Bonjour à tous ! Je publie aujourd'hui une vieille histoire qui était censée être un One-Shot mais qui s'avère en réalité bien trop longue pour être considérée comme telle. J'ai donc décidé de la publier par chapitres et j'espère en arriver bientôt à bout !
C'est du pur Luxus x Mirajane. Public non averti s'abstenir parce que vous ne pourrez pas lire la fin !
La mage tourna la page avec lassitude. Voilà maintenant plusieurs heures que son magazine avait cessé de provoquer le moindre intérêt chez elle sans qu'elle ne sache quoi faire d'autre. Elle était affalée dans son canapé, avec un thé bien chaud, une couverture pourvue de la même qualité et ce peu de lecture guère intéressante. Il s'agissait de l'une des rares journées où on la libérait de son rôle de barmaid, cuisinière, serveuse et gérante de la guilde pour qu'elle puisse souffler un peu et prendre un peu de repos.
Seulement, ce repos lui était superflu. Elle n'avait jamais eu aucun mal à remplir son devoir à cause de la fatigue puisqu'il lui suffisait d'une bonne nuit de sommeil pour pouvoir faire de même le lendemain. Mais devant les incitations des membres à ce qu'elle ait quelques jours de libres chaque mois, elle n'avait pas pu refuser. Elle appréciait, malgré tout, ces moments déconnectés du reste du monde, à prendre soin d'elle ou à traîner dans son appartement partagé avec ses frères et sœurs. Du moins, les premières fois seulement.
Il y avait longtemps que les articles des magazines féminins avaient cessé de la divertir, son œil glissait sur les pages de papier glacé aux couleurs chatoyantes sans trouver la moindre prise. Les mots imprimés avaient perdu l'âme qui l'enveloppait autrefois. Quelques fois, son nom apparaissait, parfois avec une ou deux photos. Elle admirait la belle inconnue qui lui souriait de toutes ses dents blanches. Son magnifique sourire qu'elle n'avait cessé d'offrir au premier venu.
Elle avait arrêté les photos et cette vie, il y a déjà des mois, par besoin de déconnexion. Cela n'avait fait qu'embellir les anciennes aux yeux du public. Elles tournaient partout, dans les magazines, les catalogues de mode… Ce n'était pas dérangeant pour elle, elle n'était ni complexée, ni suivie par une horde de paparazzis prêts à damner leur âme pour connaître sa marque de thé favorite. Mais ce sourire si majestueux qui illuminait la population tel un soleil semblait de plus en plus terriblement factice à ses yeux.
Elle avait brusquement tout cessé pour éviter ce phénomène. Pour que cette rangée de dents soigneusement brossées et alignées reste toujours et éternellement sincère. Elle l'avait offerte au monde entier, autant à sa guilde, ses amis, sa famille, qu'à des inconnus dont elle ne connaissait même pas la silhouette. Elle l'avait tant donnée que plus personne ne la voyait sans. Cette réconfortante rangée de soldates immaculées qu'elle avait fini par figer sur son visage d'ange.
Maintenant que toutes ses activités étaient reliées à la guilde, donc toutes prises en charge lors de ses congés par son adorable et jeune sœur qui désirait lui offrir la liberté de toute source de stress imaginable -efficacement puisque la jeune femme devait se creuser la tête afin d'inventer de nouvelles occupations pour tuer l'ennui qui lui pendait au nez- elle lisait, chantonnait les airs qu'elle connaissait par cœur, grattait les cordes de sa guitare pour les accompagner, s'occupait de sa peau qui n'en avait pas vraiment besoin et fixait le plafond pour assister à l'agonie de ce temps trop long en rêvant au lendemain. A sa réconfortante routine qui reprendrait.
Soudain, elle entendit la poignée s'enclencher dans la porte et un ample courant d'air parvint jusqu'à elle, la faisant frissonner. Une tête blanche se glissa rapidement par l'ouverture et ferma le battant derrière elle. La jeune Strauss se découvrit de son manteau étonnement épais pour ce milieu d'automne et se dirigea vers le salon où l'attendait son aînée.
« Coucou Mira-nee » lança-t-elle en retirant ses bottes. « T'as passé une bonne journée ? »
« Reposante. » Répondit l'intéressée avec un sourire paisible fixé sur les lèvres.
« Je suis épuisée. » Soupira la cadette. « Les garçons étaient survoltés aujourd'hui, j'ai bien cru qu'ils allaient déclencher la troisième grande guerre. »
Sa sœur émit un petit rire.
« Ils étaient si terribles ? » demanda-t-elle tendrement.
« Tu n'imagines même pas ! Natsu et Gray étaient si insupportables qu'ils n'attendaient même plus qu'Erza ait le dos tourné pour recommencer à s'insulter, et je ne te parle même pas de Gajil… » Raconta la plus jeune en s'affalant sur un fauteuil en face du canapé.
« Pauvre Erza, elle doit en avoir assez de toujours faire la police. » Souffla Mirajane.
« Pas tellement, si tu veux mon avis. Elle le fait tellement bien qu'il m'arrive de croire qu'elle s'y entraîne la nuit. »
Les deux jeunes femmes furent prises d'un fou rire à l'idée d'une Erza en pyjama, debout sur son lit, répétant studieusement de son air le plus théâtral les répliques destinées à calmer ses amis.
« Elle n'en a vraiment pas besoin. » Répondit l'aînée entre deux hoquets de rire.
Lisanna se redressa et prit une grande respiration pour ralentir son cœur. Elle regarda sa sœur en souriant tandis que celle-ci tentait de se calmer à son tour. Son regard fut attiré par l'amas de couleurs que celle-ci tenait dans sa main gauche. Un magazine du Sorcerer qui devait dater de la semaine dernière. Elle qui croyait que sa frangine trouvait à présent ces lectures ennuyeuses et terriblement superficielles, peut-être s'ennuyait-elle assez pour les trouver amusantes.
« Qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui ? » Demanda-t-elle en oubliant de détourner le regard de l'ouvrage.
« Oh, trois fois rien. » répondit l'autre. Puis elle remarqua l'angle de vue de sa sœur et ferma brusquement l'hebdomadaire en le posant sur la table basse. « Je n'avais pas envie de sortir donc je suis juste restée à la maison. »
« Je vois. » Souffla la mage en baissant les yeux. « Tu n'as jamais envie de sortir ? »
La blanche fut surprise de cette question et tourna la tête d'un air pensif.
« Si. Parfois. J'aime bien aller au parc, et puis il faut bien que quelqu'un fasse les courses. » Déclara-t-elle en riant.
La plus jeune sourit et tenta une nouvelle fois d'exprimer sa pensée :
« Je veux dire… tu n'as jamais envie de sortir vraiment ? Pour rencontrer des gens autres que ceux de la guilde ou même juste sortir avec Cana ou Kinana pour penser totalement à autre chose ? » Questionna-t-elle.
La mage démoniaque ouvrit la bouche pour répondre mais aucune réponse ne lui traversa l'esprit. Elle regarda sa jeune sœur sans savoir quoi lui répondre. Pourtant, ses idées ne se mélangeaient ou ne se contredisaient pas. La seule réponse qui lui venait à l'esprit était tellement évidente et si simple qu'elle n'avait jamais pris la peine de seulement y réfléchir. Non. Elle ne ressentait aucune attirance à l'idée d'aller dans les bars pour boire – même modérément – et rencontrer de nouvelles personnes. Elle était déjà pleinement heureuse de sa vie calme et de sa cajoleuse routine.
« Non. » Répondit-elle finalement. « Pas vraiment. » Elle s'arrêta puis balbutia son explication si infaillible à ses yeux. « Je ne vois pas trop l'intérêt. »
Sa cadette sourit doucement à cette réponse. Elle s'y attendait en quelque sorte. Sa sœur n'était pas le genre à s'interdire consciemment des plaisirs pour les autres, même après son changement de caractère. De toute façon, quand on y prêtait attention, on pouvait voir que ces traits de caractère principaux étaient restés intacts. Son désir de protéger les autres, son énergie – qu'elle dépensait maintenant derrière le bar et au service de la guilde- sa fierté qu'on avait bien reconnu lors de son combat contre Jenny aux Grands Jeux Magiques… La seule chose qui avait changé était la manière dont elle les exprimait concrètement.
On ne pouvait pas réellement dire la même chose de ses goûts.
« Tu aimais bien ça avant. Sortir, aller à des concerts… »
La jeune femme soupira devant l'insistance de sa sœur.
« Tu ne sors pas plus que moi alors que tu as largement l'âge maintenant, tu sais. » Répliqua-t-elle avec un léger sourire.
L'intéressée rougit à cette remarque en serrant dans ses mains le thé qu'elle s'était servi de la théière préparée plus tôt par sa sœur. Encore un trait qui avait persisté chez elle. Son habilité à détourner la conversation lorsque celle-ci la dérangeait.
« Ça n'a jamais été mon truc. » Crut-elle bon d'attester.
« Ce n'est plus le mien. » Clôtura sa sœur avec douceur et fermeté.
Lisanna la dévisagea, elle savourait tranquillement son thé en fermant les yeux. Il n'y avait pas eu une once de méchanceté dans sa réplique. Juste un profond désir de fermer le sujet. Elle n'avait pas non plus eu l'air de mentir pour l'éviter. Elle était même profondément sincère et honnête avec sa jeune sœur. Cette réponse l'était tout autant.
Elle but à son tour. Le silence qui s'était installé la dérangeait un peu. D'habitude, elle appréciait ces moments paisibles avec son aînée, bienvenus après avoir passé la journée au milieu du brouhaha incessant de la guilde. Mais à ce moment-ci, elle se sentait mal à l'aise. Comme si ce silence s'était installé au mauvais moment.
« Elf-nii-chan rentre de mission demain, c'est ça ? » Finit-elle par demander.
Elle connaissait bien évidemment la réponse. Elle voulait juste changer de sujet au plus vite et briser ce silence malaisant. La jeune femme hocha la tête tandis que son sourire s'agrandissait. Elle était reconnaissante envers sa cadette de ne pas insister. Elle ne voulait pas créer le moindre sujet de friction entre elles. Elle ne supportait pas l'idée de la décevoir ou encore de devoir lui imposer le silence.
« Et il n'est que vingt heures, donc on a encore le temps de regarder un film sans être trop fatiguées pour travailler demain ! » Lança-t-elle joyeusement en lançant un clin d'œil à sa cadette.
L'air était frais, le soleil peinait à pointer le bout de son nez en cette journée de printemps. La mage ferma son manteau en frissonnant, elle appréciait les matins où la ville s'éveillait petit à petit en commençant par les boulangers dont l'odeur de pain chaud et de viennoiseries embaumait déjà les échoppes. La jeune femme en commandait toujours une quantité astronomique pour nourrir les enragés morfales de la guilde.
L'auberge assurait la fonction de restaurant pour les mages mais aussi pour les non-mages qui désiraient profiter de l'ambiance chaleureuse. Elle était l'une des principales sources de revenus de la guilde et de la blanche. En véritable restauratrice, elle remplissait les stocks, cuisinait, tenait le bar et servait les clients, le tout accompagnée de sa jeune sœur, de Kinana et de quelques mains errantes supplémentaires.
Le maître lui avait confié la gestion entière du restaurant à l'exception de la partie comptabilité qu'il se gardait. Elle avait donc pris l'habitude de faire quelques courses le matin afin d'obtenir des produits frais et commandait le plus gros chez un fournisseur dont elle était une habituée à présent.
Ses sacs de courses à la main, elle se dirigea vers le second grand bâtiment qui dominait la ville après la cathédrale Kaldia, tourna sa vieille clé dans la serrure et poussa l'énorme porte de bois. L'atmosphère était tellement différente à cette heure-ci, les volets fermés et l'immensité de la pièce vide lui donnait un aspect quelque peu inquiétant et religieux, comme une église attendant ses fidèles. Elle déposa ses achats dans la cuisine puis se dirigea vers les fenêtres pour laisser la douce lumière du jour envahir cette espace beaucoup trop calme à son goût.
Elle s'installa derrière son comptoir et entreprit de préparer les premières boissons qui ne tarderaient pas à être commandées. Dans une heure à peine, l'excitation et les provocations régneraient en maître.
Elle se remémora la soirée de la veille. Après un repas plus proche du pique-nique, elle et sa jeune sœur avaient regardé une comédie romantique nanardesque. Deux heures au cours desquelles un beau jeune homme, riche, charmeur et légèrement macho, découvrait enfin le sens et l'amour de sa vie après avoir fait la rencontre d'une belle jeune femme, vainement présentée comme banale, qui lui ouvrait les yeux sur le monde grâce à sa gentillesse, sa douceur et sa détermination à rendre le monde meilleur.
La jeune femme émit un petit rire au souvenir de la tirade finale où le héros déclarait enfin sa flamme d'une voix chevrotante mais tout aussi enflammée alors que sa future fiancée -parce qu'il la demandait en mariage- l'écoutait les larmes aux yeux avant d'accepter -non sans un sanglot terriblement faux- la fabuleuse bague -sûrement en plastique- qu'il lui offrait.
Il fallait l'avouer, Mirajane était une grande romantique dans l'âme. Elle rêvait d'une fin heureuse avec un homme aimant qui l'embrasserait comme au premier jour tout au long de sa vie. Elle aimait regarder les couples -déjà décidés dans son esprit- de la guilde et imaginer la vie qu'ils auraient sûrement dans quelques années, sans pour autant imaginer clairement son possible avenir.
Elle ne se voyait avec personne et ne ressentait pas le besoin de vivre un amour passionné avec un quelconque amant. Elle en rêvait bien sûr, mais ces rêves n'avait jamais pris de dimensions concrètes. Ils restaient aux stades de fantasmes hors de portée, alors que tous s'évertuaient à lui faire comprendre qu'il lui suffirait de quelques efforts pour les rendre réels, sans succès. Elle savait que la vie n'était pas une comédie romantique que deux sœurs regardaient le soir pour se détendre entre deux fous-rires.
Jamais elle n'avait réellement espéré de déclarations d'amour passionnées. Si on lui donnait le choix, elle choisirait un amour aussi simple et pur qu'une boule de neige, bien qu'une partie d'elle-même lui criait que cela serait beaucoup trop ennuyeux pour qu'elle s'y épanouisse. Peut-être était-ce le signe qu'elle n'avait pas tant changé de l'adolescente aventureuse qu'elle avait été finalement.
Quoi qu'il en soit, elle n'avait aucun candidat sérieux pour le poste de grand amour et n'en cherchait pas vraiment. Peut-être était-ce le défilé de prétendants plus lourds les uns que les autres qui se présentaient inlassablement chaque jour à elle en prétextant d'acheter une boisson. Cette journée ne ferait pas exception.
Cela ne rata pas. Lorsque la frénésie eut succédé au calme inquiétant qui régnait quelques heures plus tôt, la barmaid -constamment en mouvement- glissait d'une table à l'autre du haut de ses talons et distribuait sans relâche les commandes. Elle offrait son plus grand sourire à chaque visage qu'elle croisait et rejetait gentiment les multiples avances que beaucoup lui faisaient.
Les avances, elle avait ouïe dire qu'il était normal pour une jeune barmaid ou serveuse de se faire draguer et arrêter par les consommateurs, c'était communément accepté par tous. Bien sûr, cela la gênait toujours quand un homme dont elle voyait le visage pour la première fois venait lui proposer un verre après la fermeture, ou quand Macao et Wacaba lui rappelaient sans cesse qu'elle avait juste à cligner des yeux pour avoir un rendez-vous. Bien que ce dernier cas fût plus devenu une blague récurrente qu'une réelle invitation. Cela en était une, mais sans l'espoir d'une réponse positive.
La porte s'ouvrit lentement, quatre mages apparurent sur le seuil de celle-ci. Une mage brune aux cheveux ondulés et aux lunettes rectangulaires, un grand mage coiffé d'un grand casque de chevalier, un autre plus petit aux cheveux longs et verts et le dernier, grand, à la musculature développée et aux cheveux blonds. Ce dernier monta à l'étage et s'affala sur l'un des canapés.
La barmaid lui apporta sa bière habituelle et redescendit pour reprendre ses activités. Il la suivit de ses yeux dorés et la détailla comme à son habitude. Sa frange retenue sur sa tête, ses yeux bleus chaleureux, ses longueurs bouclées aux extrémités. Sa robe noire volante qui dissimulait sa poitrine généreuse, sa taille fine, ses hanches, ses longues jambes fuselées.
Elle était belle, peut-être même plus que belle. Elle servait ses clients en chantonnant au milieu de la guilde. Le bruit ne la dérangeait pas, au contraire, plus il augmentait, plus fort elle chantait. Sûrement convaincue que personne ne pourrait l'entendre derrière les cris de ses amis. C'était faux, il l'entendait très bien.
Sa robe noire virevoltait autour de ses jambes blanches qui dansaient entre les tables. Ses bras, constamment en action, ne cessaient de passer de ses deux plateaux, au bois des tables, on aurait pu croire à une danse venue d'Inde, l'une de celles où les entités sont munies d'une multitude de bras.
Ses cheveux neiges s'agitaient autour de son visage d'ange. Elle posait chaque pied devant l'autre en se déhanchant légèrement de façon subtile afin que seules les personnes la regardant longuement puissent le voir. Il le voyait. Elle ne lui accordait pas un regard, elle savait qu'il était là, qu'il la fixait avec entêtement pour décrypter ses gestes.
C'était devenu un jeu à leurs yeux, communiquer sans les mots, sans arrière-pensées. Il la regardait de son piédestal sans que personne ne fasse attention à lui, elle bougeait au centre de l'immense scène qu'était la guilde. Les regards se concentraient sur elle, elle y répondait de son plus éclatant sourire mais n'hésitait pas à discrètement caricaturer ses gestes afin de se moquer gentiment de l'attention qui lui était offerte.
Personne ne faisait attention à lui, il était assis sur l'un des rares canapés du première étage, là où jamais personne n'allait. Il aimait s'y poser pour faire une pause, prendre plus de hauteur, observer sans l'être, trouver un peu de solitude reposante et pouvoir regarder les autres mages à sa guise. Enfin, surtout la mage démoniaque. Il ne nourrissait pas du tout les mêmes espoirs que ses prétendants mais la voir ainsi tourner en dérision leurs comportements envers elle était quelque peu distrayant.
Il fallait aussi avouer qu'elle était loin d'être désagréable à regarder.
Elle avait tourné les yeux vers lui une seule fois aujourd'hui, elle lui avait servi sa boisson et lui l'avait détaillée avec un regard rempli de sous-entendus. Rien de sérieux, juste pour la gêner. Parce que voir ses joues s'empourprer sous son regard était tout aussi amusant en profitant un peu de sa fausse pruderie qu'elle s'évertuait à faire passer pour vraie.
Mais sa réaction fut différente de celle qu'il attendait, au lieu d'être gênée qu'il la fixe ainsi, elle avait plongé ses yeux dans les siens et avait souri. Pas un faux sourire gentil mais un rictus joueur, amusé et ivre de distraction. Elle s'était redressée nonchalamment et s'était retournée lentement pour continuer ses activités.
Elle savait pertinemment qu'il tentait de jouer avec elle. Après tout, cela faisait quelques semaines qu'il avait ce comportement et il fallait reconnaître que pouvoir s'amuser de son propre comportement et de celui des autres était rafraîchissant. Elle savait aussi qu'aucune de ces prétendues avances silencieuses n'étaient sérieuses. Il voulait juste la pousser à ses retranchements comme il l'avait toujours fait.
Ses retranchements étaient atteints. Elle en avait eu finalement assez de le voir se jouer d'elle quotidiennement. La jeune femme n'aimait pas qu'on se permette de rire ainsi de sa gêne. Après quelques temps à chercher la solution pour lui en parler, elle était venue à la conclusion qu'il n'arrêterait pas, surtout s'il réalisait que cela l'atteignait réellement.
Alors la mage avait décidé d'agir à l'inverse de ce qu'il attendait tout en sachant qu'il ne stopperait pas ses agissements immédiatement. Elle devait entrer dans son jeu si elle voulait l'en faire sortir mais les conséquences d'un tel acte restaient encore inconnues. Allait-il être surpris ? Amusé ? Satisfait ? Comment pouvait-elle en avoir ne serait-ce que la moindre idée ?
A partir de ce moment, elle commença donc à bouger autrement, de façon plus douce et plus fluide. Elle prenait son temps et dansait entre les agités. Elle regardait et offrait son sourire le plus lumineux à toutes les personnes présentes sauf à lui. Elle l'ignorait éperdument sans pour autant perdre ses gestes qu'elle désirait plus séduisants.
Un ballet étrange qui l'intriguait beaucoup, comme si une partie de la blanche lui avait échappé et qu'elle la lui révélait soudainement. Il n'allait plus jamais la voir, cette Mirajane douce qui lui souriait avec bienveillance, il verrait quelque chose d'autre que seul lui pourrait voir, un côté plus maléfique et séducteur. Il pourrait dire que l'ancienne Mira était revenue mais ce n'était pas tout à fait vrai. L'ancienne Mira ne séduirait jamais ainsi.
Mais cela ne le dérangeait pas, bien au contraire, cela l'amusait grandement. Un nouveau défi qu'elle lui lançait, un jeu discret, au-delà des yeux des autres. Comment gagnait-on ? Il n'en avait strictement aucune idée et il savait qu'elle non plus. Il ignorait juste une chose, jusqu'où elle était prête à aller et ce qu'elle désirait. Jusque-là, ils s'étaient contentés de rire doucement ensemble des autres mais rire ainsi était plus complexe à ses yeux.
Il descendit en soupirant, il voulait y réfléchir dans un cadre plus intime. Il se dirigea vers la porte mais quelque chose de chaud l'effleura en allant en sens inverse. Il se tourna et tomba sur ses yeux cyans, ses iris brillaient de malice et d'amusement. Son sourire de démone flottait sur son visage d'ange, il haussa les sourcils et continua son chemin.
Le jeune homme avait bien compris qu'elle désirait juste le prendre de court et le faire tomber à son propre piège. Malheureusement pour elle, la défaite n'était pas quelque chose à laquelle il était habitué. Si elle voulait jouer à ce jeu-là, alors il jouerait aussi et Dieu seul savait qui avait le plus d'expérience dans ce domaine.
Voilà qui clôt ce premier chapitre ! La tension est grande je le sais !
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