Le soleil déjà bien loin, la nuit tombée, elle avançait, calmement, les rues étaient vides, chose normale en plein milieu de la nuit. Elle passa dans une ruelle éclairée par de faibles lampes qui grésillaient dans un bourdonnement électrique, clignotant une dernière fois avant de s'éteindre définitivement et laisser place à l'obscurité nocturne. Une brise gelée la fit claquer des dents. Elle croisa ses bras nus et releva la tête. Les étoiles. Brillantes, se reflétant dans le bleu infini de ses yeux. Elle avait l'impression d'être moins seule quand elle regarder le ciel, comme si...comme si toutes ses petites lueurs prenaient soudain vie et lui soufflaient des mots chaleureux, rassurants, lui disaient de ne pas perdre l'espoir.
Elle aussi se surprenait parfois à espérer...A espérer que demain tout serait fini, qu'elle aurait enfin droit au bonheur, elle aussi. Sans qu'elle le veuille, une larme coula le long de sa joue, dans le coin de sa bouche, finissant sa course en tombant de son menton légèrement tremblant. L'espoir. Dernier sentiment, dernière ligne droite avant le chao ... Et quand l'espoir n'est plus, que reste-t-il ? Il ne reste que nos yeux pour pleurer. Elle sourit en pensant à l'expression « pleurer toutes les larmes de son corps » Si c'était possible, elle serait bientôt asséchée, car sans qu'elle s'en soucis plus que ça, une cascade de tristesse lui mouillait les joues dans un flot de sentiments contradictoires. La haine, la tristesse, la culpabilité, la colère. Tous ces mots prenant soudain tout leur sens. Elle ne refusait pas d'admettre qu'elle était triste. Car, pour elle, tant qu'elle éprouver encore des sentiments aussi forts que la tristesse ou la haine, l'espoir survivait. Et la joie, qu'en est-il de la joie ? Aussi loin qu'elle se souvienne, elle ne l'avait jamais ressentit, celui-là. « Joie » Elle réprima un frisson de dégout. Que ce mot semblait superficiel et sonnait faux, quand c'était elle qui le prononçait ! Alors que son trop plein d'émotion semblait vouloir la laisser un peu tranquille, elle poussa le petit portail en métal qui grinça désagréablement et résonna affreusement mal dans la tête tourmentée de la jeune fille qui s'assit dans l'herbe du parc en humant l'air frais, prenant le temps d'écouter les feuilles danser au gré du vent. Tout semblait si calme, si paisible, si...Beau, tout simplement. Un petit couinement se fit entendre. Faible, entrecoupé, presque suppliant. La jeune fille s'aperçu que la source du buis n'était rien d'autre qu'un chaton au milieu de la grande pelouse. Il semblait perdu, déboussolé. Elle le saisit et le plaqua contre sa poitrine. L'animal ronronna quand elle entreprit de le gratter derrière les oreilles. Elle sourit.
« Alors petit chat, toi aussi tu es tout seul ? » Elle lui plaqua un baiser sur la tête et le serra tout contre son cœur. Un miaulement se fit entendre, plus grave cette fois. Elle aperçut un chat noir suivit de près par deux autres chatons. La jeune fille fit vite le lien avec le petit animal qu'elle portait dans les bras. Elle le posa sur le sol et celui-ci s'éloigna d'elle en sautillant pour rejoindre ses confrères.
« Vas petit chat, vas retrouver ta famille...Prends soin de toi. »
Pour toute réponse celui-ci poussa un gémissement faiblard en sa direction et s'en retourna.
Elle était à nouveau seule. Seule dans le parc, seule dans ses pensées, seule dans sa vie, seule dans son corps, seule dans ses sentiments. Seule, comme elle l'avait toujours été.
Elle fut intéronpu par un vioçulent coup recut dans sa nuque, la faisant tomber à la renverse. Le choc brutal lui coupa la respiration et en quelques centièmes de secondes, une douleur fulgurante s'abattit sur sa nuque. Brutal. Froid. Cassant. Sa vue se troubla, son cœur battait à tout rompre, son sang s'étendait sous son corps à demi-mort. Allait-t-elle mourir ? Ce ne serait pas plus mal finalement. Tout s'arrêterait, enfin. Mais la douleur la ramena à la dure réalité, si elle mourait, ce ne serait pas tout de suite. Malgré son soudain assourdissement, elle entendit qu'on parler, mais elle ne perçu que des brides de mots
« Oui, J... A. »
Sans qu'elle sache comment, elle savait que quelque chose d'affreux se préparé. Elle allait en baver, oh ça oui.
Ses yeux...Froids, glaçants, exprimant à la fois une haine intense et une tristesse infinie. Ces yeux, se fut la dernière chose qu'elle vit avant de s'abandonner à l'obscurité.
La douleur lui envoyait de grandes vagues de souffrance insupportables. Elle voulut poser sa main sur la blessure mais s'aperçut que des chaines l'en empêchaient. Elle était attachée, bâillonnée, et...Enfermée...entre quatre murs gris et sales. Sa vue revint quelque peu et elle distingua enfin des forme. Elle avait la gorge asséchée et la bouche pâteuse. Sa douleur dans la nuque revint plus forte que jamais, lui arrachant un gémissement plaintif incontrôlé qu'elle eu un mal fou à contenir. Elle releva la tête avec toutes les peines du monde et perçut une silhouette quelle qualifia d'humaine, à demie cachée dans l'ombre, bien qu'une misérable fenêtre éclairait la pièce de ses rayons aussi fades que la couleur des murs moisie de la cellule.
«Où suis-je ?
-Tu es prisonnière. »
« Prisonnière... » Répéta-t-elle comme pour se rendre comte de la gravité que représentait ce simple mot. Une multitude de questions se bousculaient dans sa boîte crânienne mais celle qui sortit en première fut la seule qu'elle pouvait prononcer :
« Pourquoi ... ? »
La silhouette se détacha de son lit d'ombre et s'approcha d'elle d'une démarche féline et assurée. Elle releva instinctivement la tête vers celui qui lui avait adressé la parole. Elle en fut tétanisée. Ces yeux...Elle les connaissait, vaguement, elle s'en rappelait. Des yeux de félin, en amande, effilés, bordés de longs cils d'un noir intense, d'une tinte verte d'eau, sombre, ses iris semblaient noires dans son regard froid et impassible. Les même yeux oui, mais cette expression de profonde tristesse avait disparu, laissant place à un regard plus froid encore que la glace éternelle, un regard qui lui transperça chaire et os et lui écorcha le cœur de ses griffes givrés. Il avait la peau pâle, mais en aucun cas blafarde, au contraire. Des cheveux fins de couleur lunaire, soigneusement décoiffés, qui lui retombés souplement dans la nuque. Un visage aux traits fins, presque androgynes. Un nez fin légèrement retroussé juste au dessus d'une bouche fine aux contours parfaits, complétant ce visage encore plus parfait.
« Qui es-tu ? » Demanda-t-elle alors qu'elle continuait à le dévisager.
« Je ne pense pas que tu sois dans une position qui te permet de poser des question. »
Sa voix avait prit une intonation blessante et glaçante qui lui figea littéralement le sang dans les veines.
« C'est toi qui m'a emmené ici...
-J'avais dis pas de question.
-C'est pas une question, c'est une supposition...
Elle tomba à terre sous la force de l'impact. Sa gorge la brûlait ardemment. Elle cracha du sang en grimaçant. Une autre douleur vint s'ajouter à celle déjà bien présente sur sa joue droite. Une douleur qui ne présageait rien de bon. Ses cheveux clairs se tintèrent de rouge. Cette fois, elle ne pu se retenir et poussa un cri de douleur qui résonna entre les murs étroits. Elle haletait et les battements accélérés de son cœur n'étaient plus réguliers. Sa vue était trouble et le gout métallique du sang lui emplissait la bouche. Son tortionnaire s'approcha et s'accroupit devant elle. Il lui prit le menton pou l'obliger à le regarder.
« Quand je te dis de te taire, tu la ferme. Sinon je n'aurais pas la patiente d'attendre que mon père rentre et je te tuerais tout de suite, ce qui, crois moi, serait encore plus facile que d'écraser une mouche. »
Il la regarda d'un air dégouté et se détourna. Elle se releva tant bien que mal. Sa vue troublée, la douleur de la violente giffle qui lui lacérait la joue de ses mains griffues. Ses vertiges, sa faiblesse, ses cinq sens affaiblis et le gout du sang...Tout ça l'empêchait d'analyser la situation plus que fâcheuse et de raisonner rapidement et correctement. Elle se maudit d'être aussi faible. La jeune fille releva la tête en se mordant la lèvre inferieur jusqu'au sang pour s'empêcher d'hurler sa rage et sa douleur. Le sang lui battait les tempes et son souffle était irrégulier. Une larme de rage dévala sa joue pâlie sans qu'elle essais de la retenir. Elle sombrait dans une colère sourde et aveugle, qui, elle le savait, allait lui coûter très cher, bien qu'elle ne puisse s'en empêcher. La voix tranchante du jeune homme la fit tressaillir :
« Dis-moi ton nom. »
Elle frissonna de plus belle. Il avait refusé de lui dire qui il était, alors pourquoi, elle, elle devrait lui dire son prénom ? Elle ne put retenir un sourire ironique. Pourquoi ? Parce qu'elle était à sa merci, tout simplement.
« Qu'est-ce qui te fais sourire ? » Elle serra les poings à s'en faire mal, ses ongles se plantèrent dans ses pommes et une goute de sang perla sur les menottes en ferraille qui lui enserraient les poignets. Voyant qu'elle ne répondait pas, il sentit la moutarde lui titiller les narines. Il s'avança d'un pas assuré en direction de la jeune fille blessée qu'il souleva par le col et colla au mur.
« Je t'ai demandé quel est ton nom ... » Articula-t-il exagérément comme pour lui faire comprendre le sens de sa question. Elle entrouvrit légèrement la bouche et laissa échapper quelques mots.
« J-je su...is Evangeline »
Il la relâcha après avoir eu réponse à sa question et se détourna de la jeune fille qui suffoquait encore. Elle se sentait si faible, si impuissante, si pathétique, si ridicule, humiliée. On lui enlevait sa fierté. Elle avait la désagréable impression que le garçon lui avait détruit sa fierté et prenait un malin plaisir à piétiner ce qu'il en restait. Elle en avait marre de se faire cogner sans rien dire, marre de ne pas pouvoir hurler son trop plein de rage et de détresse. Elle savait qu'elle allait commettre une grossière erreur mais s'en fichait éperdument. Après tout, qu'est-ce qu'elle avait à y perdre ? La vie ? Et alors... Sa vie, que représentait-elle ? Rien. Elle se releva douloureusement. Elle cru qu'elle allait retomber tant ses vertiges étaient puissants.
« Je...Je veux savoir...qui...qui tu es... » Arriva-t-elle à prononcé aussi clairement qu'elle le pouvait, en essayant de masquer son manque de confiance en elle et évidemment, sa peur grandissante. Il se retourna vers elle avec une grimace qui ressemblait à de l'agacement mêlé d'admiration. Elle retint sa respiration en espérant qu'il n'ait pas la malheureuse idée de la frapper à nouveau.
« Le moins qu'on puisse dire c'est que tu as du cran... me provoquer alors que tu sais pertinemment que je suis le plus fort et qu'en plus tu es as ma merci... Soit tu es très courageuse, soit inconsciente...soit complètement stupide. » Elle se décrispa quelque peu en voyant que, visiblement, il n'allait pas l'attaquer.
« Dans touts les cas, ça peutt te coûter très cher. Mais bon, si tu tien tant à le savoir... »
Il se retourna un peu plus vers elle et la regarda dans les yeux.
« Kirua. Kirua Zoldik, c'est mon nom. »
Elle cru bien que son cœur s'était, le temp d'un un instant, arrêté de battre. Le garçon perçut visiblement son étonnement et son horreur car il sourit.
« Tu...Tu...es...un assassin... » Arriva-t-elle à peine à prononcer tant la boule qui se formée dans sa gorge la gênait.
« Tout juste » Lâcha-t-il en s'éloignant d'Evangeline. Tandis que les idées confondues bataillaient dans l'esprit de la jeune fille meurtrie par la douleur et souillée par le sang.
« Est-ce que je vais mourir ? » demanda-t-elle alors que Kirua posait la main sur la poignée de la porte métallique. Il arrêta net son mouvement devant la question posée par la jeune fille. Elle avait bien essayé de cacher sa terreur sous cette question, mais le garçon n'était pas dupe, loin de là. Il avait perçut le tremblement dans sa voix, sa volonté de ne pas abandonner, et surtout, son courage. D'autres aurait surement déjà baissé les bras, mais elle, elle résistait. Cette lueur de franchise et d'honnêteté dans son regard, il la connaissait, cette lueur là. Il savait très bien où il l'avait vu, mais jamais, non jamais, il ne se l'avouerait.
« Ca, ça dépend uniquement de toi » Répondit-il avant de claquer la porte dans un éco métallique qui résonna partout, dans les moindres recoins jusqu'au cœur blessé et meurtri de la prisonnière qui éclata en sanglots dans la cellule miteuse ou elle était désormais prisonnière.
