste de police parce que sa fille avait disparu. Selon ses dires, après le déjeuner, il eut beaucoup de monde à l'aquarium, des classes différentes avec une foule d'enfants et sa fille avait manqué à l'appel.
Les surveillantes avaient simplement retrouvé son sac à dos, son bob et sa gourde, renversée. Les autres enfants ne savaient pas non plus où était passée leur camarade. Cependant, lorsque les agents de police interrogèrent l'amie la plus proche de la fillette, celle-ci, soutenue par sa mère, admit qu'un « méchant monsieur » avait attrapé la petite Nara.
Cette révélation avait fait monter d'un cran la peur des jeunes parents et Sasuke avait décidé de les interroger séparément. Il arrivait souvent que l'un des parents voire les deux, soient derrière une mascarade alors qu'ils cherchaient à se débarrasser de l'enfant. Or, son instinct et l'examen des parents lui intimaient que pour le cas de la petite Nara, les parents étaient hors de cause.
Le père avait raison. Les interroger faisait perdre du temps sur les recherches.
Soudain, trois coups secs, espacés de deux secondes chacun, se firent entendre. Sasuke garda son calme mais le visage de Naruto blêmit.
Trois coups étaient leur signal. L'enfant avait été retrouvée.
Mais elle n'était pas en vie.
Sasuke avait déjà suspecté une certaine perspicacité chez l'homme qu'il interrogeait mais lorsque celui-ci scruta le visage de Naruto et que ce dernier, sensible à cette affaire, évita à tout prix son regard perçant, il comprit. Sasuke vit le moment précis où Shikamaru Nara, le père de la victime, saisit l'effroyable. Sasuke vit passer dans son regard une foule d'émotions qui lui coupèrent le souffle. Le néant, d'abord, fit son apparition, découlant du choc de la nouvelle. Puis, les cils battirent, sur un regard vague, lointain, qui se chargea en une fraction de seconde d'une lame d'un chagrin immense. Avant même que cette vague de douleur ne frappe le père, Sasuke la vit naître au fond de ses yeux, crisper les muscles de son visage et briser son âme. Cependant, au moment de céder à la puissance de son chagrin, un hurlement fit trembler les murs du poste de police. Certes, ceux-ci n'étaient pas bien solides et sonorisés et la faible isolation du bâtiment expliqua pourquoi la voix de la mère retentit jusqu'à eux. Sasuke vit le père se pétrifier, puis luttant à nouveau contre ses propres sanglots, il se leva, déterminé, de sa chaise.
- - Laissez-moi rejoindre ma femme.
Sa voix était ferme malgré ses yeux qui s'humidifiaient. Avant même qu'il ne lui réponde, Naruto s'était déjà levé et ouvrait la porte de la salle d'interrogatoire. En un coup de vent, l'homme avait disparu avec son coéquipier.
Les retrouvailles entre les jeunes parents furent un véritable déchirement.
La jeune femme, auparavant si calme, s'était déchaînée lorsque la psychologue de leur section lui avait annoncé la terrible nouvelle.
Le petit cadavre de la fillette avait été retrouvé près d'une berge de la baie d'Osaka, à proximité d'une petite entreprise de chargement. Les employés – durant une pause cigarette – avaient aperçu l'enfant et l'avaient signalée le plus rapidement possible. Malgré les premiers secours prodigués, ils se rendirent à l'évidence : l'enfant ne respirait plus. Et sa mère perdit toute retenue. Elle hurla, renversa tout ce qui trouvait à ses côtés, repoussa la psychologue qui tentait de la calmer. La dénégation occultait toute faculté de raisonnement. Poussant des cris de fureur par intermittence, elle incendiait la psychologue, vociférait des menaces à l'encontre de l'officier qui l'accompagnait et pestait contre le manque de conscience professionnelle du poste de police. Parfois, dans ses accès de colère, une certaine lucidité pointait et elle paraissait réaliser que ce cauchemar n'était pas une mise en scène. Et elle retombait dans la fureur.
Sasuke vit son collègue ouvrir la porte de la salle d'interrogatoire et à la seconde où la jeune femme posa son regard sur son mari, elle s'interrompit. Sasuke observa son visage se décomposer à mesure que son esprit exécutait toutes les connexions. Son cheminement de pensées se lisait sur son visage rougi sous l'effet de la colère.
Mais il n'y avait plus de fureur.
Il n'y avait plus de mécontentement.
Il n'y avait plus de courroux.
nIl n'y avait plus que douleur.
