Bienvenu(e) !

Cette très courte histoire (seulement quatre chapitre, eh oui !) n'attendait plus que toi pour exister ! J'espère ainsi, mon cher lecteur, que tu l'aimeras et que les mots que tu liras te transporteront dans les plaines de Bordeciel, dans ses auberges et ses prisons.

Cette dernière raconte l'histoire de deux destins. Elle parle d'innocence, d'insouciance, d'inconscience et de mort. Elle parle d'un amour qui naît par hasard et grandit malgré tout. Elle parle d'eux mais pourrait parler de n'importe qui d'autres.

Et elle vous invite à prendre les routes du destin...

Bonne lecture !


Segment I

Innocens

La caravane déposa deux de ses passagers aux portes de Rivebois en fin de matinée. Ils la regardèrent s'éloigner à travers le petit hameau et disparaître derrière les rochers qui longeaient la route de Blancherive.

La route, justement, avait été longue et éprouvante pour la Nordique et son fils qui venaient directement de Solitude. Ils étaient en visite dans la famille paternelle et s'apprêtait à présent à visiter la famille maternelle.

Attrapant la main de son fils, Freya le poussa vers l'avant et ils ensemble passèrent d'un pas traînant la porte de Rivebois, saluèrent Hilde, qui habitait la première maison et qui tannait les peaux d'animaux que les chasseurs lui ramenaient, puis s'empressèrent de gravir les petites marches qui menaient à la forge d'Alvor.

La mère et l'enfant pénétrèrent sous le toit de paille et de chaux qui recouvrait l'équipement du forgeron. Le jeune nordique jetait des petits coups d'œil curieux vers le ponton de bois qui menait à la scierie, son attention attirée par les cris joyeux d'une bande d'enfants. Lorsqu'il les aperçut enfin, le garçon tira frénétiquement sur les jupons de sa mère.

« Maman, maman ! hélait-il inlassablement dans l'espoir d'être entendu le plus vite possible. Dis maman, je peux jouer avec Ralof ?

- Hors de question ! le sermonna-t-elle alors qu'Alvor le forgeron cessaient de frapper le métal pour saluer sa sœur et son neveu. Nous avons fait toute cette route pour voir ton oncle Alvor. Pas pour aller jouer avec tes amis.

- Je vois que l'air de la capitale ne t'as pas changé, Freya, tu es toujours aussi barbante ! s'exclama Alvor. »

Sa sœur lui repoussa gentiment l'épaule, amusée. Elle n'avait pas vu son jeune frère depuis longtemps mais était ravie de le retrouver. Il était toujours aussi robuste et ses années de service dans l'armée impériale avait à peine attaqué ses traits toujours aussi charmeurs. Lui qui était toujours aussi blond avait la peau aussi rouge qu'un habitant de Lenclume à cause de son travail. Ils échangèrent quelques politesses maladroites, ils parlèrent de Sigrid, du temps et d'Hadvar. Puis sans prévenir, Alvor se pencha, saisit le garçon boudeur sous les épaules et le souleva, non sans difficulté.

« Ce que tu as grandi, Hadvar ! observa-t-il. Je vais demander à Sigrid de faire plus de pomme de terre, nous avons un estomac de soldat à remplir. »

Le jeune nordique se débattit pour se débarrasser de l'étreinte de son oncle qui s'esclaffa joyeusement. Il reposa Hadvar et aussitôt, ce dernier se remit à tirer sur les vêtements de sa mère. Lassée par ce comportement, celle-ci lui administra une petite tape sur la main et l'enfant ronchonna de plus belle.

« Laisse-le donc aller jouer ! s'esclaffa Alvor. Nous ne dînons pas tout de suite et je crois que ton fils est impatient de retrouver ses petits amis.

- Très bien… abandonna Freya et elle jeta un regard sévère à son fils. Mais que tu ne t'éloigne pas de la scierie. Et ne vas pas jouer dans l'eau, je n'ai pas pris une malle de vêtement, juste un sac. »

Hadvar hocha joyeusement la tête et dévala les marches de la forge pour courir le long du ponton. Là, et à l'aide de grands gestes, il salua ses amis.

« Ralof ! Sven ! Je suis arrivé ! »

Le petit blond, du nom de Ralof, qui frappait dans l'air avec son épée de bois, se retourna brusquement et se mit à courir vers son ami. Sven, plus réservé, marcha tranquillement derrière son camarade de jeu. Arrivés à la bonne hauteur pour se saluer, ils tentèrent d'échanger une étreinte de soldats. Cela devait ressembler à ça, ou alors… mais encore… enfin… Bref, ils finirent par se saluèrent comme le font les enfants à cet âge-là, par une poigne de la main.

Hadvar avait connu Ralof plus rond, plus gauche. A présent, il était la version miniature de son paternel, bien qu'il restât toujours moins effrayant qu'un ours des montagnes. Sven était le portrait craché de sa mère et le moins robuste des trois garçons. Ralof disait que c'était parce qu'il passait plus de temps à chanter et jouer de son tambour en peau d'élan qu'il ne s'entraînait à l'épée. Sven rouspétait souvent, mais la plupart du temps, acceptait cette remarque comme une réalité. Il était beaucoup plus musique que guerre.

« Je ne savais pas que tu venais ! s'exclama Ralof, guilleret.

- Si, je t'ai même écrit une lettre ! se défendit Hadvar.

- Il ne sait toujours pas lire, confia Sven, s'amusant de la réaction de son ami qui le frappa aussitôt derrière la nuque. Bah quoi, c'est vrai que tu sais pas lire ! »

Hadvar et Sven rirent de Ralof mais le blondinet ne se laissa pas abattre. Il tendit son épée de bois à Hadvar qui l'attrapa aussitôt et guida le groupe vers une petite cabane de bois qu'il avait construit avec des planches chapardées à la scierie.

« Au lieu de vous moquer de moi, jouons à la guerre de l'Or Blanc ! s'exclama joyeusement Ralof. Moi, je suis l'Empire avec Sven. Et toi, Hadvar, tu joues les elfes !

- Eh, c'est pas juste, je suis tout seul moi ! se plaignit le brun. Pourquoi Sven est avec toi ?

- Parce que je choisis, je suis l'Empire ! répliqua le blond.

- Et si on demandait à Gerdur de jouer avec nous ? proposa Sven.

- Elle voudra pas, bouda légèrement Ralof. Depuis que Hod et elle se tiennent la main, elle ne veut plus jouer à la guerre avec moi. Je vous jure, tenez jamais une fille par la main ! »

Hadvar échangea un regard sceptique avec Sven qui lui indiqua qu'il lui expliquerait plus tard ce que voulait dire Ralof.

« On peut proposer à Camilla Valerius ? demanda Sven en rougissant. Elle est drôle. Et puis, elle est jolie.

- Oui, mais c'est une fille, assura Ralof. Les filles ne font pas la guerre !

- Gerdur est une fille, non ? se moqua Hadvar.

- Gerdur est un monstre… marmonna Ralof, effrayé le temps d'un instant. T'aurais vu la rouste qu'elle a mis à Hel quand elle a renversé son lait de lavande sur sa jupe, hier soir… »

Hadvar haussa les épaules. Hel était la benjamine de la famille de Ralof. La dernière fois qu'il l'avait vue, elle l'avait superbement ignoré pour aller jouer à l'aventurière avec Sven sur la petite île à côté de la scierie. C'était pour dire qu'il en gardait un vague souvenir. Jamais dans leurs correspondance, Ralof ne l'avait mentionnée. C'était sa petite sœur, voilà tout. Elle se portait bien et c'était tout ce que Hadvar devait savoir.

« Bah voilà, demandons à Hel ! décida Sven. Elle ferait une super Elfe, si tu l'avais vue grimper à l'arbre… Et tirer avec sa fronde. Elle peut toucher une poule à trois mètres.

- Ouais mais on va perdre… s'enquit Ralof. Elle gagne toujours, Hel.

- Je la veux dans mon équipe ! s'exclama aussitôt Hadvar.

- Qui doit être dans ton équipe ? »

Cette petite voix fluette, c'était Hel. Hadvar se retourna et qu'elle ne fut pas sa surprise de voir la petite sœur de Ralof dans des habits de garçons, lui qui voyait toutes les filles de Solitude dans de jolies robes ceintes à la taille.

Elle dégageait quelque chose, ça c'était sûr. Beaucoup d'assurance. Ils échangèrent un regard. Hadvar avait beau être son aîné et ne trouver rien d'intéressant aux filles, il n'en restait pas moins intimidé par le sourire malicieux de la petite et ses yeux brillants. Sa tignasse blonde retombait follement sur ses épaules et elle serrait dans ses poings sa fronde.

« Toi ! lui indiqua Ralof. Hadvar veut que tu joues les Elfes pour notre guerre.

- Oh chic ! J'avais justement envie de taper sur un soldat impérial !

- Dis tout de suite que tu veux taper ton frère ? murmura Sven, complice de la jeune fille.

- Oui, aussi. Bon, alors Hadvar, et si on allait gagner cette guerre ? »

Elle tendit une main terreuse au jeune brun qui hésita un instant, soupesa le pour et le contre de faire équipe avec une fille et finalement, accepta la poignée de main.

« Avec plaisir, partenaire… susurra-t-il en lui rendant son sourire. »


Pour qu'une histoire vive, cette dernière a fortement besoin de ses lecteurs !

Que vous soyez satisfaits ou non par ce récit, je vous en prie, n'hésitez pas à laisser une trace de votre passage, elle ne pourrait que me faire plaisir...

A très vite pour la suite...