Closed
Disclamer : Tous les personnages (sauf certains de mon invention) et tous les lieux reviennent à J.K Rowling.
Résumé : Nom : Draco Lucius Malfoy - Motifs de l'emprisonnement : Accusé d'avoir été un partisan de Voldemort – Accusé de complicité dans le meurtre de Ginevra Molly Weasley. Six ans après la fin de la Guerre, Draco Malfoy demande sa mise en liberté conditionnelle…
Note : Bonjour à tous ! Pour cette histoire, je ne tiendrais pas compte de la fin du 7ème tome. Puisque j'ai décidé de « tuer » Ginny, j'ai laissé Fred vivant. J'espère que cela ne vous perturbera pas trop. Je ne sais pas trop où je vais avec cette fiction, seul l'avenir me le dira^^ Bonne lecture !
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Chapitre 1
Un café âcre, siroté dans une cuisine silencieuse. Hermione Granger tenait à ce rituel matinal. Rien ne le troublait. Ni Ron, partit à la boutique des jumeaux depuis longtemps, ni Pattenrond qui avait compris qu'il était préférable de ne pas déranger sa maitresse le matin. Elle aimait particulièrement l'odeur du café, cela lui rappelait les petits déjeuners dominicaux avec ses parents où ils s'installaient tous trois autour d'une table regorgeant de viennoiseries françaises. Son père l'emmenait souvent à la boulangerie de leur quartier. Elle adorait le parfum que les croissants chauds dégageaient dans l'espace exigu. Elle se souvenait encore de la jeune boulangère, Marie, d'origine française, avec son accent à couper au couteau. Mais tout cela lui paraissait bien lointain. Depuis la Guerre, ses parents avaient déménagé et depuis le départ de leur fille, les dimanches n'avaient plus la même saveur.
Après cela, elle prenait une longue douche chaude et faisait son lit. Hermione soupirait souvent au contact des draps froids du côté où dormait Ron. Cela faisait des années qu'ils ne se réveillaient plus ensemble la semaine. La Guerre avait écourté les nuits de sommeil de son petit-ami. Les siennes aussi. Six ans qu'elle était terminée et pourtant toujours aussi vive dans leur quotidien. Puis elle s'habillait, ses vêtements soigneusement choisis la veille au soir, et coinçait ses cheveux dans un chignon lâche.
Hermione aimait ces habitudes matinales, elles lui permettaient de rester ancrée à la réalité et de commencer la journée sereinement. Elle s'était même accoutumée, ou presque, aux absences de Ron. C'était son rituel à lui. Ouvrir les yeux, prendre une douche rapide, s'habiller et partir aussitôt au travail. Cela lui évitait de trop penser à des choses qu'il n'aimait pas. S'activer pour mieux oublier. Et Hermione respectait cela, comme lui respectait ses manies qui envahissaient leur vie. La Guerre les avait détruits.
Son travail au Ministère l'occupait beaucoup. Elle avait choisi la branche de la justice, un bien vaste sujet au sein de la communauté magique. Certains disaient que son rôle de médiatrice n'était pas à la hauteur de ses ambitions. Mais Hermione aimait son travail. Elle aimait surtout le fait d'apaiser les tensions avant qu'un tribunal ne fasse plus de dégâts. Quant à ses ambitions, elle les avait revues à la baisse. D'autres priorités la tenaient. Comme celle de se relever et de relever ses amis.
Son bureau était exactement comme elle l'avait laissé la veille. A une exception près. Elle détestait que quelqu'un vienne fouiller dans ses affaires durant son absence. Ses collègues l'avaient très bien compris et ils ne contrariaient pas Hermione Granger. Son statut d'héroïne de guerre avait certains avantages.
L'exception s'appelait Elena Vince, sa supérieure. La jeune femme l'appréciait pour sa droiture et sa justesse d'esprit. Agée d'une trentaine d'année, elle élevait seul son petit garçon. Elle menait ses employés d'une main de fer et Hermione l'estimait pour cela.
- Bonjour Hermione, j'attendais ton arrivée avec impatience. J'ai hâte de partager avec toi le boulet de canon que je viens de recevoir sur le coin du nez.
- Je crains le pire, répondit-elle en déposant sa serviette sur le bureau.
Un épais dossier rejoignit la serviette et Hermione tiqua sur le nom apposé dessus.
- Draco Malfoy demande sa mise en liberté conditionnelle.
Elle se sentit pâlir. Le nom de Malfoy était devenu tabou dans son entourage. Personne ne le prononçait et pourtant aucun ne l'avait oublié.
- C'est une plaisanterie ? Demanda la jeune femme avec difficulté
- Jamais je ne me permettrais de plaisanter sur ce sujet. Hermione tu vas me détester mais j'aimerais que tu sois sur ce dossier, que tu juges si cette mise en liberté est envisageable ou pas.
- Tu connais déjà mon avis sur la question…
Lucius Malfoy avait détruit la vie de Ron, de sa famille, brisé le cœur d'Harry et Draco y avait participé. De sa propre volonté.
- J'aimerais que tu passes outre tes ressentiments et ta tristesse, reprit Elena, impitoyable. J'ai confiance en ton jugement, tu es une excellente médiatrice.
- Je vis avec un homme qui ne se remet pas de la mort de sa petite sœur, toutes les semaines je vois mon meilleur ami, qui lui aussi a des difficultés à l'oublier.
Ron le prendrait très mal, elle en était certaine. Pour lui le fils était autant responsable que le père. L'un pointait la baguette, l'autre maintenait sa victime. Hermione ne l'oublierait jamais. Parfois la nuit, elle entendait encore les cris d'effroi de son petit-ami et voyait le visage ravagé d'Harry. Non cette affaire n'était ni pour elle, ni pour ses nerfs.
- Hermione, je vais t'avouer quelque chose. Tous les jours quand je vois mon fils, je pense à son père et indéniablement Dolohov me vint à l'esprit. Je suis soulagée qu'il croupisse encore à Azkaban et…
- Tu te sentirais prête à l'affronter s'il demande une mise en liberté ? La coupa Hermione d'une voix tremblante.
- Non, reconnut-elle. Je ne suis pas assez forte, là est toute la différence entre nous. Mais il faudrait quand même, pour envisager l'avenir plus sereinement.
Hermione comprenait où elle voulait en venir. Elena estimait qu'une confrontation avec Draco Malfoy lui serait bénéfique. Ainsi elle lui avait attribué le dossier.
- Il demande une liberté conditionnelle, nous ne sommes pas obligés de l'accepter… à toi de voir selon les éléments.
- Ce n'est pas très professionnel…
- Non en effet. Tu seras certainement plus impartiale que moi.
La jeune femme en doutait sérieusement. Sans doute Elena préférait que le dossier soit entre ses mains qu'entre celles d'anciens adorateurs de la famille Malfoy.
- Laisse-moi en parler aux Weasley et à Harry, je ne peux pas accepter sans leur approbation.
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Dimanche matin. Bientôt ils seraient tous réunis au Terrier, comme toutes les semaines. Hermione terminait tranquillement son café et Ron prenait sa douche. Elle appréciait le dimanche particulièrement, seul jour où elle se réveillait dans les bras de son petit-ami.
Sa tasse vide, elle se leva, préoccupée. Habituellement, elle laissait la cuisine propre, vaisselle faite. Cela dénotait souvent avec le côté bordélique de Ron, les faisant sourire tous les deux. Mais ce dimanche-là, Hermione laissa trainer sa tasse, ne passa pas un coup de baguette sur la table déjà immaculée. A la place, elle rejoignit Ron à la salle de bains. Il était encore torse nu, les cheveux humides. Une fine cicatrice barrait son abdomen, stigmate de la Guerre. Elle le trouvait beau, à sa manière. Il était toujours aussi maladroit mais la Guerre l'avait mûri.
Hermione passa une main affectueuse dans ses cheveux et posa ses lèvres sur sa joue fraichement rasée. Elle s'engorgea de son odeur, reconnaissant le parfum qu'elle lui avait offert pour son dernier anniversaire. Elle allait lui briser le cœur et elle avait mal d'avance.
- Qu'est-ce qui se passe ? Je te sens préoccupée depuis quelques jours…
Sa voix rauque lui tordit les entrailles. Il avait perdu sa légèreté depuis longtemps et sa requête ne l'aiderait pas.
- Il faut que je te dise quelque chose…
Il détourna son regard du miroir et l'encouragea d'un geste. Hermione baissa les yeux et posa sa main sur son torse, dans un geste qu'elle voulait réconfortant.
- Draco Malfoy souhaiterait une mise en liberté conditionnelle et Elena voudrait que je sois sur le dossier.
Elle le sentit se tendre sous sa paume. Elle hésitait à le regarder en face, de peur de découvrir sa colère.
- Comment peut-il oser après ce qu'il a fait ? Siffla-t-il, les mains crispées sur le bord du lavabo.
Il tremblait de partout. La jeune femme resta figée, ne sachant que faire. Elle retira sa main, elle craignait que sa colère se retourne contre elle.
- Ron, je t'en prie, calme-toi…
Il éclata de rire. Un rire qui fit frissonner Hermione. Il sortit brusquement de la salle de bains et se mit à faire les cent pas dans leur petit salon. Elle se sentait impuissante.
- Hermione, promets-moi que tu ne laisseras jamais sortir cette ordure, promets-moi !
- Je n'ai pas accepté encore, je voulais votre avis, toi, la famille et Harry, répondit-elle tremblante.
- Hors de question que tu en parles à ma famille, inutile de remuer le couteau dans la plaie. Quant à Harry…
- Mais Ron, ton père travaille encore au Ministère, il finira par le savoir… Et Harry, je ne peux pas lui cacher ça.
Le jeune homme finit par s'assoir sur le canapé, sa tête entre les mains. Hermione eut envie de pleurer. Elle n'aimait pas le voir ainsi, bloqué dans une détresse qui ne voulait pas le laisser tranquille.
- Non Hermione, je ne le laisserais pas détruire ma famille une nouvelle fois. Nous en parlerons à Harry à midi.
- Si tu ne veux pas que je prenne le dossier, je ne le ferais pas. Je ne veux pas qu'il se mette entre nous…
Son petit-ami lui fit signe d'approcher. Il avait les traits ravagés et Hermione s'en voulait de lui faire autant de mal. Quand elle fut à sa hauteur, il posa la tête contre son ventre. Son chemisier fut humide. Il pleurait. Elle le sera contre elle et lui murmura, « je suis désolée » dans une litanie désespérée.
- Occupe-toi de ce dossier et qu'on en finisse avec lui, dit-il au bout d'un long moment.
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Molly Weasley rayonnait, entourée de ses petits-enfants. Du moins c'était l'impression qu'elle donnait. Mais Hermione savait qu'elle avait perdu une partie d'elle-même avec le décès de sa fille. « Tu es partie si vite, si soudainement, nous n'avons pas compris et nous ne comprenons toujours pas… » Avait-elle dit le jour de l'enterrement de Ginny, digne malgré ses yeux rouges et humides. Le soir-même, Hermione s'était rendue chez ses parents, laissant les Weasley se recueillir en famille. Ils l'avaient serrée fort dans leurs bras, remerciant un Dieu dans lequel ils n'avaient cru d'avoir épargné leur enfant.
L'amour que Molly ne pouvait plus donner à sa fille, elle le reportait sur ses petits-enfants. Infatigables, Arthur et elle leur consacraient leur tout leur temps libre. Les dimanches en famille ne faisaient pas exception.
- Victoire, Dominique, Freddy, venez vers moi, s'exclama Molly, dans l'après-midi alors qu'ils profitaient tous du beau temps dans le jardin. Je vous ai préparé une petite chasse au trésor…
- Super, on en a fait une il y a pas longtemps chez mon amie Lena et regarde ce que j'ai gagné mamie !
Victoire tendit le poignet sous le regard de Molly, faisant sourire Hermione. La fillette arborait un bracelet de perles multicolores et cela rappela à la jeune femme les jouets qu'elle gagnait dans les pochettes surprises lorsqu'elle était enfant.
- C'est très joli ma chérie, répondit sa grand-mère. Là aussi vous aurez des petites surprises à la fin.
Elle attendit que Dominique et Freddy viennent les rejoindre. Du haut de leurs trois ans, ils s'entendaient très bien. Freddy, en digne fils de Georges, entrainait souvent sa cousine dans ses bêtises, au grand dam de Fleur.
- Cher belle-sœur, Dominique passe par cette phase initiatique de bêtises nécessaire au bon développement de tout enfant, lui avait dit Fred, en bon parrain de Freddy. Regarde, elle nous a très bien réussis…
La jeune femme lui avait jeté un regard équivoque, se passant de tout commentaire.
- Non sérieusement Fleur, ce sont des petites bêtises sans conséquences et elles font rire mes parents. Rien que pour cela, j'encouragerais mon filleul…
Fleur lui avait souri, comprenant parfaitement le message. Hermione avait assisté à la scène, silencieuse. Fred montrait rarement ses émotions et elle fut surprise par ses mots. La famille souffrait encore et un peu d'innocence ne pouvait pas faire de mal.
Bientôt, Molly fut accaparée par une bonne partie de la famille qui souhaitait participer avec les enfants. Des têtes blondes se mélangeaient au roux des Weasley faisant un joli charivari.
Hermione se retrouva seule. Angelina, qui lui tenait compagnie jusqu'à présent, avait rejoint Fred pour participer à la chasse au trésor. C'était le moment de parler à Harry. Elle avait repoussé l'échéance jusqu'au bout, arguant que rien ne pouvait être propice à une telle annonce.
Elle le vit discuter avec Ron dans un autre coin du jardin. Les cheveux en bataille, ses yeux verts toujours cachés derrière une paire de lunettes, son meilleur ami n'avait pas vraiment changé. Seule sa hargne s'était accentuée et sa fonction d'Auror lui permettait de la canaliser. La mort de Ginny avait laissé un grand vide en lui, un sentiment d'inachèvement.
Hermione représentait la canne de Ron mais Harry qui avait-il ? La jeune femme pensait, à juste titre, que parfois il forçait trop sur la boisson. Elle s'inquiétait mais son petit-ami l'avait convaincu de le laisser tranquille. Harry n'était pas alcoolique mais de temps en temps, il avait besoin d'oublier. Comme nous tous, avait ajouté Ron.
Une main s'agita devant ses yeux. Elle sourit à Ron, assis devant elle depuis un temps qu'elle ignorait.
- Je sais que notre jardin est magnifique mais de là à le contempler de cette façon…
Sa voix ne laissait apparaitre aucune once de plaisanterie. Parfois Hermione aimerait lu dire qu'il avait le droit de rire, que sa sœur aimerait le voir heureux mais cela lui semblait déplacer. Alors elle se taisait et espérait que ça s'arrangerait un jour.
- Je réfléchissais… à la façon dont je pouvais encore sublimer ce magnifique jardin, tu sais avec une tondeuse… Harry tu es d'accord avec moi n'est-ce pas ?
- Tout à fait, et tu oublies le dégnomage. Mais après, ma tante en serait verte de jalousie.
- Très drôle… Elle crut voir la naissance d'un sourire et se félicita.
Un silence s'installa entre eux. Un peu plus loin, la famille semblait beaucoup s'amuser. La jeune femme sentit comme un mur entre eux. Bientôt Harry saurait la mauvaise nouvelle tandis que les Weasley étaient loin de se douter de ce qui se tramait au sein d'Azkaban.
- Harry, j'ai quelque chose à te dire, à propos de Malfoy…
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La nuit était tombée depuis bien longtemps et Hermione ne dormait toujours pas. Ron ronflait à ses côtés et elle l'enviait. La jeune femme pensait encore à son meilleur ami. Sensiblement, il avait réagi de la même manière que Ron. D'abord apathique, il avait donné son accord pour qu'elle prenne en charge le dossier. Lui aussi voulait en finir et faire son deuil correctement.
- Tu sais, j'aimerais vraiment avancer, rencontrer quelqu'un, refaire ma vie. Mais à chaque fois que je pose les yeux sur une femme avec un peu trop d'insistance, je culpabilise, lui avait-il dit un peu plus tard alors que Ron avait rejoint le petit groupe de la chasse au trésor.
- Tu ne devrais pas, je pense que Ron ou même la famille Weasley ne t'en voudraient pas d'envisager un futur. Je suis sure que ça t'aiderait… et puis c'est normal que tu aies envie d'autre chose…
- Et toi Hermione tu n'en as pas marre de nous ramasser à la petite cuiller ?
Sur le moment, elle n'avait pas su quoi répondre. Mais là, dans son lit, aux côtés de son petit ami qui, pour une fois, dormait profondément, elle avait trouvé la réponse. Non, elle ne regrettait pas. Elle était amante, amie et elle se devait d'être présente pour eux, autant de temps qu'il le faudrait. C'était son choix même si elle savait que certains ne comprenaient pas.
